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  • 20/05/2025
Mardi 20 mai 2025, retrouvez Raphaël Thuin (Directeur des stratégies de marchés de capitaux, Tikehau Capital), Wilfrid Galand (Directeur stratégiste, Montpensier Finance) et Léa Dauphas (Chef économiste, TAC Economics) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Raphaël Thurin est avec nous, le responsable des stratégies de marché de capitaux de
00:16Ticket au Capital.
00:17Bonsoir Raphaël.
00:18Bonsoir Édouard.
00:19Wilfried Galland à nos côtés également, directeur général délégué et adjoint
00:22et directeur stratégiste de Montpensier Arbevel.
00:25Bonsoir Wilfried.
00:26Bonsoir.
00:28Et Léa Dauphaz nous accompagne, chef économiste de TAC Economics.
00:31Bonsoir Léa.
00:32Bonsoir Édouard.
00:33Merci d'être là.
00:34Que se passe-t-il au Japon ? C'est le sujet à la une depuis qu'on a découvert
00:38il y a quelques jours effectivement que les taux super longs japonais, donc au-delà
00:43du 10 ans, 20 ans, 30 ans, 40 ans japonais commençaient à se tendre à des niveaux
00:50qui attirent l'œil.
00:51On est à plus de 2,50 sur le 20 ans japonais, à plus de 3% désormais sur le 30 ans japonais
00:56et à plus de 3,50 sur le 40 ans japonais.
00:59Alors en fait c'est une combinaison de plein de facteurs.
01:02Alors on le détaille aujourd'hui, en réalité c'est quelque chose qu'elle a depuis plusieurs
01:05mois maintenant et puis on a des petits pushs assez réguliers qui reviennent.
01:08Combinaison de plusieurs facteurs, une adju qui s'est mal passée, des problèmes sur
01:12du très long, donc des questions aussi de liquidité.
01:15Du 20 ans ce matin.
01:16Ouais.
01:17Elle est mal partie.
01:18Et puis en réalité c'est plutôt quelque chose qui en tout cas en termes théoriques
01:23est assez cohérent.
01:24Si on prend un peu de recul juste sur la question du mouvement de taux, mais qu'on regarde
01:27ce qui se passe aujourd'hui dans l'économie japonaise, on attendait, et c'était assez
01:31consensuel, plusieurs hausses de taux de la Boge en fait depuis le début de cette année.
01:35Elle s'est mise en arrêt sur cette dernière réunion, justement sur cette question des
01:39incertitudes vis-à-vis de Trump.
01:40Il y a beaucoup de considérations d'ordre politique, une faible majorité actuellement,
01:46et ce qu'on s'est aperçu c'est qu'en fait la Boge attendait, en espérant avoir un retour
01:50plutôt positif côté rivalité américaine.
01:53On s'aperçoit que la situation va être beaucoup plus tendue que ce qui a été espéré.
01:57En fait il va y avoir plutôt une situation de blocage de la part du gouvernement japonais
02:01face à Trump, donc ce qui devait être un deal plutôt assez facile va probablement
02:05être compliqué.
02:06Donc la Boge attend.
02:07Donc on a déjà ce premier facteur.
02:08Deuxièmement, contre toute attente, il y a de l'inflation au Japon.
02:11Elle est liée à certains produits alimentaires ou autres, mais on a aujourd'hui une inflation
02:14qui est en fait assez élevée.
02:16Les chiffres de croissance ont surpris négativement au premier trimestre.
02:20Mais, comme tous les ans au Japon, il faut s'attendre à une hausse significative des
02:25salaires dans le processus de négociation, le Shunto, qui devrait encore une fois monter
02:30les salaires de manière assez significative, au-delà de 5% à l'été.
02:34Donc quand on met tout ça ensemble, une inflation déjà élevée, des salaires qui augmentent,
02:38un chiffre du T1 qui est mauvais mais qui se fait sur les exports nets, et on devrait
02:42voir un rebond de demandes qui fera le parallèle.
02:44Une Boge qui est en attente, des incertitudes face à Trump, dans un mouvement global de
02:49tensions sur le marché obligataire.
02:50En réalité, c'est plutôt cohérent et les modélisations montrent que le mouvement
02:54n'est pas fini.
02:55Nos modélisations de Taulon sur le 10 ans, c'est plutôt des cibles à 1,8 voire même
02:59au-delà.
03:00On est à 1,50 sur le 10 ans japonais.
03:01Exactement.
03:02Pareil, sur le Yen, on pourrait s'attendre à un ajustement.
03:04En réalité, on a même encore un push sur le Yen.
03:07Donc ce n'est pas fair value encore ?
03:08Pas encore.
03:09En gros, il y a un rattrapage qui est long, mais qui est plutôt pour nous quelque chose
03:13qui est normal.
03:14En tout cas, fondamentalement, avec encore une fois la volatilité et le deal qu'on attend
03:19avec le Japon qui va probablement aussi bouger beaucoup l'autre côté.
03:23C'est un problème nippon-nippon, si je puis dire, Wilfried, où ça nous concerne aussi
03:29un peu derrière les taux japonais.
03:31C'est aussi le niveau du Yen contre un dollar qui s'affaiblit et puis on a tous en tête
03:37ce petit accident de marché qui a été vite effacé au cœur de l'été dernier, début
03:42du mois d'août, avec peu de participants de marché présents à l'époque, mais c'est
03:47un petit accident de marché qui avait quand même marqué les esprits à l'époque, avec
03:51des débouclages de positions de carry trade, quand on commence à vendre, des ventes qui
03:57entraînent des ventes, etc. et l'effet spirale qui commence à se mettre en place.
04:01En fait, ce qui se passe au Japon, c'est à la fois un symptôme et une inquiétude.
04:05C'est le symptôme effectivement d'une tension assez générale sur les marches obligataires
04:09avec ce qu'on appelle, avec un peu de cuistrerie, la prime de terme qui remonte parce qu'effectivement
04:16on a une incertitude à long terme sur beaucoup d'économies en fait et sur comment est-ce
04:21que l'économie mondiale, globalement, va se réajuster par rapport à la guerre commerciale,
04:27par rapport aussi à des niveaux d'endettement qui partout sont remontés et par rapport
04:32au fait qu'on crée des frictions globalement qui risquent d'abaisser les taux de rendement
04:37et quand on abaisse les taux de rendement avec en plus des taux d'endettement qui sont
04:39très forts, il y a des inquiétudes.
04:42C'est le symptôme d'une inquiétude assez générale et c'est aussi une vraie inquiétude
04:49spécifique au Japon parce que le Japon, on est en amont de la pompe de financement général
04:53de l'économie mondiale et de l'économie financière.
04:55C'est-à-dire qu'effectivement, via le Japon, il y avait beaucoup de capitaux qui étaient
05:00réinvestis dans tous ceux qui en avaient désespérément besoin et le Japon était considéré comme
05:06étant une espèce d'îlot un peu tranquille d'un point de vue obligataire où on disait
05:12toujours de toute manière la dette japonaise est détruite par les japonais, ça reste
05:15entre eux, il n'y a pas de problème.
