Dans son édito du 27 mai, Étienne Gernelle s'interroge : qui est vraiment le patron du gouvernement ? Selon lui, il n'y a pas un Premier ministre mais trois : François Bayrou, Emmanuel Macron et Bruno Retailleau.
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00:00RTL Matin
00:01Bientôt 7h19 sur RTL, l'édito d'RTL Matin avec vous, Étienne Gernelle.
00:07Qui est vraiment le patron du gouvernement ?
00:10Question ce matin, car pour vous, il n'y a pas un, mais trois premiers ministres.
00:14Oui, que de chefs, que de chefs, c'était frappant hier.
00:17Le ministre de l'Intérieur est allé à la rencontre des agriculteurs qui manifestaient à Paris.
00:20Et à son côté se tenait la ministre de l'Agriculture, Annie Gennevard.
00:24Et ce n'était pas pour parler de maintien de l'ordre qu'il était là, Bruno Trailloux,
00:27puisqu'il a évoqué la souveraineté alimentaire.
00:30Je le cite, je ne veux pas que ce qui est arrivé hier à l'industrie arrive demain à l'agriculture.
00:36Fermez les guillemets.
00:36Dans cette phrase, vous l'avez compris, le mot important, c'est « je ».
00:40Quelqu'un qui n'aurait pas suivi l'actualité aurait pu se dire devant sa télévision
00:43que c'était le premier ministre qui parlait.
00:45Donc, un premier ministre, le vrai, François Bayrou.
00:47Un deuxième, Bruno Retailleau.
00:49Ça fait deux ?
00:50Oui, et trois avec Emmanuel Macron.
00:52Souvenez-vous, il y a deux semaines, le président s'exprimait longuement sur TF1
00:55et loin de se tenir dans la posture surplombante habituelle du président
01:00qui voudrait qu'il s'en tienne aux grands axes
01:02et se concentre surtout sur la politique étrangère et la défense.
01:05Eh bien, Emmanuel Macron avait répondu sur tout, emploi, école, santé mentale, absolument tout.
01:10Il avait réponse à tout, comme à la grande époque, quand on parlait de Jupiter.
01:14Vous vous souvenez qu'il avait l'air d'être le président, le premier ministre
01:17et ministre de tout à la fois.
01:19Et ça peut marcher ce ménage à trois ?
01:21Ah ça, c'est un sujet éternel de la politique.
01:23Vous savez, Georges Clémenceau avait une formule pour ça.
01:26Il disait, pour prendre une bonne décision, il faut être un nombre impair.
01:29Et trois, c'est déjà trop.
01:32Génial cette phrase.
01:34Et le paradoxe, c'est que cet apparent trop plein de chefs
01:36cache une forme de vacances du pouvoir.
01:38Pas de majorité à l'Assemblée.
01:39Une contrainte budgétaire énorme qu'il est difficile de desserrer précisément
01:43parce qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée.
01:46Au fond, ces trois premiers ministres disposent de fort peu de pouvoir.
01:49Et ce sont surtout des candidats.
01:51Des candidats à quoi ?
01:52Alors, Bruno Retailleau, c'est évident, il était un candidat putatif à la présidentielle.
01:56Il veut s'exprimer surtout.
01:58Et hier, devant les agriculteurs, il s'est offert un mini salon de l'agriculture à lui.
02:02Il aurait tort de se priver.
02:03François Bayrou, qui est, rappelons-le, le seul vrai premier ministre des trois premiers ministres,
02:08c'est un peu différent.
02:09Il a une échéance budgétaire à la rentrée avec un énorme risque de censure.
02:13Il est donc candidat à la survie ou, du moins, à effectuer une sortie en beauté.
02:19Et Emmanuel Macron, c'est plus mystérieux.
02:21Il ne peut pas se représenter.
02:22Et l'échéance de 2032, comment dire, c'est tout de même un peu lointain.
02:26Mais candidat, que voulez-vous, c'est une nature.
02:28Et puis, dans le premier ministre, vous savez, il y a premier.
02:30Merci beaucoup, Étienne Jarnel.