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  • 01/06/2025
[#Interview] Naike Julia Mba Ndong, la voix de l’État

De la diplomatie au journalisme, elle est aujourd’hui la voix des grandes cérémonies nationales. Le 3 mai, c’est elle qui a porté l’investiture du président Oligui Nguema. Dans cette interview exclusive, Naike Julia MBA Ndong revient sur son parcours, ses défis… et l’émotion d’un moment d’Histoire.



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00:00Elle s'appelle Nike Julia Bandong, elle est maître de cérémonie, derrière ce titre souvent méconnu,
00:06un métier d'ombre devenu le temps d'un jour le centre de toutes les attentions.
00:12Le 3 mai dernier, elle officiait à l'investiture du président de la République, Brice Cottero-Lindin Gemma,
00:18une consécration pour elle, pour celle, qui a traversé les couloirs du journalisme,
00:23de la diplomatie et des hautes sphères institutionnelles.
00:27Portrait d'une femme de voix et de présence.
00:30Nike, si vous devriez nous raconter vos débuts, comment tout a commencé ?
00:35Alors je suis Nike Julia Bandong, comme vous l'avez dit.
00:41Tout a commencé lorsque je quitte le Gabon, je passais en première,
00:49et je pars en France, pourquoi ? Parce que je suis, je veux dire, victime d'un petit accident.
00:56On est chez les Noirs, je perds la voix.
01:01Je perds la voix, on m'emmène, on me soigne de façon traditionnelle,
01:05et là on découvre que j'ai une mine de stylo dans la gorge.
01:07Je ne sais pas par quel miracle c'est arrivé là-dedans,
01:11et je me retrouve à rester quasiment presque deux semaines sans parler.
01:14Et là mes parents, paniqués, décident de me faire partir en disant
01:19« Non stop, on ne veut plus que tu restes ici, il faut que tu partes ».
01:22Et c'est comme ça que je vais en France.
01:23Donc je vais à Montpellier, à Béziers, notamment avec ma soeur,
01:27et je vis chez mon oncle, j'obtiens mon bac et je vais à Lille.
01:30Donc quand je vais à Lille, études de langues étrangères appliquées,
01:33où je suis là en train de me dire « Bon, j'ai envie de faire les langues,
01:37j'aime bien les langues, mais bon, qu'est-ce que je vais faire d'autre ? »
01:40Et puis là je reviens à Libreville, et à Libreville on me propose d'avoir une bourse
01:43pour aller en Chine, pour faire diplomatie.
01:46Donc j'intègre l'université des diplomaties de Chine, où je suis diplômée,
01:51et quand je rentre à Libreville, je vais à l'ONE, à l'ONE je dépose mon dossier,
01:58et on m'appelle pour me dire « Il y a une boîte qui recherche une bilingue
02:01pour être assistante de la directrice générale qui était américaine, d'Evry Ross ».
02:05Donc j'y vais, et lorsque je me retrouve là-bas, il y a un associé,
02:10de la boîte, M. M. M. Tarsila, qui lui est journaliste de base,
02:16me dit « J'aime bien ta tête, il y a quelque chose que j'aime chez toi,
02:18je lance très prochainement ma chaîne de télé, il faut vraiment qu'on fasse ».
02:22J'ai dit « Mais je n'ai jamais fait de télévision ».
02:24Il dit « Non, mais les plus grands journalistes ne sont pas ceux qui ont fait des formations journalistes ».
02:27J'ai dit « Bon, on va essayer ». J'aime beaucoup les challenges, je me suis dit « Pourquoi pas ? »
02:31Et puis, donc on va à Labelle TV, donc à Angonje, on commence à faire deux, trois tests,
02:37je trouve ça sympathique, surtout que j'aime bien imiter les gens.
02:40Je me dis « Ah, ça peut être sympa ».
02:42Et puis il me dit « Ah, mais il y a le lancement prochain, donc il va falloir que tu le fasses ».
02:46Et en plus, tu es bilingue, donc on aura un présentateur français,
02:49et tu vas le faire en anglais, tu pourras se toucher, il faut que ce soit dynamique.
02:53Et c'est là où tout a commencé.
02:58Je suis toujours en quête d'apprentissage, de nouvelles choses,
03:03des choses qui vont vraiment m'élever, on va dire, spirituellement, mentalement, moralement, psychologiquement.
