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  • 25/05/2025
Des débris toxiques constitués d'appareils électriques et électroniques recouvrent aujourd'hui la planète. Ces appareils contiennent souvent des éléments minéraux précieux. Téléphones, ordinateurs, télévisions, réfrigérateurs et autres, parfois recyclés dans l'hémisphère nord, partent vers le sud pour une nouvelle vie, souvent courte et illicite.

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Personnes
Transcription
00:00Douane franco-suisse de Bardenais, dans le canton de Genève.
00:07Un camion suspect passe au scanner.
00:09On constate qu'il y a un véhicule en haut qui est chargé de différentes marchandises.
00:16On peut revenir en arrière s'il le faut.
00:20Là on constate effectivement qu'il y a deux véhicules qui sont vraiment chargés au niveau du coffre et tout.
00:26On peut voir des jantes, puis il y a différents articles.
00:40On a un camion qui exporte un peu moins d'une dizaine de véhicules à destination du pays d'Afrique principalement.
00:46Nous avons en le cadre d'un ciblage très précis identifié ce véhicule.
00:52Nous avons constaté dans ces véhicules en grande partie du matériel électronique qui n'était pas vraiment déclaré.
00:59C'était un peu en vrac et nous sommes en train de déterminer si on a affaire à du matériel exporté illégalement, volé,
01:06ou qui est soumis à différentes lois, en l'occurrence tout ce qui concerne le retraitement de déchets électroniques.
01:13En Suisse, la loi interdit d'exporter des appareils qui ne fonctionnent plus.
01:18Les douaniers veulent donc vérifier, mais les serrures résistent.
01:21Le chauffeur du camion est semé d'ouvrir le coffre car il est scellé de l'intérieur.
01:26C'est parce qu'on a d'autres techniques.
01:29On n'arrive pas à t'accrocher.
01:31C'est pour la difficulté qu'on a à ouvrir le coffre.
01:39Et là on va sauter parce qu'ils ont soudé la porte.
01:43Il n'est pas tolérable de souder les portes de voitures.
01:47On doit pouvoir constater la marchandise qui sort de notre territoire pour différentes raisons,
01:51en l'occurrence dans le cadre des déchets électroniques.
01:57Entre le nord et le sud, il existe aujourd'hui un flux continu de télévision,
02:03ordinateurs et équipements électriques de tous genres.
02:07Pourtant, chez nous, une filière de recyclage organise la prise en charge des appareils usagés.
02:12Pour ceux-ci, une deuxième vie les attend peut-être,
02:16mais ce qui est certain, c'est qu'ils seront très vite réduits à l'état de déchets,
02:20quelque part loin de l'Europe.
02:57Voilà Aboblochi.
03:00Et Aboblochi était une zone humide, un bel endroit il y a quelques années,
03:05mais il n'y a pas si longtemps.
03:08Cette rivière qu'on appelle Odo coulait rapidement vers la mer,
03:12et cet endroit était vert.
03:15Et bien sûr, je venais ici me baigner avec mes amis, pêcher, jouer au football,
03:20ce que les enfants font habituellement.
03:25Mais maintenant, voilà dans quel état est Aboblochi.
03:29C'est devenu une décharge pour les déchets électroniques des pays industrialisés.
03:40Comme vous pouvez voir, voilà une TV du genre de celle qui arrive de toute l'Europe.
03:45Et il n'y a pas que des TVs, il y a aussi des ordinateurs.
03:54C'est un ordinateur.
04:20Regardez ce que j'ai trouvé.
04:23C'est un ordinateur qui appartient à Switch,
04:26un réseau académique suisse pour la recherche.
04:42Allô?
04:44Bonjour.
04:48Est-ce que je parle au réseau académique suisse pour la recherche?
04:54OK. Mon nom est Mike Anan.
04:57J'appelle du Ghana.
05:02Oui, je suis sur une décharge de déchets électroniques au Ghana.
05:08Et j'ai trouvé deux ordinateurs.
05:14Oui, qui appartiennent au réseau académique suisse pour la recherche, Switch.
05:19Et j'aimerais découvrir comment ces ordinateurs en fin de vie
05:23sont arrivés au Ghana sur cette décharge.
05:31Vous savez, j'espère toujours que la société que j'appelle
05:34m'aidera à découvrir qui a jeté ça ici
05:37et quelles en sont les raisons.
05:40On doit remonter la piste.
05:43Je veux savoir si c'est la compagnie elle-même
05:46qui envoie ces ordinateurs au Ghana par charité,
05:49en tant que donation,
05:51ou si c'est un recycleur qui a trompé Switch
05:54alors disant qu'il allait recycler correctement
05:57ses ordinateurs en fin de vie
05:59et en fait, ils ont été amenés ici.
06:08Quel que soit le chemin,
06:10il faut aller à la source
06:12et remonter la piste parce que c'est juste trop
06:15Chaque mois, nous recevons 500 containers de déchets électroniques
06:19venant des pays industrialisés, y compris la Suisse.
06:22Ils arrivent au Ghana, détruisent l'environnement,
06:25détruisent des vies, la santé des gens.
06:28On est très inquiets et on veut arrêter ça.
06:31C'est illégal, c'est immoral, ça ne devrait pas arriver.
06:37Comment ces ordinateurs suisses se retrouvent-ils sur une décharge ghanéenne ?
06:41Nous avons contacté Switch.
06:43Embarrassée, la société nous a expliqué
06:46qu'elle avait offert ses vieux ordinateurs à une personne de confiance,
06:49un professeur ghanéen, connaissance de l'entreprise.
06:53Ce dernier a l'habitude de récupérer le matériel usagé de Switch
06:56et de l'expédier depuis la Suisse dans son pays d'origine, le Ghana,
07:00via le port d'Anvers.
07:02Le but ? Aider des écoles dans le besoin.
07:05Un acte de solidarité qui, après quelque temps,
07:08devient une grave menace pour la santé et l'environnement.
07:14La Suisse, pourtant, dispose d'une filière de récupération très bien rodée.
07:20C'est dans des déchetteries comme celle-là que finissent nos vieilles TV.
