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  • 24/05/2025
Regardez L'invité de RTL Matin Week-end avec Antoine Cavaillé-Roux du 24 mai 2025.

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Transcription
00:00Antoine Cavaillerou, RTL Matin jusqu'à 9h15.
00:04Et l'invité de RTL Matin Week-end c'est Rachid Boudjema, vous êtes le président de l'Union Nationale des Taxis.
00:10Cet après-midi vous avez rendez-vous au ministère des Transports, vous allez rencontrer le Premier Ministre François Bayrou.
00:15Vous allez lui dire quoi ? Vous allez lui faire entendre la colère des chauffeurs de taxi, vous qui êtes mobilisés, on le rappelle depuis lundi ?
00:20Tout à fait, surtout le désarroi des taxis avec des mesures arbitraires, c'est de faire entendre justement de la voix de ces centaines de milliers de chauffeurs de taxi
00:27qui vont subir encore une nouvelle fois une mesure injuste et arbitraire.
00:32Alors justement, venons-en à vos revendications, tout est parti de cette réforme mise en oeuvre par l'assurance maladie.
00:37Elle veut appliquer de nouveaux tarifs à partir d'octobre prochain.
00:41L'objectif c'est de réduire le coût des transports de patients assurés en partie par les taxis, ce qui peut s'entendre, on est d'accord ?
00:50Absolument, on est tous partants pour faire en sorte de réaliser des économies.
00:53Mais ce qu'on n'accepte pas, c'est de faire payer justement cette économie ou de demander aux taxis de payer la facture des transports des personnes qui sont justement atteintes de pathologies lourdes.
01:02Je précise que les dépenses de transports sanitaires, c'est près de 7 milliards d'euros, dont 3 milliards pour vous, les taxis.
01:08C'est un chiffre qui est en hausse de 45% depuis 2019.
01:12Vous comprenez tout de même, oui, que le gouvernement veuille faire des économies et c'est normal que tout le monde contribue ?
01:19Alors quand vous dites pour vous, pour les taxis, il faut quand même préciser que ce n'est pas les taxis qui coûtent.
01:23Les taxis facturent à leurs clients, des gens qui sont malades.
01:26Je rappelle que ces 14 millions de personnes qui sont atteintes d'affections de longue durée, c'est des cancers, c'est des insuffisances rénales.
01:33Seulement la moitié de ces 14 millions utilisent le taxi, parce qu'ils y ont droit, parce qu'ils n'ont pas d'autre choix.
01:39Sinon pour la grande majorité d'entre eux, se font accompagner par les membres de leur famille.
01:43Et qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ? On fait culpabiliser ces personnes âgées qui, isolées...
01:47Surtout en milieu rural.
01:48Et en milieu rural, ce n'est que ça. Ce n'est que des affections de longue durée en leur disant, si vous pouvez trouver un autre moyen, utilisez-le.
01:56C'est vraiment une méthode réactionnaire et qui nous inquiète.
01:57Et quand vous dites, c'est les taxis qui coûtent. Les taxis ne coûtent pas, encore une fois.
02:01Moi, je transporte des gens sur la base d'une prescription.
02:05Vous ne dites pas aux pharmaciens qu'ils coûtent quelque chose.
02:07Le pharmacien ne délivre pas des médicaments à tue-tête.
02:10Certains vous accusent de profiter d'une rente. Qu'est-ce que vous leur répondez, Rachid Boudjema ?
02:14Alors, ce sont les mêmes qui, en général, ont bénéficié de toute leur vie de rente.
02:18De ne serait-ce que par leur statut social, c'est les mêmes qui nous accusent, nous, qui sommes endettés sur 15-20 ans, d'être des rentiers.
02:26Il faut savoir utiliser les termes adéquats quand on parle de rente. Ce n'est pas du tout ça, une rente.
02:30Alors, le patron de l'assurance maladie, lui, il assure que cette nouvelle tarification sera bénéfique pour tout le monde.
02:37Que vous ne perdrez pas d'argent.
02:38Eh bien, écoutez, si on ne perd pas d'argent, où est l'économie ?
02:42Parce qu'en général, pour qu'il y ait une économie qui soit réalisée, à un moment donné, il faut renier quelque part.
02:46C'est le même qui se fait déposer tous les matins par un chauffeur, qui pousse les gens les plus fragiles de notre société,
02:52atteints d'infections de longue durée, à un moment donné, essayer de quitter le transport et d'essayer de se débrouiller par leurs propres moyens.
02:58Je rappelle juste que dans les Hautes-Alpes, quand vous devez faire un soin lourd, chimiothérapie, radiothérapie, vous devez faire 200 kilomètres.
03:06Ou vous allez à Grenoble, ou vous allez à Marseille. Vous faites quoi de ces gens-là ?
03:08Les gens atteints de pathologies psychiatriques. Mais c'est de tout ça qu'on est en train de parler.
03:13Mais vous arrivez à chiffrer les pertes de chiffre d'affaires ?
03:16Aujourd'hui, c'est simple. Quand on vous dépose à un endroit, si ça coûte 10 euros, si vous revenez avec le taxi, la course, elle ne vous est pas facturée.
03:25Et c'est la plupart des transports qu'on fait.
03:26Ce qu'on vous demande aujourd'hui, c'est de dire, en plus du retour gratuit qu'on réalise déjà pour nos clients, il va falloir diviser par deux cette facture.
