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  • 30/05/2025
Rejoignez l’équipe du magazine Eléments, emmenée par Olivier François, entouré de ses complices : François Bousquet, directeur de la rédaction, Patrick Lusinchi, directeur artistique, Daoud Boughezala et Christophe A. Maxime.
À l’occasion de la sortie du nouveau numéro d’Eléments, assorti d’un grand entretien avec Christophe Guilluy, la rédaction s’attaque à un sujet brûlant : la crise du monde rural. Comment sauver nos campagnes prises en étau entre un productivisme forcené des technocrates et l’écologie punitive des bobos hors-sol ?
Également au sommaire : la sortie du livre-événement de François Bousquet : "Le Racisme antiblanc - L’enquête interdite".
Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.


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Transcription
00:00Chers amis, bonjour pour la sortie du nouveau numéro d'Element, un numéro qui à chaque fois est très riche, évidemment nous allons parler de Christophe Guilly, de la ruralité, même peut-être de Simoleis à la fin, nous verrons.
00:27Je suis très bien entouré par notre ami Daoud Borezala, vous êtes maintenant un habitué de ces studios depuis même très longtemps, cher Daoud, François Bousquet, directeur de la rédaction, rédacteur en chef adjoint, je ne sais jamais comment vous qualifiez, directeur de la rédaction, et avec Xavier Aiman, qui était là précédemment, votre dernier livre fait un tabac, peut-être, on vous voit partout, et c'est très mérité, donc je le rappelle, le racisme anti-blanc,
00:55l'enquête interdite, vous en reparlerai peut-être quelques mots encore pour nos téléspectateurs, paru aux éditions évidemment de la Nouvelle Librairie, notre ami Christophe Lafosse, Christophe André-Maxime, Christophe bienvenu,
01:08Bonjour à tous,
01:09Fidèle au poste, et Patrick Luzinqui, notre directeur artistique.
01:12Bonjour Olivier.
01:12Alors, nous allons commencer d'abord par parler d'un nouvel entretien, je dis nouvel entretien parce que ce n'est pas le premier, que nous a donné Christophe Guilly, pour en parler, je vais me tourner vers Daoud Borezala,
01:22Christophe Guilly est maintenant peut-être pas un familier d'éléments, mais enfin, ça fait depuis assez longtemps qu'on s'intéresse à son œuvre et à ses analyses,
01:30l'homme de la France périphérique, l'homme qui est commenté à la fois à droite et à gauche, surtout à droite, il faut bien le dire,
01:37qui, pour que certains considèrent comme un sociologue populiste, ou en tout cas qui a pensé le peuple,
01:43et là vous l'avez interrogé, un petit peu à la faveur peut-être de l'inégibilité de Marine Le Pen, est-ce que je me trompe en vous posant cette question ?
01:51Alors, il se trouve que l'occasion fait de la rang, oui, c'était d'actualité, mais c'est aussi à faveur de sa propre actualité littéraire,
01:57qui est la sortie d'une espèce de fable mi-essai, mi-fable, Metropolia, Peripheria,
02:03qui est une espèce d'adaptation fictive et littéraire de ses thèses de géographe social, c'est comme ça qu'il se définit.
02:09Je pense que le lectorat d'éléments est assez familier de ses thèses, mais si on doit les rappeler à grands traits,
02:14c'est que 70% des Français, donc une large majorité, vit en dehors des grandes villes.
02:19Or, notre modèle économique, politique est pensé de manière tout à fait métropolitaine,
02:25c'est-à-dire que les aides sociales se concentrent vers les banlieues,
02:28l'activité économique se concentre dans les grandes villes,
02:33et finalement, les villes hyper connectées, les fameuses créatives, les villes créatives,
02:38disait, je crois, le sociologue de Charles Florida, les smart cities,
02:42se développent au détriment des campagnes, des zones pavillonnaires,
02:47de tous les espaces, en fait, les fameux perdants de la mondialisation,
02:51sur lesquels il y a un thème, ce qui nous est cher.
02:53– Et qui recoupe, en part, en France, vous avez rajouté quelque chose,
02:57on a fait un dossier sur la ruralité.
02:59– Comme Daoud ne va pas le dire, Bruisala,
03:01Christophe Guiluie a donné pas mal d'entretiens à l'occasion de la sortie de son dernier livre,
03:05qui en effet est un conte philosophico-politique.
03:10Franchement, alors on est toujours jugé parti quand on défend éléments,
03:13mais pour moi, c'est le meilleur entretien de Guiluie que j'ai pu lire ces derniers mois,
03:16parce que c'est un entretien qui va le plus en profondeur dans son œuvre,
03:19et comme le disait notre camarade Daoud, c'est l'homme d'une idée fixe.
