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  • 16/05/2025
DB - 16-05-2025

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00:00:00Pour aller au gours de Blanche-lande, c'est bien par là, tout droit.
00:00:27Oui et non, c'est tout droit, mais il faudrait que vous traversiez la lande.
00:00:34Vous allez vous perdre.
00:00:36Et puis, venez boulanger le bois.
00:00:41D'ici une petite lieue, vous trouverez la route de Blanche-lande sur votre gauche.
00:00:46Merci.
00:00:47C'est la lande par là.
00:00:50C'est la lande par là.
00:00:57La lande, la fameuse lande de l'essai.
00:01:17Elle avait profondément marqué mon imagination enfantine.
00:01:21Cette immense étendue, stérile et désolée, domaine des brigands, des fantômes et des sorcières.
00:01:29Cette terre de légendes et de superstitions avait-elle conservé sa poésie primitive et sauvage ?
00:01:37Ou bien la main et la herse des hommes, en la déchirant, la lui avait-elle arrachée ?
00:01:44C'est parfait, madame.
00:02:09Merci.
00:02:11Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:12Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:13Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:14Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:15Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:16Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:17Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:18Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:19Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:20Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:21Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:22Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:23Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:24Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:25Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:26Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:27Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:28Qu'est-ce qu'il y a ?
00:02:47Qu'est-ce qu'il se passe ?
00:02:52Il y a le feu ?
00:02:57Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu le sais ?
00:02:59Bien sûr que je le sais. Comme tout le monde. Vous les avez vus filer.
00:03:07Alors dis-moi ce que tu sais.
00:03:18Allez, dis-le.
00:03:21Ben quoi ? C'est une messe.
00:03:23Une messe ? À cette heure ?
00:03:25Ben oui, quoi. C'est la messe de la baie de la Croix-du-Grand.
00:03:28Je vais te taire, Baptiste ! Allons !
00:03:34Il ne faut pas vous méfier de moi. Je ne suis pas un étranger, je suis cotentiné comme vous.
00:03:38Natif de Saint-Sauveur-de-Vicomte.
00:03:42Alors c'est donc une messe que l'on sonne.
00:03:45Eh ben oui, monsieur, c'est bien une messe.
00:03:48C'est une messe de mort.
00:03:50Une terrible messe.
00:03:52Vous y avez assisté ?
00:03:54Dieu m'en préserve.
00:03:56Ceux qui ont eu la pensée d'aller jeter un oeil vers l'église quand sonnait cette mauvaise cloche
00:04:00n'ont jamais eu la tentation d'y retourner une seconde fois.
00:04:04Quand elle vient à sonner cette cloche, il tombe un malheur.
00:04:07La dernière nuit qu'elle a sonné,
00:04:11nous avons perdu notre dernier.
00:04:14Un garçon de quatre ans, vif et vigoureux.
00:04:18La mort l'a serré à la gorge.
00:04:21On l'a retrouvé tout bleu dans son berceau.
00:04:37Merci.
00:06:08Ce domaine, il y a vingt ans, était l'un des plus florissants du pays.
00:06:14A la Révolution, devenu bien national,
00:06:16il fut acheté par un paysan,
00:06:18Thomas le Hardoué,
00:06:20qui, dans le même temps, épousa une jeune fille de la noblesse,
00:06:24Jeanne de Feuardens.
00:06:26Orpheline, ruinée, prise de vertige devant le temps,
00:06:31elle s'abandonna à ce mariage.
00:07:01La mort de Jeanne de Feuardens
00:07:31C'est mon travail.
00:07:34Si Maître le Hardoué vous voit encore à table, il va gronder.
00:07:41Jacques.
00:07:44Tenez.
00:07:47Ça va, Odile ?
00:07:50Faites ce bien nécessaire.
00:07:52On a signalé quelques brigands dans le bois d'Aiguille.
00:07:55Il y en a qui disent que ce sont des chouans.
00:07:57Des chouans.
00:08:01Il reste peut-être encore des chouans.
00:08:04Chouans ou pas, je ne veux pas voyager sans armes.
00:08:09Ne serait-ce que pour les bergers.
00:08:11Si j'en vois encore, je vais leur faire peur pour de bon.
00:08:31Cris d'oiseaux
00:09:01Ma mère.
00:09:04Donnez-moi du courage.
00:09:07De la patience et du courage.
00:09:10Du vrai courage.
00:09:32C'est bon.
00:09:38Alors ?
00:09:39Vous n'avez encore pas compris ?
00:09:41Vous êtes toujours là, sale vermine.
00:09:43La prochaine balle, elle sera pour votre peau.
00:09:46Si les gens ont peur de vos sorcelleries, grand bien leur fasse.
00:09:49Mais moi, je me fous de Dieu et du diable.
00:09:51Et je ne vous prends que pour ce que vous êtes.
00:09:53Des voleurs de bestiaux et des empoisonneurs.
00:09:56J'ai dit que j'en purgerais le pays.
00:09:58Et ce que je dis, je le fais.
00:10:01Cris d'oiseaux
00:10:32Cris d'oiseaux
00:10:53Mes frères, mes très chers frères.
00:10:57Je ne prononcerai pas de serment.
00:10:59Quel besoin de parole,
00:11:01devant la joie qui emplit vos cœurs comme le mien,
00:11:04à nous sentir enfin réunis,
00:11:06devant cet hôtel,
00:11:08pour la première fois depuis tant d'années.
00:11:11Dieu a voulu que sa maison soit enfin rendue à notre ferveur.
00:11:16À nous maintenant de la rendre digne de lui.
00:11:19Elle a été dépouillée,
00:11:21mutilée,
00:11:22insultée.
00:11:25Par quoi commencerons-nous ?
00:11:28Je crois exprimer votre pensée à tous,
00:11:32en répondant par les cloches.
00:11:36Oui,
00:11:37ces cloches que les ennemis de l'église ont cru faire taire à jamais,
00:11:41ce sont elles qui doivent revivre d'abord.
00:11:44Que chacun de vous verse son obol,
00:11:47et le clocher de Blanche-Lande, le premier,
00:11:50répandra ses chants de liesse à travers nos campagnes.
00:11:57Je vous en prie.
00:12:00Je vous en prie.
00:12:28Pierre, tu joues ?
00:12:30On se voit plus tard.
00:12:40Mon ami, j'aimerais vous demander une faveur.
00:12:43Une faveur ?
00:12:44Vous serez bien la première en 10 ans à accorder la vente.
00:12:47Voilà.
00:12:48Monsieur le curé a fait appel à nous.
00:12:50Blanche-Lande va se cotiser pour mettre des cloches neuves à notre église.
00:12:53J'aimerais pouvoir me montrer particulièrement généreuse.
00:12:56Mais c'est trop naturel, ma petite Jeanne.
00:12:59Fixez-vous-même votre don.
00:13:01M. le curé pourra venir chercher l'argent dès qu'il le voudra.
00:13:04M. le curé ici ? Mais vous rêvez.
00:13:06Pourquoi non ? J'ai rien contre lui, moi.
00:13:08Vous me suffoquez.
00:13:09Mais enfin, vous savez bien que pour M. le curé,
00:13:11vous êtes en somme une sorte de sacrilège.
00:13:14Parce que j'ai acheté du bien d'église.
00:13:16Mais d'abord, c'est le bien qu'elle nous a volé il y a des siècles,
00:13:19à nous autres croquants.
00:13:21Et puis, ne discutons pas de politique, ma petite Jeanne.
00:13:25Un curé ne doit pas avoir de rancune.
00:13:28Il faut qu'il y mette un peu du sien.
00:13:31Et puis, s'il est revenu en France, c'est grâce à Bonaparte.
00:13:35Et moi, je suis comme Bonaparte.
00:13:38Je veux la paix entre tous les Français.
00:13:55La clotte salope,
00:13:58la putain d'échatelas,
00:14:00en enfer, la sorcière !
00:14:05Tu vises mal, Pierre-Roger.
00:14:08Crève-moi plutôt les yeux, c'est tout ce qui me reste de bon.
