Regardez L'invité de Yves Calvi du 27 mai 2025.
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00:00Yves Calvi, Aude Vernuccio, RTL Soir, jusqu'à 20h.
00:03Il est 18h18, bonsoir Antoine Armand, vous êtes député macroniste de Haute-Savoie,
00:09notre ancien ministre de l'économie.
00:10Merci de prendre la parole ce soir sur RTL.
00:13Un effort à tous les Français le plus juste possible.
00:16C'est ce qu'on retient des annonces du Premier ministre François Béroud ce matin.
00:19Vous avez compris quelle forme ça pouvait prendre ?
00:22Je n'ai pas tout à fait compris la forme que ça pouvait prendre, pour être très honnête avec vous.
00:26Je pense qu'il faut dire les choses très clairement.
00:27Soit il s'agit d'une augmentation d'impôts pour les Français, pour les Français qui travaillent,
00:32pour les Français qui ont du mal à boucler les fins de mois.
00:34Et ça ne peut pas être acceptable, parce que nous sommes déjà le pays qui taxe le plus au monde.
00:38Soit ça veut dire, pour les dépenses sociales, pour les dépenses de santé,
00:42pour les dépenses publiques qui ont un impact sur nos concitoyens,
00:45mais qui sont d'abord les dépenses de l'État, on va faire un effort.
00:48Et là, dans ce cas, oui, c'est de salubrité publique.
00:51Si on veut inclure tout le monde pour un effort de ce type, il n'y a pas 36 solutions, nous sommes d'accord.
00:55En tout cas, il est difficile de ne pas penser à la TVA sociale.
00:58Vous aussi, j'imagine ?
01:00La TVA, dite sociale, c'est-à-dire l'idée qu'on va réduire le coût du travail,
01:04qu'on va réduire cette fameuse différence entre le salaire brut et le salaire net,
01:07qui fait qu'à la fin du mois, quand vous regardez votre feuille de paye,
01:10le salaire brut est élevé et puis le salaire net, il est beaucoup plus bas.
01:14Réduire cette différence et la compenser par de la TVA,
01:18pourquoi pas si ça fait gagner du pouvoir d'achat et si c'est à l'euro près.
01:22Mais sûrement pas augmenter les impôts et augmenter la TVA pour réduire le déficit.
01:27Ça, ça ne peut pas être la solution.
01:29On est déjà le pays qui taxe le plus dans le monde.
01:32Si les impôts, c'était la solution pour la France, je pense qu'on l'aurait déjà trouvé depuis longtemps.
01:36Je cite le Premier ministre.
01:37« Au début du mois de juillet, je proposerai aux Français un retour à l'équilibre des finances publiques sur trois ou quatre années ».
01:43Là aussi, les choses sont claires, non ?
01:45Oui, le Premier ministre a raison de proposer quelque chose d'aussi ambitieux.
01:48En réalité, c'est extrêmement ambitieux parce qu'aucun gouvernement jusqu'ici n'a réussi à proposer un retour à l'équilibre en si peu d'années.
01:56Donc, ça veut dire des dizaines, des centaines de milliards d'euros, en réalité, sur plusieurs années d'économie.
02:01L'idée, elle est excellente. L'ambition, elle est nécessaire.
02:04Maintenant, comme on disait au cours de physique, il va falloir passer aux travaux pratiques.
02:07J'entends bien. Alors, il va falloir faire attention de ne pas faire exploser les pipettes des travaux pratiques.
02:12Mais revenir à l'équilibre, trois ou quatre ans sans augmenter l'impôt sur le revenu, c'est un vœu pieux.
02:17L'impôt sur le revenu, en réalité, ce n'est pas l'impôt qui rapporte le plus au gouvernement.
02:22C'est pour ça que j'entends que d'autres pistes sont sur la table.
02:25Le fait est que nous avons, aujourd'hui, le taux de dépense publique le plus élevé de l'Union européenne.
02:30On taxe le plus et on dépense le plus.
02:32Donc, ça veut évidemment dire qu'il faut travailler sur nos dépenses publiques,
02:35sur la suradministration, sur les dépenses sociales et de santé qui ne sont plus soutenables.
02:40C'est difficile à dire. C'est encore plus difficile à faire.