03:34Mais c'est juste invivable. Vous ne pouvez pas demander au taxi de devoir supporter justement la facture des soins qui explosent.
03:40Pourquoi ils explosent ? Parce qu'on a des gens qui sont de plus en plus malades et d'une population qui vieillit.
03:45Ce n'est pas à nous de subir ce genre de méthode.
03:46Mais le patron de l'assurance maladie promet aussi que le système sera en fait mieux optimisé, avec moins justement de trajets retour à vide, moins de temps d'attente dans les hôpitaux.
03:57C'est du même positif ça.
03:59Écoutez, il peut dire ce qu'il veut, je vous mets au défi. Dans quelques années, vous allez voir que la facture va exploser davantage.
04:05Vous avez une population qui vieillit, ça ne lui coûte rien de dire ça.
04:08Parce que dans pas longtemps, il ne sera plus là et personne ne le rappellera en lui disant, votre réforme, finalement, elle a coûté plus d'argent et elle n'a pas résolu le problème.
04:15Bon, mais le gouvernement l'a déjà fait savoir, il ne fera pas machine arrière. Alors qu'est-ce que vous attendez ?
04:19C'est vrai, vous avez raison, la porte-parole du gouvernement, elle a agi comme une pyromane.
04:23Avant même que le Premier ministre ne puisse s'exprimer sur le sujet, elle vient de dire, circulez, de toute façon, on ne changera rien du tout.
04:29Drôle de façon de commencer les négociations.
04:31Et qu'est-ce qui peut débloquer la situation ?
04:32Si le Premier ministre, à un moment donné, se met autour de la table et fait des véritables propositions, essayez des mesures concrètes, avoir une planification de la politique...
04:39Vous demandez à un médiateur pour commencer, pour reprendre la discussion avec l'assurance maladie ?
04:42C'est indispensable. Si on veut sortir justement de cette situation, il faut une politique sur la durée.
04:48À un moment donné, il faut de la visibilité, planifier les choses. En France, on ne planifie plus rien.
04:52Vous avez des pistes concrètes ?
04:54On a au moins déjà des pistes sur les médiateurs qu'on pourrait avancer.
04:57Et on a des mesures à proposer, effectivement.
04:59Il faut s'appuyer sur les gens du terrain.
05:02Dans chaque région, vous avez des spécialistes dans le taxi qui pourraient faire des propositions concrètes.
05:07Aujourd'hui, on ne s'appuie sur personne.
05:08Lesquelles ?
05:08Vous avez des technocrates à la CNAM qui ne savent même pas comment les choses fonctionnent.
05:12Quelles sont vos pistes à vous ?
05:13Nos pistes à nous, l'optimisation, par exemple, du transport en milieu rural et le covoiturage, ce qu'on appelle en réalité le transport partagé.
05:22On le fait déjà depuis de nombreuses années.
05:25Mais pour ce faire, il faut des salons d'attente.
05:26C'est-à-dire qu'il ne faut pas faire attendre les gens malades sur le parvis.
05:29On demande des salons d'attente dans les centres de soins.
05:32On demande des guichets rapides dans les centres de soins pour qu'il n'y ait pas d'attente.
05:35Tout ça, on vous le promet, on vous l'écrit, mais personne ne tient promesse.
05:38Mais c'est ce que propose déjà un petit peu l'assurance maladie.
05:41Mais ils l'ont déjà proposé déjà en 2018.
05:42Et ils ne l'ont jamais fait.
05:43Pourquoi ? Personne ne les met devant leurs responsabilités.
05:46Le directeur général de l'ACNAM peut prendre plein de promesses.
05:49Personne ne lui fera tenir ses promesses.
05:51Venons-en au VTC, Rachid Boudjema.
05:53Ça fait quasiment 15 ans que les plateformes comme Uber, Bolt ou Freenow sont dans le paysage.
05:58Il y a souvent eu des frictions.
05:59Pourquoi la contestation revient sur ce sujet-là ?
06:02Parce qu'ils ont inventé un nouveau système d'optimisation fiscale, c'est-à-dire ce qu'on appelle le rattachement.
06:06Vous avez des sociétés qui se créent et qui se répartissent justement le nombre de chauffeurs
06:10pour éviter de payer des contributions sociales et fiscales.
06:13pendant que les taxis, eux, se font de la note justement de toute cette crise.
06:17A la fois, on nous demande de travailler gratuitement dans le cadre du transport de malades assis
06:21et à la fois sur notre marché justement de la maraude.
06:24Vous en avez d'autres qui optimisent, qui envoient tout cet argent dans les dollars,
06:28dans les paradis fiscaux tels que Uber.
06:30Et après, vous avez la patronne d'Uber qui vient aujourd'hui pleurer dans les chaumières en disant
06:33on a nos chauffeurs qui sont traités comme des esclaves et qui se font agresser.
06:38C'est juste un peu triste.
06:39Rachid Boudjema, dernière question et très rapide s'il vous plaît.
06:42Est-ce qu'il faut s'attendre à de nouvelles mobilisations ?
06:44Est-ce que vous comptez bloquer à nouveau les aéroports, les gares à Paris, en région ?
06:48De toute façon, on n'a pas le choix.
06:49C'est maintenant où on va réussir à résoudre le problème
06:52où on sera vraiment dans un blocage de fond.
06:54Merci beaucoup Rachid Boudjema d'avoir été l'invité de RTL Matin Week-end.
06:58Je rappelle que vous êtes le président de l'Union Nationale des Taxis.

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