07:23La vie de nos appareils ménagers, de nos ordinateurs est de plus en plus courte.
07:27Ça fait tourner la machine économique et produit beaucoup de déchets.
07:35On peut aussi ramener les biens jugés obsolètes dans un magasin.
07:38Ce dernier est forcé de les accepter.
07:41Car à l'achat d'un équipement neuf,
07:43le consommateur paye une taxe anticipée de recyclage.
07:46Cette taxe finance la récupération, le transport
07:49et la prise en charge dans des centres de traitement.
07:52Basé à Aïkublan,
07:54Tévenin Leduc est le plus grand recycleur de Suisse romande.
08:00Ça vient d'arriver ?
08:02Ça vient d'arriver ce matin, oui.
08:04Beaucoup de marchandises abîmées.
08:06Pas très joli.
08:09Maintenant, on va commencer ça en démantèlement.
08:11Je voulais juste voir cet arrivage.
08:13Éliminer les déchets, les retraités en Suisse, en Europe,
08:16c'est une activité qui coûte cher.
08:18Très cher, oui.
08:19Mais notre hier, elle est payée.
08:21Donc je veux dire, nous, nous pouvons nous permettre
08:23de faire ce qu'on fait ici.
08:25Un pays qui n'a pas de système, avec pas de financement,
08:27ne pourra pas démonter la marchandise de manière correcte.
08:33La marchandise va être sortie des palettes,
08:36démontée dans les règles de l'art,
08:38c'est-à-dire, nous, on a une obligation d'enlever tout ce qui est polluant.
08:41Ça, c'est la partie obligatoire.
08:43Donc c'est la dépollution, sauvegarder l'environnement,
08:45le faire dans des bonnes conditions.
08:47Et ensuite, la deuxième partie, pour nous,
08:49c'est d'extraire un maximum de matières valorisables,
08:52un maximum de métaux, un maximum de plastique, etc.,
08:56et de les valoriser dans la bonne filière
08:58afin aussi de rémunérer notre activité.
09:01Alors ici, ces messieurs vont ouvrir chaque appareil qui arrive.
09:08Alors la partie la plus dangereuse,
09:11c'est ce qu'on appelle le tube catholique,
09:13puisqu'il est couvert de plomb.
09:15Donc l'objectif, c'est d'endommager le moins possible
09:17et de dégager le moins de poussière possible
09:19lors de la manutention, en fait.
09:21Voilà, le monsieur va l'ouvrir,
09:23il va sortir ce qu'il y a de dangereux à sortir,
09:25il va séparer et trier les différentes matières
09:27pour qu'ensuite, tout aille dans la bonne voie.
09:32Ce modèle est le plus ancien et le plus performant au monde.
09:36En Suisse, 80% des appareils usagés sont recyclés
09:39contre 25% en moyenne européenne.
09:42Mais tout ce qui ne rentre pas dans les filières officielles
09:44part essentiellement à l'exportation.
09:50Et il existe de nombreuses routes.
09:52Jean Kamba est Congolais
09:54et il vit depuis de nombreuses années en Suisse.
09:58Nous allons à mon dépôt.
10:01C'est un local où j'entrepose mes matériels
10:05destinés à l'exportation vers l'Afrique.
10:10Quel genre de matériel vous connectez ?
10:14Je dirais de tout et de rien.
10:16Tout ce que vous débarrassez.
10:18Parce que vous savez, trop souvent,
10:20les ménages, les professionnels suisses
10:24débarrassent certains produits
10:28qui, commercialement ou légalement en Suisse,
10:30n'ont aucun avenir.
10:33Mais dans les pays du sud,
10:37ces produits peuvent retrouver une seconde vie.
10:54Qu'est-ce que vous avez là ?
10:56J'ai un matelas,
10:59un frigo.
11:05Là, j'ai un très joli miroir.
11:11Tout ça, ça va repartir au Congo ?
11:13Ça va partir au Congo, oui.
11:15Ça va faire du bonheur.
11:18Les produits, la qualité indiscutable du produit suisse,
11:23c'est très prisé et apprécié par les peuples congolais.
11:31Ici, c'est le rayon électroménager, électronique ?
11:35Exactement.
11:37Un ordinateur, par exemple, ça se vend combien ?
11:40Les processeurs qui le connaissent mieux,
11:43c'est les Pentium.
11:45Pentium IV, une unité centrale comme ça,
11:47ça coûte entre 120 et 100 dollars.
11:52C'est ce qui fait 100 francs suisse, je dirais.
11:54Et vous savez pourquoi ces télés-là sont là ?
11:57Elles sont noires.
11:59Alors, ils disent que la télé noire attire les moustiques.
12:07Ils préfèrent des télés grises,
12:09celles qui sont déjà en bas.
12:11Et ça, c'est la priorité.
12:14Et vous les trouvez où, ces télés ?
12:16Ces télés, en tout cas, on les trouve dans les déchets terriers,
12:18on les trouve pendant les débarras,
12:20dans les grandes villes, Lausanne,
12:22à Vévey, à Montreux.
12:24C'est facile à trouver.
12:26Jean Kamba est satisfait de son commerce,
12:28mais il reconnaît qu'il comporte certains risques.
12:31Un conteneur retourné par les douanes
12:33lui a coûté 8000 francs en transport,
12:35élimination et en amende.
12:37J'avais eu la malchance,
12:39mon conteneur avait été saisi à la douane en Allemagne.
12:44Ils avaient trouvé des choses qui étaient prohibées.
12:47Parce qu'aujourd'hui,
12:49on nous oblige à envoyer vers l'Afrique
12:53des appareils électroniques
12:56qui sont en état de fonctionnement.
13:00Et à l'époque, ils avaient trouvé trois télés
13:02qui avaient les câbles coupés.
13:04Donc ce n'est plus des matériaux usagés,
13:07mais ce sont des déchets.
13:09Et depuis cette date-là,
13:11j'ai pris une bonne leçon.
13:13Je ne recommencerai plus de telles erreurs.
13:16Nous, on disait, ok, on prend une télé qui ne fonctionne pas.
13:19En Afrique, ils arrivent toujours à réparer.