05:16La poche ne fera jamais rien, pourquoi jamais, elle sera toujours là.
05:19Exactement et on se rend compte que quand on change les conditions de fonctionnement
05:23de l'économie japonaise à la fois, Léa l'a parfaitement expliqué, sur l'inflation,
05:28sur la croissance, sur le mode d'interaction, c'est une économie qui est extrêmement
05:33interagissante avec à la fois la Chine, avec les Etats-Unis et tout ça effectivement
05:37c'est une inquiétude parce que ça pèse globalement sur les circuits de financement
05:43et on a vu effectivement un certain nombre de papiers s'inquiéter en disant comment
05:47est-ce que l'économie américaine va être financée, comment est-ce que l'économie
05:51européenne également va être financée, on sait par exemple que les japonais étaient
05:55très friands de la dette française, clairement si on fait remonter fortement les taux réels
06:01japonais ou globalement déjà les taux nominaux mais peut-être les taux réels,
06:05effectivement c'est un petit peu différent donc les circuits de financement vont changer
06:08et ça les marchés n'aiment pas trop quand on bouge les circuits de financement et c'est
06:12ça effectivement l'inquiétude qu'il y a aujourd'hui.
06:14Effectivement la promesse du Japon c'est on maintiendra un Yen suffisamment faible,
06:19des taux d'intérêt suffisamment bas, emprunter chez nous et investisser à l'extérieur.
06:24Il y avait une grande promesse de stabilité dans un monde instable et là on se rend compte
06:29que l'instabilité est en train de contaminer le Japon et même via le Japon par un effet
06:37de bord se renforcer, ça effectivement c'est vraiment à surveiller parce que quand on
06:40voit l'adjudication japonaise ça montre quand même qu'il y a un vrai sujet.
06:45Très peu d'appétit.
06:46Très peu d'appétit et quand on connaît le taux d'endettement général de l'économie
06:50japonaise on peut être un petit point inquiet.
06:52Un chiffre qu'on m'a donné hier, c'est le grand fonds de pension japonais, GIPF,
06:5855% de ses actifs sont des actifs étrangers, notamment en dollars.
07:03Absolument.
07:04Est-ce que c'est couvert, pas couvert ? Ça peut engendrer quand même un certain nombre
07:08de pertes pour de gros acteurs.
07:10Exactement et s'il se met effectivement à liquider ses positions pour pouvoir acheter
07:13de la dette japonaise dans un élan de patriotisme qu'on connaît bien également au Japon,
07:18ça peut changer quand même profondément les choses sur l'économie financière mondiale.
07:21Bon, il faut s'intéresser à nouveau au Japon, notamment d'un point de vue financier, de
07:26risque d'ailleurs pour l'écosystème financier mondial, Raphaël ?
07:29Oui, c'est important ce qui se passe là-bas et effectivement ça rejoint tout un narratif
07:34de marché aujourd'hui qui est évidemment centré d'une part sur les tarifs mais qui
07:38pivote aussi sur cette inquiétude, taux d'intérêt, déficit, soutenabilité de la dette, trajectoire.
07:45Alors le cas japonais est effectivement assez spécificité, ils ne sont pas exactement
07:49même à l'instant dans le cycle que l'Europe ou les Etats-Unis, il y a effectivement l'impact
07:54de la guerre commerciale mais on reste néanmoins sur ces trajectoires de déficit qui ne sont
07:58pas soutenables, ils sont très élevés au Japon aussi, le coût de la dette qui se
08:02renchérit avec ces taux qui restent élevés, dans un contexte où l'inflation est résiliente,
08:08les hausses de salaire sont persistantes, un mix qui fait qu'effectivement l'inquiétude
08:12grandit, que les courbes se pontifient, que les taux restent élevés et on en parlait,
08:18on est vraiment dans ce qui liquéfie le marché, la plomberie de marché, c'est très vrai
08:23aussi en Asie qui a un grand appétit pour les actifs étrangers et la dette étrangère,
08:30je crois que le Japon est le premier investisseur international aux Etats-Unis, donc là on
08:35sent qu'un des plus grands détenteurs de dette souveraine américaine.
08:38Le stock est massif bien sûr, le flux a un peu baissé je crois ces dernières années
08:42mais le stock reste massif.
08:44Absolument, donc là on est vraiment au centre névralgique de cette tuyauterie des marchés
08:50mondiaux.
08:51On n'en est pas encore au stade, à appuyer sur le bouton panique évidemment, mais c'est
08:55vrai qu'on regarde tout ça avec beaucoup d'intérêt, l'histoire du carry trade, de
09:00cette position de portage qui nous avait un petit peu peur l'été dernier n'a pas encore
09:05ressurgi mais c'est vrai qu'il est très présent, on était en Asie du nord-est il
09:10y a deux semaines, effectivement c'est une pause que tout le monde a.
09:15D'accord, donc ça n'a pas été liquidé, l'épisode du mois d'août ça n'a pas fait
09:20que ces positions de carré ont été nettoyées.
09:22Elles sont toujours là, elles existent très souvent, elles sont donc leveragées et très
09:28souvent aussi elles ne sont pas couvertes en risque de change.
09:30Donc effectivement en termes de rendement, nous on était là à présenter des produits
09:34européens de rendement, aucun intérêt, c'est clair, c'est sûr qu'en termes de
09:40risque on voit aussi la contrepartie, on est aujourd'hui sur des dynamiques de risque
09:43qui sont très importantes, un moment où le marché FX grince, on a vu Taïwan il n'y
09:49a pas si longtemps, et la réaction, l'impact des mouvements du dollar.
09:53Le dollar taïwanais prend 5-6% sur une journée, c'est ça.
09:56Exactement, des choses qu'on ne voit pas dans un fonctionnement de marché classique
10:00et normal.
10:01Donc voilà, des petits grincements qui rendent très attentifs et qui nous rappellent qu'effectivement
10:06au-delà de la position tarif et tout est lié, cette dynamique de taux d'intérêt,
10:10déficit, tout se lie, négociations aux Etats-Unis vis-à-vis du budget américain,
10:18relance budgétaire en Europe, problématiques japonaises, tout ça se relie dans une espèce
10:23d'inquiétude qui semble croître au sein du marché.
10:26Du coup qu'est-ce qu'on attend de la Banque centrale japonaise à ce stade, Léa ?
10:31Pour l'instant, une pause, en tout cas tant qu'il n'y a pas de visibilité sur les
10:35mesures tarifaires, une pause.
10:36Et sur la partie quantitative de sa politique, est-ce qu'il y a une pression qui monte pour
10:42qu'elle en fasse plus, qu'elle en fasse moins ? Elle est en train de réduire son bilan,
10:46la Boge.
