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  • 15/05/2025
la Bataille de France (10 Mai 1940-25 Juin 1940)

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00:0010 mai 1940, forêt des Ardennes.
00:04Des soldats français étrangement pris au dépourvu vont être les victimes de la première offensive blindée d'envergure de l'histoire.
00:11En six semaines, les Allemands vont percer à Sedan et atteindre la Manche.
00:16Piégés en Belgique, les meilleures troupes franco-britanniques vont être rejetées sur Dunkerque,
00:21où une partie va rembarquer dans un indescriptible chaos.
00:24Ça va coûter très cher à l'armée française.
00:26Ça nous coûte la défaite.
00:28À la fin de cette campagne, près de 2 millions de Français seront faits prisonniers.
00:35Très vite, le mythe d'une armée allemande invincible, avançant au rythme d'une guerre éclair implacable, se fait jour.
00:42Les soldats français auraient été surclassés dans tous les domaines.
00:47La réalité est pourtant bien différente.
00:50Ils n'ont pas le matériel topographique nécessaire pour préparer le terrain,
00:53ils n'ont pas les canons anti-chars nécessaires pour recevoir une division de blindés allemande,
00:58ils en ont 12 au lieu de 48.
01:00Ils n'avaient pas ce qu'il fallait pour recevoir une division Panzer face à eux.
01:05Et si le Blitzkrieg, la guerre éclair, n'avait été qu'une invention après coup de la propagande allemande ?
01:12Si les soldats français avaient été abandonnés à leur sort ?
01:16S'ils avaient été tout simplement trahis ?
01:18Journaliste et historien, j'ai voulu connaître les véritables raisons de cette défaite.
01:28J'ai récolté des témoignages et d'incroyables indices.
01:32Dès le 30 avril, nous recevons un télégramme très clair.
01:35L'Allemagne attaquera entre le 8 et le 10 mai.
01:39Stop.
01:40Axe principal d'effort, Sedan.
01:43Stop.
01:43J'ai traversé le temps.
01:47Des passionnés d'histoire vivante ont reconstitué pour moi la violence des combats.
01:53Avec eux, grâce à eux, j'ai pris conscience des innombrables erreurs commises par l'état-major français.
01:59Dans les Ardennes et la région de Sedan, là où tout s'est joué,
02:02j'ai marché sur les traces de soldats français qui se sont battus comme des lions.
02:06J'ai revécu un drame longtemps passé sous silence.
02:10La bataille de France de 1940.
02:131er septembre 1939, 4h45 du matin.
02:26Les troupes allemandes envahissent la Pologne.
02:28France et Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne deux jours plus tard.
02:32La France, qui a signé un pacte d'assistance mutuelle avec le gouvernement de son allié polonais,
02:37est censée intervenir.
02:38En vertu des accords d'assistance mutuelle entre les deux pays,
02:42la France devrait attaquer, or le général Gamelin, grand chef des armées françaises,
02:47va se contenter de lancer une petite intrusion de neuf divisions dans le sud de l'Allemagne.
02:53Cette offensive avance de dix petits kilomètres en territoire ennemi.
02:56Cette incursion malhabile prouve déjà que la stratégie française, axée sur la défensive, est inadaptée.
03:07Contrairement à ce que l'on pense souvent,
03:10la campagne de Pologne n'a pas été une balade de santé pour l'armée allemande.
03:15La moitié des chars et des véhicules à moteur a été mise hors de combat.
03:18Attaqués sur deux fronts, les troupes polonaises se sont courageusement battues.
03:26À la fin du mois de septembre 1939, après la défaite polonaise,
03:30les Français se retirent du sud de l'Allemagne.
03:33Une occasion a peut-être été ratée.
03:38Les Français, rejoints par les 275 000 hommes du corps expéditionnaire britannique,
03:43s'installent le long de la frontière belge.
03:46La drôle de guerre débute.
03:48Tous espèrent que le blocus maritime,
03:52censé empêcher l'approvisionnement du Reich,
03:54provoquera son effondrement.
03:56Mais cet espoir est illusoire.
03:58Les grands groupes industriels nazis
04:00profitent des investissements des banques américaines depuis plusieurs années.
04:04Les usines, d'armement notamment, fonctionnent à plein régime
04:08et l'URSS se livre des centaines de milliers de tonnes d'aliments et de matières premières au Reich
04:12qui importent massivement du fer de Norvège et du pétrole de Roumanie.
04:18A quelques mois de l'offensive allemande, en France,
04:24tout le monde est persuadé que l'armée française est la meilleure du monde.
04:28Paul Reynaud, alors président du Conseil, déclare eux-mêmes
04:31« Nous vaincrons, parce que nous sommes les plus forts ».
04:35Et c'est vrai que l'armée française et son allié britannique
04:40possèdent des atouts indéniables sur un adversaire dont les moyens sont souvent surestimés
04:44par le renseignement militaire français, aussi appelé « Deuxième Bureau ».
04:49Les forces franco-britanniques comptent 119 divisions d'infanterie contre 135,
04:5712 000 pièces d'artillerie contre 7 378,
05:013 664 chars contre 2439,
05:074 247 bombardiers,
05:101263 chasseurs contre 2589 appareils.
05:16La Wehrmacht ne surclasse donc pas son adversaire franco-britannique.
05:19Sa puissance mécanique aurait-elle été exagérée ?
05:27Sylvain Ferreira est écrivain, spécialiste d'histoire militaire.
05:37Quel est l'état des forces en présence au mois de mai 1940 ?
05:41Alors du côté allemand, la Wehrmacht fait bien évidemment figure,
05:45comme on dirait dans le sport, de « favorite »,
05:47mais c'est une image d'épinal.
05:51Sur les 139 divisions que les Allemands vont aligner,
05:54il n'y a que 10 divisions Panzer ou divisions motorisées
05:57qui sont composées de chars moyens ou légers.
06:02Les Panzer I ou les Panzer II sont plutôt des engins chenillés
06:05que des véritables chars.
06:07Une partie de l'infanterie est composée bien évidemment d'éléments d'actifs,
06:11mais comme l'armée française,
06:12l'armée allemande reste une armée qui marche à pied
06:15et qui est hypo-mobile pour tracter son artillerie,
06:18sa DCA, ses moyens anti-chars.
06:21Et donc elle progresse comme progressait l'armée allemande
06:23et l'armée française 20 ans plus tôt pendant la Première Guerre mondiale.
06:27Et du côté français ?
06:28Alors du côté français,
06:30nos chars B1 bis,
06:32nos chars lourds,
06:33nos chars SOMUA,
06:34sont sur le plan technique bien meilleurs
06:37que les chars allemands moyens.
06:38dans tous les domaines,
06:39ils sont surclassés.
06:41Les Panzer III ou les Panzer IV
06:43ne peuvent pas faire face au B1 bis ou au SOMUA
06:46qui peut les percer avec son canon de 47
06:48sans aucune difficulté.
06:50La difficulté pour l'armée française,
06:51c'est la technique d'emploi des chars
06:53qui est réservée à l'appui d'infanterie,
06:56à la conquête d'objectifs fixes.
06:58Donc l'armée française
06:59ne bénéficie pas d'une organisation
07:02et d'une articulation si souple
07:04que celle des Panzerdivisions
07:05et ne peut pas essayer
07:08de passer à l'offensive
07:09aussi facilement que les Allemands.
07:10Finalement,
07:11la doctrine française
07:13est plus liée à une vision très défensive.
07:16Oui, la France a construit
07:18la ligne Maginot dans cet état d'esprit
07:20de protéger ses frontières
07:21et puis donc de pouvoir
07:23éventuellement contre-attaquer.
07:30Ministre de la guerre
07:31dans le gouvernement tardieu,
07:32André Maginot était parvenu
07:34à obtenir des parlementaires
07:36le vote d'un crédit magistral
07:38de 3,3 milliards de francs,
07:401,5 milliard d'euros,
07:415,5% de la totalité
07:44des dépenses militaires annuelles
07:46pour la construction
07:46d'une ligne de fortification
07:48le long des frontières de la France.
07:51Le chantier, débuté en 1930,
07:54va employer 20 000 ouvriers.
07:56Le dispositif défensif
07:58débute sur les bords
07:59de la Méditerranée
08:00au-dessus de Menton
08:02et se poursuit jusqu'à
08:03la frontière belge,
08:04le long de laquelle
08:05ne sont construits
08:06que quelques ouvrages fortifiés
08:07beaucoup plus petits.
08:09Les plus gros
08:10couvrent 140 km
08:11sur la frontière du nord-est.
08:14La ligne de fortification
08:15se termine donc
08:16au niveau de Sedan,
08:18avec l'ouvrage
08:18de la Ferté sur Chière.
08:20David Armand est bénévole
08:26à l'ouvrage de la Ferté
08:27qu'il connaît
08:28dans ses moindres recoins.
08:36David, quel est le type
08:37de cet ouvrage à la Ferté ?
08:39Eh bien, ici, tu vois,
08:40on a un ouvrage d'infanterie,
08:41ce qu'on appelle
08:42une catégorie 4
08:43dans la terminologie maginaux.
08:45Il est composé
08:45de deux blocs
08:46à cheval sur une crête
08:47et en fait,
08:48son but est d'empêcher
08:50toute pénétration ennemie
08:51dans la vallée
08:52de la petite rivière
08:52qui coule juste en dessous
08:53et qu'on appelle la Chière.
08:54Et quels sont les effectifs
08:56à l'intérieur de cet ouvrage ?
08:58Ici, on a une garnison
08:59de 105 soldats.
09:01Deux officiers,
09:0213 sous-officiers
09:03et 90 hommes de trou
09:04forment l'ensemble
09:05de la garnison.
09:06Le tout, cet ensemble,
09:07est commandé
09:08par le lieutenant
09:08Maurice Bourguignon.
