- 29/05/2025
Les clefs d'une vie avec Serge Toubiana
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-05-29##
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PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité, le critique que vous êtes a consacré sa vie à mettre en pleine lumière
00:09celles et ceux que l'on découvre habituellement dans des salles sombres.
00:13Vous vous le rendez hommage dans un livre où vos oraisons n'ont rien de funèbre.
00:17Bonjour Serge Toubiana.
00:18Bonjour Jacques Pessis.
00:19On connaît votre nom comme critique, vous avez copié la cinémathèque, on va en parler,
00:24et vous publiez un livre, on ne connaît du film que la scène des adieux, chez Calman Lévy.
00:28Un livre sur les personnalités que vous avez rencontrées, on va en parler aussi tout à l'heure.
00:34Mais le principe des clés d'une vie, c'est d'évoquer votre parcours à travers des dates clés.
00:38Et la première que j'ai trouvée, car elle est importante dans votre parcours,
00:42le 6 septembre 1954 est sorti ce film.
00:50La Strada, l'histoire d'une jeune femme simple d'esprit
00:53qui est vendue par sa mère à un forain ambulant qui l'emmène sur les routes.
00:57Et ce film, je crois, vous a marqué la vie.
01:01C'est un film que je n'ai pas pu regarder.
01:04Je mettais ma main devant l'écran tellement j'étais, je ne sais pas comment vous dire, horrifié.
01:10Mais j'avais 6 ans.
01:11Oui.
01:12J'étais un enfant.
01:13Et je ne sais pas pourquoi, mes parents, mon père et ma mère, nous étions à Tunis,
01:19alors que je suis né à Sousse, qui est une ville très agréable en Tunisie, à 130 kilomètres de Tunis.
01:29Ce jour-là, nous étions à Tunis, un après-midi, je crois.
01:32Et je ne sais pas pourquoi, mes parents m'ont emmené avec eux voir ce film.
01:35Et je n'ai toujours pas compris aujourd'hui pourquoi ils m'ont emmené voir ce film,
01:39qui n'était pas un film pour enfants.
01:41Et je ne sais pas pourquoi, j'ai eu une espèce d'aversion, de phobie pour ce film,
01:46pour les personnages, pour la misère, pour le noir et blanc, l'Italie pauvre.
01:52Ce personnage joué par la femme de Fellini.
01:57Juliette Massina.
01:58Juliette Massina, Anthony Quinn.
02:01La violence, la promiscuité entre eux.
02:04Je ne sais pas, il y a quelque chose qui m'a dit.
02:06Ce n'était pas pour moi.
02:07Donc, ce film m'a marqué et a été décisif dans ma vie.
02:12Par le refus, pas du tout par l'adhésion ou l'enthousiasme, mais par la peur.
02:17Vous l'avez revu en 2009, je crois.
02:18Oui, bien après.
02:21Je dirigeais la Cinémathèque, j'ai fait un hommage à Fellini, une rétrospective,
02:24et je me suis obligé à le revoir.
02:26J'ai vu le chef-d'oeuvre.
02:27Oui, parce qu'en fait, il se trouve que Fellini a fait ce film
02:30et qu'aucun distributeur n'a en volé au départ.
02:32Et finalement, ça a été un tel succès que Juliette Massina
02:35est devenu le charlot au féminin en Italie.
02:37Exactement.
02:38Alors, vous vivez donc à Sous, à 143 mètres de Tunis.
02:42Et c'est une ville qui est curieusement jumelée à Nice depuis 2012,
02:45où il y a des studios de cinéma.
02:47La Victorine, bien sûr, oui.
02:48Alors, il se trouve que votre famille n'est pas du tout dans l'univers du cinéma, je crois, au départ.
02:53Votre père est horlogé.
02:53Mon père est horlogé, bijoutier.
02:55J'ai compris bien plus tard le rapport qu'il y a entre l'horlogerie et le cinéma.
03:00Parce qu'il y en a un, vous savez.
03:02Et ma mère était institutrice, puis directrice d'école.
03:05Je suis vraiment né dans une école pour enfants.
03:08Mais le rapport que je n'ai jamais...
03:10Je n'ai compris qu'après sa mort, le lien qu'il y a entre l'horlogerie,
03:14le mécanisme de l'horlogerie et le cinéma.
03:16Les frères Lumière qui ont inventé le cinématographe il y a 130 ans,
03:19ce qu'ils ont inventé, en fait, c'est le mécanisme de la roue
03:25qui entraîne la pellicule dans la caméra Lumière.
03:30Et c'est un mécanisme qui vraiment provient de l'horlogerie.
03:33C'est fou, ça.
03:33Et je m'en suis voulu de ne pas avoir saisi cela plus tôt
03:39pour avoir une plus grande connivence avec mon père.
03:42Alors, Stérgio Biana, on a découvert aussi,
03:44c'est un cinéphile qui a compté le nombre de films
03:47où les montres étaient associées, les montres de luxe,
03:49étaient associées.
03:50Il y en a une cinquantaine aujourd'hui
03:51parmi Apocalypse Now, Titanic et le Samouraï.
03:55Oui.
03:55Ça, c'est assez étonnant.
03:56J'aime bien quand Delon voit sa montre
03:59parce qu'il met sa montre,
04:00il met son cadran à l'envers sur le poignet.
04:05J'aime bien le geste de Delon
04:06sur qui j'ai écrit un article après sa mort dans mon livre.
04:11J'aime bien le geste de Delon.
04:12Il fait un geste qui n'est pas ordinaire.
04:14Voilà.
04:14Alors, vous dites que votre mère est institutrice
04:16et elle défend les valeurs à commencer par la langue française
04:20qui est importante pour elle
04:21et elle va vous y former.
04:24Oui, ma mère a eu une influence très importante pour moi.
04:26J'ai écrit un livre sur elle,
04:28Le Fils de la Maîtresse,
04:29parce que c'était la maîtresse de l'école
04:30pour les petits-enfants arabes en majorité
04:35qui étaient ses élèves.
04:37Et moi, j'étais le fils de la maîtresse.
04:38On habitait dans une école, la Sousse.
04:40J'ai toujours beaucoup habité dans des écoles
04:43quand j'étais jeune,
04:44parce que ma mère bénéficiait d'un appartement.
04:47Et ma mère a eu, pour moi,
04:48une influence énorme sur mon éducation,
04:50sur les valeurs de transmission,
04:53le savoir, connaître,
04:55savoir, enseigner, transmettre.
04:58Tout ça, c'est des valeurs auxquelles je crois beaucoup
05:00encore aujourd'hui.
05:01Et on portait une blouse à l'école.
05:03Et on portait une blouse à l'école.
05:04Tout le monde avait une blouse.
05:05Tout le monde, c'était les enfants de la République.
05:08On était en Tunisie, qui était un protectorat,
05:10avant de recouvrir son indépendance en 1956.
05:14Donc j'ai encore des souvenirs d'avant et d'après.
05:17C'est une enfance heureuse au soleil.
05:19C'est une enfance tranquille.
05:22J'ai eu cette chance d'avoir des parents aimants.
05:26Et puis, il y a eu une grande rupture.
05:28C'est le départ, en 1962.
05:30Là, c'est vraiment quelque chose que j'ai vécu
05:32en m'endormant sur le bateau.
05:35Oui, car en fait, il y a la crise de Bizerte,
05:38qui est un problème entre les Français et les Tunisiens.
05:41Et là, vos parents décident de quitter le pays.
05:44Je crois que vous êtes, à l'époque, en colonie de vacances.
05:46J'étais en colonie de vacances dans le sud de la France,
05:48à l'île sur la Sorgue, un endroit merveilleux,
05:51avec mes deux sœurs.
05:52Il n'y avait pas beaucoup de monde à l'époque ?
05:53Ce n'était pas encore très mondain ?
05:54Pas du tout, pas du tout mondain.
05:56On était vraiment une colonie de vacances,
05:59sans doute de l'éducation nationale.
06:01On est rentrés en Tunisie.
06:02Et là, j'ai vu mes parents,
06:03j'avais presque 13 ans, mais même pas,
06:07mes parents ont paniqué.
06:08Mon père est parti avant
06:09pour trouver du travail en France.
06:12Ma mère s'est occupée de tout,
06:14du départ, de la vente de la boutique de mon père,
06:17la boutique d'horlogerie, bijouterie,
06:18qui ne valait pas grand-chose.
06:19Et nous, nous étions enfants,
06:23et j'ai vu ce que c'est que...
06:26Enfin, j'ai compris,
06:27comme un enfant peut le comprendre,
06:29ce que c'est que de changer totalement de vie, quoi.
06:32Vous êtes arrivé à Grenoble, je crois.
06:34Vous êtes arrivé à Marseille, en bateau,
06:35et ma mère était nommée à Grenoble.
06:40Et le changement...
06:42On est arrivé en juillet à Grenoble, en 1962,
06:44et passé d'une ville comme Sousse,
06:46au bord de la mer, dans la Méditerranée,
06:48à une ville dans les Alpes,
06:51une ville dans une cuve comme Grenoble,
06:54en plein mois de juillet.
06:56C'est un changement absolument radical
06:59pour l'enfant que j'étais.
07:00Oui, en même temps, il est resté le cinéma,
07:02car déjà, le cinéma, lorsque vous étiez en Tunisie,
07:04vous y allez le mercredi après-midi,
07:06il y avait trois salles de cinéma,
07:07ce qui n'était pas si fréquent à l'époque.
