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  • 23/05/2025
Fils d’immigré au parcours atypique, Nicolas Sarkozy doit ses premiers succès en politique à un engagement extraordinaire. Maire à 28 ans, député à 33, ministre, cet éternel ambitieux aura cassé les codes de la politique traditionnelle, avant de conquérir l’Élysée. Sarko, c'est un style unique et des casseroles encombrantes. Aujourd’hui encore, l’ombre et les affaires de Nicolas Sarkozy continuent de planer sur la politique française.

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Transcription
00:00L'histoire de Nicolas Sarkozy de Najiboxa, que vous connaissez certainement sous le nom tout simple de Nicolas Sarkozy,
00:06elle commence le 28 janvier 1955 à Paris.
00:09Nicolas, c'est le deuxième fils de Pâle, Pâle Sarkozy de Najiboxa,
00:13qui est un immigré hongrois, issu d'une famille aristo, qui est arrivé en France dans les années 40.
00:18Nicolas, c'est aussi le fils d'André Mala, qui elle est française, d'origine grecque et juive.
00:23La famille de Nicolas Sarkozy a donc bien des origines juives, mais lui est de confession catholique.
00:27Bon, et on parle de ses parents, mais Nicolas Sarkozy, il n'a pas connu longtemps ses parents ensemble,
00:32puisque ses parents se séparent quand il a 4 ans.
00:34Pâle, son père, c'est un homme distant, mais surtout un homme pas très fidèle,
00:38donc André, la mère de Nicolas Sarkozy, va un jour claquer la porte et retourner vivre chez son père avec ses 3 garçons.
00:43Ce grand-père maternel, il s'appelle Bénédicte Mala, et il va jouer un rôle assez important dans la vie du jeune Sarkozy.
00:49André Mala, elle veut désormais être une femme libre et indépendante, donc elle décide de reprendre des études,
00:54et pas n'importe quelles études, des études de droit, alors qu'elle a 3 gamins, pour devenir avocate.
00:58Et les 3 garçons de la famille, celui qui vit le moins bien, l'absence de ses parents, c'est le jeune Nicolas.
01:03Sa mère, avec ses études et sa vie de mère célibataire, n'a pas beaucoup de temps pour lui,
01:07et il voit son père qu'une fois par semaine pour déjeuner.
01:09A l'école, Nicolas Sarkozy se sent différent des autres, ils se sont même un peu rejetés.
01:13Il faut dire que dans les années 70, avoir des parents divorcés, c'est encore un truc un peu marginal.
01:18Pendant des années, mon frère et moi, on a été les seuls enfants divorcés dans la classe.
01:23Ça n'existait pas.
01:24Les années passent, il arrive au lycée, et il a toujours du mal à se faire une place.
01:28Il se trouve trop petit, en tant qu'enfant d'immigré, on le fait sentir comme un étranger.
01:31Ses frères ont des super notes à l'école, lui, il galère.
01:34Et son père, Pâle, lui fait des remarques hyper méprisantes, du style
01:37« Avec les résultats que tu as et le nom que tu portes, jamais tu réussiras en France. »
01:40Sympa, merci Pâle.
01:42Les rares moments qui lui permettent de respirer un peu, à ce moment-là,
01:45c'est le moment qu'il passe avec son grand-père.
01:46Il l'emmène en vacances à Royan, en Charente-Maritime,
01:49et sur les Champs-Élysées, tous les 14 juillet,
01:52pour espérer peut-être apercevoir le général de Gaulle.
01:56On est en 1972, et Bénédicte Mala, ce grand-père avec qui il a grandi
02:00et qui lui a transmis ses valeurs gaullistes, meurt à 82 ans.
02:03Nicolas est dévasté, et il jure qu'un jour, il fera honneur à sa mémoire.
02:13Un an plus tard, on est en 1973,
02:15le jeune Sarkozy obtient son bac, enfin, après un oral de rattrapage,
02:20et c'est décidé, comme sa mère, il veut devenir avocat.
02:22Alors il intègre la fac de droit de Nanterre, en région parisienne,
02:26et en devenant étudiant, il se découvre une nouvelle passion,
02:28et cette passion, c'est la politique.
02:30Bon, il reste fidèle aux idées de son grand-père, il s'engage à droite,
02:33il devient d'abord membre de l'Union des Jeunes pour le Progrès.
02:36Je ne connaissais pas ce mouvement, mais c'est le mouvement des jeunes gaullistes.
02:38Et en 1974, alors qu'il a 19 ans, il adhère au parti de l'UDR.
02:43Alors, l'UDR, c'est un vieux parti politique, on en parle assez peu en 2023,
02:47mais c'est l'Union des démocrates pour la Ve République,
02:50qui a été créée en 1967 pour soutenir le général de Gaulle,
02:53et Sarko milite à Neuilly, Neuilly-sur-Seine.
02:55Je ne sais pas si vous connaissez Neuilly, mais c'est la ville la plus riche de France,
02:58voilà, ça pose le décor.
03:00C'est à l'ouest de Paris, juste à côté, et c'est très bourgeois.
03:03C'est là que sa mère et son grand-père vivent.
03:04Parmi les grands noms de ce parti, l'UDR,
03:06on retrouve un mec qui, à cette époque, a déjà été quand même plusieurs fois ministre,
03:10qui fait 1m90, un certain Jacques Chirac.
03:13D'ailleurs, je vous ai déjà raconté son histoire, c'est juste là.
03:15Bon, et très vite, le jeune Sarkozy devient le meilleur élément de la vie militante de Neuilly.
03:20Il fait des discours, il participe à l'affichage, le mec est increvable,
03:23et en parallèle, il décide aussi de s'impliquer dans la vie politique universitaire.
03:27On peut avoir 18-20 ans, être lycéen, et être fidèle à la pensée du général de Gaulle.
03:31Alors nous sommes là pour essayer de répondre à vos questions,
03:33c'est ce qu'on va essayer de faire le plus sympathiquement et le plus sincèrement possible.
03:36Bon, on avance un peu, on arrive en 1975.
03:40Sarko passe beaucoup de temps au siège parisien de l'UDR,
03:42il adore être au cœur de la machine.
03:44Oui, je suis à l'UDR, j'ai pas connu 1940, j'ai pas connu 1958,
03:48j'ai même pas connu 1968, et pourtant je suis à l'UDR, pourquoi ?
03:52Et juin 1975, c'est une date importante,
03:54parce qu'il y a un congrès qui est organisé dans la ville de Nice.
03:56Alors il y a plein d'adhérents de l'UDR, et notamment le président du parti.