09:10Et comment ces deux ouvrages
09:12s'organisent-ils
09:13dans l'espace ?
09:16Eh bien, ici, en fait,
09:17on a deux blocs d'infanterie.
09:19Le bloc 2,
09:20qui est donc sur la crête,
09:21ce qu'on appelle
09:21la Croix de Ville,
09:22un puits de une grosse
09:25vingtaine de mètres
09:25vous fait descendre
09:27à une galerie de liaisons
09:28qui vous permet
09:29de ressortir par le bloc 1
09:30qui se trouve juste derrière nous.
09:31Et comment les hommes
09:32vivent-ils dans cet ouvrage ?
09:33Eh bien, le mieux, je pense,
09:34c'est de te le faire découvrir, Serge.
09:36Allons-y.
09:37J'adore, moi,
09:38découvrir les endroits secrets
09:40comme ça.
09:48C'est quand même
09:49très profond, en fait.
09:50Ici, la profondeur
09:52de la galerie
09:52se situe environ 19 mètres.
09:55On a...
09:56ça descend d'une traite.
09:57On n'a aucun niveau intermédiaire.
09:59Vous n'avez pas installé
10:00d'ascenseur ?
10:01Aucun ascenseur
10:02n'avait été prévu.
10:03Faute de crédit,
10:04on avait par contre
10:04installé
10:05tout ce qui était
10:06les petits éléments,
10:08ainsi cette porte,
10:09tout le système électrique,
10:10la plateforme
10:11pour le monte-charge
10:12a été prévu,
10:13mais faute de crédit,
10:14ces monte-charge
10:15ne seront jamais installés.
10:19Voilà, ici,
10:20on se trouve
10:20dans une chambrée
10:21dite de troupes.
10:23Alors, on a 14 lits
10:24sur deux niveaux.
10:25C'est assez rustique
10:26et sommaire,
10:27mais il faut bien imaginer
10:27que ce sont quand même
10:28des gens ruraux
10:29qui sont ici,
10:30qui s'acclimatent
10:31de conditions
10:32un peu plus précaires
10:33que...
10:34D'ailleurs,
10:34on voit bien
10:34qu'on a très peu de place.
10:36Oui, c'est très exigu.
10:37Oui, surtout,
10:38au niveau de la promiscuité,
10:40on est quand même
10:41un peu les uns sur les autres.
10:42On voit d'ailleurs
10:42les petits isoloirs
10:44qui n'isolent pas
10:45de grand-chose.
10:45Ça veut dire
10:46qu'il n'y a pas
10:46beaucoup d'intimité
10:47pour ces hommes
10:48qui vivent ici.
10:49Non, on est...
10:50Chacun a son lit, quand même.
10:51Oui, on est tous
10:52les uns sur les autres.
10:54C'est un peu
10:54à la bonne franquette,
10:55à la bonne camaraderie.
10:57Et en fait,
10:58ces sommiers
10:59étaient dotés
10:59de paillasses.
11:00Ensuite, chacun ramenait
11:01son...
11:02sur ce qu'on appelle
11:02un sac à viande,
11:03c'est-à-dire un sac en toile
11:05qui permettait
11:06de dormir individuellement.
11:08Et également,
11:09le roulement
11:10se créait sur trois quarts,
11:11c'est-à-dire qu'on avait
11:12toujours deux lits occupés
11:13et un soldat
11:13son poste de combat.
11:14C'est d'ailleurs
11:15un principe
11:16qui est copié
11:16sur la marine.
11:17Et en termes d'hygiène,
11:19les hommes vivent
11:20dans cet espace clos.
11:22Qu'est-ce qui est prévu ?
11:23C'est vraiment très sommaire,
11:24mais le mieux,
11:24c'est quand même
11:25que je te montre.
11:39Donc voilà,
11:40ça, c'est le seul point
11:41d'hygiène
11:41pour l'eau bloquée.
11:42La Ferté,
11:43dans sa conception,
11:44n'a jamais été
11:45voulu
11:47comme un ouvrage
11:48d'infanterie
11:48au début du moins.
11:50On a eu un ensemble
11:51de casse-mat
11:51et tout ce qui est galerie
11:54et autres
11:54a été rajouté
11:54ensuite sur les plans.
11:55Donc on a été obligé
11:56d'adapter
11:57certaines solutions.
11:58Mais ça oblige
12:00les hommes
12:00à vivre
12:01dans des conditions
12:02d'existence
12:03qu'on pourrait qualifier
12:05de rudimentaires.
12:07Oui, précaires, oui.
12:08D'ailleurs,
12:10il y a un syndrome
12:10qui s'est créé
12:11lorsque tu es dans,
12:13quand tu te trouves
12:14trop longtemps
12:14à l'intérieur d'un ouvrage,
12:16c'est ce qu'on appelle
12:16la bétonite.
12:17C'est-à-dire que le manque
12:19d'exposition au soleil
12:21te fait baisser
12:22tes facultés mentales
12:24et intellectuelles
12:24d'environ 25%.
12:25C'est énorme,
12:27je te dis pour ça.
12:27L'enfermement
12:28peut amener
12:29certains à déprimer
12:31complètement.
12:46Persuadé d'être
12:47à l'abri
12:47derrière la ligne Maginot,
12:49l'armée française
12:50est sur la défensive.
12:52Ce seul terme
12:53en dit long
12:53sur les intentions
12:54des stratèges français.
12:55Le général Gamelin
12:57est convaincu
12:58que les Ardennes
12:59sont infranchissables.
13:01Il a établi un plan,
13:02le plan d'Île-Breda.
13:09Persuadé
13:10que l'assaut allemand,
13:11comme en 1914,
13:12passera par les plaines
13:13de Belgique,
13:14le général Gamelin
13:15s'apprête à expédier
13:16le corps expéditionnaire
13:17britannique
13:18et deux armées françaises,
13:19la première
13:20et la neuvième,
13:21à la rencontre
13:22du corps de bataille
13:22ennemie
13:23pour le stopper
13:24au niveau
13:24de la rivière
13:25d'Île,
13:26au nord-est
13:26de Bruxelles.
13:28La septième armée
13:29devra rejoindre
13:30les faubourgs
13:31de Breda.
13:33La deuxième armée,
13:34commandée par le général
13:35Hutzinger,
13:36défendra le secteur
13:37de Sedan.
13:43Sylvain,
13:43est-ce que le plan
13:44du général Gamelin
13:45fait l'unanimité ?
13:46Alors,
13:47le plan du général Gamelin
13:48ne fait absolument pas
13:49l'unanimité
13:50parce que le général Gamelin
13:51a une personnalité
13:52extrêmement forte.
13:53Il va décider
13:54d'imposer ses vues
13:55à l'ensemble
13:56des subordonnés
13:56qui sont sous sa responsabilité
13:58et il ne va accepter
14:00de leur part
14:01aucune amélioration,
14:03aucune critique constructive,
14:05aucune remarque
14:06et ce,
14:07tout au long
14:07des années
14:08qui amènent
14:09jusqu'à la guerre.
14:10Et lorsque la guerre
14:11éclate,
14:11la situation va encore
14:13s'envenimer
14:13un peu plus
14:14avec son subordonné
14:15direct,
14:16le général Georges
14:17qui commande
14:17le front nord-est
14:19avec lequel il ne s'entend
14:20absolument pas
14:21et on peut dire
14:23que ça va jouer
14:25dans la campagne
14:25de France,
14:26cette mésentente
14:27entre les deux hommes
14:28parce qu'il n'y aura
14:29finalement aucune
14:30communication entre eux.
14:32Pour vaincre,
14:34les Allemands
14:34qui savent
14:35qu'ils n'ont pas
14:35les moyens matériels
14:36de mener une guerre longue
14:37doivent frapper vite
14:39et fort.
14:41Hitler veut attaquer
14:42dès le mois de novembre
14:431939,
14:44mais son état-major
14:45l'en dissuade.
14:46L'offensive
14:47est reportée
14:48à l'année 1940.
14:50Les stratèges
14:50du Reich
14:51auront ainsi
14:51le temps
14:52de peaufiner
14:52un plan d'invasion
14:53qui a été modifié
14:54à plusieurs reprises,
14:56consistant à attaquer
14:57à l'endroit censé
14:58être le plus inattendu.
15:01Établi par
15:02von Manstein,
15:03le plan jaune
15:03consiste en une attaque
15:04coordonnée du groupe
15:05d'armée B
15:06sur les Pays-Bas
15:07et la Belgique
15:08afin d'y attirer
15:09les troupes
15:09franco-britanniques
15:10avant de lancer
15:11le groupe d'armée A
15:12concentrant les deux tiers
15:14des blindés allemands
15:15dans la région
15:16des Ardennes.
15:17Le but des Panzers,
15:18percer à Sedan
15:19et atteindre la Manche
15:20pour prendre au piège
15:21les forces de l'ennemi.
15:23La manœuvre est délicate
15:24car la défense
15:25sur la Meuse
15:26pourrait stopper
15:27l'offensive
15:27et la progression
15:28vers la Manche
15:29se fera en exposant
15:30le flanc gauche
15:31de l'avancée
15:32des blindés allemands.
15:35Malgré quelques réticences
15:37au sein de l'état-major nazi,
15:39l'attaque à travers
15:40le massif de l'Ardenne
15:41reste le seul choix
15:42stratégique envisagé
15:43pour vaincre.
15:44Et aussi fou
15:45que cela puisse paraître,
15:47les Français
15:47avaient envisagé
15:48ce scénario
15:49depuis bien longtemps.
15:50Jean-Gabriel Arter
16:04est historien
16:05et spécialiste
16:06de la campagne de France.
16:07Bonjour Jean-Gabriel.
16:26Bonjour Serge.
16:27Ravie de te retrouver.
16:28De même.
16:29Est-ce que les stratèges
16:30de l'état-major français
16:31n'avaient pas anticipé
16:32le fait que les Allemands
16:33pouvaient attaquer
16:35par les Ardennes ?
