- 21/05/2025
Les clefs d'une vie avec Serena Giuliano
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-05-21##
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PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie. Celle de mon invité.
00:06En vous éloignant du soleil de l'Italie, vous êtes parvenu à construire une vie sans nuages.
00:11Élever deux enfants vous a permis d'en faire grandir beaucoup d'autres.
00:14Des blogs et des romans qui touchent un très large public.
00:17Vous les écrivez dans l'Est de la France et je forme le vœu que dans une heure, vous me disiez,
00:22je ne suis pas venu en vain de Metz.
00:24Bonjour, c'est Réna Julien.
00:26Bonjour.
00:27Pardon, je n'ai pas pu m'empêcher.
00:29Mais comme je sais que vous avez beaucoup d'humour, ça passera bien.
00:33Alors, vous êtes aujourd'hui l'une des auteurs qui vend le plus de livres en France,
00:37avec quelques autres.
00:38Vous publiez Villa Gloria chez Robert Laffont, votre nouveau roman.
00:42Et vous avez un parcours atypique qu'on va raconter à travers des dates clés.
00:45C'est le principe des clés d'une vie.
00:47Et la première que j'ai trouvée, elle ne vous concerne pas directement.
00:50C'est le jour de sortie d'une chanson qui vous a marqué.
00:54Écoutez.
00:59Un arrêt par Gigi D'Alessio, qui est un chanteur napolitain qui a réussi aux Etats-Unis
01:07et qui a fait un duo célèbre en France avec Lara Fabian, Un Cuore e Malatto, c'est ça ?
01:12C'est ça, un de mes chanteurs favoris.
01:14Voilà, et ça, il vous a marqué, ce chanteur ?
01:16Oui, il m'a marqué parce qu'il raconte mes racines, il raconte la terre d'où je viens
01:22et parce que ces chansons ont bercé mon adolescence et bercent encore ma vie d'adulte aujourd'hui.
01:28Donc c'est lui et ses textes et sa musique qui me relient à ma terre.
01:31Quand j'ai besoin, je me replonge dans ses chansons et je suis à la maison.
01:34Il se trouve en plus que vous l'avez rencontré et que vous lui avez offert un de vos livres.
01:38Je l'ai rencontré tout récemment et franchement, j'étais comme une enfant devant son idole.
01:43J'étais à un de ses concerts à Luxembourg, près de chez moi et je lui ai offert mon livre Luna qui se passe à Naples.
01:49Il ne comprendra pas un très trop de mots parce que c'est en français et qu'il ne parle pas le français
01:52mais je trouvais le symbole joli.
01:55Vous êtes née, Serena Giuliano, dans un petit village de 800 habitants qui est près de Salerne.
02:02Je suis née à Salerne et j'ai grandi dans un tout petit village qui s'appelle Capitignano.
02:08C'est vraiment tout petit ?
02:11C'est minuscule.
02:12Ce qui est drôle, c'est que Salerne, le maire s'appelle Vincenzo Napoli.
02:15Oui, c'est vrai.
02:17Et Salerne, je crois que c'est la plus ancienne école de médecine d'Europe qui existe.
02:21Je ne savais pas, vous l'apprenez.
02:22Elle a donc une enfance très modeste ?
02:25Oui.
02:25Je crois que c'était votre grand-mère et votre mère qui étaient femmes de ménage et qui vous élevez.
02:30Mais vous étiez pas mal heureuse ?
02:32C'était une enfance heureuse parce qu'au soleil, près de la mer et avec ma grand-mère
02:38mais aussi compliquée par mon histoire de famille.
02:42C'est ça aussi qui m'a amenée dans l'Est de la France quelques années plus tard.
02:46Bien sûr. Je crois qu'à l'époque, il y avait un citronnier qui vous touchait.
02:49Il est toujours là, dans le jardin de ma maison en Italie.
02:52Et c'est là où je vais me réfugier quand j'ai besoin de calme.
02:55Et ce citronnier vous a marqué, Serena Giuliano ?
02:57Oui, là aussi c'est un symbole de citron en Campanie.
03:02C'est vraiment l'agrume qu'on retrouve partout.
03:04Et puis, j'aime en consommer et j'en mets partout.
03:09Et puis, je trouve que cet arbre qui fleurit, qui porte ses fruits en hiver,
03:15si jaune, si ensoleillé, donne de l'espoir.
03:20Il se trouve d'ailleurs que les citrons sont sensibles au gel.
03:24Et si on veut cultiver des citrons chez soi,
03:27il faut l'empuver pour qu'ils soient préservés.
03:29Alors, j'essaie d'avoir un citronnier dans l'Est de la France.
03:31Autant vous dire que c'était raté et le pauvre est décédé très rapidement.
03:34J'imagine. Alors, vous parliez effectivement de votre jeunesse très difficile.
03:39Vos parents ont divorcé quand vous aviez 12 ans.
03:41C'est ça.
03:41Ça n'a pas été simple, parce que vous êtes partie en France,
03:45persuadée que vous allez passer quelques semaines seulement dans le Sud.
03:48C'est ça. Je pensais venir rendre visite à mes grands-parents maternels
03:53qui vivaient dans l'Est de la France,
03:55qui étaient arrivés avec la vague d'immigration italienne des années 40-50.
03:59Et donc, je pensais qu'on leur rendait visite pendant les grandes vacances scolaires.
04:03Et je n'étais pas au courant que je n'allais plus jamais rentrer chez moi.
04:07Vous ne l'avez pas dit, quelle surprise ensuite quand on se retrouve à Paris.
04:11Pas à Paris, c'était Metz.
04:12C'était déjà près de Metz.
04:13Oui, c'était l'Est de la France.
04:15Et oui, pas une très bonne surprise, je dois dire.
04:18Parce que moi, je comptais juste faire quelques semaines de vacances
04:22et puis rentrer chez moi, retrouver mes amis, ma grand-mère, ma maison.
04:25Et puis ensuite, on m'a annoncé que j'irais à l'école en France
04:29et qu'il fallait désormais que je m'habitue à cette nouvelle vie.
04:33C'était votre mère qui avait décidé de partir et vous aviez vos frères et soeurs avec vous.
04:37C'est ça, on est quatre.
04:38Je suis l'aînée et elle nous a appris sous le bras et par nécessité.
04:44Ce n'était pas de gaieté de cœur pour être auprès de ses parents
04:49et fuir un mariage qui ne la rendait pas heureuse.
04:52Non, mais en plus, vous arrivez en France, Réna Juliano, sans parler un mot de français.
04:56Vous vous retrouvez à l'école un petit peu montrée du doigt par les autres.
04:59Oui, c'était très difficile à l'époque.
05:00Il n'y avait pas, comme aujourd'hui, les classes allophones
05:02qu'on réserve aux élèves qui ne parlent pas français.
05:05Donc, ils m'ont mise dans une classe classique en sixième.
05:08J'étais censée aller en cinquième.
05:09Ils m'ont dit bon, on va te mettre finalement en sixième plutôt.
05:11Peut-être que tu comprendras un peu mieux.
05:14Donc, les premières semaines étaient très dures parce que je ne comprenais rien
05:17à ce que les profs disaient.
05:18Ils faisaient cours normalement.
05:19Je n'avais pas un traitement de faveur.
05:20Si, ils ne notaient pas mes copies de dictée en français,
05:24mais ça m'a permis en même temps d'apprendre très vite
05:29pour esquiver les moqueries et m'intégrer au plus vite.
05:34Ce qui est extraordinaire, c'est que vous avez appris le français en trois mois.
05:38C'est rapide quand on a douze ans et quand on est porté par une sorte de rage
05:45Finalement, les moqueries, la méchanceté des enfants de cet âge,
05:51qui sont assez cruels, a été un moteur.
05:54Sur le coup, je ne me rendais pas compte,
05:55mais c'est ce qui m'a permis de dire OK, tu te manques de moi.
05:58Tu vas voir que non seulement je vais apprendre le français rapidement,
06:01mais qu'en plus, je vais être meilleur élève que toi.
06:03Et vous l'avez appris aussi grâce aux chansons, je crois.
06:06Oui, surtout grâce aux chansons.
06:07Et bien, j'ai eu la chance d'avoir très rapidement trouvé une amie
06:12qui m'a, à l'époque, c'était Hélène et les garçons.
