Diffusée sur Antenne 2 le 1er juin 1977, l’émission Question de Temps propose une interview intimiste de Johnny Hallyday, ponctuée de longs extraits de son mythique concert au Palais des Sports en 1976. Entre confidences rares et performances scéniques intenses, ce document précieux capture l’énergie brute du rockeur à son apogée.
00:30L'argent je ne l'ai pas besoin, je veux dire l'argent ne m'aide pas vivre, l'argent c'est, je dépense parce que l'argent c'est agréable,
00:59de pouvoir faire ce qu'on veut, j'aime bien faire ce que j'ai envie sur le moment, si j'ai envie de partir qu'un jour à Tahiti et puis d'emmener deux ou trois amis à moi qui eux n'ont pas les moyens d'y aller,
01:13et bien d'avoir de l'argent sur le moment, ça sert à ça et c'est ça qui est arrivé.
01:29Musique
01:31J'ai souvent essayé de faire autre chose que d'aller sur une scène et de chanter et je me suis toujours cassé la figure, je crois qu'on ne peut pas faire autre chose,
01:51on est fait pour quelque chose, on n'est pas fait pour autre chose, un homme d'affaires ne peut pas aller sur une scène pour chanter, ce sera un mauvais artiste,
02:00moi je serais un très mauvais homme d'affaires et en plus je n'ai pas confiance aux gens qui pourraient s'occuper de mes affaires, je crois qu'ils s'occuperaient, enfin on l'a souvent prouvé,
02:11ils s'occupent plutôt de leurs affaires avec moins d'argent que des miennes.
02:14Tu ne me souviennes pas ça, d'avoir l'impression d'être un peu finalement exploité, c'est-à-dire d'être un paradoxe, mais...
02:18Non mais on ne vit plus rien, c'est comme ça, alors finalement j'aime autant le dépenser, alors je...
02:23Vous cherchez la bagarre, regardez-moi bien en face, et je ne l'aime pas beaucoup, qu'on me rencontre, non.
03:14Je crois que le mal de notre siècle, c'est que tout va trop vite, on n'a le temps de rien faire, on n'a pas le temps de respirer, on n'a pas le temps de se reposer,
03:33on met 6 heures pour aller à New York, il y a un siècle de ça, les gens prenaient le temps de vivre.
03:40C'est quand même étonnant de vous entendre, vous, qui avez été l'un des meilleurs symboles, justement, d'un monde qui allait vite le regretter.
03:48Ouais, vous savez, je regrette, je pense que je ne suis pas le seul, je regrette parce qu'à force de vivre vite, on n'a plus le temps de vivre.
03:56Est-ce qu'on ne vient pas un peu cuisiné de son personnage à un certain moment, quand on devient une vedette, justement ?
04:01Oh, certainement, si.
04:05Certainement.
04:05Vous auriez aimé autre chose.
04:11Oui et non. Non, parce que maintenant, je ne pourrais plus vivre autrement.
04:15C'est comme une drogue.
04:17Je ne pourrais plus vivre autrement, tout en regrettant de ne pas pouvoir vivre autrement.
04:21Et pourquoi est-ce qu'on ne peut pas changer à un certain moment ?
04:26Parce que je m'ennuierais, certainement.
04:28C'est quand même un monde fascinant.
04:29Ce monde et de la chanson et qui va vite est quand même fascinant, plus fascinant que l'autre.
04:33C'est-à-dire que je n'ai plus le temps de penser.
04:37Alors que si j'avais le temps, je penserais trop.
04:42C'est-à-dire que je pense que c'est un moment donné.