16:36Si, bien sûr que si.
16:38En 1932 pour la première fois
16:39et surtout sur l'année 1933
16:41puisqu'on organise un exercice
16:43qui va s'appeler
16:44Hiver 33-34
16:45et qui prévoit
16:47une offensive allemande
16:48en force
16:49avec une division blindée
16:50dans le secteur de Sedan
16:51et qui conclut
16:51qu'une fois passée la Meuse,
16:53il n'y aurait plus d'obstacles
16:54qui empêcheraient
16:55le développement
16:56d'une division blindée allemande
16:57à un terrain ouvert
16:58que soit la suite
17:00des Ardennes.
17:01Malgré cette première expérience,
17:06le 8 avril 1940,
17:08le général Hitzinger,
17:09commandant de la 2e armée
17:10affectée au secteur de Sedan,
17:12déclare qu'il n'y a
17:13aucune mesure urgente
17:14à prendre
17:15pour le renforcement
17:16du secteur de Sedan.
17:18Un autre exercice,
17:19organisé quelques semaines
17:20avant l'offensive allemande,
17:22montre que les militaires français
17:23ont fait preuve
17:24d'une certaine négligence.
17:26Est-ce qu'il y a eu
17:31d'autres exercices
17:32de ce type-là
17:33après 1938
17:34et puis avant l'offensive
17:36qu'on peut qualifier
17:38de fatidique ?
17:39Oui, en 1940,
17:41en avril 1940,
17:42à un mois,
17:43même pas un mois,
17:44de l'offensive allemande.
17:47Le général Hitzinger
17:48qui commande
17:48la 2e armée,
17:49qui est donc
17:49dans le secteur de Sedan,
17:50doit prévoir
17:51une série de possibilités
17:52de rupture allemande
17:53dans son secteur
17:54et le général Bourguignon
17:55qui commande
17:56les chars du secteur
17:58va lui prendre
17:59des hypothèses
17:59d'intervention des chars
18:00pour contrer
18:01une brèche allemande.
18:02L'un des exercices
18:03prévoit donc
18:03la brèche à Sedan.
18:04Ici, en deux temps,
18:05il a lieu d'abord
18:06le 10 et 11 avril.
18:08L'exercice prévoit
18:09qu'une division
18:11blindée allemande
18:12réussisse à percer à Sedan
18:13et que les deux divisions
18:13d'infanterie françaises
18:14qui tiennent le secteur,
18:15la 55e et la 71e
18:17division d'infanterie,
18:18soient capables
18:18de mettre en place
18:19des bouchons anti-chars
18:20qui seraient capables
18:20de disloquer,
18:21c'est le terme
18:21des documents d'époque,
18:22de disloquer
18:23l'offensive
18:24blindée allemande.
18:26Le deuxième temps
18:26de l'exercice
18:27a lieu le 23 avril
18:28et prévoit
18:28que des chars français
18:30d'une division
18:31qui restent de réserve,
18:32donc évidemment
18:32des chars lourds
18:33B1-10,
18:34soient aptes
18:35à contre-attaquer,
18:36supportés par deux bataillons
18:38de chars Renault R35
18:39et par deux régiments
18:40d'infanterie
18:40et de repousser
18:41à la Meuse
18:42une division blindée allemande.
18:43Ça, ça signifie
18:44donc que les français
18:45sont prévenus
18:47ou moins,
18:48en tout cas,
18:48ils sont prêts ?
18:49Non, ils ne sont pas prêts
18:50du tout parce qu'ils préparent
18:52l'exercice
18:53avec peu de moyens.
18:54L'exercice,
18:55c'est une mascarade.
18:57La documentation
18:57pour préparer l'exercice
18:59se limite
18:59à quelques traductions,
19:02des extraits
19:02de Hartung-Panzer
19:03de Guderian,
19:04donc c'est des textes
19:05qui sont théoriques
19:06et qui sont un petit peu
19:06anciens déjà,
19:07des rapports de renseignement
19:09qui datent de 37 et 38,
19:11qui sont totalement désuets,
19:13quelques retours
19:13de la Pologne
19:14mais qui sont insuffisants
19:15et ça.
19:18Un science et vie
19:19de janvier 40,
19:19c'est le document
19:20le plus précis,
19:21je pense qu'ils aient
19:22sous la main
19:22à ce moment-là
19:23et c'est clairement insuffisant.
19:26Il y a une méconnaissance
19:27de l'armée allemande
19:28qui est profonde.
19:29On estime que l'aviation française
19:30est apte à enrayer
19:32l'action de l'aviation allemande.
19:34On sous-estime
19:35les moyens de franchissement
19:36de l'armée allemande.
19:37Donc,
19:38non,
19:38l'exercice n'a pas
19:39grande valeur au final.
19:39Au mois de mai 1940,
19:43dans le secteur des Ardennes,
19:45l'ennemi concentre
19:46320 appareils,
19:48essentiellement des Stukas
19:49et des Messerschmitt.
19:51En face,
19:52l'aviation française
19:53ne peut compter
19:54que sur 20 chasseurs.
19:56Pourtant,
19:57le commandement français
19:57ne s'inquiète guère.
19:59Le 7 mai 1940,
20:01le général Utsinger
20:02déclare encore
20:03qu'il ne croit pas
20:04que les Allemands
20:04aient jamais l'idée
20:05d'attaquer
20:06dans la région de Sedan.
20:08Pourtant,
20:09de nombreux renseignements
20:10montrent le contraire.
20:15Des renseignements
20:17concordants
20:19auraient annoncé
20:20au
20:22l'état-major français
20:23une attaque imminente
20:25des Allemands.
20:27Alors,
20:27ce n'est pas
20:27« aurait annoncé »,
20:28Serge.
20:28C'est « ont annoncé
20:30très clairement ».
20:30L'attaché militaire français,
20:33le capitaine Dunant
20:34au 2e bureau,
20:35a envoyé
20:36un télégramme
20:37très clair.
20:38Je vais te le lire
20:38parce que ça vaut
20:39le détour
20:39pour préciser
20:41ce qui allait se passer.
20:43Dès le 30 avril,
20:44nous recevons
20:45à Berne
20:45d'une source
20:46parfaitement autorisée
20:47et de première main
20:48le renseignement suivant.
20:50« L'Allemagne attaquera
20:52entre le 8 et le 10 mai ».
20:54Stop.
20:55Axe principal
20:56d'effort
20:57« Sedan ».
20:58Stop.
21:00Occupation prévue
21:01de la Hollande,
21:02de la Belgique
21:03et du nord
21:03de la France
21:04en 10 jours.
21:05Stop.
21:07Occupation totale
21:08de la France
21:08en un mois.
21:10Ça signifie donc
21:11que l'état-major
21:12était prévenu ?
21:13Tout à fait.
21:13L'état-major
21:14était prévenu
21:15et contrairement
21:16à ce qu'on a pu dire
21:16pendant très longtemps,
21:18les services de renseignement
21:19militaire français
21:20ont fait leur travail
21:21pendant toute la drôle de guerre.
21:26Le 7 mai,
21:27à Paris,
21:28trois jours avant l'offensive,
21:30dans la salle
21:30de conférence
21:31du Luxembourg,
21:32le sénateur
21:32Pierre Laval lui-même,
21:34futur membre
21:34du gouvernement
21:35de Vichy,
21:36parle de l'imminence
21:37de l'attaque allemande.
21:38Comment le sait-il ?
21:40Difficile à affirmer.
21:41Encore plus fou,
21:45le 8 mai,
21:46l'ambassadeur français
21:47au Vatican,
21:48Charles Roux,
21:49transmet à Paris
21:50le renseignement suivant.
21:51Avant la fin de la semaine,
21:53les forces du Reich
21:54envahiront la Belgique,
21:55la Hollande
21:56et peut-être la Suisse.
21:58L'invasion de la Suisse
21:59n'est qu'hypothétique,
22:00mais les autres
22:01sont annoncés
22:01de sources sûres.
22:06Les fuites
22:07sont si nombreuses
22:08qu'à Berlin
22:09depuis plusieurs jours déjà,
22:10les autorités
22:11du Reich
22:11s'inquiètent.
22:14En France,
22:14pourtant,
22:15personne ne semble
22:16s'affoler.
22:18Et pour cause,
22:19le chef du gouvernement,
22:20Paul Reynaud,
22:21a d'autres problèmes.
22:22Le 9 mai 1940,
22:24il a tenté
22:24de limoger
22:25Gamelin,
22:26commandant en chef
22:26des forces alliées.
22:31Confronté,
22:31encore une fois,
22:32à l'opposition
22:33d'Edouard Daladier,
22:34alors ministre de la guerre,
22:35soumis aux pressions
22:36d'un entourage
22:37composé pour une large part
22:38de pacifiste,
22:40Paul Reynaud
22:40menace de démissionner.
22:45Le 9 mai 1940,
22:47au soir,
22:48à la veille
22:48de l'offensive allemande,
22:50la confusion règne.
22:52L'armée
22:52n'est même pas
22:53un état d'alerte.
22:57Suspendu le 14 avril,
22:59les permissions
22:59ont été rétablies
23:00le 26 avril.
23:02Le 9 mai,
23:03à l'état-major
23:04de l'armée
23:04à Vincennes,
23:05le commandant Baril
23:06des services
23:07de renseignement français
23:08suggère au général
23:09Louis Colson,
23:11futur secrétaire d'État
23:12à la guerre
23:12du gouvernement de Vichy,
23:14de rappeler
23:14les permissionnaires.
23:16Le général lui répond
23:17« Rappeler les permissionnaires ?
23:19Pourquoi faire ?
23:21Ce n'est pas demain
23:21qu'ils auront à se battre,
23:23l'Allemagne se désagrège. »
23:26Mais l'Allemagne
23:26va vite montrer
23:27qu'elle est bien loin
23:28de se désagréger.
