Réseaux sociaux : "On ne peut pas avoir un permis à avoir des propos racistes ou antisémites", juge Aurore Bergé

franceinfo

03/06/2025

Aurore Bergé, ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, le 3 juin 2025 sur franceinfo.

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00:00Aurore Berger, vous avez convoqué hier les plateformes Meta, Snapchat, TikTok, Twitch, YouTube et X

00:05pour leur demander des explications sur la modération de leur contenu.

00:09Le temps de l'irresponsabilité est révolu, c'est ce que vous leur avez dit hier.

00:13Qu'est-ce que vous leur reprochez ?

00:14Plusieurs choses. D'abord, la loi, heureusement, elle a changé.

00:17Pendant longtemps, ils ont été considérés comme de simples hébergeurs techniques.

00:20En clair, ils étaient responsables de rien.

00:22Et ils se rangeaient derrière cette irresponsabilité en disant,

00:26ce n'est pas nous, c'est les uns et les autres, les hommes et les femmes qui publient des contenus.

00:30Non, ils sont aujourd'hui considérés comme responsables des contenus.

00:34Or, qu'est-ce qui se passe ?

00:35On a des modérations qui sont particulièrement défectueuses.

00:38Il suffit d'aller sur n'importe laquelle de ces plateformes

00:40pour voir des milliers et des milliers de comptes d'incitation à la haine,

00:45de racisme, d'antisémitisme, de haine LGBT,

00:47de cyberharcèlement à l'encontre de nos enfants et de nos adolescents,

00:51de violences à l'encontre des femmes, parce que sur le champ des violences,

00:54les femmes sont encore plus ciblées que n'importe quelle autre catégorie, malheureusement.

00:58Donc, la modération, des règles qui ne sont pas claires,

01:01c'est la première question que je leur ai posée,

01:03au bout de combien d'infractions les utilisateurs sont-ils définitivement bannis des plateformes ?

01:08Mais vous avez eu des réponses ?

01:09Alors, c'était disparate, en fonction des plateformes,

01:12et souvent, ils n'avaient pas les réponses immédiatement.

01:14Il fallait qu'ils reconsultent en interne, qu'ils vérifient pendant la réunion.

01:17Ils sont venus voir la ministre, ils savaient à peu près ce que vous alliez leur dire,

01:21et ils n'avaient pas de réponse.

01:22C'est exactement ce que je leur ai dit, en disant que vous êtes convoqués par une ministre de la République

01:25et vous êtes infichus d'avoir des réponses claires.

01:27Et ce qu'on veut, c'est un cadre clair.

01:29Encore une fois, sur un plateau de télévision,

01:32si vous avez un invité qui professe la haine,

01:34si vous ne l'arrêtez pas immédiatement, c'est vous qui serez mis en cause.

01:37C'est la chaîne qui sera mise en cause.

01:39Et là, c'est la même chose qu'on doit avoir sur les plateformes.

01:42C'est-à-dire qu'ils ne peuvent plus se ranger derrière l'irresponsabilité,

01:46et il faut des règles claires.

01:47On ne peut pas avoir un permis à avoir des propos racistes ou antisémites.

01:50C'est-à-dire, c'est quoi ? C'est une fois, deux fois, trois fois, et ensuite on avise.

01:54Mais vous l'avez dit, les règles sont floues selon les plateformes.

01:56Si on prend l'exemple de X, enseignement Twitter, détenu par Elon Musk,

01:59qui autorise clairement, il suffit d'aller sur X pour le voir,

02:03des contenus pornographiques et violents.

02:05Qu'est-ce que vous avez dit à X hier ?

02:07Déjà, on leur a montré, et moi je les ai confrontés à des contenus,

02:11donc je leur ai montré directement un certain nombre de ces contenus,

02:14un certain nombre de ces vidéos,

02:15puisqu'on a en plus des plateformes qui ont changé récemment.

02:19X a changé.

02:20Meta, c'est-à-dire Facebook et Instagram, ont changé.

02:22Il y a eu des revirements spectaculaires de leurs dirigeants

02:25qui revendiquent justement ces valeurs,

02:27prétendues valeurs de masculinisme, de domination masculine,

02:31de prétendues virilité, comme si la virilité, c'était que la violence.

02:34Reusement que ça n'est pas ça.

02:36Et en effet, un sujet plus particulier, encore une fois sur X,

02:39qui est la question de la pornographie,

02:40et donc de la capacité de nos adolescents à y avoir accès.

02:43C'est la raison pour laquelle il faut procéder,

02:46comme on l'a fait sur les sites pornographiques.

02:48Sur les sites pornographiques maintenant,

02:50ils ont encore quelques semaines pour se mettre d'équerre,

02:52avec une double authentification.

02:54C'est-à-dire, ce ne sera plus juste du déclaratif,

02:55j'ai plus de 18 ans.

02:56Non, c'est une vérification, carte d'identité, carte bancaire.

03:00Il va falloir qu'on étende ces principes partout, évidemment,

03:04où il y a des contenus pornographiques.

03:06La ministre en charge du numérique, Lara Chapaz, y travaille.

03:08On y travaille collégialement aussi, au sein de l'Union européenne.

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