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  • 19/05/2025
Chères lectrices, chers lecteurs,

Jeudi 15 Mai, nous avons eu le plaisir de recevoir Trois auteurs et leur éditeur pour échanger autour de leurs récits respectifs ainsi qu'autour de la question suivante : Que peut le personnage de fiction ?

Discussion animée par .

Vous souhaitant de belles lectures,

L'écume 🌊

Les Quatrièmes :

Souvenirs de la maison de l'aube, de Guylian Dai :

Ilhan Jung s'éveille un lundi matin encore marqué par un rêve étrange. Tout au long de la journée, il voit son monde se déliter et connaît une série de bouleversements qui changent son rapport à l'altérité et à lui-même.

Le Rouge et Laure, de Galien Sarde :

L'été, Lagord. Gaspard Vance s'éteint dans des circonstances troubles. Des doutes se font jour, une enquête s'ouvre. Gaspard Vance, il est vrai, était riche, et Laure, beaucoup plus jeune que lui, et à couper le souffle. Mais l'essentiel est peut-être ailleurs. Avec "Le rouge et Laure", Galien Sarde signe son troisième roman, où se joue une lutte vitale entre le sens tragique de l'existence et une intense vibration du désir.

Clapotille, de Laurent Pépin :

Après "Monstrueuse féérie" (2022) et "L'angélus des ogres" (2023), "Clapotille" est le dernier acte d'un conte onirique, où se tracent les contours hallucinés d'un personnage hors norme, chevalier errant de temps éclatés, dont l'imaginaire est le royaume et le seul refuge.C'est là, au milieu des ruines de son esprit, que va naître Clapotille, tel un mirage."Après tout, il habitait encore dans un coin de ma tête, quand je suis apparue sur cette plage, sur le sable enneigé, peut-être qu'il a éclos comme ça, lui aussi, sur une autre plage, ou dans un lac, sous la montagne, dans un océan de coquelicots, ou parmi les feuillages ardus d'une forêt de ventilateurs."
Transcription
00:00:00Alors je commence déjà par vous souhaiter la bienvenue au public qui a eu la gentillesse de se déplacer.
00:00:10Je commence aussi par des remerciements au personnel de la librairie Lécune des Pages qui nous accueille et aussi aux éditions Fable Fertile auxquelles appartiennent les trois auteurs.
00:00:25Donc aujourd'hui, nous allons faire notre rencontre autour d'une thématique très importante, c'est la fiction et le personnage.
00:00:37Que peut le personnage de fiction ? C'est une thématique très, très vaste.
00:00:42Mais comme nous avons aujourd'hui le privilège d'avoir les auteurs, je me suis dit qu'on va peut-être l'aborder sur deux moments.
00:00:55Un moment qui part des auteurs, c'est-à-dire le personnage de fiction par rapport à l'auteur.
00:01:05Et puis par la suite, nous allons nous ouvrir un peu aux lecteurs parce que dans l'oeuvre de fiction, la plupart du temps, nous la recevons en tant que lecteur.
00:01:17Et donc le personnage, le lecteur dialogue avec le personnage et lui donne en fait, s'identifie ou le suit.
00:01:27Mais on a rarement la chance d'interroger les auteurs sur le personnage et de savoir que représente le personnage par rapport à l'auteur.
00:01:39Et donc, je commence par une petite présentation quand même des trois auteurs.
00:01:43Donc, nous avons avec nous aujourd'hui Galien Sard. Galien Sard qui a écrit trois romans avec les éditions Fable Fertile.
00:01:53Échec et Mathe en 2022. Trafic en 2023. Trafic en 2023. Et le dernier, celui pour lequel vous êtes là aujourd'hui, c'est Le Rouge est mort en 2025.
00:02:13Nous avons aussi Laurent Pépin qui a publié pareil, trois romans plutôt triptiques. Nous avons Monstrueuses féeries en 2022. L'Angélus des ogres publié en 2023.
00:02:31C'est le dernier de la série en 2024. Et nous avons aussi Guillian Day qui a publié plusieurs textes depuis 2017. Un roman, Lettres relatives en 2017. Un texte un peu particulier.
00:02:51Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier.
00:03:19Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier.
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00:05:37peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un
00:06:07texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu
00:06:37particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un text
00:07:07un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier. Un texte un peu particulier.
00:07:37Et surtout pour un genre qui est connu pour étant un peu de la littérature, on va dire, de la littérature accessible, de la littérature d'intrigue.
00:07:48La littérature d'intrigue, par rapport à l'écrivain, que représente le personnage, voire les personnages de votre rôle ?
00:07:57Alors on viendra peut-être, on en viendra peut-être tout à l'heure à faire un point théorique, peut-être philosophique, simple, sur ce que peut le personnage en fiction à un niveau plus général.
00:08:06Mais là, vous m'invitez à parler du Rouge et l'Or, j'y vais avec grand plaisir.
00:08:09Pour le Rouge et l'Or, pour chaque roman que je conçois, les choses se font différemment, puisque j'aime bien, et je ne dois pas être le seul, ne pas utiliser de recette.
00:08:18Autrement dit, quand je me lance dans un roman, j'écris mon propre cahier des charges, et pour aller voir ailleurs, pour découvrir du nouveau.
00:08:25Donc dans Échec et Mathe, c'est parti d'un rêve. J'ai suivi ce rêve initial. Les personnages sont nés de là. Dans Trafic, il s'est passé autre chose.
00:08:33Pour le Rouge et l'Or, c'est encore autre chose qui s'est passé, donc à chaque roman, sa façon de faire apparaître et de jouer avec les personnages.
00:08:40Pour ce qui concerne le Rouge et l'Or, c'est d'abord des lieux qui sont apparus, des lieux et des ambiances. Il y avait guerre ou pas de personnages.
00:08:47C'est des atmosphères, du réel, je suis tenté de dire, qui échappe totalement dès le début, que je vais tenter de préciser avec un travail esthétique, puis un travail verbal.
00:09:00Et plus je m'approche, grâce à ce travail esthétique et verbal, d'une traduction de ces ambiances, de ces lieux oniriques chargés de sens, de force et d'ambiance, plus les personnages prennent corps.
00:09:14Donc en fait, c'est au point de départ absolument pas moi. C'est des fictions construites par les lieux, par l'espace-temps, qui sont sécrétées par l'espace-temps.
00:09:27Maintenant je peux aller rapidement plus loin. Assez vite donc, du poids vivant apparaît dans ces espaces, puisque le roman est narratif et c'est mon but, bien sûr, de raconter une histoire.
00:09:38Vous parliez de la dimension policière, elle n'est pas là pour rien. Donc la constellation des personnages est apparue et s'est mise en branle, en mouvement, avec des désirs très forts.
00:09:49Et là on est dès maintenant, certains le savent déjà, au cœur de ce que je travaille dans tous mes romans, le désir.
00:09:54Et donc ce que peut le personnage, c'est désirer sans limite, ou en tous les cas pas avec les limites habituelles, intensément, ce qui va permettre au lecteur de mieux approcher de plus près différemment le désir,
00:10:09qui est une part du réel, puisque le désir échappe, et à travers la puissance du désir du personnage, qui va en plus questionner la réalité, puisque la réalité s'oppose à son désir, lui résiste.
00:10:21Donc on a d'un côté un désir très fort, d'autre part une réalité qui résiste au désir du personnage, donc on a une interrogation du désir, une interrogation de la réalité,
00:10:31et finalement derrière la réalité, en deçà, en ce sens qu'il est préexistant, ou au-delà, en ce sens qu'il est inaccessible, il y a le réel.
00:10:39Et le personnage de roman, du fait de son désir très fort, notamment dans le Rouge et l'Or, est en but au réel.
00:10:46Et donc si je fais bien mon travail ici, le personnage désire de façon intense et originale, et en dehors des codes habituels, va faire apparaître des poches de réel.