13:28Je vais ranger ces vélos,
13:30parce qu'ils sont prêts à l'exportation.
13:39Non loin de là, dans la zone industrielle genevoise,
13:41un parking de voitures d'occasion.
13:43Une autre voie d'approvisionnement pour l'Afrique.
13:50Ce sont des voitures qui vont dans plusieurs pays en Afrique.
13:53Ce sont des voitures aussi,
13:55pour voir ceux qui n'ont pas trop de moyens
13:57pour acheter une voiture neuve.
13:59On a des voitures qu'ils ont expertisées,
14:01qui peuvent encore rouler ici.
14:03On voit que certaines voitures sont remplies d'objets,
14:05de choses que les gens veulent envoyer chez eux.
14:07C'est aussi une pratique courante, ça ?
14:09C'est une partie des...
14:11de ceux qui sont en Afrique là-bas,
14:13pour qu'ils puissent avoir quelque chose à manger.
14:16Ceux qui sont pauvres, par exemple,
14:18si on met une télé dedans,
14:20peut-être une télé neuve coûte dans les 40 000 francs,
14:22ce n'est pas, alors qu'il s'y trouve une occasion,
14:2420 000 ou 15 000 francs, ça les range.
14:28Samy est Libanais.
14:29Il gère l'exportation des véhicules.
14:42Ils sont sûrement en panne ici,
14:44puis ils les prennent, ils les repartent là-bas,
14:46puis ils les emploient de nouveau.
14:48Tout ce dont on ne veut plus chez nous, quoi, en fait.
14:50Voilà, voilà, voilà.
14:53Je vais voir s'il peut ouvrir...
14:56quelque chose.
14:58Non, c'est fermé.
15:01Si on a de la chance, je peux vous montrer
15:04quelque chose qui les soude.
15:07Carrément, ils soudent les portes
15:09pour... il n'y a que lui qui peut l'ouvrir là-bas,
15:11parce que dès qu'ils arrivent là-bas sur le port,
15:14c'est facile à piquer les choses.
15:16Donc, c'est pour être sûr, ils soudent les portes.
15:20Comme ça, personne ne peut l'ouvrir.
15:22Bon, ici, nous, on s'occupe vraiment de la voiture.
15:24Ce qu'il y a dans la voiture,
15:26ça, ce n'est pas notre affaire.
15:28C'est eux-mêmes qui mettent le truc,
15:29c'est eux-mêmes qui le reçoivent là-bas,
15:31c'est eux-mêmes qui savent ce qu'ils veulent faire avec.
15:33Nous, on s'occupe de la voiture.
15:35Ce qu'elle contient, ce n'est pas votre problème ?
15:37Non, non, ce n'est pas du tout notre problème.
15:52Ils partent où, ces camions ?
15:54Pour Tripoli, en Libye,
15:56puis l'autre pour Benin, à Cotonou.
15:58Pourquoi Cotonou ? Le Benin, ce n'est pas un très grand pays.
16:00Non, ce n'est pas un très grand pays,
16:02mais c'est un point de transit.
16:04En fait, la plupart de ces voitures partent pour Nigeria.
16:06Si vous voulez le port, c'est un point de transit.
16:10Combien de camions partent chaque semaine de votre…
16:13Maintenant, on arrive entre sept et dix par semaine.
16:22Vous partez où ?
16:24En Belgique, pour Danvers.
16:27Bon voyage !
16:37On est ici, dans le port d'Anvers,
16:39le deuxième port d'Europe.
16:41Et on est ici, sur les quais de ICO,
16:43International Car Operators,
16:45dont on fait l'exportation de voitures,
16:47comme ici, voitures d'occasion,
16:49pour l'Afrique.
16:51Ces voitures viennent d'un peu partout d'Europe.
16:55Ces vieilles voitures sont un sérieux problème
16:57pour les autorités.
16:59Célèbre pour son commerce avec l'Afrique,
17:01le port d'Anvers a dû introduire une nouvelle
17:03réglementation plus exigeante sur la qualité
17:05du matériel exporté.
17:07Objectif, restaurer une réputation ternie
17:09par le trafic de voitures poubelles
17:11et de déchets électroniques.
17:13Mais c'est en conteneurs que transite
17:15la plupart des marchandises.
17:17Le port d'Anvers, c'est un grand port aussi,
17:19où on traite pas mal de marchandises,
17:21où on traite pas mal de conteneurs.
17:23Et on sait, et les douanes le savent aussi,
17:25qu'il n'y a pas assez de personnel
17:27pour les marchandises.
17:29L'an dernier,
17:318,7 millions de conteneurs
17:33ont quitté le port d'Anvers.
17:37Côté douanes,
17:39on en contrôle 3 ou 4 chaque jour,
17:41environ 1 400 sur l'année.
17:43Une goutte d'eau dans l'océan.
17:45Pour le fonctionnement,
17:47j'ai fait le test.
18:15Je vois si la lampe s'allume.
18:19Ensuite, je teste le programme.
18:23Il y a un écran gris.
18:27Pour nous, ça suffit
18:29pour dire
18:31qu'il fonctionne encore.
18:35Mais quand je teste un autre,
18:37comme celui-ci,
18:39vous verrez,
18:41il n'y a plus de bouton.
18:43Donc il a déjà été
18:45démonté
18:47de façon
18:49qu'il ne peut plus fonctionner.
18:51Et à cause de l'écran
18:53qui est encore
18:55plein de poudre phosphorique
18:57et d'autres choses dangereuses,
18:59c'est un déchet dangereux
19:03qui ne peut pas être exporté
19:05vers l'Afrique.
19:07C'est interdit.
19:13Quand on voit toutes les quantités
19:15qui partent vers le sud,
19:17est-ce que vous arrivez à contrôler
19:19autant que vous le souhaitez ?
19:21On ne peut pas tout contrôler.
19:23L'Union européenne nous donne
19:25des pourcentages précis
19:27pour l'inspection.
19:29Pour l'exportation, 2 %,
19:31pour l'importation, 5 %.
19:35Certains containers sont scannés,
19:37d'autres physiquement inspectés.
19:39Ça vous prend combien de temps
19:41de contrôler tout un container
19:43de 40 pieds ?