00:14:11Allez-vous-en, galopins !
00:14:15Ma pauvre clotte. Un jour, ils te tueront.
00:14:18La tâche sera facile.
00:14:23Tu n'as toujours pas peur de l'enfer, Clotilde ?
00:14:27Non, mon pauvre curé.
00:14:30Toujours pas.
00:14:32J'aurai de la patience.
00:14:35Je t'en prie.
00:14:38Non, mon pauvre curé.
00:14:41Toujours pas.
00:14:43J'aurai de la patience.
00:14:45Dieu m'aidera.
00:14:47Il ne voudra pas que tu meurs sans être repenti.
00:14:50Il fera céder ton orgueil.
00:14:52Et j'aurai, moi, la joie de te voir prier.
00:14:55Prier ?
00:14:57Ton Dieu, s'il existe, se moquerait joliment de moi
00:15:00si je m'étais appris aujourd'hui.
00:15:02Allons, curé.
00:15:04Perds pas ton temps avec une vieille garce.
00:15:07Il y a des gens paroissiens qui t'attendent
00:15:09et qui ont vraiment besoin de tes bons offices.
00:15:26Bonjour, monsieur le curé.
00:15:28Bonjour, madame le Hardouin.
00:15:31Monsieur le curé, je me réjouis de cette rencontre,
00:15:33car je voulais vous voir sans témoin.
00:15:36Vous avez observé, bien sûr,
00:15:38que je n'avais rien donné encore pour notre clocher.
00:15:40Oh, madame !
00:15:41J'ai été assez naïve, assez sotte, plutôt,
00:15:44pour en parler à maître le Hardouin.
00:15:46Depuis, il se méfie et je sens qu'il surveille mes comptes.
00:15:49En sorte que, pour une fois, je n'ai rien pu distraire.
00:15:51Ne vous faites pas de soucis, madame.
00:15:53Vous avez déjà tant donné...
00:15:54Plutôt être sourde que d'entendre à nouveau sonner l'angélus
00:15:56sans y être au moins pour quelque peu.
00:16:00La bague de votre père.
00:16:03Non, je n'ai pas le droit à un souvenir pareil.
00:16:06Le souvenir demeure, même sans bague.
00:16:10Que veut dire ce blason aux doigts d'une fermière ?
00:16:13Et surtout, à côté de cet anneau.
00:16:18Les Bleus ont fait fondre nos anciennes cloches
00:16:20pour fabriquer leurs canons.
00:16:22Il me plaît assez que vous soyez là.
00:16:26Il me plaît assez que les armes des feux ardents
00:16:28servent à couler le bronze des nouvelles,
00:16:30qui sonneront bientôt le glas de la République.
00:16:33Oh, ma chère enfant, je crains pour vous cette exaltation.
00:16:37Elle n'est pas d'une bonne chrétienne.
00:16:39De plus, elle vous fera du mal.
00:16:41Vous avez tant de vertu,
00:16:42que n'y ajoutez-vous un peu de résignation.
00:16:46De la résignation ?
00:16:48Mais en dix ans, n'en ai-je pas assez montré ?
00:16:50Vous la montrez, mais vous ne l'avez pas au fond du cœur.
00:16:53Sinon, pourquoi iriez-vous visiter la clotte ?
00:16:56Ce n'est pas pour écouter le récit de ses turpitudes.
00:16:59Monsieur le curé, je ne feindrai pas d'ignorer le passé de la clotte.
00:17:03Simplement, je ne me sens pas le droit de la condamner,
00:17:06ni même de la juger.
00:17:08Quoi qu'elle ait fait, la maladie et la misère
00:17:10l'ont assez lourdement punie.
00:17:12Libre aux gens de la traitée de filles perdue.
00:17:16Pour moi, je ne vois qu'une chose.
00:17:19C'était une amie de ma mère.
00:17:21C'était une amie de ma mère.
00:17:23C'est la seule personne au monde qui puisse me parler d'elle.
00:17:27Et tout ce qui me parle de ma mère est sacré.
00:17:42Bonjour, mademoiselle de Feuard.
00:17:44Je vous en prie, Clotilde, cessez de me donner ce nom.
00:17:48Aujourd'hui, il me fait plus mal que jamais.
00:17:57Qui a brisé ce carreau ?
00:17:59Des garnements.
00:18:01Entraînez pas le fils Auger.
00:18:04Aussi courageux que son père.
00:18:07Un peu plus quand même.
00:18:09Aujourd'hui, il n'était que trois.
00:18:11Auger, lui, avait besoin de quatre bougres pour me tenir
00:18:15quand il m'a tournée sur la place en 93.
00:18:21J'ai tort de me plaindre, j'aurais pu être guillotinée.
00:18:25C'est étrange que vous me parliez de guillotine.
00:18:37Regardez ce que je vous avais apporté.
00:18:42Cet estampe me vient de ma mère.
00:18:44Vous savez qui était Judith ?
00:18:46Mon histoire s'entait bien loin.
00:18:49C'était une jeune juive
00:18:51qui, pour sauver son peuple,
00:18:53assiégée par un général assyrien à Olofern,
00:18:57a eu l'extraordinaire audace d'entrer dans son camp,
00:19:00de le séduire
00:19:03et de lui trancher la tête pendant son sommeil.
00:19:06Elle ne lui ressemble pas, mais elle me fait penser à votre mère.
00:19:09Quelque chose dans les yeux.
00:19:12Elle aurait pu avoir ce courage.
00:19:14Louisine à la hache.
00:19:16Oui.
00:19:18Louisine à la hache.
00:19:21C'est Rémi du Omeni qui lui offrit cette image,
00:19:24après le fameux jour où elle fendit le crâne au brigand.
00:19:27Et elle n'avait pas quinze ans.
00:19:31Moi, j'en ai le double.
00:19:34Et à quoi ai-je employé cette force qu'on dit que je tiens d'elle ?
00:19:38À tenir mon rôle de riche fermière,
00:19:41à faire valoir les biens d'un Le Hardouet,
00:19:43des biens volés à nos familles, à notre Église.
00:19:45Oh non, ne dites rien, vous savez bien que j'ai raison.
00:19:50Hier,
00:19:52Le Hardouet a donné un bal pour fêter nos dix ans de mariage.
00:19:57Dix ans de honte.
00:20:00Je n'ai plus pu supporter le regard de cette Judith.
00:20:04Elle me méprise, elle me juge.
00:20:06Calmez-vous, mon enfant.
00:20:08Pensez à votre mère, si semblable à cette Judith.
00:20:12Croyez-vous qu'elle vous méprise, elle ?
00:20:15Croyez-vous qu'elle ignore
00:20:17quelles épreuves ont contraint la fille des Feu-Hardouets à ce mariage maudit ?
00:20:21Et la clotte
00:20:23retrouva le seul moyen de consoler l'orgueil blessé de Jeanne.
00:20:27Elle fit revivre le passé disparu,
00:20:30le monde évanoui des grands seigneurs,
00:20:33avec une exaltation
00:20:35et une étonnante éloquence.
00:20:39Pour Jeanne, qui ne connaissait que son livre de contes et son missel,
00:20:43la clotte et ses récits
00:20:46étaient la poésie.
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00:25:26Jeanne !
00:25:27Jeanne !
00:25:28Je vous ai fait peur, maîtresse Loir-Doué?
00:25:50Peur à moi?
00:25:52Peur d'un berger de ces pareils?
00:25:54Non, c'est bien plutôt à vous d'avoir peur.
00:25:57Maître Loir-Doué est à bout de patience.
00:25:59S'il vous trouve, il vous encuira.
00:26:03Fais ce que tu voudras, je t'aurai prévenue.
00:26:05Attendez, maîtresse.
00:26:07Moi aussi, j'ai quelque chose à vous dire.
00:26:11Prends garde, berger.
00:26:13Jetez cette pierre.
00:26:15Je ne vous toucherai pas.
00:26:18Nous n'avons pas besoin de ça, nous autres.
00:26:21Nous savons des meilleures vengeances et des plus sûres.