03:12Et c'est de là où tout a commencé, on a commencé à me voir un petit peu partout.
03:16Et maître de cérémonie, c'est véritablement lorsque le patron de One Africa m'appelle,
03:24donc une boîte marocaine spécialisée dans les événements corporets,
03:28arrive à Libreville et puis il dit « Non, on a vu l'émission, on a vu une dame,
03:33on veut absolument que ce soit elle qui fasse notre cérémonie, donc notre conférence. »
03:39Et on réussit à me trouver, on m'appelle, c'est pas très compliqué aujourd'hui avec les réseaux sociaux.
03:43On m'appelle et c'est comme ça que tout commence.
03:47Et aujourd'hui, je ne sais pas combien d'événements j'ai eu à faire au Gabon, au Togo, à Lomé, en Égypte, en Espagne,
03:56vraiment un peu partout, voilà. Au Gabon, énormément.
03:59Donc vous partez des études de diplomatie, vous arrivez au journalisme.
04:04Qu'est-ce qui se dit ?
04:05Et aujourd'hui, maître de cérémonie, nous on entend maître de cérémonie, MC, qu'est-ce que c'est ?
04:12C'est toujours difficile de parler de ça parce que pour moi, c'est un job.
04:17C'est comme si on demandait à quelqu'un « parle-moi de ton travail ».
04:21Le maître de cérémonie, en fait, c'est le squelette d'un événement.
04:25C'est la personne qui veille au diapason, à ce que la cérémonie tienne bien, suive son cours.
04:33Et si vous voulez avoir une belle cérémonie, il faut avoir un maître de cérémonie qui soit adapté
04:37à l'événement que vous êtes en train de présenter.
04:40Malheureusement, c'est un métier où il y a beaucoup d'improvisation.
04:45Mais les gens n'imaginent pas le travail que ça demande.
04:50C'est énormément de préparation.
04:51Moi, je dis en général, quand on m'appelle, il faut que je fasse mes devoirs.
04:55Mes devoirs, c'est savoir qui seront mes interlocuteurs.
04:57C'est travailler sur leur biographie, qu'est-ce qu'ils aiment, la passion, comment ils ont fait
05:01pour rendre les échanges, comme je disais tout à l'heure, encore plus riches.
05:04Donc, c'est véritablement le squelette d'une cérémonie, d'un événement.
05:10Et lorsque vous avez trouvé le bon maître de cérémonie, en général, vous avez un retour
05:14des plus concluants et des plus encourageants.
05:17Finalement, vous, vous y êtes déjà.
05:19Est-ce que c'est un choix ou un appel du destin ?
05:22Parce que quand on vous écoute...
05:25Un choix, je dirais peut-être pas un choix, mais ça, c'est...
05:32Je l'ai choisi.
05:33Donc, j'ai choisi d'embrasser le destin.
05:35Voilà, je n'ai pas refusé.
05:36Donc, on va peut-être mettre les deux ensemble.
05:38Ça a été un choix parce que j'aurais pu refuser.
05:41Parce que je suis quelqu'un, je n'aime pas forcément être au devant de la scène.
05:44C'est paradoxal ce que je dis.
05:46Mais je suis quelqu'un d'assez réservé de nature et très observatrice.
05:50J'aime bien rester dans mon coin.
05:52Et puis, c'est quelque chose...
05:53Je me suis dit, non, il faut que les choses soient bien faites
05:55et qu'on sache aujourd'hui qu'il y a des gens qui savent faire les choses.
05:59Et rien n'arrive par hasard.
06:00C'est des années de travail.
06:02C'est des sacrifices.
06:04Très peu d'heures de sommeil, parfois.
06:06Mais quand on aime ce qu'on fait, on est...
06:10C'est toujours les retours des gens après.
06:12Ah non, la cérémonie était super.
06:13Vraiment, tu as géré. Vraiment, c'était impeccable.
06:15Mais vraiment, ça, je pense que c'est le plus beau retour.
06:18Et on se dit, bon, je me prépare pour la prochaine étape.
06:21Vous avez officié dans les hautes sphères, notamment la présidence.
06:25Que représente pour vous ce cadre institutionnel ?
06:29La présidence de la République, c'est la première institution d'un pays.
06:33C'est l'excellence.
06:35C'est la rigueur.
06:36C'est le professionnalisme.