23:29Le lendemain 10 mai 1940,
23:37la Wehrmacht
23:37entre aux Pays-Bas
23:38et en Belgique.
23:40Le groupe d'armée B,
23:41dirigé par le général
23:42Von Bock,
23:43avance.
23:45L'armée belge
23:45résiste sur la Meuse
23:46et le canal Albert,
23:48tenu par le fort
23:49d'Eben-Emmaël,
23:50réputé imprenable.
23:56Dans la nuit du 9 au 10 mai,
23:58deux commandos
23:59de parachutistes allemands
24:00prennent deux ponts
24:01sur le canal Albert
24:02qui est franchi aussitôt.
24:06À 4h25 du matin,
24:08ils atterrissent
24:08sur les superstructures
24:09du fort d'Eben-Emmaël.
24:11La surprise est totale.
24:13Les sections
24:14de pionniers allemands
24:15vont faire sauter
24:16les coupoles
24:17à l'aide d'un nouveau
24:18type d'explosifs,
24:19des charges creuses.
24:22Après 36 heures de combat,
24:24la forteresse capitule.
24:26Nous sommes le 11 mai.
24:28à 11h30.
24:32Les alliés pensaient
24:33que l'effort allemand
24:34serait contenu
24:35cinq à six jours.
24:36Malgré le courage
24:37de l'armée belge,
24:38ce ne sera pas le cas.
24:40Ces positions sont enfoncées
24:41dès le lendemain
24:42de l'offensive.
24:43L'armée allemande
24:44est lancée
24:45et très vite,
24:46elle commence
24:46à repousser devant elle
24:47des milliers de réfugiés.
24:50Il faudrait la stopper
24:51et vite.
24:51conformément
24:53au plan prévu
24:54par Gamelin,
24:55les alliés
24:55entrent en Belgique.
25:03Le 10 mai,
25:04au nord,
25:05la septième armée
25:06commandée par le général
25:07Giraud,
25:08qui devait rester en réserve,
25:09se dirige vers la Hollande
25:11en suivant
25:11la côte belge.
25:13Au sud,
25:14la neuvième armée
25:14du général Corab
25:16doit elle aussi
25:17entrer immédiatement
25:17en Belgique
25:18pour s'établir
25:19sur la Meuse,
25:20près de Dinan.
25:20Au centre,
25:22le corps expéditionnaire
25:23britannique
25:24prend la direction
25:24de Bruxelles.
25:26La première armée
25:27prend la direction
25:28de Gamblou,
25:29précédée et couverte
25:30par un corps
25:30de cavalerie.
25:32Le 12 mai,
25:33les troupes françaises
25:34sont au contact
25:34de l'ennemi.
25:36Seul problème,
25:37les Allemands
25:38ont lancé
25:38la seconde partie
25:39de leur offensive
25:40à travers le massif
25:41de l'Ardenne
25:42à l'articulation
25:43entre les neuvième
25:43et deuxième armées
25:44françaises.
25:46Cinq divisions
25:46de Panzer
25:47viennent de traverser
25:48une forêt
25:49censée être impénétrable.
25:50Le 12,
25:52le général Guderian
25:53parvient au bord
25:53de la Meuse.
25:55Les chars Allemands
25:56se rapprochent
25:57dangereusement
25:57de Sedan.
26:03C'est donc ici,
26:04dans le massif
26:04de l'Ardenne,
26:05que tout va se jouer.
26:08Si Sedan tombe,
26:09les Allemands
26:10caracoleront
26:11dans les plaines
26:11de France.
26:12La ville est
26:13un verrou stratégique.
26:14Dès le 10 mai,
26:16dans l'Ardenne belge,
26:17les chasseurs
26:18ardennés
26:18se sont battus
26:19pied à pied
26:19montant des actions
26:21de retardement,
26:22parsemant la route
26:23d'obstacles
26:23et faisant sauter
26:24les ponts.
26:26Les forces allemandes
26:26mettent deux jours,
26:27soit un de plus
26:28que prévu par leur
26:29état-major,
26:30pour traverser le massif.
26:32Mais cette action
26:33de retardement
26:34ne sera pas suffisante.
26:35Sur le versant français
26:41du massif,
26:42quelques maisons fortes
26:43vont tenter encore
26:44de ralentir
26:45l'avancée allemande.
26:47Peine perdue.
26:48A Saint-Mange,
26:49un groupe de quatre artilleurs
26:51commandés par
26:51le lieutenant Boulanger
26:52sert un canon
26:54anti-char
26:54de 25 mm.
26:56Ils tirent
26:56sur les Panzers allemands
26:57qui surgissent
26:58sur le chemin
26:59et en mettent
27:00hors de combat
27:00plusieurs,
27:01avant de céder
27:02sous le nombre
27:03et la puissance
27:04de feu ennemis.
27:05A 14h30,
27:07ce 12 mai 1940,
27:09tout est fini.
27:10Aucun artilleur français
27:12n'en sortira vivant.
27:14Sur tout le front,
27:15la tactique
27:16de progression allemande
27:17est la même.
27:18Les blindés
27:18constituent
27:19le fer de lance
27:20de l'attaque,
27:21soutenu par les bombardements
27:22de l'aviation.
27:25Pendant qu'au sol,
27:26les chars transpercent
27:27rapidement les lignes adverses,
27:29créant ainsi
27:29une brèche
27:30dans laquelle
27:30s'engouffrent
27:31les unités d'infanterie,
27:33dans les airs,
27:34les appareils
27:34de la Luftwaffe
27:35empêchent l'ennemi
27:36de se réapprovisionner,
27:38de redéployer
27:38ses forces efficacement
27:40et d'envoyer
27:41des renforts.
27:42Les forces allemandes
27:43peuvent ainsi
27:44encercler
27:45les troupes ennemies
27:46et les contraindre
27:47à se rendre.
27:47Dès les 10 et 11 mai 1940,
27:531500 chasseurs
27:54et bombardiers allemands
27:55attaquent loin
27:56à l'intérieur des terres,
27:58en Belgique
27:58et en France.
28:00La Luftwaffe,
28:01l'armée de l'air allemande,
28:02noie les points stratégiques
28:03sous un tapis de bombes,
28:05n'hésitant pas
28:06à mitrailler
28:06les milliers de civils
28:07jetés sur les routes.
28:08Pour le général Hutzinger,
28:17commandant de la 2e armée française
28:19à Sedan,
28:19la surprise est totale.
28:21Pire encore,
28:22le dispositif de défense
28:24français dans son secteur
28:25est totalement incohérent.
28:27À Sedan,
28:28le 10e corps français
28:29devrait être renforcé
28:30en cas d'attaque
28:31par une division de réserve,
28:33la 71e.
28:34Or,
28:36le 10 mai au matin,
28:38aucun ordre d'alerte
28:39n'étant parvenu,
28:40cette division se trouve
28:41à 60 km
28:42de la position
28:42qu'elle devrait occuper.
28:44Le 13 mai,
28:45après avoir franchi
28:46l'obstacle des forêts
28:47ardennaises,
28:48l'attaque allemande
28:48débouche sur un dispositif
28:50en pleine réorganisation
28:51qui est facilement rompu.
28:53La situation devient
28:54vite gravissime.
28:56Les réserves
28:57sont quasi inexistantes.
28:58La tactique des Allemands
28:59semble fonctionner à merveille,
29:01d'autant que
29:01les fantassins français
29:02découvrent le pouvoir
29:04de destruction sans pareil
29:05du chasseur-bombardier
29:06Junker-Ju 87,
29:08Stuka.
29:19Armé de trois mitrailleuses
29:21d'un calibre
29:22de 7,92 mm,
29:24larguant avec une grande précision
29:26jusqu'à 500 kg de bombes,
29:28le Junker-Ju 87
29:29est surtout connu
29:30pour les sirènes mécaniques
29:32fixées sur le train
29:33d'atterrissage non rétractable
29:34de l'appareil
29:35et produisant un son strident
29:37lors des attaques en piquet.
29:41Le lieutenant Michard
29:42de la 55e division
29:43d'infanterie écrit
29:44Le fracas des explosions
29:47Le fracas des explosions
29:47maintenant domine tout.
29:48Plus une autre sensation
29:49n'existe.
29:50Bruits hallucinants
29:51de la torpille
29:52dont le sifflement grossit
29:53s'approche,
29:54se prolonge.
29:55On se sent personnellement
29:56visé.
29:57On attend les muscles
29:58raidis.
29:58Nous sommes là,
29:59immobiles, silencieux,
30:01le dos courbé,
30:02tassé sur nous-mêmes,
30:03la bouche ouverte
30:03pour ne pas avoir
30:04le tympan crevé.
30:06L'abri oscille.
30:07Les bombes
30:08sont de tous les calibres.
30:09Les petites sont lâchées
30:10par paquets.
30:11Les grosses ne sifflent pas
30:12en tombant.
30:13Elles imitent
30:14à s'y méprendre
30:15le grondement
30:15d'un train
30:16qui approche.
30:17Les ch'toukas
30:18se joignent
30:18au bombardier lourd.
30:20Le bruit de sirène
30:21de l'avion qui pique
30:21vrille l'oreille
30:22millénaire à nu.
30:24Il vous prend
30:24l'envie de hurler.
30:29Les avions français
30:30semblent totalement
30:31absents du ciel.
30:33Pourtant,
30:34début mai 1940,
30:36l'aviation française
30:36a ligné
30:37100 chasseurs bi-place
30:38Pothèse 63,
30:39150 bombardiers
30:41450 appareils
30:42de reconnaissance,
30:43600 chasseurs
30:44monoplace
30:45rapides
30:45et bien équipés
30:46comme le Moran
30:47Sonier 406,
30:48le bloc MB 151
30:50et surtout
30:51le 2 Wattin 520.
