Avec Erwan Balanant, député du Finistère, rapporteur de la commission
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##LA_FORCE_DE_L_ENGAGEMENT-2025-06-01##
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00:01AGP, Association d'assurés, engagés et responsables, présente
00:04Sud Radio, le grand matin week-end, la force de l'engagement, Muriel Reus.
00:10Bonjour à toutes et à tous, ce matin je reçois Erwann Balanon, député du Finissère,
00:15rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur les violences dans les secteurs du cinéma,
00:20de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité.
00:24Avec lui, nous allons parler de la façon dont la parole des femmes,
00:26les mobilisations sociales et la pression de l'opinion peuvent faire bouger les lignes.
00:31Mais avant cela, comme chaque semaine, un édito, et ce matin, engageons-nous pour que les mots fassent loi.
00:36Depuis MeToo, des milliers de femmes ont pris la parole, elles ont raconté, exposé, dénoncé,
00:41des gestes, des silences, des systèmes.
00:44Elles ont mis des mots sur des faits, et ces mots ont changé les faits.
00:47Pas seulement dans les consciences, mais dans les règles du jeu.
00:49Car la parole, quand elle devient collective, quand elle devient visible, audible, irrépressible,
00:55peut faire évoluer le droit, dans les lois, dans les politiques publiques,
00:59dans la façon dont la République elle-même se positionne.
01:02La parole n'est pas qu'un exutoire.
01:04Quand elle est écoutée, quand elle est prise au sérieux,
01:06quand elle s'organise, elle est aussi force politique.
01:10C'est ce lien-là que nous entourageons aujourd'hui,
01:13le lien entre société et politique publique,
01:16entre les victimes et les législateurs,
01:18entre la colère et la réforme.
01:20Quand la société s'empare d'un sujet,
01:22que le politique ignorait, contourné ou minimisé,
01:25il se passe parfois un basculement.
01:27La pression se transforme en influence,
01:29et l'influence oblige à agir.
01:31Cela commence par les témoignages,
01:33puis vient le besoin de comprendre, de nommer, de qualifier.
01:36Puis, celui de réparer, de prévenir, de poser des limites.
01:40C'est ainsi que des lois changent,
01:41que des décrets naissent, que des dispositifs se créent.
01:44Pas parce que le pouvoir l'a décrété,
01:46mais parce que la société l'a exigé.
01:48Ce lien est fragile.
01:49Il peut être récupéré, instrumentalisé,
01:52vidé de sa substance.
01:53Mais quand il est sincère,
01:55quand il reste connecté à la réalité du terrain,
01:57il devient un levier formidable.
01:59C'est lui qui permet à la démocratie de ne pas être hors sol,
02:02de ne pas être sourde,
02:04de ne pas être aveugle,
02:05de ne pas être complice.
02:07Aujourd'hui, ce lien s'incarne dans un travail parlementaire inédit.
02:10Un rapport mené par une commission d'enquête
02:12pour faire toute la lumière sur les violences commises
02:14dans le monde du cinéma, de la mode,
02:16de l'audiovisuel, du spectacle vivant,
02:18de la publicité.
02:19Un monde trop souvent protégé par l'excuse du talent,
02:22par l'exception culturelle,
02:24par le silence des puissants.
02:25Ce rapport recueille des voix et il trace une route.
02:28Il dit ce que trop de milieux n'ont pas voulu entendre.
02:31Il propose ce que trop d'institutions ont tardé à mettre en œuvre.
02:34Ce matin, on en parle avec celui qui en est le rapporteur,
02:37le député Erwan Balanant.
02:39Bonjour.
02:39Bonjour.
02:40Alors, vous êtes député du Finistère.
02:43Vous avez été membre de la commission des lois pendant huit ans,
02:46particulièrement engagé sur les sujets de justice,
02:48de liberté fondamentale et de lutte contre les violences.
02:51Aujourd'hui, rapporteur du rapport parlementaire
02:53sur les violences dans les secteurs du cinéma,
02:54de l'audiovisuel, du spectacle vivant,
02:56de la mode et de la publicité.