10:47Oui, comme le font les autres banques centrales.
10:49Et en fait c'est une des grandes conséquences, si on prend un peu de hauteur sur ce qui se
10:52passe, d'un monde en fragmentation, dans un mouvement populiste ou autre.
10:55Il y a, et là en fait la seule manière réelle de ne pas basculer sur des problématiques
11:00de dette souveraine dans l'ensemble des économies mondiales, de soutenabilité, pardon, c'est
11:06de mettre en place de la répression financière.
11:08Quand vous avez des dépenses d'investissement massives qui sont nécessaires, avec des taux
11:12d'intérêt qui sont élevés, et ce que vous mentionnez sur le Japon est vrai, mais pour
11:15toutes les économies.
11:16Pour l'instant, le poids de la dette n'est pas un sujet, parce qu'on était dans un environnement
11:20de taux bas.
11:21Dès 2037-2040, ça va devenir des sujets, et donc quand vous avez des dettes publiques
11:27qui sont élevées, des taux d'intérêt et des primes de termes, c'est ça qu'il faut
11:30avoir en tête.
11:31La prime de terme aujourd'hui aux Etats-Unis est revenue à zéro.
11:33C'est le mouvement qu'on a eu sur les taux longs américains entre décembre et janvier.
11:37Quand on regarde historiquement, une prime de terme, c'est 3 et 4 %, ce n'est pas zéro.
11:41Donc le chemin est encore long.
11:43Et le seul moyen de faire en sorte que la hausse des taux d'intérêt n'enclenche pas des problématiques
11:48de soutenabilité, c'est de la répression financière.
11:51Il y a plein de moyens.
11:52Ça a été catégorisé théoriquement dans les années 2000.
11:55Ce n'est pas juste baisser les taux.
11:56Ce n'est pas juste baisser les taux.
11:58C'est des outils non conventionnels, c'est des mesures de…
12:01Contrôle de la courbe.
12:02Contrôle de la courbe, même contrôle des capitaux.
12:05Donc tous ces sujets-là vont vite revenir sur la table.
12:07Et ils arrivent.
12:07La réforme que le gouvernement américain est en train de faire passer sur les banques américaines
12:12où on ouvre un peu les contraintes, tout ça en fait est lié.
12:16Et en fait on est dans un…
12:17Les banques américaines auront moins d'incitation ou d'obligation à détenir des actifs souverains
12:22demain dans leurs réserves.
12:23On ouvre les liquidités, on essaye de soutenir tout ça.
12:26Et donc c'est probablement un des outils, alors que les mouvements de taux vont être compliqués à faire,
12:30la répression financière s'en est.
12:31Et donc dans cette détention de bilan, soit elle reprend un peu cette histoire de détention de bilan,
12:36soit elle change les maturités.
12:37Mais en tout cas on rentre en fait dans cette ère-là de répression financière.
12:41Et c'est vraiment, c'est la seule aujourd'hui possibilité que le mouvement de taux,
12:44qui est un mouvement de fond en fait, qui va nous arriver, on ne va pas retrouver des taux plus bas,
12:49soit en fait aujourd'hui capables d'être intégrés pour ne pas basculer sur une autre problématique.
12:53Enfin on y retourne, on y retourne.
12:54On y retourne.
12:55Oui, oui, on y retourne.
12:57Contrôle de la courbe des taux, c'est un débat sous la surface qui reste très présent.
13:04Il passe aux défis de financement, de refinancement, d'investissement.
13:07Il y a à la fois le contrôle de la courbe des taux, et ce que disait Léa est très important,
13:12c'est les méthodes qui sont mises en place.
13:14C'est-à-dire que la répression financière, ce n'est pas du quantitative easing.
13:19La répression financière, c'est par la réglementation et par la loi,
13:23vous obligez les acteurs financiers à détenir un certain nombre de dettes
13:29que vous caractérisez par avance, et qui a pour objectif à la fois de faciliter le financement,
13:34et en plus de faire baisser les taux d'une manière qui soit après transmissible à l'ensemble de l'économie.
13:39C'est ça la répression financière.
13:40Et ça crée dans les acteurs financiers, au sein des acteurs financiers, énormément de contraintes,
13:46y compris d'ailleurs sur le financement des autres parties de l'économie,
13:50parce que quand vous financez de façon obligatoire l'économie publique,
13:54vous avez nécessairement moins de moyens pour financer l'économie privée.
13:57Et donc il va y avoir un certain nombre d'arbitrages à faire,
13:59y compris d'ailleurs sur ce que ça veut dire en termes d'accélération ou de ralentissement de la croissance,
14:05parce qu'il y a un impact également sur la partie...
14:08Quand vous faites de la répression financière, vous pouvez avoir un impact fiscal
14:11que vous ne maîtrisez pas nécessairement,
14:12parce que vous allez avoir un impact sur négatif, récessif, sur un certain nombre de secteurs.
14:17Et donc c'est pour ça que c'est très difficile à manipuler,
14:20parce que vous ne savez pas jusqu'où vous pouvez aller,
14:22et c'est tellement facile de faire la répression financière.
14:25C'est très simple, vous faites une loi de règlement en disant que c'est pour votre sécurité,
14:29ça c'est le mot magique, ça marche pour les avions, ça marche pour la nourriture,
14:36mais ça marche aussi pour les bilans, c'est pour la sécurité générale.
14:40Personne ne peut être contre quand on renforce la sécurité,
14:42sauf que plus on renforce la sécurité, moins on va avoir d'agilité.
14:45Et ça, effectivement, ça va être un véritable objectif.
14:47Là, je comprends que la dérégulation bancaire voulue par Trump,
14:49c'est plutôt baisser ses exigences de ratio de réserve...
14:53Exactement. Est-ce qu'il a totalement anticipé les mouvements que ça pouvait générer ?
15:00S'il fait du jeu d'échecs à 18 dimensions, peut-être.
15:03Si effectivement, il est dans cet état d'esprit peut-être de faire un petit peu de roulettes russes,
15:08et évidemment sans clin d'œil ironique par jeu politique,
15:13on ne sait pas ce que ça peut donner.
15:15Bon, qui veut acheter la dette américaine en l'occurrence ?
15:18Qui qu'il en veut !
15:20Qu'est-ce qu'on peut dire de la demande pour les treasuries ?
15:23Et pour un asset manager, en l'occurrence, je ne parle pas d'investisseurs sous contrainte,
15:28mais pour un asset manager libre en partie d'investir ou non dans la dette américaine,
15:34est-ce qu'il y a de l'intérêt aujourd'hui à détenir des treasuries ?
15:38Et sinon, qu'est-ce qui fait qu'il n'y a pas d'intérêt encore à ces niveaux de prix de détenir des treasuries ?
15:44Alors, ce qu'on peut dire déjà, c'est qu'il y en a moins de l'intérêt.
15:47Ça se voit dans les flux.