00:10:58Absolument, c'est très intéressant, d'autant plus que cette notion du dépassement du réel est quelque chose qui est très liée à la littérature, à la fois par la langue elle-même,
00:11:07ce qui est littéraire c'est ce qui part de la langue pour dépasser la langue, pour sortir des limites justement de la langue en tant que moyen de communication.
00:11:17Et cette thématique des personnages aussi, par rapport au dépassement, c'est que, et on le constate surtout lorsqu'il s'agit de romans,
00:11:28c'est que les personnages romanesques dépassent les limites à la fois du réel, mais même les limites temporelles.
00:11:35C'est pour ça qu'on a ce qu'on garde de la littérature, généralement en faisant des thématiques, on garde des personnages.
00:11:42Quand on pense à Kafka, on pense à des situations, et surtout à Grégoire dans La Métamorphose, quand on pense à Dostoevsky, on pense à Raskolnikov,
00:11:51quand on pense à Camus, on pense à Meursault, et on voit bien que ces personnages incarnent quelque chose qui sort. J'aime bien cette idée.
00:12:00Des rapports au monde, effectivement.
00:12:02Absolument, et c'est peut-être pour ça que je vais enchaîner directement sur Gillian, parce que dans le roman de Gillian, Souvenir de la maison de l'ombre,
00:12:12on a un personnage particulier, Ilan Young, c'est un personnage qui se réveille et qui, suite à un rêve, à un moment radical, un moment onirique,
00:12:26bascule ou en tout cas s'engage ou se désengage d'un schéma, d'un cheminement de vie, et ça se voit qu'il porte quelque chose,
00:12:41et surtout qu'il flirte avec les limites justement du possible et du réel.
00:12:45Et c'est pour ça que je reviens à Gillian avec la même question, que peut Ilan Young dans votre roman ? En tout cas, que cherche-t-il dans votre roman ?
00:12:57Oui, alors, Ilan Young, il matérialise ce que disait Marguerite Duras, c'est qu'il est dans une forme de déconcentration extrême.
00:13:12C'est-à-dire que cette déconcentration extrême, suite au rêve luminaire, elle se manifeste ainsi, c'est-à-dire qu'il est en déprise.
00:13:22Et cette déprise, paradoxalement, va le conduire à se reconnecter au monde différemment.
00:13:33C'est intéressant parce que le parti pris de ce roman était moins narratif que de conduire une expérience existentielle limite.
00:13:47Et en fait, Ilan Young, il se retrouve, et c'est là que le personnage de fiction peut énormément, c'est qu'il se retrouve à interroger le personnage réel qui est l'auteur, par exemple.
00:14:01Et moi, je peux vous dire de façon provoquante ce soir, et je le pense sincèrement, que je suis un personnage de fiction.
00:14:08C'est-à-dire qu'en fait, les personnages réels charrient leur fiction.
00:14:16Quand je parle devant vous ce soir, je suis dans une posture, j'incarne un rôle, je suis dans le rôle de l'auteur.
00:14:24Ça, c'est très certrien, mais c'est intéressant de pouvoir se poser des questions comme ça.
00:14:29Parce qu'en fait, ça me permet d'être dans une posture de séduction où je veux capter le public en parfaite sincérité, bien évidemment.
00:14:37Mais en tous les cas, ce sont des fictions.
00:14:40Montréal, qui m'échappe en partie d'ailleurs, je ne vous le livre que de façon parcellaire.
00:14:50Et donc, l'aventure de Souvenir de la Maison de l'Aube et de ce personnage, ça a été de partir vraiment en fiction,
00:14:57mais sur cette sorte de quête qui est une quête qui s'impose au personnage.
00:15:05Puisqu'en fait, dans ce récit, il ne choisit pas, ce personnage, d'être en rupture.
00:15:13Mais un rêve qu'il ne parvient pas à laisser tout à fait à sa nuit, lui impose une rupture existentielle.
00:15:19Donc, on va suivre son cheminement.
00:15:21Et ce que peut le personnage de fiction, pour moi, a beaucoup trait au fait que le personnage de fiction,
00:15:28et en l'occurrence un narrateur, et quand on est en narration interne ou en narration omnisciente,
00:15:33dans le cadre des diétiques, c'est un personnage qui va, comment dire, qui va interroger l'auteur de façon extrêmement profonde.
00:15:47Moi, je me suis rendu compte que son pouvoir était, et c'est là que c'est un être augmenté,
00:15:53puisqu'en fait, on entre dans son intimité, comme on entre rarement en intimité quand on est dans les interactions de la vie quotidienne.
00:16:01Et donc, là, on entre profondément dans l'intimité de ce personnage.
00:16:04Et son intimité, le personnage devient presque un associé.
00:16:09Et il vous renvoie des choses, et il vous interroge, il vous réinterroge.
00:16:14Et du coup, vous réinterrogez votre personnage.
00:16:16Donc, il y a quelque chose de très dialectique qui se joue comme ça.
00:16:20Et le pouvoir du personnage de fiction, pour moi, il est là.
00:16:24C'est-à-dire qu'en fait, il va incarner des possibilités nouvelles.
00:16:30Il va bouger votre représentation, la représentation que vous aviez de ce que vous aviez entrepris.
00:16:38Et donc, l'auteur va se retrouver en posture à la fois, qui est une posture assez double.
00:16:46C'est-à-dire qu'il y a ce côté des murges, bien évidemment, qui est très présent.
00:16:50Mais il est aussi dans une démarche de découverte.
00:16:53Et il va être aussi très dépendant de tout ce qui va commencer à émerger.
00:17:02Merci.
00:17:04Merci pour toutes ces réponses.
00:17:07Et peut-être tout à l'heure, nous reviendrons sur ça, sur la fonction ou la place du personnage par rapport à l'auteur.
00:17:15Parce que c'est une thématique très profonde.
00:17:18Mais j'aimerais maintenant passer au deuxième moment de cette thématique.
00:17:26Qui est, que peut le personnage de fiction, mais par rapport au monde.
00:17:32Non pas uniquement par rapport à l'auteur.
00:17:36Et là, on entre un peu dans les choses un peu plus lourdes, un peu plus sérieuses.
00:17:44Les attentes sur la fonction de la littérature.
00:17:47Et ça pose forcément une question de genre aussi.
00:17:50Pourquoi le genre littéraire ? Pourquoi la fiction ?
00:17:54Et là, j'ai envie de dire, que peut le personnage de fiction ?
00:17:58Que ne peut pas, par exemple, un personnage de témoignage.
00:18:07Ou par exemple, un essai, par exemple.
00:18:12La parole du personnage de fiction, apparemment,
00:18:16elle aurait des pouvoirs, une capacité à dire certaines choses,
00:18:21qu'on ne peut pas dire dans un essai, ou même dans une autobiographie.
00:18:27Si on la compare à l'autofiction.
00:18:31Et sur ça, je vais revenir à notre ami Laurent.
00:18:37Parce que pour lui, son texte, on appartient vraiment à la question du genre.
00:18:43Parce que vous proposez, et c'est assez original,
00:18:47vous proposez un conte pour adultes.
00:18:51Oui, ça peut être lu comme un conte.
00:18:54Effectivement, ça fait partie des grilles de lecture de ces livres.
00:18:58Ça peut être lu comme un conte, si on prend vraiment au premier degré,
00:19:01si on considère que ce qui nous est raconté dans le livre survient réellement.
00:19:06Ça peut aussi être considéré comme un drame socio-psychiatrique.
00:19:11Donc la potille, il y a deux grandes questions qui se posent quand même.
00:19:15Est-ce qu'on n'a pas finalement ce type psychotique qui va très mal,
00:19:20enfermé avec cette gamine qui doit s'occuper de lui,
00:19:23et qui évidemment n'est pas beaucoup plus équilibrée psychiquement ?
00:19:26Ça c'est la première question.
00:19:27La deuxième question c'est, est-ce qu'elle existe ?
00:19:29Ou est-ce qu'il en est au point d'avoir tout inventé ?