02:58Alors, ma première question pour nos auditeurs,
03:00pourquoi cette commission d'enquête ?
03:02Je voudrais que vous replaciez le contexte
03:04du déclencheur de cette commission.
03:06Le contexte, c'est les révélations de Judith Godrech,
03:12il y a maintenant 18 mois à peu près,
03:15et une audition qu'elle avait faite à l'Assemblée,
03:20suivant une édition qu'elle avait faite au Sénat,
03:23et on avait estimé, avec un certain nombre de députés,
03:26dont Francesca Pasquini du groupe des Écolos,
03:30qu'il fallait faire la lumière et dresser les constats
03:34et essayer d'avoir des propositions fortes
03:37pour que tout ça change.
03:39Et si on l'a...
03:41C'était donc Francesca Pasquini
03:42qui était au départ à la manœuvre,
03:46elle m'avait associé,
03:47il y a eu la dissolution,
03:48et suite à la dissolution,
03:49on a remis en place cette commission d'enquête,
03:52et là, c'est Sandrine Rousseau
03:54qui a repris le travail et le flambeau avec moi.
03:57Donc c'est un travail qui a été long,
03:59un travail de six mois.
04:00Je pense que c'était un travail nécessaire,
04:01et vous venez de le dire dans votre édito,
04:06vous venez de parler de la parole.
04:08La parole, ça fait longtemps, en fait,
04:10qu'il y a des femmes qui parlent.
04:12Judith Godrech n'est pas la première,
04:14elle a eu un impact fort,
04:16mais elle n'est pas la première.
04:17La question, c'est plutôt celle de l'écoute,
04:19et l'écoute de la société,
04:21comme vous l'avez démontré,
04:22qui, à un moment donné,
04:23est en capacité à se transformer.
04:25Et c'est ce qu'on essaye d'accompagner
04:27avec le rapport de cette commission d'enquête.
04:29Alors, six mois, 85 auditions,
04:32près de 350 personnes entendues,
04:34des victimes, des professionnels,
04:36des responsables d'institutions,
04:37des syndicats, des avocats, des experts.
04:39Vous, qu'est-ce qui vous a le plus marqué
04:40pendant ces six mois,
04:42ou au cours de ces six mois ?
04:43Ce qui est marquant,
04:44et c'est ce que je dis
04:45dès l'introduction du rapport,
04:47c'est qu'en réalité,
04:48le cinéma est à l'image de la société.
04:50C'est une société encore basée
04:53sur une culture patriarcale,
04:54et sur un sexisme
04:56et des violences sexistes présentes,
05:00fortes.
05:01Mais le cinéma,
05:01il y a des facteurs aggravants
05:03et des facteurs amplifiants.
05:05Ce culte du génie,
05:06peut-être qu'on y reviendra,
05:08cette hiérarchie très forte,
05:11enfin, quand je dis cinéma,
05:12le monde de la culture,
05:13cette hiérarchie,
05:14et puis aussi une certaine vision,
05:17un rapport au code du travail
05:19assez souple,
05:20parce que souvent,
05:21dans le monde de la culture,
05:22les gens n'ont pas toujours
05:24l'impression de travailler,
05:26ils ont l'impression
05:26de faire œuvre,
05:29d'être dans un métier passion.
05:32Mais un métier passion,
05:33ça reste un travail,
05:34et un travail,
05:34ça a des cadres,
05:35et le cadre,
05:36il existe,
05:36et il faut le respecter.
05:37Oui, d'ailleurs,
05:38le rapport,
05:38il revoke un culte du talent,
05:40une liberté artistique sacralisée
05:42qui aurait longtemps
05:43de tout justifier.
05:44Est-ce qu'en France,
05:45on peut dire
05:46que l'exception culturelle
05:47a parfois servi
05:48de paravent à l'impunité ?
05:49Est-ce qu'on a confondu
05:50liberté de création
05:51et liberté de transgresser
05:53les règles du droit commun ?
05:54Oui, je crois.
