- 12/05/2025
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00:00Le carrefour de l'info sur Arabelle.
00:06Et dans ce carrefour de l'information, je vous le disais en introduction dans les titres,
00:11la sécurité, le bien-être et la vulnérabilité de nos enfants et de nos adolescents.
00:16En Belgique, le nombre de fugues, de cas d'exploitation sexuelle ou encore de violences en ligne ne cesse d'augmenter.
00:21Selon le tout dernier rapport annuel de Child Focus, les chiffres ont doublé en trois ans.
00:25On voit tout cela avec notre invitée aujourd'hui, Nel Brothart, directrice générale de Child Focus.
00:31Bonjour.
00:31Bonjour.
00:32Merci d'être avec M. Arabelle.
00:34Peut-être avant d'aller dans le détail, pour commencer, nous parler un petit peu de Child Focus et de ses missions, si vous voulez bien.
00:40Child Focus est la fondation pour enfants disparus et sexuellement exploités.
00:44Donc ça veut dire qu'on traite tous les jours des cas des enfants qui sont victimes de ces deux phénomènes.
00:50Dans la disparition, on a par exemple la fugue, mais aussi les enlèvements parentaux.
00:55et la disparition des mineurs non accompagnés.
00:59Dans l'exploitation sexuelle, on a deux grands axes.
01:02On a d'un côté l'exploitation sexuelle hors ligne, presque.
01:05Donc c'est l'exploitation dans la prostitution.
01:08Et quand même aussi pas mal de dossiers d'exploitation sexuelle des enfants en ligne.
01:13On verra ça en détail dans quelques instants.
01:15Le nombre de dossiers traités par Child Focus a doublé en trois ans.
01:19Qu'est-ce que cela nous dit en termes sur l'état actuel de notre jeunesse chez nous en Belgique ?
01:24Le titre de notre rapport annuel était que Child Focus, c'est une quête quand même très fort pour nos jeunes aujourd'hui.
01:31Heureusement, il y a aussi beaucoup de jeunes qui vont bien.
01:33Donc ça, il faut toujours garder en tête.
01:35Mais nous, on voit quand même qu'il y a de plus en plus de jeunes qui souffrent,
01:38qui sont en difficulté, qui ne savent pas comment agir,
01:41comment solutionner une situation qui parfois est très grave.
01:44et ça va amener à des risques qui vont prendre soit par fuguet, par exemple,
01:50mais aussi quand on regarde tout ce qui est l'exploitation sexuelle des jeunes.
01:53C'est un phénomène qui augmente.
01:55Et donc là aussi, on voit qu'il y a de plus en plus de jeunes qui sont en souffrance.
01:59Alors vous parlez, je vois ici, d'un appel à l'aide de la part des jeunes.
02:02Est-ce que cela veut dire que nos institutions ne les écoutent plus, ne les entendent plus ?
02:07Pour commencer, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui font un travail magnifique.
02:13Il y a beaucoup d'intentions pour écouter nos jeunes, pour être là ensemble avec nos jeunes.
02:17Mais on vit dans une situation, dans une société, dans une époque qui n'est pas évidente.
02:22Pour personne, ni pour les adultes, mais certainement pas non plus pour les jeunes.
02:26Et les jeunes nous expriment quand même souvent et régulièrement que c'est difficile pour eux,
02:31qu'il y a plus de troubles mentaux, il y a plus de tentatives de suicide ou des pensées noires.
02:37Chez nos jeunes, donc c'est quand même un signal très fort qu'on ne peut pas nier,
02:41qui est donné et amené par nos jeunes.
02:44Est-ce qu'on est capable de les écouter ?
02:47Forcément, apparemment pas assez, parce qu'on voit les dossiers qui augmentent,
02:50on voit les problématiques qui augmentent aussi.
02:54Donc est-ce qu'on est en capacité de les écouter ?
02:57Apparemment pas assez en tout cas.
02:58Autre question, Nel Brotard, c'est-ce que le manque de structure, d'accueil
03:02et la complexité de ce secteur de l'aide à la jeunesse
03:05sont devenus des facteurs disons inquiétants ?
03:09En tout cas, ça joue un rôle qui n'est pas positif.
03:12Là aussi, il y a beaucoup de gens avec beaucoup de bonnes intentions
03:15et tout le monde qui veut aider.
03:17Mais on voit que tous les systèmes d'accueil sont pleins.