19:45Entre 2 et 3 heures.
19:47Oui.
19:49C'est beaucoup de travail.
19:51C'est vraiment beaucoup de travail.
19:53Parce que si c'est pas bon,
19:55on doit encore faire un dossier
19:57pour retourner
19:59tous les camions
20:01ou tous les containers
20:03vers le pays d'origine.
20:05C'est très dur.
20:07Vous entendez le son ?
20:09C'est une indication
20:11que ça ne marche pas.
20:13Ça vous arrive souvent
20:15de voir des objets
20:17qui ne fonctionnent pas,
20:19où il y a beaucoup de déchets ?
20:21Oui, il y a beaucoup de déchets.
20:23Parfois c'est un ou deux choses,
20:25mais autrefois,
20:27c'est tout le contenu
20:29qui est déchet.
20:31C'est très dur.
20:33C'est très dur.
20:35C'est toujours différent.
20:37Quel intérêt il y a
20:39pour des gens
20:41d'envoyer des déchets
20:43dans les pays du Sud ?
20:45Parce qu'on ne peut pas
20:47les revendre si ça ne marche pas.
20:49Ils disent toujours
20:51que ça coûte moins
20:53de les réparer là-bas.
20:55Et qu'ils font
20:57trois mauvaises télévisions.
20:59Ils font une bonne télévision.
21:01Mais là, c'est pas toléré.
21:05Donc, selon les douanes belges,
21:07certains containers sont parfois
21:09pleins de déchets,
21:11en violation complète
21:13avec un traité international,
21:15la Convention de Bâle,
21:17qui interdit ce type de commerce.
21:19Vont-ils se retrouver
21:21sur une décharge sauvage au Ghana
21:23ou ailleurs ?
21:25Autant de questions
21:27qui obsèdent Mike Hannan.
21:29Venir ici me procure
21:31des sentiments mélangés.
21:33Je suis bien sûr très heureux
21:35que mon pays, le Ghana,
21:37soit si impliqué
21:39dans le commerce international.
21:41Et dans le même temps,
21:43je suis très triste et en colère
21:45parfois de penser que
21:47beaucoup de ces bateaux
21:49qui viennent ici
21:51contiennent un cargo mortel,
21:53des déchets électroniques
21:55très toxiques,
21:57dont personne ne veut plus
21:59dans son pays.
22:01Le port de Tema
22:03est une zone interdite
22:05aux médias.
22:07Des journalistes ghanéens
22:09nous ont fourni ces images
22:11prises en caméra cachée.
22:13Elles montrent un marché actif
22:15de télévision, frigos
22:17et ordinateurs.
22:19Commerçants, revendeurs
22:21et grossistes
22:23viennent directement s'y fournir
22:25au pied des containers.
22:31Très vite,
22:33toutes ces marchandises affluent
22:35dans les rues d'Akra
22:37en quantité sans cesse grandissante.
22:39La demande ne cesse d'augmenter
22:41et parallèlement,
22:43la durée de vie des appareils se réduit.
22:49Les ordinateurs,
22:51les télévisions,
22:53les DVD,
22:55les DVD
22:57et les micro-ondes.
22:59Et les chaînes stéréo.
23:03Et d'où vient tout cela ?
23:07De Hollande.
23:09C'est de la bonne qualité ?
23:11Tout fonctionne ?
23:13Quand elles arrivent,
23:15certaines fonctionnent,
23:17d'autres pas.
23:19C'est une question de chance.
23:21Sur 30,
23:23il peut y en avoir 20 qui marchent
23:25et 10 qui ne marchent pas.
23:27Et les 10,
23:29il faut les réparer avant utilisation.
23:35Quand vous avez un lot
23:37avec environ la moitié des télévisions
23:39qui ne fonctionnent pas,
23:41c'est un gros problème pour vous, non ?
23:43On les achète non testées,
23:45le client aussi.
23:47Alors que ça marche ou non,
23:49ce n'est pas mon problème.
23:51Et que faites-vous
23:53avec les gens mécontents
23:55qui ne fonctionnent pas ?
23:57Le client sait qu'elles ne sont pas testées.
23:59S'il les achète,
24:01c'est à lui de les faire réparer.
24:05Une véritable loterie
24:07qui fait l'affaire des réparateurs.
24:09Dans la capitale ghanéenne,
24:11une économie entière
24:13s'est organisée autour du second main.
24:25Parmi les hauts lieux,
24:27le marché de Tiptoe Lane
24:29est presque entièrement consacré
24:31aux technologies de l'information.
24:55On a des téléphones chinois,
24:57des originaux, de tous genres.
24:59Nokia, Samsung,
25:01Blackberry, iPhone.
25:03Il y en a beaucoup.
25:05Et vous pouvez tout réparer ?
25:07Tout.
25:09Tout.
25:11Tout.
25:13Tout.
25:15Tout.
25:17Tout.
25:19Tout.
25:21Tout.
25:23Tout.
25:25Et est-ce que ces téléphones d'occasion
25:27durent un peu ?
25:29Oui.
25:31Souvent, les téléphones usagés durent plus longtemps
25:33que les tout neufs.
25:37Vous allez personnellement en Europe
25:39chercher les téléphones ?
25:41Non, on n'y va pas nous-mêmes.
25:43Des gens les amènent ici et on les achète.
25:45Certains sont des blancs comme vous,
25:47d'autres des ghanéens qui vivent à l'étranger.
25:49Quand ils reviennent ici,
25:51ils nous les amènent.
25:55Au Ghana, les consommateurs sont
25:57de plus en plus nombreux.
25:59Le pays connaît 15% de croissance
26:01et vient de découvrir de nouveaux champs pétroliers.
26:03Un boom économique
26:05qui permet à une classe moyenne émergente
26:07d'espérer consommer toujours plus,
26:09comme dans les pays du Nord.
26:13Mais aujourd'hui,
26:15l'industrie électronique est au monde
26:17celle qui produit le plus de déchets.
26:195% d'augmentation par an.
26:37La conséquence pour Mike Annan
26:39est que ce phénomène encourage
26:41à contourner les lois
26:43et à expédier beaucoup de déchets au Ghana.