00:19:32Comme c'est une question qu'on se pose également dans Montreux Esfairie,
00:19:35par rapport à son amoureuse.
00:19:39Tu peux me rappeler la question ?
00:19:43La question est liée au jeu, c'est-à-dire en partant de cette volonté
00:19:46de mettre en récit, en fiction, un discours, en passant par la littérature.
00:19:53Je sais par ta biographie que tu as fait des études en secolais,
00:20:00donc je me permets de tutoyer Laurent,
00:20:03que tu travailles déjà comme psychologue clinicien,
00:20:07tu as eu tout ce parcours.
00:20:10Pourquoi la fiction ? Pourquoi la littérature ?
00:20:14Et non pas seulement par exemple un article dans une revue.
00:20:18Qu'est-ce qu'on peut explorer à travers la fiction,
00:20:23et les procédés de la littérature à travers ces personnages
00:20:27qu'on ne peut pas retrouver ailleurs ?
00:20:29Pour moi la fiction c'était évident.
00:20:31C'était évident que je ne pouvais écrire que de la fiction.
00:20:33D'une part parce que j'avais envie à travers mon personnage
00:20:36à travers ce qui se passe dans ces trois livres.
00:20:38J'avais quand même beaucoup envie de parler de mon enfance,
00:20:40mais je ne voulais surtout pas produire un témoignage.
00:20:43Mais alors vraiment c'était insupportable pour moi.
00:20:45Et par ailleurs cette idée d'écrire ces livres-là,
00:20:47parce que je trouvais ça plat en fait.
00:20:49Je trouvais ça plat, je trouvais ça inintéressant,
00:20:51je trouvais que ça avait été fait mille fois,
00:20:53et que finalement, à vouloir trop coller à la réalité,
00:20:56on ne parlait de rien ni de personne.
00:20:58Et l'autre chose aussi, c'est que moi quand j'ai eu envie
00:21:00d'écrire ces livres-là, j'avais besoin aussi de parler
00:21:04d'un thème psychiatrique dans lequel je veux travailler,
00:21:06qui est en pleine évolution aujourd'hui,
00:21:10mais là encore il y a suffisamment d'essais
00:21:12qui sont écrits là-dessus,
00:21:14puisqu'on est en train de remplacer finalement
00:21:16ce qui était de l'ordre de l'anthropologie,
00:21:18ce qui était les psychothérapies relationnelles,
00:21:22ce qui était la psychanalyse,
00:21:24par une espèce de nouvelle mythologie de l'homme,
00:21:27c'est-à-dire un homme qui est uniquement cognitif,
00:21:30et où finalement on attend,
00:21:32ma fonction c'est psychologue-cognitif au travail,
00:21:34et où on attend du psychologue
00:21:36qu'il optimise les capacités des sujets,
00:21:39qu'il les optimise pour pouvoir les rendre efficaces
00:21:41sur le marché du travail,
00:21:43et moins délétères sur le marché des troubles du comportement,
00:21:46puisqu'on appelle ça comme ça.
00:21:47Trouble du comportement, c'est une notion
00:21:49qui n'est même pas psychologique,
00:21:50qui en fait est une notion importée du socio-juridique.
00:21:54Et moi j'avais envie de parler du gamin que j'étais
00:21:59il y a 25 ans,
00:22:01tout en traitant de ces problèmes-là,
00:22:03et ce qui avait été notamment dans les deux premiers livres
00:22:06vraiment mon guide,
00:22:08c'était que je trouvais que
00:22:10ce qu'on était en train de perdre,
00:22:11tout simplement dans ce monde-là,
00:22:13dans le monde qu'on était en train d'essayer de faire évoluer,
00:22:15parce que la psychiatrie n'est qu'un poisson pilote,
00:22:18vers une espèce d'homme qui doit essayer
00:22:21d'équivaloir finalement au niveau intellectuel
00:22:24de l'intelligence artificielle,
00:22:25ce qui est absolument impossible,
00:22:27on était en train de faire disparaître quelque chose
00:22:29dans le domaine du rêve,
00:22:31que moi j'avais retrouvé énormément chez mes patients,
00:22:33beaucoup, on va dire plus de la moitié des trouvailles
00:22:36dans Monstrueus Feri ou dans Jésus les autres,
00:22:39que ce soit ce patient qui veut être enterré
00:22:42dans un cercueil en verre
00:22:43parce qu'il a peur d'avoir peur du noir dans un cimetière,
00:22:46je dis que s'il voit à travers,
00:22:47il a plus de chance quand même aussi
00:22:49qu'une princesse vienne l'embrasser,
00:22:50on ne sait jamais,
00:22:51et le réveiller,
00:22:52tout ça c'est des choses qui m'ont été dites au travail.
00:22:54Cette personne qui est convaincue,
00:22:56qui s'appelle dans mes livres Blanche Colombe,
00:22:58qui s'appelle Blanche Marie,
00:22:59enfin qui s'appelait Blanche Marie dans la réalité
00:23:01et qui était convaincue qu'elle avait une soeur jumelle
00:23:03qui elle s'appelait Marie Blanche
00:23:05et que Blanche Marie et Marie Blanche devaient être unies
00:23:08mais que malheureusement Marie Blanche
00:23:09était enfermée dans une chambre
00:23:11où il n'y avait que des murs et pas de porte
00:23:13et du coup elle ne pouvait jamais la retrouver.
00:23:15En fait je trouvais dans tous ces témoignages
00:23:16que me faisaient mes patients,
00:23:18moi je trouvais qu'il y avait une force poétique
00:23:20qu'on ne rencontrait absolument plus.
00:23:22Et moi ça faisait quoi en moi ?
00:23:24Parce que je m'interrogeais à ce moment-là en me demandant
00:23:28avec cette évolution que j'ai eue,
00:23:29que j'ai réussi à en construire,
00:23:30socialement, professionnellement,
00:23:34j'avais le sentiment d'avoir perdu certaines choses,
00:23:36un petit peu comme ce qu'on risquait de perdre
00:23:38à ne plus envisager ces gens-là
00:23:40que comme des déficients d'un point de vue cognitif
00:23:42sans finalement envisager leurs trouvailles,
00:23:44aussi délirantes soient-elles,
00:23:46mais les inventer sous l'angle de la politique,
00:23:48enfin les investiguer sous l'angle de la politique du délire.
00:23:51Et je trouvais, moi j'ai,
00:23:53aucun essai n'aurait pu,
00:23:56je pense, en tout cas moi je n'aurais pas pu l'écrire,
00:23:58mais je crois qu'aucun essai n'aurait pu relater ça,
00:24:01cette espèce de parallèle que je faisais
00:24:03entre mes propres difficultés psychiques
00:24:06quand j'avais 16, 18 ou 20 ans,
00:24:09les difficultés psychiques de mes patients
00:24:11et le fait qu'on entrait dans un monde
00:24:12qui bientôt allait nous dire que ça n'existe pas.
00:24:14Ce que j'ai souvent dit en interview, par exemple,
00:24:16c'est que si quelqu'un comme Antonin Arthaud
00:24:18était interné aujourd'hui,
00:24:20on ne trouverait aucun psychiatre pour lire ses écrits.
00:24:23Moi je dis ça parce que je me souviens
00:24:26d'un jeune homme d'origine roumaine,
00:24:28mais qui ne parlait pas un mot de roumain,
00:24:30qui est arrivé en France à l'âge de 8 ans,
00:24:32qui avait été adopté dans des circonstances compliquées,
00:24:35comme il était très délirant,
00:24:36c'était un enfant prostitué,
00:24:38qui avait probablement été prostitué lui-même,
00:24:40qui ne s'en souvenait plus,
00:24:43sa mère adoptive a passé la main,
00:24:45mais au bout de quelques mois, en fait,
00:24:46il s'est retrouvé placé.
00:24:48Et ce type-là, vers ses 16 ans,
00:24:50il s'est remis à parler roumain.
00:24:52Mais sauf qu'il parlait roumain,
00:24:53et il ne pouvait plus se taire,
00:24:54il n'arrivait plus à se taire.