05:55Hélas,
05:56on a cette exception culturelle
05:57française qui est magnifique,
05:58qui nous permet d'avoir
05:59des œuvres splendides,
06:02d'avoir un milieu culturel
06:04qui fonctionne,
06:05mais on a aussi
06:06mis en place
06:07cette excuse de génie,
06:09cette excuse de génie
06:11qui pardonne tout
06:13à celui qui est,
06:15celui qui tient le film
06:16par son pouvoir économique,
06:18celui qui tient la production,
06:20le spectacle par son talent.
06:24Et ça,
06:24c'est plus possible,
06:26en fait.
06:26C'est plus possible
06:27parce que le monde a changé
06:28et que surtout,
06:29d'ailleurs,
06:30ça n'aurait jamais dû être possible,
06:31c'est ça la réalité,
06:32mais bon,
06:33le monde n'est pas toujours parfait.
06:34Et donc,
06:35il faut changer ça.
06:36Il faut changer ça.
06:37Il faut rappeler
06:38que l'acte créatif,
06:40le message que l'on veut passer,
06:44culturel, politique, artistique,
06:46il ne peut se faire
06:48que dans le respect
06:49de l'état de droit
06:50et notre état de droit.
06:51Il y a des règles
06:52et les règles,
06:52elles sont assez précises,
06:54en fait,
06:54que ce soit notre code pénal
06:56et notre code du travail.
06:58Alors,
06:59ce rapport,
06:59il ne se contente pas
07:00d'énumérer des violences.
07:01Il dénonce aussi un système.
07:03Je pense à cette logique
07:04de précarité,
07:05d'emprise,
07:05de dépendance économique
07:06dont vous venez de parler,
07:07l'opacité des castings,
07:09certains flous contractuels,
07:10la solitude des intermittents,
07:12mais aussi cette loi du silence
07:14qui a protégé les agresseurs
07:15plus qu'elle n'a protégé
07:16les victimes.
07:17Est-ce que vous,
07:19vous avez eu le sentiment
07:20d'exhumer un fonctionnement
07:21systémique
07:22et non des dérapages individuels ?
07:26Oui,
07:26je crois qu'il y a,
07:26hélas,
07:27et on le dit,
07:28quelque chose
07:29de l'ordre du système,
07:32de l'ordre des habitudes
07:34aussi beaucoup.
07:36Sur un plateau,
07:38dans une production,
07:40souvent celui qui est
07:42ou celle,
07:43le plus régulièrement,
07:45celle qui est
07:46hiérarchiquement en bas
07:48de l'échelle,
07:49ne parlera pas.
07:51Elle ne parlera pas
07:51parce qu'elle se dit,
07:53un,
07:53je vais mettre en péril
07:54le collectif.
07:56C'est souvent,
07:56ça part souvent
07:57dans une bonne intention
07:58de se dire,
07:58attendez,
07:59j'ai subi quelque chose,
08:00mais si je parle,
08:02je détruis le collectif,
08:03je détruis la production
08:05et parfois,
08:06ça a des conséquences économiques.
08:07Et puis,
08:07il y a aussi,
08:08pour la personne,
08:09le fait de se dire,
08:10la précarité de l'intermittence
08:12où on n'est pas nécessairement
08:14qu'en précarité économique,
08:15on est surtout en précarité
08:16de temps de travail.
08:17On travaille un temps
08:18et puis,
08:19si on a parlé,
08:20si on a dérangé,
08:21est-ce qu'on travaillera encore ?
08:22Et c'est ça qu'il faut
08:23qu'on change
08:24et je crois,
08:25je crois qu'il y a
08:26un début de changement.
08:28D'ailleurs,
08:28ce que vous évoquez,
08:29c'est cette forme de merta,
08:30cette forme de merta
08:31dans le monde de la culture.
08:33Alors,
08:33est-ce qu'elle est en train
08:34de se fissurer
08:35sous la pression
08:35de la parole
08:36des victimes
08:36et des mobilisations ?