26:45Une pratique qui concernerait surtout
26:47les ordinateurs qui n'opposent pas
26:49de bonnes filières de recyclage.
26:53Les ordinateurs qui ne fonctionnent pas
26:55doivent être recyclés
26:57ou éliminés proprement
26:59dans leur pays d'origine,
27:01pas au Ghana.
27:03Quand vous regardez ces ordinateurs,
27:05vous voyez que ce sont tous des DEL,
27:07qu'ils ont tous la même indication,
27:09et ça signifie qu'ils viennent tous
27:11de la même société, du même pays.
27:13C'est très clair, très évident
27:15que tous ces ordinateurs
27:17viennent du même conteneur.
27:21C'est clairement du déversement
27:23illégal de déchets.
27:29Des agissements qui entraînent
27:31des conséquences inquiétantes.
27:33Quand vous regardez ce gamin,
27:35j'en vois tout le temps
27:37quand je passe ici,
27:39regardez comme il est jeune.
27:41Les déchets électroniques sont partout.
27:43Alors il vient ici tous les jours
27:45pour casser les ordinateurs
27:47et les téléviseurs
27:49afin de retirer du métal
27:51et le vendre.
27:55Mais la vérité,
27:57c'est qu'il n'y a pas de déchets
27:59électroniques.
28:01Mais la vérité,
28:03c'est que cet enfant,
28:05jeune comme il est,
28:07est exposé à tant de produits chimiques toxiques
28:09provenant des déchets électroniques
28:11et des téléviseurs.
28:13Du cadmium,
28:15du mercure,
28:17des retardateurs de flammes
28:19et du plomb qui attaquent son petit organisme.
28:21Son cerveau,
28:23ses reins sont en plein développement
28:25et il est infecté par tous ces produits toxiques,
28:27ces métaux lourds.
28:31Les câbles électriques
28:33sont une des ressources
28:35les plus convoitées
28:37par les enfants de la décharge.
28:43J'essaye de récupérer le cuivre.
28:45Je laisse le faire.
28:47Ensuite, je vais faire peser le cuivre
28:49et je le vends.
28:51J'essaye de récupérer le cuivre.
28:53Je laisse le faire.
28:55Ensuite, je vais faire peser le cuivre
28:57et je le vends.
28:59Combien tu peux obtenir avec ça ?
29:03Je peux en obtenir 20 cédits.
29:05Et tu vas à l'école ?
29:07Oui.
29:09Toi aussi ?
29:11Non, je n'y vais pas.
29:13Je ne vais pas à l'école.
29:19Afin de récupérer le cuivre,
29:21les enfants doivent brûler des câbles
29:23conçus pour résister au feu.
29:25Ils leur font donc un combustible
29:27hautement inflammable.
29:29Et pour cela, rien n'égale
29:31les mousses isolantes et des frigos
29:33dont la composition n'est pas moins toxique
29:35que la gaine des câbles électriques.
29:39Chaque fois qu'ils brûlent les déchets,
29:41les câbles ou d'autres parties,
29:43énormément de fumée part vers le quartier d'en face.
29:45De la fumée qui rend les gens malades,
29:47qui provoque le cancer.
29:49Et on parle de 70 000 personnes
29:51qui vivent ici
29:53et sont exposées à cette fumée
29:55qui contient des chimiques toxiques.
30:01À ce jour, seul Greenpeace a commandité
30:03un rapport détaillé sur la pollution
30:05causée par la décharge d'Abublechi.
30:07L'étude a révélé
30:09une atteinte des seules alarmantes.
30:25Comme l'écrasante majorité des jeunes
30:27travaillant sur la décharge,
30:29Junior et Michael viennent du nord du Ghana,
30:31une région rurale touchée par la sécheresse.
30:35Tous deux ont décidé de faire des études
30:37et le seul moyen de les financer,
30:39c'est de venir ici gagner quelques cédis,
30:41la monnaie locale,
30:43en dépit des risques sanitaires.
30:47Je veux être enseignant.
30:49Et lui, Michael,
30:51il veut être médecin.
30:53Oui.
30:55Je veux devenir médecin plus tard.
30:57Vos parents savent
30:59ce que vous faites ici ?
31:01Oui, bien sûr, ils le savent.
31:03Et qu'en pensent-ils ?
31:05Ils nous conseillent
31:07de prendre soin de nous.
31:09La fumée peut provoquer
31:11beaucoup de maladies.
31:13Ils nous conseillent de nous protéger
31:15et quand on peut se protéger,
31:17on le fait.
31:19Et quand on ne peut pas,
31:21on fait avec.
31:25Et vous n'êtes pas malade ?
31:27Pas encore.
31:35Joshua, lui,
31:37est nigérian. Cela fait 11 ans
31:39qu'il vit aux abords de la décharge.
31:45Je suis arrivé au Ghana
31:47à l'âge de 5 ans avec mon père.
31:49Il m'a abandonné
31:51et je dois me débrouiller tout seul.
31:55Joshua a une grande expérience des lieux.
31:57Il a aussi connu une sérieuse alerte de santé.
32:01Je marchais et mes yeux...
32:05Je voyais tout bizarre,
32:07comme si j'étais ivre.
32:09Mais je ne l'étais pas.
32:11Je suis tombé par terre,
32:13quelqu'un s'est occupé de moi
32:15et m'a donné un stimulant.
32:17Je l'ai bu,
32:19je me suis endormi
32:21et le lendemain, j'étais rétabli.
32:29C'est là que je dors.
32:31La nuit, je viens dormir ici.
32:33Le matin, je me lève
32:35pour aller au travail.
32:37Je cherche un peu d'eau
32:39pour me débarbouiller.
32:41Puis je vais travailler.
32:43Je dois gagner un peu d'argent
32:45pour me débarbouiller.
32:47Et tu possèdes quelque chose ?
32:49Non.
32:51Juste ce que tu as sur toi ?
32:53Oui, juste mes habits.
32:59Quotidiennement contaminés,
33:01les enfants de la décharge
33:03ont une santé et une espérance de vie
33:05fortement compromises.