03:26Mais en même temps, le génie, c'est l'idée fixe.
03:28On parlait de Baudelaire hors plateau, le génie, c'est le poncif.
03:31– Il a créé un cliché, comme disait.
03:32– Oui, il a créé un cliché.
03:34– Par contre, la diagnostic objectif.
03:35– Oui, simplement, personne ne le voyait.
03:37C'est la lettre volée de peau, on a le peuple sous les yeux.
03:40– Il y a 15 ans, 15-20 ans, ça a été vraiment le prionnier.
03:43– Il a le peuple sous les yeux, on ne le voit pas.
03:45On pense que le peuple, à l'époque, il y a 20 ans,
03:47il y a plein d'articles universitaires sur la fin du peuple.
03:52Le parachèvement de la moyennisation de la société.
03:55Or, Christophe Guilloui nous dit, depuis 20 ans,
03:56alors évidemment, c'est un discours qui se répète,
03:59parce que c'est une réalité centrale, il y a des territoires.
04:01Il dit que le territoire se polarise, à un rebours de Fourquet,
04:05qu'il ne s'archipélise pas, alors qu'en réalité, il s'archipélise et il se polarise.
04:08Les deux cartes se recoupent.
04:10L'archipélisation, c'est une France communautarisée, avec des îlots,
04:14arabo-musulmans, d'excellence scolaire, etc.
04:17Et puis ensuite, une fracturation électorale,
04:20qui est la matière de Guilloui, c'est le bloc central.
04:23Disons que la lecture géographique de la France par Guilloui
04:27s'apparente plus à celle de notre ami Jérôme Sainte-Marie,
04:30bloc contre bloc, un bloc élitaire et un bloc populaire.
04:33D'ailleurs, on le titille un peu avec notre ami Xavier Aymant,
04:35qui a effectué un entretien avec moi.
04:38On met quelques banderies sur la pensée de Guilloui,
04:42on trouve un tantinet parfois, peut-être trop populiste,
04:45ou peut-être qu'il y a une tendance à idéaliser parfois
04:47la common essence du peuple.
04:49Comme vous le savez.
04:50On pourrait aller à un bloc élitaire qui aurait un peu les vices
04:54des élites mondialisées.
04:56Et donc, on essaie de le titiller pour qu'il déploie un peu sa pensée
04:59en expliquant notamment ce qui fait que le peuple,
05:03au sens le plus quasiment marxiste,
05:07le peuple à l'exclusion des élites mondialisées,
05:09est plus enraciné, développe une espèce d'éthos.
05:12– Est-ce que l'un des angles morts de Guilloui,
05:16c'est aussi de ne pas penser en termes ethno-culturels ?
05:18Il est resté un petit peu marxiste, au fond, il y a le peuple qui serait bon
05:21et qu'il définit de manière quand même très sociale,
05:26en termes presque de classe d'ailleurs,
05:29et en oubliant que le peuple aujourd'hui,
05:31l'aspect ethno est assez peu présent.
05:34– C'est une des critiques qu'on lui adresse à Medzavocé.
05:37Disons qu'il effleure un petit peu cette problématique
05:39avec la notion d'insécurité culturelle qu'il a forgée,
05:44il faut bien le dire, et on essaye de développer ce thème-là,
05:48disons que tout simplement, de manière très empirique,
05:51travaillant avec des bailleurs sociaux, donc des gestionnaires HLM,
05:55il a constaté que c'était un motif de déménagement,
05:58de demande de déménagement qui revenait,
06:00c'est-à-dire grosso modo, je n'ai rien à partager
06:03avec mon voisin pakistanais ou autre,
06:05ou avec toutes les nuisances que ça peut engendrer,
06:07pas seulement sur le plan de la sécurité,
06:09même une espèce d'incompatibilité des modes de vie,
06:12mais effectivement, ce serait mentir que de faire de Christophe Guy
06:15un penseur du fait ethnique ou même ethno-culturel, absolument pas.
06:18– Il ne parlerait pas comme Jacques Chirac du bruit et de l'odeur, si je puis dire.
06:21– De manière tout à fait prosaïque, peut-être,
06:24sur un niveau aussi pragmatique.
06:27– François ?
06:27– C'est le point mort du guilluisme, peut-être.
06:31– À mon avis, ce n'est pas le seul.
06:32– Oui, mais disons que c'est le principal, c'est que de fait,
06:36son discours a été approprié, monopolisé par l'ERN.
06:39Il n'y a pas de franchissement du Rubicon de sa part,
06:41ce qui n'est pas sans poser problème,
06:43parce que les communistes à la grande époque attiraient des intellectuels.
06:45L'ERN n'attire toujours pas d'intellectuels.