06:38Et je pense que le fait qu'on ait eu à me faire confiance, très rapidement, sans savoir qui j'étais réellement,
06:47je pense que c'est le travail qui a payé, le travail qui a parlé pour moi.
06:51Aujourd'hui, à chaque fois que j'ai l'opportunité, du moins l'honneur, d'être appelée à officier, comme vous disiez tout à l'heure,
07:01une cérémonie à la présence, c'est toujours avec la même rigueur.
07:03Mais pour moi, les cérémonies sont les mêmes.
07:06Quand je dis sont les mêmes, c'est on va m'appeler pour une cérémonie de 150 personnes.
07:11Je vais avoir la même rigueur et le même professionnalisme qu'une cérémonie où j'ai 40 000 personnes.
07:17Pour moi, c'est la même détermination, le même travail, la même rigueur que je vais appliquer.
07:22Donc oui, c'est la présidence de la République.
07:24Mais aujourd'hui, j'ai fait des cérémonies de jeunes boîtes.
07:29C'est exactement la même chose.
07:31Je pense que c'est mon côté perfectionniste qui me pousse toujours à donner le meilleur de moi.
07:39Le 3 mai dernier, vous étiez maître de cérémonie lors de l'investiture présidentielle.
07:44Comment avez-vous appris que vous alliez occuper ce rôle ?
07:48En réalité, je n'ai pas vraiment appris.
07:51Les choses se sont faites, je veux dire, naturellement.
07:57On travaille, on sait qu'il y a quelqu'un qui a l'habitude de faire ce genre de choses.
08:01Parce que ça n'arrive pas par hasard.
08:04Et comme j'aime mal dire, le hasard n'existe pas.
08:06Le hasard, c'est l'opportunité qui rencontre la préparation.
08:10Et j'ai déjà fait le dialogue national inclusif.
08:13Lorsque le président Oli Guinghema prend la tête du pays en 2023,
08:17les cérémonies de présentation de vœux au corps diplomatique, c'est moi qui les fais.
08:21Donc, les gens ne savent peut-être pas, mais en général, je suis toujours quelque part,
08:27comme on dit, la voix qu'on ne voit pas.
08:28C'est comme ça que j'aime me faire appeler la voix qu'on ne voit pas.
08:31Donc oui, ça s'est fait un petit peu naturellement, mais bien évidemment, il faut faire ses preuves.
08:36Je pense que si le travail n'avait pas été concluant dans les cérémonies antérieures,
08:40je n'aurais pas eu l'opportunité.
08:42Donc on a dit, en plus, c'est un événement solennel, diplomatique d'abord.
08:47Donc il faut quelqu'un qui connaît les codes, qui maîtrise,
08:51qui n'est pas impressionné par les chefs d'État, qui pourra gérer le stress,
08:57même si c'était énormément d'émotions.
09:00Donc les choses se sont faites et j'ai été impliquée dès le début.
09:03Pouvez-vous nous raconter les préparatifs de ce moment dans les moindres détails ?
09:08On va dire quoi ? Les émotions ? Vos émotions ?
09:12Les préparatifs ? Et où ? Le moment où tout commence ?
09:18Tout commence quand on nous appelle le protocole d'État en disant
09:24qu'il y a une réunion qui va se tenir sur la cérémonie d'investiture du chef de l'État.
09:28Donc on arrive, on fait les préparatifs comme on fait en général.
09:33Voilà, la logistique exactement, l'hébergement.
09:36Vraiment toutes les préparations que demande l'organisation d'une cérémonie d'une telle envergure.
09:43Surtout l'accueil des chefs d'État.
09:45Et puis on est dans les couloirs.
09:47Je suis même devenue, j'ai bien noirci, je dis ça comme ça,
09:50parce que je passais mes journées au stade.
09:53De 8h à 21h, 22h, 23h, voire 1h du matin.
09:56Donc on restait au stade tous les jours parce qu'il fallait préparer.
09:59Avec le gouvernement militaire, donc on était là, il fallait veiller au grain.
10:05Qu'est-ce qu'on met, qu'est-ce qu'on enlève ?
10:07Oui, est-ce que ça...
10:07Et vu qu'on était en maître de cérémonie, il faut avoir tout le déroulé.
10:11Donc je ne pouvais pas me permettre de ne pas être là, sinon je ratais quelque chose.
10:16Et je pense que le fait d'avoir été là dès le début, on va dire dès les premières répétitions,
10:21ça m'a permis d'ajuster mon script, même si le beau maître de cérémonie en général,
10:28il sait comment basculer, comment ajuster.