00:26:23La corne du taureau met longtemps à pousser.
00:26:25Mais quand elle est venue,
00:26:27ses coups donnent la mort.
00:26:31Passez, maîtresse Loir-Doué.
00:26:35Vous vous souviendrez longtemps des vèpres de ce soir.
00:26:53Comment ce berger?
00:26:55Un de ces païens qui jamais ne venait à l'église.
00:26:57Comment avait-il pu deviner
00:26:59ce qui s'y était passé ce jour-là?
00:27:01Vous vous souviendrez longtemps
00:27:03des vèpres de ce soir.
00:27:05L'étrange prophétie revenait sans cesse.
00:27:07C'était le jour de la mort.
00:27:09C'était le jour de la mort.
00:27:11C'était le jour de la mort.
00:27:13C'était le jour de la mort.
00:27:15C'était le jour de la mort.
00:27:17C'était le jour de la mort.
00:27:19C'était le jour de la mort.
00:27:22Cette prophétie revenait sans cesse à son oreille.
00:27:24Comme revenait sans cesse à ses yeux
00:27:26l'image du moine inconnu,
00:27:28dont le visage se gravait en elle
00:27:30toujours plus profondément.
00:27:40En vain essayait-elle de chasser
00:27:42cette obsession fatidique.
00:27:44Tout autour d'elle la lui rejetait.
00:27:48De quoi aurait-on parlé autour de la table
00:27:51si ce n'est de l'événement du jour
00:27:53du noir capuchon qui avait épouvanté
00:27:55tous les paroissiers de Blanche-Lande
00:27:57et dont chacun essayait de percer l'hystère.
00:28:15C'est exactement ce qu'il me faut.
00:28:17Je m'installerai dès aujourd'hui.
00:28:19Un jour ou deux, je vous trouverai
00:28:21une demeure moins sévère.
00:28:23C'est la demeure d'un pénitent.
00:28:25La suspense est déjà une pénitence bien lourde.
00:28:27Pourquoi y ajouter la réclusion?
00:28:29Je suis accoutumé à la solitude.
00:28:31Au reste, je ne serai pas seul.
00:28:33Ces ruines me parlent.
00:28:35Je les écoute.
00:28:37Je les comprends.
00:28:39Prenez garde d'oublier le langage des hommes.
00:28:41Un jour, vous redeviendrez leur pasteur.
00:28:43Un jour.
00:28:45Plus proche que vous ne pensez.
00:28:48J'aurai bientôt la joie de vous appeler Monseigneur.
00:28:52Le pardon me suffit.
00:28:54Je ne serai jamais évêque sous Bonaparte.
00:28:59Comme c'est fâché.
00:29:01Un de vos paroissiens?
00:29:03Si l'on veut.
00:29:05Je ne l'ai jamais vu à la messe et pour cause.
00:29:07C'est le Jacobin du village.
00:29:09Un homme qui a fait fortune en achetant
00:29:11des biens d'église.
00:29:13J'ai bien besoin de ma soutane pour l'oublier.
00:29:15Épargnez-moi sa présentation.
00:29:17C'est impossible. Il nous a vus.
00:29:19Moi, je ne l'ai pas vu.
00:29:21Quel pénitent faites-vous?
00:29:23La miséricorde est votre devoir comme le mien.
00:29:25Restez.
00:29:27Bonjour, Monsieur le curé.
00:29:29Bonjour.
00:29:31Permettez-moi de vous présenter
00:29:33Maître Thomas Le Hardouet,
00:29:35Monsieur l'abbé de la Croixjugant.
00:29:37Bonjour, Monsieur l'abbé.
00:29:39Serviteur.
00:29:42Ça alors.
00:29:44Monsieur le curé, vous avez là un confrère.
00:29:46Sauf le respect que je vous dois,
00:29:48il a plus l'air d'un démon que d'un homme.
00:29:52Comment m'avez-vous dit qu'il s'appelle?
00:29:54L'abbé de la Croixjugant.
00:29:56La Croixjugant?
00:29:58Farbleu, la Croixjugant.
00:30:00Mais ça ne m'étonne plus qu'il soit si fier,
00:30:02sorti d'une famille pareille.
00:30:04Dites voir,
00:30:06si les prêtres
00:30:08se mettent à faire
00:30:11ce n'est peut-être que le dernier fils du marquis,
00:30:13celui qu'on avait fait moine ici même,
00:30:15dans cette abbaye de Blanchelande,
00:30:17où soit dit entre nous on menait joyeuse vie et...
00:30:19Vous ne vous trompez pas, Maître Le Hardouet,
00:30:21c'est bien lui.
00:30:23Et ses frères avaient émigré dans les premiers, naturellement.
00:30:25Et lui,
00:30:27c'est-il à Jersey ou à Guernsey que vous l'avez connu?
00:30:29Ni à Guernsey ni ailleurs,
00:30:31l'abbé de la Croixjugant n'a pas émigré.
00:30:33Il n'a pas émigré?
00:30:35Vous me répondez d'un air
00:30:37pardif.
00:30:39Il s'est fait chouant.
00:30:41C'est bien ça, M. le curé,
00:30:43il a chouané.
00:30:45Il a chouané.
00:30:47Et bien oui, Maître Le Hardouet, il a chouané.
00:30:49Et je vous dirai tout le premier que cela ne convenait guère à un prêtre.
00:30:51Mais aussi c'est la faute
00:30:53à votre révolution, fille de Satan,
00:30:55qui avait renversé tous les esprits.
00:30:57Et d'ailleurs,
00:30:59l'église l'a punie,
00:31:01malgré le terrible châtiment que Dieu lui avait déjà écrit
00:31:03sur le visage.
00:31:05L'abbé de la Croixjugant est revenu à Blanchelande,
00:31:08près des ruines de son abbaye,
00:31:10pour y faire pénitence.
00:31:12Et ses fonctions de prêtre ont été suspendues.
00:31:14Alors, Maître Le Hardouet,
00:31:16ne le jugez pas.
00:31:18Vous seriez bien le dernier
00:31:20à pouvoir le faire.
00:31:22La Croixjugant,
00:31:24c'est son nom à cet abbé
00:31:26de la goule fracachie.
00:31:28Vous le connaissez sûrement
00:31:30mieux que moi, de réputation,
00:31:32si j'ose dire.
00:31:34Elle a dû vous en raconter, votre vie émile à Claude.
00:31:37C'est un soldat, cet homme-là,
00:31:39c'est pas un prêtre.
00:31:41Le curé a beau dire,
00:31:43parler de pénitence et de contrition,
00:31:45je ne suis pas déniché d'hier,
00:31:47et je me connais encore à l'ère des hommes.
00:31:49Chouant il a été, chouant il reste.
00:31:53Surtout si ce sont les Bleus
00:31:55qui lui ont fait la tête qu'il a.
00:31:57Les Bleus?
00:31:59Ce sont les Bleus qui l'ont martyrisé?
00:32:01A ce que dit le curé, bien sûr.
00:32:03Qui ne m'a fait pas la tête qu'il a.
00:32:05Le curé, bien sûr,
00:32:07qui ne m'a fait grâce d'aucun détail,
00:32:09comme si les Blancs avaient été des anges.
00:32:11Ils en ont des atrocités sur la conscience,
00:32:13les chasseurs du roi,
00:32:15ceux qu'on appelait par ici les brûle-pieds.
00:32:19Bref,
00:32:21ce lacroix jugant,
00:32:23qui était sûrement un chef,
00:32:25a payé pour les autres.
00:32:27Les Bleus l'auraient découvert dans une cabane,
00:32:29blessé à la tête, à l'agonie.
00:32:31Et pour en finir, ces monstres,
00:32:34ils ont arraché ses pansements
00:32:36et salé la figure avec du feu.
00:32:38Jeter de la braise sur les chéravifs.
00:32:42Jeanne,
00:32:44qu'avez-vous, Jeannine?
00:32:46C'est mon histoire qui vous a commotionné?
00:32:48Excusez-moi.