06:47Or, Guy, lui, était quand même l'intellectuel sur mesure pour ce parti-là,
06:51d'autant qu'il a… peut-être qu'il surjoue son côté gavroche,
06:54mais à une époque où il n'y a que des gavroches pour Netflix,
06:56quand on se croit dans Paris, c'est que ça dans les quartiers bobos,
06:58il a un petit fond gavroche de l'ancien temps, Guy, lui.
07:02Mais il n'ose pas appeler un chat un chat.
07:05Or, toute sa sociologie, celle de Johnny Hallyday,
07:08l'enterrement de Johnny Hallyday, il y a un million de Français
07:11de la France périphérique qui sont à Paris, à la Madeleine.
07:14C'est d'une cohérence ethnique fascinante.
07:17Et sociologique, mais il ne voit que la sociologie.
07:19Les gilets jaunes, c'est la même chose.
07:21Et il n'arrive pas à dire le nom de cette chose-là.
07:24C'est en sous-texte, en permanence en sous-texte.
07:26On le lui reproche, d'ailleurs ?
07:28Je ne pense pas que ce soit une stratégie de sa part,
07:30c'est plutôt un impensé, en fait.
07:32Je pense que, effectivement, c'est un angle mort.
07:34Non, j'ai l'impression qu'il est tout à fait France incère, honnête et droit.
07:38Et qu'effectivement, voilà, c'est en dehors de son gouvernemental.
07:42C'est parce qu'il ne rêve pas d'une France d'hier
07:45qui aurait pu allier, justement, une immigration très contrôlée,
07:50et donc avec des gens qui s'assimilent,
07:51et une cohabitation plutôt pacifique
07:55entre des gens ici de l'immigration et des Français de sous.
07:57C'est exactement ça.
07:58Sauf qu'aujourd'hui, avec l'immigration de masse,
07:59la chose est devenue…
08:00Oui, je pense qu'il a un logiciel assimilationniste républicain de gauche
08:03qui est tout à fait…
08:05Respectable, mais qui semble être quand même dépassé.
08:08Et en même temps, il a compris à la faveur
08:10de ce qui s'est passé au moment de Charlie Hebdo,
08:12mais là, ça renvoie à des débats d'il y a dix ans,
08:15pas tout à fait à manière d'Emmanuel Todd,
08:17mais quand même qu'il était utopique
08:19de demander à l'ensemble de la population française
08:21d'être Charlie, pour des raisons ethno-culturelles,
08:24religieuses, que je n'ai pas besoin de développer ici.
08:27Et donc, à l'époque où je travaillais pour Causeur,
08:31notamment Isabelle Lévy lui reprochait
08:32de manière très courtoise et civilisée,
08:34mais il est presque un appôt du multiculturalisme
08:37par son abandon du logiciel assimilationniste.
08:42Parce qu'effectivement, il essaye de penser
08:44une France qui serait post-assimilationniste
08:48et en même temps néo-républicaine.
08:50Donc effectivement, ça achoppe sur certaines…
08:53Peut-être qu'il nous appelle un peu comme Jean-Paul II
08:55à la fin de votre entretien, à n'ayez pas peur.
08:58Donc il y a un discours de Guy Lui,
09:00qui n'est pas que pessimiste en fait.
09:02Il y a aussi une ouverture, j'ai l'impression.
09:04Oui, et en même temps, une des autres limites,
09:07à mon avis, Guy, François l'a dit,
09:09c'est la question politique.
09:10C'est-à-dire qu'étant un franc-tireur,
09:12à mon avis, irrécupérable ou irréductible,
09:14c'est selon, c'est quelqu'un qui ne franchira
09:17jamais le Rubicon par nature.
09:18Il ne sera jamais l'impacteur organique.
09:19Il est lu absolument par tout le monde.
09:21Peut-être pas par Mélenchon,
09:23mais en tout cas de Macron à Le Pen, on lit…
09:24Je pense qu'il a été lu par Mélenchon en 2017.
09:26Et même reçu par Macron.
09:28Reçu par Macron, ce qui n'a pas fait aucune conséquence.
09:30Reçu par François Hollande, reçu par Nicolas Sarkozy.
09:33Alors, demandain, reçu également par Emmanuel Valls,
09:36à la demande de tous ces gens-là.
09:37Mais il ne répond pas,
09:39alors quitte à mettre les pittes en plat,
09:41il ne répond pas aux sollicitations d'Marine Le Pen.
09:44Ce qui est quand même problématique.
09:46Moi, je pense…
09:47Mais bon, j'adore Guy Lui, la question n'est pas là.
09:49Mais je pense qu'à un moment donné,
09:50il devra quand même clarifier sa pensée.
09:53– Peut-être encore terrorisé par son milieu.
09:55– Alors, nous n'avons pas fait…
09:57Ce n'est pas d'ailleurs un dossier qui est si loin
09:59des thèses de Guy Lui.