08:38On observe encore
08:39des stratégies
08:39de contournement,
08:40de protection entre pairs,
08:42toujours,
08:43d'inertie volontaire
08:44dans certaines grandes institutions,
08:45même si ça a bougé.
08:47Moi,
08:47j'ai envie de vous demander,
08:48vous pensez que la peur
08:49a changé de camp ?
08:50J'espère.
08:54J'espère que la peur
08:55va changer de camp
08:56et j'espère que,
08:58aussi,
08:58la honte changera de camp.
09:00Les deux sont liés,
09:01les deux ne sont pas
09:01tout à fait
09:02des mêmes ressorts.
09:04Je pense que
09:04ce qui peut
09:05nous faire avancer,
09:07c'est justement
09:08la pression
09:09de la société
09:09parce que j'ai dit
09:10tout à l'heure
09:10que le cinéma
09:11était à l'image
09:11de la société
09:12mais nous sommes
09:13dans une société
09:13qui change
09:14et dans un monde
09:14qui change
09:15et on le voit bien
09:16et j'espère que
09:16ça va durer
09:17parce qu'on sent aussi
09:18des freins
09:19que le fait
09:22d'être...
09:25La honte peut changer
09:26de camp.
09:26C'est ça le sujet,
09:27en fait.
09:28C'est qu'aujourd'hui,
09:29pour une production,
09:30jusqu'à maintenant,
09:31vous cachiez,
09:32vous minimisiez
09:33parce que vous saviez
09:35que ça pouvait avoir
09:36des conséquences économiques
09:38très graves.
09:39Et j'espère que demain,
09:40les auteurs se disent
09:43mais si je fais une connerie,
09:45excusez-moi du mot,
09:46ça ne passera pas,
09:47ça ne passera plus.
09:48Et donc,
09:49j'ai peur
09:50et je ne la fais plus.
09:51Et puis si je la fais,
09:51surtout c'est moi
09:52qui aurais la honte
09:52et pas la personne
09:53qui a dénoncé.
09:54C'est ça qu'il faut
09:55qu'on arrive aussi,
09:55c'est que les personnes
09:57qui parlent,
09:58les personnes qui sortent
09:59de leur silence,
10:00en réalité,
10:00ce sont elles et eux
10:02les héros de ces histoires.
10:04Ce sont elles
10:05qui doivent être
10:05nos rôles modèles
10:06et ce n'est pas toujours simple,
10:07on le sait
10:08et on a beaucoup d'exemples
10:09de femmes,
10:11un peu moins d'hommes
10:11mais qui ont parlé
10:12et qui ont payé très cher
10:13de leur carrière.
10:14Qui ne travaillent plus,
10:15qui ne travaillent beaucoup moins.
10:16Et ça,
10:16ça doit changer.
10:17Je crois que ces femmes
10:18qui parlent en réalité,
10:20Judith Godrej
10:21qui a aujourd'hui,
10:22visiblement,
10:23non pas des difficultés
10:24mais qui sent un peu
10:25de stracisation,
10:28et bien non,
10:28ça doit être elles
10:29toutes celles
10:31qui ont parlé
10:31sont les femmes,
10:33sont des références
10:34aujourd'hui
10:34qui doivent être
10:35mises en avant.
10:36Alors,
10:37revenons sur le rapport.
10:3864 recommandations,
10:40c'est un plan d'action
10:41complet,
10:42très concret,
10:42qui va de la formation
10:43à la gouvernance,
10:44en passant par le financement
10:45et les procédures internes.
10:48Parmi toutes ces propositions,
10:49quels sont,
10:50selon vous,
10:50les leviers essentiels
10:52les plus structurants
10:52pour transformer durablement
10:54ces secteurs ?
10:55Continuer la formation,
10:56continuer la formation
10:58de façon intensive,
10:59elle a commencé
10:59dès les parcours
11:01d'étudiants.
11:03On ne devient pas
11:04artiste ou technicien
11:05comme ça,
11:06par la grâce du Saint-Esprit.