00:24:55Il était complètement envahi.
00:24:56Il nous racontait qu'il était le fils de Tchérouchescu,
00:24:58des choses comme ça.
00:24:59Et quand je me rappelle d'avoir accompagné
00:25:01chez un psychiatre, avec une éducatrice,
00:25:04et le psychiatre m'a regardé,
00:25:06il m'a dit de toute façon,
00:25:07vous vous êtes complètement fasciné
00:25:09par ce que vous appelez le délire,
00:25:11mais ce garçon, il n'est pas délirant,
00:25:13c'est un sauvé amiteux.
00:25:14Voilà.
00:25:15Aujourd'hui, je pense qu'on se pencherait
00:25:18sur les poèmes d'Arthaud
00:25:19et sur les écrits d'Arthaud
00:25:20en disant que c'est un sauvé amiteux.
00:25:23Et oui.
00:25:24Moi, je voulais mettre ça en lumière
00:25:25et je m'étais dit,
00:25:26plutôt que d'en parler sous l'angle d'un essai
00:25:28où je me ferais passer pour un expert,
00:25:30où je jouerais le rôle de l'expert
00:25:31avec un livre vraiment documenté, etc.,
00:25:33moi, j'avais plutôt envie
00:25:34d'être un patient parmi les autres patients.
00:25:36Je trouvais que cette approche un peu
00:25:39non quichotesque aussi de la littérature,
00:25:41d'abord, ça me convenait, de toute façon,
00:25:43en termes de caractère,
00:25:44de la façon dont je me suis construit,
00:25:46mais je trouvais que c'était encore
00:25:47ce qui convenait plus au propos même
00:25:49que je voulais tenir.
00:25:50C'est magnifique.
00:25:51C'est vraiment magnifique
00:25:52et c'est ce qu'on retrouve dans ton texte
00:25:54et surtout qu'il y a un travail formidable
00:25:56aussi sur la langue.
00:25:57Oui.
00:25:58Il y a tout un procédé.
00:25:59Il ne s'agit pas, vous l'avez probablement,
00:26:01d'être d'un texte autobiographique.
00:26:03Non.
00:26:04Je dirais même pas autofictionnel
00:26:05parce qu'il y a un travail sur la langue.
00:26:08Alors oui, c'est-à-dire qu'en fait,
00:26:10il n'utilise pas la langue
00:26:11pour raconter une histoire.
00:26:12Oui.
00:26:13Il essaye d'inventer une langue
00:26:14pour habiter dedans.
00:26:15C'est ça qui est délicat.
00:26:16C'est bon, c'est bon.
00:26:19Parce que le monde, c'est la langue.
00:26:21Oui.
00:26:22D'ailleurs, je donne le micro à Galien
00:26:25parce que je vous adresse la même question
00:26:27pour votre roman.
00:26:31Et donc, la question du genre aussi
00:26:33par rapport à la fiction.
00:26:34Que peut le roman policier aujourd'hui ?
00:26:39Que permet-il à l'auteur et au monde aussi ?
00:26:43C'est quoi sa fonction ?
00:26:44Alors, je vais être obligé,
00:26:45comme tout à l'heure,
00:26:46de répondre un petit peu à côté
00:26:47parce que le roman policier, pleinement,
00:26:49vous ne vous trompiez pas,
00:26:50mais j'écris des romans, en fait.
00:26:52J'utilise des romans de genre pleinement.
00:26:54La dimension de l'intrigue compte,
00:26:56mais pour aller ailleurs.
00:26:57Donc, je vais mettre exprès de côté
00:26:58la dimension policière
00:26:59sur laquelle on pourra revenir avec grand plaisir.
00:27:01Et je vais rejoindre un peu en avance,
00:27:04mais pas que,
00:27:05des propos qui ont été tenus par Guy Vianday.
00:27:07Et je vais prolonger très indirectement également
00:27:09ce qui a été dit
00:27:10en essayant d'aller vite.
00:27:12Des choses qui me semblent essentielles.
00:27:13La première, c'est que ce que peut le personnage...
00:27:15Je vais parler de moi, essentiellement,
00:27:17de ce que j'écris, plus exactement.
00:27:18Pas de moi, de ce que j'écris.
00:27:19Je reviens, en fait,
00:27:20que ce qui m'intéresse le plus,
00:27:21c'est d'interroger l'espace, le temps.
00:27:24Puisqu'on est, avant tout,
00:27:25des êtres d'espace-temps.
00:27:27Et bien sûr, ensuite, de sentiments.
00:27:29Mais d'espace-temps.
00:27:30Et donc, je reviens aux ambiances,
00:27:31aux atmosphères très fortes, très vagues,
00:27:33qui me frappent,
00:27:35qui viennent, là,
00:27:36contenir tellement grand,
00:27:38tellement fort, tellement beau,
00:27:39tellement abominable,
00:27:40qu'il faut que je leur donne sens.
00:27:42Et là, le personnage naît pour donner sens,
00:27:44pour faire vivre,
00:27:45pour incarner,
00:27:46et pour transformer, encore une fois,
00:27:48j'y reviens,
00:27:49ce corps atmosphérique,
00:27:50qui échappe en corps esthétique,
00:27:52fait de sentiments,
00:27:54et fait de sensations.
00:27:56Et c'est là, le travail du roman.
00:27:57Et c'est là, ce que peut le personnage romanesque.
00:28:00Premier point.
00:28:02Deuxième point,
00:28:03je reviens à la thématique du désir.
00:28:05On désire tous.
00:28:06Et pas qu'un peu,
00:28:07mais chacun gère son désir,
00:28:09comme il le peut,
00:28:10comme il l'entend.
00:28:11En fiction,
00:28:12il n'y a pas de limite,
00:28:13il n'y a pas de limite, encore une fois.
00:28:15Et donc, mes personnages m'échappent toujours.
00:28:18Mais quand je dis ça,
00:28:19ce n'est pas du tout une figure de l'esprit,
00:28:20ou une exagération.
00:28:21Des fois, je ne sais même pas qui ça va être.
00:28:24Ils apparaissent dans un lieu,
00:28:25et je vais les faire parler.
00:28:27Et là, je vais voir,
00:28:28il faut que je décrive,
00:28:29je ne sais pas à l'avance ce qui va se passer.
00:28:31Et c'est ça qui me plaît.
00:28:32Et effectivement,
00:28:33le personnage se met à vivre,
00:28:35à inspirer,
00:28:36à incarner,
00:28:37cette ambiance de mystère,
00:28:39qui était là,
00:28:40fictionnelle,
00:28:41pour la faire aller,
00:28:42petit à petit,
00:28:43vers la réalité,
00:28:44voire vers des poches de réel.
00:28:47Et une dernière chose peut-être,
00:28:49ou deux dernières choses très rapides,
00:28:51et là, je rejoins un petit peu
00:28:52ce qu'a commencé à dire Guillian,
00:28:53et il va peut-être le prolonger,
00:28:55à titre...
00:28:56Je termine sur le désir, en fait.
00:28:58J'écris des romans,
00:28:59et mes personnages,
00:29:00c'est ça qu'ils peuvent,
00:29:01tant dans l'esthétique narrative,
00:29:03la construction,
00:29:04par exemple, policière,
00:29:05du roman,
00:29:06son rythme,
00:29:07rapide, lent,
00:29:08à ellipse,
00:29:10dans la construction du récit,
00:29:12qui doit être invisible pour le lecteur,
00:29:14pour qu'il y prenne du plaisir,
00:29:16dans sa musique,
00:29:17dans sa composition,
00:29:18et dans le style,
00:29:19sans prendre ce mot de façon grande,
00:29:21la construction des phrases
00:29:22et des sons qu'elles recèlent.
00:29:23Je veux faire entendre
00:29:24une musique du désir.