00:32:50Vous êtes si forte d'habitude.
00:32:54Non, ce n'est rien.
00:32:56Un peu de mal de tête.
00:32:58Il fait tellement chaud dans cette cuisine.
00:33:00Avec votre permission, j'irai me reposer un peu.
00:33:07La croix jugant
00:33:31La croix jugant,
00:33:33l'abbé de la croix jugant,
00:33:35Oui, maître, le Hardouin avait vu juste.
00:33:37Combien de fois et avec quelle flamme la clotte l'avait-elle évoquée ?
00:33:43Je l'ai vu pour la première fois une nuit,
00:33:46une de ces nuits qu'ils appelaient leur sabbat.
00:33:49Quand il parut, il se fit un grand silence.
00:33:55Il revint très souvent.
00:33:58Et chaque fois, il réveillait en nous cette impression extraordinaire,
00:34:02ce charme, comme on disait encore.
00:34:07Pourtant, je n'ai jamais vu l'ombre d'un sourire
00:34:10éclairer son visage sombre et glacé comme le marbre.
00:34:14Et comme celle du marbre,
00:34:16sa beauté brillait d'un éclat surhumain.
00:34:20Elle évoquait pour nous aussi bien l'archange Saint-Michel
00:34:23que Lucifer, le prince des démons.
00:34:27Il était jeune, très jeune même.
00:34:29Sa famille l'avait mis à l'abbaye presque au sortir de l'enfance.
00:34:34Il avait trop d'orgueil pour s'en plaindre
00:34:36et porter sa tonsure aussi fièrement qu'un casque d'acier.
00:34:39Mais on le sentait bien.
00:34:41Il n'était pas fait pour être moine.
00:34:44Il avait le goût de la violence et du sang
00:34:47et ne semblait heureux qu'à la chasse.
00:34:50Qu'est-ce qui l'attirait au château d'Ioménie ?
00:34:55En tout cas, ce n'était pas la débauche.
00:34:58À nos sabbats,
00:35:00au spectacle de nos excès et de nos pires désordres,
00:35:05il restait silencieux, froid comme un rocher de la mer.
00:35:10Nous étions pourtant là, une belle troupe d'affolés.
00:35:14Mais jamais, au grand jamais, je n'ai entendu dire
00:35:17que l'abbé de la croix jugant ait quitté sa robe de prêtre
00:35:20avec aucune d'entre nous.
00:35:27C'est ce que j'ai entendu dire.
00:35:29Je n'ai rien entendu dire.
00:35:44Ça va mieux, ce mal de tête.
00:35:49C'était coriace, le père Trainteau.
00:35:51Mais je savais que ses deux fils étaient tombés à la conscription.
00:35:55À la fin des fins, je vais arracher 300 vergers de labours,
00:35:592000 arpents d'herbage et 50 têtes de bétail.
00:36:02Le tout pour... Vous ne devinerez jamais.
00:36:07Vous m'écoutez ?
00:36:11Non, vous ne m'écoutez pas.
00:36:14Je vois. Vous pensez à la croix jugant
00:36:17et vous mourrez d'envie d'en parler à la clotte.
00:36:20Elle va être en folie, la vieille chouane,
00:36:22quand elle apprendra le retour de l'abbé.
00:36:24Vous allez en entendre de belles.
00:36:34Faites attention, Jeanne.
00:36:36Vous êtes un petit brin aristocrate.
00:36:38Je ne peux pas vous en vouloir, vous êtes née comme ça.
00:36:40Mais faites attention.
00:36:47Dites, pourquoi hésitez-vous ?
00:36:53Ce moine de Blanche-Lambe dont vous m'avez parlé si souvent,
00:36:56cet abbé de la croix jugant...
00:36:58Et bien ?
00:37:00Saviez-vous qu'il avait été choix ?
00:37:03Je le savais.
00:37:05Et vous me l'avez caché ?
00:37:09À quoi bon tourmenter, mademoiselle de feu ardent,
00:37:11en évoquant notre guerre devant maîtresse le Hardouet ?
00:37:16Pourquoi me parlez-vous de lui ?
00:37:22Il est revenu.
00:37:25Qui ?
00:37:26Lui. Je l'ai vu à Vepre. Je l'ai vu comme je vous vois.
00:37:31Je... Je...
00:37:33Mais que faites-vous ?
00:37:35Je veux le voir. Il est mort.
00:37:37Mais non, il ne faut pas.
00:37:39Il ne faut pas.
00:37:41Rassurez-vous. Je causerai pas de scandale.
00:37:44Je me cacherai. Je le regarderai de loin.
00:37:47Mais qui parle de scandale ?
00:37:49C'est à vous que je veux épargner cette...
00:37:51Épargner ?
00:37:53Que pourriez-vous m'épargner que je n'ai déjà subi ?
00:37:58Je le verrai.
00:38:01Rien ne m'en empêchera.
00:38:03Si rien ne m'empêchera,
00:38:05rien ne m'empêchera.
00:38:08Rien ne m'en empêchera.
00:38:10J'irai à l'église,
00:38:12même si je dois m'y traîner à genoux.
00:38:14Reste où tu es, Clotilde Mauduit.
00:38:24C'est moi qui viens te voir.
00:38:27Vous ?
00:38:32Qui t'a instruite de mon retour.
00:38:34Serez-ce vous, madame ?
00:38:37Pardonnez-moi, mais je ne pense pas vous connaître.
00:38:40Vous pourriez la reconnaître au trait de son père.
00:38:43C'est la fille du seigneur de feu ardent.
00:38:46Feu ardent ?
00:38:48Loup de feu ardent ?
00:38:51Je ne l'ai plus connu, madame,
00:38:53mais je savais quel bon gentilhomme il était.
00:38:55Et si nous ne l'avions perdu avant nos guerres civiles,
00:38:58nous aurions pu compter sur son épée.
00:39:03Je vois que les malheurs du temps n'ont pas changé ton cœur.
00:39:06Tu n'as pas renié ta jeunesse.
00:39:09Au château, je t'observais.
00:39:11Sous tes rires, je devinais la force.
00:39:13On te disait frivole, on t'appelait l'hérodiade du haut ménil.
00:39:17Mais combien parmi ceux qui se croyaient forts ont su avoir ta fermeté ?
00:39:24Tu ne me déçois pas, Clotilde.
00:39:27Tu es bien celle que je cherchais.
00:39:30Vous me cherchiez, moi, frère Ranulf ?
00:39:33Il n'y a plus de frère Ranulf, Clotilde.
00:39:36Le frère Ranulf est mort avec son ordre.
00:39:39Les puissances chanoines de Saint-Norbert sont finies,
00:39:42et l'abbaye que je devais gouverner s'est écroulée sous les coups des colonnes infernales.
00:39:46Le blanc manteau des prémontrés ne brillera plus dans nos églises appauvries et esclaves.
00:39:51Il y a devant toi un prêtre obscur,
00:39:55désarmé, vaincu,
00:39:57qui a répandu le sang des hommes et le sien comme l'eau,
00:40:01et qui n'a rien sauvé, au prix de son sang et peut-être de son âme,
00:40:05de tout ce qu'il voulait sauver.
00:40:08Il n'y a plus rien du passé, Clotilde.
00:40:11Rien.
00:40:13Regarde.
00:40:17Le frère Ranulf.
00:40:19Oseras-tu dire que tu le reconnais ?
00:40:21Oui, je le reconnais.
00:40:23Je vous reconnaîtrai aux seules eaux de votre corps.
00:40:26Oh Seigneur, rien ne peut effacer la marque de votre race.
00:40:30Rien.
00:40:31Ni le feu, ni le fer, ni les plus abominables tortures.
00:40:37Oui, les bleus ont su se venger,
00:40:40mais le dernier monde n'est pas dit.
00:40:42Il n'est pas dit, tu as raison.
00:40:45Mais pour ceux qui aient des bleus, tu te trompes.
00:40:48S'ils ont fait de la bonne besogne, ils ont achevé seulement ce qu'un autre avait commencé.