04:00Ce président, c'est Chirac, et il annonce un peu les directions à prendre pour le parti,
04:04en vue de l'élection présidentielle qui aura lieu 6 ans plus tard, en 1981.
04:08Et à la fin du congrès, pour pas que ce soit trop chiant,
04:11on décide de laisser un peu la parole aux jeunes,
04:12et parmi eux, on retrouve le plus motivé, Nicolas Sarkozy.
04:15Et c'est important de dire qu'à ce moment-là, Chirac ne le connaît pas,
04:18donc en gros, il a 3 minutes pour taper dans l'œil de son mentor.
04:20J'aurais adoré vous montrer les extraits,
04:22malheureusement, ça n'a pas été filmé,
04:23mais j'ai lu dans pas mal de sources qu'il était tellement engagé dans son discours,
04:26qu'il a reçu une standing ovation, et il aurait conclu avec ces mots,
04:30être jeune gaulliste, c'est être révolutionnaire.
04:32J'avance un peu, on est en 1977, Nicolas Sarkozy a 22 ans,
04:37il est toujours étudiant en droit,
04:38et il devient le plus jeune conseiller municipal de Nuit-sur-Seine,
04:41aux côtés du maire Achille Peretti.
04:43Achille Peretti, c'est un mec assez important, à l'époque, à l'UDR.
04:46L'UDR, qui a d'ailleurs changé de nom pour devenir le RPR,
04:49le Rassemblement pour la République.
04:50Bon, et j'ai trouvé une anecdote qui me faisait marrer.
04:52En octobre 1977, Michel Sardou, le chanteur, va se marier à Nuit.
04:56Alors, il y a tout le gratin, et surtout, il y a l'idole de Sarko, Johnny Hallyday.
05:00Et quand Nicolas Sarkozy arrive devant la salle et qu'il dit
05:02« Voilà, je suis conseiller municipal, laissez-moi rentrer »,
05:05la CQ ne va pas le laisser passer.
05:06Il ne croit pas du tout au fait qu'il soit conseiller municipal,
05:08il le prenne pour un fanboy.
05:09En même temps, il a 22 ans.
05:10Sarko est dégoûté, mais bon, il aura sa revanche,
05:13puisque 20 ans plus tard, en 1996,
05:15c'est lui qui va célébrer le mariage de Johnny et Laetitia Hallyday.
05:17Bon, voilà, pour l'anecdote.
05:18En 1978, Nicolas Sarkozy termine ses études de droit.
05:22Il obtient un diplôme en sciences politiques à Nanterre en 1980,
05:25puis il réussit à intégrer la prestigieuse Sciences Po Paris.
05:28Bon, il y étudie, mais il n'aura jamais son diplôme,
05:31parce qu'il n'est pas assez bon en anglais.
05:33Et je trouve ça cool de le dire,
05:34parce qu'on a tellement l'habitude des hommes et femmes politiques
05:36qui font Sciences Po, l'ENA,
05:37alors que Sarko, c'est quand même un peu un cancre.
05:40Ce n'est pas un technocrate, un techno comme on dit aujourd'hui.
05:42Sarko, son ascension politique, il la doit vraiment à son militantisme.
05:45Alors, il prête serment.
05:46En 1981, il crée même son cabinet d'avocat avec deux associés.
05:50Il bosse sur quelques dossiers importants,
05:51mais on ne va pas se mentir,
05:52il est surtout happé par la vie politique.
05:54Et côté vie perso, en 1982,
05:57il se marie, une première fois,
05:58avec Marie-Dominique Cullioli,
06:00c'est la nièce du maire de nuit, Achille Peretti.
06:03Avec cette femme, il a ses deux premiers enfants,
06:05deux garçons, Pierre né en 85 et Jean né en 86.
06:14Il y a une année qui va tout changer pour Sarko,
06:16et c'est 1983.
06:18Achille Peretti, c'est le maire de nuit de l'époque,
06:20meurt brutalement d'un arrêt cardiaque en pleine réception officielle.
06:22Il va falloir donc élire un nouveau maire.
06:24Neuilly, c'est une grande ville,
06:25mais Neuilly, c'est surtout une ville importante pour le RPR,
06:28et on décide de désigner Charles Pasquois,
06:29qui est un grand nom de la politique française.
06:31C'est le numéro 2 du RPR.
06:33Pasquois accepte l'investiture,
06:34c'est comme ça que ça s'appelle, l'investiture.
06:36Quand un parti vous désigne, vous êtes investi,
06:38et pour faire campagne,
06:39il va demander au jeune Sarkozy de l'aider.
06:40Cette histoire, elle est dingue.
06:41Vous allez voir,
06:42Pasquois connaît bien Sarko,
06:43qui commence à faire son trou au RPR.
06:44C'était son témoin de mariage,
06:45enfin bref, ils sont proches.
06:47Alors Sarkozy va accepter la mission
06:48de faire campagne pour Pasquois,
06:49mais plus il rencontre les conseillers municipaux
06:51qui sont chargés de choisir ce nouveau maire,
06:53Sarkozy se rend compte qu'il plaît plus que Pasquois.
06:55Alors il va tenter sa chance,
06:57il va continuer les rendez-vous de campagne,
06:59mais au lieu de demander aux conseillers municipaux
07:00de voter pour Pasquois,
07:01il va leur demander de voter pour lui.
07:02À un moment donné,
07:03ça remonte aux oreilles de Pasquois,
07:04qui est moins sur le terrain,
07:05le mec est numéro 2 du parti,
07:07et il va demander au numéro 1,
07:08le président du RPR, Jacques Chirac,
07:10qui est aussi accessoirement maire de Paris à l'époque,
07:12de calmer ce petit gars
07:13qui semble un peu ambitieux.
07:14C'est absolument ridicule.
07:16Sarko, il a 28 ans,
07:17on ne devient pas maire d'une grande ville
07:18comme Neuilly-sur-Seine à 28 piges.
07:19J'ai la raison pour laquelle
07:21j'attendrai pour voter pour lui
07:22que M. Sarkozy ait terminé ses classes.
07:26C'est ridicule.
07:30Et finalement,
07:31Charles Pasquois découvre
07:31qu'il a des soucis de santé.
07:33Il est beaucoup moins jeune que Sarko,
07:34et va savoir comment,
07:35à 28 ans,
07:36Nicolas Sarkozy finit par obtenir
07:38l'investiture du RPR.
07:39Il devient donc le candidat officiel de la droite
07:41pour la mairie de Neuilly-sur-Seine.
07:42Et le grand jour arrive,
07:43le 29 avril 1983,
07:45et la tension monte
07:46dans la grande salle de dépouillement de Neuilly.