06:17C'était la grande fois de la série d'Hélène et les garçons.
06:21Donc, elle me faisait écouter ses chansons Dorothée beaucoup.
06:25Et puis aussi des classiques, Cabrel notamment.
06:29Et j'ai très vite accroché avec ces mélodies.
06:31J'avais envie de comprendre la signification des mots.
06:35Et ça m'a permis ça aussi d'apprendre plus vite.
06:37Alors, il y a aussi des moments difficiles.
06:39Notamment, il y a une émission qui vous a traumatisé.
06:42Écoutez ce générique.
06:487 à 8, le dimanche soir à la télévision.
06:51C'est un de vos plus mauvais souvenirs d'enfance.
06:53Encore maintenant, ça m'angoisse parce que ce n'est pas dans l'émission.
06:56Je n'ai rien contre cette émission qui est super.
06:59Mais c'est le dimanche soir.
07:01Ça veut dire que le lendemain, il faut retourner à l'école.
07:03Et il y a cette déprime du dimanche,
07:08des nuits qui tombent tôt, tout ça,
07:10où la semaine recommence le lendemain.
07:13Et l'école, ce n'était pas l'endroit où je préférais être.
07:18Donc, c'était un peu angoissant et il s'est resté.
07:21Du coup, je ne regarde encore pas aujourd'hui.
07:23Même si je ne vais pas à l'école le lundi.
07:25Il se trouve aussi que ce qui est étonnant, c'est que les livres,
07:28vous les avez découverts seulement à l'adolescence.
07:30Oui, c'est venu assez tard.
07:32Il n'y avait pas de livres chez moi.
07:33Mes parents ne lisaient pas.
07:36Pour moi, c'était un truc un peu chiant de lire.
07:39Et puis un jour, ça m'est tombé dessus.
07:41Je crois que si on tombe sur le bon livre
07:45et qu'on met le pied à l'étrier de la lecture,
07:47ensuite, il y a tout un monde qui s'ouvre à nous.
07:49Je crois que le premier livre qui vous a marqué, c'est David Vansoie.
07:52Ce n'est pas le premier que j'ai lu, mais c'est mon livre préféré.
07:54C'est vrai. Pourquoi ?
07:55Parce que Romain Garry est un auteur incroyable.
08:01Je ne dis que des banalités, mais c'est surtout que ce livre-là,
08:04il traite un sujet si dur et à la fois, il m'a fait rire.
08:08Pour la première fois, j'ai ri en le lisant.
08:11Et parce que l'art est parti, parce que je l'ai trouvé brillant pour ça.
08:17Et c'est resté mon livre préféré.
08:21Moi, j'ai connu Romain Garry qui était un homme très grave, très sérieux,
08:26qui dissimulait effectivement quelque chose derrière son visage.
08:28Il ne disait rien et on comprend avec le recul qu'il ait mis fin à ses jours.
08:34C'est étonnant.
08:35Alors, il y a aussi un autre livre, c'est L'Amie prodigieuse de Héléna Ferranté.
08:40Là, c'est le livre qui m'a donné pour la première fois envie d'écrire,
08:44de peut-être écrire un roman.
08:46Parce que quand je l'ai lu, j'écrivais déjà sur des blogs.
08:50Mais le roman, vraiment, pour moi, c'était une autre dimension.
08:54Ce n'était pas pour moi.
08:56J'en étais incapable.
08:57Et avec L'Amie géniale de Ferranté, j'ai retrouvé des émotions,
09:03notamment liées à l'enfance, tout ce qu'elle racontait.
09:06Parce que Naples, c'est ma région, ça me parlait,
09:09ça faisait vibrer quelque chose chez moi.
09:12Et j'ai commencé à prendre des notes de souvenirs d'enfance,
09:14d'odeurs, d'émotions.
09:17Et c'est effectivement celui qui m'a un peu poussé vers l'écriture des romans.
09:22En fait, c'était l'histoire de deux amis très pauvres dans Naples.
09:25Mais curieusement, cette dame qui a écrit quatre tomes,
09:28qui sont des succès mondiaux, on ne la connaît pas.
09:30Elle est toujours restée anonyme.
09:32Il y a un vrai mystère autour de cette femme, ça me fascine d'ailleurs.
09:35Alors, beaucoup, beaucoup de journalistes italiens ont essayé de le percer, ce mystère.
09:39J'aimerais qu'on la laisse tranquille, moi.
09:41On a dit parfois que ça pouvait être un homme, ce qui me mettrait un peu en colère.
09:44Ou alors qu'il s'agirait d'un couple derrière ces romans.
09:49Oui, on a dit ça pour plein de gens, pour Histoire d'eau, pour des tas de choses.
09:52Oui, mais en tout cas, peu importe.
09:54Je trouve que ce qu'elle fait, c'est brillant.
09:56Et vraiment, ces livres qu'elle a adaptés en série, d'ailleurs,
10:00et la série est tout aussi remarquable que les livres,
10:03ont marqué un tournant, en tout cas chez moi.
10:06Ce qui est étonnant, c'est que vous n'avez pas un accent italien
10:09alors que vous avez vécu 12 ans en Italie.
10:11Alors, c'est marrant, certains l'entendent.
10:13Il paraît que j'en ai un quand je suis un peu fâchée, on l'entend.
10:15Ça arrive.
10:16Je me souviens de Dalida et Rolando, quand ils se mettaient en colère entre eux,
10:21ils parlaient en italien pour que personne ne le comprenne.
10:22Et là, c'était un gros accent.
10:24Mais ça aussi, c'est quelque chose que j'ai voulu masquer,
10:26parce que lorsqu'on est adolescent, il vaut mieux se fondre dans la masse.
10:32Donc, je voulais absolument gommer cet accent.
10:34Aujourd'hui, je regrette parce que je trouve que c'est joli, un accent,
10:37c'est chantant, ça a du charme.
10:40Et à refaire, je l'aurais gardé.
10:42Oui, mais ce n'est pas facile de le gommer en plus.
10:44Ce n'est pas facile, j'ai travaillé très dur.
10:46Vous n'avez pas seulement travaillé très dur pour cet accent,
10:48vous avez travaillé très dur pour vos livres.
10:50Et on va continuer à en parler avec une autre date importante dans votre vie,
10:54le 7 juin 2014.
10:56A tout de suite sur Sud Radio avec Serena Giuliano.
11:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:03Sud Radio, les clés d'une vie, Serena Giuliano,
11:06mon invitée pour ce livre Villa Gloria chez Robert Laffont
11:09qu'on va évoquer tout à l'heure.
11:10Un succès de plus en perspective après d'autres romans et un parcours étonnant.
11:14Et j'ai trouvé une date importante dans votre parcours.
11:17Le 7 juin 2014, c'est votre première télé en France.
11:21L'édition Lorraine du journal télévisé présentée par Régis Gaudu.
11:25Et vous êtes Serena Giuliano Lactaf pour présenter Wondermoom.
11:29C'est marrant parce que j'étais hier sur le plateau de France 3
11:32pour présenter Villa Gloria.
11:34Et je me suis souvenu effectivement de cette Serena là,
11:38qui était morte de trouille en direct à la télé.
11:41Et effectivement, je parlais de ce livre qui n'est pas un roman.
11:46C'était un recueil de billets d'humeur extraits de mon blog de l'époque.
11:51En tout cas, le journaliste à l'époque dit que c'est un livre qui va vous faire sourire
11:56et même rire et qui ne vous laissera pas indifférent.
11:58C'est-à-dire que ça a été tout de suite un événement, ces blogs et ce livre.
12:02J'ai eu une grosse communauté tout de suite autour du blog sur la maternité.
12:06Et peut-être parce que j'abordais la maternité sur un ton humoristique.
12:12J'avais envie de retrouver des mamans qui, comme moi,
12:15avaient envie d'un peu dédramatiser ce qu'on vivait au quotidien,
12:17de passer un bon moment le soir, de rire.
12:20Et j'ai trouvé beaucoup, beaucoup de femmes à ce moment-là,
12:23des femmes qui me suivent encore aujourd'hui.
12:25Donc, ça fait plus de dix ans.
12:27Et comment était née cette idée ?
12:29Elle était née de mon congé maternité.
12:31Je m'ennuyais un petit peu à la maison.
12:33J'adore mes enfants.
12:34Mais alors, être mère au foyer, ce n'était pas fait pour moi.