15:49Les flux internationaux se détournent davantage des treasuries américaines,
15:53et on va dire des actifs américains en général.
15:55Ça a déclenché ce fameux débat autour de l'exceptionalisme américain.
15:58Alors, il y a plusieurs facettes au débat.
16:01Première question, est-ce qu'il existe toujours cet exceptionalisme ?
16:05Peut-être que dans une certaine mesure, on peut répondre que oui.
16:08Effectivement, ça reste un bastion, les États-Unis, de croissance,
16:11de génération de bénéfices, d'exceptionalisme économique aussi.
16:15C'est difficile de faire fi.
16:17J'étais à la conférence des Pimorganes il y a quelques jours,
16:20où Jamie Dimon a posé une question aux quelques personnes présentes,
16:24où il a dit « si je vous laisse le choix d'un pays ou mettre toute votre épargne pour le reste de votre vie,
16:31quel pays choisirez-vous ? »
16:33Et on était, je ne sais pas, 200 dans la pièce,
16:35et je pense qu'on a eu 200 fois la même pensée au même moment.
16:38Oui, l'IA, les porte-avions, tout ça, ça reste quand même vrai.
16:42Je me tourne vers Wilfrid.
16:44Essayez à vos porte-avions.
16:46Effectivement, l'exceptionalisme, il n'est peut-être pas mort,
16:48mais c'est vrai qu'aujourd'hui, on voit un rééquilibrage.
16:50Et c'est un rééquilibrage qui était probablement nécessaire.
16:53Si vous regardez pour un dollar investi ces cinq dernières années,
16:5680 cents ont été aux États-Unis sur les cinq dernières années.
17:01Si vous regardez les flux en termes de devises, 88 % sont sur le dollar.
17:0860 % des réserves internationales de change sont en dollars.
17:12Donc cet exceptionalisme, il est vraiment très présent
17:16lorsqu'on regarde les flux et les détentions d'actifs.
17:19Là où le PIB des États-Unis, c'est 26 % du PIB mondial.
17:22Donc il y a eu une espèce de déséquilibre qui s'est créé, en particulier à la suite du Covid,
17:27qui est en train potentiellement de se rééquilibrer.
17:30La conséquence, c'est qu'il y a eu une surperformance des actifs américains
17:33qui a été remarquable sur la période.
17:35Ces actifs se sont aussi beaucoup renchéris.
17:38Quelle que soit la classe d'actifs que vous regardez, actions, crédits,
17:42probablement dollars, treasuries.
17:44Tout est plus cher aux États-Unis que dans le reste du monde.
17:47On paye une prime pour cet exceptionalisme.
17:49Et aujourd'hui, effectivement, on voit un rééquilibrage.
17:52Jusqu'où peut-il aller ? Est-ce que c'est la fin de l'investissement international aux États-Unis ?
17:56Peut-être pas.
17:57Est-il sain dans le contexte actuel, probablement ?
18:00Et c'est vrai qu'il arrive un moment où on se pose des questions
18:03sur la guerre commerciale, l'impact sur l'économie américaine,
18:07la politique de Trump, les gagnants et les perdants.
18:10Donc effectivement, on est en train de le constater,
18:13et on le voit beaucoup chez nos clients d'ailleurs aussi,
18:15que ce rééquilibrage, il est en cours, il a lieu, il se matérialise.
18:19Et c'est quelque chose qu'on peut imaginer sur le long terme.
18:22Vous citiez J.P.Morgan.
18:24Les stratégistes de J.P.Morgan nous disent que 25 va être
18:27une année de surperformance de l'Europe comparée aux actions américaines,
18:32comme on a rarement vu.
18:33C'est peut-être 25 points que les actions européennes pourraient mettre
18:36dans la vue à la performance des actions américaines cette année.
18:40Ça peut s'inscrire dans un temps effectivement long d'investissement en tout cas, Raphaël ?
18:45Oui, c'est notre pari en tout cas.
18:47Chez Tickeo, on a investi beaucoup en Europe,
18:51on a beaucoup rééquilibré aussi nos allocations sur l'Europe.
18:55Il y a des raisons fondamentales à ça, autour effectivement de ces tensions commerciales.
18:59On a l'impression que l'Europe peut-être sera moins impactée
19:02que d'autres géographies, y compris les États-Unis,
19:05en tout cas dans un premier temps.
19:06Donc ça, c'est un premier aspect.
19:08Et puis cette décote aujourd'hui qui existe des actifs européens
19:12vis-à-vis des actifs américains, elle permet aussi de voir venir.
19:16Elle rend aujourd'hui l'investissement en Europe plus attractif potentiellement.
19:20Et puis enfin, la dimension flux qui est effectivement très présente.
19:23On le voit dans les chiffres officiels, on le voit aussi de manière plus anecdotique.
19:27On a aujourd'hui beaucoup d'appels entrants, en particulier d'Asie, du Moyen-Orient,
19:31de clients qui sont très exposés de là,
19:34qui se rendent compte que finalement les signaux fondamentaux faiblissent d'une part,
19:39puis que d'autre part, c'est aussi un acte politique
19:43que dans la géopolitique actuelle, peut-être qu'il faut diversifier.
19:46Et lorsqu'on regarde autour de soi pour diversifier,
19:48l'Europe tout de suite vient à l'esprit.
19:50Donc ça, c'est une espèce de convergence de facteurs
19:52que nous, on constate à notre niveau en tant que gérants d'actifs
19:55et qui, selon nous, peut vraiment perdurer.
19:58Petite anecdote là aussi.
20:00Alors le patron de la stratégie d'allocation d'actifs d'une puissante CIB européenne
20:05qui va deux fois par an en Asie depuis, je ne sais pas, plus d'une décennie maintenant,
20:10pendant dix ans, pas une question sur l'Europe.
20:12Là, il est rentré il y a un mois de sa tournée semi-annuelle asiatique.
20:16Premier meeting, parlez-nous de l'Europe.
20:18Deuxième meeting, parlez-nous de l'Europe.
20:19Troisième meeting, parlez-nous de l'Europe, etc.
20:21Au point qu'ils ont parfois oublié, même d'ailleurs, comment on investissait en Europe.
20:24C'est-à-dire qu'on lui demande, attendez, la règle d'or en Allemagne,
20:29mais qu'est-ce que c'est déjà ?
20:30En fait, ils ont oublié parfois comment fonctionnait l'Europe.
20:33Il faut leur réapprendre un petit peu comment on fonctionne.
20:35Toujours retirer du contour d'expérience sur l'Asie et l'Extrême-Orient.
20:39Ils vous parlent de l'Europe, comme nous, on parlerait de l'Afrique équatorienne.
20:44Ça leur paraît très exotique.
20:47Il y a tout un travail.
20:48C'est les marchés frontières, en fait.
20:50C'est les marchés frontières pour eux.
20:52C'est le Far West.