07:48Il y a beaucoup, beaucoup de gens
07:48dans cette salle à ce moment-là,
07:50et le résultat finit par tomber.
07:51C'est parti !
07:52Malgré les critiques de ses opposants
07:58et d'autres élus locaux,
07:59Nicolas Sarkozy devient officiellement
08:01le nouveau maire de Neuilly-sur-Seine.
08:03Il a 28 ans,
08:03et c'est l'un des plus jeunes maires de France.
08:05Il y a une grande fête
08:05qui est organisée à Neuilly,
08:06chez sa mère, André,
08:08et à tous ses proches,
08:09dont son père, Pâle,
08:10qui a fait le déplacement pour l'occasion.
08:11Je crois qu'à ce moment-là,
08:12ça y est, on peut le dire,
08:14sa carrière politique est lancée.
08:15Juste, avant de continuer sur Nicolas Sarkozy,
08:18j'ai remarqué sur YouTube Studio récemment
08:20que vous étiez 75% à regarder ma chaîne
08:22et à pas être abonné.
08:23Ça veut dire que sur 4 personnes
08:24qui regardent mon taf,
08:25un est abonné
08:26et 3 autres ne le sont pas.
08:27Je travaille comme un ouf
08:28au développement de ma chaîne en ce moment.
08:30Les contenus que j'aborde
08:30sont de moins en moins monétisés.
08:32Pour compenser, du coup,
08:32je trouve des partenaires.
08:33Et le premier truc qui vous regardez,
08:35et c'est normal,
08:35c'est mon nombre d'abonnés.
08:36Alors allez-y, abonnez-vous,
08:38c'est gratuit, ça m'aide beaucoup
08:39et vous pourrez toujours vous désabonner.
08:47On est à la fin de l'année 1984.
08:49La petite famille Sarkozy
08:50est en vacances en Corse,
08:51mais le jeune maire est appelé à la capitale
08:53pour célébrer un mariage.
08:54Alors c'est pas n'importe quel mariage non plus,
08:56faut pas déconner.
08:57C'est le mariage d'une grande star
08:58de la télé de l'époque,
08:59celui de Jacques Martin.
09:00Alors si vous êtes né après les années 2000,
09:02normalement vous connaissez pas trop Jacques Martin,
09:04c'est celui qui présente
09:05l'école des fans, à l'ancienne.
09:06C'est drôlement gentil ta maman.
09:08Comment c'est son petit nom ?
09:09Euh, Sylviane.
09:10Bonjour Sylviane.
09:11Et papa, comment c'est son petit nom ?
09:12Jean-Paul.
09:13Jean-Paul.
09:14Il est une bonne bouille Jean-Paul.
09:16Ce jour-là,
09:16Jacques Martin épouse une certaine Cécilia,
09:19Cécilia Ciganère Albénis.
09:21Elle est beaucoup plus jeune que lui,
09:22elle vient de commencer sa carrière
09:23en tant qu'attachée parlementaire.
09:25Et pendant la cérémonie,
09:26il se passe un drôle de truc,
09:27Sarko fait une confidence à Jacques Martin
09:28au moment de le marier.
09:29Il lui dit cette phrase,
09:31j'aimerais bien vous donner mon écharpe de mer.
09:32C'est un peu tiré par les cheveux,
09:36donner mon écharpe de mer,
09:37que vous preniez ma place
09:38et que moi, je prenne la vôtre.
09:40Bref, Nicolas Sarkozy a un gros crush sur Cécilia,
09:42Martin maintenant.
09:43Puis les deux couples se rapprochent,
09:45deviennent super copains,
09:46ils bouffent ensemble,
09:46ils se font des vacances.
09:47Nicolas Sarkozy devient même le parrain
09:49de la première fille des Martin.
09:50Au sein de ce groupe d'amis,
09:51il y a une relation secrète qui se crée
09:53entre Nicolas et Cécilia.
09:55Jusqu'à ce qu'un jour,
09:56Marie-Dominique,
09:57la première femme de Nicolas Sarkozy,
09:58les crame.
09:59On est en 1988
10:00et les couples officiels de ce groupe d'amis
10:03se séparent.
10:03Enfin, reste que Nicolas et Cécilia
10:05vont attendre 8 ans
10:06avant de se marier en 1996.
10:09Ils auront un fils ensemble,
10:10Louis Sarkozy,
10:11qui à mon âge,
10:11il est né en 1997.
10:13Bon, mais en retournée à la fin des années 80,
10:15Sarko veut aider Chirac.
10:16Jacques Chirac, à ce moment-là,
10:17il est premier ministre de François Mitterrand,
10:19c'est une période de cohabitation,
10:20et c'est un peu le candidat naturel
10:22de son camp politique,
10:23la droite,
10:23pour la présidentielle
10:24qui aura lieu en 1988.
10:26Sarko et Chirac se rapprochent,
10:27la confiance entre les deux hommes
10:28se renforce,
10:29c'est bien que Jacques demande à Nicolas
10:31d'organiser toute sa campagne
10:32pour la présidentielle de 1988.
10:33Et Sarkozy,
10:34il ne fait pas les choses à moitié,
10:35il modernise les meetings,
10:36il se bat comme à son habitude
10:37pour son candidat,
10:38et toute la droite, progressivement,
10:39commence à être sous le charme
10:40de ce jeune conseiller.
10:41Notamment un certain
10:42Édouard Balladur,
10:43un grand homme du RPR,
10:45et c'est important,
10:45vous allez voir plus tard.
10:46Malheureusement pour lui,
10:47les efforts de Nicolas Sarkozy
10:48seront insuffisants,
10:49le résultat tombe,
10:50le 8 mai 1988,
10:51le président socialiste de l'époque,
10:53François Mitterrand,
10:54est réélu.
10:55Bon, malgré cette défaite,
10:56Sarko a quand même
10:57une petite victoire,
10:58il est élu député
10:59pour la première fois.
11:00Député des Hauts-de-Seine,
11:01c'est pas un hasard,
11:02c'est le département
11:02dans lequel se trouve Neuilly.
11:03Entre 88 et 93,
11:05donc, Nicolas Sarkozy
11:06vit entre l'Assemblée nationale
11:08où il siège en tant que député
11:09et l'hôtel de ville
11:10de Neuilly-sur-Seine
11:11où il est maire.
11:12On est à la fin des années 80,
11:13donc ouais,
11:14la loi sur le cumul
11:15des mandats est encore longue.