11:07On le devient
11:08parce qu'on a souvent
11:09été formé,
11:10été formé à son métier,
11:12à sa pratique,
11:13et aujourd'hui,
11:14moi,
11:14j'ai constaté
11:15une lacune très forte
11:16sur ces questions-là,
11:18sur la question
11:18du droit du travail,
11:19sur la question même
11:20du code pénal,
11:21sur la question,
11:22tout simplement,
11:23du droit,
11:24et ça,
11:25c'est un sujet.
11:26D'ailleurs,
11:26si le CNC
11:28a mis en place
11:29des formations,
11:30c'est parce que,
11:30justement,
11:31il a constaté
11:31qu'il y avait un manque.
11:32Donc,
11:32premier point,
11:34continuons les formations,
11:35celles qui sont continues,
11:36mais faisons aussi
11:37de la formation initiale
11:38sur ces sujets.
11:40Je crois qu'on doit
11:41apprendre
11:41à nos comédiens,
11:43à nos techniciens
11:44qu'ils s'intègrent
11:45dans un cadre juridique
11:47et ce cadre juridique
11:49les protège,
11:50leur donne des droits
11:50et leur donne aussi
11:51un certain nombre
11:51de devoirs
11:52et d'attitudes à avoir.
11:53Ça,
11:54c'est le premier point.
11:55Après,
11:55il y a un certain nombre
11:56de choses
11:57qui doivent être améliorées
11:59et qui doivent être transformées.
12:01Je pense,
12:02aujourd'hui,
12:02par exemple,
12:03qu'un certain nombre
12:04de métiers
12:05doivent être certifiés
12:06pour qu'on ait des personnes
12:07qui soient très professionnelles
12:09sur ces sujets,
12:10qui aient les connaissances
12:11et qui aient surtout
12:12la capacité
12:12d'emporter
12:15cette transformation du monde.
12:17Et je pense,
12:17évidemment,
12:18à des métiers
12:19comme la coordination
12:20d'intimité
12:21qui doit être certifiée,
12:23qui doit être généralisée.
12:25Mais je pense aussi
12:26à la question
12:26des agents,
12:28les agents
12:29de comédiens,
12:32les agents
12:32de réalisateurs.
12:33Aujourd'hui,
12:33je pense qu'ils ne sont pas
12:35suffisamment formés
12:36à cette question
12:37et à cette question
12:37de l'écoute
12:38et parfois à cette question
12:39de défendre
12:40la personne
12:41qui a été
12:42violentée
12:45violentée
12:46dans son exercice
12:47professionnel.
12:48Elles ne peuvent pas
12:49être des personnes
12:49qui étouffent
12:50les histoires
12:51parce que
12:52ça a un poids économique.
12:53Elles doivent être
12:55en capacité
12:56d'accompagnement.
12:57Et je pense que
12:57comme les producteurs
12:58dans le monde
13:00du cinéma
13:01et aussi maintenant
13:02dans le monde
13:02du spectacle vivant
13:03ont tous été formés
13:05et leur subvention
13:07est contingentée
13:09à ces formations,
13:10je pense que
13:11les agents
13:12doivent aussi
13:13suivre ces formations.
13:14Et il y a quelque chose
13:15que vous préconisez
13:16qui me paraît
13:16extrêmement important.
13:17On l'a dit,
13:18la prise de parole
13:18est difficile
13:19même si l'écoute
13:21s'est améliorée.
13:22Vous, vous préconisez
13:23une obligation
13:24d'enquête interne
13:25en cas de signalement
13:26même sans plainte pénale.
13:27Vous pensez
13:28qu'on peut y arriver ?
13:29Oui, il faut
13:31parce qu'il faut
13:32que lumière soit faite
13:33dès qu'il y a
13:35un cas
13:37dans une entreprise
13:38parce que
13:39dans le monde
13:40du cinéma,
13:41de l'audiovisuel,
13:42de la publicité,
13:44du spectacle vivant,
13:45nous avons affaire
13:46des entreprises
13:46à des personnes
13:47qui ont des responsabilités
13:49d'employeur
13:49et comme dans le reste
13:51et comme dans tous les métiers,
13:53l'employeur a une responsabilité,
13:54il a la responsabilité
13:56de mettre en sécurité
13:58ses salariés
13:58et ça passe
13:59par une enquête interne
14:00dès qu'il y a
14:01un signalement effectivement.