10:00Il y recoupe un dossier « Ruralité, nos campagnes en danger ».
10:03Alors, moi, j'aimerais décomposer un peu le titre.
10:05Nos campagnes, d'abord, qu'est-ce qu'il reste
10:07de la campagne en France aujourd'hui ?
10:08Qu'est-ce que c'est que la campagne ?
10:10Vous avez fait un écrit, un article, Christophe ?
10:11– C'est un dossier qu'on a intitulé par ailleurs,
10:13en dehors du titre « Ruralité ».
10:14Alors, la « Ruralité », c'est bien embarrassant,
10:16puisque la « Ruralité », c'est devenu presque
10:18une espèce de jargon technique pour ne pas parler
10:21de la réalité anthropologique, poétique, civilisationnelle
10:25de nos campagnes.
10:27Voilà, alors c'est un article…
10:28C'est un dossier très divers.
10:32J'invite tous nos lecteurs à découvrir,
10:35notamment le très grand article de François de Voyer.
10:38– Un très excellent article, en effet.
10:40– Qui est un mélange, qui est une espèce d'hommage paradoxal
10:44à la campagne, mais qui établit des propositions.
10:46Il nous incite à habiter, bâtir, redévelopper.
10:49Donc, c'est quelque chose de…
10:52C'est un air frais, un refuge absolument merveilleux.
10:55Nous avons Xavier Aiman dans son registre à lui,
10:58qui nous fait une jolie introduction,
11:00où il se moque gentiment…
11:01– Des gens qui veulent retourner à la terre, oui.
11:03– De ces bobos un peu déçus, un peu désenchantés
11:05par un retour à la terre un peu fictif,
11:07où ils se rendent compte que les territoires sont en grande difficulté,
11:10mais que le problème est un problème avant tout du cœur humain,
11:13où en fait le paysan imaginaire a disparu,
11:16il n'est plus là.
11:17Et donc, en fait, tout le monde est une espèce
11:19de citadin mondialisé comme un autre.
11:21Donc voilà, c'est un dossier très riche.
11:24Moi-même, j'y contribue un petit peu avec un peu de poésie,
11:26où on revient peut-être à des notions authentiques du Paganus,
11:30c'est-à-dire le poète paysan qui habite sa terre,
11:33qui a une transmission et qui, contrairement,
11:36avec ce thème récurrent évidemment de l'enracinement
11:40plutôt que de l'identité d'ailleurs.
11:41On peut par ailleurs citer le livre de Rémi Soulier,
11:44qui est une nouvelle ébré, et plein de choses comme ça.
11:46– Au fond, on est très loin quand même de la campagne
11:47de Roupenel et de Vinceneau, François.
11:49– C'est la tierce qui se voit qu'on essaye de faire
11:53et de dégager dans le dossier, coincé entre deux visions
11:57de la ruralité qui sont problématiques.
11:59Déjà la question du terme ruralité et territoire aujourd'hui,
12:03qui a évacué le terroir, enfin l'appartenance, le paysage.
12:08C'est comment aménager une campagne qui ne relève pas
12:11totalement artificialisée d'une agriculture industrielle en réalité,
12:16vers laquelle on se dirige, sans protection de nos frontières,
12:20ce qui fait qu'on se dirige vers des fermes méthanisées,
12:23des fermes solaires, des fermes de mille vaches,
12:27totalement artificialisées, et en vis-à-vis,
12:30comment ne pas tomber dans la caricature outrancière
12:33de l'écologie politique.
12:35Pour rappel, l'écologie politique, on s'est tombé il y a 15 jours,
12:39il y a du ramassage scolaire en Bretagne, chez Patrick,
12:42qui se fait avec un cheval de trait.
12:45Et bon, qu'est-ce qu'a fait Émeric Caron et les antispécistes ?
12:48Ils ont fait une grande pétition nationale pour protéger les chevaux de trait.
12:53Donc on essaye de trouver la voie médiane entre la folie furieuse d'Egmer Vert,
12:59tout en défendant une écologie enracinée,
13:02qui est celle de François de Voyer, qu'évoquait Christophe.
13:05François de Voyer fait un retour à la campagne,
13:07puisqu'il a passé un bac agricole, il a refait des études agricultures,
13:12et il nous rappelle ce qu'était la campagne,
13:14et ce qu'elle peut redevenir, mais en évitant, se gardant de l'idéalisation
13:19et de la tentation qu'on nous vend aujourd'hui,
13:21au nom de la mondialisation,
13:23comme on n'a pas sanctuarisé l'agriculture à la différence de l'énergie.
13:27L'énergie ne relève pas de l'OMC, en relation du commerce.
13:30L'agriculture, si.
