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  • 27/05/2025
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Gustavo Kuerten a réalisé l’un des parcours les plus légendaires en 1997 pour remporter Roland Garros alors qu’il était 66ème mondial. Loin d’être un exploit isolé, le Brésilien a réitéré en gagnant à nouveau en 2000 et 2001. Mais Kuerten est aussi connu pour sa générosité sur le court et le lien fort qu’il a tissé avec le public.

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#Kuerten #RolandGarros #GustavoKuerten

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00:00 : Introduction
02:33 : Un inconnu du circuit
04:41 : Puis un Roland légendaire
07:45 : Toujours plus haut
11:00 : Des blessures et une chute brutale
14:35 : Un exploit inégalé

Catégorie

🥇
Sport
Transcription
00:00Imaginez la scène. On est en mai 1997. Le public parisien découvre un Brésilien inconnu,
00:06aux boucles d'or et aux sourires d'enfants. Le jeune homme âgé de 20 ans est classé
00:1066ème mondial. Aucun titre ATP, aucune expérience en grand chelème. Il s'appelle Gustavo
00:15Querten. Il débarque à Roland-Garros avec sa nonchalance solaire, son revers à une
00:19main d'une pureté rare et ce relâchement qui détonne. Et puis il joue et il bat.
00:23Mais pas n'importe qui. Thomas Muster d'abord, le monstre autrichien, vainqueur du tournant
00:28en 1995. Puis Kafelnikov, tout simplement le tenant du titre. Et enfin Broguera, double
00:33champion ici même, qu'il pulvérise en finale comme s'il avait déjà gagné le tournoi
00:37dix fois. Un cauchemar pour ses adversaires, un rêve éveillé pour lui. Ce que Querten
00:42réalise cette année-là dépasse le sport. C'est un récit invraisemblable qui renverse
00:46toutes les logiques de classement, de hiérarchie et d'expérience. Un joueur classé au-delà
00:50de la 60ème place mondiale qui terrasse trois grands champions qui ont gagné le tournoi
00:54pour s'offrir la coupe des mousquetaires. A ce jour, c'est encore l'un des exploits
00:58les plus improbables de l'histoire du tennis moderne. Ce sacre de 1997 aurait pu rester
01:03un miracle isolé, un coup d'éclat. Mais Querten a confirmé, il est revenu et il a
01:07regagné Roland-Garros à deux reprises. En 2000, puis en 2001. Il est même devenu
01:12numéro 1 mondial fin 2000. Un exploit rarissime pour un joueur au style si fluide, si instinctif,
01:18loin des machines de régularité qui trustaient habituellement le sommet du classement.
01:21Mais malgré ses titres et l'amour du public, Gustavo Querten n'a jamais eu la carrière
01:25qu'il méritait vraiment. Pas parce qu'il a échoué, mais parce que son corps l'a
01:29lâché. Une hanche qui, dès 2002, commence à grignoter son tennis. Moins de déplacement,
01:34moins d'explosivité, moins de relâchement. Et toute son identité de jeu qui s'effrite.
01:38Il a lutté, lentement, silencieusement, jusqu'à ce que Roland-Garros 2008 devienne
01:43un adieu. Alors aujourd'hui, quand on pense à lui, il y a une forme de gêne, presque
01:47de tristesse. Parce qu'il fait partie de ces champions qui ont touché le ciel sans pouvoir
01:50y rester. Alors aujourd'hui, on prend le temps d'analyser cette trajectoire. Pas juste un coup
01:54d'éclat en 97, mais une histoire d'amour avec Roland-Garros. Un lien rare, quasi mystique,
02:00entre un joueur solaire et un public conquis. Et on va aussi se poser ces questions vertigineuses.
02:05Et si Querten avait eu un corps intact ? Et s'il avait pu affronter Nadal dans ces grandes
02:08années ? Est-ce qu'on aurait encore parlé d'un roi unique à Paris ou d'un duel de titans ?