14:02Oui, ça passe peut-être aussi
14:03par une question
14:04sur l'organisation économique
14:06de ce secteur
14:07parce que vous l'avez évoqué
14:08tout à l'heure,
14:08c'est un système
14:09où évidemment
14:10les enjeux économiques
14:11sont forts,
14:12où on protège
14:13la rentabilité
14:14des projets.
14:15Donc,
14:17vraiment,
14:17est-ce que peut-être
14:18c'est aussi
14:18une question
14:19sur cette organisation économique ?
14:21Peut-être qu'elle doit bouger ?
14:22Oui, mais
14:23si la honte
14:24change de camp,
14:25si la peur
14:26change de camp,
14:27c'est ce que j'essayais
14:27d'expliquer tout à l'heure,
14:29pour un projet,
14:30un projet qui serait frappé
14:32d'une attitude
14:33inadmissible
14:34et d'une attitude
14:35condamnable
14:35par le code pénal,
14:36on sait aujourd'hui
14:37que c'est un projet
14:38qui perd sa valeur économique
14:41parce qu'il y a la pression
14:42de la société
14:43qui est là maintenant.
14:44Et donc,
14:45ce modèle,
14:47il va falloir
14:47qu'il tienne compte
14:48aussi
14:49de ce risque.
14:51Et moi,
14:51je pense qu'il y a
14:52la question assurantielle
14:53qui doit être posée
14:54et que
14:55je pense que
14:56le risque
14:57violent,
14:58sexiste et sexuelle
14:59doit être...
15:01Il doit y avoir
15:02une clause assurantielle
15:03qui permette
15:04de faire
15:04les enquêtes
15:06qui permettent
15:07de réagir,
15:08de faire des interruptions
15:09de tournage
15:10si nécessaire.
15:11Et ça,
15:11c'est ce que nous allons
15:12essayer de mettre en place
15:13et de travailler
15:13avec le secteur
15:15de l'assurance.
15:16On vous a vu
15:16au Festival de Cannes.
15:18D'ailleurs,
15:18il y a eu une montée
15:19avec vous
15:20et la ministre
15:20Aurore Berger
15:21et des associations
15:22qui défendent
15:23les droits des femmes
15:23et qui soutiennent
15:24les victimes.
15:25Le festival a pris
15:26une décision,
15:26me semble-t-il,
15:27assez nouvelle.
15:29Ils ont demandé
15:30à un acteur
15:31présent dans un film
15:32en compétition
15:32de ne pas monter
15:33les marges,
15:34non pas parce
15:34qu'il s'était conduit,
15:36il avait agi
15:38et provoqué
15:39des violences
15:40sur un tournage
15:42ou sur un lieu
15:42de production,
15:43mais parce qu'il avait
15:44été accusé
15:45par trois de ses compagnes
15:46de viol conjugal
15:47et de violences
15:47psychologiques
15:48dans son domicile.
15:51Ça,
15:51c'est une avancée,
15:52c'est-à-dire
15:52de prendre en compte
15:53même ce qui se passe
15:54dans la vie personnelle
15:55des gens
15:55hors situation professionnelle.
15:58La décision du festival,
15:59je pense qu'elle a été
16:00une très bonne décision
16:02et qu'elle est révélatrice
16:04de ce monde
16:05qui change justement.
16:07En prenant cette décision,
16:08je crois qu'elle a protégé
16:09tout le monde.
16:10Le festival a protégé
16:11tout le monde
16:11et elle a protégé
16:12évidemment
16:13la production,
16:15le film,
16:15parce que le film,
16:16avec une polémique,
16:17aurait perdu de la valeur
16:18économique
16:19et puis aurait même perdu
16:20de l'intérêt,
16:20alors que c'est un très beau film
16:22par ailleurs.