00:40:57Jeanne de Feuardin et Clotilde Mauduit ont le droit de savoir toute la vérité.
00:41:04Pourquoi, selon vous, l'Église m'a-t-elle frappé des suspenses
00:41:07d'une aussi lourde punition ?
00:41:10J'ai pris les armes et j'ai tué,
00:41:12mais le son que j'ai répandu est celui des ennemis du Christ.
00:41:15Non.
00:41:17Ce que l'Église veut que j'expie,
00:41:20c'est un autre péché.
00:41:23C'est un autre péché.
00:41:26Bien plus grave à ses yeux.
00:41:28Que devons-nous imaginer ?
00:41:30Le pire, Clotilde.
00:41:32Le pire pour un chrétien et pour un prêtre.
00:41:37C'était il y a près de deux ans.
00:41:41Nous venions de livrer non loin d'ici, au lieu sinistrement nommé la fosse,
00:41:44une bataille qui devait être la dernière.
00:41:47Tout ce qui restait des forces royalistes avait été écrasé.
00:41:52J'étais un des seuls survivants.
00:41:56Pourquoi n'avais-je pas combattu jusqu'à mon dernier souffle ?
00:42:00Je n'en avais pas le droit.
00:42:02Je cachais sur moi un message des princes
00:42:05où figuraient les noms de nos amis.
00:42:08Saisis par les bleus, ils les eut envoyés à l'échafaud.
00:42:13J'ai échappé aux soldats assez longtemps pour détruire la lettre.
00:42:18Je l'ai déchirée.
00:42:21J'en ai mangé les morceaux.
00:42:24À présent, j'étais libre.
00:42:27Je pouvais mourir.
00:42:44Joël de la Croixjugant avait tenté de se suicider.
00:42:49Les balles de son fusil n'avaient fait que labourer son visage,
00:42:52mais sa volonté, à lui, était de se donner la mort.
00:42:58En fervente catholique, Jeanne aurait dû condamner ce suicide
00:43:02comme un crime exécrable.
00:43:04Elle ne le condamnait pas, bien au contraire.
00:43:06Elle l'admirait.
00:43:12Elle ne songeait qu'au moyen de revoir l'abbé de la Croixjugant.
00:43:16Elle ne trouverait pas le repos tant qu'elle n'aurait pas prouvé à Joël
00:43:19qui elle était au fond d'elle-même, ce dont elle était capable,
00:43:23tant qu'il ne serait pas que sous le corsage de maîtresse le Hardoué,
00:43:27un chœur de feu ardent n'avait cessé de battre.
00:43:36Chez elle, il ne fut plus question de la clotte,
00:43:39et encore moins de l'abbé de la Croixjugant.
00:43:42Jeanne continua de s'occuper de son ménage et des intérêts de la ferme,
00:43:45comme par le passé.
00:43:51Les mois s'écoulèrent, le temps des foires vint, et elle y alla.
00:43:59Elle se montra enfin la même qu'elle avait été jusqu'alors
00:44:02et qu'on avait toujours connue.
00:44:15Sous-titrage MFP.
00:44:45Sous-titrage MFP.
00:45:16Sous-titrage MFP.
00:45:39M. Hardoué, M. Hardoué, réveillez-vous, il est l'heure.
00:45:42Merci, Odile.
00:45:46M. Hardoué, M. Hardoué, réveillez-vous, il est l'heure.
00:45:52Mais que se passe-t-il ?
00:45:54Rien, rien, rien. Restez au lit, Jeanne, restez au lit.
00:45:56Aujourd'hui, c'est moi qui vais au marché de Coutances.
00:45:59Pour une fois, maîtresse le Hardoué dormira la grosse matinée.
00:46:02Mais pourquoi ?
00:46:03Mais vous êtes rentrée tard hier soir, très tard.
00:46:06Votre cheval est fourbu, vous aussi.
00:46:09Mais donnez tout votre sou, il est encore très tôt.
00:46:12Dans votre place, je me ferai pas dire deux fois.
00:46:16Allons, allons, dormez, Jeanne.
00:46:43Dès lors, rien ne put retenir le vent des comérages.
00:46:46Il souffla le long des chemins, s'envola par-dessus les haies,
00:46:49s'enfla par toute la campagne pour y répandre
00:46:52les noms entrelacés de Jeanne le Hardoué
00:46:55et de l'abbé de la Croixjugant.
00:46:58Personne n'alla jusqu'à ce jour.
00:47:01Jeanne le Hardoué, jean de la Croixjugant.
00:47:04Jeanne le Hardoué, jean de la Croixjugant.
00:47:07Jeanne le Hardoué, jean de la Croixjugant.
00:47:10Personne n'alla jusqu'à imaginer une intrigue amoureuse.
00:47:13L'acte de chair, comme aurait dit monsieur le curé,
00:47:16non, c'était pas trop invraisemblable.
00:47:19La réputation de Jeanne était nette comme l'or.
00:47:22Quant à l'abbé, il ne pouvait inspirer aux femmes
00:47:25que la répulsion ou l'effroi.
00:47:28Alors, quel motif trouvait à ces rencontres ?
00:47:40...
00:48:09Vous rentrez bien tard, il me semble.
00:48:12La nuit nous a surpris chez la clotte.
00:48:15Nous ?
00:48:18L'abbé de la Croixjugant.
00:48:21Ah.
00:48:24Ainsi, c'est donc vrai ce qu'on raconte.
00:48:27Et que raconte-t-on ?
00:48:30Écoutez-moi bien, Jeanne.
00:48:33Je ne vous ai jamais interdit d'aller chez la clotte
00:48:36et d'écouter ses sornettes, tant que cela ne contrariait que moi.
00:48:39Mais maintenant, c'est différent.
00:48:42Mais pourquoi ?
00:48:45Parce que vous y retrouvez l'abbé de la Goulefracassée.
00:48:48Mais vous vous trompez.
00:48:51Si j'ai vu monsieur l'abbé de la Croixjugant aujourd'hui,
00:48:54c'est par hasard, et je n'y ai pas vu de mal.
00:48:57Il m'a longuement parlé de ma mère.
00:49:00J'ai eu de la joie à l'écouter.
00:49:04J'ai pleine confiance en vous.
00:49:07Mais vous êtes ma femme, et je ne veux plus entendre dire
00:49:10que maîtresse Loirdouet est mêlée à des malégants de Chouinerie.
00:50:34Pardonnez-moi, j'ai beaucoup de retard.
00:50:37Aujourd'hui, j'ai bien failli me faire attraper.
00:50:40Vous êtes seule ?
00:50:43Il ne m'a pas attendue ?
00:50:50Les derniers tisons se sont consumés,
00:50:53la braise est devenue cendre, le feu est mort,
00:50:56sa flamme ne brûlera plus que de l'insecret de nos cœurs.
00:51:04Alors, c'est la fin ?
00:51:07Non, ce n'est pas possible, Clotilde.
00:51:10On leur a trompé, abusé, découragé.
00:51:13Découragé ? Allez-vous lui apprendre ce qu'est le courage ?
00:51:16Imaginez-vous quelle nouvelle torture
00:51:19a dû lui coûter chaque mot de cette lettre.
00:51:24Non, vous devez la brûler.
00:51:27Brûlez-la.
00:51:30Il le veut.
00:52:01C'est bon.
00:52:26Vous êtes-il dit qu'il reviendra ?
00:52:29Pourquoi reviendrait-il ? Qu'étions-nous d'autres en ses mains qu'un instrument, ou surtout ?
00:52:36Je vous fais mal en vous parlant aussi brutalement,
00:52:40mais je vous ferais plus de mal encore si je vous laissais quelque espoir.
00:52:43Mais de quel espoir parlez-vous, Clotilde ?
00:52:45Ne faites pas semblant de ne pas me comprendre.
00:52:47Je sais bien, je sais trop quelle douleur vous tourmente,
00:52:50et qui n'est pas seulement la ruine de notre cause.
00:52:53Mais de quel droit ?