20:54Sur le sujet budgétaire américain,
20:57est-ce que la pression des marchés,
21:01on peut rajouter Moody's dans le lot également,
21:04qui a eu son lot de retentissement médiatique,
21:08le 30 ans à 5 %,
21:10est-ce que ça infléchit les débats au Congrès sur la Big Beautiful Bill ou pas ?
21:16Ça impacte nécessairement les débats au Congrès,
21:19mais les débats au Congrès sont essentiellement politiques.
21:22Aujourd'hui, ils ne sont pas du tout driveés essentiellement par l'état des marchés financiers.
21:28En fait, on a deux écoles aux Etats-Unis.
21:31On a une école des républicains presque historiques,
21:36presque historiques en tout cas des républicains,
21:39avec une tendance maga rigueur budgétaire,
21:45orthodoxe budgétaire, exactement,
21:47qui met l'accent sur la nécessité de réduire à marche forcée le déficit budgétaire
21:54pour justement moins dépendre des financements extérieurs
21:59et pour rééquilibrer les comptes.
22:01Et puis, on a l'autre tendance,
22:03qui est une tendance beaucoup plus suiviste de Donald Trump.
22:06On l'a vu avec le Speaker Johnson qui a dit
22:09« En gros, papa va arriver,
22:11Donald Trump va arriver depuis la Maison Blanche
22:13et il va remettre tout le monde au carré »,
22:15disant que ça fait partie de nos promesses de campagne.
22:19Comme on l'a promis, on va le faire,
22:21même si ce n'est pas nécessairement une bonne idée.
22:23En tout cas, c'est vrai qu'il y avait dans les promesses de campagne
22:26des éléments qui, politiquement, étaient extrêmement marqués.
22:29Évidemment, à la défiscalisation des pourboires.
22:32Je pense à un certain nombre d'exemptions fiscales
22:35sur des investissements et sur des donations
22:38qui pourraient être favorisées pour certains Américains.
22:42Ça, c'est ce qui se rajoute à la prolongation
22:45des dépenses d'impôt Trump organisées en 2017.
22:48Exactement.
22:49Et en fait, c'était un professeur de Stanford qui disait
22:52que si la loi telle qu'elle vient de sortir de la commission budgétaire
22:59passe en État, ce serait le plus gros transfert
23:02des générations jeunes vers les générations âgées
23:05qu'on ait connu de l'histoire américaine.
23:08Est-ce que c'est réellement une bonne idée ?
23:10Mais effectivement, on a aujourd'hui un vrai sujet là-dessus aux États-Unis
23:15et ce qu'on espère, c'est quand même que la force de rappel
23:19des marchés qui sont les seuls à donner une vérité des prix.
23:24Vous connaissez mon mantra là-dessus,
23:27les marchés sont uniquement des entités qui donnent des prix.
23:31C'est un des nombreux stratégistes de JP Morgan
23:36qui rappelait que les marchés, c'est la machine à voleter ultime.
23:40Ce sont des entités qui ne peuvent pas être déportées, intimidées.
23:45C'est la vérité quotidienne.
23:48Exactement, et donc la nécessité de regarder ces prix-là
23:52et de prendre en compte ce qu'ils nous disent
23:55sur la conséquence des décisions politiques
23:58me paraît une force de rappel qui pourrait être utile.
24:01Mais aujourd'hui, quand je regarde les débats aux États-Unis,
24:07je les suis de façon assez précise.
24:09En fait, aujourd'hui, ce n'est pas encore complètement rentré,
24:12même pas du tout rentré dans les débats.
24:15Néanmoins, ce qui est certain, c'est que si jamais cette loi passe,
24:20je ne suis pas du tout certain que ce sera salué
24:23comme étant une extrêmement bonne nouvelle,
24:25contrairement par les marchés,
24:27contrairement à ce qui s'est passé en 2018.
24:29En 2018, on disait, c'est formidable,
24:31on va avoir enfin des baisses d'impôts,
24:33on va avoir la croissance qui va remonter.
24:35Là, on s'inquiètera, c'est vraiment un nouveau monde,
24:37on s'inquiètera des déséquilibres financiers.
24:39Donc c'est important, effectivement.
24:41J'espère que la lumière,
24:43puisque visiblement maintenant tout le monde est devenu catholique
24:45au sein de l'administration américaine,
24:48donc la lumière de Léon XIV et de Pentecôte
24:50va arriver, effectivement,
24:52on arrive dans ce temps-là,
24:54va arriver sur les parlementaires américains
24:56qui vont d'un seul coup, un, se comprendre,
24:58parce que c'est Pentecôte, c'est ça,
25:00et puis peut-être, effectivement, voir la vérité des prix
25:04en disant qu'il faut peut-être arrêter de faire n'importe quoi.
25:06– Les marchés obligataires, les bandes vigilantes,
25:09comme on les appelait à l'époque,
25:11auront-ils raison des tarifs bilatéraux le 8 avril dernier ?
25:15Est-ce qu'ils auront raison de la Big Beautiful Bill
25:18telle qu'elle a été présentée dernièrement
25:20par la commission de réconciliation de la Chambre des représentants ?
25:22– Alors, je pense que le parallèle est bon.
25:24En fait, il faut faire le parallèle sur les taux obligataires
25:26entre ce qui s'est passé en janvier,
25:28post-élection de Trump, dans lequel on a eu
25:30cette hausse de la prime de terme,
25:32on avait mis de côté les questions tarifaires
25:34et c'est plutôt l'effet budgétaire qui arrive en soutien.
25:36On a la hausse des taux qu'on a eue au mois d'avril
25:39qui est vraiment liée à la contrainte associée au tarif
25:41qui provoque un choc sur l'économie.
25:43Et c'est deux logiques qui sont différentes.
25:45– Oui, je comprends.
25:47– Aujourd'hui, alors déjà, cette Beautiful Bill…
25:49– Big Beautiful Bill, le triple B.
25:51– Il faut lire dans son ensemble, il y a tout dedans.
25:55Il y a le contrôle aérien, Medicare…
25:57– Ah oui, oui, oui, c'est la méga-bille.
26:01– Effectivement, la logique de mes concessions tarifaires
26:05n'ayant pas été appliquées, je passe ce deuxième volet
26:08qui est ce volet d'extension fiscale.
26:10Ce qu'il faut avoir en tête et prendre un peu de recul,
26:13c'est que même si le marché semble aujourd'hui
26:15apaisé de cette histoire de tarifs…
26:17– Marché action.
26:18– Le marché action, on est quand même sur des hausses de tarifs
26:21qui sont en moyenne de 18%,
26:25c'est 8 fois plus important que ce qu'on avait avant.
26:28Donc déjà, on arrive dans un environnement,
26:30même si on est à 30% sur la Chine, qui sera inflationniste.
26:33Donc déjà, toute cette prime inflation qui est dans les taux
26:36a un biais beaucoup plus haussier que nous reflètent déjà aujourd'hui
26:39les break-even, les anticipations de marché.