07:09Trois salles de cinéma,
07:10le Rex, le Palace et le Vox.
07:13Et on y allait, effectivement,
07:15avec mes deux sœurs, mes parents.
07:17Ma mère nous encourageait au cinéma.
07:19Donc, on allait voir le tout venant,
07:20c'est-à-dire des westerns, en français.
07:24Jerry Lewis aussi.
07:25Ah oui, Jerry Lewis.
07:26Passion pour Jerry Lewis, en français aussi,
07:29parce que c'était la grande période Jerry Lewis,
07:31comique, les films de Frank Tacheline,
07:34ou les films qu'il a réalisés lui-même.
07:36Et j'adorais Jerry Lewis,
07:37que j'ai eu la chance de rencontrer plus tard.
07:39Voilà, il y a eu un mystère quand même,
07:40c'est ce film, le jour où le clown pleura,
07:42qu'il a commencé, qui n'est jamais sorti.
07:44Oui, c'est un film sur le...
07:47J'ai vu les rushs, moi.
07:48J'ai eu la chance de voir les rushs.
07:49C'est un film produit par la Suède, je crois.
07:52C'est un film où Jerry Lewis est un clown
07:54et on lui demande d'accompagner les enfants
07:58jusqu'à l'entrée dans la chambre à gaz.
08:02C'est un sujet terrifiant
08:04qu'il a osé aborder.
08:08Et le film ne s'est jamais terminé,
08:10donc le film n'a jamais été monté définitivement.
08:12C'est un film perdu,
08:14c'est un film oublié,
08:16c'est un film totalement inédit
08:20et totalement inconnu.
08:23Mais ça veut dire que Jerry Lewis,
08:25grande star en Amérique,
08:27pas du tout aimé en Amérique,
08:29pas du tout respecté en Amérique
08:30comme il était en France.
08:31Tout le monde, la critique en France, l'adorait.
08:33Les cahiers du cinéma, positif,
08:35il était adulé.
08:36En Amérique, il n'était pas aimé
08:38parce qu'il était le responsable
08:40d'une sorte de téléthon.
08:42Oui.
08:43Et il était méprisé par l'intelligence américaine.
08:46Tous mes amis américains me disaient
08:48comment vous pouvez aimer ce type ?
08:50Moi, j'adorais Jerry Lewis.
08:51Et ce téléthon, pendant 20 ans,
08:53il a tenté de l'importer en France
08:54et il a fallu ce temps-là
08:56pour que le téléthon existe
08:57avec le succès qu'on connaît aujourd'hui.
08:59Il vient de Jerry Lewis,
09:00on l'a totalement oublié.
09:01Voilà.
09:02Mais pas respecté comme auteur de film.
09:04Dans ces salles de cinéma à Tunis,
09:07il y avait aussi des films égyptiens et indiens.
09:09Beaucoup, beaucoup.
09:10Parce que ça faisait partie de la tradition.
09:12Absolument.
09:13Le cinéma égyptien et le cinéma indien
09:15régnaient sur tout le continent africain
09:17et plus encore.
09:19Alors que le cinéma tunisien,
09:20je me suis un peu renseigné,
09:21il n'y en a pas beaucoup.
09:22Le premier long-métrage réalisé en 1919,
09:26ça s'appelle
09:26Les cinq gentlemen maudits de Louis Smora
09:28et ça a été tourné en 1922.
09:31Et en 1922,
09:33le premier court-métrage tunisien
09:36qui s'appelle Zora.
09:37Il est totalement inconnu au bataillon.
09:39Il y a eu un film,
09:40le premier film tunisien,
09:42le long-métrage,
09:42je crois que c'est un film de Jacques Baratier.
09:44Oui.
09:44Dans les années 50,
09:45fin des années 50.
09:48Je l'ai vu,
09:49j'ai un peu oublié d'ailleurs.
09:50Mais enfin,
09:51le cinéma tunisien est né très tard,
09:52très très tard.
09:54Alors, il y a aussi votre père,
09:55votre père qui a,
09:56si j'ose dire,
09:57une double vie
09:57lorsque vous arrivez à Grenoble,
09:59Serge Toubiana.
09:59Mon père,
10:01que j'aimais beaucoup
10:03et que j'aime encore plus maintenant,
10:04parce que j'en doute,
10:05je pense à lui
10:06et je pense que je lui ressemble beaucoup.
10:08Mon père était,
10:09alors je lui ai dit,
10:10il avait une passion pour le jeu.
10:12C'était sa passion.
10:15Un jour, il m'a dit,
10:15il faut me laisser ça,
10:16c'est ma passion.
10:17Moi, jeune,
10:18j'avais tendance à le juger.
10:20Quand je le voyais rentrer le soir
10:21à Grenoble,
10:23j'étais étudiant,
10:24il rentrait le soir de sa boutique
10:25vers 20h
10:26et il allait dans sa chambre
10:27et il sortait en smoking.
10:30Il était en smoking
10:31et il prenait sa voiture,
10:33je pense qu'il avait une DS
10:34ou je ne sais pas quoi,
10:36et il allait à Divonne-les-Bains
10:37qui était à 300 kilomètres
10:39et il rentrait le lendemain matin
10:41quand moi,
10:41je prenais mon petit déjeuner
10:42pour aller à l'université.
10:43Je voyais mon père
10:44comme ça,
10:45entre deux plans,
10:46comme ça
10:47et j'avais peur, quoi.
10:50Le jeu,
10:50c'est une passion,
10:52mais elle est dévorante, quoi.
10:53J'ai mis du temps
10:55à l'accepter
10:57et à lui pardonner.
10:58Il avait le droit,
10:58après tout,
10:59c'est sa passion,
11:01il a le droit de la vivre.
11:02Mais pour moi,
11:02jeune,
11:04c'était un...
11:06Je portais un jugement moral
11:07et je m'en suis beaucoup voulu
11:08de porter ce jugement.
11:10Et puis,
11:10il y a une autre forme de jeu
11:11qui est en train
11:11dans votre vie
11:12et on va l'évoquer
11:14à travers la date
11:14du 1er novembre 1972.
11:17A tout de suite
11:17sur Sud Radio
11:18avec Serge Toubiana.
11:20Sud Radio,
11:21les clés d'une vie,
11:22Jacques Pessis.
11:22Sud Radio,
11:23les clés d'une vie,
11:24mon invité Serge Toubiana.
11:26Vous avez consacré
11:27votre vie
11:27à la critique de cinéma,
11:29on va en reparler.
11:30Vous publiez un livre
11:30chez Calman Levy,
11:31On ne connaît du film
11:32que la scène des adieux,
11:34on va aussi en reparler.
11:35Mais on en revient
11:36à votre parcours
11:37qui a commencé en Tunisie,
11:38qui a continué à Grenoble
11:40et le 1er novembre 1972,
11:42c'est le jour
11:42de votre entrée
11:43dans un journal,
11:45dans une revue
11:45qui s'appelle
11:46Les Cahiers du Cinéma.
11:47Et je crois
11:48que c'est un numéro double
11:49qui contient
11:50comme sujet
11:52quelles sont nos tâches
11:53sur le front culturel
11:54et un projet de plateforme.
11:56Oula,
11:56vous évoquez une période
11:57assez...
11:59Non pas que je la renie,
12:00parce qu'il ne faut pas
12:01renier ce qu'on a vécu,
12:02mais c'est une période
12:03très difficile.
12:04Les Cahiers du Cinéma,
12:06donc j'étais un...
12:06En fait,
12:07je suis venu à Paris
12:07pour étudier le cinéma
12:08à l'université,
12:09je me suis inscrit
12:10en 71
12:10à Paris 3,
12:13la Sorbonne,
12:14Sancier,
12:15Paris 3,
12:16pour apprendre le cinéma
12:16et j'ai rencontré
12:17les rédacteurs
12:18des Cahiers du Cinéma.
12:19Pour moi,
12:19c'était une référence
12:20liée à la Nouvelle Vague,
12:21les Cahiers du Cinéma.
12:21Ça date de 1951,
12:23c'est un journal
12:23qui a eu beaucoup de succès.
12:24Voilà,
12:24puis c'est la revue
12:25de Truffaut,
12:26de Godard,
12:27de Chabrol,
12:28de Romère,
12:29de Rivette.
12:30C'était une revue
12:30qui avait un peu
12:31créé la Nouvelle Vague.
12:33Et pour moi...
12:33Et d'ailleurs,
12:34cette revue
12:35a inspiré une chanson
12:37qui a été
12:37et a un énorme succès.
12:39Nouvelle Vague,
12:42Nouvelle Vague,
12:45une petite MG.
12:47C'est fou,
12:47une chanson de Richard Anthony.
12:48Richard Anthony.
12:49Il manquait une chanson
12:50sur son 45 tours,
12:51il l'écrit dans 10 minutes
12:53et cette chanson
12:53va se vendre
12:54à plus d'un million
12:55d'exemplaires.
12:55Oui,
12:56j'adorais cette chanson.
12:57J'étais un tout jeune,
12:58Nouvelle Vague,
12:58avant de connaître
12:59la Nouvelle Vague.
13:00Alors justement,
13:00vous découvrez
13:01avec la Cahiers du Cinéma,
13:02Serge Toubiana,
13:03La Nouvelle Vague.