13:31Donc on est victime d'une concurrence internationale.
13:33Comment on fait pour protéger nos paysans ?
13:34On ne les protège pas.
13:35Le choix qu'on a fait, c'est des fermes XXL.
13:38Donc ça veut dire que nos 500 000 paysans, à horizon de 5 ou 10 ans,
13:42la moitié ne seront pas remplacés, parce qu'ils seront à la retraite.
13:45– Avec une sorte de population, de grand remplacement.
13:49On parlait de Guy Lui, mais Guy Lui a vu ce phénomène se faire dans l'ouest,
13:54dans tout l'ouest de la France, où les campagnes sont en train de se désertifier,
13:58et ce sont les citadins qui viennent s'installer.
14:00Et donc avec le mode de citadins, c'est-à-dire qu'il leur faut la fibre,
14:04parce qu'ils y font du télétravail, donc la campagne telle qu'elle existait
14:09avec ses habitants est en train de disparaître.
14:11– Mais pas que des signaux négatifs, parce que vous voyez, en effet,
14:15il fait le portrait d'une campagne qu'on a idéalisée,
14:18mais en réalité c'est le fornica il y a 50 ans,
14:21et aujourd'hui c'est des distributeurs de pizzas dans les villages.
14:25Donc ne rêvons pas non plus, avec un déplacement automobile,
14:29une dépendance automobile qui est phénoménale, vivant là-dedans, je le vois,
14:33même pour faire 500 mètres, les gens prennent la voiture.
14:35Donc pour amener les enfants à l'école, c'est un kilomètre, on prend la voiture.
14:38Donc ce n'est pas idéalisé, mais néanmoins il y a des opportunités qui s'offrent à nous,
14:42et on essaye de les explorer dans ce numéro.
14:45– Et quelles seraient, pour éclairer un peu nos téléspectateurs,
14:47les vertus d'un retour à la campagne, si ils tentaient que ça puisse exister ?
14:51– Moi je suis passé par là, puisque Patrick aussi,
14:54beaucoup de gens de nos générations passaient la trentaine ou la quarantaine,
14:58surtout quand il y a des enfants, il y a une bascule,
15:00les arracher à la ville, d'abord c'est les arracher à l'enfer,
15:03à l'enfer citadin, à l'enfer des Babylones modernes,
15:06pour leur offrir, on retombe sur du guillouis,
15:10de l'espace et de la séparation,
15:13sauf que guillouis ne veut pas l'admettre, c'est ça quand même,
15:15ce que les gens recherchent c'est de la séparation,
15:17séparation communautaire, culturelle, sociale, ethnique, religieuse,
15:22beaucoup de gens qui ont fait le choix des rurubains,
15:24ce qu'on appelle les rurbains, ou des néo-ruraux,
15:27ils n'en feront jamais l'aveu, parce que beaucoup,
15:28comme il disait Patrick, c'est des bobos qui ont profité du télétravail
15:32pour faire exploser les prix de l'immobilier,
15:34en particulier sur la côte atlantique, là où tu es,
15:37et guillouis de mémoire parle de la Airbnb-sation
15:40des côtes bretonnes, précisément pour cette raison-là.
15:44– Et dont les locaux, eux, n'ont plus les moyens de se loger.
15:47– Les jeunes bretons peuvent plus se loger à la campagne,
15:49sur leur territoire.
15:50– Mais disons aux jeunes bretons qu'il y a une diagonale du ville,
15:53du ville dans laquelle je suis, moi c'est la Bourgogne,
15:56enfin la Basse-Bourgogne, c'est totalement des industries réalisées,
15:58le prix de l'immobilier est très bas,
16:00donc venez vous installer plutôt en Basse-Bourgogne.
16:02– Peut-être que les jeunes bretons vont rester en Bretagne,
16:03ça, François, c'est un peu compliqué.
16:06Mais écoutez, alors oui, vous vouliez parler de Peter Thursin,
16:09parce que vous faites un portrait de cet intellectuel assez méconnu,
16:13pour l'instant, j'ai découvert son existence, en tout cas en lisant « éléments ».
16:17– Est-ce que vous pourriez nous éclairer sur Peter Thursin,
16:19qui a un penseur un peu, pas un collapsologue,
16:22mais un penseur de l'effondrement à sa manière.
16:24– Si, à sa manière, oui.
16:25Peter Thursin, c'est un savant d'origine russe,
16:28qui s'installe aux États-Unis, de formation,
16:30c'est un biologiste qui a travaillé sur les sociétés animales,
16:33et donc le comportement animaux.
16:34Et puis à un moment donné, on a fait le tour,
16:35c'est très bien d'étudier les rats, les fourmis, les oiseaux, etc.
16:39Mais bon, il dégage des invariants.