26:41Deuxièmement, on arrive avec une prime de terme, on l'a dit,
26:44qui renormalise seulement, mais qui a encore de la voie à augmenter,
26:47assez fortement.
26:49Aujourd'hui, face à ces hausses tarifaires,
26:52l'impact des revenus tirés des tarifs ne sera pas suffisant
26:56pour compenser l'ensemble des extensions tarifaires.
26:59Donc quand on met tout ça ensemble,
27:01c'est pas tant on va baisser les impôts,
27:03ça va nous faire de la dérégulation, de la relance de croissance,
27:06c'est qu'on fait ça sur une économie qui est incertaine,
27:09avec un environnement inflationniste qui est élevé,
27:11avec une incertitude qui est profonde,
27:13parce qu'en fait, au mois de juillet,
27:15on ne sait globalement pas ce qui va se passer.
27:17Et c'est là où le plus important à regarder,
27:19c'est cette histoire de confiance.
27:21Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est un décrochage complet
27:23des indicateurs de confiance, mais une économie américaine
27:25qui tient plutôt bien dans les hard data.
27:27Quand on regarde historiquement les épisodes
27:29tels que ceux qui se sont passés là,
27:31on a non seulement les indicateurs de confiance,
27:33mais les indicateurs de confiance liés à l'emploi.
27:35Aujourd'hui, quand on regarde dans l'enquête du Michigan,
27:37les perceptions des ménages sur l'emploi
27:39se dégradent très très vite.
27:41Historiquement, quand on a cette double séquence
27:43choc de confiance, anticipation d'inflation
27:45et emploi,
27:47on arrive avec des probabilités
27:49d'ajustement de l'économie.
27:51Si je suis inquiet pour mon travail demain,
27:53c'est là où mes comportements de consommateur s'ajustent.
27:55Et donc en fait, on met tout ça ensemble.
27:57On a une expansion budgétaire
27:59tout azimut.
28:01On a une incertitude qui est forte,
28:03un problème de confiance,
28:05une inflation qui va ressurgir,
28:07parce qu'elle arrivera avec cette histoire de tarifs.
28:09Tout ça avec une trim de termes
28:11qui va se reprendre par ces questionnements.
28:13Et donc c'est clairement la séquence
28:15de janvier pour l'instant
28:17qui est en train de se passer, qui est sous nos yeux.
28:19Et la question c'est, est-ce qu'on dérive
28:21vers quelque chose à l'avril ?
28:23Pour l'instant, le fait qu'il fasse ce retrait sur les tarifs
28:25met ce scénario de côté de guerre tarifaire.
28:27Mais en réalité, on voit bien
28:29que cette bande vigilante
28:31est le seul facteur aujourd'hui
28:33qui va essayer de la soupir.
28:35La question c'est à essayer de tester cette vigilance-là.
28:37C'est ce qu'on mentionnait sur la prime de risque.
28:39Il y a aujourd'hui une prime de risque américaine.
28:41De combien ? On ne sait pas.
28:43Mais plus il va aller tester ces effets-là,
28:45plus la prime de risque américaine sur les taux va réaugmenter.
28:47Donc prime d'inflation, prime de termes, prime de risque,
28:49c'est un environnement aussi étoté au US, très clairement.
28:51Comment on explique ou comment on justifie
28:53le fait, dans ce contexte-là,
28:55que l'inflation américaine soit revenue
28:57très proche de leur sommet ?
28:59Le S&P est à 2-3% de ses sommets historiques.
29:01Est-ce que les analystes sont
29:03complètement à côté de la plaque ?
29:05Est-ce que c'est un nouveau départ pour le marché actions ?
29:07Ou est-ce que c'est effectivement
29:09le risque d'une répétition
29:11du choc du mois d'avril ?
29:13Effectivement, ça a été un rebond assez remarquable
29:15qui a surpris beaucoup de monde.
29:17On peut estimer qu'il y a plusieurs raisons à cela.
29:19Une première raison, c'est qu'effectivement
29:21ce risque de baisse extrême
29:23de marché à travers cette guerre commerciale
29:25semble avoir été, pour l'instant,
29:27évacué.
29:29Ça a été effectivement une matière à rassurer.
29:31La désescalade est en cours.
29:33On a vu que le président Trump
29:35vacillait lorsque les marchés
29:37bougeaient trop, était aussi
29:39très attentif à ce que lui disaient
29:41ses amis financiers,
29:43hommes d'affaires et aussi son électorat.
29:45On a écarté un peu
29:47le risque extrême de baisse. En parallèle,
29:49souvenez-vous, on a eu aussi une belle saison des résultats.
29:51Dans le contexte actuel,
29:53il y avait beaucoup d'inquiétudes et ces inquiétudes
29:55se sont globalement plutôt évanouies.
29:57Il y a probablement aussi des aspects
29:59plus techniques, des aspects de positionnement.
30:01Beaucoup d'investisseurs
30:03ont baissé leur exposition à la baisse
30:05et ont donc un petit peu
30:07chassé leur queue à la hausse
30:09pour se réexposer. Tout ça a fait qu'effectivement,
30:11le rebond a été remarquable et on en arrive
30:13à ce que vous décrivez, savoir un marché
30:15qui est aujourd'hui très haut, des valorisations
30:17qui sont élevées, en particulier
30:19aux Etats-Unis et qui laissent assez peu
30:21de place à une marge
30:23d'erreur éventuelle si l'un de ces scénarios
30:25qu'on décrit est amené à se matérialiser.
30:27Il n'y a plus de prime de risque sur les actions américaines.
30:29On a remangé toute la prime de risque en quelques semaines.
30:31Exactement. Donc, il y a un chemin
30:33pour la performance, toujours.
30:35Il y a le bull case qui consisterait
30:37à ce qu'effectivement les tarifs
30:39ne soient pas si dramatiques
30:41qu'initialement anticipés.
30:43Que le président Trump
30:45puisse pivoter sur cet agenda pro-business
30:47pour lequel il a été élu
30:49et pour lequel, souvenez-vous, en novembre dernier,
30:51on était tous très excités.
30:53C'est un petit peu ça, le bull case.
30:55On va mettre cet épisode tarifaire derrière nous.
30:57Les autres chapitres arrivent.
30:59Mais là, on arrive à la contradiction
31:01qu'on vient de décrire, à savoir
31:03pour implémenter
31:05cet agenda pro-business très coûteux,
31:07il va falloir faire, avec les bandes
31:09vigilantes, un moment où le marché
31:11obligataire semble grincer.
31:13C'est cette contradiction-là qui rend
31:15le bull case finalement assez inconfortable
31:17ou en tout cas des niveaux de valorisation
31:19qui sont si élevés
31:21qui rend l'investissement plutôt incertain.
31:23Rebond de circonstances
31:25ou est-ce que ça peut être
31:27un nouveau départ ?