02:13Parce qu'au fond, les plus grandes légendes, ce ne sont pas toujours celles qui gagnent le
02:16plus. Ce sont parfois celles qu'on a à peine le temps d'imaginer. Et Querten, lui, nous a
02:20laissé un rêve inachevé. Un rêve qu'on va tenter aujourd'hui de raconter.
02:37En 1997, personne ne connaît vraiment Querten. Il est classé 66e mondial et il n'a pas gagné le
02:44moindre tournoi ATP. Il n'a aucune référence sérieuse en grand chelem, donc pour le public,
02:48c'est un nom parmi tant d'autres. Un joueur de passage. Un brésilien sympathique qui
02:52n'a a priori rien à faire dans la cour des grands. A cette époque, Roland-Garros, c'est
02:56le royaume des spécialistes de la terre. Des mousters, des kafelnikov, des brugueras,
03:00des mecs durs, robustes, huilés pour la terre battue. Querten, lui, débarque dans ce décor
03:05avec son look de surfeur, ses bouclettes, ses chaussettes blanches remontées et son insouciance
03:10contagieuse. Il a un air de gamin heureux d'être là. Pas un joueur venu prendre le pouvoir.
03:14Il n'a rien d'un favori. Et c'est peut-être pour ça que tout commence ici.
03:17Parce que parfois, quand personne te voit arriver, t'es libre d'écrire l'histoire
03:21comme tu veux. Et Querten joue comme peu joue sur terre battue. Là où la surface exige
03:25patience, calcul et régularité, lui envoie du lift, de l'angle et du relâchement.
03:30Son revers à une main, c'est une merveille de fluidité. Il peut l'enrouler, le casser,
03:35l'amortir. Et son tennis, c'est une improvisation permanente. Il n'est pas là pour construire
03:39des points comme un bûcheron. Il est là pour créer. Chaque coup semble être une prise de risque
03:43assumée. Chaque séquence, un moment de pur plaisir. Il n'a pas le bagage tactique
03:47d'Ecador. Mais il a autre chose. L'imprévisibilité. La fraîcheur. Et l'innocence. Et surtout,
03:53il joue sans pression. Sans enjeu. Il arrive à Paris sans attente. Sans calcul. Ce qui
03:57paradoxalement le rend dangereux. Pour ceux qui l'ont tout à perdre ici. Parce qu'un
04:01homme qui n'a rien à défendre est souvent celui qui joue le plus librement. Et avant
04:05ce Roland-Garros, Quarten n'a jamais dépassé un deuxième tour en grand chelem. Il n'a
04:08pas non plus de grand sponsor. Il est ce qu'on appelle un outsider absolu. Un joueur discret.
04:13Presque anonyme sur le circuit. Il fait pas de bruit. Mais ce qu'il a, c'est une foi
04:17tranquille en son jeu. Une foi qui ne cherche pas à convaincre. Mais simplement à exister.
04:21Il cherche pas à tout contrôler. Il vient pas pour s'imposer. Simplement pour tenter.
04:25Et dans un tournoi comme Roland-Garros, où la pression broie tant de têtes d'affiches,
04:28cette insouciance va devenir son arme la plus précieuse. Il joue pas pour répandre à une
04:32attente. Il joue pour saisir une chance. Il arrive sans plan, mais avec un feu intérieur.
04:37Un feu que personne n'a vu venir. Et qui dans les jours qui suivent, va embraser tout un tournoi.
04:41Roland-Garros 1997. Le tournoi commence dans un anonymat total pour Querten. Un Brésilien
04:51de 20 ans, sans référence majeure, sans grande victoire à son actif. Premier tour, une victoire
04:56tranquille, propre. Rien qui alerte le monde du tennis. Mais très vite, un truc change.
05:00On sent un relâchement, une aisance nouvelle. Un calme rare chez un joueur aussi peu expérimenté.
05:06En huitième de finale, le tirage lui offre Thomas Muster, l'un des hommes les plus redoutés
05:10sur terre battue. Un monstre physique et le vainqueur de Roland-Garros en 1995, tout simplement.