33:07Aucun n'a assez d'argent pour consulter un médecin.
33:09Alors le seul moyen,
33:11quand ça ne va plus,
33:13c'est d'aller chercher un ancien de fortune
33:15dans le ghetto voisin
33:17que les habitants ont baptisé Sodom et Gomorre.
33:25Ce qui m'arrive,
33:27c'est que j'ai des maux de tête,
33:29j'ai mal aux côtes, au cœur
33:31et je tousse.
33:33C'est à cause de mon travail.
33:37Je brûle les câbles de cuivre
33:39et je ramasse les déchets.
33:43Quand les enfants arrivent,
33:45je leur demande où sont leurs parents.
33:47Soit ils me disent qu'ils n'en ont pas,
33:49soit qu'ils ne sont pas là.
33:51Comme ils sont blessés,
33:53ils ne peuvent pas repartir comme ça.
33:55Alors je leur donne les premiers soins,
33:57je nettoie les blessures,
33:59leur donne des médicaments et de l'argent
34:01pour qu'ils mangent quelque chose
34:03avant de prendre le médicament.
34:05Puis je leur demande de repasser le lendemain
34:07pour voir comment la blessure évolue.
34:09Les eaux désormais sans vie
34:11baignant la décharge
34:13se jettent directement dans la mer,
34:15toutes proches.
34:17Les pêcheurs qui vivaient
34:19grâce aux poissons du lagon
34:21se rabattent désormais sur le rivage
34:23mais ils n'attrapent plus rien.
34:25Avant, il n'y avait pas de détritus ici.
34:27On pêchait beaucoup de poissons.
34:29On les mettait dans les paniers.
34:31On les vendait aux femmes.
34:33Mais maintenant,
34:35à cause des déchets,
34:37on ne pêche plus.
34:39Combien de paniers faisiez-vous avant ?
34:43Des fois, on faisait
34:4530, 20, 50 paniers.
34:47Et aujourd'hui ?
34:49Aujourd'hui, environ 2, 3, 4.
34:51C'est pas bien.
35:01L'eau est très polluée.
35:03Ça tue les poissons.
35:05Oui, ça me dérange.
35:07L'eau est sale.
35:09Ça ne sent pas bon.
35:11Et le poisson est mauvais.
35:13Ça donne mal au ventre.
35:15Si je mange ce poisson,
35:17je vais tomber malade.
35:19L'eau est comme un égout.
35:23Il y a trois jours,
35:25en remontant mes filets,
35:27les détritus que j'ai pêchés,
35:29beaucoup de choses
35:31dont je ne connais même pas le nom.
35:33Mes ordinateurs,
35:35tellement de choses.
35:37Maintenant, je n'ai plus d'argent.
35:39C'est devenu un endroit mort.
35:51Quand vous regardez un endroit
35:53comme Abobloshi, par exemple,
35:55en termes de pollution du sol,
35:57nous avons mené quelques études
35:59sur les gens qui collectent les déchets
36:01et nous avons découvert
36:03qu'ils ont un très haut niveau
36:05de certains métaux dans le sang.
36:07Ce n'est pas quelque chose
36:09dont on peut être fier.
36:11Ce n'est pas bon
36:13et on doit beaucoup s'en inquiéter.
36:15Côté autorités,
36:17John Poimang avoue que seul,
36:19le Ghana ne résoudra pas le problème.
36:21Et pour ce qui est
36:23de la solidarité numérique...
36:25Vous savez, la solidarité,
36:27dans le sens où certains
36:29pays ne peuvent pas
36:31se payer des ordinateurs neufs.
36:33Très bien.
36:35C'est ce qui devrait se passer.
36:37Jusqu'à ce que des hommes
36:39d'affaires sans scrupules
36:41décident d'entrer dans le système
36:43et expédient des déchets.
36:45On ne veut pas penser
36:47que les pays développés les encouragent
36:49parce que nous savons tous
36:51que c'est illégal.
36:53Vous savez, les pays d'origine
36:55ont aussi une grande responsabilité.
36:57Il y a des gens qui quittent leurs côtes
36:59pour notre pays.
37:01D'un autre côté,
37:03on n'a pas d'installation
37:05pour gérer les déchets.
37:15En Suisse,
37:17ces installations existent depuis longtemps.
37:19Chez des recycleurs
37:21comme Tevna Leduc,
37:23on vise un objectif,
37:25c'est d'éliminer les déchets.
37:27On a quelques exemples
37:29de fractions.
37:31Tout ce qui est connexion
37:33purement câble informatique,
37:35à la base, c'est du cuivre.
37:37Ce sont des câbles assez fins
37:39qui vont aussi être broyés, granulés.
37:41On va récupérer uniquement le cuivre.
37:43Toute la partie plastique
37:45qui sera incinérée,
37:47on ne peut pas le valoriser par la suite.
37:49On n'a pas le droit de le faire.
37:51Ordinateurs, pareil.
37:53Ce sont des cartes
37:55qui contiennent
37:57passablement de métaux nobles,
37:59qui sont chers.
38:01Quel type de métaux ?
38:03Vous avez là-dessus de l'or,
38:05de l'argent, du cuivre,
38:07de l'alu...
38:09Tout ce qui peut
38:11conduire en formation.
38:17On a un stock de téléphones portables.
38:19Il y en a quelque part.
38:21Là-bas, derrière.
38:33Là, il y a du natel.
38:35Les natels ont énormément de valeur
38:37parce qu'il y a énormément de métaux rares
38:39à l'intérieur, y compris des métaux
38:41dont on va être au manque
38:43dans les prochaines années.
38:45C'est une ressource très convoitée.
38:50Conserver les métaux précieux
38:52dans les filières de production
38:54devient un enjeu stratégique.
38:56A Honvers, en Belgique,
38:58la société Umicore est une des rares
39:00à s'être spécialisée dans ce domaine.
39:02C'est ici qu'arrivent du monde entier
39:04des cartes mères et autres circuits électroniques.
39:09Broyée, fondue, épurée,
39:11la matière première passe par
39:13toutes sortes de traitements chimiques.
39:15Le minerai extrait doit être
39:17le plus pur possible et les processus
39:19développés par Umicore sont des secrets
39:21jalousement gardés.
