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  • 20/06/2025
[#Reportage] Gabon : la nouvelle loi qui pourrait faire disparaître le patrimoine politique de la démocratie


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00:00Adoptée à l'Assemblée nationale le 17 juin 2025, la nouvelle loi encadrant la création et le fonctionnement des partis politiques
00:06instaure un seuil de 12 000 adhérents identifiés par NIP pour valider une formation politique.
00:13Derrière cette réforme promue comme un outil de modernisation, plusieurs voix alertent sur une dérive vers une démocratie verrouillée.
00:19C'est un tournant décisif pour la vie politique gabonaise, en votant massivement en faveur du projet de réforme des partis politiques
00:25avec 59 voix pour, 7 contre et 3 abstentions. Les députés de la transition ont enterré un texte qui redéfinit profondément
00:32les conditions d'existence des formations politiques. A l'avenir, tout parti existant ou en création devra justifier
00:39d'au moins 12 000 adhérents disposant d'un numéro d'identification personnelle sous peine de radiation.
00:44Présentée comme une mesure d'assainissement et de structuration du paysage politique, cette réforme suscite de vives inquiétudes,
00:50notamment dans les rangs des formations historiques.
00:53Pour Jean-Valentin Leyama, député de la transition, réunir 12 000 signatures, c'est disposer de moyens
00:58que seules les écuries proches du pouvoir peuvent mobiliser.
01:02Derrière cette exigence se profile donc le spectre d'une élimination de facto des partis dits patrimoniaux,
01:07tels que le PGP, le CDJ ou le Morena, ayant marqué les premières heures du multipartisme gabonais.
01:13La crainte est grande de voir une partie de la mémoire politique nationale rayée du paysage,
01:18non par le jeu démocratique, mais par un filtre administratif jugé discriminatoire.
01:22Ce texte signe la mort programmée de partis historiques qui ont accompagné la démocratisation du pays,
01:27déplore encore Jean-Valentin Leyama.
01:29Au-delà du fond, la forme du processus d'adoption cristallise également les critiques,
01:33contrairement aux pratiques antérieures fondées sur le dialogue interpartisan.
01:37Cette loi n'a pas fait l'objet d'un consensus, ce qui inquiète plusieurs élus.
01:41Pour la première fois, une réforme aussi structurante n'a pas été précédée d'un consensus politique.
01:45Fait remarquer Leyama, pointant du doigt une majorité parlementaire redevable au président de la transition.
01:52Selon lui, beaucoup de députés ont voté ce texte davantage par loyauté personnelle que par conviction politique,
01:58motivé par l'espoir d'une future investiture.
02:01Cette logique de devoir de gratitude risque de fausser le jeu démocratique à l'approche des législatives,
02:06en réduisant le pluralisme à une opposition contrôlée.
02:09En plus du seuil des 12 000 adhérents, la nouvelle loi introduit des contraintes drastiques,
02:13obligations d'avoir un siège social, des instances statutaires régulières, un compte bancaire actif
02:18et surtout, la participation obligatoire à au moins deux scrutins successifs sous peine de disparition.
02:25Le texte prévoit aussi la possibilité pour l'État de suspendre un parti en cas de trouble à l'ordre public.
02:30Sur le plan financier, les formations devront désormais rendre compte devant la Cour des comptes,
02:34avec à la clé un strict contrôle des financements publics et privés.
02:38Autant de dispositions qui, si elles peuvent paraître légitimes dans un souci de transparence,
02:42risquent de devenir, dans un contexte autoritaire, des outils de neutralisation politique.
02:47Portée par les ministres François Ndorbiant et Hermannie Mongaud,
02:50cette loi s'inscrit dans la logique des réformes institutionnelles post-30 août 2023.
02:55Elle l'entend réguler, structurer et moderniser la scène politique.
02:59Mais à trop vouloir encadrer le risque est grand d'étouffer l'expression pluraliste,
03:03fondement de toute démocratie vivante.
03:05En toile de fond, une interrogation persiste.
03:08Cette réforme permettra-t-elle de refonder le champ politique sur des basses saines
03:11ou contribuera-t-elle à concentrer davantage le pouvoir autour d'un futur parti présidentiel ?
03:17Le verdict viendra des urnes et du terrain.

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