05:16Un joueur forgé pour Paris. La plupart pensent que c'est la fin de l'aventure, mais Querten entre sur
05:20le cours avec le même regard. La même insouciance. La même audace. Il ne respecte pas les hiérarchies.
05:26Et il ne joue pas contre Muster, mais il joue pour lui. Il impose ses angles, son rythme, son lift.
05:31Et très vite, il fait dérailler la machine autrichienne. Muster est déstabilisé, surpris, agacé.
05:36Querten, lui, reste en feu doux. Il ne s'enflamme jamais. Et c'est peut-être ça le plus impressionnant.
05:41Il bat un monument sans avoir l'air de forcer. Une victoire qui change tout. C'est plus du tout un petit joueur
05:47dans l'imaginaire collectif. C'est un potentiel intrus dans le grand livre du tournoi.
05:51Et le parcours de Querten devient irrationnel à partir des quarts de finale.
05:54Face à lui, Kafelnikov. Le champion en titre. Un joueur complet, puissant, tactiquement solide, capable de résister
06:01à n'importe quel style. C'est le test ultime. Mais Querten ne tremble pas. Au contraire, il s'élève.
06:06Il joue comme un artiste qui tisse sa toile au fur et à mesure. Un revers lâché dans
06:11la diagonale. Une amortie qui casse le rythme. Une montée au filet contre nature sur cette
06:15surface. Tout semble improvisé, mais tout est juste. Là où Kafelnikov s'attend à une
06:19opposition classique, il se retrouve face à un joueur qui ne joue pas selon les règles
06:23établies. Querten casse les codes, refuse la logique du bras de fer et gagne sur l'inattendu.
06:28En finale, c'est Bruguera. Un homme qui connaît Paris comme sa poche. Deux fois vainqueur.
06:33Le genre d'adversaire qui transforme les matchs en marathon mentaux. Et pourtant,
06:37le match ne dure même pas. Querten l'étouffe, l'enferme, le dépasse. Il joue comme s'il
06:41avait toujours été là. Comme si cette finale n'était pas un sommet, mais un terrain
06:45de jeu. Résultat, 6-3, 6-4, 6-2. Un score qui dit tout. Pas une surprise, une démonstration.
06:52Ça y est, le tournoi est à lui, l'histoire aussi. Ce que Querten réalise en 1997 dépasse
06:57la performance. C'est une anomalie statistique. Une entorse magistrale à la logique du sport
07:01de haut niveau. Classé 66ème mondial, sans référence sérieuse, sans titre ATP, il
07:06remporte Roland-Garros. Mais pas en profitant d'un tableau ouvert, non. Il bat dans l'ordre
07:10Muster, Kafelnikov et Bruguera. Trois anciens champions. Trois experts absolus de la terre
07:16battue. Trois murs que personne n'imaginait tomber. Et encore moins face à un inconnu.
07:20Ça, c'est une série de victoires qu'on ne voit que dans les scénarios hollywoodiens.
07:23Et pourtant, c'est arrivé. À Paris. Un joueur venu de nulle part qui fracasse les figures
07:27du tournoi. Le Brésil explose de joie et Roland-Garros adopte directement ce gamin
07:32au sourire désarmant. Et le tennis mondial se fige. Parce que c'est un moment très rare.
07:37Un moment où le sport devient irréel. Un moment où un conte de fées se réalise. Mais
07:41sans qu'on sache encore si c'était un miracle isolé ou le premier chapitre d'une épopée.
07:50Après son triomphe de 1997, beaucoup se demandent si Querten n'était qu'un feu de paille.
07:54Une étoile filante surgit d'un alignement parfait et voué à retourner dans l'anonymat
07:58du circuit. Mais très vite, il va faire taire tous les doutes. Il ne se contente pas de
08:01capitaliser. Il s'impose. Il entre dans le top 10. Il gagne Rome. Il gagne Santiago.