13:05Moi,
13:06le film qui m'a marqué
13:07dans mon adolescence
13:08parce que juste avant,
13:10comme on le disait
13:10tout à l'heure,
13:11je voyais des films,
13:12des westerns,
13:12des films du Jerry Lewis,
13:13des...
13:14Bon,
13:15j'aimais le cinéma
13:16comme un jeune spectateur
13:18assidu,
13:19mais La Passion est née
13:21avec Pierre Olfou
13:22de Jean-Luc Godard
13:23en 1965.
13:25Que vous avez vu
13:25à Grenoble,
13:26je crois.
13:26J'ai vu à Grenoble,
13:27j'avais 16 ans.
13:28Ce film m'a vraiment...
13:30a changé ma vie
13:32et ma conception du cinéma.
13:33Tout d'un coup,
13:33j'ai compris
13:34ou j'ai senti
13:35ou j'ai eu le senti
13:37sentiment de comprendre
13:37qu'un film,
13:38c'était plus qu'un plaisir.
13:40C'était aussi
13:41quelqu'un derrière l'écran
13:43qui orchestrait,
13:44organisait les images,
13:46les sons,
13:46le montage
13:47et qui me disait
13:49quelque chose.
13:50Et d'ailleurs,
13:50ce film,
13:51Jean-Luc Godard
13:52l'a expliqué,
13:53le héros s'appelle
13:53Ferdinand
13:54parce que c'est une référence
13:55à Louis Ferdinand Céline.
13:57Absolument.
13:58Et c'est aussi
13:58un personnage
13:59réel
14:01dans la mythologie
14:02un peu du polar.
14:04Exactement.
14:05Et effectivement,
14:06en plus,
14:07c'était Jean-Paul Belmondo.
14:09Jean-Paul Belmondo
14:10dans ce film
14:10est sublime,
14:12désinvolte
14:13et en même temps,
14:15il va
14:15se faire sauter
14:18le caisson
14:18comme on dit
14:19trivialement.
14:20Et puis,
14:20il y a Anna Karina
14:21qui était belle,
14:21il y a la Méditerranée,
14:23il y a la couleur,
14:23il y a tout ce que j'ai découvert
14:26dans ce film
14:26qui relève de la beauté,
14:28de la poésie
14:29et aussi
14:30la guerre du Vietnam,
14:31enfin,
14:31beaucoup de choses.
14:32Ce film synthétisait une époque,
14:33j'étais là,
14:34jeune,
14:35tout d'un coup,
14:36je l'ai pris en pleine poire.
14:37Et après,
14:39j'ai commencé
14:40à regarder les films
14:40de Godard,
14:41évidemment,
14:42je me souviens
14:43de masculin,
14:44féminin,
14:44je me suis beaucoup
14:45identifié à Jean-Pierre Léo
14:46qui était une sorte
14:47d'alter ego,
14:48j'ai découvert
14:49les films de Truffaut,
14:50Baiser Volé,
14:50puis après,
14:51j'ai vu les films
14:51antérieurs,
14:53je n'ai pas vu
14:54les 400 coups en 59,
14:55c'était trop jeune.
14:56Vous voyez,
14:57je me suis familiarisé
14:59à ceux-là.
15:00Et puis,
15:01je m'inscris à la faculté
15:03et je rencontre
15:03les gens
15:04des cahiers du cinéma.
15:04Mais l'époque
15:05était terrible
15:06parce que
15:07c'était l'engagement politique.
15:11Extrême-gauche,
15:12maoïsme,
15:13moi-même,
15:14j'avais été
15:14un jeune militant
15:15à Grenoble,
15:16par vos parents.
15:17Mes parents étaient communistes,
15:18puis bon,
15:19j'ai quitté
15:19le Parti communiste,
15:20je me souviens exactement
15:21le jour et l'heure,
15:22presque,
15:23le 22 août 1968.
15:26Pourquoi le 22 août ?
15:27Parce que c'était
15:28le lendemain.
15:29de l'intervention
15:30des chars soviétiques
15:32à Prague.
15:33Je n'ai pas accepté ça,
15:35j'étais jeune,
15:35j'étais totalement immature,
15:38mais déjà membre
15:39du Parti communiste.
15:40Et l'idée
15:41qu'un pays
15:41comme l'Union soviétique
15:43agresse un pays frère,
15:45comme on disait
15:46dans le jargon,
15:46vous vous souvenez,
15:47les pays frères,
15:48j'ai trouvé ça insupportable.
15:50Je me souviens
15:51être allé réveiller
15:52un ami,
15:53Bernard,
15:54Bernard Lévy,
15:55qui était,
15:55comme moi,
15:56au Parti communiste,
15:57je lui dis,
15:57Bernard,
15:57on ne peut pas accepter,
15:59il faut qu'on marque
16:01notre différence.
16:02Et on s'est fait exclure
16:04du Parti communiste.
16:05Ce qui est un moment
16:06très, très lourd
16:07dans une vie de jeune homme.
16:09C'est-à-dire,
16:09le Parti,
16:10vous excommunie,
16:11vous êtes radié.
16:12Et c'est très lourd.
16:14Le Parti communiste,
16:14à l'époque,
16:15était un parti
16:15très puissant.
16:17Il faisait 25%
16:19du corps électoral.
16:20Mais moi,
16:20j'étais un jeune homme,
16:2119 ans.
16:23Et puis,
16:23quand vous quittez
16:25le Parti communiste,
16:26vous le quittez
16:27plutôt à gauche
16:28qu'à droite.
16:28Je suis devenu
16:29d'extrême gauche,
16:30comme on dit maintenant,
16:31aujourd'hui.
16:32C'est très banal
16:33de le dire.
16:34Et les cahiers du cinéma
16:34ont fait le même parcours
16:36et sont devenus
16:37extrêmement austères.
16:39On ne parlait plus
16:40de cinéma
16:40dans les années 71,
16:4272, 73.
16:44Truffaut n'avait plus droit
16:45à une critique de film.
16:47C'était une période austère.
16:49Et je suis rentré
16:49à ce mauvais moment.
16:51Et heureusement,
16:52j'ai rencontré
16:52Serge Danais,
16:53qui était un des rédacteurs,
16:55qui était mon prof
16:56à Paris 3,
16:58Sancier.
16:59Et on s'est lié
17:01parce qu'il m'aimait bien.
17:02Et je l'écoutais.
17:03J'ai écouté
17:04pendant des mois et des mois
17:05Serge Danais parler.
17:07Et j'ai grandi grâce à ça.
17:08Il m'a un peu formé.
17:09Et puis à un moment donné,
17:11les cahiers sont arrivés
17:12au bout de leur parcours
17:14et il fallait tout reprendre.
17:15Et Danais a pris
17:16les choses en main
17:16et il m'a demandé
17:17de le seconder.
17:19Et puis un jour,
17:20dans la rue,
17:20il vous dit
17:21tu vas prendre ma place.
17:23Oui.
17:24Plusieurs années,
17:254, 8, 9 ans plus tard,
17:27dans la rue,
17:28rue du Faubourg-Saint-Antoine,
17:29un jour,
17:30Serge Danais,
17:30qui habitait dans le quartier,
17:32me dit,
17:33tu sais Serge,
17:33je vais partir à Libération.
17:35Serge Julie me propose
17:36le job.
17:37Je ne peux pas refuser.
17:38Et là,
17:39j'étais paniqué.
17:41Mais qu'est-ce qu'on va faire
17:42sans toi ?
17:42Si, si,
17:43tu vas te débrouiller.
17:45Et je me suis retrouvé
17:46rédacteur en chef
17:46des cahiers du cinéma
17:47en 81.
17:48J'avais 32 ans,
17:49ce qui était assez jeune.
17:51Et j'ai tout de suite
17:52pris des décisions importantes
17:53pour remettre les cahiers
17:55vraiment de plein pied
17:56dans l'amour du cinéma
17:57et du cinéma américain,
17:59par exemple,
18:00qui,
18:01pendant toute une période,
18:02était totalement interdit.
18:05On ne parlait pas
18:05des films américains
18:06parce qu'on confondait
18:08les films américains
18:09avec l'impérialisme américain,
18:11le Vietnam,
18:11etc.
18:12Des erreurs absolument manifestes,
18:14mais quand même
18:15qui pesaient lourd
18:16sur la destinée
18:18de cette revue,
18:18qui est quand même
18:19une revue importante
18:20et mondialement connue.
18:21Voilà comment
18:22je me suis formé
18:23dans l'adversité
18:26et j'ai très vite essayé,
18:28compris,
18:29ma rencontre avec Truffaut.
18:31Je ne sais pas
18:31si vous voulez qu'on en parle.
18:32Mais justement,
18:32un jour,
18:32vous décidez d'aller voir...
18:34En fait,
18:34François Truffaut
18:35a un bureau que j'ai connu,
18:36un bureau,
18:37on dirait un cottage londonien
18:39avec des boiseries,
18:40avec des livres,
18:41des romans policiers
18:42dans une bibliothèque,
18:43je m'en souviens très bien.
18:44Et vous décidez un jour
18:44d'aller le voir
18:45en tête à tête
18:46dans ce bureau,
18:47Serge Toubiana.
18:47J'y vais avec Serge Danais.
18:48On est tous les deux.
18:49On lui demande
18:49presque une audience,
18:51comment dire.
18:51On lui a écrit
18:52et puis, miracle,
18:53il nous répond,
18:54enfin, sa secrétaire
18:55nous répond,
18:57François Truffaut
18:58est prêt à vous recevoir,
19:02c'est très impressionnant.