11:16En 1993,
11:17il y a des nouvelles élections législatives,
11:19Sarkozy est réélu,
11:20mais ça, à la limite,
11:21c'est un détail.
11:22Le truc important à retenir,
11:23c'est que le parti socialiste
11:25perd ses élections.
11:26Le problème,
11:26c'est que François Mitterrand
11:27est toujours président de la République.
11:29Et il est socialiste,
11:29François Mitterrand.
11:30Donc,
11:30il n'a pas de majorité à l'Assemblée.
11:32Et si vous êtes un abonné
11:33fidèle de la chaîne maintenant,
11:34je vous apprends plus ce que c'est,
11:35quand le président de la République
11:36n'est pas du même bord politique
11:37que la majorité
11:38à l'Assemblée nationale,
11:40il y a ce qu'on appelle
11:40une cohabitation.
11:41Ici,
11:42la droite est majoritaire au Parlement
11:43et le président est de gauche.
11:45François Mitterrand
11:45doit donc nommer
11:46un Premier ministre
11:47qui est de la même couleur politique
11:48que la majorité à l'Assemblée.
11:50La logique,
11:50ou en tout cas,
11:51la tradition républicaine
11:52dans ces cas-là,
11:52c'est de proposer
11:53au chef du parti majoritaire.
11:55Donc,
11:56théoriquement,
11:56c'est Jacques Chirac.
11:57Mais bon,
11:57il est maire de Paris,
11:58ce sont quand même des grands rivaux,
12:00Mitterrand et Chirac.
12:00Et surtout,
12:01dans l'ombre,
12:01on dit que Chirac
12:02se prépare pour la prochaine présidentielle
12:04de 1995.
12:05Mitterrand ne pourra plus se représenter,
12:07Chirac a autre chose à faire,
12:08en gros,
12:08et il propose donc
12:09à son ami de toujours,
12:10Édouard Balladur,
12:11le poste de Premier ministre.
12:13Édouard Balladur
12:13commence à bien connaître
12:14Nicolas Sarkozy
12:15et au moment de former son gouvernement,
12:16il lui propose un poste.
12:17Nicolas Sarkozy devient donc
12:18porte-parole
12:19et ministre du budget.
12:27Affaire HB,
12:28Human Bomb,
12:29peu de gens de ma génération
12:30la connaissent
12:30et pourtant,
12:31c'est cet événement
12:31qui va faire décoller
12:32la notoriété de Nicolas Sarkozy.
12:34Ça fait quelques semaines
12:34qu'il a été nommé au gouvernement,
12:36on est le 13 mai 1993,
12:38on est en début de matinée
12:39et Nicolas Sarkozy
12:40est en réunion
12:40avec le Premier ministre,
12:41Édouard Balladur.
12:42Et on vient le déranger
12:43pendant sa réunion
12:43pour l'informer
12:44qu'il y a une prise d'otage
12:45en cours à nuit sur scène
12:46et ça se passe dans une école.
12:48Cette prise d'otage,
12:49les médias vont l'appeler
12:50l'affaire Human Bomb,
12:51la bombe humaine quoi.
12:52Je vous décris à scène,
12:53il y a un mec cagoulé,
12:54assis dans le noir,
12:55au milieu de 21 enfants
12:56sur une petite chaise d'école,
12:57dans une classe de maternelle.
12:59Ce mec s'appelle Eric Schmidt
13:00mais il se fait appeler HB
13:01pour Human Bomb.
13:03Sa main est posée
13:03sur un déclencheur
13:04relié à des bâtons de dynamite
13:05et il menace de se faire sauter.
13:07Nicolas Sarkozy
13:08se rend sur place
13:08le plus vite possible.
13:09Le raid est déjà là
13:10depuis un moment
13:10et il décide d'intervenir
13:12personnellement.
13:12C'est pas une blague.
13:13Sarkozy va obtenir le droit
13:14d'entrer dans la classe
13:16pour sortir certains enfants.
13:17Donnez à moi cette petite voix-là.
13:19Je sais que vous êtes
13:20quelqu'un de bien.
13:22On peut être amis,
13:22on peut avoir confiance
13:24l'un dans l'autre.
13:25J'essaie de sortir
13:26d'un panade,
13:27j'essaie de trouver le bonion,
13:28j'essaie de trouver la voiture,
13:30je vais porter le message
13:31au ministre de l'intérieur.
13:32Qu'est-ce que je peux faire ?
13:33Qu'est-ce que je peux faire ?
13:34Ils sont en contact direct
13:35avec le preneur d'otage.
13:36Il leur demande de l'argent,
13:37Sarko le fait venir.
13:38Il va le rassurer,
13:39il va le convaincre,
13:40mais la nuit tombe,
13:40des jeunes enfants de maternelle
13:41sont encore tenus en otage
13:43et HB se ferme complètement au débat.
13:45En 24 heures,
13:46il va rien se passer
13:47jusqu'à la nuit suivante
13:48où HB va négocier un café.
13:50C'est probablement la pire idée
13:51puisque la police
13:51va verser un somnifère
13:52dans sa tasse,
13:53le mec va finir par s'endormir
13:54et il va être abattu
13:55de trois balles dans la tête.
13:57Ce fait d'hiver aura tenu
13:58pendant plusieurs jours
13:59la France en haleine
13:59et tous les journaux télévisés
14:01affichent une image,
14:02Nicolas Sarkozy
14:03applaudit en héros
14:04qui sort un à un
14:05les enfants dans ses bras.
14:06Sa popularité explose.
14:07Je n'avais jamais vu
14:08le corps d'un homme
14:10avec trois balles dans la tête
14:11et donc ça a changé
14:13beaucoup de choses.
14:15Et d'ailleurs,
14:15dans les mois qui ont suivi,
14:16j'ai beaucoup grossi,
14:18j'avais comme une fin
14:19inextinguible.
14:21À la fin de l'année 1993,
14:23l'heure est venue
14:23pour la droite
14:24et les autres partis politiques
14:25de se préparer
14:26pour l'élection présidentielle
14:27de 1995.
14:28Sarko est de plus en plus
14:29populaire
14:30et il va devoir faire un choix,
14:31soutenir Jacques Chirac
14:32qui se représente
14:33encore une fois son idole,
14:34celui qui lui a fait confiance
14:35dès le début
14:36ou bien Édouard Balladur
14:37qui lui aussi
14:38a décidé de se présenter finalement
14:40qui lui a ouvert les portes
14:41quand même du gouvernement.
14:42Alors il prend sa décision
14:43et il se rend à la mairie de Paris
14:44pour annoncer lui-même
14:45à Jacques Chirac
14:46qu'il décide de soutenir
14:47son rival,
14:48Édouard Balladur.