00:29:26Chacun de mes personnages
00:29:27est là pour faire entendre,
00:29:28pour accoucher,
00:29:30d'une nouvelle musique du désir,
00:29:33qui se retranscrit sur un plan narratif
00:29:35et sur un plan stylistique,
00:29:37d'où un soin très particulier
00:29:39apporté à la syntaxe.
00:29:40Et chacun a son désir,
00:29:41et donc je ne peux pas écrire
00:29:42comme on parle dans la vie de tous les jours,
00:29:44puisque, justement,
00:29:46on met ses désirs de côté
00:29:47pour être dans une forme d'objectivité.
00:29:49Et dernière chose,
00:29:50pour l'instant,
00:29:51tout le cas rapide,
00:29:52j'espère encore une fois,
00:29:53ce que peut le personnage du roman,
00:29:55et là je réponds en retard
00:29:56à la première question
00:29:57par rapport à l'auteur,
00:29:58j'ai donc écrit Le Rouge et l'Or
00:30:00sans du tout penser à moi.
00:30:02Aucunement.
00:30:03Aucunement.
00:30:04Et finalement,
00:30:05on est toujours rattrapé.
00:30:06Ce que peut le personnage,
00:30:07c'est effectivement,
00:30:08la fiction est toujours reliée à la réalité.
00:30:10Et on est, je pense,
00:30:11tous d'accord pour le dire,
00:30:12là que si on aime autant la fiction,
00:30:14c'est que c'est la meilleure façon
00:30:15d'interroger,
00:30:16de revenir à la réalité.
00:30:18La fiction n'est qu'un détour
00:30:19pour retourner à ce qui compte le plus,
00:30:20la réalité,
00:30:21et tant qu'à faire,
00:30:22si on peut derrière,
00:30:23faire des découvertes,
00:30:24le réel.
00:30:25Et donc j'ai écrit Le Rouge et l'Or
00:30:26en ignorant tous mes personnages,
00:30:27en écrivant de façon intense
00:30:28des désirs et des musiques du désir,
00:30:30et au bout du conte,
00:30:31je me suis rendu compte
00:30:32que j'avais réglé des comptes
00:30:33avec mon père,
00:30:34avec mon frère,
00:30:35et j'ai diffracté,
00:30:36dans les deux frères,
00:30:37celui que j'aurais pu être,
00:30:38celui que j'ai été un peu,
00:30:39mais pas totalement,
00:30:40et voilà ce que peut
00:30:41le personnage nous rappeler,
00:30:42et c'est là que je rejoins
00:30:43ce qui a été dit,
00:30:44nous apprendre énormément
00:30:45sur nous-mêmes,
00:30:46et au-delà de nous-mêmes,
00:30:47puisqu'on ne compte pas vraiment
00:30:48sur l'être humain.
00:30:49Voilà.
00:30:50Un magnifique merci
00:30:51pour cette réponse,
00:30:52et peut-être tout à l'heure,
00:30:53on va revenir sur votre roman
00:30:54pour nous lire un passage,
00:30:55si vous voulez bien préparer
00:30:56un passage,
00:30:57parce que ce qui est intéressant
00:30:58de votre roman aussi,
00:30:59c'est que c'est vrai
00:31:00que ça part de l'espace,
00:31:02ça part d'une certaine projection
00:31:03un peu ficturale
00:31:04des ambiances,
00:31:05et c'est un roman
00:31:06qu'on lit,
00:31:07mais aussi qu'on éprouve,
00:31:08dans lequel on se retrouve,
00:31:09et parfois on est pris
00:31:10dans certains scènes
00:31:11où on commence même
00:31:12à éprouver
00:31:13certaines sensations
00:31:14qui sont décrites
00:31:15pour les personnages,
00:31:16donc si vous voulez bien
00:31:17préparer un passage,
00:31:18je vous donnerai
00:31:19l'information.
00:31:20Avec plaisir.
00:31:21Et là,
00:31:22je reviens à Guillian
00:31:23avec la même question toujours,
00:31:24donc sur ce pouvoir
00:31:25de la fiction,
00:31:26de la fiction,
00:31:27de la fiction,
00:31:28de la fiction,
00:31:29de la fiction,
00:31:30de l'histoire
00:31:31de la fiction,
00:31:32du personnage
00:31:33et sa relation
00:31:34avec le genre littéraire,
00:31:35d'autant plus que
00:31:36que pour votre texte,
00:31:37c'est un roman,
00:31:38c'est vraiment
00:31:39le roman
00:31:40d'un personnage,
00:31:41c'est le roman
00:31:42d'un personnage
00:31:44qui est construit
00:31:46autour d'un personnage,
00:31:48alors il y a
00:31:50d'autres personnages,
00:31:51mais
00:31:52c'est à chaque fois
00:31:54le texte lui-même,
00:31:56déjà,
00:31:57un texte assez nerveux
00:31:58durant et aussi les personnages sont tous des sortes d'apparitions et donc par rapport à ce
00:32:06personnage et à cette manière d'écrire quel pouvoir prend votre texte sur l'auteur et aussi
00:32:17sur le monde qu'il décrit ou dans lequel il s'inscrit sachant que par la suite nous allons
00:32:24passer à un autre niveau, un autre niveau d'analyse par rapport à cette thématique qui
00:32:28sera liée au discours politique donc on n'y va pas pour l'instant on va rester vraiment dans
00:32:33les limites, dans le cadre on va dire littéraire du genre en tant qu'écriture. Bien le pouvoir sur
00:32:42le monde que peut prendre le personnage de mon roman c'est une question qui est tout à fait
00:32:51importante puisqu'en fait mon roman a été qualifié par certains lecteurs de roman
00:32:56intimiste ce qu'il est et ce qui est intéressant c'est cette notion d'estime c'est qu'en fait il
00:33:03va partir d'une interrogation existentielle qui pourrait être un repli sur lui-même pour
00:33:11s'ouvrir au monde donc je parlais de reconnexion tout à l'heure donc il se reconnecte au monde
00:33:15il se reconnecte au monde d'une façon totalement inattendue pour lui-même et cette reconnexion
00:33:22effectivement elle va le conduire j'ai parlé il y a quelques temps d'une station à rencontrer
00:33:30des personnages qui vont lui apprendre ou il va réapprendre en tous les cas que cette
00:33:42reconstruction qui est la sienne ne peut s'opérer ne peut opérer être opérante que dans la relation
00:33:47voilà donc la question de l'accueil de la rencontre et de la relation est déterminante dans le roman
00:33:52et ce qui m'a beaucoup touché c'est que j'ai eu récemment le retour d'une lectrice qui m'a dit
00:33:59bah c'est les interrogations de ce personnage elles sont très personnelles mais moi ça m'a interrogé
00:34:06sur moi même donc à un moment donné je pense que la question de la fiction elle est intéressante
00:34:12on parlait tout à l'heure d'essais ou d'articles le supplément d'âme de la fiction c'est qu'elle
00:34:19permet d'amener à une connexion avec le lecteur très forte puisqu'on est sur le terrain sensible
00:34:26on est sur la question bon on parlait tout à l'heure d'Antoine Artaud des failles on explore
00:34:34et donc on entre en intimité radicale avec des questions comme celle là et ça interroge
00:34:43nécessairement et l'auteur et le lecteur de ce point de vue puisqu'en fait ça permet de se détour
00:34:53par la de la fiction est à la fois une exploration et une plongée et on le voit bien c'est à dire
00:35:00que quand on entre dans un roman et quand un personnage nous touche et qu'il nous touche
00:35:04vraiment on ne le retrouve pas ailleurs on ne le retrouve pas ailleurs parce qu'en fait il se passe
00:35:11quelque chose qui n'est pas nécessairement facile à décrire bon la question c'est est aussi très
00:35:18présente même si c'est un autre genre en poésie mais il y a des proximités c'est à dire qu'en
00:35:24fait on n'hésite pas à être sur des questions qu'on ne serait pas abordé de la même façon dans
00:35:33d'autres champs que celui de la fiction qui permet d'explorer de façon très libre alors je le dis
00:35:40et c'est de façon très paradoxale on est à la fois très libre à la fois rattrapé par son
00:35:45personnage mais en tous les cas ça permet de sortir du cadre voilà pour le coup merci sortir
00:35:52du cadre déborder le cadre et justement moi je dois être je dois rester dans le cadre du temps
00:35:57qui nous est un peu imparti donc c'est c'est 45 minutes il nous reste une dizaine de minutes
00:36:03alors oui parce que j'aimerais quand même donner la parole au public donc je vous passerai quand
00:36:10même une quinzaine de minutes pour quelques questions et je rappelle aussi que les échanges