08:07Il gagne Stuttgart. Et surtout, en 2000, il revient à Roland-Garros et n'est plus l'invité
08:11surprise. Il est attendu. Et malgré cette pression nouvelle, il s'impose une deuxième fois.
08:16En quart, il re-baccafé le Nikov. Puis Ferreiro en demi. Et Magnus Norman en finale.
08:21Le Brésilien est encore plus fort, plus mûr, plus solide. Puis vient le coup de grâce.
08:25Une fin de saison exceptionnelle. Une victoire au Masters de Lisbonne. Contre les deux monstres
08:30américains, Pete Sampras et André Agassi, dans un enchaînement d'anthologie. Il finit
08:34l'année numéro 1 mondiale. Un sommet inimaginable pour un joueur considéré comme un pur spécialiste
08:39de la terre battue. Gustavo Querten ne fait plus partie des promesses. Il incarne une vérité.
08:43Il est l'un des meilleurs joueurs du monde. Tout est inconfondu. Et à Roland-Garros,
08:47il ne fait plus rêver par surprise. Il règne. En 2001, Querten revient à Roland-Garros
08:51en favori assumé. Il n'est plus l'invité inattendu. Ni même le champion à confirmer.
08:56Il est désormais le roi en titre. L'homme à battre. Et pendant deux semaines, il porte
09:00ce poids avec élégance. Jusqu'à ce quart de finale face à Michael Russell. Un américain
09:05venu de nulle part. Ce jour-là, Querten est dos au mur. Il est mené. Submergé.
09:09Sur le point de tomber. Il sauve une balle de match dans un moment où tout peut basculer.
09:13Et puis il revient. Point après point. Il remonte, s'arrache et bascule le match.
09:17Ce n'est plus le relâchement de 1997. Ni l'autorité tranquille de 2000. C'est une
09:22victoire à l'énergie. À l'émotion. À l'orgueil. Et quand il soulève le trophée,
09:26il sait. Il sent. Donc il trace ce cœur sur la terre battue à la fin de son match.
09:31Un geste devenu mythique. Pas pour la photo, mais comme un aveu. Comme un acte d'amour.
09:36Ce jour-là, Querten ne gagne pas seulement un grand chelem. Il signe son testament ténistique.
09:40Parce que sans le savoir, il vient de livrer son dernier chef-d'œuvre.
09:43Au-delà de ses victoires et de ses exploits, Gustavo Querten a incarné une autre forme de
09:47grandeur. Une forme qui ne s'exprime pas en chiffres, mais en lien. Avec le public, avec
09:52le jeu, avec l'émotion. Son sourire permanent, sa simplicité désarmante, son fair-play
09:57jamais fin. Tout en lui racontait une autre histoire du tennis. Une histoire où la beauté
10:01du geste prime sur le résultat. Où l'élégance compte autant que la précision.
10:05Querten jouait comme on respire. Naturellement. Avec le cœur. Il n'était pas le plus physique
10:10pas le plus perfectionniste. Mais il avait cette chaleur. Ce supplément d'âme.
10:14Sur un cours, il ne cherchait pas à dominer. Il cherchait presque à émouvoir. Et à Paris,
10:18ce lien avec le public est devenu un fil invisible, mais indestructible.
10:22Les gens ne l'aimaient pas seulement pour ce qu'ils gagnaient. Il l'aimait pour ce
10:25qu'il leur faisait ressentir. Querten, c'est ce joueur rare qui ne fait pas que jouer
10:28au tennis. Il en fait une langue vivante. Un poème sur terre battue.
10:32Au fait, nous c'est Game Set & Talk, on est des passionnés de tennis et on vous raconte
10:36ce sport à notre manière. Alors si c'est un contenu qui t'intéresse, n'hésite surtout
10:39pas à t'abonner à la chaîne et à activer la cloche pour recevoir les notifications
10:42de chaque vidéo qui sort. A noter que je suis en alternance sur la chaîne,
10:45j'essaye de faire croître le projet. Sauf que générer des fonds sur YouTube,
10:48c'est très compliqué. Donc on a mis en place une campagne de financement participatif.
