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  • 06/06/2025
Une journée ordinaire, sans nuage. Elle n’aurait jamais imaginé que ce serait la dernière. Quelques heures plus tard, un appel a tout fait basculer. Son fils a perdu la vie dans un accident d’ascenseur. Une tragédie aussi soudaine qu’inconcevable. Comment accepter qu’un simple trajet, un geste quotidien, puisse tourner au drame ? Depuis ce jour, il y a un vide, un silence, une douleur sourde qui ne s’efface pas. Rien ne prépare une mère à perdre son enfant. Rien.

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Transcription
00:00Ça veut dire le jour de mon anniversaire, j'ai enterré mon fils.
00:03De voir son enfant allongé sur une table croix et sans vie.
00:06Il a manqué d'oxygène, donc il a peut-être souffert.
00:09Et c'est juste horrible de se dire qu'on a perdu notre enfant dans une souffrance en fait.
00:14J'avais une petite fille qui s'appelait Sakina, que j'ai perdue en 2015.
00:19Elle est décédée tout simplement parce qu'elle est née avant terme.
00:22Donc elle est née quand j'étais à 5 mois de grossesse.
00:25Elle a pu vivre 10 jours, donc tout se passait très bien.
00:28Très bonne prise en charge et au bout d'un moment, comme risque de tout grand prématurer.
00:34Elle a eu une perforation des intestins, donc elle a eu des complications.
00:39On nous a dit de la laisser partir parce qu'elle était en souffrance.
00:43Donc ça a été très compliqué.
00:44Ismaïl, il était encore petit à ce moment-là, il avait 9 mois.
00:47Et c'est vrai qu'il m'a beaucoup aidée.
00:49Il m'a beaucoup aidée à me relever parce que derrière, il était petit.
00:52Donc forcément, il occupait mes journées.
00:54Comme tout enfant, il était très câlin.
00:56Donc on arrive à mieux se relever.
00:58Donc après, ce qui s'est passé, cette journée du 8 juin, une journée normale comme pour toute famille.
01:05Donc j'ai réveillé Imran.
01:08Ismaïl, je ne l'avais pas réveillé parce que la semaine, il était un petit peu malade.
01:12Imran, il a été à l'école, donc en CP à ce moment-là.
01:16Et je suis venue dans la chambre d'Ismaïl pour le réveiller avec sa petite sœur.
01:20On lui a fait des petits bisous, des petits câlins.
01:22Il s'est réveillé, il a regardé sa petite sœur, il l'a pris directement dans les bras.
01:25Je lui ai dit, bon, tu te réveilles comme ça, on va aller au marché, en sortant du marché.
01:30Donc à la fin de nos achats, il voulait une petite toupie.
01:34Et comme c'était bientôt la fête de l'Aït chez nous, parce que c'était la période du Ramadan,
01:38j'ai pensé, on s'est dit avec ma sœur, on ne va pas lui acheter vu qu'ils vont avoir des beaux cadeaux.
01:42Il reste quelques jours, autant attendre pour avoir leur petit cadeau.
01:45Sauf qu'Ismaïl était triste, il a pleuré.
01:49J'ai ce regret en fait, et c'est un regret qui reste quand même tout le temps,
01:52de me dire, en fait, ce jour-là, il est parti et il n'a pas pu avoir sa toupie.
01:57Et donc ce jour-là, j'avais commencé à préparer mes gâteaux de l'Aït.
02:01C'était la première fois que j'en faisais.
02:03Je m'étais donné un objectif cette année de faire au moins quelques gâteaux
02:07pour pouvoir les distribuer à la famille, aux voisins.
02:10Et ma sœur, par la suite, une fois que j'avais terminé,
02:13elle est venue avec les plus grands, donc Imran et Jena, ma nièce, Imran mon fils.
02:18Et je lui ai dit que je souhaitais aller acheter des caissettes
02:22pour pouvoir mettre justement les gâteaux dedans.