00:52:54Écoutez-moi.
00:52:56Comme vous écouteriez votre mère,
00:52:58qu'elle me pardonne de me comparer à elle.
00:53:02Vous devez fuir, cet homme.
00:53:04Vous le devez.
00:53:07Une voix me réveille la nuit,
00:53:09une voix qui est celle de Dlaïde Malgie,
00:53:13et que j'ai longtemps refusé d'écouter,
00:53:15sourde à tout ce qui n'était pas notre lutte.
00:53:19Mais vous, Jeanne, écoutez-la.
00:53:22Écoutez-la vous dire.
00:53:25Fuyez cet homme.
00:53:27Ou vous mourrez,
00:53:29consumés comme moi.
00:53:31Vous divaguez, ma pauvre Clotilde.
00:53:33Vous oubliez à qui vous parlez.
00:53:34Je ne l'oublie pas.
00:53:35Au contraire,
00:53:37vous êtes une feu ardent.
00:53:40Vous descendez d'une de ces races irlandaises
00:53:42dont les enfants, dès qu'ils venaient au monde,
00:53:44devaient baiser la pointe d'une épée.
00:53:46Non,
00:53:48ce ne sont pas les marques du fer et du feu,
00:53:50tout horrible qu'elles soient,
00:53:52qui pourraient vous empêcher, vous, d'aimer J.O.L.
00:53:58L'aïd avait été comme nous toutes,
00:54:00rieuse et légère de cœur.
00:54:03Et pas plus que nous toutes,
00:54:04elle n'avait été amoureuse.
00:54:07Mais elle vit J.O.L.
00:54:09Et ce fut comme si Dieu,
00:54:11ou le diable,
00:54:12avait posé sur elle une main de feu.
00:54:17Elle l'aima follement.
00:54:19Elle vit J.O.L.
00:54:20comme si Dieu,
00:54:21ou le diable,
00:54:22avait posé sur elle une main de feu.
00:54:25Elle l'aima follement.
00:54:27Elle lui dit son amour.
00:54:30Elle n'eut que son mépris pour réponse.
00:54:33Ce cœur orgueilleux était plus dur
00:54:35que l'acier de son fusil de chasse.
00:54:39L'aïd perdit la tête.
00:54:41Elle alla voir des sorciers,
00:54:42des bergers.
00:54:44Essayant toutes sortes de charmes
00:54:45pour se faire aimer.
00:54:47En vain,
00:54:49rien ne pouvait empoisonner l'âme de J.O.L.
00:54:51L'aïd devint folle tout à fait.
00:54:54On la voyait errant le long des chemins,
00:54:56ou assise par terre, prostrée.
00:54:59Au clair de lune,
00:55:01elle se roulait sur les pierres des chemins,
00:55:03en hurlant,
00:55:04comme une louve affamée.
00:55:09Elle disparaît.
00:55:10On ne la chercha pas
00:55:11qui se souciait d'une folle,
00:55:12d'une possédée.
00:55:14Des mois plus tard,
00:55:17on retrouva son corps au fond de l'eau.
00:55:19On retrouva son corps au fond de l'étang du Haut-Méni.
00:56:09Le médecin de Coutances
00:56:10n'eût pu guérir Jeanne.
00:56:12Qu'est-ce qu'un médecin pouvait guérir en elle ?
00:56:15Elle n'était pas malade.
00:56:17Elle souffrait tous les supplices de l'enfer,
00:56:20mais elle n'était pas malade.
00:56:23Elle ne voyait plus qu'à l'église,
00:56:24l'abbé de la Croix-Jugand.
00:56:26Et lui,
00:56:27depuis qu'il avait abdiqué l'espoir de vaincre,
00:56:30il était redevenu le moine glacé,
00:56:32inaccessible.
00:56:34Le même G.O.L. qui avait causé la mort de Dlaïde Malgie.
00:56:47La mort de Dlaïde Malgie
00:57:12Monsieur le curé,
00:57:13bien qu'on soit normands tous les deux,
00:57:15je n'irai pas par quatre chemins.
00:57:17Vous ne m'aimez guère et vous avez vos raisons.
00:57:20Mais je sais que vous avez de l'amitié pour Jeanne.
00:57:22Et de ce côté-là, on pourra peut-être se mettre d'accord.
00:57:25Parce que moi, je l'aime, ma femme.
00:57:27Même si je le montre peu.
00:57:29Et je ne veux pas la perdre.
00:57:30La perdre ?
00:57:31Allons, maître Lehardouet, reprenez-vous.
00:57:33Mais c'est que je la vois tous les jours, moi, monsieur le curé.
00:57:35Je vois bien ce qu'elle devient.
00:57:37C'est comme si elle s'enfonçait dans un marécage.
00:57:40Je ne peux plus la retenir.
00:57:41Je ne peux plus la retenir.
00:57:43Elle ne course plus.
00:57:44Elle ne regarde personne.
00:57:46Et moi, quand je lui parle, même tout doucement,
00:57:48voilà qu'il devient veilleux et qu'il tourne de l'œil.
00:57:51Mais on ne peut pas regarder ça sans rien faire.
00:57:59Les gens racontent qu'elle est ensorcelée.
00:58:01Il y en a même qui disent par qui.
00:58:03Mais je ne veux pas les écouter.
00:58:05La sorcellerie, je n'y ai jamais cru.
00:58:07Vous non plus, n'est-ce pas ?
00:58:09Mais c'est sûr qu'il y a un mal en elle, quelque part,
00:58:12ailleurs que dans le corps.
00:58:15C'est peut-être dans ce que vous appelez l'âme.
00:58:18Vous devez pouvoir le guérir, monsieur le curé.
00:58:20C'est votre métier de soigner les âmes.
00:58:39Vous avez l'air bien fatigué, ma chère enfant.
00:58:41Que se passe-t-il ?
00:58:45Vous avez un peu oublié votre curé, n'est-ce pas ?
00:58:54Ayez confiance dans le bon Dieu.
00:58:56C'est Lui qui aide les âmes en peine.
00:58:59Pourquoi ne feriez-vous pas une petite neuvaine
00:59:01pour que l'âme puisse s'occuper de vous ?
00:59:03Mettez-vous entre ses mains.
00:59:05Elle vous aidera.
01:00:04Lorsque l'âme s'occupe de l'âme,
01:00:06l'âme s'occupe de l'âme.
01:00:13Ma mère,
01:00:15vous qui avez côtoyé tant de mauvaises filles,
01:00:18ne les avez pas condamnées.
01:00:21Laissez-moi vous ouvrir mon cœur, je n'ai que vous.
01:00:33On dit que je vous ressemble.
01:00:35On dit de moi que c'est bien la fille de Louisine à l'âge.
01:00:41Qu'est-elle devenue,
01:00:42cette force que vous m'aviez donnée ?
01:00:44Qui me l'a prise ?
01:00:49J'aime un prêtre.
01:00:54Je n'en ai pas honte.
01:00:59J'aime un prêtre et je ne veux pas cesser de l'aimer.
01:01:04Est-ce le berger qui m'a jeté un sort ?
01:01:06Est-ce l'esprit du mal qui s'est incarné dans ce prêtre ?
01:01:14Ma mère,
01:01:17vous qui pouvez tout voir d'où vous êtes,
01:01:22mettez un peu de lumière dans mon âme.
01:01:28Vous qui avez connu de l'Aïd,
01:01:30dites-moi si je suis comme elle.
01:01:32Dites-moi si je suis possédée.
01:02:00Dites-moi si je suis comme elle.
01:02:30Dites-moi si je suis possédée.
01:02:36Dites-moi si je suis possédée.
01:03:00Dites-moi si je suis possédée.
01:03:30Dites-moi si je suis possédée.
01:04:00Dites-moi si je suis possédée.
01:04:21Berger !
01:04:22Vous avez l'air bien courue, ces maîtresses.
01:04:25Vous n'êtes donc pas heureuse?
01:04:29La chemise vous l'avez bien portée?
01:04:31Je l'ai portée.