00:36:14peuvent être prolongés tout à l'heure parce qu'il y aura donc à un moment donc le ventre
00:36:20dédicace et d'échanges avec les auteurs donc ça se passera au fond j'ai une question très
00:36:25importante et je pense que ça sera soulevé tout à l'heure je vous demande donc si vous voulez bien
00:36:32nous lire un passage un de vos passages choisis un peu court bien sûr rapidement pour qu'on
00:36:38voit je pense que c'est pas mal
00:36:41autrefois dans les lindes la salle d'attente où j'ai attendu 17 ans que maman revienne me
00:36:56chercher il y avait un petit garçon enfin il est jamais né comme moi il a dû grandir depuis
00:37:01je me dis que peut-être il est revenu sur terre un peu en même temps que moi et que nous devons
00:37:06avoir le même âge après tout il habitait encore dans un coin de ma tête quand je suis apparu sur
00:37:10cette plage sur le sable enneigé peut-être qu'il a été aussi pour une autre plage ou dans un lac
00:37:15sous la montagne dans un océan tropical parmi les foyages ardu du forêt de ventilateurs je
00:37:21voudrais le retrouver comme dans ce mythe où on nous coupe en deux à la naissance et où on est
00:37:24condamné à errer à travers le monde pour retrouver sa moitié manquant c'est papa qui me l'a raconté
00:37:29mais je ne sais pas comment il s'appelle ni où il se trouve je ne suis pas certaine non plus de
00:37:34savoir quoi il ressemble je me souviens seulement d'un bébé calme qui riguait parmi les ombres
00:37:38quand la lumière blanche s'atténuait un peu lorsque son visage pouvait apparaître si la lumière
00:37:42baissait que les dimensions du monde reprenait des formes une texture des perspectives envisageables
00:37:47on voyait bien qu'il avait les cheveux dorés un peu trop cuit sur les points même qui revitaient
00:37:52parfois il vivait en jeu sur les yeux et on tourne la page et on remue le son quand il est trop long
00:38:03et je ne pouvais plus nager dans le verre de ses prunelles ni voir à quoi je ressemblais dans
00:38:06leur reflet on est au début du chapitre 19 après que l'or quittait la place del campo à sienne
00:38:19pour julien tout sombra le ciel en rideaux infinis il est resté assis quelques temps la voyant
00:38:26toujours s'éloigner dans une ligne d'air éludant la réalité comme si sa vie refluait puis se leva
00:38:32retrouvant alors comme dans un mauvais rêve ce couloir sombre d'adolescence revenant au pire
00:38:38des illusions et qui le menace cette fois ci à l'un des escaliers partant de la place plongé
00:38:44dans l'ombre julien remontant ensuite des rues et des ruelles sinueuses hautes et combles en
00:38:50direction de sa voiture avisant le duomo formation blanche et noire dont il fixa l'oculus bleu
00:38:56pétrole sous le tympan recouvert dehors incapable de reprendre la route il est pris plus loin une
00:39:03chambre d'hôtel où il passerait la nuit engourdissant d'abord sans distinction les
00:39:07sensations qui lui restait dans une suite de verre descendu devant un écran géant puis montant
00:39:12prendre une douche brûlante dans la vapeur de laquelle il tomba sur son lit fenêtre ouverte
00:39:17sur les bruits du dehors glissement inintelligible vers le chaos il s'endormit je tourne la page
00:39:27quasiment toute la nuit julien se verrait couler assistant attaché à sa chute comme un phénomène
00:39:33troublant dont il se demanderait s'il ne le jouait pas et en ce cas dans quelle mesure le suivant tel
00:39:40qu'un moyen d'être encore en contact avec l'or ou s'il lui échappait totalement reste que quand
00:39:45il ferait se le demander il serait trop tard bien trop tard un influx nerveux irradié son corps
00:39:53accélérer son pouls et sa respiration plus tard à l'horreur son corps lui manquerait il
00:39:59saignerait du nez pour le reste il errait dans une zone d'écœurement que noyer le soleil des jours
00:40:05suivants et encore et toujours la voyait se lever face à lui la conscience en fusion frôler la
00:40:11table où gisait son café inentamé puis partir sans retour lors un temps distinct dans la foule
00:40:17flambée définitivement en aller merci merci pour cette lecture et je vois guillem qui prépare
00:40:26un extrait mais je vais me surprendre je me permette j'ai l'usine de mon pouvoir d'animateur
00:40:32souverain et je vous demanderai si c'est possible bien sûr de nous lire le passage émocurable
00:40:40c'est un passage que j'adore personnellement avec plaisir avec grand plaisir
00:40:46j'écoute l'obscurité telle une âme inquiète je suis dressé là figé au bord tout au bord
00:41:08d'une haute falaise une force en moi semble-t-il m'y maintient pour un temps encore c'est ici que
00:41:17je dois basculer mais quelque chose ne veut pas de voir et rivalise avec la dureté de la roche
00:41:23une roche noire cette même force ne veut rien que m'accrocher tel ou ne pas tel au dessus d'un
00:41:30étourdissant abîme de douleur sourde au fond tout au fond se trouve un cruel amas de tombeaux
00:41:39dont les couvercles ont été retirés la distance est grande et la luminosité est faible mais rien
00:41:47de cela ne m'accommode je scrute un à un l'intérieur de chaque tombeau il reconnaît mes traits les
00:41:57figures très distinctement les teints sont de nacre les yeux sont fermés mais je sais qu'ils
00:42:05me regardent tous ces morts sont des mois qui font les morts et c'est donc moi qui me regarde d'un
00:42:13regard triste implorant peut-être tout ou presque de nos jeux auraient donc été décimés merci et
00:42:23je vous laisse aussi lire alors le passage que j'ai choisi c'est l'une des rencontres que j'évoquais
00:42:40tout à l'heure au sein de ce court roman nos fronts pleins d'assurances feintes barrent les
00:42:47secrètes portes nous devisons annonce n'est pas celui ci pardon très fort trois lectures
00:42:54où est-il ce passage et bien c'était guillemet on vous remercie écoutez si je le retrouve c'est
00:43:15parfait si je ne le retrouve pas alors c'était une rencontre assez particulière j'ai essayé de
00:43:22vous la lire rapidement habituellement j'ai mon j'ai mon petit livre qui avec toutes les petits
00:43:33parc pages les petits repères mais là pour le coup je n'ai pas ça avec moi le voici alors il n'est
00:43:40pas très long je ne vais pas profiter honteusement de ce privilège elmina la première te trouva puis
00:43:48t'adopta elle te baptisa mon bel oiseau simplement adopté après que tu fures recueilli sur le
00:43:55trottoir à l'endroit presque identique où tu viens d'atterrir quelques minutes plus tôt tu étais
00:43:59blessé tu ne pouvais quasiment plus voler sur ton ombre s'était déployé le profond éclat de ses
00:44:05yeux elmina ne calculait pas ses effets qui avait immédiatement que dit ton oeil tes racines toutes
00:44:13l'écume et le vent emmagasiner elle avait englouti mon bavardage aussi bien avant qu'il eût à
00:44:19s'écouter parler elle avait éloigné les pulsions chaotiques elmina va au coeur des choses avec je
00:44:27ne sais quelle la secrète application elle prend possession de place immense sous les écorces depuis
00:44:33une grâce inexplicable voilà j'ai fait court merci alors je vais passer la parole au public
00:44:48je rappelle que tout à l'heure nous aurons des moments d'échanges aussi pour prolonger
00:45:02est-ce que je peux juste tirer un tout petit peu le micro logiquement il ya du câble mais
00:45:15il faut juste l'enlever là bas voilà ça a l'air bien
00:45:19alors je suis pas être en lumière de pouvoir entendre des auteurs quand on a vu libre qui est
00:45:30libre parce que voilà on sent comment chaque auteur répond et comment soit on aperçu libre c'est
00:45:37vraiment très intéressant donc gagnant je suis hyper contente d'avoir entendu ce que vous avez
00:45:44dit parce que moi j'ai été hâté par la par l'entrée de ce livre qui était l'entrée dans la