10:32C'est vraiment énormément d'adaptabilité.
10:34Il faut vraiment avoir une capacité d'adaptation qui est hors norme.
10:38Et surtout de concentration.
10:39Parce que quand on arrive au stade, bon déjà c'est une cérémonie d'investiture.
10:43Je ne sais pas si dans un pays, il y a plus grande cérémonie que ça, ou plus solennelle que ça.
10:49Donc c'est déjà un honneur.
10:50Donc on se dit, oulala, le poids, comment je vais gérer ça ?
10:53Et puis on commence à se mettre dans une bulle en disant,
10:55bon écoutez, il faut que je fasse, c'est le pays qui est représenté.
10:59C'est toujours le pays.
11:00Je pense que c'est cet amour du pays qui nous pousse à toujours donner le meilleur de nous.
11:05Et puis là, on va entendre ma voix, on ne va peut-être pas me voir,
11:08parce que là où on était positionnés, on ne nous voyait pas forcément.
11:11Du moins à la télé.
11:13Donc c'était, la voix va rester.
11:16Donc si je me loupe, ou si on se loupe, parce que j'étais avec le colonel Moukani,
11:19et le lieutenant-colonel Nana aussi,
11:21qui a officié pendant le passage des enfants de troupes du Britannique militaire.
11:27Donc il faut être concentré.
11:32C'est vraiment la concentration.
11:34La concentration.
11:35Et puis on avait le chef de l'État qui venait aussi pendant les répétitions.
11:38Donc à chaque fois qu'il arrivait, non, ça, c'est pas bon, ça, oui, ça, il faut dire ça, ça, il faut dire ça comme ça.
11:42Donc on a toujours le petit papier qu'il faut noter.
11:45Quand le chef de l'État vous appelle, vous avez tendance à un peu trembler,
11:48mais on reste posé parce que c'est un test aussi.
11:50Comment elle gère le stress ?
11:52C'est quelqu'un qui sait donner les instructions.
12:00Donc il faut les suivre à la lettre.
12:01C'est ce qu'on fait au quotidien.
12:02Du moins, j'espère l'avoir bien fait.
12:04En tout cas, des retours, je suis plutôt contente et très, très honorée surtout.
12:08C'est votre voix qui annonce le président sénégalais,
12:36qui a été très bien applaudi.
12:39C'est également votre voix qui annonce Balthazar.
12:43C'est également votre voix qui annonce le représentant de la France qui a été chahité, si je peux dire.
12:51Qu'avez-vous ressenti au moment précis où vous avez pris la parole devant la nation
12:55face au président et aux invités ?
12:58Même en repensant, ça va faire une semaine pile-poil.
13:01On est samedi.
13:03Je pense que je réalise maintenant l'ampleur de l'événement.
13:10On est tellement formaté quand on prépare une cérémonie d'une telle envergure
13:15qu'on se met dans une bulle, comme je disais tout à l'heure.
13:18Et quand je suis dans ma bulle, je ne vois plus personne en général.
13:21Et je dis souvent, je vois un point.
13:24Donc, toutes les personnes qui sont là, je ne les vois pas.
13:28Je présente parce que j'ai un canevas.
13:29Donc, par ordre protocolaire, je sais que telle personne va arriver après.
13:34Mais l'avantage justement d'avoir fait diplomatie,
13:36c'est que je suis beaucoup l'actualité parce qu'il faut être au fait.
13:40Donc, on sait généralement que...
13:42Ah bon, je sais que quand je vais annoncer ça, ça va être compliqué.
13:44Je sais que quand je vais dire ça, ça...
13:47Donc, on est plus ou moins préparé parce qu'il n'y a pas de hasard.
13:51On sait ce qui va se passer.
13:53Oui, le président de la commission de la CEMAC,
13:58M. N'Gonga Ejo,
14:00il faut dire que j'avais ma tête dans...
14:04Je ne voulais pas lever la tête parce que si je commençais à regarder la foule ou les écrans,
14:08je crois qu'il y a de fortes chances que j'aurais pu perdre le fil.
14:11Mais à ce moment-là, on se dit, bon, on se tient droit,
14:16on avale un bon coup et puis on commence à les citer au fur et à mesure et voilà,
14:22et lancer le programme.