02:42Je suis bien placé pour vous le dire.
02:43Mais c'est absolument indispensable.
02:45Oui, mais excusez-moi, j'ai entendu tous nos ministres de l'économie tenir ce type de propos.
02:49Vous l'avez été vous-même et, au bout du compte, on continue de dépenser
02:54parce qu'en fait, la société française s'y est préparée et s'y est habituée,
02:58même si c'est une drogue dangereuse, non ?
03:01Mais c'est une drogue dangereuse et, malheureusement, c'est une drogue
03:03qui est entretenue par une partie de la classe politique.
03:07Pourquoi est-ce que le gouvernement de Michel Barnier, auquel j'appartenais, a été censuré ?
03:10Parce que les économies qui ont été proposées ont été jugées insupportables.
03:14C'était simplement pour passer le déficit de 6% à 5%.
03:18Là, on nous dit, et c'est une très bonne chose, on va revenir à l'équilibre.
03:21Mais je dis, allons-y, sur quelles propositions ?
03:24Et est-ce que les partis dits de gouvernement, je pense notamment aux partis socialistes,
03:28vont sortir du déni sur le déficit et du déni sur la dette
03:31et vont accepter des économies ?
03:32Ou est-ce qu'ils vont continuer à demander toujours plus de dépenses ?
03:35Rappelons que le gouvernement cherche 40 milliards d'économies
03:37pour réduire notre déficit et la dette, pour boucler le budget de 2026.
03:42Je ne sais pas, depuis que je suis journaliste, j'ai quasiment toujours connu ça.
03:44Oui, et vous avez sans doute connu des économies qui n'étaient pas,
03:49comme on dit vulgairement, documentées.
03:51Ça veut dire qu'on vous dit qu'on va faire des économies,
03:53mais on ne vous dit pas les objets, on ne vous dit pas les réformes.
03:55En fait, la réalité, c'est que si vous voulez faire des économies,
03:58c'est des mesures qu'il faut prendre, c'est des choses concrètes qu'il faut changer.
04:01Regardez ce qui se passe en ce moment sur le transport sanitaire des taxis.
04:04Le fait que la Sécurité sociale rembourse la totalité des taxis
04:08quand on a une consultation ou quand on a besoin d'aller à l'hôpital.
04:12Ça a augmenté de plus de 50% en quelques années.
04:15Maintenant, c'est 4 milliards d'euros par an.
04:17Donc, si vous avez une mesure concrète, oui, vous faites des économies.
04:20Si vous vous contentez d'afficher des grandes masses,
04:22évidemment, à la fin, ça ne marche pas.
04:24Ce qu'attendent les Français, c'est qu'on fasse des propositions
04:26sur l'administration, sur le nombre d'emplois publics,
04:29sur notre capacité à dépenser moins en interne
04:32et sur les dépenses sociales et de santé.
04:34Je précise que le Premier ministre promet qu'il ne ciblera pas
04:36une catégorie des Français à l'exclusion des autres.
04:39C'est du Bayrou dans le texte, évidemment.
04:41Mais c'est pour ça que tout le monde s'attend, en fait,
04:42à une vraie TVA sociale, puisque ce serait, d'une certaine façon, logique.
04:47À nouveau, si l'idée, c'est de dire
04:49« On va réduire les cotisations parce que le travail ne rémunère pas assez en France
04:53et parce que, comme le disait Gabriel Attal en début d'année,
04:55c'est le travail qui est le plus taxé en France,
04:58plus que le capital, plus que les retraites. »
05:00Pourquoi pas si c'est pour que le travail paie mieux ?
05:02Mais si on dit « Demain aux Français, vous allez payer plus cher dans la rue,
05:05dans les supermarchés, dans les magasins. »
05:08Pourquoi ? Pour réduire un tout petit peu le déficit de l'État.
05:11Les Français ne seront pas d'accord, moi non plus, et ils auront bien raison.
05:13Sur son site, le ministère de l'Économie, que vous connaissez bien,
05:16explique que la taxe sur la valeur ajoutée
05:18est un impôt général sur la consommation.
05:20C'est un impôt juste ou injuste ?
05:23C'est un impôt sur la consommation.