12:37Je tournais un petit peu en rond.
12:38Et à la fois, je me disais qu'il fallait profiter de ce congé
12:42pour comprendre ce que j'avais envie de faire dans la vie,
12:43parce qu'à 28 ans, à l'époque, 29 ans, je ne savais toujours pas.
12:48Donc, c'était le début des blogs.
12:52Je me suis dit bon, pourquoi pas, on va essayer.
12:55Et effectivement, c'est là où j'ai compris que
13:01mon écriture pouvait provoquer des émotions chez ceux qui me lisaient.
13:04Et vous expliquez, et c'est très drôle, que pour être une mère parfaite,
13:07il ne faut pas avoir d'enfants.
13:08Tout à fait, c'est certain.
13:11Il ne faut vraiment pas avoir d'enfants.
13:13Alors, il se trouve qu'à l'origine, ce n'était pas du tout votre vocation.
13:16Vous avez passé un bac et vous avez été dans l'univers de la banque au départ.
13:21C'est ça, j'ai un bac économique et social.
13:23C'est comme ça qu'on s'appelait à l'époque.
13:24Je crois que ça n'existe plus.
13:26J'avais ensuite fait un BTS vente et puis une spécialisation
13:30pour travailler dans le domaine bancaire.
13:33J'avais fait un an en alternance et j'avais très vite réalisé
13:36que ce n'était pas fait pour moi.
13:37Oui, je crois qu'il y a un jour, une cliente qui vous a demandé un prêt,
13:40ça a tout déclenché.
13:42Il y a une maman, je me souviens, elle était venue pour qu'on lui accorde
13:45un découvert pour qu'elle achète du lait à son fils.
13:48Et on m'avait dit non.
13:49Et j'avais envisagé de lui donner de l'argent de ma poche.
13:51Et là, je me suis dit, bon, ça fait quelques mois que tu travailles ici.
13:55Si ça commence comme ça, tu vas être pauvre à la fin.
13:58Et je me suis dit, bon, j'ai peut-être trop d'empathie.
14:02Je ne sais pas, mais ce n'est pas possible.
14:04Alors donc, vous êtes reconvertie comme conseillère en images au départ.
14:07Oui, là aussi, par le biais d'un blog.
14:11J'ai toujours été fascinée par la mode et la beauté.
14:13J'avais très envie de venir en aide aux femmes qui se cherchaient
14:16à un moment de leur vie.
14:18Souvent, c'était du post-partum, d'ailleurs,
14:21des femmes qui s'étaient un petit peu perdues,
14:23vu qu'elles avaient moins le temps pour elles.
14:25Elles ne se sentaient plus à l'aise face aux reflets dans le miroir.
14:29Je me suis dit peut-être que je peux les aider.
14:30Et ces journées-là, qu'on résumait à shopping et coiffure,
14:35étaient bien plus que ça, en fait.
14:36C'était une séance psy, finalement.
14:39Et j'ai adoré les accompagner pendant ça a duré deux ans.
14:43C'était très, très chouette.
14:45Et ensuite, il y a eu ce blog.
14:46Il fallait trouver un nom.
14:47Et puis, ce générique vous a inspiré.
14:56Vous connaissez la série Wonder Woman ?
14:57Bien sûr.
14:58En fait, c'est un personnage qui est né en 1941.
15:01C'est la première super-héroïne et son vrai nom, c'était Princesse Diana.
15:06Et quand Linda Carter a repris la série, ça a été un immense succès.
15:09Vous l'aviez vue ?
15:10Oui, je l'ai vue, bien sûr.
15:11Et surtout, je trouve que c'est un bon moyen de définir les mères aujourd'hui.
15:15Toutes les casquettes ou toutes les caps qu'elles doivent endosser.
15:19Oui. Et donc, vous êtes devenue Wonder Mom.
15:21Je suis devenue Wonder Mom.
15:23Et vous touchiez à tout.
15:24C'est-à-dire qu'aussi bien il fallait une bouche très douce à papouille,
15:28une vision à 360 degrés, une coiffure dans le vent.
15:31Tous les sujets étaient prévus.
15:33Oui, parce qu'être mère, c'est un peu tout ça.
15:35C'est être sur tous les fronts.
15:38Et à la fois, j'étais en plein dedans.
15:41J'avais des enfants qui étaient petits.
15:42Je découvrais moi aussi la maternité et tout ce qu'elle demandait
15:47comme effort et comme implication émotionnelle.
15:52Et tout ce que... Voilà, c'était génial parce qu'à la fois, je le découvrais,
15:56je le racontais et je trouvais d'autres femmes qui vivaient la même chose.
16:00Mais au bout d'un certain temps, cette cape-là m'a paru un peu trop étroite.
16:04J'avais envie de sortir de ce rôle de maman,
16:06de ne plus me définir que par ça.
16:09Et c'est comme ça qu'on est venu au roman.
16:11Mais il se trouve quand même que cette époque, personne ne le faisait.
16:14C'était simple.
16:15Quand vous dites que les enfants, il faut aller se coucher, c'est un drame.
16:18C'est ce que tout le monde vit aujourd'hui.
16:20Et personne ne l'avait fait sous forme de blog.
16:21On ne le disait pas assez.
16:22Je trouve qu'il y avait beaucoup, beaucoup de conseils qui étaient super
16:25pour les mamans sur comment faire ses petits pots, comment jouer,
16:30comment les mettre devant les écrans, etc.
16:33Et moi, parfois, j'étais un peu dépassée par ces conseils
16:35parce que c'était le soir, j'en avais marre.
16:37Je voulais juste qu'ils aillent se coucher.
16:38Je n'avais pas envie de lire une histoire du soir qui durait trois plombes.
16:42Et je trouvais les cadeaux qui me rapportaient de l'école parfois pas très, très jolis.
16:46Je n'avais pas forcément envie de les exposer chez moi.
16:49Et je me suis dit, il y a forcément d'autres femmes qui pensent comme moi,
16:51quand même, sans que ça fasse de nous des personnes horribles.
16:55Et en fait, j'ai trouvé une communauté de femmes très drôle.
16:59Et on a vraiment beaucoup, beaucoup ri avec ce blog.
17:01Mais vous imaginez un tel succès au départ ?
17:03Non, jamais.
17:04Mais je pense que c'est pour ça que ça a fonctionné,
17:05parce que c'était spontané, ce n'était pas calculé.
17:08C'était vraiment aussi le début des réseaux sociaux.
17:12Il y avait moins de filtres dans tous les sens du terme.
17:19C'était plus positif ?
17:20C'était plus positif, c'était le début.
17:22Donc forcément, il n'y avait pas encore tous les côtés négatifs qui sont arrivés plus tard.
17:27Et puis, il y avait des choses extraordinaires.
17:28Vous avez parlé d'un mot que votre fils ne pouvait pas dire, qui était montgolfière.
17:32Golonfière, il disait.
17:34Encore aujourd'hui, on appelle ça des golonfières.
17:36Et j'ai pleuré le jour où il l'a dit correctement,
17:39parce que ça marquait la fin d'une époque.
17:42C'est comme le mot pestacle que les enfants disent.
17:44Alors on s'est un peu renseignés.
17:45Pourquoi on dit pestacle plutôt que spectacle quand on est enfant ?
17:48Enfin, ce sont deux groupes rapprochés de deux consonnes
17:51qui ne sont pas faciles à prononcer.
17:53Et que ce soit gomopholière ou autre chose, on appelle ça une métathèse.
17:57Très jolie.
17:58C'est pour votre culture personnelle.
18:01Il se trouve aussi que vous avez compris que vous n'étiez pas un cas unique
18:05et que les mères parfaites n'existaient pas.
18:07Oui, et qu'il fallait le dire surtout.
18:09Je pense qu'on le savait tous, que les mères parfaites n'existent pas.
18:12Qu'on veut faire croire aussi que la mère est un peu un être supérieur
18:16qui peut tout faire, qui peut résoudre tous les problèmes,
18:19qui peut soigner tous les chagrins.
18:21Or, c'est faux.
18:22Et d'idéaliser un peu ces mères-là, je pense que ce n'est même pas sain pour les enfants.
18:26C'est important de dire, d'accord, je suis ta maman, mais je peux me tromper.
18:29Comme tout le monde, je suis un être humain.
18:31Je peux parfois faire des choses que je regrette.