02:24Donc on est parti avec les enfants et on s'est dirigé au centre commercial en voiture, à Argenteuil.
02:31Je lui ai dit, on prend l'ascenseur, comme ça au moins on arrive directement vers le magasin
02:35et on achète ce qu'on a besoin et on part directement pour amener les enfants au parc,
02:40étant donné que ce jour-là, il faisait beau quand même.
02:42Donc on prend l'ascenseur, il y avait une fille qui nous avait rejoints,
02:46qu'on ne connaissait pas à ce moment-là, qui est montée aussi avec nous.
02:48Arrivée au dernier étage du centre commercial, les portes de l'ascenseur se sont ouvertes,
02:53donc il y avait des personnes qui attendaient à côté pour descendre.
02:56Ma sœur, elle est sortie avec les plus grands, donc avec Iliane, Imran et Jena,
03:01au moment où on a voulu sortir avec Ismaïd.
03:03Donc juste un petit peu avant, il me regarde et il me demande s'il pouvait faire un tour de manège
03:08avec son sourire parce qu'il était tout le temps souriant,
03:11il avait ce petit côté coquin en fait pour avoir ce qu'il veut.
03:14Et donc je le regarde avec un sourire et je lui dis « Non mais tu rêves ! »
03:17Parce qu'il savait très bien puisqu'on allait aller au parc juste après.
03:22À ce moment-là, quand on a voulu sortir, je me suis avancée avec lui.
03:25L'ascenseur est tombé d'un coup, est tombé mais à une vitesse en chute libre en fait.
03:30J'ai ma tête qui a tapé sur le plafond de l'ascenseur et je me suis retrouvée à genoux
03:34et j'ai failli tomber en fait dans le vide.
03:36Et j'ai vu à ce moment-là qu'il n'y avait personne, en fait je ne comprenais pas ce qui se passait.
03:39J'avais complètement au début oublié la personne qui était derrière.
03:42Donc après je me retourne, je me dis « Mais qu'est-ce qui se passe ? »
03:44Ça me dit « Je ne comprends pas. »
03:45Et là on entend crier et quand je me relève, je regarde là-haut.
03:50Et à ce moment-là, je vois les petites jambes de mon fils qui sont suspendues.
03:54Donc j'ai le réflexe de regarder là-haut et je vois mon fils coincé en fait,
03:59complètement écrasé en fait.
04:02Et à ce moment-là, je ne comprends pas ce qui se passe.
04:04Voilà, je commence à crier et à ce moment-là, j'ai voulu me jeter.
04:08Et sur le choc, en fait, j'ai voulu me jeter parce que je me suis dit « Ce n'est pas possible,
04:12s'il va arriver un truc, là ce n'est pas possible, il est coincé, il est dans un petit endroit. »
04:15J'ai commencé à réaliser, je sentais que c'était grave.
04:17Donc j'avais l'impression en fait que, je ne sais pas comment expliquer,
04:21je n'allais pas supporter en fait.
04:22Et au moment où j'ai voulu, je me suis avancée en fait.
04:26J'ai vu qu'il y avait un mouvement de foule en bas et il y avait un monsieur qui me faisait signe en fait.
04:31Il me faisait signe, il me faisait ça.
04:32Il ne faut pas que je saute et il avait compris.
04:34Et ça m'a fait réagir d'un coup.
04:37Et à ce moment-là, je me suis dit « Non, tes enfants, ils ont besoin de toi en fait. »
04:40Et à ce moment-là, du coup, je commence à crier, à taper dans l'ascenseur pour qu'il puisse lâcher mon fils.
04:46Sa tête était coincée entre le palier du haut du dernier étage de l'ascenseur,
04:49donc quand on sort.
04:50Et ses jambes étaient à l'intérieur, sur le petit passage, enfin le petit creux.