16:42Et à un moment donné, on est un peu lassé.
16:44Et il s'est dit, pourquoi on n'essaye pas de…
16:46Il renoue avec le structuralisme, au fond.
16:48Pourquoi on n'essaye pas de dégager des invariants dans les sociétés humaines ?
16:51Donc de grands… même pas des cycles,
16:54c'est des grandes étapes qui scandent la vie et l'effondrement des sociétés.
16:59Donc il s'est intéressé…
17:01Il a réuni un matériau phénoménal, grâce au moteur de recherche,
17:04grâce au big data,
17:05et il a réuni à peu près 10 000 ans d'histoire et 700 civilisations.
17:08700 civilisations, 10 000 ans d'histoire,
17:10et qu'il a foutu dans un ordinateur, dans des machines,
17:12pour essayer d'en tirer des lois de l'essor des civilisations
17:16et du déclin des civilisations.
17:18Et il retient deux facteurs, moi, qui me semblent très originaux
17:20et très nouveaux, en tout cas.
17:21C'est la surproduction d'élites.
17:25Dans l'absolu, ce n'est pas que c'est totalement original.
17:27Simplement, il fait un focus très fin sur ce qu'il appelle
17:30la surproduction d'élites.
17:31Et il montre que l'effondrement des sociétés,
17:33souvent, ou en tout cas les révolutions,
17:35ce sont des guerres où la force d'appoint, c'est le peuple.
17:38Mais ça n'est qu'une force d'appoint.
17:39En réalité, c'est un discours anti-populiste, à sa façon.
17:41Le peuple n'est là que pour être l'auxiliaire d'une classe sociale,
17:44les élites, parce qu'il y a un conflit intra-élite.
17:47Il donne l'exemple de MeToo.
17:48MeToo n'a pas du tout affecté l'électorat populaire.
17:51La caissière, ça n'intéresse absolument pas à MeToo, je veux dire.
17:54Donc ça n'a affecté qu'une lutte inter-élite,
17:58donc au sein des élites, parce qu'il y a quantité d'élites,
18:03donc surproduction d'élites universitaires,
18:05fait qu'il y a quantité d'étudiants, de Bac plus 5, Bac plus 7,
18:09tout ce qu'on voudra, qui sont sous-employés.
18:11Donc ça nourrit une rancœur, ça nourrit un ressentiment.
18:14Ça recoupe les travaux d'Augustin Cochin, surtout de Cochin,
18:19qui avait travaillé sur l'évolution française,
18:20et qui avait montré que l'évolution française n'aurait pas pu avoir lieu
18:22sans les notaires de province, sans les avocats un peu,
18:26les avoués de province un peu ratés, les médecins, les pharmaciens.
18:30Donc c'est vraiment, c'est un bouquin qui s'appelle
18:31« Le chaos qui vient aux cherches-midi ».
18:33Ça a tous les défauts des livres américains,
18:35c'est l'histoire quantitative, un peu structuraliste.
18:37– C'est tout fu.
18:38– Mais en même temps, ça a tous les avantages et les qualités
18:40des bouquins américains, c'est vivant, drôle,
18:42avec des exemples percutants.
18:44Donc je le recommande à nos auditeurs.
18:45– Le chaos qui vient aux cherches-midi.
18:47– Le chaos qui vient aux cherches-midi.
18:48À propos de chaos, François, vous venez…
18:50J'y reviens, parce que c'est un livre important, je pense,
18:53« Le racisme anti-blanc », « L'enquête interdite ».
18:55On entend, à la faveur de la mort de Jean-Marie Le Pen,
18:59on a entendu, vous savez, cette phrase,
19:00« A Mante-la-Jolie, j'ai de faire courir, tu vas avoir vos cas là-bas ».
19:03Mais il se trouve que dans nos banlieues,
19:05la phrase qu'on entend le plus souvent, c'est
19:07« Je vais te faire courir sale blanc », en quelque sorte.
19:10Est-ce que vous pourriez nous parler très brièvement ?
19:12Il nous reste sept minutes, on a encore quelques petits sujets à pointer,
19:14mais du livre, de son écho, parce que nous sommes ici entre nous à Élément.
19:19Je vous vois sur CNews, dans le journal du Dimence.
19:22Est-ce qu'en dehors d'ailleurs des médias un petit peu « dissidents »,
19:26même si CNews est un média grand public, vous arrivez à toucher votre public ?
19:30– Non, non, non, le bouquin ne sort pas de…
19:31– Ils touchent son public, oui.
19:32Le bouquin, pour le moment, ne sort pas de la ré-infosphère, plus Bolloré.
19:36Alors Bolloré était la nouveauté pour beaucoup d'entre nous.
19:39Bolloré, c'était Rhin.