18:34Donc, c'est important de dire qu'on peut se tromper.
18:36C'est important de demander pardon aussi en tant que mère à ses enfants.
18:39Et c'est important de dédramatiser aussi un petit peu ce rôle-là.
18:43Bien sûr. En même temps, il y a une relation de confiance à établir avec les enfants.
18:46Oui, ce n'est pas facile.
18:48Alors, je crois que vous avez cherché à transmettre pour eux, chez eux,
18:51la tolérance, le respect des femmes et la cuisson des pâtes.
18:54C'est bien résumé.
18:56C'est très bien résumé.
18:57Mais ça, c'est l'humour que vous avez et qui a beaucoup apporté à ce blog.
19:03Oui, alors c'est quelque chose d'assez naturel.
19:05Chez moi, je n'en rends pas compte.
19:07Je pense que très longtemps et encore aujourd'hui, j'utilise l'humour un peu
19:10comme une sorte de bouclier, finalement, pour dédramatiser certains sujets.
19:15Parce que la vie est assez difficile.
19:20Et donc voilà, autant essayer de rire le plus souvent possible.
19:23Mais à mes enfants, j'essaie de transmettre ça à l'humour noir.
19:25D'ailleurs, c'est aussi une des premières choses que je leur ai transmise.
19:31Et quand ils me font des bonnes blagues, je suis très, très fière d'eux.
19:35Vous avez dit d'ailleurs un jour, rire, c'est comme les essuie-glaces,
19:38ça n'empêche pas la pluie, ça permet d'avancer.
19:40C'est extraordinaire.
19:40Oui, je ne sais pas de qui est cette citation, mais je la trouve super.
19:44C'est comme ça qu'était effectivement l'envie d'écrire,
19:46parce qu'on vous a poussé à écrire.
19:48Et je crois que c'est vos copines, qui sont deux auteurs à succès,
19:52qui vous ont poussé à écrire.
19:54Oui, c'est mes amies qui m'ont...
19:55Elles étaient d'ailleurs aussi blogueuses avant moi.
19:57C'est comme ça qu'on s'est connus.
19:58Virginie Grimaldi.
19:59Virginie Grimaldi.
20:00On s'est connus à l'époque des blogs.
20:01Elle avait un blog, j'en avais un.
20:02On se lisait mutuellement, on avait commencé à échanger.
20:05Et puis, on s'est rencontrés en vrai et ça a été un vrai coup de foudre amical.
20:09Et très vite, effectivement, elle a fait partie de ceux qui m'ont poussé à écrire.
20:14Elle me disait, je pense vraiment qu'il y a quelque chose à faire.
20:17Tu as une plume, tu peux écrire un roman.
20:20Moi, ça me semblait vraiment assez improbable.
20:23Et après un week-end entre copines, on s'est lancé ça un peu comme un défi.
20:28Je me dis, bon, je vais prendre des billets pour l'Italie.
20:30Je vais partir et essayer d'écrire ce premier roman.
20:33C'est comme ça que c'est né.
20:34Mais avant, vous avez quand même publié trois livres.
20:36Oui, alors, effectivement, trois extraits, trois livres tirés du blog.
20:41Donc, des extraits, des billets d'humeur, on va dire.
20:44Mais ça aussi, c'était novateur.
20:45Oui, c'est vrai.
20:47Il y avait eu Laurence Pernoud avec J'attends un enfant, qui est devenu un classique.
20:51Et sa petite fille, aujourd'hui, Clémence, reprend du service et assure la relève.
20:56Mais ça n'existait pas non plus.
20:57Non, c'est vrai.
20:58Et ça n'existait pas parce que c'était le moment où il fallait le faire.
21:01C'était un changement d'époque.
21:03Je crois que c'était le moment.
21:05Et mais tout ça, encore une fois, c'est arrivé sans calcul et sans...
21:09J'ai été publiée par une petite maison lyonnaise.
21:12Et c'est l'éditrice de l'époque qui lisait mon blog et qui me disait,
21:16il faut faire quelque chose de tes textes là.
21:18Et je me suis dit, OK, pourquoi pas ?
21:21Ça me semblait tellement fou.
21:22Et on en a fait trois tomes qui se sont super bien vendues,
21:27alors que j'étais distribuée nulle part.
21:28Enfin, c'était assez dingue.
21:30Il y a eu d'autres choses dingues dans votre vie.
21:32Et une autre date que j'ai repérée, c'est le 27 septembre 2024.
21:36A tout de suite sur Sud Radio avec Serena Giuliano.
21:39Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
21:42Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Serena Giuliano.
21:45Villa Gloria chez Robert Laffont, votre nouveau livre.
21:48On en parle dans quelques instants.
21:49On a évoqué vos débuts, votre arrivée en France,
21:52vos premiers blogs et vos romans.
21:55Et puis, le 27 septembre 2024, c'est un jour assez compliqué pour vous.
22:00Vous vous dites sortir de votre zone de confort,
22:02car vous êtes la marraine de la 89e Foire internationale de Metz.
22:05Oui, OK, ça y est, je m'en vais.
22:09Il faut savoir que la Foire de Metz, c'est quelque chose de très important.
22:12Elle existe depuis 1730 et il y a 150 manèges et attractions.
22:16C'est assez dingue.
22:19Je connaissais la Foire parce que je vis près de Metz
22:21et que tous les ans, c'est un peu un événement.
22:24Et lorsqu'on m'a dit, au départ, c'était juste pour une dédicace.
22:28On m'a dit éventuellement, est-ce que tu veux faire une dédicace à la fille?
22:32Mais j'avais déjà trouvé ça incroyable.
22:34Et puis, comme Venise était l'invité d'honneur cette année-là,
22:38on m'a proposé d'être la marraine.
22:39Et là, c'était alors j'ai dit oui, bien sûr, parce que ça se refuse pas.
22:44Mais le jour J où il fallait faire un discours, je faisais beaucoup moins la maligne.
22:48Oui, parce que vous n'aimez pas ça, le bruit, la foule, c'est pas votre truc.
22:50J'aime pas le bruit, et surtout, j'aime m'exprimer devant autant de personnes.
22:54C'est pour ça que j'écris, je ne suis pas très à l'aise à l'oral, donc je préfère écrire.
22:58Et là, m'adresser à un public aussi nombreux et je sais pas,
23:03j'ai toujours l'impression de ne pas être à ma place.
23:07C'est un peu le syndrome de l'imposteur.
23:09Et je trouve, quand il m'arrive ce genre de choses, c'est comme si je me dédoublais.
23:13Je me dis, comment c'est possible qu'en venant de ce petit village de 800 habitants,
23:19tu te retrouves là, face à autant de personnes, à prononcer un discours en tant que ma reine ?
23:24Comment t'es arrivé là ?
23:25Et à chaque fois, je me pose cette question, je n'ai pas la réponse,
23:30mais je vis tout ça à fond quand même.
23:31Bien sûr. Et comment vous avez fait ce jour-là ?
23:33Parce que de paniquer devant autant de monde.
23:36Eh bien, heureusement que j'ai quand même quelques années maintenant,
23:39depuis la sortie de mon premier roman, où de plus en plus, j'interviens en public
23:42où je n'aurais pas pu faire ça en 2019, par exemple.
23:47Donc là, j'ai un peu plus d'entraînement.
23:49J'avais bien révisé mon texte que j'avais écrit.
23:51Et voilà, j'étais focus sur mon texte.
23:54J'essayais de ne pas trop regarder la foule.
23:56Et ça a été assez rapide, c'était un texte court et ça a été.
24:00Mais c'est quelque chose qui à la fois me m'effraie.
24:06Et puis, je me dis, tu n'as pas le droit de passer à côté.
24:08Tu ne peux pas dire non parce que tu as peur.
24:10Il faut que tu le vives.
24:11Et donc, j'y vais.
24:12Mais vous êtes très à l'aise au micro en plus.
24:15Là, on est deux, ça va.
24:17Je trouve qu'il paraît que la première fois où vous êtes évanouie,
24:21c'est au tableau en classe, quand on vous a demandé de monter.
24:25C'est une des fois, j'ai commencé à m'évanouir à part de reconnaissance
24:27à l'âge de six ans.
24:28Et c'est là où mes crises d'angoisse ont commencé.
24:31Et depuis, c'est devenu une vraie phobie.