30:55Sans doute
30:56le meilleur appareil
30:56de l'armée
30:57de l'ère française.
30:58Doté d'un moteur
30:59hispano-suisa
31:0012 cylindres en V
31:01développant
31:02une puissance
31:02de 935 chevaux,
31:04le 2 Wattin
31:05D520
31:06d'une envergure
31:07de plus de 10 mètres
31:08et long
31:08de 8,75 mètres
31:10se déplace
31:10à une vitesse
31:11de 540 km heure.
31:13Son plafond
31:14est de 11 000 mètres
31:15et son rayon d'action
31:17de 1250 kilomètres.
31:19Il est équipé
31:20d'un canon
31:21hispano-suisa
31:21de 20 millimètres
31:22doté
31:23de 60 obus
31:24placés dans le nez
31:25et de 4 mitrailleuses
31:26d'un calibre
31:27de 7,5 millimètres.
31:29Un excellent appareil
31:30très mal employé.
31:37Romain Lebourg
31:37a étudié
31:38l'aviation française
31:39au cours
31:39de la campagne
31:40de France
31:40de 1940.
31:41Quelles sont les doctrines
31:52d'emploi
31:52de l'aviation française
31:55et de l'aviation allemande
31:57et est-ce que ces doctrines
31:58sont radicalement différentes ?
32:00Au niveau des doctrines,
32:02on a un point de similitude
32:03qui est que
32:04les deux aviations
32:05doivent soutenir
32:06ce qui se passe à terre.
32:08Maintenant,
32:08si on va un peu plus
32:09dans le détail,
32:10l'armée allemande,
32:10elle,
32:11elle est vraiment taillée
32:12pour cette guerre
32:13et elle intervient
32:14vraiment en soutien
32:14alors que l'aviation française,
32:16elle,
32:16n'a pas forcément
32:17les appareils prévus pour
32:18et surtout,
32:20elle ne va pas envoyer
32:21ses bombardiers
32:21sur le champ de bataille
32:22et vont toujours opérer
32:23derrière les lignes.
32:25Mais cette différence
32:26de doctrine d'emploi
32:29va aussi faire
32:30à la différence
32:31sur le terrain,
32:31je suppose ?
32:33Tout à fait,
32:34puisque quand vous avez
32:35des bombardiers
32:35qui peuvent détruire
32:37les objectifs
32:37qui vous gênent,
32:39c'est un plus
32:40par rapport au moment
32:41où vous devez
32:41simplement compter
32:42sur l'artillerie
32:43et donc aussi
32:44sur vos propres liaisons
32:46pour joindre l'artillerie
32:47au moment voulu.
32:48Ça signifie que
32:49d'une certaine manière,
32:51est-ce que les Allemands
32:52sont plus rapides
32:53à employer leur aviation
32:55que les Français ?
32:56Les Allemands
32:57sont beaucoup plus rapides
32:58à employer leur aviation
32:59parce que les Allemands
33:00mènent une guerre
33:01où l'atout majeur
33:02c'est la rapidité
33:03alors que les Français
33:04restent plutôt
33:05dans un rythme très pépère,
33:07surtout au niveau
33:08vraiment de la transmission
33:09d'informations
33:09et c'est là
33:10que le bas blesse.
33:11Finalement,
33:11on pourrait presque se dire
33:12que les deux doctrines
33:14sont différentes.
33:15On a une doctrine d'emploi
33:16qui est une doctrine
33:17très offensive
33:18du côté allemand
33:19et qui reste,
33:21y compris au niveau
33:22de l'aviation,
33:22très défensive
33:23du côté français.
33:24Ah ben totalement,
33:25l'aviation française
33:26pour l'armée de terre
33:27c'est un parapluie.
33:28Vraiment.
33:29Donc c'est vraiment
33:29quelque chose
33:30qu'on ouvre
33:30quand on a besoin
33:31et puis quand on n'a pas besoin
33:33on referme.
33:34Alors que l'aviation allemande
33:36effectivement
33:36est dans cette stratégie
33:37offensive,
33:38vous avez tout à fait raison
33:39là-dessus.
33:42Et le système d'attaque
33:43combiné des Allemands
33:44fonctionne à merveille.
33:46Dans le secteur de Sedan,
33:47les officiers
33:48essaient de réorganiser
33:49des unités en fuite
33:50sous les bombardements
33:51des Stukas
33:51mais les nouvelles
33:53du front restent confuses.
33:55Les rumeurs vont bon train.
33:56Certains voient déjà
33:57des chars sur la rive gauche
33:58de la Meuse
33:59alors qu'ils n'y seront
34:00qu'à 6h du matin
34:01le 14 mai.
34:03Les deux divisions
34:04d'infanterie,
34:05la 71e et la 55e
34:07refluent vers l'arrière
34:08plus ou moins
34:09en débandade.
34:11Impossible de reformer
34:12une seconde ligne
34:12de défense.
34:14Sedan est à portée
34:15des troupes du Reich.
34:16Pourtant,
34:17le général Utsinger
34:18semble tout ignoré
34:19de ce qui se passe
34:20dans son secteur
34:21alors même
34:21que les pionniers
34:22et les groupes
34:23d'assauts ennemis
34:24sont en train
34:24de franchir la Meuse.
34:26Pire encore,
34:27ce n'est que vers 21h,
34:28ce 13 mai 1940,
34:30que le général Georges,
34:32adjoint de Gamelin,
34:33lui annonce
34:34qu'il s'est produit
34:34un pépin
34:35assez sérieux
34:36à Sedan.
34:38A propos de cette percée,
34:40le 14 mai,
34:41le généralissime Gamelin
34:42déclare
34:43« Ce n'est qu'un intermède
34:44localisé ».
34:46Encore plus fou,
34:48au cours de la nuit
34:49du 13 au 14 mai,
34:50le général Utsinger
34:51a fait déménager
34:52son poste de commandement
34:53vers le sud de Verdun.
34:55Il se trouve désormais
34:56à plus de 80 km de Sedan,
34:59alors que toutes les lignes
34:59téléphoniques ont été coupées,
35:01que la Luftwaffe
35:02pilonne les routes
35:03sans relâche
35:04et que ces hommes
35:05se font tailler en pièces.
35:06se font tailler en pièces.
35:10Jean-Gabriel,
35:11comment expliquer
35:11que les Allemands
35:12se soient emparés
35:13aussi facilement de Sedan ?
35:15Pour te répondre,
35:16il faudrait étudier
35:16trois points.
35:17Le personnel,
35:18le matériel
35:19et la préparation du terrain.
35:21La 55e division d'infanterie
35:23du général La Fontaine,
35:24qui tient le secteur de Sedan,
35:26sur l'aspect du personnel,
35:27est composée de réservistes
35:28de classes plutôt âgées,
35:30donc des hommes
35:30dont le service militaire
35:31et la formation
35:32sont assez lointaines,
35:33de cadres,
35:36notamment d'officiers
35:37qui sont en grande majorité
35:39des réservistes.
35:40Il n'y a que 4%
35:40d'officiers d'actifs,
35:41donc la grande majorité
35:43n'ont jamais connu le feu.
35:44Sur l'aspect matériel,
35:45ils manquent de tout.
35:47Ils n'ont pas
35:47le matériel topographique
35:48nécessaire pour préparer
35:49le terrain,
35:50ils n'ont pas
35:50les canons anti-chars
35:51nécessaires pour recevoir
35:52une division blindée allemande.
35:54Ils en ont 12
35:55au lieu de 48.
35:57Les mines anti-chars
35:58ont été démontées
35:58à la fin de l'hiver
35:59parce qu'elles ont été oxydées
36:00et elles n'ont pas encore
36:01été remontées.
36:02Les 450 mines
36:03sont dans un dépôt
36:04au moment de l'assaut allemand.
36:06Au niveau de la préparation
36:07du terrain,
36:07c'est encore plus catastrophique.
36:09On n'a que quelques blocs
36:11de petites casemates,
36:12il y a une soixantaine
36:13qui ont été construites.
36:14Elles ont été construites
36:15par de la main-d'oeuvre ouvrière.
36:16Elles ont été mal installées
36:18avec un plan de feu
36:19qui n'est pas cohérent.
36:21Il n'y a pas de protection
36:22à l'arrière,
36:22elles ne se couvrent pas
36:23les unes les autres.
36:24La plupart ont été terminées
36:26peu de temps
36:26avant l'offensive allemande,
36:27donc elles n'ont pas été camouflées.
36:28On a donc un béton
36:29bien étincelant
36:30qui sort bien du terrain,
36:32donc qui est bien visible
36:32par les Allemands.
36:34La plupart des armes
36:34qui devaient équiper
36:35ces casemates
36:35n'ont pas été fournies.
36:36C'est la division
36:37qui fournit
36:38ces rares armes anti-chars
36:39dans ces casemates.
36:40Il n'y a pas
36:41de porte blindée
36:42dans les casemates,
36:43il n'y a pas de créneau blindé.
36:44Les réseaux de barbelés
36:46ne sont pas faits
36:48ou sont insuffisants.
36:49Les fossés anti-chars
36:50qui ont été creusés
36:51ne sont pas assez profonds
36:52et surtout ont été en partie
36:54rebouchés
36:55par les intempéries de l'hiver.
36:56Donc le terrain
36:57n'est clairement pas prêt
36:58non plus.
36:59Il n'avait pas ce qu'il fallait
37:00pour recevoir une division
37:01Panzer face à eux.
37:04À 13h,
37:05le 14 mai 1940,
37:07ce ne sont pas moins
37:08de 600 blindés
37:09qui atteignent
37:09la rive ouest
37:10de la Meuse.
37:12Le flot
37:12semble inarrêtable
37:13et les chars allemands
37:14ne se sont pas déplacés seuls.
37:16303 pièces de DCA
37:18ont été acheminées
37:19dans le secteur.
37:20Elles font un carnage.