19:03Parce que, je ne sais pas,
19:03si vous vous souvenez,
19:04il avait un bureau,
19:05donc, rue Robert-Étienne,
19:06c'est une impasse
19:07qu'il donne sur la rue Marbeuf,
19:09au deuxième étage,
19:10on en souvient très parfaitement.
19:10Champs-Elysées.
19:11Voilà.
19:12Et il nous reçoit.
19:13Et Truffaut avait
19:14une caractéristique
19:16qui m'a étonné,
19:18c'est qu'il était timide.
19:20Ce n'était pas un homme jovial
19:21comme Chabrol
19:22qui pouvait tout de suite
19:23vous taper sur l'épaule,
19:24vous tutoyer.
19:25Truffaut, c'était plus...
19:27Il y avait plus de formes
19:29à respecter.
19:30Et on s'est assis
19:31en face de lui
19:31et il nous a dit
19:33« Dites-moi pourquoi
19:35vous voulez me voir ? »
19:36Et on s'est mis à parler,
19:37Dané s'est mis à lui parler,
19:39puis moi j'ai un peu parlé,
19:40puis on bredouillait un peu,
19:41on était très intimidés.
19:43En fait, on venait
19:43lui demander un peu
19:44de nous aider financièrement.
19:47Et la réponse
19:48a été cinglante.
19:50Cinglante.
19:51La première chose
19:51qu'il nous a dite,
19:52c'est
19:52« Si vous aviez eu du courage,
19:56vous auriez créé
19:57une autre revue
19:58que les Cahiers de cinéma
19:59pour écrire vos textes
20:01engagés,
20:02marxiste-léniniste,
20:04révolutionnaire ? »
20:05Parce que cette revue
20:06a été créée
20:07par André Bazin
20:08et pas dans cette...
20:10Dans cette...
20:11C'est l'esprit.
20:12Dans cet état d'esprit.
20:13Parce qu'André Bazin,
20:14c'était le créateur
20:15des Cahiers de cinéma
20:16avec Jacques-Daniel Valcroz,
20:17avec Loduca,
20:18avec...
20:19Voilà.
20:20Et Bazin,
20:22c'était le père spirituel
20:23de Truffaut.
20:24C'était celui
20:24qui lui avait mis
20:25le pied à l'étrier
20:26quand il était
20:27un jeune homme
20:27un peu rebelle
20:28à 18-19 ans.
20:30Et pour Truffaut,
20:31Bazin,
20:32c'était une figure essentielle.
20:33Et les Cahiers du cinéma,
20:34dans la revue
20:35dans laquelle
20:36il a écrit lui-même
20:36très jeune,
20:37à 19 ans,
20:3820 ans,
20:38c'était grâce à Bazin.
20:39Donc pour lui,
20:41c'était très important
20:41comme capital symbolique,
20:43si vous voulez.
20:44Et la deuxième chose
20:45qu'il nous a dite,
20:45c'est « Vous venez me demander
20:47de l'aide financièrement
20:48et je serai dorénavant
20:50avec vous
20:51d'une neutralité
20:52bienveillante. »
20:53On s'est serré la main,
20:54on est partis,
20:55Serge Dané et moi,
20:55on a pris le métro
20:56sur les Champs-Elysées,
20:58on est rentrés à la Bastille
20:59où étaient les bureaux
21:00des cadillements,
21:00on ne s'est pas parlé,
21:01c'était vraiment...
21:02On était secoués, quoi.
21:03Et moi,
21:03j'ai mis un temps
21:04pas trop long,
21:05mais à comprendre.
21:06Une neutralité bienveillante,
21:07qu'est-ce que ça veut dire ?
21:09Je crois que cette phrase
21:10m'a marqué.
21:12C'est un peu comme
21:12l'Astrada
21:13que j'ai vu d'enfant.
21:14J'ai voulu,
21:15de toute mon énergie,
21:17faire en sorte
21:18que les cahiers du cinéma
21:20redeviennent une revue
21:21lisible par François Truffaut,
21:25pour qui j'avais
21:25une vénération.
21:28Et cette rencontre avec lui
21:29m'a marqué terriblement.
21:30J'avais 25 ans.
21:3325 ans, 26 ans.
21:35C'était jeune.
21:36Ça m'a marqué
21:37comme une espèce de...
21:38Il faut faire en sorte
21:40que cette revue
21:40convainc Truffaut
21:43que, voilà,
21:44on reparle le cinéma
21:45intelligemment,
21:47avec beaucoup de liberté,
21:49qu'on arrête
21:49avec le dogmatisme,
21:50avec le sectarisme
21:53des années précédentes.
21:55Et ça a créé
21:57un lien très personnel
21:58entre Truffaut et moi.
22:00On va continuer
22:00à parler de cinéma,
22:01mais d'une autre façon,
22:03avec une date
22:03très importante
22:04dans votre vie aussi,
22:06le 7 mai 1992.
22:08A tout de suite
22:09sur Sud Radio
22:09avec Serge Toubiana.
22:11Sud Radio,
22:12les clés d'une vie.
22:12Jacques Pessis.
22:14Les clés d'une vie,
22:14celles de mon invité,
22:15Serge Toubiana,
22:17critique de cinéma.
22:18Vous avez relancé
22:18les cahiers du cinéma.
22:20On a expliqué comment,
22:21voici quelques instants.
22:22Et puis,
22:23il y a ce livre,
22:24on ne connaît
22:25du film
22:25que la scène des adieux
22:26chez Calman Lévy
22:27qu'on va évoquer
22:28dans un instant.
22:29Mais je reviens
22:29au 7 mai 1992,
22:31le 45e Festival de Cannes
22:33et vous êtes membre du jury.
22:35Ça a été quelque chose
22:36de fort,
22:37de surprenant.
22:38Oui,
22:39c'est Gilles Jacob
22:39qui était à l'époque
22:40le président du festival.
22:42Non,
22:42pas le président,
22:43il n'était pas le président,
22:44il était le délégué général.
22:46C'est lui,
22:46il m'a proposé.
22:47J'étais très surpris
22:49et très flatté
22:50et je l'en remercie encore.
22:53Et j'ai fait partie
22:53du jury du Festival de Cannes
22:55à une époque
22:55où il y avait,
22:57ce n'est plus le cas aujourd'hui,
22:58il y avait souvent
23:00un critique de cinéma
23:01international ou français.
23:03En l'occurrence,
23:04là,
23:05c'était moi en français.
23:05il y avait parfois souvent
23:07un directeur de la photographie,
23:09il y avait souvent
23:10un grand écrivain,
23:11il y a eu
23:11les plus grands écrivains
23:12qui ont été membres du jury.
23:13Aujourd'hui,
23:14c'est fini,
23:14il n'y a que des gens de cinéma,
23:16il n'y a plus de chefs opérateurs,
23:18il n'y a plus de...
23:19Il y a beaucoup d'actrices,
23:19évidemment,
23:20et beaucoup de réalisateurs.
23:22Et à l'époque,
23:23il y avait des producteurs.
23:24Enfin bon,
23:24j'étais membre du jury
23:25et le président du jury
23:26était Gérard Depardieu.
23:28Donc,
23:28ça a créé,
23:30évidemment,
23:30un lien
23:31de complicité avec lui,
23:33mais c'était assez étrange
23:36parce que
23:37tout se passe bien
23:39quand on est membre du jury.
23:40On est très bien traité,
23:42on est sous protection,
23:44on est dans une bulle.
23:46On était dix membres du jury
23:47à l'époque.
23:47Aujourd'hui,
23:48je crois que c'est neuf.
23:50Et un jury,
23:51évidemment,
23:52très international.
23:53J'ai un souvenir,
23:55il y avait Pedro Almodovar
23:57dans le jury
23:57qui était un homme délicieux.
23:59Il y avait une actrice,
24:03Jamie Lee Curtis,
24:05une très belle actrice,
24:06une très grande actrice américaine.
24:07Il y avait un cinéaste,
24:10John Borman,
24:11un grand cinéaste.
24:13Il y avait...
24:14Voilà,
24:14c'était des personnalités.
24:15Des personnalités complémentaires.
24:17Complémentaires.
24:18Mais le moment,
24:19il y a un moment
24:19où ça se tend,
24:21si vous voulez.
24:21C'est quand il s'agit
24:22de faire un palmarès.
24:24Et le palmarès,
24:26on commence à discuter.
24:31Il y a des réunions
24:31presque tous les jours,
24:33tous les deux jours,
24:33pour faire le point,
24:34pour éliminer.
24:36C'est normal.
24:36Et puis surtout,
24:37pour apprendre
24:37à se connaître,
24:38à se parler.
24:39Et quand est arrivé
24:41le moment du palmarès,
24:42un dimanche matin,
24:43dans la villa
24:43au-dessus de...
24:45La villa de Domergue.
24:46Je pense que ça existe encore
24:47et que c'est là
24:47que le jury s'est réuni,
24:48au-dessus de Cannes.
24:50la délibération a duré,
24:54je ne sais pas,
24:54une heure et demie.
24:55Très courte.
24:56En présence de Gilles Jacob,
24:57bien sûr.
24:59Et il y a eu
25:00neuf voix sur dix
25:01pour un film,
25:04Mes meilleures intentions
25:05de Billy Auguste,
25:06qui avait déjà obtenu
25:07une palme d'or.
25:08C'est donc sa deuxième
25:10palme d'or.
