Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 26/05/2025
Hugues de Phily, procureur de la République d'Auxerre

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Dans le cimetière d'Émile Louis a rouvré au nord d'Auxerre, une reprise des recherches après celle engagée en septembre 2024
00:06dans l'affaire de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin, potentielle huitième victime du tueur en série Iconet,
00:12mort en prison en 2013. Pour en parler, pour parler de ce gros dossier dans Lyon et d'autres d'ailleurs,
00:17notre invité ce matin est le procureur de la République d'Auxerre.
00:20Bonjour Hugues de Filier. Bonjour.
00:22Des jours intenses démarrent ce matin dans Lyon pour le parquet, pour les enquêteurs.
00:27Ces nouvelles fouilles étaient nécessaires ? On voulait réclamer, notamment du côté des familles des victimes ?
00:33Effectivement, j'ai décidé à la suite des fouilles de septembre-octobre dernier de disjonter de nouvelles campagnes.
00:40C'était effectivement très intéressant, même si les moyens engagés sont très très lourds.
00:46Et il s'agit d'enquêter sur les circonstances de la disparition de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin,
00:53qui a disparu de manière brusque au milieu des années 70,
01:00et dont un morceau du crâne avait été retrouvé fin décembre,
01:06donc dans un petit bois près de Rouvray.
01:09Donc depuis cette découverte, le parquet travaillait avec la gendarmerie
01:16sur l'élucidation de cette disparition.
01:21Il a fallu dans un premier temps essayer de déterminer à qui appartenait ce bout d'os.
01:28Et puis ensuite, ça a été un vrai jeu de piste,
01:30reconstituer petit à petit l'identité de Mme Coussin,
01:35qui, comme beaucoup d'entre nous,
01:38avait, a encore une famille, des descendants,
01:41et qui, oui, de manière très légitime,
01:45cherchent à en savoir plus sur la disparition de leur mère ou de leur grand-mère.
01:51L'enquête, aujourd'hui, ne va pas plus loin que l'identification.
01:55On l'a identifiée, on n'est pas sûr du tout,
01:58on ne sait pas du tout, on ne connaît pas du tout les causes de la mort.
02:01Il n'y a aucun moyen de le savoir pour le moment.
02:04Alors c'est très frustrant, je l'admets,
02:05mais il faut quand même rappeler qu'on part à partir de la découverte fortuite
02:10par un promeneur d'un bout de voûte crânienne,
02:13c'est-à-dire un tout petit bout d'os du crâne.
02:18Et ça a été une véritable prouesse, déjà,
02:20que d'arriver à déterminer l'identité, en fait, de ce bout de crâne.
02:27Des techniques très en pointe, en lien avec l'IRCGN,
02:32c'est-à-dire l'Institut de recherche de la gendarmerie,
02:34ont été mises en avant, ont été expérimentées,
02:38et nous sommes déjà arrivés à ce résultat.
02:41De même que le fait de mettre une identité sur ce morceau de crâne
02:46nous a permis également de mettre une photo dessus,
02:49puisque nous sommes allés rechercher,
02:52dans les archives de l'assistance publique,
02:55le dossier de ces dames,
02:59qui avait été suivi par le conseil départemental.
03:02À l'époque, on n'appelait pas ça comme ça,
03:04mais peu importe, elle était accompagnée.
03:07Et nous avons pu retrouver une photographie
03:10que j'ai fait présenter à la famille,
03:14qui, je pense, pour certains d'entre eux,
03:16ont pour la première fois découvert le portrait de leur ascendante.
03:20Les soupçons qui pèsent sur Émile Louis dans cette disparition,
03:23aujourd'hui, ces soupçons ne sont étayés que par la zone
03:26dans laquelle on a retrouvé le crâne,
03:28ou est-ce qu'il y a un profil aussi de la victime ?
03:31Il y a une disparition inquiétante, brusque,
03:35dans une zone où, normalement, on ne va pas se promener sans raison.
03:40Et évidemment, c'est des choses qui interrogent,
03:43de même que le secteur géographique.
03:47Cela dit, et là, je parle en tant que magistrat d'un point de vue judiciaire,
03:51je ne peux pas étayer avec certitude la piste Émile Louis.
03:55Je peux juste avoir des suppositions, comme chacun d'entre nous.
03:59Vous écoutez ici, Auxerre, il est 8h17.
04:01Hugues de Philly, procureur de la République d'Auxerre,
04:03est notre invité ce matin.
04:05Quand on démarre de telles fouilles, de telles recherches,
04:07avec un dispositif très lourd,
04:10est-ce qu'on fait aussi une addition de ce que ça va coûter ?
04:13On fait une addition parce que tout est financé
04:16par la Cour d'appel de Paris, en fait,
04:19dont le tribunal judiciaire d'Auxerre dépend.
04:23Et cela coûte cher, très très cher.
04:26On est pratiquement à 100 000 euros de frais de justice.
04:29Les frais de justice, ce sont les dépenses
04:32qui sont occasionnées pour les investigations
04:34et qui sont intégralement financées par la justice.
04:40C'est très légitime, et je ne regrette pas un seul instant,
04:44et j'ai été soutenu en cela par la procureure générale de Paris.