03:21Il y a des listes d'attente partout.
03:23Il y a un manque de staff, des gens, des ressources
03:26pour travailler avec de plus en plus de jeunes qui ont besoin de ces structures.
03:30Et là, on voit en effet l'effet du fait que le secteur de l'aide à la jeunesse
03:35mais aussi d'autres types d'institutions ne sont plus vraiment capables
03:38à répondre à ces jeunes ou aux besoins de ces jeunes au quotidien
03:42que ça va amener à des situations desquelles les jeunes vont fuguer, par exemple,
03:48parce que ça ne va vraiment pas, parce qu'il n'y a pas le soutien qu'il leur faut.
03:52Donc oui, c'est une situation qui devient de plus en plus grave.
03:56Et là aussi, on va voir ça dans nos chiffres, par exemple, dans la fugue.
04:00Pendant longtemps, on avait souvent un peu moitié et moitié
04:03de nombre de jeunes qui fuguent de chez eux à la maison
04:06et la moitié qui fuguait d'une institution là où ils vivaient.
04:10Aujourd'hui, on voit que plus de 70% des jeunes qui fuguent, fuguent d'une institution.
04:15Donc ça dit quand même aussi clairement quelque chose,
04:17la situation qui est vécue par les jeunes à ce niveau-là.
04:20Alors vous parlez de fugue, justement, qu'est-ce qu'il faudrait changer concrètement
04:24dans la prise en charge de ces jeunes en fugue
04:26pour éviter qu'ils basculent là dans l'exploitation finalement ?
04:30La fugue, c'est toujours un symptôme de quelque chose qui ne veut pas bien.
04:34Donc on ne doit certainement pas voir la fugue
04:37ou même arrêter de voir la fugue comme un problème de comportement des jeunes.
04:41La fugue est toujours un signal très fort
04:43qui est exprimé par le jeune
04:47pour montrer qu'il est dans une situation grave,
04:50au moins dans sa perception,
04:51et pour laquelle il ne trouve pas de solution.
04:53Et la fugue est souvent une manière de vraiment trouver des solutions
04:57pour montrer qu'il y a quelque chose qui doit changer.
05:01Donc là, je pense qu'il y a la situation clé
05:04où on doit vraiment écouter ces jeunes
05:06et voir pourquoi est-ce que tu as fugué,
05:08pourquoi est-ce que tu as pris cette décision
05:10avec tous les risques qui viennent avec
05:11et comment est-ce qu'on peut éviter cette situation dans le futur ?
05:15Alors il y a un chiffre interpellant,
05:16je lis ici 94% des jeunes victimes d'exploitation sexuelle
05:21dans la prostitution avaient fugué.
05:23Comment expliquer cette situation ?
05:25C'est un cheminement des gens entre guillemets logique ?
05:27Oui, quelque part oui, malheureusement.
05:31Je dois le dire, nous on voit souvent les jeunes
05:34qui sont exploités dans la prostitution,
05:37bien évidemment avec des liens dans la fugue,
05:39dans les deux sens.
05:41D'un côté, si les jeunes fuguent,
05:44c'est toujours une tentative de trouver une solution.
05:46Ils vont souvent sous-estimer les risques
05:48auxquels ils seront confrontés pendant la fugue
05:51et ils sont quand même plus vulnérables
05:54aux mauvais rencontres par exemple
05:56avec des gens qui sont mal intentionnés
05:58et qui peuvent essayer de convaincre les jeunes
06:02à, je ne vais pas dire rentrer dans un réseau,
06:06mais quand même qu'ils vont vraiment faire sorte
06:08qu'ils rentrent dedans.
06:09Ce qui va faire sorte qu'après,
06:11ils vont continuer à fuguer
06:12pour rester en contact
06:15avec tout ce système d'exploitation
06:17dans lequel ils se retrouvent
06:18et duquel ils ne savent plus sortir.
06:20Vous venez d'évoquer les réseaux.
06:22On va aller maintenant dans le détail du détail.
06:25Vous mentionnez l'action de Proxénètes Adolescents.
06:27Comment fonctionnent, disons, ces réseaux
06:29et comment repérer leur agissement ?
06:32Les Proxénètes Adolescents,
06:34c'est en fait exactement ce que ça dit.
06:36Ce sont vraiment des trafiqueurs d'êtres humains
06:38qui vont abuser la vulnérabilité des jeunes
06:42pour les exploitations dans la prostitution,
06:45donc qui vont obliger les jeunes à se prostituer.