19:41Si, Marianne, oui exact, Marianne.
19:44Si, à Marianne et Rachel Binas, on a fait un débat avec Kevin,
19:47merci, Daoud, avec Kevin, beaucoup, victoire.
19:51Mais néanmoins, cela étant dit, néanmoins,
19:53il a quand même du mal à rentrer dans les médias centraux, le livre,
19:56parce qu'il heurte de front une croyance qui est de plus en plus ancrée
20:00dans le système journalistique universitaire, c'est que le racisme anti-blanc n'existe pas,
20:05ne peut pas exister dans un univers dominé par des normes blanches.
20:08Enfin, c'est toutes les théories du racisme systémique,
20:10qui fait qu'on a quand même le plus grand mal depuis dix ans à parler du racisme anti-blanc.
20:13Moi, je rappelle, à la fin du bouquin, les lynchages anti-blancs…
20:20– 2005 ?
20:20– Oui, 2005 et 2006, deux reprises en 2005, deux reprises en 2006.
20:25Ça avait percé le mur médiatique, puisque Le Monde, Paris Match, Libé, Le Figaro,
20:31on avait parlé.
20:32– Même Bernard Kouchner.
20:33– Kouchner, Kouchner, Taghiev, Finkielkraut, pas mal d'intellectuels juifs de gauche
20:40avaient signé une pétition, on défend Kader, on défend Samuel,
20:47enfin un prénom…
20:49– Bruckner avait signé, oui, mais pas Sébastien.
20:52Mais pas Sébastien, et de fait, moi je raconte des scènes de lynchage,
20:56dont une qui n'a pas du tout, en 2006, qui n'a pas du tout été médiatisée,
20:59encore pire que celle qui a eu lieu où Paris Match a pris des photos.
21:04Pour vous répondre à votre question, oui, c'est un sujet vraiment important,
21:07mais vite fait, jusqu'à présent, il y avait eu un seul livre d'enquête,
21:10mais très frustrant, très petit, de Tariq Hildis, qui est un sociologue,
21:13qui avait recul des témoignages sur le Bondi blog, il y a 15 ans de cela,
21:17mais il n'y avait rien, quoi.
21:19Donc franchement, c'est un travail pionnier, je le défends,
21:23et qui te prend à la gorge, parce qu'on est…
21:26– Qui te prend à la gorge, en effet, écho assez émouvant,
21:28quand on regarde un peu sur les réseaux sociaux,
21:30ou qu'on entend parler de ce livre, que ça libère la parole aussi.
21:33Je pense que c'est le but, est-ce que le but, au fond, François,
21:35ce n'est pas que tu fasses de ce livre une arme pour qu'il y ait un MeToo ?
21:39– Ah oui, mais moi j'aimerais bien, j'ai fait une vidéo là-dessus,
21:42pour un appel à témoins, sans basculer dans un phénomène de victimisation.
21:46– Est-ce que vous l'avez reproché, Julien Rojdy, d'ailleurs ?
21:48– On me l'a souvent reproché, mais en même temps,
21:51ça m'est reproché par Rojdy, par Paul Sugy, ou Figaro, ou d'autres,
21:55mais c'est parce qu'ils n'ont pas été à la place des gars dont je parle,
21:58ou des filles dont je parle, on a tellement peu intériorisé la victimisation
22:02qu'il faut aller vraiment aller chercher les témoins, presque avec les dents,
22:05parce qu'ils ne veulent pas témoigner,
22:07parce qu'ils n'arrivent pas à se mettre dans la peau d'une victime.
22:11Moi j'ai un témoin…
22:12– Peut-être quelque chose de peu gratifiant,
22:13si le presse compte eux, de la part d'une victime.
22:15– Oui, mais à un moment donné, il faut se confronter à la vérité,
22:18et ne pas se réfugier dans le déni.
22:19Moi j'ai un témoin à Bourg de péage,
22:21qui est juste en face de Romand-sur-Isère, juste en face.
22:23Le gars, il a 26 ans, il est livreur,
22:25et il s'est fait massacrer la gueule quand il avait 16 ans
22:27par des afro-maghrébins du quartier de l'horloge à Romand-sur-Isère.
22:35Et il me dit la chose suivante, il y a 10 ans,
22:37c'était l'âge pour moi de témoigner, c'est l'âge, je n'aurais pas voulu.
22:41Et bien 10 ans après, après le meurtre de Thomas,
22:43c'est l'âge de ne pas témoigner.
22:45Le témoignage est bouleversant, parce que le gars, ça a un chauffeur-livreur,
22:49il n'a pas de code culturel qui lui permettent…
22:51Puis il y a un vide identitaire au départ.
22:53Il y a plein de témoignages comme ça, c'est qu'on a lâché…
22:55Quand je parle du séparatisme, tout le monde se sépare, tout le monde se sépare.