01:04:33Je l'ai portée.
01:04:35Vous l'avez portée?
01:04:37Je l'ai portée.
01:04:39Vous l'avez portée?
01:04:41Je l'ai portée.
01:04:43Je l'ai portée.
01:04:45Vous l'avez portée?
01:04:47Je l'ai portée.
01:04:49Vous l'avez portée?
01:04:51La chemise vous l'avez bien portée?
01:04:55Vous avez bien sué dedans?
01:04:57La baie l'a bien mise?
01:04:59Alors?
01:05:01Rien.
01:05:03Rien. Tu t'es moquée de moi.
01:05:05Allons, allons, allons, maîtresse lardouée.
01:05:07Il ne faut pas juger sans savoir.
01:05:09La chemise,
01:05:11il l'a mise tout de suite.
01:05:13Mais est-ce que je sais?
01:05:15Maîtresse lardouée,
01:05:17s'il était sèche, ça ne valait plus rien.
01:05:19Je vous l'avais bien dit.
01:05:23Il fallait qu'il la mette avec l'humide de votre peau.
01:05:49Dlaïde, ma sœur,
01:05:51nous avons reçu la même blessure.
01:05:53Je souffre tant que tu as souffert
01:05:55et bientôt, moi aussi, je serai morte.
01:05:57Mais je ne veux pas mourir comme toi.
01:05:59Je ne veux pas mourir sans vengeance.
01:06:01Je veux que Géo, elle, soit damnée.
01:06:03Ce n'est pas Dieu qui lui a donné son armure de glace.
01:06:05Moi, je saurai la faire fondre.
01:06:07Je l'entraînerai dans la perdition éternelle.
01:06:09Il connaîtra enfin ce que sont nos souffrances
01:06:11lorsqu'il sera dévoré.
01:06:13Il connaîtra enfin ce que sont nos souffrances
01:06:15lorsqu'il sera dévoré.
01:06:17Il connaîtra enfin ce que sont nos souffrances
01:06:19lorsqu'il sera dévoré par les brasiers de l'enfer.
01:06:27Non, ne dites pas de mal des bergers.
01:06:31Sans le vouloir, ils m'ont aidée.
01:06:33Ils m'ont rendue ma force.
01:06:47Cette gravure me faisait peur
01:06:49quand j'étais petite.
01:06:51Elle était pendue dans le corridor.
01:06:53Je fermais les yeux.
01:06:55Je courais pour ne pas la voir.
01:07:01Cette nuit, je serai comme Judith,
01:07:03belle et impitoyable.
01:07:05Je saurai séduire.
01:07:07Je saurai tuer.
01:07:09Vous voulez tuer Géo, elle ?
01:07:11Tuer son âme.
01:07:13Cette nuit, j'en aurai la force.
01:07:15Insensé.
01:07:17Vous ne savez donc pas encore
01:07:19qui est l'abbé de la croix jugant ?
01:07:21C'est un homme.
01:07:23Et moi, cette nuit,
01:07:25je me sens capable de tout.
01:07:29Ah, Clotilde,
01:07:31vous croyez avoir vu le pire
01:07:33dans votre jeunesse,
01:07:35dans les sabbats du homini.
01:07:37Eh bien, vous n'avez rien vu.
01:07:45Écoutez, si vous ne dormez pas,
01:07:47plus fort que le cri des chouettes
01:07:49et des orfrais,
01:07:51vous entendrez les rires de Dlaïne Malgie.
01:08:15Il faudra vraiment vous écraser
01:08:17pour être débarrassé de vous.
01:08:19N'avancez pas, sinon c'est vous
01:08:21qui serez écrasé.
01:08:23De Dieu, je vais t'apprendre, toi.
01:08:25Oui, écrasé, aplati,
01:08:27tout comme votre femme.
01:08:29Quoi ?
01:08:31Oui, votre femme,
01:08:33ce croyaute comme le ciel,
01:08:35les plus plates que terre maintenant.
01:08:37C'est moi qui l'ai rendu comme ça.
01:08:39Toi, chien pouilleux,
01:08:41gardien de cochons,
01:08:43gardien de cochons.
01:08:55Reconnaissez-vous ça ?
01:09:03Et ça ?
01:09:09Et ça ?
01:09:11Et ça ?
01:09:15Où les as-tu volés ?
01:09:17Volés ?
01:09:19C'était elle qui m'a supplié de les prendre.
01:09:21Elle gémissait, elle pleurait
01:09:23comme une cumeur de faim.
01:09:25Quelle faim ? C'est pas le boulanger
01:09:27qui pouvait la calmer.
01:09:29Elle avait besoin d'un autre pain.
01:09:33Du pain d'église.
01:09:35Du pain béni.
01:09:37Fils de putain.
01:09:39Tu mens.
01:09:41Je mens. Je mens.
01:09:47Regardez ça.
01:09:49Regardez bien.
01:09:51Voyez-vous ?
01:09:53Je vois rien.
01:09:55Tout est trouble.
01:09:57Regardez bien.
01:09:59Guettez.
01:10:03Qu'est-ce que vous voyez ?
01:10:05Si.
01:10:07Je commence à voir.
01:10:09Quoi ?
01:10:11Comme une salle.
01:10:15Une salle que je ne connais pas.
01:10:19Je vois mal.
01:10:25Il y a une grande lumière rouge.
01:10:27Guettez toujours.
01:10:29C'est du feu.
01:10:31Du feu dans une grande cheminée.
01:10:33Près de la cheminée, je vois deux silhouettes.
01:10:35Une femme.
01:10:37Une autre avec une longue robe noire.
01:10:41Non, c'est pas possible.
01:10:43Parlez.
01:10:45Vous devez dire tout ce que vous voyez.
01:10:47Sinon, le sort va s'épanouir.
01:10:53C'est pas une femme, c'est lui.
01:10:55Et l'autre ?
01:10:59C'est Jeanne.
01:11:01Jeanne ? Non.
01:11:07Les voilà qui bougent.
01:11:09Ils vont tourner la broche.
01:11:11Qu'est-ce qu'il y a de planté dans cette broche ?
01:11:13Regardez bien.
01:11:15Je sais pas.
01:11:17C'est rouge, ça saigne.
01:11:21Elle pique avec un couteau.
01:11:23Ça sursaute.
01:11:27On dirait un coeur.
01:11:29C'est un coeur qu'ils font retirer.
01:11:31Et ce coeur, c'est le vôtre.
01:11:33Maître Thomas le Hardoué.
01:11:59Où est-il ?
01:12:01Où est ma femme ?
01:12:03Mais où sont-ils cachés ?
01:12:05Il n'y a personne, Maître le Hardoué.
01:12:07Monsieur l'avait née pas là.
01:12:09Tu mens, vieille bigote.
01:12:11Je sais qu'ils sont cachés ici.
01:12:13Mais parce que je vous dis qu'il est en voyage.
01:12:15Tu vas parler. Oubliez-moi.
01:12:17Je t'arrache la langue.
01:12:29Ah !
01:12:31Tu étais là, toi, bougre de fils de Dieu.
01:12:35Tu les avais embrochés, mon coeur,
01:12:37le faire griller,
01:12:39le bouffer.
01:12:41C'est bon, un coeur de bleu.
01:12:43Et tu as ri avec eux,
01:12:45du haut de ta foutue croix.
01:12:47Mais je vais t'en faire descendre, moi.
01:12:49Sacré gibier de potence !
01:12:51Je vais t'en faire descendre.
01:12:53Je vais t'en faire descendre.
01:12:55Je vais t'en faire descendre.
01:12:57Sacré gibier de potence !
01:13:03Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
01:13:05assis-sois-tu !
01:13:27Assis-toi.
01:13:49À ta place, je ne tremperais pas mon neige dans cette eau.
01:13:53C'est d'eau de mort.
01:13:55Je sais que,
01:13:57dans cette eau, il y a quelque chose de mort.
01:13:59Comment ça pourrit ?
01:14:01C'est ta main qui sent mauvais.