04:56Et c'était tellement serré, étroit et je me suis dit « Mais ce n'est pas possible en fait. »
05:00Et là, je ne le voyais pas bouger en fait.
05:02Donc je sentais qu'il était inconscient.
05:04Je tape dans l'ascenseur, je crie, je perds connaissance.
05:08Mais tout en étant consciente, je me relève, j'essaie d'appeler mon mari.
05:11Je tombe par terre, mon téléphone il sonne.
05:13C'est la jeune fille qui était là qui répond.
05:17Voilà, après je vois des jeunes monter sur le côté de l'ascenseur qui essayent de relever l'ascenseur.
05:22J'en entends un qui dit « Mais c'est un enfant, c'est un enfant, c'est pas possible, c'est un enfant. »
05:26Je leur demandais « S'il vous plaît, faites-moi descendre. »
05:28« Ça se trouve, je suis lourde et c'est à cause de ça, peut-être que vous n'arrivez pas à porter l'ascenseur. »
05:32« Il faut absolument qu'on sorte et que peut-être que ce sera plus léger pour que l'ascenseur puisse remonter et qu'Ismaïl soit libéré. »
05:39Je leur disais « Comment il va ? Comment il est là-haut ? Qu'est-ce qu'il fait ? »
05:42Ils m'ont dit « Non, vous inquiétez pas en fait. »
05:43Ils essaient de me rassurer, ils me disaient « Il va bien, ne vous inquiétez pas et tout. »
05:46« Il bouge et tout là-haut. »
05:47J'ai dit « Non, ses jambes ne bougent pas. Comment ça se fait que ses jambes ne bougent pas en fait ? »
05:50J'ai dit « Il n'est pas conscient, je ne le vois pas bouger, ce n'est pas normal. »
05:52À ce moment-là, ses jambes commencent à avoir des petites taches bleues.
05:55Et en fait, c'était plus grave que ça parce qu'il était bloqué et personne n'aurait pu le sortir de là où il était.
06:02Ce n'était pas possible.
06:03Les pompiers sont arrivés et ils ont pu me faire descendre par une échelle.
06:07Et quand je suis descendue en bas, j'ai couru vers les escalators pour aller rejoindre Ismaïl pour voir comment il allait.
06:13Et on m'a bloquée en fait.
06:14On m'a dit que je ne pouvais pas monter là-haut.
06:15Du coup, on m'a pris dans une pièce, dans un magasin pour m'isoler.
06:18Et du coup, ils sont tous venus, toute la famille est venue rapidement.
06:21À ce moment-là, les pompiers, je pense qu'ils étaient en train d'essayer de sauver Ismaïl.
06:24Il y avait le médecin du SAMU qui venait et qui a essayé de me parler.
06:27Ils ont pris mes constances.
06:28Et à ce moment-là, il y a le médecin du SAMU qui vient me voir et qui me dit
06:34« Est-ce que je redoutais le plus qu'Ismaïl était mort ? »
06:38Et à ce moment-là, je me mets à crier, à crier, à crier, à crier.
06:43Parce que c'était inconcevable et c'était pour moi impossible de perdre mon enfant.
06:49Et c'était irréalisable, en fait, ce qui nous arrivait.
06:52Par la suite, j'ai vu mon mari qui était dans un coin isolé, avec la mince dans son visage.
07:00J'essayais de lui parler et ça a été tellement dur, en fait.
07:04Parce que ça m'a projeté aussi au moment où il n'était pas bien, quand on avait perdu notre fille.
07:11Donc je suis partie voir Ismaïl et je l'ai vu traumatisé.
07:14Le rouge, il était crispé.
07:16J'avais compris, en fait, qu'il avait tout vu.
07:19Et j'avais compris aussi, en fait, il a cru peut-être que j'étais morte parce qu'il ne m'a pas revue.
07:23Il ne m'a pas vue, en fait.
07:24D'un coup, il ne me voit plus et d'un coup, il voit son frère.