24:33Donc, à chaque fois que j'ai des émotions un peu trop fortes
24:35ou que je me retrouve dans des conditions qui déclenchent chez moi une crise
24:38d'angoisse, ça peut aller jusqu'à l'évanouissement.
24:40Donc, il y a eu une période dans ma vie où ça me créait tellement de stress
24:43que je ne sortais plus de chez moi.
24:44D'accord.
24:45Donc, là, effectivement,
24:46prononcer un discours devant autant de monde,
24:48c'est vraiment dépasser ma zone de confort.
24:50Il faut savoir qu'à Metz, chacun de vos livres,
24:53vous l'avez baptisé à Metz Serena Reno.
24:55Oui, mais j'ai commencé comme ça pour Ciao Belle
24:58et avec la librairie Islaire, qui me soutient depuis le début,
25:02notamment Madeleine, qui est une libraire
25:06et une fidèle lectrice.
25:08Et il faut savoir que, de un, je suis quelqu'un d'assez fidèle
25:11et puis surtout de superstitieux.
25:12Donc, quand un truc marche,
25:14je répète en boucle pour que ça continue de fonctionner.
25:18Et Metz, ça a toujours été des lancements incroyables
25:21avec des lecteurs et des lectrices toujours au rendez-vous.
25:25Peut-être parce qu'ils sont un peu fiers de l'enfant du pays, je ne sais pas.
25:29Mais chaque année, il y a plus de monde.
25:31Donc, chaque année, je reste à Metz pour commencer.
25:33Il faut savoir que Paul Verlaine est né à Metz, je ne sais pas si vous le savez.
25:36Et puis, il y a une chanteuse dont le titre est très célèbre
25:40à une période de la France et qui a aussi vécu à Metz.
25:49Le chant des partisans.
25:51Le chant des partisans, c'est la chanson de la Résistance.
25:54Et Anna Marley, qui l'a composée et interprétée,
25:57a vécu à Metz pendant des années.
25:59Et cette chanson a été écrite un dimanche
26:02dans un hôtel de Londres par Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon.
26:05Elle est devenue au départ un générique d'une émission
26:08et c'est devenu le chant de la Résistance.
26:10Je connaissais le chant, mais je ne savais pas que la chanteuse était de Metz.
26:15Il se trouve aussi que ce premier roman, ça n'a pas été simple.
26:19Ça a été des mois de réflexion avant une écriture rapide.
26:22Serena Giuliano.
26:24C'est un roman que je portais en moi, je crois.
26:27Il est assez personnel, même si ça reste un roman.
26:31J'ai donné à Anna, mon héroïne,
26:34beaucoup d'éléments de mon histoire.
26:36Donc j'avais peur de l'écrire, ce roman,
26:41parce que ça me mettait face à des émotions
26:45que je n'avais pas forcément envie de revivre.
26:46Mais lorsque je me suis décidée, en Italie, dans ma maison d'enfance,
26:51il est sorti d'un coup.
26:53En plus de Ciao Bella, c'est une expression que vous connaissiez bien.
26:56Bien sûr.
26:59J'ai voulu ce titre parce que c'est les premiers mots que me disait
27:01ma grand-mère à chaque fois qu'elle décrochait le téléphone
27:02et qu'elle savait que c'était moi, elle me disait Ciao Bella.
27:04Et parce que, oui, à chaque fois que je rentre,
27:09c'est ce qu'on me réserve et je trouve que ça résumait bien l'histoire d'Anna.
27:16Et puis, vous aviez aussi peur de copier, de faire un livre
27:19que d'autres auraient déjà fait ?
27:21On a toujours peur d'être... On est forcément influencés.
27:23C'est aussi pour ça que je ne lis pas lorsque j'écris,
27:25parce que j'ai peur de trop m'imprégner de l'histoire que je suis en train de lire
27:30et de me l'approprier et de faire quelque chose qui pourrait ressembler.
27:35Donc, j'essaie de prendre de la distance avec les autres livres
27:38lorsque j'écris le mien.
27:41Et puis, cette histoire-là, oui, elle me tenait à cœur.
27:43J'avais envie d'écrire un roman authentique.
27:48Et même si je pense qu'il est...
27:52Maintenant, avec le recul, c'est un premier roman.
27:54Il y a des failles, il y a des...
27:55Peut-être qu'aujourd'hui, je ne l'écrirai plus de la même façon.
27:58Mais j'ai beaucoup de tendresse pour ce roman-là.
28:01L'histoire, c'était une femme qui était enceinte de son deuxième enfant,
28:05qui allait voir un psy.
28:06Et finalement, il y avait des thèmes douloureux, très durs,
28:10mais que vous avez toujours traités avec votre humour.
28:12Oui, c'est ce que j'essaie de faire dans tous mes romans.
28:15Même si on les met dans la catégorie feel-good, ça ne me dérange pas du tout.
28:19Mais je crois que quand même, il y a des choses plus profondes à chaque fois.
28:23J'essaie vraiment d'amener des sujets qui me tiennent à cœur,
28:26des choses qui me révoltent,
28:27notamment sur la condition des femmes.
28:30Mais j'adore faire rire, je peux vraiment l'empêcher.
28:33Donc, j'essaie aussi de mettre de l'humour.
28:35Et vous avez écrit, je crois, ce livre sur un vieux canapé dans votre maison.
28:39Ma maison d'enfant, c'est vraiment une toute petite maison.
28:43Souvent, quand je dis ça, les gens s'imaginent la maison sur la côte à Malfité,
28:46Nevumère. Non, pas du tout.
28:47Il pleuvait dans ma cuisine, pour vous dire, tellement la toiture était
28:52dans un mauvais état.
28:52Et donc, sur mon vieux canapé,
28:55qui doit avoir, je ne sais pas, 30 ans, face à la cheminée.
28:59C'est un mois de mars, d'ailleurs.
29:00Et j'ai écrit ce roman.
29:02Et écrivez ce roman avec en plus des textes que vous aviez placés
29:05sur votre téléphone, Serena Juliano.
29:07Oui, mais parce que je ne suis pas très scolaire.
29:10Je ne prends pas de notes par écrit et comme j'ai des idées qui viennent
29:13et que j'oublie dans la seconde, mon téléphone, je l'ai toujours sur moi.
29:16C'est l'avantage.
29:16Donc, j'écris sur mes notes quand j'y pense
29:20et quand j'ai une idée que je trouve bonne.
29:23Et ensuite, j'essaye de relier tout ça.
29:26Alors, ce premier roman de Chao Bella a eu du succès aussi
29:29parce que vous avez déculpabilisé les femmes,
29:32même sans vous en rendre compte au départ.
29:34Oui, encore une fois, ce n'était pas calculé.
29:37Et j'ai parlé beaucoup, j'ai abordé le sujet des angoisses
29:41parce que je suis une grande angoissée.
29:42Et j'ai très longtemps eu honte d'avoir ces peurs-là,
29:45les peurs d'Anna notamment.
29:47Et en fait, j'ai réalisé en publiant qu'on était très nombreuses
29:51et nombreuses à être angoissées,
29:55à avoir peur de tout un tas de choses dans la vie.
29:58Et ça a permis de créer le dialogue avec l'électrice.
30:01Ça a permis, encore une fois, oui, de déculpabiliser, même d'avoir peur.
30:05Mais ce livre a eu aussi du succès autour de son écriture
30:08parce que finalement, les femmes se sont reconnues dans votre texte.
30:11Oui, elles sont plus nombreuses que je ne l'aurais imaginé
30:14à être ces femmes qui se cherchent, ces mères imparfaites.
30:20Et ces femmes qui doutent, en fait.
30:24Et oui, on est nombreuses.
30:26Elles vous l'ont dit sur les réseaux sociaux ou dans un courrier régulièrement.
30:30Oui, tous les jours.
30:31Vous avez entrepris un dialogue presque avec elles.
30:32Totalement, mais j'ai vraiment l'impression de grandir,
30:36de vieillir avec ces femmes.
30:37Celles qui me suivaient depuis Wondermom et qui étaient enceintes
30:40lorsque j'écrivais sur ce blog viennent me voir en dédicace aujourd'hui
30:44avec des enfants de dix ans et elles me disent, je ne t'ai pas quitté,
30:46j'ai suivi ton évolution, mais moi aussi, j'évolue avec elles
30:49parce que ces échanges quotidiens, grâce aux réseaux sociaux, me nourrissent,
30:52me font évoluer, me font vraiment grandir dans tous les sens du terme.