25:11Et j'étais le seul
25:12à ne pas voter
25:13pour ce film.
25:16Et j'ai voté
25:17pour un autre film
25:17que je considère
25:18comme un grand film
25:19qui était un film
25:21de Robert Altman,
25:21The Player,
25:23que je considère
25:23comme un grand film
25:24aujourd'hui encore.
25:25On est en 2025,
25:26ça fait donc 37 ans,
25:28je ne sais plus.
25:29Et à un moment donné,
25:30Gérard Depardieu a demandé
25:31à ce que...
25:32Non, ce n'est pas
25:32Gérard Depardieu,
25:33c'est...
25:34Comment c'est...
25:34C'est un producteur,
25:36je me sais,
25:36dont j'ai oublié le mot,
25:37qui dit
25:38est-ce que Serge
25:39peut se rallier
25:41à notre décision
25:43pour avoir l'unanimité ?
25:44Je dis non, non,
25:44moi je garde ma voix
25:45pour The Player d'Altman.
25:48Et évidemment,
25:52il a eu la palme d'or.
25:53Gérard Depardieu,
25:54président du jury,
25:55a voulu me faire presque
25:56un peu de...
25:57Il avait un peu de peine
25:58pour moi,
25:59il m'a dit
25:59est-ce que tu veux
26:00qu'un film soit au palmarès ?
26:01J'ai dit oui,
26:01j'ai poussé un film
26:04de Victor Ehrichet,
26:07qui est un cinéaste espagnol
26:08que j'aime beaucoup
26:09mais qui a fait trois films
26:10dont le film allait...
26:12En 1992,
26:14c'était El Sol del Mambrio.
26:16C'était un film
26:18qui durait plus de deux heures
26:19où un peintre
26:20peint un cognacier
26:22pendant deux heures et demie.
26:23Et je me souviens
26:24de la projection
26:24dans le palais du festival.
26:27Depardieu ne tenait pas en place.
26:30Tellement c'était lent,
26:31ça l'ennuyait.
26:32Et je me suis rendu compte
26:33que Depardieu adore le cinéma
26:35mais pour en faire,
26:36pas pour regarder.
26:38Il ne tient pas en place.
26:39Il a une énergie,
26:40il a son corps,
26:42son volume,
26:44sa passion.
26:46Et ce film a été au palmarès.
26:49Et j'en suis très fier
26:50parce que Victor Ehrichet
26:51est un cinéaste très important.
26:53Mais c'est un souvenir mitigé
26:55d'être juré.
26:55Parce qu'en plus,
26:56moi j'ai aussi participé
26:57à quelques festivals de Cannes
26:59et je pense souvent
27:00aux membres du jury
27:00parce qu'il faut tenir le choc
27:02de voir tous les films.
27:03Et je me souviens
27:04de m'être retrouvée un jour
27:05dans une salle
27:06à côté de Françoise Sagan,
27:07membre du jury.
27:08Elle a dormi
27:09pendant tout le film.
27:10Présidente du jury.
27:10Oui.
27:11Elle a dormi.
27:12Elle a dormi.
27:12Sur mon épaule.
27:13Donc c'est quand même
27:14un rythme particulier.
27:16Il faut vraiment...
27:17Il faut voir deux films par jour.
27:18C'est le minimum.
27:19Bon, moi je sais,
27:20j'ai l'habitude
27:21parce que j'ai été critique
27:22pendant toute ma vie.
27:23j'adore voir des films.
27:25Mais c'est vrai
27:26qu'il faut...
27:27Sans compter qu'à Cannes,
27:29il y a beaucoup de sollicitations,
27:31les fêtes le soir,
27:33vous pouvez rentrer,
27:34vous coucher à 3h du matin.
27:36Voilà.
27:36Et là,
27:36vous êtes emporté
27:37par la folie, quoi.
27:39La frénésie,
27:40le plaisir.
27:41Bon.
27:42Voir des films,
27:43il faut être en forme physiquement, quoi.
27:45Alors, ce festival
27:46avait une particularité.
27:47Il était dédié
27:48à une actrice
27:49qui venait de disparaître
27:50quelques jours plus tôt.
27:51Ma première vacance
27:52que j'ai eue de l'Amérique,
27:54j'ai passé à Paris.
27:56Marlène Vietrich,
27:57qui est morte,
27:58je crois,
27:58la veille de l'ouverture
27:59du festival.
27:59Vous ne l'avez jamais rencontrée ?
28:01Non, jamais rencontrée.
28:02Moi, je l'ai souvent eue au téléphone
28:03parce qu'elle lisait mes chroniques.
28:04Oui.
28:04Et un jour,
28:05elle m'appelle,
28:05elle me dit,
28:06vous savez que François Mitterrand
28:08a une fille
28:08qui s'appelle Mazarin.
28:10Personne le savait.
28:12Elle le savait.
28:12Elle le savait.
28:13Et je lui dis,
28:14mais Marlène,
28:14comment savez-vous ça ?
28:15Elle me répond,
28:16quand on a travaillé
28:17pendant la guerre
28:18avec les services secrets,
28:19il en reste toujours quelque chose.
28:20Formuleux.
28:21Extraordinaire.
28:22Mais c'est vrai que,
28:23là aussi,
28:25c'est une chose très particulière.
28:26Marlène Vietrich,
28:26vous êtes partie
28:27d'une star
28:29qui n'existe plus,
28:30que vous avez eu
28:30le privilège de côtoyer.
28:32Oui.
28:33Il y a des stars,
28:34il y en a encore,
28:35mais il y en a beaucoup,
28:37même très jeunes.
28:40Les stars
28:40que j'ai rencontrées
28:43quand j'étais critique de cinéma,
28:45journaliste au cahier du cinéma
28:46ou que j'ai reçues
28:47beaucoup à la cinémathèque
28:48quand j'ai dirigé la cinémathèque
28:49pendant 13 ans,
28:51je crois.
28:53C'est toujours intéressant
28:56de les rencontrer
28:57et surtout de leur poser des questions.
29:00Quand j'ai pris la cinémathèque
29:02en 2005,
29:03j'ai rendu hommage
29:04à Catherine Deneuve,
29:05à Isabelle Huppert,
29:06à Binoche,
29:07et j'en passe,
29:09Bulogier,
29:10et puis beaucoup d'autres,
29:11et des Américains aussi,
29:13beaucoup.
29:13C'est toujours intéressant
29:15de les faire parler
29:16sur scène.
29:17parce que
29:19comment construire une carrière ?
29:22C'est passionnant
29:23parce que les acteurs,
29:24les actrices,
29:27on l'oublie,
29:29mais
29:29ce n'est pas elles
29:30qui décident de tout.
29:31Elles sont choisies.
29:34Un mot qu'il ne faut plus employer,
29:36paraît-il,
29:36elles sont désirées.
29:37On a le désir
29:38de filmer quelqu'un.
29:40Aujourd'hui,
29:40pareil,
29:41il faut faire attention
29:41avec ce mot.
29:42Mais bon,
29:42je ne vois pas d'autres mots.
29:43ce n'est pas
29:45faire un film,
29:46jouer dans un film,
29:48diriger quelqu'un
29:49dans un film,
29:49ce n'est pas un travail
29:50de salarié,
29:51c'est autre chose.
29:53C'est un travail
29:53qui relève aussi
29:55du choix esthétique,
29:56du regard,
29:58de vouloir faire
30:00quelque chose
30:00à quelqu'un.
30:01Un homme,
30:02une femme,
30:03des enfants aussi,
30:04souvent.
30:04Et ça,
30:05je crois que c'est
30:05la vérité du cinéma.
30:07Évidemment,
30:07il faut se protéger
30:08de tout débordement,
30:11de tout geste déplacé,
30:13ça va de soi.
30:14Mais moi,
30:16ce que j'ai aimé,
30:18ce que j'aime
30:18chez Catherine Deneuve,
30:19c'est qu'elle a
30:20une carrière sublime.
30:21Vous voyez les choix
30:22qu'elle a fait
30:22ou les choix
30:24qu'elle a acceptés
30:26parce qu'on le lui a proposé
30:27de Jacques Demy
30:28à Luise Buñuel
30:29en passant par Truffaut,
30:30par Polanski,
30:31par beaucoup d'autres.
30:32C'est des choix
30:34qu'elle a fait
30:35de façon explicite.
30:36Et ça fait une œuvre.
30:38Et voilà.
30:38Et justement,
30:39l'œuvre de cinéma,
30:40la Cinémathèque,
30:41vous êtes donc
30:42nommée directeur
30:42et je crois que ça a commencé
30:43par un appel téléphonique
30:45du ministère de la Culture
30:46sur un autre sujet.
30:48On vous a demandé
30:49de faire une mission.
30:50Ah oui.
30:50C'est Jean-Jacques Ayagon
30:51qui était ministre de la Culture
30:52qui m'a confié
30:55une mission importante
30:56sur le patrimoine
30:57cinématographique.
30:58J'avais du temps
30:59à l'époque.
30:59j'ai dit oui.
31:02J'ai fait un rapport.
31:03Ça m'a pris six mois.
31:04J'avais un collaborateur
31:05formidable
31:06qui venait de la Cour des Comptes,
31:07Denis Bertomier,
31:08qui m'a beaucoup aidé
31:09à y voir clair
31:10sur le plan administratif,
31:12juridique et autres.
31:14Les rouages de l'État,
31:15etc.