06:49Souvent, il y a vraiment des systèmes
06:51très sensibles liés à ça
06:53et un peu superflus.
06:55Mais de toute façon,
06:56ils vont essayer de créer des liens
06:58avec des jeunes, soit matériels,
07:00soit psycho-affectifs,
07:01pour vraiment lier les jeunes à leur personne
07:06et pour après exploiter cette situation-là.
07:09Souvent, il y a différents Proxénètes
07:11qui vont collaborer
07:12et il y a vraiment des jeunes
07:13qui sont donnés de Proxénètes à Proxénètes
07:15pour être exploités à plusieurs reprises
07:18avec plusieurs types de clients, entre guillemets.
07:21Alors, il y a aussi le sexting.
07:22Les chiffres concernant le sexting non consensuel
07:25chez les moins de 14 ans sont alarmants.
07:27Est-ce que, d'après vous, Nel Bottas,
07:30l'école est suffisamment équipée
07:32pour faire avant tout et toute chose
07:34de la prévention ?
07:35On voit dans tous les types de dossiers
07:38d'exploitation sexuelle des mineurs en ligne,
07:40donc le sexting non consensuel,
07:42mais aussi le grooming, par exemple,
07:43où les adultes font contacter les jeunes
07:45à des fins sexuelles.
07:48On voit que les victimes deviennent
07:50de plus en plus jeunes.
07:51Donc, on voit maintenant pas mal de victimes
07:53même en école primaire.
07:56Donc, ça nous montre
07:57qu'il faut vraiment ouvrir la discussion
07:59avec ces jeunes qui sont déjà connectés,
08:01qui sont déjà en ligne,
08:03mais qui ont encore un âge
08:05qui ne sont pas âgés.
08:07Ce sont des jeunes enfants.
08:09Donc, oui, c'est primordial
08:10qu'étant parents, étant école,
08:13on va parler de ce sujet,
08:14même si ça nous met un peu le mal à l'aise
08:16avec les enfants.
08:18De l'autre côté, on ne peut pas mettre
08:19toutes les responsabilités
08:20chez les parents, chez les professeurs.
08:23Il y a souvent, de toute façon,
08:25un cadre législatif
08:27qui doit protéger ces jeunes,
08:29qui doit faire sorte que toutes ces plateformes
08:31sur lesquelles ces enfants se retrouvent
08:33sont sûres qu'il n'y a pas la possibilité
08:36d'être contactés par des adultes
08:39avec des mauvaises intentions,
08:41ou d'autres jeunes avec des mauvaises intentions.
08:43Donc, oui, il y a un travail à faire
08:44par les parents et par l'enseignement,
08:47dans le cadre de l'Evras, par exemple.
08:48Mais à côté de ça, il nous faut aussi
08:50un bon cadre législatif au niveau de la politique
08:53qui va mettre ces plateformes
08:55devant leurs responsabilités
08:56et vraiment protéger nos enfants en ligne.
08:59Oui, ça, c'est un autre débat.
09:01Les deep-nudes de présent
09:02qui alimentent un nouveau type
09:04de violence numérique.
09:05D'abord, c'est quoi les deep-nudes ?
09:06Et est-ce que vous avez des retours
09:07des victimes ?
09:07Comment les accompagner, justement ?
09:09Les deep-nudes, c'est en fait,
09:11à nouveau, en lien avec des images intimes
09:13qui sont diffusées des jeunes
09:15par d'autres personnes.
09:16Mais dans un deep-nudes,
09:18on n'a plus besoin de l'image de base.
09:20C'est vraiment créé avec de l'EI,
09:22avec de l'intelligence artificielle.
09:24Donc, ce n'est pas une vraie photo,
09:26entre guillemets, de l'enfant.
09:28Mais c'est très, très, très réaliste.
09:30Donc, on ne peut même pas dire
09:32que ce n'est pas l'enfant en question en vrai,
09:34mais que c'est développé par l'EI.
09:37Donc, pour les victimes,
09:38c'est exactement le même ressenti.
09:40Soit si c'est ta photo
09:41qui est utilisée par quelqu'un d'autre
09:43ou c'est une photo créée,
09:44toi qui es utilisée par quelqu'un d'autre,
09:47c'est aussi grave que ça pour les victimes.