00:45:50maison et il ya effectivement toute une atmosphère j'ai dit ça va être un livre d'atmosphère c'est
00:45:56ça et toute la beauté de l'entrée après j'étais complètement désorientée par la syntaxe je
00:46:00relisais 2.3 fois j'ai dit c'est dans quel sens à faire et tout puis cette virgule avec un chauffeur
00:46:05la chute derrière non je me suis rendu compte qu'il y avait une volonté de ce rythme et puis tout d'un
00:46:11coup il y a eu un au vol avec julien et laure notamment où là ça s'est raccourci l'action
00:46:18s'est accélérée ce personnage de blum il m'a évoqué un petit peu adamsberg dans le flou comme
00:46:26ça et du coup quand vous avez parlé de l'atmosphère qui engendrait en fait l'esthétique et ensuite le
00:46:35personnage maintenant ça m'éclaire complètement c'est ce que je ressentais en fait au fur et à
00:46:39mesure de la lecture du livre mais c'est vraiment ça super alors je l'ai trouvé on n'a pas parlé du
00:46:46côté politique qui est quand même très marqué dans ce livre c'est pas seulement un livre intime
00:46:51c'est quand même une ébonie incroyable sur ce jargon de la start-up pour avoir adoré et ce
00:47:00rêve donc de ces personnages voilà qui sont les facettes de soi puis qui rappelle à la mort donc
00:47:06qui rappelle à la vie donc si tu veux faire ta vie quelque chose c'est maintenant c'est pas
00:47:11quand tu seras en état d'escalade donc moi j'ai beaucoup aimé justement avec le monde de l'animal
00:47:18c'est pas seulement le monde de l'humain et alors j'ai signé un passage parce que dans
00:47:26les personnages il ya plusieurs degrés puisqu'il ya des personnages dont le personnage qui est lui
00:47:32même dans le personnage c'est vraiment gigogne et du coup comme ce personnage se perd en fait il
00:47:41est habité par des monstres des tas de personnages normalement c'est un écrit qui parle beaucoup sur
00:47:47des plans personnels c'est un moment où je vais vous écrire des lettres, je vais le faire, ça va arriver, et du coup moi j'ai marqué, j'ai lu quelque chose
00:47:58qui m'a coché tout à l'heure en train en relisant, quand on rouvrait les yeux quelques siècles plus tard parmi les ruines de rêves filées qui nous écorchaient les pieds, on savait désormais que l'on n'aurait plus jamais rien de commun avec un autre humain parce qu'on venait de comprendre brutalement qu'on ne pouvait vraiment plus continuer d'attendre d'être adulte pour s'en aller enfin se cacher
00:48:28dans un monde vide où on serait invisible aux autres sans intermittence parce qu'on venait de comprendre brutalement que nos espoirs secrets de relations sociales ou amoureuses devaient être abolis non plus seulement parce qu'il faisait proliférer notre trou noir mais parce qu'il nous exposait aux dangers du monde des autres parce qu'on comprenait enfin qu'il était temps de devenir pour Debord un personnage pour toujours rien qu'un personnage
00:48:58que les ténèbres du dehors ne pourraient plus effleurer donc là pour moi ça a été très important ce passage de comprendre pourquoi en fait il y avait ces créations de personnages à l'intérieur des personnages voilà et donc la fin était glissante quand même malgré les ténèbres donc voilà
00:49:19Oui c'est-à-dire qu'en fait ce personnage a oublié absolument toute son enfance traumatique simplement divers événements qui lui sont arrivés gamins construisent finalement les monstres par lesquels il se croit envahi tous ces monstres là ont une certaine fonction et renvoient à certains souvenirs d'ailleurs quand on a lu monstreuse féérie on arrive à deviner
00:49:47On devine très facilement parce que ça fait partie de ses souvenirs qu'il a en monstreuse féérie on ne sait pas si c'est des souvenirs des cauchemars des hallucinations mais ça fait partie de ces choses qui reviennent et qui l'assaillent et où là encore il ne sait pas s'ils ont un statut de souvenirs ou si c'est lui qui est en train de délirer complètement et c'est vrai que dans Clapotis il a, disons que c'est à des compensations psychotiques et bien avancées qu'il a traversé et retraversé le miroir quelques fois depuis monstreuse féérie et il ne comprend même pas ce qu'il a vécu
00:50:17Il ne comprend même pas que ça a un lien avec sa propre enfance
00:50:19Merci
00:50:21Est-ce qu'il y a d'autres questions peut-être ?
00:50:23Non
00:50:25Moi je n'ai pas de questions, j'ai plutôt une sorte de réflexion, je ne sais pas si c'est une réflexion d'ailleurs, quand j'ai lu, pardon, ce n'est pas grave, vous ne m'entendez pas, vous ne m'entendez pas si je n'ai pas de micro ?
00:50:41Avec le micro c'est mieux
00:50:43C'est beaucoup mieux
00:50:45D'abord bonsoir à tous et merci de cette invitation quand même, c'est la première des choses, quand j'ai lu la question de ce soir, la première des choses que je me suis dites c'est quand il y a un acteur ou un comédien, le metteur en scène va lui dire mets-toi dans la peau du personnage
00:51:07Et là moi je me suis dit mais quand je lis, je me mets toute seule dans la peau du personnage et pourtant je suis moi avec moi, moi avec le livre et son public, et ça ça me questionne encore, je n'ai pas la réponse, je ne sais pas si vous l'avez, moi j'en ai une peut-être mais peut-être j'en aurai d'autres demain et après-demain, ça c'est pas grave
00:51:29Et l'autre aspect et ça sera le dernier, c'est effectivement ce que disait Nerval justement sur les auteurs, il disait que, alors je ne vais pas bien le dire moi, mais ce n'est pas grave, il disait que normalement l'auteur il construisait son personnage, il construisait des personnages imaginaires
00:51:53Et qu'après, assez souvent, il devenait ce héros ou ce anti-héros, et ça ça me passionne un peu parce que je me demande ce qu'on fait nous en tant que lecteur, parce que je crois que Nerval n'a jamais parlé de lecteur par contre, et moi je me dis en tant que lecteur on fait quoi ? Est-ce qu'effectivement on a cette même distance entre ce que l'on s'imagine et ce à quoi on donne corps ?
00:52:20Alors pas des éléments de réponse mais une suite de réflexion partagée ouverte, lecteur, auteur finalement d'un certain point de vue sont sur le même plan en fait, sur le plan de la réalité d'ailleurs, on revient que peut le personnage sur la fiction, il peut via le lecteur et via l'auteur qui sont dans la réalité modifier indirectement la réalité, notre rapport à la réalité
00:52:44Donc en fait le lecteur refait, revit d'une façon totalement libre et subjective ce qu'a vécu l'auteur pendant la création de son livre
00:52:54Et très rapidement donc en fait, quand on est romancier, puisque là c'est bien ce qui nous... auteur de fiction relativement longue, on a un travail d'acteur multiple, on joue le rôle du narrateur, qu'on le veuille ou non, des fois on l'ignore, on colle, mais en fait c'est un jeu, et on joue le rôle des différents personnages dans lesquels on rentre
00:53:17Alors Gérard Denerval avec son talent et sa problématique personnelle n'en ressortait pas, c'est pas notre cas a priori, mais c'est vrai qu'on rentre vraiment, on habite des existences, des êtres, des rapports au temps, à l'espace, des sentiments, d'abord celui du narrateur, ceux du narrateur et ensuite ceux des personnages
00:53:36Oui, peut-être pour donner un élément de réponse qui n'est que le mien à la question que se pose Corinne, il n'y a pas d'intermédiation entre l'auteur et le lecteur, il n'y a pas de metteur en scène qui vient dire ce qu'il faut lire, ce qu'il faut comprendre, où il faut se placer, donc le lecteur il se place tout seul et ça c'est un des privilèges de la littérature,
00:54:05qui est quand même énorme, voilà, donc l'imaginaire peut se déployer sans intermédiation, c'est assez fort.