37:22En une heure,
37:23la Royal Air Force
37:24perd 40
37:24des 71 appareils engagés.
37:27Le 14 mai au soir,
37:2860 000 hommes
37:29et 22 000 véhicules
37:31dont 767 chars
37:32ont franchi la Meuse.
37:35La ville de Sedan
37:36tombe aux mains
37:36des Allemands.
37:46Partout,
37:47les Français se défendent
37:48comme des lions.
37:49Les faits d'armes
37:50des troupes françaises
37:51coloniales souvent
37:52sont nombreux
37:53et en général
37:54oubliés
37:55des livres d'histoire.
37:55En Belgique,
37:59à Anut,
38:00du 12 au 14 mai,
38:01les chars SOMUA S35
38:03du général Priou
38:04détruisent
38:04164 Panzer.
38:07À Gamblou,
38:08du 14 au 15 mai,
38:10les tirailleurs marocains
38:11repoussent
38:11tous les assauts allemands
38:12avant de se replier
38:13faute de munitions.
38:15À Flavion,
38:16le 15 mai,
38:17les chars B1-BIS
38:18de la première DCR
38:19contre-attaquent en vain
38:20faute de carburant.
38:23La route de Bruxelles
38:23est désormais ouverte.
38:24Le dispositif allié
38:26en Belgique
38:27a littéralement éclaté.
38:30Le 15 mai encore,
38:31sur les bords
38:32de la Meuse,
38:32à la Orgne,
38:33une brigade
38:34du Spahi nord-africain
38:35tente pendant 10 heures
38:37de freiner l'avancée
38:38allemande
38:38avant de se rendre
38:39totalement épuisée
38:40et à court de munitions.
38:42Mais tout l'héroïsme
38:46et tout le courage
38:46du monde
38:47ne suffisent pas
38:48à faire oublier
38:49que ces hommes
38:49ont été sacrifiés,
38:51jetés dans un chaudron ardent,
38:52sans aucune considération.
38:55Ce 15 mai à l'aube,
38:56cinq jours après le début
38:57de l'offensive allemande,
38:59le président du Conseil français,
39:00Paul Reynaud,
39:01est déjà désespéré.
39:03À Churchill,
39:04tout nouveau premier ministre
39:05du gouvernement
39:06de sa gracieuse majesté,
39:07il télégraphie.
39:09La contre-attaque menée
39:10contre les Allemands
39:10à Sedan a échoué.
39:12La route de Paris
39:13est ouverte.
39:14La bataille est perdue.
39:19Pourtant,
39:21la campagne de France
39:21est loin d'être terminée.
39:24Incrédule,
39:24Churchill se précipite à Paris.
39:26Il y arrive le 16.
39:28À Gamelin,
39:29il demande
39:29où est la masse de manœuvres,
39:31où sont les réserves
39:32à noms mobilisables.
39:34Gamelin
39:34hausse les épaules.
39:36Il n'y a plus de réserve.
39:37La 7e armée
39:38du général Giraud,
39:39initialement prévue
39:40pour jouer ce rôle,
39:41reflue depuis la Hollande.
39:44Dans ses mémoires,
39:45Churchill,
39:46encore stupéfait,
39:46écrira
39:47« Je dois avouer
39:48que ce fut
39:48une des plus grandes surprises
39:50de mon existence. »
39:53Churchill espère
39:54toujours une stabilisation
39:55du front
39:56et une riposte française.
39:58Il se trompe.
40:00Le 17 mai,
40:01les Pays-Bas capitulent.
40:04Dans le nord,
40:06la 9e armée française
40:07agonise.
40:08Des 4 divisions de chars
40:09dont dispose la France,
40:113 ont déjà été décimées.
40:13Si la 4e est encore intacte,
40:15c'est qu'elle n'est pas encore prête.
40:17Les plans de l'état-major
40:18prévoyaient sa création
40:19pour le 15 mai 1940.
40:23Le chef de cette division,
40:25le colonel de Gaulle,
40:26a depuis le milieu
40:27des années 30
40:28tenté de sensibiliser
40:29militaires et politiques
40:30sur l'emploi
40:31de l'arme blindée.
40:33En 20.
40:36À la mi-mai,
40:37il tente de regrouper
40:38sa division cuirassée
40:39pour lancer
40:40une contre-offensive
40:41sur le flanc
40:41des Panzers de Guderian.
40:44Le 17 mai,
40:46il se lance
40:46à l'assaut
40:47des forces allemandes
40:48à Montcornet
40:48puis à Crécy-sur-Serre
40:49le 19.
40:50Mais ces chars
40:54ne sont pas totalement équipés.
40:56Les hommes manquent de tout,
40:57de vivres,
40:58de munitions,
40:59d'appuis d'artillerie,
41:00de soutien d'infanterie
41:01et pourtant,
41:03ils vont se battre
41:03jusqu'au bout.
41:12Le destin tragique
41:13des hommes de la Ferté
41:14résume à lui seul
41:15cette campagne de France.
41:18Le 14 mai,
41:19sur ordre du général
41:19Lutzinger,
41:20les troupes françaises
41:21évacuent le secteur
41:22en abandonnant
41:23une grande partie
41:24de leur matériel
41:24et de leur armement.
41:26Désormais,
41:27les 106 hommes
41:28de l'ouvrage sont seuls,
41:29privés de troupes
41:30d'intervalle
41:31et d'artillerie de soutien.
41:33Le 16 mai,
41:34les Allemands
41:35montent à l'assaut.
41:46C'est donc ici
41:46que se termine la bataille
41:47puisque une fois
41:49que les garnisons
41:50des deux blocs
41:50ont été chassés
41:52des superstructures
41:53et viennent se réfugier ici.
41:55L'impression de sécurité
41:56est fausse
41:56puisque bientôt,
41:58les sas
41:59qui devaient les protéger
42:00d'une éventuelle intrusion
42:01des fumées
42:02sautent
42:03ou sont détériorés.
42:04ainsi on se retrouve
42:05dans cette galerie
42:06avec une très forte fumée
42:07très toxique
42:08qui force les soldats
42:09à mettre leur masque à gaz.
42:12Et les premiers cas
42:12d'asphyxie
42:13au monoxyde de carbone
42:14interviennent.
42:15Les hommes sont pris ici,
42:16ils sont comme asphyxiés.
42:19Ils sont piégés,
42:20asphyxiés,
42:21le doute s'installe
42:22dans leur tête
42:22sur le fait
42:23qu'ils puissent arriver
42:23à se sortir
42:24de cette situation.
42:26Bourguignon,
42:26comprenant le danger,
42:28lui par contre,
42:28va demander
42:29à plusieurs occasions
42:30l'intervention
42:31de ses supérieurs
42:32afin de l'autoriser
42:33à évacuer son équipage.
42:34Et cette autorisation
42:36lui sera refusée
42:37à plusieurs occasions.
42:38Ainsi,
42:39au bout de quelques temps,
42:41après la chute du bloquin,
42:44les 105 soldats
42:45qui se sont réfugiés
42:46dans la galerie
42:46commencent à halter
42:47sous leur masque.
42:48Le nombre grandissant
42:49de corps
42:50va s'accumuler
42:52et s'amonceler
42:53dans la galerie.
42:54Le dernier appel téléphonique
42:55sera envoyé
42:56à 5h39 du matin.
42:57Après,
42:58on n'aura plus jamais
42:59de nouvelles
42:59d'un membre
43:00de l'équipage
43:00de la Ferté.
43:02Et le lieutenant
43:03Bourguignon lui-même ?
43:05Le lieutenant Bourguignon
43:05reste à son poste
43:06durant tous les combats
43:07puisque le règlement
43:08l'y oblige.
43:10Sera retrouvé
43:11dans sa chambre.
43:13Le masque à gaz
43:14posé à côté de lui
43:15est mort
43:16dans les mêmes conditions
43:16que ses hommes.
43:18Finalement,
43:20est-ce qu'on ne peut pas
43:20considérer
43:21que cet ouvrage
43:22de la Ferté
43:22est assez symbolique
43:25de ce gâchis
43:27de mai 1940 ?
43:29Je pense qu'on peut
43:31aller dans cette voie.
43:32C'est le même scénario
43:33à plus petite échelle.
43:34La dualité
43:35entre les généraux,
43:36la mésentente,
43:37le manque de transmission,
43:39le manque de coordination
43:40dans les actions
43:41offensives et défensives.
43:43Tous ces facteurs
43:43vont aggraver
43:44une situation
43:45que les Français
43:45ne vont jamais maîtriser
43:47aussi bien au niveau
43:47des généraux
43:48qu'au niveau
43:49plus bas de l'échelle
43:50comme le lieutenant
43:50en Bourguignon.
43:53Le 19 mai,
43:54neuf jours seulement
43:55après le début
43:56de l'offensive,
43:57le général Gamelin
43:58est démis
43:58de ses fonctions.
44:01Reynaud a décidé
44:01de le remplacer
44:02par le général Weygand,
44:04un officier de 73 ans
44:05qui est alors très loin
44:06puisqu'il est en poste
44:07en Syrie.
44:08Il va lui falloir
44:09trois jours
44:10pour décider d'un plan
44:11et ce sera finalement
44:12le même que Gamelin.
44:15Le problème,
44:16c'est que rien ne semble
44:17pouvoir arrêter
44:18les soldats
44:18de la Wehrmacht.
44:20Alors que les Français
44:20parcourent 40 km
44:22en une journée,
44:23les Panzers progressent
44:24de 40 km par heure.
44:29À Stone,
44:30du 14 au 24 mai,
44:32les Français bloquent
44:32une partie
44:33de l'offensive allemande.
44:35Mais ce n'est pas suffisant
44:36car le 20 mai,
44:38la 7e division de Panzer
44:39de Rommel
44:40atteint le sud d'Arras.