01:14:03Je n'ai jamais vu l'eau si belle que ce matin.
01:14:25Je n'ai jamais vu l'eau si belle que ce matin.
01:14:55Alors, maîtresse Loir-Doué,
01:14:57alors, maîtresse Loir-Doué,
01:14:59tu crois, à présent, au pouvoir des bergers ?
01:15:01tu crois, à présent, au pouvoir des bergers ?
01:15:11Ta santé, Jeanne la Fière,
01:15:13Ta santé, Jeanne la Fière,
01:15:15l'eau aurait été encore meilleure
01:15:17si tu avais pourri plus longtemps.
01:15:25l'eau aurait été encore meilleure si tu avais pourri plus longtemps.
01:15:55C'était le berger, sans nul doute,
01:15:57C'était le berger, sans nul doute,
01:15:59qui avait coupé ainsi la chevelure de Jeanne.
01:16:01qui avait coupé ainsi la chevelure de Jeanne.
01:16:03Était-il pour lui un trophée de vengeance ?
01:16:05Ou voulait-il l'employer à quelque pratique de magie ?
01:16:07Ou voulait-il l'employer à quelque pratique de magie ?
01:16:25La clotte !
01:16:27La clotte !
01:16:29La clotte !
01:16:31La clotte !
01:16:33Que viens-tu faire ici, vieille sorcière ?
01:16:35Qui t'a fait sortir de ton trou ?
01:16:37Je veux la voir une dernière fois.
01:16:39La voir ?
01:16:41La voir, tu ne manques pas d'audace.
01:16:43Elle est morte par ta faute,
01:16:45et tu viens encore la narguer ?
01:16:47À mort !
01:16:49À mort !
01:16:51À mort !
01:16:53Arrêtez !
01:16:55N'y a-t-il pas eu assez de malheur ?
01:16:57Il va payer !
01:16:59Écoutez-moi, mes frères ! Écoutez-moi !
01:17:01À mort !
01:17:03À mort !
01:17:05À mort !
01:17:07Allez-nous au secours, maintenant !
01:17:09À mort !
01:17:11À mort !
01:17:13Elle ne veut pas crever, la vie perd !
01:17:15Charions-la à sa cabane et foutons-y le feu !
01:17:17Charions-la à sa cabane et foutons-y le feu !
01:17:19Au feu !
01:17:21Au feu !
01:17:23Allez ! Fous du sang que tu vas griller !
01:17:37Ne secouez pas trop pour la brûler vivante !
01:17:45La bêtise !
01:17:51La bêtise !
01:17:53La bêtise !
01:17:55La bêtise !
01:18:07Clothilde Mauduit !
01:18:11C'est moi, G.O.L. !
01:18:15G.O.L. !
01:18:21Ils m'ont tué.
01:18:28Qui? Les bleus? Ce sont les bleus?
01:18:33Non, pas seulement les bleus.
01:18:38Tous, tout le village.
01:18:45Les bleus?
01:18:52Oui, les bleus.
01:18:59Taisez-vous, tentation de guerre.
01:19:29Adieu, Clotilde Mauduit.
01:19:32C'est un peu de ma vie qui s'en va avec toi.
01:19:36Nous nous ressemblions.
01:19:39Tu as donné tes dernières forces aux luttes incertaines que j'ai menées.
01:19:42Nos fautes comme nos espérances sont nées d'un même orgueil.
01:19:46Les voies de Dieu sont insondables.
01:19:50Lui seul dira si nous avons péché en combattant pour Lui.
01:19:58Elle n'est pas morte dans le péché.
01:20:00J'ai recueilli sa contrition en même temps que son dernier souffle.
01:20:27Elle n'est pas morte dans le péché.
01:20:32Elle n'est pas morte dans le péché.
01:20:37Elle n'est pas morte dans le péché.
01:20:42Elle n'est pas morte dans le péché.
01:20:47Elle n'est pas morte dans le péché.
01:20:52Elle n'est pas morte dans le péché.
01:20:57Elle n'est pas morte dans le péché.
01:21:02Elle n'est pas morte dans le péché.
01:21:07Elle n'est pas morte dans le péché.
01:21:12Elle n'est pas morte dans le péché.
01:21:17...
01:21:38"...Jane, avait-elle été pour lui autre chose que l'instrument de ses projets ?
01:21:43Avait-il reconnu, ou seulement soupçonné, la passion qu'il avait consumée ?
01:21:51Son âme, fermée comme une forteresse sans meurtrière, ne laissa jamais découvrir ses véritables sentiments.
01:22:03Maître le Hardoué avait complètement disparu. Cette disparition devint l'aveu de sa culpabilité.
01:22:14Le joueur de la flûte
01:22:24Hey, Samouraï, ouvrez !
01:22:27Utiak, maître Hardoué Mdoria.
01:22:31Bonsoir, maître. Vous êtes venu faire vos pâques ?
01:22:34Vous seriez mis au clos, bien au chaud, dans votre grand lit.
01:22:40Vous avez peut-être peur des fantômes ?
01:22:42Nerveux, comme je vous vois.
01:22:48Si le doigt vous démange, voilà un gibier pour vous.
01:22:53L'abbé de la croix jugant.
01:22:56Qu'est-ce que vous attendez ?
01:22:59Pauvre maître Lardoué.
01:23:02Ça se voit qu'il vous a mangé le cœur.
01:23:04Dommage, un beau fusil comme ça le laissait chômer.
01:23:07Mais vis-toi, Vipère, si tu continues...
01:23:10Bien sûr, c'est moins risqué qu'avec l'abbé.
01:23:13Risqué ? Quel risque ?
01:23:15J'avais qu'à le guetter, je l'aurais buté comme un lièvre.
01:23:18Pourquoi crois-tu que j'ai attendu si longtemps ?
01:23:21Si tu veux le deviner, regarde dans ton miroir.
01:23:26Cette fois, c'est toi qui auras peur.
01:23:40La grand-messe de Pâques avait fait venir à Blanche-Land une foule inaccoutumée.
01:23:45Grossit de nombreux fidèles venus des paroisses voisines,
01:23:49et que la curiosité, plus que la ferveur, y avait attiré.
01:23:54La noblesse des environs s'y était également donnée rendez-vous,
01:23:58pour renoncer à l'héritage de l'héritage.
01:24:00La grande-messe de Pâques avait fait venir à Blanche-Land une foule inaccoutumée.
01:24:05Grossit de nombreux fidèles venus des paroisses voisines,
01:24:07et que la curiosité, plus que la ferveur, y était également donnée rendez-vous,
01:24:11pour honorer en l'abbé le gentilhomme et le chef de guerre.
01:24:15L'abbé de la Croix-Jugan avait terminé sa bénitence.
01:24:19L'église, indifférente aux médisances et aux accusations de sorcellerie,
01:24:24lui avait rendu ses pleins pouvoirs de prêtre.
01:24:27Et pour bien établir qu'à ses yeux, il n'avait donné aucun motif de scandale,
01:24:32elle avait décidé que ce serait lui qui dirait la messe de Pâques à Blanche-Land.
01:24:37L'église de Blanche-Land
01:25:07La Croix-Jugan
01:25:38Plus personne ne voulut se souvenir du crime et de la sorcellerie.
01:25:43On oublia Jean-Louis Ardoué.
01:25:46On oublia tout ce que l'on croyait quelques instants auparavant.
01:26:37Sanctus
01:26:51Dominus Deus Sancta
01:26:57L'église de Blanche-Land
01:27:02L'église de Blanche-Land
01:27:07L'église de Blanche-Land
01:27:13Tibi Gratias Agens
01:27:16Bénédictus Fréjus Dedictus Discipulis Suisticens
01:27:21Exhibite et Manducate Ex Hoc Omnes
01:27:24Hoc Est Enim Corpus Méun
01:27:42L'église de Blanche-Land
01:28:02Par cette mort, l'abbé de la Croix-Jugan entra définitivement dans la légende.
01:28:12L'église de Blanche-Land
01:28:42L'église de Blanche-Land
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