09:50Donc, là aussi,
09:50c'est très important de les prendre au sérieux,
09:53de ne jamais dire
09:53« mais ce n'est pas vrai,
09:55ce n'est que construit ».
09:57C'est le même ressenti,
09:58le même ressenti de vraiment une atteinte
10:00à l'intégrité sexuelle de l'enfant même.
10:03Et donc, on doit vraiment soutenir les enfants,
10:06faire sorte que ces images ne peuvent plus
10:08continuer à circuler,
10:10et là aussi,
10:11faire sorte que l'EI n'est pas capable
10:13de développer ce type d'image des enfants
10:16qui n'ont aucun sens dans notre monde.
10:18Et justement,
10:19face à l'explosion des images d'abus,
10:20que peut faire justement Child Focus
10:21pour mobiliser les célèbres plateformes
10:25Instagram, Telegram ou Snapchat ?
10:28Aujourd'hui,
10:29on a déjà des contacts bilatéraux
10:31avec toutes ces plateformes.
10:32On est souvent ce qu'on appelle
10:33« trusted flagger »,
10:34ce qui veut dire que nous,
10:36on peut aider les victimes
10:37à faire retirer des images
10:39de leur part qui se retrouvent
10:41sur ce type de plateforme-là.
10:43C'est déjà très bien que ça existe,
10:45mais on compte quand même aussi très fort
10:47sur une pièce de législation européenne,
10:49le fameux DSA,
10:50le Digital Service Act,
10:52qui doit maintenant être implémenté
10:54pour la Belgique
10:55pour rendre ce statut
10:56de « trusted flagger » obligatoire,
10:58que les plateformes ne peuvent plus
11:00décider de ne pas agir
11:02sur base d'un rapport qu'on leur donne.
11:05Donc là aussi,
11:05il y a un grand potentiel
11:07pour faire sorte
11:07qu'on peut faire plus dans le futur.
11:09Alors vous estimez
11:10que les mécanismes juridiques
11:11actuels européens
11:12ne sont pas suffisamment
11:13actifs et réactifs ?
11:15Il y en a qui sont bien.
11:16Par exemple,
11:17ce fameux Digital Service Act,
11:19dont je parle maintenant,
11:20c'est vraiment une bonne pièce
11:21de législation
11:22dont on espère vraiment bien
11:23que ça sera bien implémenté
11:24au niveau de la Belgique.
11:26Il y a d'autres pièces
11:27législatives
11:29qui pour nous
11:30ne sont quand même
11:31pas assez puissantes.
11:33Et donc on doit vraiment
11:34continuer à investir là-dedans.
11:37Quand on parle
11:37de l'exploitation sexuelle en ligne,
11:39c'est vraiment le niveau
11:40européen qu'on doit regarder.
11:41Encore une dernière question
11:42avant de nous quitter,
11:43si vous le voulez bien.
11:44Si vous avez un message
11:45à faire passer
11:46aux autorités politiques
11:47européennes chez nous
11:48et notamment aux jeunes
11:49qui nous écoutent,
11:50quel serait ce message ?
11:52Je pense de un,
11:53pour les jeunes eux-mêmes,
11:55osent parler.
11:55Si quelque chose
11:56ne va pas bien,
11:57parle-en.
11:58Cherche-toi une personne
11:59de confiance
12:00chez qui tu veux te confier
12:02parce que rester seul
12:04avec un problème
12:04n'est jamais une bonne solution.
12:06Il faut du soutien.
12:08Et donc alors,
12:09aux adultes,
12:09j'ai envie de dire
12:10écoute nos enfants,
12:12écoute nos jeunes,
12:13demande comment ça va
12:14et essaye de trouver
12:16des situations,
12:17des solutions
12:17pour leurs problématiques.
12:19Et du coup,
12:19au monde politique,
12:21fais sorte qu'il y a
12:21ce type de soutien,
12:23de solutions,
12:24de structures,
12:24d'accueil
12:25pour vraiment soutenir
12:27tous les jeunes
12:28qui en ont besoin.
12:29Soutenir tous les jeunes
12:30qui en ont besoin.
12:30C'est la conclusion
12:31de Nel Brothards.
12:32Je rappelle que vous êtes
12:33directrice générale
12:34de Child Focus.
12:35Merci d'avoir été avec nous.
12:36Merci beaucoup.
12:36On se retrouve
12:37dans quelques instants
12:37pour la suite
12:38de votre carrefour de la Faux.
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