10:52Donc si tu souhaites soutenir le projet et soutenir ma deuxième année d'alternance,
10:55n'hésite surtout pas à faire un don à la hauteur de tes moyens. Le lien du Tipeee
10:58est juste en dessous en description. Merci beaucoup.
11:00A partir de 2002, le corps de Quarten commence à envoyer des signaux d'alerte. D'abord
11:09discret, presque anodin, puis de plus en plus insistant. Sa hanche devient un point de rupture.
11:14Pas une blessure spectaculaire, mais une lente érosion. Une douleur rampante qui déforme
11:19les appuis, qui bride les courses et qui gêne la rotation. Ce qui faisait sa magie, sa capacité
11:23à enchaîner un revers long de ligne avec une facilité déconcertante, devient un effort
11:28constant. Le corps ne suit plus l'instinct, l'élan est contrarié. Et dans un jeu aussi
11:32libre que le sien, la moindre restriction devient un carcan. Il perd en explosivité,
11:37son relâchement naturel se crispe. Et résultat, son plaisir s'érode, et son efficacité aussi.
11:42C'est pas juste une hanche qui souffre, c'est un style qui s'éteint. Une façon de jouer
11:46qui ne supporte pas le compromis. Pourtant, il essaye, il s'accroche, il multiplie les tentatives,
11:50les phases de rééducation, les retours espérés comme des renaissances. Mais le tennis de haut niveau
11:55ne pardonne rien. Surtout pas l'irrégularité. Quarten revient, mais chaque retour est un
11:59peu plus fragile que le précédent. Moins de rythme, moins de précision, moins de cette
12:03spontanéité qui faisait sa signature. Ses frappes sont plus lourdes, ses déplacements
12:07plus hésitants, et ce qui était naturel devient mécanique. Et puis arrive 2008, Roland-Garros,
12:13son jardin. Il y revient une dernière fois. Mais pas pour gagner, simplement pour saluer.
12:17Pour rendre ce que Paris lui a donné. Il entre sur le cours en sachant que ce sera la dernière.
12:22Et tout le monde le sait. Ce jour-là, l'exploit n'est plus dans le score, mais dans le symbole.
12:26Il joue pas un match, il signe un adieu. Un moment suspendu où le tennis, le public et
12:31l'homme se rencontrent une dernière fois. Alors vient cette question vertigineuse.
12:35Et si Quarten avait eu un corps à la hauteur de son génie ? Si il avait pu jouer jusqu'à
12:3930, 32 ans, sans jamais vraiment décliner. Et si ce revers splendide et cette créativité
12:44débordante avait pu affronter la montée de Nadal à armes égales ? Aurait-il été ce rival qu'on a tant
12:49cherché au Mallorquin sur terre battue ? Lui aurait-il volé un ou deux Roland-Garros ? Aurait-il
12:53freiné la dictature que Nadal a mis en place ? C'est une hypothèse qui donne le vertige et
12:57qu'on est en droit de formuler. On imagine ces duels, on projette ces combats de style. Mais
13:01très honnêtement, face au lift de porc que lui aurait envoyé Rafa sur son revers à une main,
13:05je pense pas qu'il aurait pu faire tomber l'Espagnol. Donc Quarten appartient à cette
13:09caste maudite. Celle des joueurs que la douleur a arrêté au sommet. Et paradoxalement,
13:13c'est peut-être ce qui le rend encore plus fort dans la mémoire collective. Il n'a pas eu le temps de
13:17s'user, il est resté pur, lumineux et intact dans nos souvenirs. Parce que son histoire s'arrête
13:22trop tôt, mais du coup elle devient éternelle. Même s'il a quitté les cours depuis longtemps,
13:26Gustavo Quarten n'a jamais quitté Roland-Garros. Chaque année ou presque, on le retrouve en tribune,
13:30les yeux brillants, le sourire toujours aussi large, comme un homme revenu saluer une partie de lui-même.