31:16Et j'ai fait un rapport
31:16et j'ai remis mon rapport
31:17au ministre.
31:18Et un jour,
31:19quand j'ai remis
31:20mon rapport au ministre,
31:22tout début janvier 2003,
31:24il m'a regardé dans les yeux
31:25et il m'a dit
31:26maintenant c'est une question
31:27d'homme.
31:28J'ai baissé la tête.
31:29En gros,
31:30ça voulait dire
31:30une chose très claire.
31:32J'ai compris
31:32quelque chose d'essentiel
31:33avec les ministres.
31:35C'est que
31:35il voulait que je sois
31:38le directeur de la Cinémathèque.
31:40Or, sincèrement,
31:41je n'avais pas écrit
31:42ce rapport
31:43pour être directeur.
31:44J'avais écrit ce rapport
31:44pour rendre service
31:45à l'État.
31:48Et là-dessus,
31:49un homme s'est opposé
31:50à ce que je sois directeur.
31:51Je vais en dire du bien
31:53parce qu'il est mort
31:54il y a très peu de temps.
31:55C'est Jean-Charles Taquella.
31:56que vous avez peut-être
31:57rencontré.
31:58Il était président
31:59de la Cinémathèque
31:59et il ne voulait pas
32:00que je sois directeur.
32:01Il disait au conseil
32:02d'administration
32:03Toubiana,
32:04c'est l'homme du ministre.
32:06Et en revanche,
32:08il y avait deux personnes
32:09qui étaient vraiment
32:09pour, favorables
32:10à ce que je sois directeur.
32:11C'est un producteur
32:14que j'ai beaucoup aimé
32:14qui s'est malheureusement
32:16suicidé,
32:16Imbert Balzan,
32:18un homme génial.
32:19Génial, pardon.
32:20Général, non.
32:21Génial.
32:22Et Martine Offroy
32:23qui travaillait chez Gaumont
32:24et qui était vice-présidente.
32:25Et ils étaient convaincus
32:27que je serais l'homme
32:28de la situation.
32:30Jean-Charles Taquella
32:31préférait démissionner
32:32que de me nommer.
32:34On s'est beaucoup
32:35réconcilié après.
32:37Et j'ai été nommé
32:37fin avril 2003.
32:42Vous avez travaillé
32:43pendant des années,
32:44mais il y a eu
32:44une autre opération aussi
32:45qu'on a un peu oubliée
32:46que vous avez menée.
32:47Ça s'appelait
32:48Premier siècle de cinéma,
32:49Serge Toubiana.
32:49avec une rétrospective
32:51d'un siècle de cinéma.
32:53C'était pour célébrer
32:54les cent ans du cinéma.
32:56Jacques Lang
32:56était ministre de la Culture.
32:57Il m'a nommé
32:58avec un comparse
33:00qui était quelqu'un
33:02que j'aimais beaucoup,
33:03que je respectais énormément,
33:05qui s'appelait,
33:06il est mort aussi,
33:07Alain Kronbeck.
33:08Alain Kronbeck
33:09était un homme de théâtre.
33:10Il a dirigé
33:10le festival d'Avignon.
33:11Il a dirigé
33:12le festival d'Automne
33:14à Paris, etc.
33:14et on a choisi,
33:17le ministre a choisi
33:17comme président
33:18de cette association
33:19un homme que j'ai
33:20beaucoup aimé,
33:22admiré,
33:23Michel Piccoli.
33:23Exactement.
33:25Et on a fait
33:26une petite équipe
33:27pour faire en sorte
33:28qu'en France,
33:29pays de la naissance
33:30du cinéma
33:31grâce au Frère Lumière
33:32en 1895,
33:34grâce aussi à Méliès
33:35et beaucoup d'autres,
33:37que le centenaire
33:38du cinéma
33:38soit célébré
33:39partout en France.
33:40Ça a été un travail
33:41incroyable.
33:41On a été voir
33:42avec Michel Piccoli
33:44on a été voir
33:46Jacques Chirac
33:46qui était le maire de Paris
33:47il nous a reçus
33:49mais à pile poil
33:50à midi
33:50pas une seconde de retard
33:52contrairement
33:53à parait-il
33:53beaucoup d'hommes politiques
33:54qui prennent
33:55et on s'est vraiment
33:57très bien entendu
33:58avec Jacques Chirac.
33:58On a été voir
33:59Charles Pasqua
34:00qui était ministre de l'Intérieur
34:00on a été voir
34:01le maire de Lyon
34:02Michel Noir à l'époque
34:04parce que Lyon
34:05c'est la ville
34:05des Frères Lumière
34:06on a été voir
34:07le maire de Toulouse
34:08Dominique Baudis
34:09on a fait
34:10le tour de France
34:11pour faire en sorte
34:11que partout en France
34:12le centenaire du cinéma
34:13soit bien célébré
34:14ça nous a pris trois ans
34:16et il y a eu un film
34:17qui s'appelle
34:18101 Nuits
34:20de Simon Cinéma
34:21justement
34:22avec Michel Piccoli
34:23et une débutante
34:24qui s'appelait
34:25Julie Gaillet
34:25Julie Gaillet
34:27qui débutait
34:27dans ce film
34:28qui débutait
34:29c'est un film d'Agnès Varda
34:30exactement
34:31Agnès Varda
34:31qui avait la particularité
34:33de monter ses films
34:34dans son appartement
34:35au fond d'une impasse
34:36Louis Daguerre
34:37bien sûr
34:37j'ai souvent acté
34:38chez les amis
34:38ce qui était assez particulier
34:40et vous avez eu
34:40toutes les stars
34:41de De Niro
34:42Harrison Ford
34:42Delon
34:44Piccoli
34:45tout le monde joue
34:46dans ce film
34:46tout le monde passe
34:48dans le film
34:48fait un petit rôle
34:49et ce film a été projeté
34:51sur le parvis
34:52des droits de l'homme
34:52oui
34:53c'était un moment
34:55extraordinaire
34:55absolument
34:56ça veut dire que le cinéma
34:57en France
34:58a beaucoup de valeur
34:59encore
34:59moi je crois
35:00on parle au moment
35:02où le festival de Cannes
35:03commence
35:04je pense qu'en France
35:05il y a une conjonction
35:07très particulière
35:08de l'amour du cinéma
35:09de la cinéphilie
35:11on a le plus grand festival
35:12de cinéma au monde
35:13qui est le festival de Cannes
35:14on a des revues de cinéma
35:15qui font un travail
35:16d'éducation
35:17positif
35:18les cahiers du cinéma
35:19et d'autres
35:19on a aussi
35:21un CNC
35:23extrêmement efficace
35:25on a
35:26une volonté publique
35:27que le ministre
35:29soit de droite
35:29ou de gauche
35:30ça ne change rien
35:31il y a une volonté publique
35:32de protéger le cinéma
35:33qui est souvent
35:35mise à mal
35:36par
35:36les plateformes
35:38le développement
35:39de l'audiovisuel
35:40on a su trouver
35:41un consensus
35:43qui fait que le cinéma
35:44est protégé
35:45et c'est formidable
35:46et le cinéma
35:47justement
35:48on va l'évoquer
35:48à travers la date
35:50de sortie de votre livre
35:51le 16 avril 2025
35:52à tout de suite
35:53sur Sud Radio
35:53avec Serge Toubiana
35:54Sud Radio
35:56les clés d'une vie
35:57Jacques Pessis
35:58Sud Radio
35:59les clés d'une vie
35:59mon invité Serge Toubiana
36:01donc on a évoqué
36:02votre parcours
36:02de critique
36:03de juré au Festival de Cannes
36:05de directeur de la Cinémathèque
36:06et aujourd'hui
36:07voici quelques jours
36:08le 16 avril 2025
36:10est sorti un livre
36:12on ne connait du film
36:13que de la scène des adieux
36:14chez Calman Levy
36:15et ce livre
36:16ce sont les oraisons funèbres
36:18de comédiens
36:20de metteurs en scène
36:21de comédiens
36:22que vous avez rencontrés
36:23pourquoi ce livre aujourd'hui ?