44:42À 14h,
44:43les Allemands
44:43sont devant Abbeville
44:44dont ils s'emparent
44:45puis atteignent la côte
44:46à 20h.
44:48Le 24 mai,
44:50les Panzers débordent
44:51de Arras
44:52et atteignent
44:52Saint-Omer.
44:53Le même jour,
44:55Boulogne-sur-Mer
44:55tombe.
44:5746 divisions alliées
44:58sont désormais
44:58encerclées,
44:59un million d'hommes.
45:01Il ne restera bientôt
45:02plus qu'un port
45:03pour embarquer,
45:04Dunkerque.
45:08Le 21 mai,
45:09Lord Gort,
45:10chef du corps
45:11expéditionnaire britannique,
45:12a déjà essayé
45:13de rétablir
45:14les lignes de communication
45:15avec les lignes françaises
45:17accrochées sur la Somme.
45:18Il a lancé
45:19les 4e et 7e bataillons
45:21du Royal Tank Regiment
45:22ainsi que la 3e division
45:24légère mécanisée française
45:26fortement amoindrie.
45:29Les unités allemandes
45:30sont d'abord surprises
45:31par la résistance
45:32des chars alliés.
45:33Une soixantaine
45:34de chars français
45:35Hotchkiss et Sommua
45:36et une centaine
45:37de tanks britanniques
45:38dont une petite vingtaine
45:39de Matida Mark II.
45:41Un char d'assaut
45:43de 24 tonnes
45:44dont l'épaisseur
45:45du blindage frontal
45:4678 mm
45:48dépasse celle
45:49de tous ses adversaires
45:50mais dont la puissance
45:51de feu,
45:52un canon de 40 mm,
45:54s'avère vite insuffisante.
45:58Les forces allemandes
45:59sont si secouées
46:00que Rommel est persuadé
46:01d'être attaqué
46:02par 5 divisions.
46:03Au cours de la seule journée
46:04du 21 mai,
46:05il perd 400 hommes
46:07et une vingtaine
46:07de blindés.
46:09Mais, une fois encore,
46:11la contre-attaque
46:11est stoppée
46:12par le feu
46:12des canons anti-aériens
46:13de 88 mm
46:14et par l'intervention
46:16d'une escadrille
46:16de Stuka.
46:19Dépourvus de soutien aérien,
46:20incapables de tenir
46:21le terrain conquis
46:22faute de renfort,
46:24les alliés
46:24doivent se replier.
46:26L'échec
46:27de la contre-offensive
46:28sur Arras
46:28achève de convaincre
46:30Lord Gort
46:30qu'il n'y a plus
46:31qu'une seule issue
46:32possible pour le corps
46:33expéditionnaire britannique,
46:34se replier au plus vite
46:35sur Dunkerque
46:36pour embarquer.
46:38Il suffirait alors
46:39à la Wehrmacht
46:40de pousser son avance
46:41pour réduire
46:41en néant ses ennemis.
46:43Mais le Führer
46:44va prendre
46:44une décision
46:45surprenante.
46:48Le 24 mai,
46:49Adolf Hitler
46:50assez bizarrement
46:51fait arrêter
46:52ses troupes
46:53qui pourraient
46:54écraser
46:55le corps expéditionnaire
46:56britannique
46:56et l'armée française
46:58dans la poche
46:59de Dunkerque.
47:01Comment expliquer
47:02cet arrêt ?
47:04Alors, en fait,
47:04Hitler,
47:05son obsession,
47:06ce n'est pas
47:06d'écraser la France
47:07ou la Grande-Bretagne
47:08immédiatement.
47:09On l'a dit,
47:10le début de la guerre
47:10pour lui est plutôt
47:11une surprise.
47:12Son obsession,
47:13c'est l'Union soviétique,
47:15la croisade
47:15contre le bolchevisme
47:16et la création
47:17d'un espace vital
47:18à l'Est
47:19pour le peuple allemand.
47:20Donc, il est dans des dispositions
47:23de faire une paix
47:25sur une victoire,
47:26on va dire,
47:26à moitié gagnée,
47:27une victoire partielle
47:29contre les Occidentaux
47:30pour peu qu'il puisse
47:31ensuite retourner son armée
47:33sur son objectif principal.
47:35Et donc,
47:35pendant trois jours,
47:36il va laisser la diplomatie
47:38jouer son rôle.
47:41Le 24 mai,
47:42à Londres,
47:43le War Office
47:43ordonne le retrait
47:44du matériel lourd
47:45à partir du Havre.
47:46Deux jours plus tard,
47:49le 26 mai,
47:50à 18h57,
47:51le gouvernement britannique
47:53lance l'opération Dynamo,
47:55l'évacuation par la mer
47:56des troupes bloquées
47:56à Dunkerque.
47:59Lord Gort
47:59a reçu l'ordre
48:00de ne pas informer
48:01les généraux français
48:02du début de l'évacuation.
48:05De son côté,
48:06le général Weygand
48:07veut gagner du temps
48:08pour établir
48:08un front défensif
48:09échelonné en profondeur.
48:12Il envisage
48:12de mettre en place
48:13des camps retranchés,
48:14des hérissons.
48:16Ces points fortifiés
48:18permettent de mobiliser
48:19les forces de l'assaillant
48:20sur plusieurs positions
48:21très bien défendues
48:22et de contre-attaquer
48:23sur le flanc des unités
48:24contournant ces zones
48:26de résistance
48:26en les coupant
48:27de leurs éléments
48:28de soutien.
48:30Cette défense
48:31à hérissons
48:31doit permettre aux alliés
48:32le maintien d'un corridor
48:34d'une centaine
48:34de kilomètres de long
48:35reliant la région
48:37de Lille à Dunkerque.
48:39Au 25 mai,
48:40la ligne de front
48:40part de Gravelines,
48:42passe par Saint-Omer,
48:43Béthune,
48:44Bouchin,
48:45Roubaix
48:45et va jusqu'à la région
48:46de Bruges.
48:48Le gros des forces
48:49franco-britanniques
48:50occupe la zone sud.
48:52Au nord,
48:53l'armée belge
48:54est retranchée
48:54derrière la Lys.
48:58Mais ces lignes craquent.
49:00Les Belges
49:00sont incapables
49:01de passer à l'offensive.
49:03Pire encore,
49:04leur front est enfoncé
49:05en plusieurs points
49:06par les coups de boutoir
49:07de la 6e armée allemande.
49:08Les Belges
49:09n'ont plus de réserve.
49:11Si leur front
49:11s'effondre,
49:12le corps expéditionnaire
49:13britannique
49:14sera menacé
49:15sur son flanc
49:15et ses possibilités
49:17de repli vers Dunkerque
49:18dans le cadre
49:19d'un éventuel embarquement
49:20seront considérablement réduites.
49:23Le 27 mai,
49:24les Panzers
49:25repartent à l'assaut.
49:26Ils ne sont plus
49:27qu'à 8 kilomètres
49:28de Dunkerque
49:28et pilonnent la ville.
49:32Après des jours
49:32de lutte acharnée,
49:33le 28 mai,
49:34les Belges capitulent.
49:356 divisions françaises
49:37de la 1ère armée
49:38sont encerclées
49:39dans l'île
49:39qu'elles vont défendre
49:40âprement jusqu'au 31 mai.
49:43La poche de Dunkerque
49:44s'étend de Nieuport
49:45à Gravelines.
49:46Elle n'est plus
49:47qu'un petit réduit
49:48dans lequel
49:48400 000 soldats alliés
49:50sont coincés.
49:537 divisions françaises
49:54vont y combattre
49:55jusqu'à l'épuisement
49:56de leurs munitions,
49:57clouant sur place
49:58les forces adverses
49:59et retardant
50:00l'assaut final
50:00sur Dunkerque.
50:02Le 4 juin,
50:04à 3h30 du matin,
50:05l'opération Dynamo
50:06s'achève.
50:07Près de 340 000 soldats
50:09ont été évacués,
50:10dont plus de 200 000 britanniques.
50:13250 navires
50:14sur les 860 engagés
50:16au cours de l'opération
50:17ont été coulés.
50:20Dans la matinée,
50:22les troupes allemandes
50:23pénètrent dans Dunkerque
50:24et font prisonnier
50:25les 35 000 soldats français
50:27qui ont protégé
50:28l'évacuation
50:28jusqu'au dernier moment
50:30et n'ont pas pu
50:31être embarqués.
50:33Ces hommes,
50:33sans armes lourdes
50:34qui se sont battus
50:35à 1 contre 10
50:36voire 1 contre 30
50:38dans certains secteurs
50:39ont permis
50:40le miracle
50:40de Dunkerque.
50:42Mais les alliés
50:43viennent de perdre
50:431 200 000 hommes
50:45dont beaucoup
50:46de prisonniers
50:46et des tonnes
50:47de matériel.
50:49Plus de 10 000 soldats
50:50de la Wehrmacht
50:51sont morts
50:51malgré l'avancée
50:53stupéfiante
50:53des Panzers.
50:54Sylvain,
50:57la progression rapide
50:58des troupes allemandes
50:59est-elle le résultat
51:00de cette doctrine,
51:01le Blitzkrieg,
51:03la guerre éclair,
51:03que l'on invoque souvent
51:05pour expliquer
51:05la défaite française
51:06du mois de mai 1940 ?
51:08Alors en fait,
51:09la Blitzkrieg en 1940,
51:11finalement,
51:12les historiens
51:12se rendent compte
51:13aujourd'hui
51:13que c'est un mythe.
51:15Certes,
51:16la Wehrmacht possède
51:17avec ses 10 Panzer Division
51:18les moyens
51:19de faire une rupture
51:20rapide du front,
51:21le système interarme
51:22à l'intérieur des unités
51:23avec la Louvre à feu
51:25et l'appui aérien
51:26des Stuka.
51:27Tout ça fonctionne
51:27effectivement très bien
51:28mais ne fonctionne
51:29que pour ces unités-là
51:31et que pour un temps donné.