14:23Le français, on s'attend un petit peu à la réaction.
14:25Déjà, quand les chefs d'État arrivent, ça nous donne le temps.
14:29On sait plus ou moins comment ça va se passer.
14:31Mais c'est beaucoup d'émotions.
14:32C'est énormément d'émotions parce que je ne me rappelle pas trop la dernière fois que le Gabon est reçu autant de chefs d'État.
14:38Donc ça, c'était, je pense que, pour les gens qui me connaissent,
14:43après, j'ai vu quelques messages dans mon téléphone, c'est « calm down »
14:48parce que j'avais beaucoup d'émotions dans ma voix
14:49et on ne faisait ça qu'une fois dans sa vie.
14:55Honnêtement, je pense encore à ça aujourd'hui.
14:58J'ai beaucoup d'émotions quand j'y pense.
14:59Lorsqu'on regarde beaucoup de retours par rapport à cette investiture notamment,
15:11on parle d'une cérémonie terriblement authentique.
15:16Permettez-moi l'expression.
15:18Et vous, à votre niveau, comment avez-vous pu y mettre de l'authenticité à travers votre prestation ce jour-là ?
15:27Alors ça, je peux répondre à ça très très facilement.
15:29Ce qui marque une belle cérémonie, un beau maître de cérémonie, c'est son authenticité.
15:35On n'essaye pas de ressembler à quelqu'un, on n'essaye pas de parler comme quelqu'un d'autre,
15:39on n'essaye pas d'en faire trop.
15:41Et moi, je dis souvent « less is more ».
15:43Donc, moi, on en dit, et c'est ça qui capte l'attention,
15:46parce qu'il faut dire ce qu'il faut, au moment où il le faut.
15:50Et c'est ce que les gens retiennent.
15:52Je pense que je serais arrivée avec tout un blabla.
15:54« Oui, vous savez, le Gabon… »
15:56Je pense que les gens se seraient ennuyés et on aurait perdu le fil de la cérémonie.
16:00Elle est solennelle.
16:01On va droit au but.
16:02On dit ce qui va se passer.
16:05Et c'est ce qui permet de garder justement cette authenticité-là.
16:09Parce qu'on n'en dit pas trop, on va à l'essentiel.
16:13Voilà.
16:14Donc, je pense qu'on a fait ce qu'il fallait faire.
16:18Aujourd'hui, que représente pour vous ce moment ?
16:21Et comment voyez-vous la suite ?
16:24Fierté.
16:25Immense fierté.
16:27Immense fierté d'avoir marqué l'histoire.
16:32Première cérémonie, prestations de serment, stade,
16:36dizaines de chefs d'État, plus de 40-50 représentants de pays,
16:4340 000 personnes en présentiel.
16:47Je pense que c'est une immense fierté.
16:50Je pense que c'est peut-être pour ça que j'ai accepté de faire cette interview-là.
16:53Parce que je me suis dit,
16:55je n'ai pas souvent parlé de ce métier-là.
16:58C'était peut-être le moment.
17:00Et je n'ai peut-être pas les mots encore pour dire
17:06à quel point je suis fière du chemin parcouru.
17:11Parce que c'est énormément, énormément, énormément de travail.
17:15C'est des années de travail acharné, de recherche.
17:22Parce qu'il faut voir comment les autres, comment ça se prépare.
17:24Il faut faire, comme on dit, brainstorming.
17:26Comment ça se passe chez les autres ?
17:27Comment on fait ?
17:27Comment on annonce solennellement quelqu'un aux États-Unis ?
17:30Quel est le ton qu'il faut employer ?
17:32Je ne vais pas annoncer le DG comme j'annonce un chef d'État,
17:35comme on annonce un représentant.
17:37Donc, il faut vraiment avoir la portée.
17:39Et c'est quoi la suite, la suite, la suite ?
17:42Peut-être à l'étranger, ce serait bien quand même.
17:46Ce serait bien une cérémonie à l'étranger.
17:49J'en ai déjà fait, mais avec des chefs d'État,
17:51je ne sais pas, moi, je ne sais pas,
17:52un sommet de l'Union africaine ou des Nations unies
17:55ou quelque chose comme ça.
17:57Je pense que ce serait pas mal.
17:59Ce serait pas mal, en tout cas.
18:01Ce métier, votre métier aujourd'hui, maître de cérémonie,
18:03reste peu connu et peu valorisé au Gabon.