07:26Il m'a dit « Maman, il est où, Ismaïl ? » Je le regarde.
07:29Tu sais, il est avec Dieu.
07:30Il m'a dit « Maman, il était tout rouge. »
07:32Donc il a cette image qui est restée.
07:33Il m'a dit « Maman, il était tout rouge, Ismaïl. »
07:35En fait, j'ai encore l'image de lui traumatisé.
07:37C'est juste une horreur, en fait.
07:39Perdre son enfant, qu'on a porté pendant neuf mois.
07:41De faire en sorte que, en sécurité, tout le temps, parce qu'on a peur que, comme tout parent, qu'il leur arrive quelque chose de mal.
07:48Et de prendre un ascenseur, d'avoir confiance en quelque chose.
07:52Et que derrière, on perd notre enfant.
07:54On a ce sentiment de « Bah, tout ce qu'on a fait, en fait, ça ne servit à rien, comme si ça n'avait servi à rien. »
07:59Il y avait une psychologue qui essayait de me parler, mais en fait, je n'entendais rien de ce qu'elle me dit.
08:03Et je n'ai plus trop de souvenirs, en fait, après ces moments-là.
08:06Enfin, je voyais énormément de monde défiler dans la maison.
08:09Beaucoup de gens qui ont été touchés, qui sont venus de partout.
08:12Je me dis que c'est ça aussi qui m'a aidée à tenir, en fait.
08:15De voir toute cette solidarité, en fait.
08:17J'ai beaucoup été entourée par ma soeur, par une de mes cousines, qui est infirmière.
08:22Et elle était tout le temps présente, les amis d'enfance.
08:26Pendant des mois, en fait, ils ont dû être présents avec moi, parce que, forcément, on a l'impression de perdre toute autonomie, en fait.
08:32Je n'arrivais pas à réaliser.
08:33J'avais en plus des odeurs qui revenaient.
08:35J'avais le choc du bruit, le choc de la perte de mon fils.
08:38Donc, des fois, je pouvais tomber en crise.
08:39Et de ne plus se contrôler, en fait.
08:41De ne plus être nous et de tomber en crise, comme si on était en train de revivre le moment où il y a eu l'accident.
08:47Diana, elle avait huit mois et demi.
08:49Je me suis retrouvée, après l'accident, à ne pas pouvoir m'occuper d'elle pendant quelques mois.
08:54Donc, forcément, j'étais beaucoup entourée.
08:56Même si elle est petite, elle doit se ressentir.
08:58Et je la regarde.
08:59Et je me dis, il faut que je me relève, parce qu'il faut que je sois présente pour elle, en fait.
09:02Que je ne la délaisse pas, en fait.
09:03Et en fait, je n'ai même pas vu passer les trois semaines entre l'accident et quand on est parti le voir à la morgue.
09:10On n'a jamais su pourquoi ça avait pris autant de temps.
09:12On a appris qu'il y avait une autopsie qui avait été faite sur Ismaïl.
09:16Donc, on s'est dit peut-être que c'est lié au fait que l'autopsie a été faite sur lui.
09:19Je pense que c'est peut-être aussi lié aux procédures, justement, juridiques, pour peut-être écarter tout doute.
09:25Et éviter qu'ils reviennent dessus et qu'ils aient manqué peut-être quelque chose.
09:29Et par la suite, j'ai l'image de mon mari qui le touche et son regard un peu vide.
09:35De voir son enfant allongé sur une table, froid et sans vent.
09:40Et ça a été dur.
09:40Quand je suis sortie, je me souviens, je me suis assise par terre et j'étais épuisée, tout simplement.
09:45Donc, l'enterrement s'est fait en Algérie.
09:46On s'est tous rendus là-bas.
09:47On a fait la prière mortuaire à la mosquée d'Argenteuil, donc avant de pouvoir partir en Algérie pour l'enterrement.