39:25Ces installations valent des milliards.
39:27Ils en ressortent du platine, du rhodium,
39:29du palladium, de l'argent
39:31et bien sûr, de l'or.
39:41Quelle quantité d'or vous récoltez ici
39:43chaque année ?
39:45On a une capacité de 100 tonnes par an.
39:47Et combien le cours de l'or aujourd'hui ?
39:49Aujourd'hui, le cours de l'or
39:51varie entre 40 000
39:53et 42 000 euros.
39:55Le kilo.
39:57Ça fait beaucoup d'argent, quoi.
39:59Ça fait beaucoup d'argent,
40:01exactement. C'est pour ça que c'est très rentable
40:03aussi de faire le recyclage
40:05de déchets électroniques, par exemple.
40:094 milliards 200 millions en une année,
40:11rien que pour l'or.
40:13C'est bien mieux que ce qu'on extrait d'une mine.
40:15C'est beaucoup plus rentable
40:17si on fait la comparaison.
40:19D'une tonne de minerai,
40:21on peut extraire 5 grammes d'or.
40:23Et si on compare avec, par exemple,
40:25des circuits imprimés,
40:27d'une tonne de circuits imprimés,
40:29on peut récupérer 250 grammes d'or.
40:31Donc si on compare ça,
40:33on peut voir que ce qu'on appelle
40:35le urban mining est beaucoup plus rentable
40:37que l'exploitation de mines.
40:39La mine, en fait, est dans la ville, c'est ça ?
40:41Oui, exactement, la mine dans la ville.
40:47Du nord au sud,
40:49les métaux sont désormais objets
40:51de toutes les convoitises.
40:53Ils font vivre Joshua,
40:55le petit collecteur de la décharge d'aboblushie.
41:11Tu peux nous montrer ce que tu as trouvé ?
41:19Voilà.
41:21Combien peux-tu tirer de ça ?
41:25Après en avoir ajouté,
41:27je pourrais le vendre.
41:31Là, je n'ai pas 2 kilos,
41:33il faut que j'en rajoute et je le vends.
41:35Et quand tu as 2 kilos ?
41:37Ça fait un Cedig année 1.
41:47Il n'y a rien là-dedans.
41:51Mais là, j'ai quelque chose.
41:55Fini.
42:01Sur la décharge,
42:03le commerce est presque entièrement tenu
42:05par des Nigérians
42:07qui achètent la collecte des petits ramasseurs.
42:15L'argent gagné par Joshua
42:17lui permet juste de se nourrir.
42:19Difficile dans ces conditions
42:21d'économiser quoi que ce soit.
42:33Difficile aussi
42:35de conserver son repas.
43:03En matière de récupération,
43:05d'autres sont beaucoup plus organisés.
43:07Vraiment, nous sommes des aventuriers
43:09de l'extérieur.
43:11D'autres viennent
43:13du Guinée qu'on a créé.
43:15D'autres sont Nigériens.
43:17Il y a aussi les Sénégalais.
43:19Les aventuriers cherchent toujours de l'argent.
43:21Oui.
43:23Il y a beaucoup de gens qui amènent ça.
43:25On achète un peu, on rassemble.
43:27Après, on vient travailler.
43:29On achète un peu, on rassemble.
43:31Après, on vient travailler.
43:33Diviser, diviser, diviser.
43:35Et on revend.
43:37Donc ça s'achète au kilo, si je comprends bien.
43:39Ça s'achète au kilo.
43:41Et un kilo, combien ça coûte ?
43:43Un kilo, 30 psus.
43:45Pardon ?
43:47On avait fait des photos.
43:49Et quand vous avez coupé ces petits morceaux,
43:51vous le revendez ? Combien ?
43:53Oui, on revend ça à 8 CD.
43:55Le kilo ?
43:57Le kilo.
43:59Le dinatel, un kilo, maintenant,
44:01ça fait 15 CD.
44:05Ceci, un kilo, ça fait 10 CD.
44:09C'est ça.
44:11Et vous gagnez bien votre vie avec ça ?
44:13On se débrouille dedans.
44:15Et à qui vous vendez ces choses-là ?
44:17Les grands qui achètent ça sont des Chinois.
44:21On ne les voit presque pas,
44:23mais tout le monde l'affirme.
44:25Avec ses soins immenses,
44:27les Chinois, les Indiens aussi,
44:29achètent un maximum de matière première.
44:31Et la concurrence est rude.
44:33La filière classique
44:35passe par des intermédiaires nigérians
44:37qui revendent aux grossistes
44:39dans des hangars aux portes closes.
44:41Ces images montrent un dépôt
44:43tenu par des Chinois.
44:45Les hommes s'affairent autour d'un conteneur
44:47bourré de cartes électroniques.
44:49Exportation et transport
44:51sont entièrement organisés
44:53vers le port où attendent les portes-conteneurs.
44:59Aujourd'hui, les grands constructeurs
45:01s'engagent aussi dans la bataille
45:03visant à tirer profit des déchets
45:05et contrôler les flux de matière première.
45:07Sous l'impulsion de Hewlett-Packard,
45:09premier producteur mondial d'ordinateurs,
45:11une stratégie vient d'être lancée.
45:13Elle vise l'Afrique entière.
45:15On s'est alliés,
45:17il y a un peu plus d'un an,
45:19avec des compagnies comme Dell,
45:21qui ne représentent pas non plus,
45:23et Philips.
45:25L'intérêt d'avoir des gens comme Philips
45:27pour nous, c'est que ça défocalise
45:29la question de ces déchets
45:31qui sont uniquement des ordinateurs.
45:33Non, dans les déchets électroniques,
45:35il n'y a pas que des ordinateurs,
45:37il y a mille autres choses,
45:39des téléphones, des télévisions,
45:41des machines à laver, des frigidaires,
45:43tous ces produits font partie du panel.
45:45On a tous la même vision,
45:47c'est-à-dire que ces déchets en Afrique
45:49c'est des gens qui en vivent,
45:51il y a moyen de faire les choses correctement
45:53pour protéger la santé et l'environnement,
45:55de façon durable, et à partir du moment
45:57où on considère que ces déchets sont des ressources,
45:59on peut en faire un business durable.