30:58Et je suis très reconnaissante de ça.
31:01Mais électrice à ma communauté en général.
31:03Oui, et ce qui prouve que les réseaux sociaux,
31:05il n'y a pas que du négatif et du buzz, qu'il y a des belles choses.
31:09Il y a aussi un moment très émouvant, je crois,
31:11c'est au lycée La Providence à Thionville, Serena Giuliano.
31:14Oui, lorsqu'ils ont joué la pièce, oh là là, j'ai pleuré.
31:18Ils ont effectivement adapté des élèves, des élèves de 15 ans.
31:23Ils ont lu et étudié Tchao Bell et ensuite, ils en ont fait une pièce de théâtre.
31:28Et autant vous dire que je n'ai pas tout vu parce que j'ai beaucoup pleuré
31:31et c'était tellement touchant.
31:34Là encore, ça fait partie d'un des moments où je me disais, comment?
31:36Comment c'est possible?
31:38Et vous êtes étudiée à l'école pour des premiers romans?
31:43Oui, c'est fou.
31:44Et d'ailleurs, un extrait de Tchao Bell a été aussi un sujet
31:50d'examen l'année dernière ou il y a deux ans.
31:54C'est aussi dans une école, c'est une belle revanche, je trouve.
31:59En même temps, il y a à travers vos histoires, des thèmes fédérateurs d'aujourd'hui.
32:03La violence conjugale, le pardon, le racisme, la famille, les phobies, tout y est.
32:08Oui, parce que c'est le quotidien de tout le monde.
32:11Finalement, tout ça, c'est des choses que je vis, que mes amis vivent,
32:15que les gens que je rencontre vivent.
32:18Il faut en parler.
32:20C'est pour ça que je crois qu'il est facile de se reconnaître
32:24dans mes romans parce que c'est
32:26des difficultés et des problématiques qu'on rencontre tous un moment ou un autre.
32:30Et d'ailleurs, vous avez continué d'écrire des romans et il y a l'un d'entre eux
32:34qu'on pourrait lier à une chanson devenue culte.
32:41Le coup de soleil de Richard Cosson, il était à votre place
32:48voici quelques temps, il nous a expliqué que cette chanson.
32:50Ah oui, il est venu dans l'éclair de vue et il est venu se confesser
32:53et raconter plein de choses, notamment cette chanson.
32:55C'est Jean-Paul Dréau qu'il a écrite et Jean-Paul Dréau venait de vivre
32:59une histoire d'amour tragique qui s'est terminée aux Etats-Unis.
33:02Et en revenant, il a écrit cette chanson magnifique.
33:04Ça ne m'étonne pas du tout parce que justement, dans un coup de soleil,
33:07je compare le coup de soleil qu'on peut avoir,
33:11qu'on peut prendre en se laissant aller au premier rayon du soleil
33:14à une déception amoureuse.
33:18Il se trouve que ce roman est particulier parce qu'il y a une femme de ménage
33:21et qu'il travaille pour six personnes différentes.
33:23Là aussi, c'est une idée originale.
33:25Oui, et à la fois, c'est un peu ma vie parce qu'enfant,
33:28j'allais beaucoup avec ma grand-mère qui était femme de ménage
33:30et elle m'a emmenée avec elle, c'est elle qui me gardait.
33:33Elle m'a emmenée avec elle dans toutes ses maisons, tous ses appartements
33:37où elle allait faire le ménage.
33:38Et j'adorais, en tant qu'enfant, je devais avoir six, sept ans
33:42et j'adorais aller fouiller.
33:43Alors, j'avais le droit de toucher à rien, mais je regardais dans chaque pièce.
33:47J'essayais d'imaginer les personnalités des gens qui vivaient dans ces lieux.
33:53Et c'était magique.
33:55J'ai des souvenirs très précis
33:58de ces moments qui étaient très heureux auprès de ma grand-mère.
34:01Et je voulais absolument dédier une place à une héroïne qui fait ce métier.
34:05Finalement, depuis votre plus jeune âge,
34:08vous avez le réflexe de prendre des choses qui ont servi ensuite dans vos romans.
34:12Disons que très longtemps,
34:16m'inventer des histoires, c'était une façon de fuir la réalité.
34:22Et au départ, c'était un peu un réflexe de survie
34:26quand on a une enfance un peu compliquée.
34:30Et je me dis que ce réflexe s'est resté et qu'aujourd'hui,
34:33il me permet d'écrire des livres alors que ma vie est jolie.
34:37Je n'ai pas besoin de m'en échapper.
34:38Mais pourtant, j'ai gardé ce réflexe.
34:40Et la preuve, cette date du 13 mars 2025 qu'on va évoquer
34:44dans quelques instants sur Sud Radio avec Serena Giuliano.
34:48Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
34:50Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Serena Giuliano.
34:54On a beaucoup parlé de votre parcours, de votre arrivée dans le monde des livres
34:57par le blog.
34:58Et puis, le 13 mars 2025 est sorti ce nouveau roman Villa Gloria.
35:03Alors, encore une fois, c'est l'Italie.
35:05C'est une région, les Pouilles qu'on va évoquer et la Villa Gloria,
35:08c'est une maison d'hôtes où l'humanité est comprise dans le forfait.
35:12C'est votre slogan.
35:14C'est ça, c'est une maison d'hôtes au cœur des Pouilles tenue par Iris,
35:17c'est sa mère Gloria.
35:18Oui, il se trouve que c'est la mère et la fille,
35:21mais on ne sait pas très bien qui est la mère et qui est la fille.
35:22Les rôles sont un peu inversés, c'est vrai.
35:25C'est-à-dire que, en fait, la mère a été maman très jeune.
35:29Elle n'a pas beaucoup grandi.
35:31Non, elle a fait une grossesse pour Iris.
35:36Et donc, elle est devenue maman à 16 ans,
35:38alors qu'elle n'était même pas sûre de vouloir un jour des enfants
35:41et qu'elle n'a pas voulu renoncer à sa liberté pour autant.
35:44Et comment est venue l'idée de créer une histoire qui se passerait
35:47dans une villa avec des gens qui viennent passer une semaine ?
35:52Alors, j'avais comme point de départ les Pouilles et la personnalité de Gloria.
35:56Et à la fois, j'avais envie d'un roman choral,
36:01parce que c'est un exercice que j'aime beaucoup.
36:03J'adore lire ce genre de romans en tant que lectrice,
36:07mais j'adore aussi les écrire parce que j'ai tendance à m'ennuyer vite.
36:10Et les deux points de vue me permettent d'alterner et rythmer.
36:13Oui, car les chapitres, c'est un chapitre Gloria et un chapitre Iris,
36:15ce qui est original.
36:17Ça permet, en plus, comme elles ont des personnalités complètement différentes,
36:19d'avoir vraiment un point de vue à 360 degrés.
36:23Et j'avais envie d'un lieu comme un personnage principal
36:27où tous les personnages secondaires pourraient se retrouver.
36:30Et je trouvais que la maison d'hôte, une sorte de huis clos comme ça,
36:33ça pourrait être sympa.
36:35C'est un huis clos où les personnages pourraient être dignes de la cataclysie,
36:38sauf qu'il n'y a pas de meurtre, mais de l'histoire d'amour.
36:40Mais il y a des secrets, il y a des histoires d'amour, il y a des histoires de famille.
36:43Alors, les Pouilles, justement, c'est un lieu que vous avez choisi
36:46et que vous avez passé, je crois, des vacances.
36:48Oui, j'ai passé deux fois des vacances dans les Pouilles.
36:51Et j'ai adoré, je pense qu'après ma région qui est la Campanie,
36:54c'est la plus belle région d'Italie, les Pouilles, même s'il fait très, très chaud.
36:58J'adore, il y a tellement de villages à visiter,
37:01tellement de bonnes choses à manger que j'avais très envie d'emmener mes lecteurs là-bas.
37:05Il se trouve que j'ai repéré dans les Pouilles,
37:07Austinie, je ne sais pas si vous connaissez, il y a une ville blanche.
37:10C'est-à-dire que cette ville, entièrement, toutes les maisons sont peintes en blanc
37:14parce que la lumière du sol réfléchit sur les murs et aveugle ceux qui voudraient
37:18attaquer. C'est extraordinaire, c'est unique au monde.