51:33Et donc aujourd'hui,
51:34on considère
51:35qu'effectivement,
51:36les Allemands
51:37sont capables
51:37de rompre le front,
51:38de se répandre
51:39sur les arrières adverses,
51:41mais ça se limite à ça.
51:42Et c'est surtout
51:42une grande surprise,
51:44une surprise
51:45qui a bien voulu avaler
51:46le quartier général français.
51:47Les services de renseignement
51:48avaient fait le travail,
51:50mais c'est surtout
51:50une surprise tactique
51:52sur les moyens
51:52qui sont employés
51:53pour sidérer l'adversaire
51:54et ensuite progresser.
51:56Mais on n'est pas encore
51:57au niveau d'une pensée
51:59sur l'exploitation
52:00dans la profondeur
52:01et finalement,
52:02même en 1941
52:03contre l'Union soviétique,
52:05l'armée allemande
52:05ne sera toujours pas prête
52:06à mettre en œuvre
52:07cette fameuse blisterie.
52:10Le 5 juin,
52:11Paul Reynaud
52:11se débarrasse enfin
52:12de Daladier,
52:13son ministre de la guerre,
52:14et nomme le général de Gaulle
52:16sous-secrétaire d'État
52:17à la guerre.
52:17Il veut durcir son cabinet
52:20car de nombreux généraux
52:21et ministres
52:22parlent depuis longtemps
52:23de cesser le combat.
52:26C'est qu'après la chute
52:26de Dunkerque,
52:28l'offensive allemande
52:29a repris.
52:30C'est la deuxième phase
52:31du plan jaune,
52:32la curée.
52:33Le 5 juin,
52:37Rommel et la 7e Panzer
52:38se trouvent dans la région
52:39de Flexicourt et Bourdon.
52:42Le 6 juin,
52:43la 7e armée résiste
52:44mais la 10e armée française
52:46est coupée en deux.
52:47Le 7 juin,
52:49Rommel s'empare de Rouen.
52:50Le 9,
52:51il atteint la Seine.
52:52La ligne française recule.
52:56Le 10 juin au matin,
52:57les engins de reconnaissance
52:58de la Wehrmacht
52:59sont en vue de la Manche
53:00aux petites dalles.
53:0150 000 soldats alliés
53:03sont encerclés.
53:05Ils espèrent rembarquer
53:06à partir des ports
53:06de Saint-Valéry et Dieppe
53:08en vain.
53:13Au cours de cette folle cavalcade,
53:15les Allemands capturent
53:1612 généraux
53:17dont le général Giraud,
53:18patron de la 7e armée,
53:2046 000 hommes,
53:22100 canons,
53:2358 chars
53:24et 1 000 camions.
53:27A partir du 10 juin,
53:29la guerre est virtuellement terminée.
53:32Le gouvernement quitte Paris
53:33pour se réfugier à Bordeaux.
53:34L'armée française
53:35est en retraite
53:36sur toute la largeur
53:37du territoire.
53:38Toutes les divisions
53:39sont désorganisées
53:40et mélangées
53:41à des milliers de réfugiés.
53:44Le même jour,
53:46Mussolini vole au secours
53:47de la victoire.
53:48Il déclare la guerre
53:49à la France
53:50et attaque dans les Alpes.
53:52Mal lui en prend.
53:53Pendant près de 15 jours,
53:55les 185 000 Français
53:56du général Hollery
53:57vont faire face
53:58à 300 000 Italiens
54:00auxquels ils infligent
54:01des pertes très lourdes
54:02sans céder
54:03un pouce de terrain.
54:09Le 12 juin,
54:10le général Végan
54:11annonce
54:12en Conseil des ministres
54:13que la guerre est perdue
54:14et il dit même
54:15que ce sont ses mots
54:16qu'il faut demander
54:18la fin des hostilités.
54:20Est-ce que c'est vraiment le cas ?
54:22Le général Végan
54:23était déjà prêt
54:24à faire la même chose
54:25aux alentours du 25 mai.
54:27Il était déjà prêt
54:28à offrir l'armistice.
54:29Il avait d'ailleurs demandé
54:30à De Gaulle
54:30de sauver l'honneur
54:31avec les opérations
54:32à Montcornet,
54:33Crécy-sur-Serre.
54:34Donc on a une partie
54:35effectivement
54:36du Conseil des ministres
54:37qui est favorable
54:39à s'entendre
54:40avec les Allemands
54:40et à signer l'armistice.
54:42Mais la situation militaire,
54:44quand on l'étudie
54:44de très près,
54:45est assez différente.
54:47Et effectivement,
54:47la France n'a plus
54:48que 71 divisions
54:49sur le papier
54:50qui sont capables
54:51de se battre.
54:52Mais elle a encore
54:52sa marine qui est
54:53complètement intacte.
54:54La Royal Air Force
54:55a gardé des réserves.
54:57La Royal Navy
54:57est encore intacte
54:58elle aussi.
54:59Et puis surtout,
55:00la France peut s'appuyer
55:01sur son empire.
55:03L'empire qui était vanté
55:04dans les films de propagande.
55:06Nous vaincrons
55:06parce que nous sommes
55:07les plus forts,
55:08parce que l'empire
55:09nous offre
55:09une profondeur stratégique
55:11que seule la Grande-Bretagne
55:12a comme la France
55:13qui peut nous permettre,
55:15notamment à travers
55:15l'Afrique du Nord,
55:16de poursuivre la lutte.
55:18Et si le gouvernement
55:19l'avait voulu,
55:20si le gouvernement
55:20avait écouté un homme
55:21comme De Gaulle ou Mandel,
55:23on aurait pu continuer
55:24cette lutte
55:24depuis l'Empire
55:25quitte à sacrifier
55:26une partie de la métropole.
55:30Le 13 juin,
55:32les Allemands
55:32forcent la Basse Seine
55:33et débordent Paris.
55:35Ils prennent alors
55:35la route de la Bretagne
55:36et de Cherbourg
55:37où les Anglais
55:38rembarquent le 18 juin.
55:40La garnison
55:40se rend le lendemain.
55:43Plus à l'est,
55:44la 12e armée
55:45et Guderian
55:45avancent également
55:46très vite.
55:48Chaumont est pris
55:48le 14 juin,
55:50Besançon et Vesoul,
55:51le 16.
55:52La frontière suisse
55:53est atteinte
55:53le 17.
55:55Les Français
55:56du groupe d'armée
55:56numéro 2
55:57sont isolés
55:58dans les Vosges,
55:59attaqués par le groupe
56:00d'armée C
56:00depuis la Sare.
56:02Au centre,
56:03malgré la résistance
56:04sur les ponts
56:04de Saumur,
56:06la Seine
56:06et la Loire
56:06sont rapidement franchis.
56:08Le 14 juin
56:15à l'aube,
56:15les Allemands
56:16sont rentrés
56:16dans Paris
56:17déclarée ville ouverte.
56:19À Bordeaux,
56:19c'est la confusion.
56:21Le gouvernement
56:21est divisé.
56:22Depuis plusieurs jours,
56:24deux camps s'affrontent.
56:25Pétain et Végan
56:26exigent l'armistice.
56:28Le président du conseil,
56:29Paul Reynaud
56:29et le général de Gaulle
56:30souhaitent poursuivre
56:31la lutte
56:32depuis l'Afrique du Nord.
56:34Le 16 juin,
56:36Paul Reynaud
56:36démissionne.
56:38En annonçant
56:43le 17 juin
56:44alors même
56:44qu'il vient d'être investi
56:45son intention
56:46de demander
56:46un armistice,
56:48le maréchal Pétain
56:49pousse des centaines
56:50de milliers de soldats
56:50à l'abandon
56:51et au renoncement.
56:53Sur les 1 500 000
56:55prisonniers français,
56:561 100 000
56:57sont capturés
56:57entre le 18
56:58et le 25 juin.
57:01En six semaines
57:01de lutte,
57:02les Français
57:02ont perdu
57:035 000 hommes par jour,
57:05un chiffre effarant,
57:06digne des pires pertes
57:07du premier conflit.
57:09Mais le courage
57:10des Français
57:10n'est pas en cause.
57:12Les forces du Reich
57:12accusent 47 000 tués
57:14dans la même période.
57:15La campagne de France
57:16est loin,
57:17très loin,
57:18d'avoir été une balade
57:19de santé
57:19pour la Wehrmacht.
57:24La France sera le seul
57:25des pays vaincus
57:26dont le gouvernement
57:27va accepter de traiter
57:28avec l'ennemi,
57:29rompant ainsi
57:29avec les accords passés
57:31avec son allié britannique.
57:33Belges et néerlandais
57:34se réfugient à Londres
57:36pour poursuivre la lutte.
57:39Le 22 juin,
57:41un général français
57:41signe l'armistice
57:42dans la clairière de Rotonde
57:44selon une mise en scène
57:45établie par les Allemands.
57:47C'est Charles Hutzinger,
57:48le commandant
57:49de la 2e armée
57:49à Sedan.
57:51Nommé ministre de la guerre
57:52dans le gouvernement
57:53de Vichy
57:53le 6 septembre 1940,
57:55il sera,
57:56le 3 octobre
57:57de la même année,
57:58l'un des signataires
57:59de la loi portant
58:00sur le statut des Juifs.
58:05Hitler peut jubiler.
58:08Au général Keitel,
58:09il lance
58:09« Maintenant,
58:11nous avons montré
58:12ce dont nous sommes capables.
58:13En comparaison,
58:15une campagne
58:15contre la Russie
58:16ne serait que
58:17de la stratégie de chambre. »
58:20La seconde guerre mondiale
58:21ne fait que commencer.
58:50Sous-titrage Société Radio-Canada
59:20de l'un des signataires.
59:21Sous-titrage Société Radio-Canada
59:23Sous-titrage Société Radio-Canada

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