18:07Quel regard portez-vous sur son avenir ?
18:11Alors, juste une petite anecdote comme ça.
18:13Je me rappelle, j'ai fait l'Africa Climate Week,
18:16la semaine du climat.
18:18Africa, non, ce n'était pas l'Africa Climate Week,
18:20c'était le forum climat avec Emmanuel Macron qui était là.
18:26Donc, on m'appelle et on me dit, bon, tu vas faire le segment ministériel.
18:32Il y avait le segment ministériel et le segment présidentiel.
18:34Et on fait venir à me mettre des cérémonies,
18:39à Chassounput, c'est son métier.
18:42Ce que moi, je demandais en termes de, on va dire, de cachet,
18:48je ne sais même pas si c'était le tiers du quart de la moitié
18:50de ce que cette femme la prenait,
18:52parce qu'on a compris que c'est son métier.
18:54Et elle, c'est son métier aujourd'hui.
18:57Donc, c'est toujours un peu,
18:58et il y a quelqu'un qui me disait à l'époque,
18:59l'ancien porte-parole à l'époque,
19:01qui me disait, Neki, qu'est-ce qu'elle a fait que tu ne pouvais pas faire là ?
19:04J'ai dit, bah, écoutez, elle, on a compris que c'était son métier.
19:07Donc, la France, de suite, en plus, elle est spécialisée dans l'environnement.
19:11De suite, on a fait appel à elle.
19:13Donc, j'aimerais peut-être au travers de cette interview-là
19:16qu'on prenne conscience que c'est un travail à temps.
19:18C'est un vrai travail qui mérite salaire.
19:21Et tout travail mérite salaire.
19:22Aujourd'hui, on se dit, non, on prend le micro, on parle comme ça, non.
19:25C'est peut-être parce que je le rends effortless,
19:27comme dirait les Anglais, on ne voit pas ce qu'il y a derrière.
19:30Mais il faut qu'on reconnaisse, aujourd'hui,
19:34c'est un métier qui mérite,
19:38et c'est un métier noble, noble, noble, noble.
19:41Aucune cérémonie se fait que ce soit un mariage, un décès,
19:44une naissance, l'église.
19:48Il faut un maître de cérémonie.
19:50Donc, je veux dire, vous faites une cérémonie,
19:53100 mètres de cérémonie, je ne sais pas trop à quoi elle va ressembler.
19:55Et ça, l'intelligence artificielle ne pourra peut-être pas.
19:57Donc, c'est un métier d'avenir.
20:00Voilà.
20:02Pensez-vous qu'il faudrait des écoles,
20:04une filière dédiée, une reconnaissance plus formelle ?
20:07Absolument.
20:08Absolument.
20:09Après, ça passe effectivement par des...
20:11Je ne dirais pas de la sensibilisation,
20:12mais peut-être mettre un peu plus en lumière.
20:14Donc, c'est peut-être là où nous, on faute un peu
20:16parce qu'on ne veut pas forcément se mettre en avant.
20:20Je pense que quand on va commencer à avoir un peu plus de personnes,
20:22et il y en a énormément de maîtres de cérémonie aujourd'hui,
20:25il y a plus de femmes aujourd'hui qui s'intéressent à la chose.
20:30Après, il y en a qui restent encore dans le...
20:33On s'improvise, bon, parce qu'on est bon en communication,
20:35parce qu'on est bon en prise de parole.
20:37On pourrait être bon maître de cérémonie.
20:39Peut-être pas !
20:40Parce qu'il faut, comme je disais tout à l'heure,
20:42il faut vraiment, il faut savoir adapter le discours à l'audience qu'on a en face.
20:47Donc oui, je pense qu'une académie, ce serait pas...
20:50Pourquoi pas ?
20:51Pour me donner une idée, pourquoi pas ?
20:53Naïk et Julia Bandon n'ont pas seulement la voix d'une cérémonie,
20:56elle est le souffle discret de la République,
20:59celle qui incarne l'élégance du protocole
21:01et la force tranquille de la parole maîtrisée.
21:04Et si demain au Gabon, ce métier trouvait enfin la reconnaissance qu'il mérite,
21:09ce sera aussi grâce à celles et ceux qui, comme elle,
21:13lui ont donné un visage, une rigueur, une âme.
21:16Naïk et Julia Bandon, merci.
21:18Sous-titrage Société Radio-Canada

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