00:54:15Et donc la liberté ?
00:54:20Derrière vous pardon, on ne force personne à poser de questions, ça n'est pas obligatoire, pas Jacques Martin.
00:54:31Quand je parlais de personnages, je ne pensais qu'à Pierre Rambello, et justement la fiction c'est vraiment la catégorie littéraire que je préfère, parce que justement je ne suis que traductrice, mais je trouve que la fiction sonne à un caractère universel,
00:54:55et par exemple là, je suis en train de finir de traduire un roman, et donc cette problématique, ce qui arrive à cette jeune fille mineure, c'est toujours arrivé, ça continue d'arriver, pendant la traduction il y a eu un gros événement en France qui a touché il y a quelques mois,
00:55:16et donc vraiment je trouve que c'est hyper important, la fiction travaille beaucoup plus les gens, par exemple à travers cette mineure, je me dis que c'est quelque chose qui aurait pu m'arriver en France, parce que moi aussi j'ai une famille très très modeste, moi aussi j'ai été amenée à travailler jeune, etc.
00:55:38Heureusement je ne suis pas tombée sur un personnage comme ça, et donc je trouve que la fiction c'est à mon avis le meilleur moyen pour rendre quelque chose d'universel, et entre tout temps, c'est des choses que j'utilise depuis tout le temps, tout le temps, on a beau faire des politiques etc, ça améliore bien heureusement, mais on aura toujours des pervers, donc je remercie toujours les auteurs de fiction.
00:56:06Universel et au-delà de nous, de notre petite personne, je crois qu'on aura du mal à vous donner tort.
00:56:11Par contre vous avez dit que je ne suis que traductrice, le traducteur c'est un auteur.
00:56:16C'est la vérité, c'est la vérité.
00:56:20Je suis passée sur Radio Alive il n'y a pas très longtemps, et justement la personne avec qui j'étais disait qu'elle sortait son premier livre, alors qu'en fait c'était son premier livre en tant qu'auteur, mais elle en avait traduit un certain nombre avant.
00:56:32Et on a vu cette discussion, et on a dit non, mais le traducteur c'est l'auteur.
00:56:36C'est bien ce que vous venez de dire, mais le roman ne vient pas sur le nom, puisqu'on l'écrit.
00:56:41Oui absolument, il faut l'incorporer pour pouvoir.
00:56:47Oui, puis rapidement, ce que vous disiez sur le pouvoir de la fiction, ça nous ramène au sujet de la soirée, c'est que je pense qu'effectivement il est d'une puissance extraordinaire.
00:56:55On pourrait citer mille et un exemples.
00:56:58Moi, par exemple, ce qui me vient à l'esprit, c'est en 44, il y a Jean Hanouille qui écrit Antigone, et qui réécrit le personnage d'Antigone, et qui devient une héroïne de la résistance,
00:57:12qui traverse tous les imaginaires, et qui s'invite dans le réel d'une façon extraordinairement puissante.
00:57:19Donc effectivement, le pouvoir de la fiction, il est énorme.
00:57:22On a également, je ne sais pas, sur les littératures étrangères, Orwell, 1984.
00:57:29Enfin, on pourrait multiplier les exemples, la fiction et le personnage de fiction a un pouvoir extraordinaire,
00:57:36puisque le détour fictionnel nous permet d'aborder des choses qu'on n'aborde pas, et qu'on n'abordera jamais de cette façon-là,
00:57:43c'est-à-dire une façon exploratoire, où on ne cherche pas à répondre à tout, et on répond peut-être parfois même pas à peu de choses.
00:57:52Mais on ouvre des champs d'interrogation qui sont énormes, et qui font écho.
00:58:00Et oui, on peut parler d'universalité pour le coup, puisqu'en fait, on se rend compte qu'on n'en a pas parlé, on aurait pu en parler,
00:58:07mais l'espace de la fiction, ça joue avec le temps et l'espace, comme tu le disais très justement, mais c'est aussi un hors-temps.
00:58:15Et ça, c'est très, très important dans la façon dont la fiction nous interroge.
00:58:21C'est peut-être un dernier mot.
00:58:24Il y a une demande de parole, là.
00:58:28Merci. J'ai constaté dans vos romans, les uns comme les autres, que cet imaginaire parle du présent, mais avec une force importante.
00:58:38C'est-à-dire que votre personnage se met en marge pour parler de ce qui lui manque.
00:58:44Et ce qui lui manque, c'est le quotidien, de rencontrer d'autres personnages qui ne sont pas dans son quotidien,
00:58:51et d'ouvrir son esprit, d'ouvrir la relation.
00:58:56Pareil pour Gallien, tous vos romans, c'est ça.
00:59:01C'est quelque chose qui pèse.
00:59:03Le premier, c'était l'eau, le sujet de l'eau.
00:59:06Le second, Trafic, c'est tout les possibles dans l'amour, enfin dans la relation.
00:59:13Et vous, c'est la même chose.
00:59:15Dans votre imaginaire, vous mettez tout ce que vous avez ressenti dans votre profession ou dans vous-même.
00:59:24Donc, ça ouvre pour le lecteur ses possibilités.
00:59:30Cet imaginaire est beaucoup au-dessus du quotidien.
00:59:35Oui, effectivement, je mets beaucoup de choses de moi-même.
00:59:38En fait, je joue de ma vie émotionnelle dans les livres.
00:59:44Tout à l'heure, Gallien disait que lui, il avait pu écrire son dernier livre sans penser du tout à lui.
00:59:49Alors, je pense que j'aurais fait un grand pas le jour où je serais capable de ne pas penser à moi quand j'écris.
00:59:54Oui, c'est ce que l'intérêt de votre livre aussi.
00:59:57Donc, merci vraiment.
00:59:59Et je trouve que Fabre, en fait, va dans cette direction.
01:00:05C'est une composante de la ligne, en effet.
01:00:07Et qui rassure en même temps.
01:00:08Parce que vous parlez de ce qui se passe actuellement à travers une fiction.
01:00:12Ce n'est pas apaisant, mais ça prouve qu'on a la bonne réflexion.
01:00:17Merci.
01:00:19Et puis peut-être, on va peut-être arrêter les échanges dans cet espace pour un peu les déterritorialiser de l'autre côté
01:00:32sur cette idée du pouvoir de la littérature, du dépassement même du réel.
01:00:38Et quand on regarde, par exemple, l'histoire littéraire et comment les choses importantes de notre vie ont été façonnées par la littérature.
01:00:47Quand on regarde, par exemple, la psychanalyse qui se fonde quand même sur une interprétation des textes littéraires.
01:00:53Quand on pense, par exemple, même aux mots de la langue.
01:00:57Quand on pense, par exemple, au bombarisme.
01:01:00Par exemple, ça part d'un personnage de roman.
01:01:04Aux adjectifs, je ne reviendrai pas sur Kafka ou sur Dostoïevski.
01:01:09Donc, oui, la littérature a un pouvoir.
01:01:12Le temps ne nous permet pas, en tout cas dans cet espace, d'aborder, par exemple, la question politique.
01:01:19La question du rapport de la littérature avec l'actualité.
01:01:23Et donc, je vous invite, si vous voulez bien, tout en remerciant les auteurs et en vous remerciant, de nous déplacer de l'autre côté là où nous arrivons.

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