09:53Et c'est vrai que ce jour-là, il y avait énormément de monde.
09:56Et c'était vraiment un soutien pour nous parce que, pareil, il y a des mots qui sont employés.
10:00Le fait de voir que les personnes sont touchées, sont présentes pour nous, ça aide beaucoup.
10:05Et le lendemain, on a pu décoller pour aller en Algérie.
10:08Sauf qu'arrivée en Algérie, il y a eu des complications.
10:11Il ne pouvait pas nous le rendre Ismaïl.
10:13Comme il n'était pas décédé de cause naturelle, il fallait qu'il fasse aussi une autopsie.
10:16On n'en avait pas été informés.
10:17Ça veut dire qu'en fait, une fois arrivé en Algérie, il a fallu courir partout.
10:21Donc mon mari avec ses cousins et des membres de la famille aussi,
10:25ils ont dû faire des allers-retours entre le village où habite mes beaux-parents,
10:30avec la grande ville à Oran.
10:31Il fallait aller voir le procureur d'Algérie, il fallait aller au commissariat.
10:35C'était toute une procédure pour qu'on puisse le récupérer
10:37puisque nous, on avait pris un billet d'avion pour une semaine.
10:40Et on avait peur que ça dure longtemps finalement.
10:42Et du coup, ils ont pu nous faciliter.
10:45Mais on n'a pu le récupérer que le 29 juin.
10:48Et en fait, le 29 juin, c'était le jour de mon anniversaire.
10:51Ça veut dire le jour de mon anniversaire, j'ai enterré mon fils.
10:54Donc par la suite, il y a la juge qui a demandé une expertise sur l'ascenseur.
10:58Et quand les expertises ont été rendues, et surtout l'autopsie de mon fils,
11:03quelles étaient les causes du décès ?
11:05Il était décédé par asphyxie.
11:07Il a manqué d'oxygène, donc il a peut-être souffert.
11:09Et c'est juste horrible de se dire qu'on a perdu notre enfant.
11:13Dans une souffrance en fait.
11:14Il y a une enquête qui a été ouverte directement pour homicide involontaire.
11:17Et en fait, j'ai appris que quand ils ont fermé le centre commercial,
11:21la justice avait posé des scellés sur l'ascenseur.
11:24Et en fait, ils avaient été ouverts.
11:26Et que la justice a voulu récupérer le carnet d'entretien.
11:29Et en fait, le carnet d'entretien n'était plus là.
11:31Le carnet d'entretien de l'ascenseur qui permet de retracer toutes les interventions d'entretien.
11:36Et donc mon avocat a décidé de porter plainte contre le directeur du centre commercial
11:40et contre X pour dissimulation de preuves.
11:43Je me dis, mais c'est des personnes qui sont déshumanisées en fait.
11:47Ce n'est pas possible qu'on puisse essayer de vouloir peut-être se dédouaner,
11:51se cacher des choses ou peut-être modifier des choses
11:54pour ne pas endosser sa responsabilité par rapport à ce qui s'est passé.
11:58Un accident qui n'aurait jamais dû se passer.
12:00C'est encore un choc.
12:01Un choc à encaisser parce qu'on se dit, ça n'aurait pas dû arriver tout simplement.
12:05Si chacun avait fait son travail, il n'y aurait pas eu cet accident.
12:09Et je n'aurais pas perdu mon fils.
12:10Donc en fait, le cerveau se met en mode protection.
12:13À ce moment-là, en fait, on vit, mais on est robotisés tout simplement.
12:17Veiller à ce que les enfants aillent bien, que les enfants puissent manger,
12:20qu'on puisse les habiller, les doucher.
12:22Je fais tout ça par automatisme et je ne les vois pas réellement grandir en fait.
12:26Je suis là, mais je suis absente.
12:27Et ça ne va pas mieux en fait, ça ne va pas mieux.
12:30Ibran, il a pu avoir deux suivis avec ma psychologue que j'ai actuellement,
12:35juste après l'accident.
12:36Et il ne voulait pas en parler.
12:38Et même aujourd'hui, c'est difficile de lui faire parler de cet accident-là, de son frère.
12:43Il est comme dans un déni en fait.
12:45Quand j'essaie d'aborder ce sujet avec lui, il fuit.
12:47C'est devenu un enfant très anxieux, stressé.
12:49Ça se voit, ça se ressent.
12:51Et du coup, il y a des répercussions derrière forcément sur sa scolarité,
12:56sur sa manière d'être, d'être avec les autres.
12:59Jusqu'au jour où en fait, il avait fait une paralysie faciale.
13:02Et en fait, j'ai eu peur parce que je me suis dit peut-être qu'il est en train de faire une crise cardiaque
13:07ou je ne sais pas parce qu'il est tellement tout le temps stressé
13:09que j'avais peur qu'il me fasse ce genre de choses.
13:12Et à ce moment-là, il était en état de stress intense en fait, vraiment intense juste avant ça.
13:16Il a des périodes où il a des phases où ça peut être calme
13:20et des phases où il peut être très anxieux, très stressé
13:23et ça va se ressentir sur sa manière de se comporter.
13:26Et des fois, c'est compliqué à gérer.
13:27J'ai gardé une petite valise où il y a tout plein de petits vêtements à lui.
13:30J'ai une petite boîte à souvenir où j'ai tous les dessins qu'il m'a fait,
13:34les activités qu'il a fait et j'ai ces photos.
13:38Un an et demi après l'accident, en fait, Nélia est arrivée.
13:42En fait, avec mon mari, on sentait qu'il y avait un vide en fait, forcément,
13:46parce qu'il n'est plus là.
13:48Et c'est vrai qu'Ismaïl, c'était lui qui mettait un petit peu l'ambiance dans la maison
13:52parce qu'il était un petit peu taquin.
13:54Il aimait bien attirer forcément le regard sur lui en faisant le clou.
13:58Du coup, quand Nélia est arrivée, ça a été très compliqué parce que j'étais très stressée.
14:03Parce qu'en fait, j'avais encore ce choc et ce trauma.
14:07Et c'était un bébé qui ne se nourrissait pas quand elle était réveillée.
14:10Il fallait que je lui donne les biberons quand elle dormait
14:11parce que je ne sais pas, elle a peut-être ressenti le stress.
14:14J'ai dû arrêter de l'allaiter.
14:16Et ça a été très stressant pour moi en fait.
14:19J'étais encore fragile psychologiquement.
14:21Donc je me dis peut-être qu'elle a dû ressentir la chose.
14:24Et en fait, elle a mis un mois et demi pour atteindre son poids de naissance.
14:27Et je me dis heureusement qu'il y a mon mari quand même qui est derrière et qui me soutient.
14:31Et que des fois, il y a mes parents qui viennent
14:33parce que sinon, je me laisserais complètement aller en fait.
14:36Même si des fois, il y a les enfants, c'est compliqué.
14:38J'essaie de faire en sorte de m'occuper d'esprit
14:42ou de commencer à reprendre une vie entre guillemets normale.
14:46J'ai repris mes suivis psychologiques.
14:48Je suis des coachs via les réseaux sociaux qui m'aident à aller mieux en fait.
14:53En fait, j'essaie de m'entourer des choses positives pour essayer de me relever.
14:57Et cette accroche à la justice où je me dis, forcément, elle nous rendra justice.
15:02Et que les responsables répondront de leur manquement.
15:05Et ce qui est d'autant plus sûr, c'est aussi le silence de ces entreprises
15:10qui savent, je pense, très bien ce qu'ils ont fait ou pas fait dans leur ascenseur.
15:15Et voilà, tant qu'on nous dit rien, nous, on n'est pas responsables.
15:18On protège notre image au détriment de la vie de notre fils.

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