46:01Et un business qui tourne autour de déchets,
46:03le gros avantage est qu'on peut vraiment régler le problème.
46:05Donc on travaille sur une solution,
46:07sur le terrain et avec les gouvernements,
46:09ensemble, au sein de cette alliance,
46:11avec nos intérêts partisans derrière nous,
46:13pour qu'on développe la solution
46:15le plus vite possible. L'enjeu est là.
46:19C'est au Kenya que le projet a été lancé.
46:25Fait sans précédent,
46:27l'alliance des constructeurs est soutenue
46:29par ses anciens ennemis, la Convention de Bâle
46:31et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement,
46:33traditionnellement très critique
46:35à l'égard des grandes compagnies.
46:43À Mombasa,
46:45le centre de recyclage d'ordinateurs
46:47d'Afrique de l'Est est une première.
46:51Financé par HP,
46:53ce point de collecte est piloté par une équipe
46:55de recycleurs anglais, partenaires de l'alliance.
46:59Comme vous pouvez voir, ici,
47:01ça vient d'arriver.
47:03Une fois que c'est pesé,
47:05ça rentre dans la zone de recyclage.
47:09Quand les cartons sont dans la zone de recyclage,
47:13les gars que vous voyez au fond
47:15savent que c'est pour le démantèlement.
47:19Ici, on reprend tout,
47:21même les parties les plus polluantes,
47:23généralement laissées sur le terrain
47:25et qui ne valent plus rien.
47:27Je pense qu'actuellement,
47:29pour couvrir le Kenya,
47:31on devrait avoir 100 points de collecte.
47:33On veut démarrer prochainement
47:35avec 20 points de collecte
47:37pour développer une couverture nationale.
47:39Mais bien sûr, on en a besoin de beaucoup plus
47:41parce qu'on ne peut pas attendre
47:43pour qu'ils se déplacent sur de grandes distances
47:45avec leurs matériaux.
47:47On doit améliorer ce qu'ils font,
47:49travailler avec eux pour créer de la valeur,
47:51rendre leur travail plus facile, échanger
47:53et leur apprendre les bonnes pratiques.
47:57Nicodémus est un collecteur
47:59de déchets électroniques.
48:01Il n'y a pas si longtemps encore,
48:03il les brûlait sur les décharges environnantes.
48:09Ce sont des restes d'ordinateurs,
48:11je les ramasse sur les décharges
48:13et les amène ici,
48:15au centre de recyclage d'ordinateurs
48:17d'Afrique de l'Est.
48:21Vous en trouvez beaucoup sur les décharges ?
48:27En ce moment, pas beaucoup
48:29parce que la plupart des gens les brûlent
48:33et ça prend du temps de leur expliquer
48:35qu'on peut en faire un boulot.
48:41Et c'est un bon travail pour vous ?
48:43C'est un bon travail.
48:45Je gagne mon pain quotidien,
48:47je démantèle ça pour mes besoins
48:49et ceux de ma famille.
48:51Ce projet a même reçu le soutien
48:53officiel du gouvernement kényan.
48:55Dans ce pays,
48:57la gestion des ordures
48:59est faite par les autorités locales.
49:01C'est elles qui sont chargées
49:03de ramasser et d'éliminer
49:05les déchets correctement.
49:07Mais elles sont aussi occupées
49:09par les ordures industrielles et ménagères.
49:11Et elles ont déjà tellement de peine avec ça
49:13que les priorités sont
49:15de s'occuper de ce type d'ordures.
49:19S'agissant des déchets spéciaux,
49:21comme les métaux,
49:23le plastique,
49:25le papier
49:27et même les déchets électroniques,
49:29c'est un domaine
49:31où nous encourageons le secteur privé
49:33à venir s'installer.
49:39Les prix fluctuent
49:41en fonction du cours
49:43des marchés mondiaux.
49:45Près pour une tonne,
49:47c'est à peu près combien ?
49:49Les derniers prix
49:51sont autour de 6 000 euros
49:53la tonne.
49:55Ce centre de collecte
49:57n'est qu'un premier pas.
49:59Une usine de retraitement
50:01devrait bientôt être construite
50:03à l'extérieur du pays.
50:05Le centre de collecte
50:07de l'usine de retraitement
50:09devrait bientôt être construite
50:11à Nairobi.
50:13Les cartes électroniques,
50:15métaux et autres articles
50:17récupérés seront vendus
50:19sur les marchés locaux
50:21et internationaux
50:23pour financer les collecteurs
50:25et rentabiliser les installations.
50:27Je pense qu'il y a
50:29une grande opportunité.
50:31Ces ressources sont
50:33de plus en plus rares.
50:35Les marchés en Afrique
50:37pourraient en avoir un en Asie
50:39parce que les prix du transport
50:41maritime sont assez bas,
50:43comme le coût du travail.
50:45Mais financièrement,
50:47ça n'a pas de sens d'envoyer
50:49des déchets électroniques
50:51en Afrique pour économiser les coûts
50:53parce qu'on n'économise pas les coûts.
50:55Ce sont des ressources intéressantes
50:57et en Europe,
50:59beaucoup d'entreprises
51:01se battent pour en tirer de l'argent.
51:03Pourquoi ne pas faire la même chose en Afrique ?
51:33En attendant, ailleurs,
51:35en Asie, en Afrique,
51:37on est encore loin de la solution.
51:39Dans de nombreux pays,
51:41les appareils en fin de vie
51:43ne cessent d'affluer
51:45sur les décharges
51:47causant leur lot de problèmes.
51:49Et il faudra du temps
51:51à Joshua pour réaliser son rêve.
51:53Quand je reste en Afrique,
51:55j'ai l'impression
51:57qu'il n'y a pas de déchets
51:59en Afrique.
52:01Quand j'aurai ce que je veux,
52:03je m'en irai.
52:05Quand j'aurai économisé environ 3 millions,
52:07je retournerai chez ma mère,
52:09au Nigeria. Je commencerai l'école
52:11et je ne reviendrai plus faire ce travail ici.

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