36:25je me suis rendu compte
36:26que j'avais beaucoup écrit
36:28à l'occasion de la mort
36:30de figures
36:31de cinéma
36:32que je connaissais
36:32ou que j'admirais
36:33et je me suis dit
36:35ça fait une collection
36:36qui a plus de 80 textes
36:38le premier
36:39c'est sur François Truffaut
36:40quand il est mort
36:41le 21 octobre 1984
36:43j'étais le rédacteur
36:44en chef des cahiers du cinéma
36:45j'apprends la mort de Truffaut
36:47il avait 52 ans
36:48c'était quelqu'un
36:49que j'avais eu la chance
36:50de rencontrer
36:51de connaître
36:51et surtout d'admirer
36:53je me suis naturellement
36:57senti obligé
36:58de lui rendre hommage
36:59dans les cas du soir
36:59j'ai écrit un texte
37:00sur lui
37:01on a même fait
37:01un numéro spécial
37:02à la mort de Truffaut
37:03qui est sorti en décembre 1984
37:05qui a eu un énorme succès
37:06parce que tous
37:07ses amis
37:08ses collaborateurs
37:10beaucoup de cinéastes
37:11dans le monde
37:11dont Spielberg
37:12entre autres
37:13et beaucoup d'autres
37:13lui rendaient hommage
37:14Truffaut a été
37:15quand il est mort
37:17il y a eu une émotion
37:17énorme
37:19en France
37:19et partout dans le monde
37:20il était très aimé
37:21et puis
37:22comme en tant que journaliste
37:25et rédacteur en chef
37:26des cahiers du cinéma
37:27je me suis senti contraint
37:28d'écrire
37:29dès que quelqu'un
37:30mourait
37:31et puis à la cinémathèque
37:33quand il y a eu des morts
37:34je rendais hommage
37:35je me souviens
37:36de l'hommage
37:36qu'on a rendu
37:37à Chabrol
37:38par exemple
37:38quand il est mort
37:39sa famille
37:40a demandé
37:41à ce qu'on fasse
37:41la cérémonie
37:42devant le parvis
37:43de la cinémathèque
37:44rue de Bercy
37:45Frédéric Mitterrand
37:47était le ministre
37:47de la culture
37:48à l'époque
37:48Isabelle Huppert
37:49est venue
37:50prononcer un discours
37:51le ministre aussi
37:52c'était une grande émotion
37:54et j'ai écrit évidemment
37:55moi-même un discours
37:56pour rendre hommage
37:57à Chabrol
37:58que j'aimais beaucoup
37:58comme homme
37:59c'était même
38:00un de vos cinéastes préférés
38:01un de mes cinéastes préférés
38:02et puis l'homme
38:02était formidable
38:03lovial
38:04facile
38:06complice
38:08et puis
38:10donc voilà
38:12je me suis rendu compte
38:14que j'avais écrit
38:14plus de 80 textes
38:16et quand j'ai présidé
38:17Unifrance
38:17en 2017
38:19j'ai eu trois mandats
38:20de deux ans
38:21dès qu'une personnalité
38:22du cinéma français
38:23est décédée
38:24je rendais hommage
38:24Belmondo
38:26Michel Bouquet
38:27Jean-Louis Trintignant
38:28Gaspard Huliel
38:29Michel Piccoli
38:33bien sûr
38:34donc voilà
38:35j'ai mis
38:36ça fait un ensemble
38:37de textes
38:37c'est des textes
38:38que j'ai écrits
38:39c'est des textes
38:40où je me suis investi
38:42enfin m'investi
38:43j'ai essayé de dire
38:44tout le bien
38:46que je pensais
38:46de ces personnes
38:47Oui
38:47ce sont des horizons funèbres
38:49mais amicales
38:50et affectueuses
38:50et admiratives
38:51Toujours
38:52il y a toujours
38:52un fond d'admiration
38:53c'est de trouver
38:54la vérité de la personne
38:55Annie Gérardot
38:56j'étais à ses obsèques
38:58à Saint-Roch
38:58les églises Saint-Roch
38:59c'était bouleversant
39:01parce que
39:01tout d'un coup
39:03je crois que c'est
39:04Claude Lelouch
39:05qui était là
39:05qui a lancé le truc
39:06on applaudit
39:07dans une église
39:08je n'avais jamais fait ça
39:09j'avais vu ça d'ailleurs
39:10toute la
39:10l'assemblée
39:13réunie à l'église Saint-Roch
39:14s'est mise à applaudir
39:15et on a applaudi
39:16le cercueil
39:17comme au spectacle
39:19c'est ce qui se fait
39:20beaucoup aujourd'hui
39:20ça se fait beaucoup
39:21et je trouve ça formidable
39:22parce que c'est vraiment
39:23le dernier hommage
39:24mais un hommage
39:25vibrant
39:26non pas
39:27voilà
39:27donc voilà
39:28cet ensemble de textes
39:30ça fait une espèce
39:31de guirlande
39:32autour des personnalités
39:34que j'ai admirées
39:35et pourquoi ce titre
39:36on ne connait du film
39:37que la scène des adieux ?
39:38j'avais pas de bon titre
39:39alors mon éditeur
39:41Philippe Robinet
39:42un jour on déjeune
39:44à Montparnasse
39:45et il me dit
39:46c'est pas grave
39:46tu lis Aragon
39:47tu vas trouver
39:48je rentre chez moi
39:49je prends mes livres
39:51d'Aragon
39:51de poésie
39:52et c'est vrai
39:54si vous cherchez un titre
39:55conseille à nos auditeurs
39:59vous lisez Aragon
40:00et à un moment donné
40:01je joue un poème d'Aragon
40:03et hop
40:04je trouve ça
40:04un vers
40:05on ne connaîtra jamais
40:07du film
40:08que la scène des adieux
40:09j'envoie ça
40:11à Philippe Robinet
40:12par SMS
40:13il me dit
40:13bon on met au présent
40:14et ça devient ton titre
40:17donc mon titre
40:18on ne connait du film
40:21que la scène des adieux
40:22c'est emprunter
40:24voler
40:27piquer
40:27à ce grand écrivain
40:30ce grand poète
40:30qui est Élu Aragon
40:31on ne connaîtra jamais
40:33du film
40:33que la scène des adieux
40:34et c'est exactement
40:35ça relève
40:36du contenu
40:37de mon livre
40:38voilà
40:38et sur la couverture
40:39il y a une photo
40:40qui évoque
40:41un film culte
40:42mais je ne pourrai
40:46jamais vivre
40:48à ce moment
40:49les parapluies de Cherbourg
40:49pourquoi cette couverture
40:51pourquoi cette
40:51c'est une scène d'adieu
40:53oui
40:54il y a une très belle scène d'adieu
40:55dans le film de Jacques Demy
40:57c'est quand le personnage masculin
40:59prend le train
41:01pour aller
41:01au service militaire
41:04et faire
41:05la guerre en Algérie
41:08la toile de fond
41:10du film de Jacques Demy
41:11les parapluies de Cherbourg
41:12et puis c'est Catherine Deneuve
41:13qui est sublime
41:14pour qui j'ai
41:14une très grande admiration
41:16c'est une scène des adieux
41:17et cette musique
41:18de Michel Legrand
41:20elle a fait le tour du monde
41:21c'est devenu
41:21un classique
41:22de jazz
41:24donc voilà
41:26il y a un texte
41:27sur Jacques Demy
41:27que j'ai eu la chance
41:28de connaître
41:29et que j'ai beaucoup
41:30admiré aussi
41:31comme cinéaste
41:31et comme personne
41:32aussi comme homme
41:33mais il se trouve aussi
41:35que ce film
41:36il y a un petit miracle
41:37Michel Legrand
41:38n'arrivait pas
41:38à trouver le producteur
41:39et il dîne un soir
41:41avec son ami
41:41Francis Lemar
41:42qui joue aux cartes ensemble
41:43et il parle de ça
41:45et Lemar dit
41:45écoute moi je veux bien t'aider
41:46je serai éditeur des chansons
41:47on ne sait jamais
41:48et c'est comme ça
41:49que Lemar a sauvé
41:50les parapluies de Cherbourg
41:52c'est génial
41:53il y a aussi
41:54la rencontre
41:55c'est Mac Baudard
41:56qui avait produit
41:56et vous savez que Mac Baudard
41:59était très lié
41:59au patron de François
42:02oui à Pierre Nazareff
42:03à Pierre Nazareff
42:04donc je crois
42:04qu'elle était la maîtresse
42:05bien sûr oui
42:06et c'est ça
42:07qui a fait
42:07qui a sauvé
42:08les parapluies de Cherbourg
42:10et le film
42:11est sorti en France
42:13à Paris
42:14puis a été sélectionné
42:15au Festival de Cannes
42:16en mai 1964
42:18et a gagné la Palme d'Or
42:20et a fait le tour du monde
42:21effectivement il y a eu
42:23des gens courageux
42:24parce que
42:26les producteurs français
42:28ne voulaient pas de ce film
42:29parce qu'il était un film
42:30chanté
42:30préenregistré
42:32etc.