16:23Elle a protégé
16:24les victimes
16:26en les sortant
16:27d'un bruit médiatique
16:31qui parfois
16:31n'est pas simple
16:32pour les victimes
16:33et puis je pense
16:33qu'elle a aussi protégé
16:35l'auteur présumé,
16:38enfin la personne
16:38aujourd'hui accusée.
16:41Elle l'a protégé
16:42d'un,
16:44comment dire,
16:44de quelque chose
16:45qui parfois
16:45vous dépasse
16:46et voilà.
16:47Donc je pense
16:48que c'est de la bonne décision
16:49et à Cannes cette année,
16:50j'ai quand même eu l'impression
16:51qu'il y avait
16:52un chemin nouveau
16:53qui avait été pris,
16:54alors je ne parle pas
16:55de la programmation
16:55qui va aussi
16:56dans un sens
16:57plus ouvert
16:58sur ces questions-là,
16:59plus égalitaire,
17:00mais aussi sur les attitudes
17:01et on a eu
17:02une jeune femme
17:03qui a dénoncé
17:04des faits
17:05durant un colloque
17:06où j'étais
17:08devant le CNC
17:09et plutôt que d'être
17:11la paria,
17:12elle est devenue
17:12le rôle modèle
17:13et elle a été accompagnée
17:15et c'est cette jeune femme
17:16aujourd'hui,
17:17le fait d'avoir eu
17:17cette écoute.
17:19Quoi qu'il arrive après
17:20dans la procédure judiciaire,
17:22elle a pu sans doute
17:23commencer sa reconstruction
17:24grâce à cette écoute
17:26et cette bienveillance
17:27où on a écouté
17:28la personne,
17:29on l'a protégée
17:29et on lui a dit
17:30on va prendre
17:31des mesures conservatoires
17:33pour te protéger
17:34et c'est ça
17:35qu'il faut à mon avis
17:36mettre en place
17:37le plus souvent possible.
17:39Alors on arrive
17:39à la fin
17:40de cette conversation,
17:41est-ce que
17:42certains récits,
17:44parmi tous ceux
17:45que vous avez entendus,
17:47ont déplacé
17:47vos propres repères
17:48sur la gravité
17:50ou la banalité
17:51des violences
17:51dans ces milieux ?
17:52Vous, à titre personnel ?
17:53Oui, certaines comédiennes
17:57qui nous expliquent
17:58en réalité
17:58que dès le premier tournage
18:00de leur carrière,
18:01parfois enfants,
18:03elles ont subi
18:04soit des violences morales,
18:06soit des violences physiques
18:08ou sexuelles
18:09et que toute la vie,
18:10ça les a accompagnées
18:12et qu'elles ont tenu
18:13parfois parce qu'elles ont
18:15une soif de jouer
18:17qui est plus forte
18:18que tout le reste
18:19mais parfois certaines
18:19craquent
18:20et en craquant
18:21on perd un talent
18:22et c'est pour ça
18:23que j'ai appelé
18:24ce rapport
18:25machine à broyer
18:26des talents
18:26parce que perdre
18:27des talents
18:27ce n'est pas possible
18:28dans notre société.
18:30Alors ce rapport
18:31est un point de bascule,
18:32il rend visible
18:33ce qui a été
18:33trop longtemps étouffé,
18:34il formule des propositions
18:35concrètes,
18:36applicables
18:36mais surtout
18:37parce qu'il incarne
18:38ce que peut produire
18:38une démocratie
18:39quand elle prend au sérieux
18:41la parole des femmes.
18:42Merci à vous,
18:43Erwan Balanon,
18:44d'avoir conduit ce travail,
18:45merci d'avoir été
18:46avec nous ce matin
18:47et on se retrouve dimanche prochain
18:48dans La Force de l'engagement
18:49sur Sud Radio.
18:52Sud Radio,
18:53le grand matin week-end,
18:54La Force de l'engagement,
18:56Muriel Reus.
18:57Avec AGP,
18:58Association d'assurés engagés
19:00et responsables.