31:29Moi, ce qui me marque sur le marché
31:31américain, c'est le poids
31:33qui devient quand même extrêmement important
31:35désormais des particuliers américains.
31:37On n'avait pas du tout l'habitude d'un marché
31:39où les mouvements étaient impulsés
31:41par les particuliers et les professionnels suivaient
31:43mais c'est un peu le
31:45cas aujourd'hui.
31:47Ça rend le marché assez
31:49difficile à lire
31:51et il y avait une
31:53étude qui était sortie il y a quelques jours
31:55qui était intéressante sur le fait que ça reflète
31:57également les deux Amériques
31:59l'Amérique bleue et l'Amérique rouge
32:01C'est votre étude ?
32:03Non, c'est une étude que j'ai
32:05effectivement relayée
32:07et qui me paraissait
32:09assez fascinant sur le fait que
32:11on avait non seulement aujourd'hui
32:13dans les sondages des anticipations
32:15qui étaient différentes selon qu'on était républicain
32:17ou qu'on était démocrate, ça on le sait depuis longtemps
32:19mais désormais on a des populations
32:21qui ne se croissent plus. C'est-à-dire que
32:23si vous êtes démocrate, vous allez chez Costco
32:25si vous êtes républicain
32:27vous allez chez Shams Place.
32:29Et tout ce que dit Elon Musk aujourd'hui
32:31il est au Qatar je crois
32:33il dit sur les ventes de Tesla
32:35il dit ça y est
32:37les achats des républicains
32:39compensent les non-achats
32:41des démocrates sur les ventes Tesla
32:43Et c'est ça qui rend
32:45les indices
32:47extrêmement difficiles à lire
32:49parce qu'évidemment nous ne pouvons
32:51lire que des moyennes
32:53c'est comment est-ce qu'au sein de l'électorat
32:55c'est perçu, comment est-ce que
32:57ça va remonter jusqu'à
32:59l'administration républicaine
33:01et si les comtés démocrates
33:03s'en sortent beaucoup moins bien que les comtés républicains
33:05est-ce que ça va être, même si en moyenne
33:07évidemment si vous regardez
33:09l'Amérique démocrate, l'Amérique républicaine
33:11c'est deux tiers l'économie démocrate
33:13et un tiers l'économie républicaine aux Etats-Unis
33:15donc il n'y a pas photo
33:17mais vous ne pouvez pas, c'est à peu près ça
33:19c'est 20 000 milliards de dollars et 10 000 milliards de dollars de l'autre en gros
33:21mais la question c'est
33:23est-ce que si ces 10 000 milliards de dollars
33:25vont bien, est-ce que finalement
33:27l'administration va dire moi c'est mon électoral
33:29tout se passe bien et donc tout ce qu'on vient de dire
33:31sur les forces de rappel de marché
33:33est-ce que ça va véritablement fonctionner
33:35et effectivement on a énormément de déséquilibre
33:37aujourd'hui mais on ne sait pas comment
33:39est-ce que ces déséquilibres vont remonter en termes de messages
33:41à la Maison Blanche et en termes de messages
33:43au Congrès pour justement retrouver
33:45peut-être
33:47un chemin
33:49que les marchés en moyenne
33:51nous tracent, les marchés effectivement nous tracent un chemin
33:53en disant les entreprises finiront
33:55par s'ajuster, elles se sont déjà
33:57ajustées, elles ont des marges de manœuvre
33:59et comme la confiance reste bonne
34:01et comme le marché de l'emploi reste bon finalement tout ceci va bien se passer
34:03il y a quand même énormément
34:05d'incertitudes sur ce scénario et c'est pour ça que c'est difficile
34:07d'investir dans ce marché-là
34:09Pour une entreprise c'est
34:11un marché fragmenté quoi
34:13d'un état à l'autre, d'un comté à l'autre
34:15on ne fait pas du business de la même manière
34:17quand on s'appelle Walmart, Costco, Sam's Club
34:19Mais c'est extraordinaire et effectivement
34:21si vous vous amusez vous pouvez
34:23parce que nous avons l'esprit espiègle dans la finance
34:25vous pouvez regarder il y a un ETF qui s'appelle MAGA
34:27aux Etats-Unis
34:29et un autre ETF
34:31qui est démocratique, corps capital
34:33et vous voyez que finalement sur 5 ans
34:35ils font à peu près la même performance
34:37mais que les performances
34:39à 1 an, 2 ans, 3 ans
34:41sont extraordinairement volatiles
34:43et donc il faut arriver à lire tout ça
34:45et à faire des allocations qui soient
34:47pertinentes là-dessus
34:49ce n'est pas simple en ce moment
34:51Si l'Europe offre
34:53une vision de stabilité
34:55et là aussi c'est ce que je disais hier, on appelait ça de la médiocrité
34:57maintenant on appelle ça de la stabilité
34:59c'est le revers positif
35:01le revers positif
35:03de la stabilité
35:05de la médiocrité
35:07vous poussez le thème de la défense
35:09quand on patauge finalement on ne va pas très vite
35:11le risque de choc et de rupture
35:13est moins important peut-être
35:15en Europe aujourd'hui, il y a peut-être plus de
35:17prédictabilité dans la
35:19conduite des politiques
35:21économiques et monétaires
35:23donc c'est un bon terrain
35:25pour l'investisseur, Raphaël
35:27Le thème de la défense, de la
35:29souveraineté que vous poussez depuis un moment
35:31chez Tickeo, il en est où ?
35:33Il y a encore du momentum
35:35le thème n'est pas encore
35:37à son prix tel que vous l'estimez
35:39est-ce que ça devient un thème plus
35:41tranquille, un thème de fond de portefeuille ?