42:32aucun intérêt
42:33effectivement
42:34alors il se trouve aussi
42:35que quand on lit votre livre
42:36on se rend compte
42:37combien la transmission
42:38est importante
42:39d'autant plus aujourd'hui
42:40aux jeunes générations
42:41car transmettre
42:42ce qu'ont été
42:43les acteurs du passé
42:44est essentiel
42:45pour moi oui
42:46pour moi oui
42:48parce que
42:48je ne sais pas
42:49comment vous le dire
42:50mais
42:50ma crainte
42:52ma principale crainte
42:56c'est l'oubli
42:56je ne sais pas pourquoi
42:57j'ai peur de l'oubli
42:58j'ai peur qu'on oublie
43:00les choses qu'on a vécues
43:01les gens qu'on a aimés
43:03évidemment d'abord
43:05ses parents
43:05ses amis
43:06mais aussi au cinéma
43:08c'est-à-dire
43:08le cinéma
43:09c'est l'art
43:10je ne sais pas comment dire
43:12ce qu'on a aimé
43:13ce qu'on aime
43:14dans l'instant même
43:15où on voit un film
43:15on sait que ça n'est qu'éphémère
43:17ça peut s'effacer
43:18ça peut disparaître
43:19et c'est pour ça
43:20qu'on aime le cinéma
43:21on y retourne d'ailleurs
43:22pour ça
43:22pour retrouver
43:23ce plaisir de l'enfance
43:25ce plaisir de la découverte
43:26de l'éphémère
43:27des choses furtives
43:28mais qui sont inscrites
43:30qui sont écrites
43:30qui sont gravées même
43:32sur pellicules
43:32maintenant
43:33il n'y a plus de pellicules
43:34c'est le numérique
43:35mais
43:35et moi
43:37mon rôle
43:37modestement
43:39c'est de
43:40de contribuer
43:42à ce que l'on garde
43:42la mémoire
43:43et même
43:44seulement qu'on la garde
43:45mais qu'on la transmette
43:46moi
43:46alors qu'il y a des films
43:47en couleur
43:48qu'on voit partout
43:49dans les écoles primaires
43:50aujourd'hui
43:50on projette des films
43:51de Charlot et Laurel et Hardy
43:53et les enfants sont fans
43:54c'est quand même encourageant
43:56mais bien sûr
43:56moi j'ai fait l'expérience
43:57de montrer des films
43:58de Chaplin
43:59à des enfants
44:00c'est bouleversant
44:01la réaction
44:02parce que
44:03les films de Chaplin
44:04ils sont
44:04ils ont plus de
44:05ils ont plus de 100 ans
44:07maintenant
44:07certains
44:08vous voyez la réaction
44:10c'est là que vous voyez
44:11la nature de l'enfant
44:13la nature humaine
44:14Chaplin a compris
44:15quelque chose
44:16de fondamental
44:17il prend l'enfant
44:18par les mains
44:19et il l'emmène
44:20là où il veut
44:20avec joie
44:22gaieté
44:22tristesse
44:23c'est miraculeux
44:25c'est un génie
44:27absolu
44:28Chaplin
44:28alors dans ce livre
44:29il y a bien sûr
44:30tous ces portraits
44:31il y a par exemple
44:32Simone Signoret
44:33dont vous dites
44:33que c'est une femme
44:34d'autorité
44:34dont l'influence
44:36dépassait le métier
44:37de comédienne
44:37elle avait une autorité
44:39une autorité politique aussi
44:41ou syndicale
44:42elle était engagée
44:43avec Yves Montand
44:44ils étaient engagés
44:45et souvenez-vous
44:48il y avait des conférences
44:49de presse
44:50sur des questions
44:51liées à la dictature
44:53ici en Amérique latine
44:54et autres
44:54Simone Signoret
44:55était conviée
44:57elle était à côté
44:59de Jean-Paul Sartre
45:00de Michel Foucault
45:01de grands penseurs
45:02du XXème siècle
45:04elle jouait
45:05à jeu égal
45:07c'était une figure
45:09d'autorité
45:10morale
45:11et politique
45:12et aussi
45:13une très grande actrice
45:14bien sûr
45:14et puis il y a quelqu'un
45:15qui est aujourd'hui
45:16adulé
45:17mais qui de son vivant
45:17a été très peu récompensé
45:19et à qui vous rendez hommage
45:20Serge Aubianas
45:21et Sergio Leone
45:22oui parce que
45:25d'abord
45:25je trouve ça
45:26un très grand cinéaste
45:27la preuve
45:28on adore ces westerns
45:30ils sont cultes
45:32on adore aussi
45:33la musique
45:33de Ennio Morricone
45:35qu'a fait
45:35les films
45:36de Sergio Leone
45:37moi j'ai une passion
45:38toute parctuaire
45:38pour le dernier film
45:39de Sergio Leone
45:41c'est
45:42Il était une fois
45:42en Amérique
45:43que je considère
45:44comme un film
45:45proustien
45:45c'est-à-dire un film
45:46sur la mémoire
45:46sur l'enfance
45:48sur la mélancolie
45:50du personnage
45:50interprété par Robert De Niro
45:52qui se souvient
45:54de son enfance
45:55dans ce quartier
45:56pauvre
45:56de New York
45:57et bon
45:58pour moi
46:00ça évoque
46:01un petit peu
46:02très humblement
46:03mon enfance
46:04à moi-même
46:04en Tunisie
46:05le petit
46:06fils de la maîtresse
46:07qui grandit
46:08qui aime le cinéma
46:09et qui essaie
46:10de retrouver un peu
46:11les saveurs
46:12de l'enfance
46:13c'est vraiment
46:14je crois que
46:14quand on est
46:15un homme
46:16ou une femme
46:17je pense qu'on est
46:17travaillé par cela
46:19on est hanté
46:20par ça
46:21plus le temps passe
46:22plus on vieillit
46:23plus on avance
46:24en âge
46:25on essaie
46:25de retrouver
46:26un peu les saveurs
46:27de cette enfance
46:29de cette liberté
46:30de ce moment
46:30un peu
46:31magique
46:32qu'on a vécu
46:33et dans lequel
46:34le cinéma
46:35joue un rôle
46:35essentiel
46:35moi j'ai toujours
46:36été au cinéma
46:37et puis il y a
46:38quelqu'un
46:38qui a été
46:39la noyenne du cinéma
46:40et qui nous a quitté
46:41récemment
46:41avec qui vous avez
46:42écrit un livre
46:43qui est Micheline Prell
46:44oui j'adorais
46:46Micheline Prell
46:46j'ai écrit un livre
46:47avec elle
46:47c'était très difficile
46:48de faire un livre
46:49avec elle
46:49pourquoi
46:50parce qu'elle n'avait
46:51pas de mémoire
46:52Micheline était
46:53une femme
46:55du présent
46:56elle ne vivait
46:58que pour le présent
47:00le passé
47:01ça ne l'intéressait pas
47:03et pourtant son passé
47:04m'intéressait beaucoup
47:05vous imaginez
47:06les films
47:07qu'elle a fait
47:08mythiques
47:11Falbala
47:12de Jacques Becker
47:13le film
47:15avec Gérard Philippe
47:17d'après Radigué
47:19bon c'est des choses
47:20essentielles
47:21qui ont fait
47:21sa mythologie
47:22et puis je connaissais
47:24bien son parcours
47:24puis j'étais amie
47:25avec elle
47:26c'était une femme
47:27délicieuse en amitié
47:28mais la mémoire
47:29non
47:30elle allait au cinéma
47:31tous les après-midi
47:31à Odéon
47:33elle habitait là
47:33à Odéon
47:34c'était quelqu'un
47:36qui vivait pour le présent
47:37donc faire un livre
47:37de mémoire
47:38c'était très difficile
47:39mais c'était une femme
47:39magnifique
47:40et elle a marqué
47:41sur la télévision
47:42parce qu'à une époque
47:43où les acteurs
47:43et les actrices
47:44considéraient que
47:45faire de la télévision
47:45c'était inadmissible
47:47elle a créé
47:47avec Daniel Gélin
47:48les Saintes Chéries
47:49et c'est la première fois
47:50qu'une comédienne
47:51de cinéma
47:52est allée à la télévision
47:53et ça a été un succès
47:54colossal
47:55exactement
47:55tous les français
47:56se sont reconnus
47:57en elle
47:58parce que c'était
47:59c'est un personnage
47:59avec Daniel Gélin
48:00un couple magnifique
48:01très raconté
48:04filmé au quotidien
48:05les tracas
48:06les embouteillages
48:07Paris
48:08c'était
48:09révolutionnaire
48:11dans les années 60
48:12de faire ça
48:13le cinéma
48:14était votre vie
48:15est-ce que vous
48:16savez à peu près
48:16combien de films
48:17vous avez vu dans votre vie
48:18Serge Toubiana ?
48:19non
48:20je ne sais pas
48:20je ne l'ai jamais compté
48:21mais c'est beaucoup
48:22beaucoup
48:22parce que je vois
48:24à peu près
48:25disons aller
48:26un film par jour
48:27donc ça fait quand même
48:28longtemps
48:28ça fait longtemps
48:29donc si on calcule
48:31si on prend
48:32la calculette
48:34oui ça fait beaucoup
48:35et la passion
48:37reste intacte
48:38oui parce que
48:38je vous dis
48:40quand je vois un film
48:41soit chez moi
48:42soit en salle
48:42je fais beaucoup en salle
48:43le début
48:46quand le noir
48:48la salle
48:48devient noir
48:51l'écran
48:52s'allume
48:52c'est une première fois
48:55vous oubliez tout
48:57tout ce que vous avez vu
48:58ça n'existe plus
48:59vous êtes là
49:00c'est une image vierge
49:03qui va arriver à vous
49:04et vous allez être
49:05captivé
49:06pris
49:06et embarqué
49:08quelque part
49:08c'est ça que j'aime
49:10dans l'amour du cinéma
49:12il y a aussi cette idée
49:13d'aller voir quelque chose
49:14pour la première fois
49:15ça efface tout le reste
49:17et puis on est pris
49:18on est embarqué
49:19et on s'en va quelque part
49:20on ne sait pas où
49:21mais on y va
49:21en tout cas
49:22il y a l'amour des acteurs
49:23et des actrices
49:24et des réalisateurs
49:25et des producteurs
49:26que vous évoquez dans ce livre
49:27on ne connait du film
49:29que la scène des adieux
49:30chez Calvin Levy
49:31que je recommande
49:32parce qu'on découvrira
49:33beaucoup de portraits
49:34très affectueux
49:35et souvent très insolites
49:36de celles et ceux
49:37qu'on connait
49:38à travers le grand écran
49:38merci Serge Toubierna
49:40et continuez à aller au cinéma
49:41vous allez au cinéma
49:42ce soir ou demain
49:42sûrement
49:43c'est moi qui vous remercie
49:45merci les clés d'une vie
49:46c'est terminé pour aujourd'hui
49:47on se retrouve bientôt
49:48restez fidèles
49:49à l'écoute de Sud Radio
49:50et puis on se retrouve
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