37:22Et il y a aussi la cuisine.
37:23La cuisine, notamment les orecchiettes, ces petites pâtes en forme d'oreille.
37:27Comme vous évoquez dans le livre.
37:28Oui, et vraiment dans les Pouilles, dans les petites ruelles,
37:31il y a des femmes, des grands-mères qui montrent aux passants
37:35comment fabriquer ces pâtes et la recette se transmet comme ça de génération en génération.
37:41Comment ça se fait que ces recettes soient particulières et viennent d'une région
37:43alors qu'en Italie, c'est le pays des pâtes ?
37:45C'est le pays des pâtes, mais chaque région a sa recette de pâtes.
37:50À Rome, vous allez manger des cacio e pepe.
37:52En Compagnie, vous allez manger des gnocchi al las argentina.
37:57Dans les Pouilles, ce sera plutôt les orecchiettes.
38:00Dans le Nord, plutôt le risotto.
38:02Vous voyez, on peut manger mille fois des pâtes et manger mille plats différents.
38:07Les orecchiettes, je crois que c'est des anchois et de la mozzarella.
38:09Alors, on peut les faire avec des anchois et la chimadira,
38:13mais je ne sais pas comment on dit ça en français.
38:14C'est de la verdure un peu acide.
38:17C'est très bon, de l'huile d'olive et quelques anchois.
38:19Vous nous faites rêver.
38:20Il y a aussi les cavatelli et les trocolis dans les Pouilles.
38:23Mais il y a tellement de...
38:24Oui, j'essaye de parler de nourriture dans mes romans,
38:29déjà parce qu'il est très difficile de parler d'Italie sans parler de la nourriture italienne.
38:33Et parce que j'adore quand mes lecteurs me disent
38:35j'adore tes livres, mais ils me donnent faim.
38:37J'ai dû manger des pâtes à 23 heures parce que quand j'ai refermé ton livre,
38:40j'avais faim de pâtes.
38:42Et quand même, donner faim de pâtes, c'est génial.
38:44Alors donc, dans ce roman Villa Gloria, le principe, c'est qu'il y a quatre chambres
38:48et il y a quatre couples qui viennent passer une semaine et se faire chouchouter au départ.
38:53Quatre arrivants, pas forcément des couples.
38:54Il y a un couple, mais il y a aussi un jeune homme en solitaire,
38:58une femme qui est là pour faire vœu de silence pendant une semaine
39:02et une marraine et sa filleule de cinq ans
39:05qui se retrouvent là pour une semaine de vacances entre filles.
39:08Et donc, ces personnages ne sont pas choisis par hasard.
39:10C'est pour faire progresser l'action.
39:12C'est pour faire progresser l'action.
39:14Et à la fois, quand je commence à écrire, je ne sais jamais où je vais.
39:16Donc, j'avais ces quatre personnages qui me paraissaient intéressants,
39:20mais je ne savais pas où ils allaient me mener.
39:23Et je découvre l'histoire au fur et à mesure.
39:25Par exemple, pour Carla, qui fait vœu de silence, très longtemps pendant l'écriture,
39:30je ne savais pas pourquoi elle faisait vœu de silence.
39:32C'est bien comme ça.
39:33Et comment on trouve ensuite ?
39:35Alors ça, ça fait partie de la magie de l'écriture et de l'inspiration.
39:38Je ne sais pas, il n'y a pas de recette.
39:39Un jour, ça me tombe dessus et ça me paraît évident que c'est pour cette raison.
39:42Mais c'est très stressant d'écrire comme ça, sans plan et à l'aveuglette.
39:48Mais moi, je trouve ça génial parce que je les regarde faire, ces personnages.
39:52Je les regarde grandir.
39:54Ils me surprennent et je ne sais jamais où je vais.
39:58Donc, c'est formidable.
39:59Dans les personnages, il y a d'abord un monsieur qui râle tout le temps.
40:03Oui, Gregorio Matta.
40:04Et ça, vous aimez ce genre de personnage qui râle tout le temps ?
40:07C'est aussi inspiré de gens que vous connaissez ?
40:09Alors, il faut savoir que celui-ci, c'est le seul qui est inspiré d'une histoire vraie.
40:15C'est une histoire qu'on m'a raconté d'une femme qui part en vacances
40:18une fois par an.
40:19Et lorsqu'elle est rentrée, je lui demande comment ça s'est passé.
40:21Elle me dit horrible
40:23parce qu'elle était partie en groupe
40:25avec son mari, ils fêtaient leur anniversaire de mariage.
40:28Et ils sont tombés sur, dans leur groupe, sur un personnage comme ça
40:31qui râlait tout le temps et qui leur a gâché les vacances.
40:33Parce qu'en plus, ils s'incrustaient dans leur dîner.
40:36Et vraiment, c'est le genre d'énergie qui est très vite contagieuse.
40:40Et elle a passé de très mauvaises vacances.
40:42Lorsqu'elle m'a raconté ça, je me dis, mais ça, c'est un personnage de roman.
40:44Il faut absolument que j'en fasse quelque chose.
40:46Et puis, il y a Bianca et Valentina que vous aviez déjà utilisées
40:49dans un autre roman qui s'appelait Félicita.
40:51C'est ça, elles viennent tout droit de mon précédent roman, dans Félicita.
40:53Elles ont une histoire pas facile,
40:54parce que Bianca, qui a cinq ans, avait perdu sa maman.
40:57Et je voulais pas les laisser comme ça.
41:00Je me suis beaucoup attachée à elles.
41:02Mes lecteurs aussi se sont beaucoup attachés à elles.
41:04Ils avaient envie d'avoir des nouvelles.
41:06Et je me disais que c'était une jolie façon de le faire que de les emmener en vacances.
41:10Donc, ces personnages ont des secrets,
41:12mais des secrets qui correspondent à tout ce que vivent vos lectrices et vos lecteurs.
41:17Oui, peut-être.
41:20Je crois qu'effectivement, chaque personnage peut parler
41:26à ceux qui me lisent.
41:27Peut-être qu'on a tous, un jour ou l'autre, traversé les mêmes choses.
41:30Oui, parce qu'il y a des thèmes qui reviennent dans tous vos livres,
41:33en particulier dans Villa Gloria, c'est la maternité et le divorce.
41:36La maternité, la place des femmes.
41:41Dans l'exemple du couple, par exemple,
41:43oui, la femme ne sait plus trop où elle en est.
41:47C'est ce questionnement permanent qu'on peut avoir
41:51dans la vie, en fait.
41:52Et lorsqu'on se perd de vue un petit peu,
41:55et c'est de se recentrer sur soi pour savoir où on va.
41:58Et là aussi, ce sont des sujets que vous avez développés petit à petit,
42:01qui vous tiennent à cœur et qui sont dans l'air du temps de plus en plus.
42:06Oui, mais parce que mes histoires sont tirées
42:09de ce que je peux entendre ou vivre au quotidien,
42:11des émotions que je peux moi-même ressentir.
42:14Donc, ils sont tirés de la vraie vie.
42:15En fait, j'invente rien parce que c'est la vie.
42:18Oui, en même temps, ce terme feel good, auquel je ne comprends rien
42:20parce que je ne parle pas anglais,
42:22ça symbolise aussi le bonheur et le positif.
42:24Et ça, c'est important pour vous.
42:25Oui, je peux entendre que certains auteurs s'offusquent de ce terme
42:29parce que je le trouve parfois assez réducteur.
42:34Pour moi, si ça veut dire que mes lecteurs
42:36passent un bon moment avec mes histoires, ça me va.
42:38Je suis contente de faire passer un bon moment à ceux qui ont envie de me lire.
42:42Oui, mais en même temps, être positif,
42:43ce n'est pas toujours simple aujourd'hui dans la société.
42:45Non, ce n'est pas toujours simple.
42:47Et moi-même, je ne suis pas toujours positive.
42:50Peut-être que le fait de placer mes histoires
42:53dans un pays solaire et avec de l'humour,
42:58ça permet aussi d'aborder des sujets plus difficiles, plus douloureux
43:04sans que ce soit trop sombre ou trop négatif.
43:08Oui, et il y a la défense de la femme aussi,
43:10qui est un sujet de plus en plus d'actualité
43:12et que vous avez été une des premières à traiter dans vos livres.