22:58Et moi, je parle des gens qui n'ont pas pu se séparer, voilà.
23:01Des derniers blancs qui étaient aux Ulysse, à Évry, aux Mureaux, etc.,
23:06qui n'ont pas pu quitter ce qu'ont fait tous les autres, le white flight,
23:10l'exil pavillonnaire, s'acheter un pavillon à crédit
23:13et s'endetter pendant 20 à 30 ans.
23:15– Ça correspond aussi à une sorte de lutte de classe,
23:17parce que dans vos témoignages, c'est le petit blanc, c'est des…
23:20– Oui, c'est le petit blanc, c'est exact.
23:21– C'est pour ça qu'on commence à le voir,
23:24parce que ça rentre dans les centres-villes aujourd'hui.
23:27Et puis, parfois, par le ramassage scolaire,
23:29il y a des gens qui ne sont pas forcément des petits blancs,
23:32qui dans le ramassage scolaire sont embarqués avec…
23:34C'est un truc fascinant, le ramassage scolaire.
23:35J'ai des témoignages sur le ramassage scolaire
23:37que je n'ai pas dans le bouquin, dans des bourgs de 2500 personnes.
23:41Les types, leur hantise, le matin, c'est de rentrer dans le car
23:44et qu'il n'y ait pas de place devant, c'est leur hantise.
23:47Si tout est occupé devant, ils vont au fond et ils se font massacrer.
23:51Le ramassage peut durer 50 minutes, parfois, 40, 50, même une heure.
23:55Il s'arrête, le car s'arrête, machin.
23:58Donc, tout ça, on ne va pas le voir en centre-ville.
23:59– Le chauffeur de bus participe lui-même au racisme anti-blanc.
24:01– Non, il y a eu une vidéo, hier ou avant, il n'y a que ces jours-ci, à Marseille,
24:05une nana qui a…
24:07– Qui est en vêtue ?
24:08– Non, non, non, âgée, qui a remis à sa place plein de petites racailles.
24:14On voit très bien comment ça fonctionne.
24:16Enfin bon, voilà.
24:17– Ils agissent en meute, pour prendre en quelque sorte, en meute.
24:20Ce racisme intéressant peut aussi provoquer un réveil identitaire
24:24chez certaines de ces victimes, qui ne savent pas,
24:26et c'est l'objectif qui se découvre parce qu'il y a une possibilité.
24:29Malheureusement, c'est la simulation en envers.
24:30Moi, je vois de plus en plus dans le métro, des filles aux yeux bleus,
24:34parfois très jolies d'ailleurs, rarement, mais parfois très jolies,
24:37ça arrive avec le voile.
24:38– Moi, dans le TER, Patrick m'a fait surre ce matin,
24:42enfin ces jours-ci, un témoignage qu'on a reçu d'un Français qui est jeune,
24:46qui est étudiant, qui est parti en Asie.
24:48Lui, il est né à Champigny-sur-Marne, dans une famille de cinq personnes.
24:51Je vais le contacter, merci Patrick.
24:53Un frère drogué, frère aîné drogué qui est le modèle,
24:56le frère cadet converti à l'islam.
24:58Parce qu'il n'y a pas d'autre solution.
25:00Je veux dire, pour eux, il n'y a pas d'autre solution.
25:02Ou alors la fuite.
25:03Ceux qui font le nombre de témoins qui se sont barrés, c'est sidérant.
25:07Espagne, Italie, il y a des pays, je ne peux pas dire,
25:09en Europe, parce qu'ils ne veulent pas que je le dise,
25:12et certains même à l'autre bout du monde.
25:14– C'est des théories d'Hirschmann, exit voice loyalty,
25:17en cas d'affrontement, on parle, on fuit.
25:19– On fuit, c'est la fuite, je la reprendrai.
25:20Merci Daoud, je la reprendrai.
25:22– Et nous, ce qu'on veut, c'est précisément qu'ils aillent au combat.
25:26– Puisque notre ami, c'était Jean-Paul II, il faut dire,
25:30n'ayez pas peur, entrer dans l'espérance.
25:32Après ces témoignages, il faut quand même espérer,
25:34et j'espère qu'Elément permet d'espérer un avenir pour notre civilisation.
25:38En attendant, je vous retrouverai dans deux mois pour parler du prochain numéro,
25:42et avant moi, vous aurez le plaisir de retrouver notre ami Patrick Luzincky
25:45pour cette année-là.
25:47Cher Patrick, nous verrons de quoi vous allez nous parler dans un mois.
25:50Merci à vous, bonjour, bonsoir, au revoir,
25:54et bon courage, tenez bon, au revoir.
25:55– Sous-titrage ST' 501

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