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  • 23/05/2025
Vendredi 23 mai 2025, retrouvez Lise Moret (Directrice Finance Durable et Investissement à Impact, Banque Hottinguer) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

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Transcription
00:00L'invité de Smart Impact c'est Lise Moret. Bonjour. Bonjour. Bienvenue. Vous êtes la directrice finance durable et investissement de la Banque Autingre, institution banque française depuis 1786.
00:18Fondée en 1786, c'est assez vertigineux, je l'avoue. Pouvez-vous nous la présenter en quelques mots ?
00:23Oui absolument. Donc effectivement la Banque Autingre c'est une vieille institution mais c'est surtout une institution indépendante qui a comme actionnaire majoritaire la famille Autingre
00:34qui évolue autour de différents métiers dont l'effusion acquisition, la banque d'affaires, la banque privée bien sûr et aussi l'asset management.
00:45Donc c'est effectivement une structure qui est une assise très longue et qui existe depuis très longtemps mais qui est aussi très moderne et qui s'inscrit complètement dans son temps.
00:56Alors c'était évidemment la question que j'allais vous poser, une banque qui existe depuis bientôt 240 ans, je crois que c'est un des premiers ou le premier établissement bancaire fondé à Paris.
01:09Comment ce virage de la RSE, de l'ESG, comment il a été pris et depuis quand ?
01:14Alors en fait il est déjà inscrit dans l'ADN et le mode de fonctionnement de la Banque Autingre qui est à cœur de servir ses clients, ses différentes parties prenantes de façon très responsable.
01:28Il y a déjà plus d'une dizaine d'années on avait lancé un premier mandat qui adressait les sujets de transition écologique qui s'est transformé avec le temps en un fonds ouvert.
01:42Et puis effectivement il y a quatre ans on a décidé d'accélérer sur ces questions-là.
01:46On a monté une équipe, donc je suis arrivé à la Banque Autingre, on a formalisé des politiques d'investissement, on s'est fixé des objectifs de transformation à l'asset management et puis on a lancé des produits.
01:59On a transformé des stratégies pour aller vers plus d'impact et vers plus d'intégration des sujets de durabilité de notre époque.
02:07Vous avez adhéré au PRI, les principes pour l'investissement durable définis par les Nations Unies.
02:14Pourquoi ce choix ? Et puis peut-être la question qui est plus importante c'est simplement un engagement, c'est contraignant, qu'est-ce que ça signifie ?
02:21Eh bien en fait c'est une question intéressante parce qu'aujourd'hui il y a beaucoup d'investisseurs qui se sont déclarés comme étant engagés, responsables et qui sont signataires de cette belle initiative.
02:32Après il faut savoir qu'être signataire des PRI c'est quelque chose de déclaratif.
02:37Ça veut dire que vous allez vous engager en quelque sorte vis-à-vis du public à intégrer des sujets de durabilité dans vos activités, dans vos investissements et vous allez reporter là-dessus.
02:47Vous allez démontrer que d'année en année vous avez à cœur de prendre en compte les sujets environnementaux, sociaux ou de bonne gouvernance dans votre façon de gérer.
02:56Donc c'est le jugement ou le regard du public des associations ou des investisseurs vers lequel vous vous confrontez en signant cet engagement ?
03:07Absolument, c'est un sujet de transparence beaucoup et puis c'est aussi un sujet de, comme je le disais, d'engagement.
03:13C'est-à-dire qu'à partir du moment où on dit qu'on fait quelque chose, on va le réaliser, on va faire notre meilleur effort pour matérialiser cet engagement, cette déclaration d'intention.
03:26Quand on parle d'investissement durable, ça veut dire quoi ? Ils sont plus contraignants que d'autres ?
03:30Ça suppose une grille d'analyse, une grille presque des métriques qu'il faut maîtriser aussi ?
03:36En fait, il faut savoir qu'il n'y a pas de standard tout à fait précis de ce que c'est que la durabilité dans l'investissement.
03:43Par contre, ce qu'on peut dire, c'est qu'en Europe, le régulateur et on va dire les opérateurs se sont organisés pour réfléchir à comment est-ce qu'on pourrait écrire une espèce de cahier des charges.
03:55Donc, il y a le règlement qui existe en Europe, comme je le disais, qui s'appelle SFDR et qui classifie les fonds en différentes catégories.
04:03Il y a des fonds qui intègrent les questions environnementales et sociales, on va dire, qui vont promouvoir des bonnes pratiques.