14:49La trahison est totale,
14:50Chirac est dégoûté
14:51et il lui assure que bientôt
14:52il changera d'avis.
14:53Et ouais,
14:54c'était un mauvais choix.
14:55Finalement,
14:55c'est bien Chirac
14:56qui l'emporte
14:56et qui affrontera
14:57le socialiste
14:58Lionel Jospin
14:59au second tour
15:00de la présidentielle de 1995.
15:01Pendant l'entre-deux-tours,
15:02Nicolas Sarkozy
15:03et Édouard Balladur
15:04apporteront finalement
15:05leur soutien à Jacques Chirac.
15:06On a gagné !
15:08On a gagné !
15:09On a gagné !
15:11Mais lui a pas du tout
15:12oublié la trahison.
15:13Au moment de former son gouvernement,
15:14il offrira aucun poste de ministre
15:16à son ancien protégé.
15:18Nicolas Sarkozy
15:18est complètement mis à l'écart
15:19de la vie politique.
15:20Il est persuadé
15:21que sa carrière est foutue
15:22et cette longue traversée
15:23du désert
15:23va durer deux ans.
15:25Il continue d'être
15:25maire de Neuilly
15:26et de siéger à l'Assemblée.
15:28Mais il avait des rêves
15:28un peu plus grands, quoi.
15:29Tout ça va durer
15:30jusqu'en 1997.
15:32Cette année-là,
15:32Chirac décide d'organiser
15:33de nouvelles élections
15:34législatives en France.
15:35Donc il va dissoudre
15:36l'Assemblée nationale.
15:37Un président peut faire ça.
15:38Disons que sa popularité
15:39est un peu fébrile
15:40et en faisant ça,
15:41si le peuple lui redonne
15:42une majorité à l'Assemblée,
15:43ça va renforcer
15:44sa légitimité en tant que président.
15:45Mes chers compatriotes,
15:47après consultation
15:48du Premier ministre,
15:50du président du Sénat,
15:52du président
15:53de l'Assemblée nationale,
15:54j'ai décidé
15:56de dissoudre
15:57l'Assemblée nationale.
15:58Ce choix,
15:59qu'a fait Jacques Chirac,
16:00est souvent considéré
16:01comme le choix
16:02le plus stupide
16:03de toute la cinquième.
16:05La gauche obtient
16:06la majorité à l'Assemblée
16:07et c'est le début
16:08d'une nouvelle cohabitation.
16:09Jacques Chirac
16:09se retrouve donc,
16:10encore une fois,
16:11devoir gouverner,
16:12avec un mec
16:13qui patte son bord politique.
16:14Le Premier ministre,
16:15à l'époque,
16:16est donc de gauche
16:16et c'est son ancien
16:17opposant à la présidentielle,
16:18Lionel Jospin.
16:19Pour Chirac,
16:20c'est un peu la cata
16:21et il a besoin
16:21d'une nouvelle impulsion.
16:22Un nouveau vent de fraîcheur,
16:23comme à la grande époque
16:24de la droite.
16:25Il décide d'enterrer
16:25la hache de guerre
16:26et convoque
16:27Nicolas Sarkozy
16:28pour dîner.
16:28Bonjour,
16:29Monsieur Chirac.
16:31Je passais dans le coin
16:32et je me suis dit
16:34tiens,
16:34ça fait longtemps
16:35que je ne suis pas
16:36passé voir Monsieur Chirac.
16:38Ça va,
16:39Monsieur Chirac ?
16:39Chirac a besoin de Sarko
16:40pour une raison bien précise.
16:42Il flippe.
16:44Il flippe qu'en 2002,
16:45Jospin lui passe devant.
16:46L'élection présidentielle a lieu.
16:48Chirac est candidat
16:49à sa réélection.
16:50Et là,
16:50stupeur générale,
16:51la gauche divisée
16:52ne score pas assez
16:53et ne parvient pas
16:55à se qualifier
16:55pour le second tour.
16:56L'écart de ce premier tour
16:57est extrêmement serré
16:58et Jean-Marie Le Pen
16:59se qualifie
16:59pour le second tour.
17:00J'ai l'impression
17:01que je vous ai parlé
17:01déjà plein de fois
17:02de ce séisme politique
17:03donc je ne vais pas le refaire.
17:04Pour résumer,
17:05second tour de la présidentielle,
17:062002.
17:0682% de Français
17:07font barrage à l'extrême droite.
17:09Chirac est réélu
17:09et la victoire a un goût amer.
17:11Les Français n'ont pas voté
17:12pour lui
17:12mais contre son adversaire.
17:14Ce serait bien
17:14de redonner un élan
17:14avant de fraîcheur.
17:15Il faut choisir un Premier ministre.
17:21mais ministre de l'Intérieur.
17:23Ça lui va plutôt bien
17:23et puis il est quand même
17:25considéré comme
17:25le numéro 2 du gouvernement.
17:27Encore une fois,
17:28Nicolas Sarkozy
17:28ne fait pas les choses à moitié.
17:29Il dépoussière complètement
17:30ce ministère
17:31et devient très vite
17:32le ministre
17:33le plus populaire du gouvernement.
17:39On est en 2004.
17:40Sarkozy est désormais
17:41ministre de l'économie,
17:42des finances et de l'industrie.
17:44Il commence à avoir
17:44des ambitions personnelles.
17:45Est-ce qu'il vous arrive
17:46à ce moment-là
17:47de penser à l'élection présidentielle ?
17:49Pas simplement
17:50quand je me rasse.
17:50Il va organiser
17:52un énorme meeting
17:52pour prendre la tête
17:53du parti de droite
17:54en France
17:55qui a été depuis peu
17:55renommé l'UMP.
17:56L'UMP pour
17:57l'Union pour un mouvement populaire.
17:59L'objectif pour lui
18:00est super clair.
18:01Il veut être
18:01le candidat naturel
18:02de son corps
18:03pour la prochaine
18:03élection présidentielle.
18:04A 49 ans,
18:05Sarko est largement élu
18:07président de l'UMP
18:08avec 85% des voix.
18:10Dans la foulée
18:10de cette victoire,
18:11il quitte le gouvernement.
18:12Sarko n'est donc
18:13plus ministre
18:13mais prépare tranquillement
18:15sa candidature
18:15pour la présidentielle.
18:16Il va faire
18:17une vraie campagne choc
18:18marquée par plein
18:19de petites phrases
18:19qui vont marquer les esprits.