35:43C'est devenu
35:45peut-être à la différence d'il y a quelques années
35:47selon nous, un thème incontournable
35:49c'est-à-dire qu'aujourd'hui
35:51le thème ne fait plus débat, c'est probablement
35:53une méga tendance générationnelle
35:55il faut en avoir un portefeuille
35:57comme il faut avoir de l'intelligence artificielle
35:59ou de la tech et effectivement c'est un thème
36:01qui est aujourd'hui très européen
36:03nous on continue à investir lourdement dessus
36:05en private equity, sur les actions aussi
36:07à travers la défense
36:09en particulier mais pas que
36:11et de notre point de vue c'est tout simplement le début
36:13d'une tendance, il est encore temps de se positionner
36:15alors évidemment une partie de la hausse est derrière nous maintenant
36:17prenez la valeur de la défense en Europe
36:19c'est plus 40% cette année
36:21donc c'est très significatif
36:23mais avec des perspectives de croissance
36:25qui sont gigantesques, nous on parle beaucoup d'un moment
36:27chat GPT pour la défense européenne
36:29il y aura un après
36:31début 2025 et un avant
36:33après 2025
36:35mais compte tenu des perspectives
36:37de croissance, de revenus
36:39la capacité de ces entreprises aussi à maintenir
36:41leur rentabilité voire même à la
36:43augmenter
36:45et à la visibilité que cette tendance vous donne
36:47sur le long terme aussi, quand on regarde
36:49les entreprises de défense, on a de la visibilité sur les
36:51commandes à long terme
36:53on est vraiment selon nous sur une tendance
36:55sur laquelle positionner
36:57et paradoxalement, malgré la performance
36:59récente, à des valorisations
37:01qui restent encore acceptables
37:03dirons-nous, je ne vais pas dire raisonnables
37:05on va dire acceptables. Mais rapportées à la croissance
37:07effectivement, ce n'est pas si délirant
37:09que ça. Je vais vous donner un chiffre assez
37:11frappant, la défense européenne
37:13sur les trois prochaines années, on modélise
37:15environ 30% de croissance des BPA
37:17des bénéfices par action, aux Etats-Unis
37:19on est plus proche de 10%
37:21trois fois plus de croissance des bénéficiaires
37:23en Europe, pour des valorisations
37:25moindres en Europe qu'aux Etats-Unis
37:27il y a une prime, certes
37:29on paye plus cher aujourd'hui pour investir
37:31en défense que pour investir ailleurs
37:33mais face aux montants de capitaux
37:35déployés, à leur capacité
37:37de maintenir leur rentabilité et à des
37:39valeurs, encore une fois, en relatif par exemple
37:41aux Etats-Unis, qui restent raisonnables
37:43on a l'impression que tous les ingrédients sont là
37:45pour surfer cette vague. Et c'est un thème
37:47qui s'élargit, qui s'approfondit
37:49enfin je veux dire dans l'univers d'investissement
37:51il y a de la profondeur, de la largeur
37:53Alors aujourd'hui on est effectivement très
37:55concentré sur cette thématique défense
37:57elle est incontournable, tout le monde en parle
37:59notre pari c'est de dire qu'en fait
38:01on est finalement bien au-delà
38:03d'une problématique purement
38:05défense, mais qu'on est effectivement
38:07autour de cette thématique de la souveraineté
38:09que le constat qu'on fait aujourd'hui
38:11sur nos fébrilités vis-à-vis de notre sécurité
38:13on peut et on va
38:15et on doit le faire aussi sur nos fébrilités
38:17vis-à-vis de certaines industries stratégiques
38:19par exemple je ne sais pas
38:21des semi-conducteurs qui clairement
38:23sont devenus un actif stratégique pour les pays
38:25des infrastructures, de l'énergie
38:27de la pharma, autant
38:29de thématiques assez similaires
38:31à finalement ce qu'on voit la défense
38:33à savoir une externalisation
38:35des savoir-faire, des chaînes de valeur
38:37une surdépendance vis-à-vis de l'extérieur
38:39un moment où le monde
38:41s'antagonise, où nos partenaires
38:43mondiaux deviennent
38:45beaucoup moins amicaux que précédemment
38:47et où on voit parfois derrière
38:49le rideau, parfois de manière plus explicite
38:51une vraie volonté européenne
38:53publique de se
38:55réoutiller, de se réarmer
38:57sans mauvais jeu de mots
38:59donc vraiment on a envie d'aller au-delà de cette thématique
39:01de la défense et d'aller explorer plus loin
39:03Et en plus la BCE va accompagner
39:05tout ça Léa ?
39:07Je crois même que les
39:09hawks de la BCE
39:11ne s'opposeront pas
39:13à une nouvelle baisse de taux
39:15Oui c'est ça !
39:17Elle déroule, elle est crédible
39:19on y va, on applaudit
39:21Réellement aujourd'hui
39:23est-ce qu'on peut appliquer le rapport Draghi ?
39:25En fait c'est ça les conséquences pour l'Europe
39:27Alors effectivement cette année ça va être compliqué
39:29parce qu'il y aura l'effet économie américaine
39:31sur l'économie européenne
39:33Par contre c'est exactement ce qu'on a vu avec le plan Covid
39:35et le plan défense adopte le même schéma
39:37c'est des effets à long terme qui sont multipliés
39:39parce qu'ils sont appliqués dans tous les pays européens
39:41et donc mauvais 2025
39:43en gros c'est une croissance autour de 0,7
39:45mais en fait 2026-2027
39:47quoi qu'il se passe dans ce monde incertain
39:491. l'Europe arrive comme un îlot de stabilité
39:51et 2. on a des dépenses d'investissement
39:53massives que personne ne critique
39:55Donc autant notre hausse de prime de termes américaine
39:57c'est un problème de signature
39:59autant en Europe c'est un problème d'émissions supplémentaires
40:01pour la défense et tout le monde le salue
40:03Côté conjoncture ça va encore être compliqué
40:05mais par contre sur des perspectives à moyen terme
40:07l'îlot de stabilité devient l'Europe
40:11Bon sur la logique d'investissement
40:13dans ce contexte, à ce stade
40:15Qu'est-ce qui retient votre attention ?
40:17D'abord effectivement
40:19c'est un truisme
40:21mais la diversification ça reste quand même la clé
40:23dans un monde qui reste quand même
40:25extrêmement volatile
40:27et je pense que tous ceux qui ont pris des paris marqués depuis le début de l'année
40:29se sont pris à un moment donné
40:31des portes de saloon absolument considérables
40:33donc il faut être à la fois humble
40:35et vigilant
40:37et c'est franchement pas simple
40:39Le deuxième élément
40:41c'est que ce qui change profondément en Europe
40:43c'est l'Allemagne
40:45L'élément de bascule
40:47c'est qu'on avait
40:49un point qui nous
40:51non pas nous entraînait par le fond
40:53mais nous empêchait d'avancer qui était un élément d'immobilisme
40:55qui est devenu un élément de moteur
40:57et ça, ça change tout
40:59à la fois sur la défense
41:01à la fois sur les changements budgétaires
41:03et même globalement
41:05sur les équilibres politiques
41:07on voit une Allemagne qui veut bouger
41:09la question maintenant c'est est-ce que politiquement
41:11à l'intérieur de l'Allemagne ça va être aussi
41:13salué que ça l'est à l'extérieur
41:15et aujourd'hui on a un vrai sujet
41:17il a gagné une bonne partie de son capital politique
41:19c'est-à-dire que quand on regarde
41:21la cote de Friedrich Merz
41:23elle est quand même beaucoup plus importante au coeur de Paris
41:25qu'au coeur de Berlin, ce qui peut être quand même un sujet pour lui
41:27le coup d'État budgétaire
41:29ce dont il est accusé
41:31ce dont il est accusé
41:33mais néanmoins
41:35c'est ce qui fait que l'Europe aujourd'hui attire tout le monde
41:37Merci beaucoup, merci à vous trois d'avoir été des invités
41:39de Planète Marché, Wilfried Galland, Bonpensier Arbevel
41:41Léa Dauphin, Stack Economics
41:43et Raphaël Chianti qui est au Capital

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