04:09Ça peut être des fonds, des mandats très diversifiés avec tous les secteurs. On appelle ça les fonds et mandats article 8.
04:15Donc, à minima, ils vont faire ça. Ils vont aller chercher des entreprises avec une bonne politique environnementale, un bon processus RH.
04:22Puis après, il y a des fonds un peu plus profilés. Article 9. Voilà, on monte d'une marche qui vont plutôt avoir comme objectif l'impact sociétal, environnemental ou social.
04:32Ce sont donc effectivement les fonds article 9. Et puis, en marge de tout ça, on a d'autres types de stratégies qui sont pour le coup pas encore très bien cadrées par le réglementaire,
04:42qu'on appelle les fonds à impact, qui sont encore plus avancés dans cette idée d'aller contribuer à des objectifs de développement durable
04:50avec tout un tas de critères qu'il va falloir pouvoir démontrer. Mais donc voilà, on a un petit peu pour tous les goûts dans cette notion de finance durable.
04:59Et on peut à chaque fois monter d'un cran dans la manière dont on va contribuer à des objectifs de durabilité et ce, vers plusieurs directions.
05:06– Oui. Avec cette demande, selon l'IFOP, plus de 60% des Français estiment que les établissements financiers ont un rôle à jouer
05:14pour engager les entreprises sur ces enjeux ESG, environnementaux, sociétaux et de gouvernance.
05:23Ces produits bancaires durables que vous allez proposer ou ces investissements sur lesquels vous allez vous concentrer,
05:30qui les demande ? Et est-ce que c'est vraiment une demande ?
05:36– Oui, alors effectivement, c'est intéressant de comprendre la pression de la demande sur ces sujets-là.
05:43Donc il faut savoir qu'en France, la demande pour l'investissement durable, elle a été, et elle est toujours,
05:48largement dominée par ce qu'on appelle les investisseurs institutionnels.
05:51– Donc les assureurs, les mutuels, les grands asset-honneurs.
05:58Pour autant, et cette enquête le révèle bien, on sait qu'il y a un intérêt fort, très très stable,
06:04donc les 60% dont vous parliez, au travers des investisseurs dits individuels,
06:12pour plus d'impact et plus de sens dans leur placement, dans leur épargne.
06:15Donc c'est vrai pour les épargnants au sens large, c'est encore plus vrai pour les grandes fortunes,
06:20les high net worth individuels, qui sont pour le coup un type d'investisseurs
06:25qui s'adressent beaucoup aux banques privées, comme la Banque Otang.
06:28Et voilà, on sait qu'il y a une forte attente, il y a une autre enquête qui est menée par Capgemini
06:33et qui récemment démontrait qu'on avait plus de 50% de ces grandes fortunes
06:38qui avaient à cœur de donner du sens à leur patrimoine, à leur richesse,
06:43et qui acceptaient en fait de rentrer dans éventuellement les compromis, si toutefois il y en a,
06:48de la finance durable, pour générer plus d'impact.
06:51Donc la demande, elle est non seulement sur l'institutionnel, mais aussi sur les investisseurs plus individuels,
06:57on appelle le retail.
06:58C'est une question qu'on doit vous poser à peu près tous les jours,
07:00est-ce qu'on est durable et rentable ?
07:05C'est-à-dire qu'est-ce qu'on doit sacrifier un peu de rentabilité
07:07pour placer son argent dans ses fonds Article 9 par exemple ?
07:13Oui, alors c'est vrai que le fait qu'on ait à disposition différents types de stratégies,
07:22il faut avoir en tête que comme je vous l'ai expliqué, il y a des stratégies qui peuvent être très diversifiées,
07:26tous les secteurs sont représentés, donc les fonds Article 8 sont massivement représentés par ça,
07:30et puis les fonds plus profilés où on va investir que dans quelques secteurs.
07:33Pour autant, si éventuellement il y a une perte en diversification liée au fait qu'on va aller vers plus d'impact,
07:40il faut avoir en tête que sous tous ces sujets de durabilité, je pense notamment au climat,
07:44mais il y en a d'autres, le capital humain, les questions de chaîne de l'offre,
07:49ce sont des sujets qui sont très très matériels d'un point de vue financier.
07:52C'est-à-dire que si vous n'intégrez pas ces sujets éventuellement de perte de valeur,
07:58dès lors qu'on ne fait pas bien sa transition quand on est dans un secteur à fort enjeu sur l'énergie
08:03ou sur le climat, il va y avoir un impact réel sur la valeur d'actifs de votre portefeuille.