04:50Je ne le regrette pas un instant,
04:52car il y a une soif extrêmement légitime
04:55de la part des familles de savoir,
04:57de connaître les circonstances de cette disparition.
05:00Mais oui, tout cela a un coût très conséquent.
05:03Mais c'est 100 000 euros jusqu'à présent
05:05ou 100 000 euros avec les recherches qu'on démarre ?
05:08100 000 euros pour cette seule campagne de fouilles.
05:10Ok, d'accord. On a retrouvé la dernière fois
05:13lors de la précédente campagne de fouilles
05:16des éléments de vêtements, on va dire.
05:20En tout cas, quelques éléments comme ça.
05:22Est-ce que ce sont des éléments qui ont parlé,
05:24qui ont dit quelque chose ou rien du tout ?
05:26Alors, on a retrouvé lors de la dernière campagne
05:28des bouts de vêtements des années 70,
05:33quelques pièces, quelques éléments
05:35qui, effectivement, pouvaient interroger.
05:39Mais on n'a pas pu établir avec certitude
05:42qu'il y avait un lien avec Mme Coussin.
05:45Hugues Defillier, aujourd'hui,
05:46c'est aussi une journée importante pour vous,
05:47car une table ronde sur la protection des mineurs
05:50dans Lyon est organisée.
05:51Les élus ont besoin d'être accompagnés
05:53pour mieux protéger les enfants,
05:55les ados de situations dangereuses.
05:57Ils ont besoin d'avoir des clés,
05:59de savoir comment ils peuvent intervenir ?
06:02Alors, je crois qu'aujourd'hui, la justice des mineurs,
06:05c'est-à-dire des moins de 18 ans,
06:06elle est très méconnue,
06:07elle soulève beaucoup de fantasmes,
06:10beaucoup d'idées fausses,
06:12beaucoup de préconçues.
06:13Je rappelle que, en Lyon,
06:14la justice des mineurs,
06:16elle est concentrée à OCR,
06:17c'est-à-dire que le tribunal de l'OCR
06:18a compétence départementale
06:19pour l'ensemble du département.
06:23Cette justice des mineurs,
06:24elle se caractérise déjà en premier lieu
06:26par l'enfance en danger,
06:28une enfance qui est très malmenée,
06:30très bautée par les hasards de la vie.
06:34Et nous avons remarqué,
06:37au fil de nos dialogues avec les élus locaux,
06:39qui sont des observateurs formidables du terrain,
06:44qu'il y avait une grande attente dans ce domaine
06:47et que nos partenaires institutionnels
06:51avaient du mal à faire face,
06:54à réagir face à certaines situations
06:56qui pouvaient être judiciarisées.
06:58Donc nous avons eu envie de leur donner
06:59des clés d'interprétation, en fait,
07:03de ce qu'ils pouvaient vivre
07:04et de leur donner des solutions.
07:06Nous avons invité le conseil départemental,
07:08qui a une compétence majeure
07:10en termes d'enfance en danger,
07:13mais également la protection judiciaire,
07:15la jeunesse,
07:16qui, c'est plus méconnu,
07:17s'occupe aussi d'enfance en danger
07:18et qui s'occupe en premier lieu
07:21de l'enfance délinquante,
07:24des jeunes délinquants.
07:25Donc nous avons réuni tous ces institutionnels
07:29et nous allons les confronter
07:33à un certain nombre de cas pratiques.
07:36Voilà.
07:36Le soutien des élus,
07:37c'est une priorité pour vous,
07:40c'est une préoccupation permanente.
07:41Les élus, les maires sont officiers de police judiciaire.
07:44On le devient quand on est élu,
07:46on n'a pas forcément toutes les clés,
07:47toutes les connaissances, etc.,
07:49pour exécuter correctement ces fonctions-là.
07:52Vous les aidez en permanence ?
07:54Il est essentiel pour nous
07:56de travailler avec les élus
07:57parce que, comme je le disais,
07:59d'abord, ce sont nos premiers observateurs
08:02et puis ensuite,
08:03ils ont besoin eux-mêmes d'être informés
08:05de ce qui se passe d'un point de vue judiciaire
08:08dans leur commune.
08:09Donc oui, effectivement,
08:11depuis plusieurs années,
08:13maintenant, tout a commencé
08:14avec les programmes justice de proximité
08:16voulus par le précédent garde-essorique
08:20Dupont-Moretti,
08:21nous avons mis en place,
08:22notamment,
08:23des journées de formation
08:25pour les élus.
08:26Donc celle qui a lieu cet après-midi,
08:28eh bien, n'est pas la première.
08:31Et nous avions mis en place
08:32une formation des élus
08:34à la technique de rédaction
08:35des procès-verbaux.
08:37Nous les accueillons également
08:38pour des journées d'immersion
08:39à vivre au sein de la permanence pénale
08:43et puis au cours d'une audience.
08:45Merci, Hugues de Filipe,
08:46procureur de la République d'Auxerre.
08:47Merci d'avoir été en notre compagnie ce matin.
08:49Bonne journée.
08:49Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations