Attaques du loup, Sébastien Hennon, le sous préfet d'Avallon

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00:00Depuis le début de l'année, nous en sommes à 41 constats réalisés par l'OFB, dont 21 attribués aux loups,

00:067 en attente de résultats, ce qui fait à peu près 73 ovins tués ou blessés.

00:12Comment on explique cette recrudescence, cette augmentation ?

00:16Cette recrudescence, elle n'est pas uniquement propre au département de Lyon.

00:19Cette recrudescence est vraiment nationale.

00:21On le voit déjà sur les départements Limitrof, l'Aube, la Côte d'Or et la Nièvre,

00:25dans des secteurs qui n'avaient jamais été touchés, là le sont aujourd'hui.

00:28Donc vraiment, aujourd'hui c'est national.

00:31Dans le département, malgré tout, la situation est différente, puisque la présence du loup est effective depuis 2018.

00:38Les éleveurs se sont protégés depuis cette date, ce qui fait que malgré tout, l'impact est moindre par rapport à ailleurs.

00:44Mais il est présent.

00:45Ils se sont protégés, alors pour se protéger, il y a plusieurs solutions ?

00:48Des solutions viables pour ces éleveurs ?

00:51Oui, c'est une combinaison de plusieurs solutions.

00:54Vous savez, si je parle en termes techniques, il y a différents types de cerclage, ce qui va de 1 à 3.

00:593 étant le plus minime, 1 le plus important.

01:02Quand vous êtes en cerclage 1, vous pouvez bénéficier de paiements de clôture, de paiements de chiens de protection type patou.

01:09Vous pouvez bénéficier de gardiennage.

01:12Pour vous donner un ordre d'idée, en 2024, ça représente à peu près 150 000 euros d'aide directe sur ces différents dispositifs.

01:21Sur le département ?

01:22Tout à fait.

01:23Et ces dispositifs, alors, ne garantissent pas à 100% que les troupeaux seront préservés ?

01:28Si ?

01:28Non, ça ne garantit jamais à 100%.

01:31Ce serait mentir que de vous dire le contraire.

01:34Ça permet d'amoindrir le risque.

01:36En parallèle, on peut également autoriser des tirs de défense, des tirs d'effarouchement,

01:41ce qui fait que c'est une sorte de package complet.

01:43Une seule solution ne suffit pas.

01:45C'est vraiment l'ensemble de la chaîne qui permet d'amortir.

01:49Ces tirs d'effarouchement sont très réglementés ?

01:52Exactement.

01:53Dans quel cas ils interviennent ?

01:54Alors, les tirs d'effarouchement sont un peu plus souples,

01:58puisqu'ils peuvent intervenir quand justement un troupeau, un éleveur a subi plusieurs fois des attaques.

02:04Ensuite, vous avez les tirs de défense qui sont réglementés,

02:06puisque, comme vous l'avez dit, le loup est une espèce très protégée,

02:10qui va bientôt basculer en protégé.

02:12Donc, à chaque fois, pour sécuriser juridiquement les éleveurs, nous attribuons des arrêtés.

02:16Il faut que l'éleveur ait mis en place des mesures de défense.

02:19Et ensuite, il a le droit, lui ou des chasseurs du secteur, voire les louvetiers,

02:24de pratiquer un tir en situation de défense de troupeaux.

02:27Ça s'est déjà produit dans notre département ?

02:29Non, dans le département, jamais.

02:31Mais récemment, vous avez vu dans l'actualité, vous avez vu dans la Nièvre, par exemple.

02:35Vous écoutez ici au CR, il est 8h16, notre invité ce matin, Sébastien Hénon, sous-préfet d'Avalon.

02:40Vous avez parlé tout à l'heure des mesures de protection.

02:42On entendait le témoignage d'un éleveur ce matin qui disait,

02:46oui, c'est vrai, il existe des mesures, mais pour une petite exploitation comme la mienne,

02:51en tout cas où on n'est pas nombreux, il faut y consacrer une journée.

02:54Et une journée, c'est beaucoup trop.

02:56Ça, on en a bien conscience, c'est bien pour ça qu'on essaie régulièrement...

03:00Une journée par semaine.

03:01Oui, une journée par semaine, oui.

03:02Et régulièrement, on essaie de faire basculer des communes de cercle 2 à cercle 1,

03:07puisqu'en cerclage 1, ils peuvent bénéficier de gardiennage,

03:09c'est-à-dire qu'ils peuvent bénéficier d'une aide humaine pour installer ce type de protection.

03:15Pour vous donner un ordre d'idée, en début d'année, il y avait trois communes en cerclage 1.

03:20Nous venons de demander une révision qui a été accordée au 1er juin pour en mettre trois autres supplémentaires,

03:25ce qui fait six communes.

03:26Ce sont des secteurs où la pression va un peu diminuer, la charge sur l'éleveur va un peu diminuer.

03:33On parlait des mesures de protection, il y a aussi des mesures d'indemnisation pour les éleveurs.