08:08Et en tant que banque, puisque c'est aussi le périmètre qui nous intéresse,
08:13vous avez un devoir fiduciaire vis-à-vis de vos clients,
08:15et vous devez intégrer tous les risques, toutes les opportunités
08:17qui sont censées avoir un impact sur la valeur.
08:20Donc, pour répondre à votre question, oui, il y a un lien entre la durabilité et la rentabilité,
08:25probablement sur un temps long, mais ce lien il est là,
08:27et c'est ce qu'on cherche aussi à capturer.
08:30Avec une demande qui est peut-être, alors j'espère que vous allez me répondre au nom,
08:35mais qui est peut-être moins forte avec ce climat de backlash, de retour en arrière,
08:40à la fois aux États-Unis, à la fois en Europe avec les dernières élections européennes.
08:45Est-ce que finalement, moi j'entends, j'ai pas mal d'invités ici qui disent
08:48« Ah, nous on a des clients, on a des chefs d'entreprise qui disent
08:52« Ah, bon, la mode est passée, on fait autre chose ».
08:53Est-ce que vous entendez ça, vous aussi ?
08:55Alors, en fait, nous, en tant que banque et investisseurs,
08:59on parle à nos clients, bien sûr,
09:01mais on parle aussi à des entreprises dans lesquelles on investit,
09:04pour qu'on va souscrire à des actions, des obligations.
09:08Ces entreprises-là, ce que je peux vous dire, c'est qu'elles ralentissent pas du tout.
09:11Pourquoi ? Parce que les sujets de transition…
09:13Même quand elles travaillent beaucoup avec les États-Unis ?
09:16Alors, bien sûr, il va y avoir un sujet, on va dire, de questionnement.
09:21Mais bien souvent, ce qu'il faut savoir, c'est que ces entreprises-là,
09:25elles se sont inscrites dans un mouvement global,
09:29je pense beaucoup au climat, vers la transition énergétique.
09:31Pour ce qui est des États-Unis, il y a le budget fédéral, ça c'est une chose,
09:35mais il y a les États, et les États, eux, pour le coup,
09:37ils sont toujours très actifs, y compris les États républicains, du reste,
09:42toujours très actifs sur la notion d'infrastructure en faveur de la transition.
09:46Donc, du côté des entreprises, on ne peut pas dire qu'il y a un arrêt de ce point de vue-là.
09:50C'est enclenché, elles sont dessus, elles comprennent bien qu'elles ont tout intérêt à faire cette transition,
09:55parce que tout simplement, ça va leur apporter des opportunités,
09:58et potentiellement aussi leur permettre de mitiguer certains risques.
10:02Donc, si ça se fait du côté des entreprises, à un moment donné,
10:06ça se fait du côté des investissements, et finalement, cette tendance, elle est forte,
10:12c'est une tendance de fond qui peut être perturbée par des aspects géopolitiques du moment,
10:16mais qui est quand même une force de rappel assez importante.
10:19– Il nous reste un peu moins d'une minute.
10:21Dernière question, est-ce qu'il y a encore besoin de former les cadres,
10:25de former le personnel d'une banque pour intégrer ces enjeux de durabilité ?
10:29– Absolument, donc je vous ai parlé du fait que les investisseurs individuels et retail sont en demande,
10:34on sait que c'est latent et que c'est là.
10:36La première barrière, en fait, à ce qu'on intègre l'ESG,
10:39et on vente davantage de produits financiers ESG ou à impact,
10:44on les distribue davantage et donc on route les investissements vers ça,
10:48la première barrière, c'est le conseiller financier.
10:50Donc, il faut qu'il soit formé, il faut qu'il connaisse ces sujets-là,
10:53qu'il sache ce que c'est qu'un label ISR ou pas ISR,
10:56qu'il soit capable d'en parler avec son client,
10:58et le cas échéant, de relever ses préférences.
11:01Donc, bien sûr, la formation est un enjeu absolument clé.
11:04Chez la Banque Autain, on l'a très très bien compris,
11:07c'est pourquoi tous les ans, on a à cœur de déployer un cycle de formation
11:12de manière à ce que tous nos banquiers et tous nos conseillers financiers
11:16soient complètement à jour sur ces sujets-là.
11:18– Merci beaucoup, Lise Morey, à bientôt sur Bsmart4Change.
11:22On passe tout de suite à notre débat,
11:23le destin des infrastructures des Jeux olympiques et paralympiques.

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