43:15C'est un sujet qui me part mon histoire personnelle
43:17et parce que c'est quelque chose qui me révole profondément,
43:21ça me tient à cœur.
43:22D'ailleurs, quand on me pose la question
43:24de savoir si un jour j'aurai un héros masculin,
43:28parce que quand même, c'est que des héroïnes.
43:30Ça m'agace un peu parce que je me dis,
43:32est-ce qu'on poserait cette question à un homme?
43:35Et pour moi, les femmes ont tellement de choses à dire
43:37et elles ont si peu de place encore pour les exprimer que dans mes livres,
43:41en tout cas, j'ai envie de leur laisser de la place.
43:43Et Gloria, votre personnage principale qui prépare des cocktails
43:46et s'intéresse aussi, scrute la vie de ses hôtes.
43:50Elle se nourrit des histoires des autres.
43:51Elle adore savoir ce qui se passe dans leur vie.
43:54Elle trouve ça fascinant de savoir qu'on a tous le même départ
43:59et qu'on n'a pas du tout la même arrivée.
44:03Mais entre, il se passe tellement de choses différentes pour les uns et pour les autres.
44:06Et elle adore comprendre ça, comment ça fonctionne pour chacun.
44:10C'est ce que c'est, vous aussi, ce personnage.
44:12J'adore ça aussi.
44:13Il y a une partie de, un peu de Gloria en moi, oui.
44:15Alors Gloria, le prénom n'a pas été choisi au hasard.
44:18Ecoutez.
44:21Gloria, une chanson qui vous a marquée,
44:24il se trouve qu'elle est devenue célèbre, je crois, parce qu'on l'a entendu dans Flashdance.
44:27Ah oui, oui, elle est dans Flashdance.
44:29Et Chela l'a repris en France en 82 avec Glory Gloria.
44:32Ah, je ne savais pas que Chela l'avait reprise.
44:34Et c'est vrai que c'est une chanson qui vous a marquée.
44:36J'adore Umberto Totti, là aussi, c'est un des chanteurs qui a bercé ma vie.
44:41Je l'ai vu en concert, d'ailleurs, à Paris, l'année dernière.
44:44C'était incroyable.
44:46Et je l'ai repris en France en 82 avec Glory Gloria.
44:49L'année dernière, c'était incroyable.
44:52Et bien sûr, toutes ses chansons sont formidables.
44:56Et Gloria, notamment, je trouve que ce prénom,
44:58ça va quand même, Gloria quoi, ça allait très bien.
45:02Cette héroïne qui a soif de liberté.
45:07Et je trouve qu'un jour, la chanson est diffusée à la radio
45:10et un grand musicien à Saint-Tyron, parce qu'il veut écouter la voix,
45:12c'est Herbert von Karajan, qui a découvert et aimé Umberto Totti.
45:16Voilà, alors ce roman, encore une fois, c'est pour vous
45:22une façon d'aller plus loin dans votre recherche des autres et de ce que vous êtes.
45:28C'est la démarche
45:31de mon écriture, au départ, elle est très égoïste.
45:33J'ai besoin, à un moment donné, de m'isoler,
45:35de mettre par écrit ce que je peux ressentir.
45:39Et c'est lorsque le roman est dans les mains de mes lecteurs et de mes lectrices
45:45que je me rends compte
45:48de la résonance qu'il peut y avoir chez eux.
45:51Mais au départ, c'est juste un défouloir.
45:53C'est juste parce que j'en ai besoin, c'est juste parce que j'ai besoin d'écrire.
45:57Je ne réfléchis pas à quel thème aborder.
46:00C'est vraiment pas calculé, c'est un truc assez instinctif.
46:05Et ensuite, lorsqu'il devient un objet, je réalise avec les retours
46:10à quel point ce que j'ai ressenti moi pendant l'écriture peut résonner chez les autres.
46:14Il y a même une version audio.
46:16Oui, il y a des versions audio de tous mes romans.
46:17Pourquoi ?
46:18Parce que c'est génial, les livres audio, moi, j'en consomme plein.
46:21J'adore ça. J'adore écouter des livres en marchant, notamment.
46:24Et depuis mon troisième roman, c'est moi qui prête ma voix à mes personnages.
46:29Vous voyez, vous n'êtes pas aussi timide que vous.
46:30C'est vrai.
46:31D'ailleurs, ça a été un très bon exercice pour être plus à l'aise face au micro.
46:34Et puis, il y a une chose qu'on sait peu, c'est que vous avez aussi écrit
46:37trois livres pour la jeunesse sur Rome, Naples et Venise,
46:40avec une petite fille et son chat.
46:42Oui, c'est en 2024.
46:43Trois tomes de Nina et Bruno.
46:45Il y a Rome, Naples et Venise.
46:48Et c'est Matou qui est une illustratrice géniale
46:53qui a illustré ce livre jeunesse.
46:57J'avais très envie, là encore, très égoïstement d'écrire pour les enfants,
47:00d'avoir leur retour de lecture parce qu'ils sont sans filtre.
47:03J'avais envie aussi de parler d'Italie, de leur faire un petit cours d'italien
47:10si jamais ils allaient en vacances dans ces villes.
47:13Et j'adore les retrouver en dédicace, ces lecteurs-là.
47:16Et il se trouve aussi, à propos de couverture,
47:17qu'il y a une tradition dans vos romans, c'est l'illustration de la couverture.
47:21Oui, pour les grands formats, c'est Stéphane Levallois,
47:24qui est un artiste incroyable, qui avait commencé avec Tchao Bell
47:27à faire les couvertures de mes romans et s'est resté.
47:30Ce qui fait que l'ensemble est déjà assez harmonieux.
47:33Très joli, je trouve que c'est vraiment
47:35des vraies cartes postales et des invitations au voyage.
47:38J'adore son travail tout en finesse et je trouve qu'il arrive vraiment
47:44à créer une ambiance avec ses couvertures.
47:46Et vous êtes vraiment capable de relever tous les défis.
47:49Je crois qu'il y a un de vos livres qui est disponible uniquement sur Internet
47:52et qui est né à la suite d'un pari sur Instagram.
47:55Fake, exactement. Premier décembre 2024.
47:58Je m'ennuie un peu parce que j'ai terminé d'écrire mon roman.
48:00C'est les vacances et à la fois, j'avais hâte et puis on est le premier.
48:03Je me dis bon, ça va être long quand même jusqu'à Noël.
48:05Qu'est-ce qu'on va faire ?
48:06Et c'est le jour où tout le monde déballe les calendriers de l'Avent sur Instagram.
48:10Et je me dis tiens, est-ce que je me lancerais pas un défi
48:13d'écrire un chapitre par jour d'une histoire que j'invente au fur et à mesure ?
48:18Et c'est devenu un tout petit roman
48:21qu'on a ensuite mis en vente à petit prix en version e-book
48:26pour que les bénéfices soient reversés à la Fondation des femmes.
48:30Donc Villa Gloria est sorti et l'avenir maintenant.
48:32Vous êtes déjà remis au prochain roman ?
48:34Je pense déjà au prochain roman.
48:35J'ai commencé à y penser à la fin de l'écriture de Villa Gloria
48:38parce que j'ai très vite besoin de me projeter ailleurs.
48:41Pour l'instant, j'ai une belle tournée de dédicaces,
48:43donc j'accompagne ces personnages-là jusqu'au mi-juin et ensuite je me remettrai au travail.
48:47Oui, parce que dans les salons, vous vous affichez complet.
48:49Il y a des files immenses de gens qui vous suivent à l'année.
48:52Oui, c'est incroyable.
48:53Écoutez, j'espère qu'ils se plongeront,
48:56et je suis certain qu'ils se plongeront dans Villa Gloria
48:58avec le même bonheur que les précédents.
49:00Et puis j'espère que cette heure que nous avons passée ensemble
49:02permettra à Sélectrice et Sélecteurs de mieux vous connaître
49:05parce que vous êtes très discrètes.
49:06Merci, c'est très gentil.
49:07En tout cas, m'avoir invitée, c'était un super moment.
49:09Et réciproquement, Villa Gloria, c'est chez Robert Laffont.
49:11Et puis continuez ainsi parce qu'on a besoin de livres avec ce genre.
49:15Merci Serena Giuliano.
49:16Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:18On se retrouve bientôt.
49:19Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.
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