18:20En 2005, par exemple,
18:21il est en visite
18:22à la Courneuve
18:23dans le 93
18:23et il promet
18:24à certains habitants,
18:25je cite,
18:25de nettoyer la cité
18:26au Karcher.
18:27En 2005, pareil,
18:28à Argenteuil
18:29avec cette petite phrase
18:30qu'on ressort souvent.
18:30Vous en avez assez, hein ?
18:32Vous avez assez
18:33de cette vente de racailles.
18:35On va vous en débarrasser.
18:36Bon, clairement, là,
18:37c'est le ministre de l'Intérieur
18:38qu'il a été qui parle.
18:39C'est un angle de campagne
18:40qui est très axé
18:41sur l'ordre,
18:42la sécurité.
18:43L'autre angle,
18:43sans surprise,
18:44est économique
18:44avec ce slogan
18:46qu'il a choisi en 2007,
18:47travailler plus
18:48pour gagner plus.
18:49Et Sarko,
18:50pour l'élection présidentielle
18:51de 2007,
18:52arrive en tête
18:52du premier tour
18:53face à Ségolène Royal,
18:54la candidate socialiste
18:55qui devient, mine de rien,
18:56à ce moment-là,
18:57la première femme
18:58de toute l'histoire
18:58politique française
18:59à se hisser
18:59au second tour
19:00d'une élection présidentielle.
19:01Le 6 mai 2007,
19:17la pression est au max,
19:18il est 19h
19:19et les instituts de sondage
19:20appellent le candidat.
19:21Ça y est,
19:22Sarkozy sait qu'il a gagné.
19:23Il faut encore attendre
19:24quelques minutes
19:25pour qu'à 20h,
19:26son visage s'affiche
19:27sur toutes les télés de France.
19:283, 2, 1,
19:31Nicolas Sarkozy
19:32est élu
19:33nouveau président de la République
19:35avec 53% des voix.
19:37Nicolas Sarkozy
19:38veut savourer ce moment
19:39en famille.
19:40Tout le monde est là,
19:41sauf Cécilia,
19:42sa femme,
19:43qui est restée
19:43dans son appart à nuit
19:44et qui n'est même pas
19:45allé voter.
19:45Mais bon,
19:46elle va finir par le rejoindre
19:47pour célébrer sa victoire.
19:55Le 16 mai 2007,
19:57c'est le jour
19:57de son investiture.
19:58Le président sortant
19:59lui serre la main,
20:00c'est son mentor,
20:00Jacques Chirac,
20:01et lui confie
20:02les clés de l'Elysée
20:02et les codes nucléaires,
20:03accessoirement.
20:04Bon,
20:04la politique menée
20:05par Nicolas Sarkozy,
20:06c'est une politique
20:07de droite traditionnelle.
20:08Je ne vais pas vous faire
20:08le bilan de son mandat
20:09parce que ce n'est pas
20:10le but de ce format.
20:11Mais bon,
20:11ce que je peux vous dire,
20:12c'est que déjà,
20:13à l'époque,
20:14le débat était autour
20:15de l'âge du départ
20:16à la retraite.
20:16Sarkozy l'a repoussé
20:17de 60 à 62 ans,
20:19travaillait plus
20:20pour gagner plus.
20:21Il y a eu des grands épisodes
20:22de manifestations dans le pays.
20:23Mais surtout,
20:24après son élection,
20:25il se prend en pleine tronche
20:26la crise financière de 2008.
20:28Et là-dessus,
20:29il faut le dire,
20:29son action est plutôt saluée
20:31par les observateurs politiques.
20:32Il va lancer
20:33un grand plan de relance
20:34pour protéger les entreprises
20:35et baisser les taxes.
20:37Mais sa cote de popularité
20:38est franchement basse.
20:39Et elle descend très vite.
20:43Mais un truc qui ne passe pas
20:49avec Sarkozy,
20:50c'est son style.
20:51Les médias l'appellent
20:52le président bling bling.
20:53Après sa victoire,
20:54il va au Fouquet,
20:54sur les champs.
20:55Il va se rendre sur le yacht
20:56d'un homme d'affaires milliardaire
20:57qu'on commence à connaître aujourd'hui
20:59puisqu'il s'agit de Vincent Bolloré.
21:00Le style Sarkozy,
21:01c'est ça.
21:01C'est lunettes de soleil,
21:03Rolex, chaîne en or.
21:04Et ça, clairement,
21:05ça ne plaît pas à tous les Français.
21:06Sa vie privée aussi
21:07fait beaucoup parler
21:08puisque près d'un an
21:09après son élection,
21:10il divorce avec Cécilia,
21:12sa femme.
21:12Du coup, pour l'anecdote,
21:13ça devient le premier président
21:14en exercice à divorcer.
21:16Et quelques mois,
21:17à peine plus tard,
21:18en février 2008,
21:19il se marie une nouvelle fois
21:20et il épouse
21:21une chanteuse française
21:22très célèbre,
21:23Carla Bruni.
21:24Ensemble,
21:24ils auront une fille
21:25en 2011,
21:26la petite Giulia.
21:27Ici encore,
21:28c'est la première fois
21:29qu'un président
21:29devient père à l'Elysée.
21:31Nicolas Sarkozy
21:32prend progressivement
21:33goût au pouvoir
21:33et comme presque tous
21:35les présidents,
21:35au bout de 5 ans,
21:36puisque Chirac a mis en place
21:37cette mode du quinquennat,
21:39Sarkozy veut donc
21:40se représenter.
21:41Cette fois-ci,
21:41son slogan,
21:42c'est
21:42La France forte.
21:44Au début,
21:44il y a peu de gens
21:45qui y croient.
21:46En même temps,
21:46il est passé de 70%
21:47d'opinions positives
21:48au début de son mandat
21:49à 70% d'opinions négatives
21:52en 2010.
21:52Certains disent même
21:53qu'il ne passera pas
21:53le second tour.
21:54Après une campagne
21:55particulièrement intense,
21:56Sarko fera quand même
21:5745 meetings.
21:58Il parvient finalement
21:59à se hisser
21:59au second tour
22:00de l'élection présidentielle
22:01face à François Hollande,
22:02le candidat socialiste
22:03qui lui est arrivé
22:04premier au premier tour.
22:05Moi, président de la République,
22:06je ne traiterai pas
22:07mon premier ministre
22:07de collaborateur.
22:09Moi, président de la République,
22:11je ne participerai pas
22:13à des collectes de fonds
22:15pour mon propre parti
22:15dans un hôtel parisien.
22:17Moi, président de la République,
22:20je ferai fonctionner
22:21la justice de manière indépendante.
22:22Le 6 mai 2012,
22:23finalement,
22:24les résultats seront serrés
22:25avec 52% des voix.
22:27François Hollande
22:27l'emporte face à Nicolas Sarkozy.
22:29Battu,
22:29Sarko annonce
22:30qu'il se retire définitivement
22:31de la vie politique.
22:32Comme le veut le droit français,
22:33dès sa sortie de l'Elysée,
22:35l'ancien président de la République
22:36intègre le Conseil constitutionnel.
22:38Le Conseil constitutionnel,
22:39si vous ne connaissez pas,
22:39c'est le Conseil
22:40qui est chargé de vérifier
22:41que les lois français
22:42sont bien conformes
22:43à la Constitution.
22:44Bon, mais en vrai,
22:45il ne reste pas très longtemps.
22:46En fait, Sarko se consacre
22:47surtout à sa carrière d'avocat.
22:49Il va toucher comme ça
22:50pas mal d'oseille,
22:51surtout en donnant
22:52des conférences
22:52dans le monde entier.
22:53En une heure,
22:54tu touches quelques dizaines
22:55de milliers d'euros,
22:56si ce n'est plus.
23:02Mais ce qui prend quand même
23:03pas mal de temps
23:04à Nicolas Sarkozy,
23:05après l'Elysée,
23:06ce sont les affaires.
23:07Parce que là,
23:07je vous vois venir,
23:08vous allez me dire
23:08« Ouais, t'as pas parlé de machin ? »
23:10Ben, on y vient.
23:10On est là,
23:11c'est le chapitre pour,
23:12donc calme-toi, Joseph.
23:13Déjà en 2013,
23:14Sarkozy est pour la première fois
23:16mis en examen
23:16dans le cadre d'une affaire
23:17qu'on appelle
23:18l'affaire Bettencourt.
23:19Je vous la fais simple,
23:20on est en 2010
23:21et plusieurs proches
23:22de Liliane Bettencourt,
23:23qui est juste la femme
23:24la plus riche de France
23:24puisqu'elle est à la tête
23:25de L'Oréal,
23:26accusent Nicolas Sarkozy
23:27d'avoir reçu de l'argent
23:28de la milliardaire
23:29qui a 85 ans
23:30pour financer sa campagne
23:31en abusant de sa faiblesse.
23:32En droit d'ailleurs,
23:33c'est un nom,
23:34on parle ici
23:34d'abus de faiblesse.
23:35Sarkozy est donc
23:36mis en examen en 2013,
23:37mais la justice donnera
23:38un non-lieu
23:39et arrêtera
23:40finalement les poursuites.
23:41Ça c'est pour la faire Bettencourt.
23:42Bon,
23:42une fois relaxé,
23:43Sarkozy peut repenser
23:44à la chose qui l'obsède
23:45jour et nuit,
23:46la politique.
23:47Alors en 2014,
23:48deux ans après avoir été battu,
23:49Nicolas Sarkozy
23:50annonce son grand retour.
23:51Il va redevenir
23:52président du parti UMP
23:53comme à l'époque,
23:54mais pour lui donner
23:55un nouveau souffle,
23:56il va renommer le parti
23:56qui s'appelle désormais
23:58Les Républicains.
23:59Mais en fait,
23:59en fait ça va pas prendre.
24:01Ça va pas prendre
24:01parce que Sarkozy
24:02il est hyper entaché
24:03par les affaires.
24:03À un moment donné,
24:04je me suis même dit
24:04si j'en ferais pas
24:05un épisode spécial
24:06tellement il y a d'affaires.
24:07Il y en a une que je trouve
24:08passionnante
24:08mais qui est aussi
24:09un peu complexe
24:09donc je vais devoir
24:10la résumer un peu vite.
24:11L'affaire Kadhafi.
24:12Pour faire simple,
24:13Nicolas Sarkozy
24:13est accusé d'avoir financé
24:15illégalement sa campagne
24:16de 2007
24:16avec de l'argent liquide
24:18libyen.
24:18Une campagne,
24:19ça coûte super cher.
24:20Ça coûte des dizaines
24:21de millions d'euros.
24:22Dans le monde politique d'ailleurs,
24:23c'est pas la première fois
24:24qu'on parle de ce genre
24:24de magouille
24:25mais ici,
24:26c'est un gros poisson quand même.
24:27En gros,
24:34c'est 50 millions d'euros
24:35en billets
24:36à Nicolas Sarkozy.
24:37Disons-le comme ça,
24:38c'est un gros pot de vin.
24:39Alors,
24:40si l'enquête s'est terminée
24:41là récemment,
24:42fin 2022,
24:43on sait pas encore
24:43quelles vont être les suites
24:44de tout ça.
24:45Ce sera peut-être l'occasion
24:45de refaire un épisode là-dessus.
24:46Et donc,
24:47présomption d'innocence
24:48mais Sarkozy a quand même
24:49été mis en examen.
24:50Deux fois,
24:51la première en 2018
24:52et la deuxième en 2020.
24:53Bref,
24:54affaire à suivre.
24:54La troisième affaire
24:55dont je dois vous parler
24:56pour être complet dans cette vidéo,
24:57c'est celle des écoutes.
24:59Encore une fois,
24:59pour la faire courte,
25:00ici,
25:00Sarkozy est accusé
25:01d'avoir proposé
25:02d'aider un magistrat
25:03à obtenir un poste à Monaco
25:04en échange d'informations
25:05confidentielles
25:06sur la procédure judiciaire
25:07qui le visait
25:08dans le cadre
25:08de l'affaire Bettencourt
25:09en 2013.
25:10En 2021,
25:11le jugement est rendu
25:12et Sarkozy est finalement
25:13condamné
25:14à trois ans de prison
25:15dont un an ferme
25:16pour corruption
25:17et trafic d'influence.
25:18C'est la première fois
25:19qu'un président
25:19de la Ve République
25:20est condamné
25:21à de la prison ferme.
25:22Alors,
25:22je sais pas si vous faites
25:23la différence entre
25:23la prison ferme
25:25et de la prison avec sursis.
25:29un certain temps,
25:30on te laisse peinard.
25:31Mais de la prison ferme,
25:31ça veut dire
25:32qu'on purge forcément sa peine.
25:33Alors,
25:34est-ce que ça veut dire
25:34que Sarko va aller en prison ?
25:35Pas forcément.
25:36Faire de la prison ferme,
25:37ça peut aussi être
25:38de la surveillance à domicile
25:40avec le port
25:40de ce fameux bracelet électronique.
25:42Mais de toute façon,
25:43il a refusé le jugement
25:44et réclamé un nouveau procès.