13:35Il cherche pas du tout les caméras, croyez pas qu'il vient entretenir sa légende chaque année,
13:39pas du tout. Il vient parce qu'il aime ce tournoi, parce qu'il y a trouvé quelque chose de plus grand
13:43que le tennis. Un lien, un ancrage, une reconnaissance sincère. Roland-Garros, pour lui, c'est pas qu'un
13:49souvenir, c'est une maison. Et Quarten, son héritage dépasse les chiffres. Il est dans les regards,
13:54dans les souvenirs, dans cette idée simple qu'on peut gagner avec le cœur. Il a ouvert une voie au
13:58Brésil, dans un pays qui voyait le tennis comme un sport lointain, élitiste. Grâce à lui, des enfants
14:03ont pris une raquette en rêvant de tracer un cœur sur la terre battue. Et Quarten, il a prouvé qu'on pouvait exister
14:08sans détruire, qu'on pouvait toucher sans écraser. Dans un tennis de plus en plus robotisé, Quarten reste
14:14un rappel lumineux. On peut très bien jouer pour créer, pas juste pour vaincre. On peut laisser une
14:18trace sans même empiler les trophées. La preuve, aujourd'hui, son nom évoque bien plus qu'un
14:23palmarès. Il évoque une manière d'être au monde, une élégance intérieure, une fidélité à soi.
14:28Quarten n'est pas seulement un ancien champion, il est devenu un symbole rare, celui d'un tennis qui
14:33n'a jamais oublié d'être humain.
14:38Que Gustavo Quarten a réalisé en 1997 à Roland-Garros tient de l'impossible. Il arrive, classé 66e
14:45mondial, sans repères, sans références, sans expérience au plus haut niveau. Il n'a jamais
14:50gagné un tournoi. Il n'a pas d'entraîneur star, pas de plan média, pas de campagne de communication
14:55autour de lui. Il débarque à Paris comme un inconnu, un joueur presque anonyme dans le
14:59grand tableau. Et pourtant, il repart avec la coupe, après avoir éliminé trois anciens vainqueurs
15:04du tournoi, les uns après les autres, comme si de rien n'était. Donc le parcours de Quarten
15:09a sonné comme une déflagration qui a bousculé les hiérarchies et laisse dans son sillage
15:13une silhouette improbable en bouclettes et sourire XXL. Ce genre d'histoire, le tennis
15:18ne peut plus l'écrire aujourd'hui. Le sport est devenu beaucoup trop contrôlé, beaucoup
15:21trop verrouillé. Aujourd'hui, si on prend le 66e mondial, c'est comme si Rahome Mouniar
15:26battait en quart de finale Djokovic, en demi-finale Alcaraz et en finale Siner pour gagner Roland-Garros.
15:32Impossible. Et bah Quarten, lui, il a profité d'une faille, d'une époque où la magie
15:36pouvait surgir de nulle part. Son sacre, c'est celui de l'insouciance, de la spontanéité.
15:41Et c'est pour ça qu'il est unique. Parce que c'est une histoire qu'on ne reverra probablement
15:44plus jamais. Parce que c'est une anomalie magnifique. Parce que c'est la preuve que
15:48parfois, dans le sport, il existe encore des miracles. Mais l'héritage de Gustavo Quarten
15:52ne se résume pas qu'à ses trois Roland-Garros, ni à sa place de numéro 1 mondial en 2000.
15:57Ce qu'il a laissé derrière lui dépasse les trophées, les lignes statistiques et les points
16:01à TP. Il a laissé une empreinte émotionnelle, une trace humaine.
16:05Quarten, c'était l'idée qu'un champion pouvait être vulnérable, joyeux, solaire,
16:09et qu'il pouvait gagner sans écraser. Qu'il pouvait faire vibrer sans dominer.
16:14Sur un cours, il jouait pas simplement pour marquer des points. Il jouait pour s'exprimer,
16:18pour ressentir, pour partager. Son tennis était un souffle, un geste qui respirait l'authenticité.
16:24Et quand il a tracé ce cœur sur la terre battue après son sacre en 2001, c'était tout sauf
16:28un geste de communication. C'était un remerciement, une offrande. Le dernier geste d'un homme
16:33qui savait que ce moment-là, ce lien avec le public valait autant qu'un titre. D'ailleurs,
16:37ce cœur est tellement iconique que Djokovic lui-même l'a repris quand il a enfin gagné
16:41Roland-Garros en 2016. Et Guga, il a jamais véritablement cherché à être le plus fort,
16:46mais il a été le plus vrai. Et c'est pour ça qu'il reste dans les mémoires. Parce qu'il a transformé
16:49le tennis en émotion brute. Parce qu'il a donné aux fans l'impression de vivre un peu plus fort.
16:54Parce qu'il a montré que dans un sport dominé par la froideur du résultat, on pouvait encore
16:58vibrer pour un revers à une main, pour un sourire sincère, ou alors pour un simple merci
17:03dessiné sur la terre. Et aujourd'hui, alors que Roland-Garros continue d'écrire sa légende,
17:07le tennis cherche encore celui qui pourra un jour faire renaître cette magie, ce frisson.
17:12Alors oui, on a Alcaraz qui a ce côté solaire. Sauf que Alcaraz, c'est tout sauf une erreur.
17:17Il est né pour réussir, pour triompher. Non, il y a un autre nom qui commence doucement
17:21à s'imposer et qui ferait le parfait successeur de Gustavo Kuerten. C'est tout simplement
17:25le jeune brésilien Joao Fonseca. Encore adolescent, il a déjà le feu dans la raquette, l'insolence
17:31du talent, la fraîcheur de ceux qui n'ont rien à perdre. Il est jeune, encore brut, mais
17:36dans chaque interview, dans chaque match, il y a comme un écho, celui de Kuerten. Parce
17:40que Fonseca n'avance pas dans l'ombre d'un champion omniprésent, non. Il avance à la lumière
17:44d'un étage bienveillant, avec moins de pression, mais plus d'inspiration. Kuerten n'a pas laissé
17:49un moule, il a laissé une idée. Celle qu'on peut gagner sans se formater. Qu'on peut toucher
17:54les gens sans tout écraser. Et qu'on peut tout simplement être un champion tout en restant
17:59humain. Donc Fonseca n'a pas besoin d'être le nouveau Guga. Il doit juste se souvenir
18:02que Guga a existé et que sa trajectoire a ouvert une voie. Et dans un tennis devenu de
18:07plus en plus uniforme, cette voie-là vaut peut-être plus que toutes les statistiques
18:10du monde. Donc Gustavo Kuerten, c'est la preuve que le sport ne se réduit pas à un palmarès.
18:14Il n'a pas collectionné les grands chlèmes comme d'autres. Il n'a pas réécrit les statistiques
18:18du jeu. Mais il a fait battre des cœurs. Il a rempli des tribunes de sourire. Et il
18:22a offert à ce sport une chaleur que les chiffres ne savent pas mesurer. Il a rappelé
18:26que le tennis, c'est pas que la conquête. C'est aussi la transmission. Le lien. La beauté
18:30du geste. Et Kuerten, il sera jamais cité par Millegode dans ce fameux débat. C'est sûr
18:34et certain que non. Mais il restera dans les mémoires de ceux qui aiment le sport pour ce
18:38qu'il fait ressentir. Et en plus de ça, il a remporté la plus belle des victoires. Celle
18:42de jamais s'être perdu dans la quête du plus. Alors maintenant que le rideau se referme
18:46sur l'histoire de Kuerten, je vous laisse ouvrir une autre porte. Celle d'un autre
18:50artiste de la terre battue, Guillermo Correa. L'argentin qui lui a frôlé la victoire
18:54à Roland-Garros avant de sombrer dans les blessures et l'oubli. Ciao !
18:58Sous-titrage Société Radio-Canada
19:06Sous-titrage Société Radio-Canada

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