05:24Vous imaginez bien que si vous deviez appliquer un taux de TVA à chaque personne
05:30en fonction de son nombre d'euros gagnés à la fin du mois,
05:33ce serait simplement impossible.
05:34C'est pour ça que tous les pays appliquent la taxe sur la valeur ajoutée,
05:38un pourcentage.
05:39Les produits de première nécessité en France, c'est 5,5%.
05:41Les produits communs, c'est 20%.
05:43Il y a beaucoup de taux.
05:45C'est ça la difficulté avec un impôt sur la consommation.
05:47À nouveau, si on préfère taxer plus la consommation que le travail,
05:50pourquoi pas ?
05:51C'est même plutôt une bonne idée de redonner de la rémunération au travail.
05:54Mais ne disons pas que c'est avec plus d'impôts
05:56qu'on va rétablir les comptes publics.
05:58Sinon, à nouveau, la France serait championne de l'équilibre budgétaire depuis 50 ans.
06:01Oui, en effet. La CGT évoque une supercherie, un impôt antisocial et une vieille arnaque.
06:06Vous choisissez quelle explication, vous ?
06:09Je crois que la CGT est un partenaire social et qu'en France, comme dans tous les pays européens,
06:13on a besoin que le paritarisme joue son rôle.
06:16C'est-à-dire que le paritarisme pose la question, les syndicats de patrons, d'employés,
06:20de comment on revient à l'équilibre sur les retraites,
06:22comment on revient à l'équilibre sur l'assurance maladie.
06:24Et si ça doit mobiliser d'autres impôts, à la limite, pourquoi pas que le débat soit mis sur la table ?
06:29Mais se contenter de critiquer sans être jamais capable de proposer autre chose
06:32que la retraite à 60 ans, les 35 heures, voire les 32 heures, évidemment que ce n'est pas viable.
06:37Ça nous prépare un bon climat quand même pour la conférence sociale à venir, non ?
06:41Ça veut dire que quand on fait une conférence sociale,
06:44et je crois que c'est le fait du Premier ministre,
06:46où il doit vraiment donner les moyens aux partenaires sociaux.
06:49C'est-à-dire qu'on doit leur donner les possibilités de faire les réformes,
06:52les mesures qu'ils souhaitent, c'est leur rôle, mais avec un objectif clair.
06:55Ça ne peut pas être de dépenser 30 ou 50 milliards de plus.
06:58Sinon, on aggrave le problème.
06:59Donc avec un cadre clair, on peut avoir, de la part des partenaires sociaux,
07:03un travail de qualité qui peut mener au retour à l'équilibre,
07:05si chacun joue son rôle de responsable.
07:08Toute dernière question, le Premier ministre a suggéré l'idée d'un référendum sur les finances publiques.
07:12Qu'en pensez-vous ?
07:13Visiblement, le président Macron n'est pas emballé.
07:16Ça dépend de ce qu'on met derrière.
07:19Si l'idée, c'est de mettre une règle d'or à l'Allemande en disant, par exemple,
07:23qu'on n'a pas le droit de dépasser un certain déficit,
07:25si l'idée, c'est de dire que sur 5 ou 10 ans, vous le mentionniez tout à l'heure,
07:29on va revenir à l'équilibre, pourquoi pas ?
07:31C'est même plutôt une bonne idée.
07:33Si, en revanche, on espère remplacer le budget par un référendum,
07:36ça, on voit bien qu'on n'aura à la fin ni le budget, ni l'accord des Français.
07:40Merci beaucoup, Antoine Armand, député Macroniste de Saovoie,
07:42ancien ministre de l'Économie sous Michel Barnier.
07:44Et je le rappelle, dans quelques minutes, le journal de 18h30,
07:48puis dans RTL Inside, suite de notre série En Retour vers Munich,
07:52En Route, pardonnez-moi, En Route vers Munich,
07:54J-4 pour le Paris Saint-Germain avant la finale de la Ligue des Champions,
07:57et une rencontre ce soir avec un supporter pour qui ce match tombe extrêmement mal.
08:02Vous allez comprendre pourquoi, dans quelques minutes.
08:04Aude Vernuccio, Yves Calvi,
08:07RTL Soir.