25:45Il a fait appel
25:46et la justice rendra
25:47son jugement en mai 2023.
25:49Donc,
25:49il se peut en plus
25:49que le ferme
25:50se transforme en sursis,
25:51enfin bref.
25:51C'est pas définitif.
25:52Il y a une dernière affaire
25:53et c'est l'affaire Big Magnion.
25:55C'est quoi Big Magnion ?
25:56Big Magnion,
25:56en gros,
25:57c'est une agence de communication
25:58qui a organisé
25:58les 45 meetings
25:59de Sarkozy en 2012.
26:01Et cette société de com',
26:02Big Magnion,
26:03elle aurait fait
26:03des fausses factures
26:04auprès de l'UMP,
26:05le parti de Sarko à l'époque.
26:06Le tout dans le but
26:07d'aider Sarkozy
26:08à masquer ses dépassements
26:09de frais de campagne.
26:10Je sais pas si vous saviez,
26:11mais je pense que c'est important
26:12de le savoir.
26:12Il y a une loi française
26:13qui limite les dépenses
26:14pour chacun des candidats.
26:15Au premier tour,
26:16la limite,
26:16c'est 16,8 millions d'euros
26:18et ça va jusqu'à
26:1922,5 millions d'euros
26:20pour les deux candidats
26:21qui vont jusqu'au second tour.
26:23Cette loi,
26:23elle existe pour garantir
26:24qu'il y ait une compétition
26:25faire entre tous les candidats.
26:27Si on dépasse pas ses plafonds,
26:28on se fait rembourser
26:28une partie par l'État
26:29et pour cette campagne de 2012,
26:31Sarkozy est accusé
26:32d'avoir dépassé ses montants
26:33de plus de 16 millions d'euros.
26:35C'est pas un petit montant.
26:36L'affaire est longue
26:36et elle est toujours pas finie
26:38au moment où j'enregistre cette vidéo.
26:39Sarkozy a quand même été condamné
26:41le 30 septembre 2021.
26:42Il a pris un an de prison ferme
26:44pour financement illégal de campagne
26:45mais là encore,
26:46il a fait appel.
26:47Donc il purge pas sa peine.
26:49Les affaires.
26:55Bon, forcément avec toutes ces affaires,
26:57vous imaginez bien,
26:58l'image de Nicolas Sarkozy
26:59est vachement ternie quand même.
27:00Pour redorer son image,
27:01il va écrire deux bouquins,
27:02La France pour la vie en 2016
27:04et Passion en 2019.
27:05Il donne toujours
27:06ses grandes dédicaces
27:07où il y a ses fangirls
27:08un peu quinquagénaires.
27:09Je vous adore Nicolas,
27:10je vous adore.
27:11Et malgré tout,
27:11il désespère pas.
27:12En 2016,
27:13il tente un dernier coup d'éclat
27:14en se présentant à la primaire
27:15des Républicains
27:16pour l'élection présidentielle à venir.
27:18Et ses concurrents
27:18à cette primaire de la droite
27:19dont ses anciens alliés politiques
27:21le dégument.
27:22Parmi eux,
27:22non pas sans paradoxe,
27:23on retrouve son ancien
27:24Premier ministre,
27:25François Fillon.
27:25Qui imagine un seul instant
27:27le général de Gaulle
27:28mis en examen ?
27:29Sarkozy,
27:29lors de cette primaire des Républicains,
27:31ne va même pas
27:31atteindre le second tour.
27:32Il arrive en troisième position,
27:34battu par Alain Juppé
27:35et François Fillon
27:36qui obtiendra finalement
27:37l'investiture du parti.
27:38Depuis cette défaite,
27:39Sarko a repris quelques dossiers
27:41en tant qu'avocat.
27:42Mais surtout,
27:42il siège
27:43dans des conseils d'administration
27:44de grosses boîtes.
27:45En 2016, par exemple,
27:46il entre au CA,
27:47au conseil d'administration
27:48du groupe hôtelier Accor.
27:49Puis en 2019,
27:50à celui des casinos barrières.
27:52Et en 2020,
27:52dans celui du groupe Lagardère.
27:54C'est un gros groupe
27:54propriétaire de médias
27:55comme le JDD ou Europe 1.
27:57Et ses boîtes
27:57s'en fichent un peu
27:58quelque part
27:59des affaires de Sarkozy.
28:00Dans le monde du privé,
28:01pour une boîte internationale,
28:02avoir un ancien président de la République
28:03dans son conseil d'administration.
28:05C'est un plan en or
28:05et ça permet de débloquer
28:06plein de trucs
28:07d'un point de vue diplomatique
28:08et commerce international.
28:09Mais même après plus de 10 ans,
28:10l'héritage de Nicolas Sarkozy
28:11continue de compter.
28:12Il a longtemps soutenu
28:13Emmanuel Macron.
28:14On dit d'ailleurs
28:14que les deux hommes
28:15sont assez proches.
28:16En 2022,
28:17à l'occasion de la présidentielle,
28:18on chuchote de temps en temps
28:19son nom dans les couloirs.
28:20Est-ce qu'il ira ?
28:21Est-ce qu'il ira pas ?
28:21Est-ce qu'il peut résoudre
28:22cette crise de leadership
28:23qu'il y a à droite ?
28:24Finalement,
28:24c'est Valérie Pécresse
28:25qui s'y colle
28:25et Sarkozy ne lui donnera
28:27jamais son soutien.
28:28Grosse ambiance à droite
28:29et comme une petite mélodie
28:30qui ne s'arrête jamais,
28:31certains chuchotent
28:32encore son nom
28:32pour l'élection présidentielle
28:34de 2027.
28:35C'était l'histoire
28:36de Nicolas Sarkozy.
28:38Merci d'avoir regardé
28:39cette vidéo.
28:40J'espère qu'elle vous aura plu.
28:41Sarko, c'est une histoire
28:42d'amour avec la politique.
28:43C'est un brigand,
28:44c'est un voyou,
28:44c'est un séducteur.
28:45Sarko, il a aussi un peu inventé
28:46le président people, tu vois.
28:48Aussi, je voulais vous dire
28:49que l'histoire d'eux
28:49est enfin disponible en podcast.
28:51Vous l'avez demandé,
28:52ça y est,
28:53ça a pris du temps
28:53mais on l'a fait.
28:54Pensez bien à vous abonner
28:55pour ne rater aucune vidéo.
28:56C'était Gaspard G
28:57et je vous donne rendez-vous
28:58dans deux semaines
28:58pour une prochaine histoire.
29:00Salut !