03:38Une indemnisation, tout à l'heure, notre éleveur disait,

03:40oui, c'est pas mal indemnisé, c'est assez correct,

03:44mais il y a plein de choses qui ne sont pas prises en compte.

03:46Est-ce que ça peut évoluer ? Notamment, il parlait des avortements à cause de la peur des loups, en fait,

03:55que les femelles pouvaient avoir.

03:58Est-ce que ça peut évoluer, cette indemnisation ?

04:01Est-ce qu'elle pourrait s'étendre ?

04:05L'indemnisation, l'année dernière, a représenté environ 24 000 euros attribués aux éleveurs.

04:13Mais effectivement, le dispositif est assez perfectible.

04:16On le voit aujourd'hui, c'est que quand on a un cadre trop rigide,

04:19déjà, on n'est pas sur le cours habituel du prix des ovins-bovins,

04:23et on sait que ça monte en ce moment.

04:26Donc déjà, au National, nous avons demandé à ce que le cadre soit revu,

04:31et visiblement, c'est en cours au niveau du ministère,

04:34pour que, justement, il y ait cette réadaptation.

04:36Ensuite, on a conscience aussi, comme vous l'avez dit, des pertes indirectes.

04:39Parce qu'à chaque fois, quand il y a attaque de loups dans un troupeau,

04:43il y a un stress au niveau de l'animal.

04:45Parfois, les brebis avortent,

04:48voire, c'est même arrivé dans certains cas,

04:50tuent leurs agneaux, puisqu'elles sont dans un réflexe défensif.

04:54Donc, pour pallier à tout ça,

04:56nous allons essayer d'accompagner les éleveurs au mieux.

04:59Mais encore une fois, le dispositif évolue,

05:02et nous apprenons à chaque fois, chaque année,

05:04de tous ces micro-détails pour essayer de les réajuster.

05:09Est-ce que la multiplication des attaques, comme cette année,

05:12l'augmentation, en tout cas, des attaques,

05:14si cette augmentation perdure,

05:16si les attaques devaient encore augmenter,

05:19est-ce que c'est vivable pour un éleveur ?

05:22Ça reste vivable pour un éleveur.

05:24Parce qu'encore une fois, pour eux, déjà, c'est un métier passion,

05:28et surtout, il y a toujours un gros impact psychologique.

05:31Et notre travail, au niveau des services de l'État,

05:34c'est vraiment de les accompagner

05:35pour essayer, au mieux, de mettre en place des moyens de défense,

05:40mais au mieux aussi de les accompagner psychologiquement

05:42quand ils sont touchés par cette épreuve.

05:44Vous savez, j'ai été marqué la première fois

05:45quand je suis allé dans une exploitation,

05:47et quand j'ai vu, déjà, la détresse de l'éleveur.

05:50Parce que, contrairement à ce que disent certaines personnes,

05:52c'est que les éleveurs aiment leurs animaux,

05:54et ils sont au quotidien avec eux.

05:56Et c'est vrai que j'ai bien senti qu'il y avait quelque chose.

05:58Donc, encore une fois,

05:59j'ai envie de leur dire à chaque fois,

06:02lâchez pas, on reste à vos côtés,

06:04même s'il y a des moments douloureux,

06:06même si parfois, on s'accroche un peu,

06:08mais c'est humain, c'est normal.

06:10Et non, malgré tout, je pense qu'il y a toujours,

06:12et il y aura toujours,

06:14la place pour l'élevage dans la Valonnaie

06:16et dans le département de Lyon.

06:17La coexistence est possible entre les éleveurs et les loups ?

06:21La coexistence est possible.

06:23On essaie de l'amoindrir,

06:25mais il y a certains départements,

06:27notamment en département de montagne,

06:28où la coexistence se passe relativement bien.

06:33Donc, nous essayons de tendre vers ça,

06:35et encore une fois,

06:35mais en nous plaçant vraiment du côté des éleveurs.

06:37Il y a aussi tout un tas de fantasmes

06:39autour de cet animal, autour du loup.

06:42Est-ce que ces fantasmes sont aussi pour beaucoup

06:45dans la colère, dans les réticences aussi

06:48des éleveurs ou de la population, parfois ?

06:51Comme vous le dites,

06:52il y a beaucoup de fantasmes autour du loup,

06:54puisque ça a toujours été un animal

06:56qui a, au cours de notre enfance,

06:59tout exactement,

07:00et qui est dans de nombreuses histoires et légendes.

07:03Donc, malgré tout,

07:05je pense qu'il y a quelques fake news,

07:07comme on dit,

07:08qui ont été véhiculées,

07:09mais derrière,

07:10nous essayons aujourd'hui

07:12de vraiment collecter des données scientifiques,

07:15puisque aujourd'hui,

07:15nous sommes vraiment sur de la collecte d'ADN,

07:17de traces,

07:18pour connaître beaucoup mieux cet animal,

07:20pour connaître beaucoup mieux ses déplacements,

07:22son mode de vie.

07:23Et ce qui fait que derrière,

07:24grâce à ça,

07:25nous pourrons lutter plus efficacement

07:28contre sa prédation.

07:30Merci Sébastien.

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