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  • 02/06/2025
Avec Sophie Venetitay, secrétaire générale du Snes-FSU et professeur dans l'Essonne

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##C_EST_A_LA_UNE-2025-06-02##

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News
Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h09, Benjamin Glaze.
00:04Eh oui, Sud Radio à 7h13, c'est à la une, c'est une décision, une mesure inédite et assez incroyable face à la pénurie de professeurs.
00:12L'Académie de Dijon propose à des enseignants d'autres disciplines de donner des cours de français.
00:17Bonjour Sophie Vénétité.
00:19Bonjour.
00:20Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio, vous êtes la secrétaire générale du SNES-FSU.
00:25Alors si je comprends bien avec cette mesure, à partir de la rentrée prochaine, ça veut dire que des enseignants de mathématiques ou d'histoire-géographie pourraient se retrouver à enseigner le français.
00:34Dans les faits, c'est ce qui pourrait arriver dans certains collèges.
00:38Oui, c'est tout à fait ça, c'est ce qui pourrait arriver dans l'Académie de Dijon, c'est-à-dire qu'il y a cette expérimentation qui est lancée.
00:44Il suffit, quand on lit les documents du rectorat, ils disent bien qu'il ne s'agit pas d'être spécialiste en français,
00:51mais de montrer un certain intérêt pour le français pour pouvoir, avec un dossier, éventuellement prétendre à cette attestation
01:00et donc pouvoir enseigner le français à des élèves de collège ou de lycée.
01:05Donc en gros, pour résumer, si vous montrez que vous aimez bien le français, vous pouvez peut-être être amené à l'enseigner.
01:11De la même manière que si on suit cette logique, il suffirait d'avoir voyagé trois fois au Royaume-Uni et d'avoir lu Shakespeare pour enseigner l'anglais.
01:18Donc on voit bien qu'on est dans une situation qui est scandaleuse.
01:22Il n'y a même plus besoin d'être vraiment qualifié pour enseigner le français, tellement on manque de professeurs dans cette académie et ailleurs.
01:31Alors on parle ici de remplacement ponctuel avec des conditions, vous l'avez dit.
01:35Alors il faudra notamment avoir suivi, durant son cursus, des études littéraires, rédiger un rapport d'une dizaine de pages pour justifier de ses expériences et au français,
01:42passer au final un oral de 30 minutes, c'est clairement trop léger selon vous, Sophie Vénétité ?
01:48C'est beaucoup trop léger. Là, on est quand même dans une situation où on s'aperçoit que ce rectorat, comme le ministère, n'a que des mauvaises idées pour faire face au manque de professeurs.
01:59On a quand même dans l'éducation nationale un vrai problème de recrutement, d'attractivité.
02:03Ça fait des années que ça dure. Et que fait l'institution ?
02:07Elle recrute en job dating, vous savez, ces entretiens qui durent 30 minutes.
02:11On a vu des rectorats faire ça. Elles recrutent sur petites annonces.
02:14Il n'y a pas longtemps, on a vu des parents d'élèves qui se sont portés volontaires pour être professeurs.
02:18On a vu une députée se porter volontaire. On a même vu des remplacements se faire en vidéo.
02:23Et maintenant, on a cette attestation où il suffirait de dire « bon, je suis vaguement intéressé, je suis un peu intéressé par la discipline,
02:30donc j'aimerais bien pouvoir faire aussi ces cours-là ».
02:33Il y a quand même des choses beaucoup plus simples qui seraient de revaloriser nos métiers pour davantage recruter.
02:39Là, on est quand même dans une situation où c'est extrêmement dévalorisant, extrêmement méprisant pour nos métiers,
02:45mais aussi pour les familles et les élèves qui vont avoir des enseignants.
02:49Voilà, il ne faut pas oublier les familles, les élèves.
02:52Déjà qu'on parle du niveau des élèves en français qui n'est clairement pas optimal.
02:56On risque de le dégrader encore plus avec ce type de décision, non ?
03:00Voilà, c'est méprisant pour nos métiers, mais c'est aussi très méprisant pour les élèves et leurs familles.
03:05On leur fait croire que la situation s'est arrangée d'un coup de baguette magique,
03:10qu'on a des professeurs qui seront devant les élèves.
03:14Mais en réalité, ce que fait l'éducation nationale, là, c'est qu'elle met des adultes devant les élèves.
03:18Elle ne met pas des professeurs qui sont formés.
03:22Et c'est là qu'on voit que ça peut aussi avoir des conséquences sur la scolarité des élèves,
03:27parce que ça ne sera clairement pas un enseignement de la même qualité
03:31que celui donné par des professeurs de français qui ont été formés pour faire ça.
03:35Est-ce que vous savez, sauf une vénétité, si cette mesure, cette expérimentation,
03:40est à l'étude dans d'autres académies ou en tout cas en réflexion ?
03:44Alors, à ma connaissance, il n'y a aucune autre académie qui réfléchit à cette mesure.
03:50Mais vous savez, on est toujours surpris par la très grande inventivité des académies
03:54du ministère de l'Éducation nationale.
03:55Je rappelle qu'il y a quelques mois, le ministère pensait rappeler des retraités aussi
04:01pour faire face à la pénurie d'enseignants.
04:04Donc, on voit bien une chose, c'est que l'Éducation nationale est la plus grande enseigne de bricolage de ce pays,
04:09qu'elle bricole pour essayer de mettre des professeurs, en tout cas de mettre des adultes devant les élèves,
04:14mais que ce n'est pas ça qui va résoudre, sur le fond, la question de la pénurie d'enseignants.
04:19Mais peut-être que ça peut permettre de résoudre, en tout cas de manière urgente,
04:22parce qu'on a encore des soucis, je crois bien, de recrutement cette année.
04:25On n'a pas assez de candidats, c'est ça ?
04:28Oui, les premiers résultats des concours montrent qu'on n'aura vraisemblablement pas assez de candidats qui seront reçus,
04:36qu'on va perdre des postes au concours, c'est-à-dire qu'il manquera des gens pour mettre sur les postes.
04:41Mais pour autant, on ne peut pas se satisfaire de ce genre de bricolage,
04:43parce qu'on a bien vu ce qui s'est passé ces dernières années.
04:46Quand vous recrutez comme ça en job dating, c'est-à-dire en 30 minutes,
04:49quand vous recrutez par petites annonces,
04:51vous avez parfois des personnes qui sont lancées devant les élèves sans formation
04:56et qui finissent par démissionner au bout de quelques semaines ou de quelques mois.
05:00Donc au final, on a des élèves qui se retrouveront quand même sans professeur.
05:04Aujourd'hui, on a des élèves qui ont passé des semaines, voire des mois,
05:08sans avoir de professeur dans certaines disciplines,
05:10qui vont passer le bac ou le brevet dans quelques semaines.
05:13Il est là le scandale national et face à ce scandale,
05:16il faudrait vraiment des mesures urgentes, des mesures fortes
05:19en termes de revalorisation salariale et de nos métiers
05:22pour vraiment recruter plutôt que de bricoler sur un point de table.
05:25Et la réforme de la formation des enseignants qui pourront postuler au concours
05:28plus tôt dans leur cursus,
05:30ce n'est pas de nature à améliorer la situation selon vous ?
05:33Ça ne va pas vraiment améliorer la situation parce qu'on est dans une réforme
05:39où le concours serait passé quasiment à bac plus 2,5
05:43donc on n'est pas certain quand même qu'on soit dans ce cadre-là
05:46en train de vraiment maîtriser la discipline qu'on va enseigner.
05:50Ce n'est pas forcément très attractif,
05:53alors même qu'en tant qu'enseignant dans les collèges et les lycées,
05:56on doit vraiment maîtriser la discipline qu'on enseigne
05:58pour tout simplement bien l'enseigner.
06:00Donc ça reste quand même une réforme avec beaucoup d'inconnus
06:02et qui ne permettra pas à elle seule de résoudre la question de l'attractivité.
06:06Le Premier ministre François Bayrou avait reconnu que l'école était le plus grand de nos échecs,
06:11je le cite.
06:12L'éducation est sa priorité absolue.
06:15Vous avez l'impression qu'il n'est pas à la hauteur des enjeux, le Premier ministre ?
06:19Écoutez, vous savez, en quelques années, on a eu sept ministres de l'Éducation nationale
06:24qui tous nous ont dit la main sur le cœur que l'éducation nationale était une priorité,
06:28qu'ils allaient faire beaucoup pour l'école.
06:30Résultat, on a eu, en tout cas dans les collèges et les lycées, des suppressions d'emplois.
06:35On a eu des réformes qui ont été passées au pas de charge contre l'avis des enseignants.
06:41Et aujourd'hui, on est dans une situation où l'école est vraiment un point de bascule,
06:45où les enseignants disent à quel point ils vivent mal leur métier,
06:49à quel point les conditions de travail sont très dégradées.
06:52Donc, si vous voulez, moi, qui ai un énième ministre qui dise qu'il aime bien l'école,
06:56à un moment, je commence à en avoir un peu marre, ce qu'il faut, c'est des actes.
06:59On est en train de parler du budget 2026.
07:01Il serait quand même plutôt positif d'avoir enfin des signaux très encourageants
07:07en termes budgétaires plutôt que de nous faire des grandes déclarations.
07:10Sophie Vénétite, un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
07:12Je rappelle, vous êtes la secrétaire générale du SNES-FSU.
07:16Très bonne journée à vous.

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