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Nathan Devers : «Cette génération a vécu deux ans de grand enfermement»
CNEWS
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25/04/2025
Ecrivain, Nathan Devers s'est exprimé sur l'attaque au couteau à Nantes : «Cette génération a vécu deux ans de grand enfermement».
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News
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D'abord, il y a une sorte d'exigence de prudence quand on commente un drame de cette nature,
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parce que nous allons écouter le procureur à 18h,
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et dans les jours et les semaines qui viendront, nous aurons davantage d'informations.
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Pour l'instant, nous ne les avons pas toutes.
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De ce que nous savons, nous pouvons, je crois, faire plusieurs pistes de raisonnement.
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La première piste de raisonnement, alors moi j'ai beaucoup de réticence à parler de la jeunesse,
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comme si c'était une sorte de classe sociale monolithique.
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Pour une raison très simple, c'est que dans les sciences sociales, on ne parle jamais de la jeunesse,
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on sait qu'il y a des jeunesses qui sont éclatées, qui sont différentes,
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qui ont des situations et des conditions qui n'ont rien à voir les unes avec les autres.
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En revanche, ce qu'on peut remarquer, c'est que cette génération-là,
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la génération de ceux qui sont au collège ou au lycée aujourd'hui,
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c'est une génération qui a été marquée dans son intégralité par au moins deux phénomènes.
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Un premier phénomène qui est celui que j'appellerais la virtualisation de l'expérience humaine.
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Moi, ma génération, elle est séparée d'une dizaine, quinzaine d'années de celle-ci.
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Mais elle a une différence, c'est que nous sommes entrés dans les réseaux sociaux,
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nous avons connu un monde social qui est entièrement numérisé, qui est dématérialisé,
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mais nous avons quand même le souvenir, proche ou lointain,
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d'un monde qui n'était pas encore immergé dans les réseaux sociaux.
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Je crois que la nouvelle génération, un peu à la manière d'Obelix et de la potion magique,
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est tombée dedans.
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Et que donc, elle ne peut pas toujours faire la part des choses entre le virtuel et le réel.
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Et quand je dis ça, il n'y a aucun mépris.
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C'est parce que c'est ce qui lui est proposé en matière de configuration du monde.
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Alors ça, ça a des vertus, mais ça a aussi des limites.
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Et une de ces limites, c'est que la virtualisation du monde,
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par les réseaux sociaux, par le numérique, par le digital,
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c'est notamment le risque que chacun s'enferme dans la bulle de ses propres convictions,
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de sa propre idéologie, de son propre cercle.
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Et que si vous voulez, il renonce à l'idée que le réel vienne le cogner,
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que le réel vienne lui montrer une altérité qui est différente
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de ce qu'il veut voir du monde extérieur.
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Et ça, ça peut présenter un danger, notamment pour tous les jeunes
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qui sont attirés, même de manière confuse, même de manière nébuleuse,
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par des idéologies qui vont être extrêmement radicales.
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C'est le premier point.
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Le deuxième point, je pense qu'il faut quand même se souvenir
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de ce que cette génération, je crois que le suspect avait 10 ans au moment du Covid,
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10 ou 11 ans.
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Donc cette génération a vécu quand même 2 ans de grand enfermement
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à un âge, comme tout le monde, mais à un âge où l'individu est censé se développer,
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avoir ses premières amitiés, avoir ses premières expériences sentimentales,
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avoir ses premières expériences de découverte du monde.
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Je crois qu'à l'époque, nous étions très peu à dire, faisons attention.
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Moi, je me souviens, je ne dis pas ça pour me citer, je n'étais pas le seul,
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mais je me souviens qu'une fois, j'avais dit, attention, cette génération,
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nous créons des dégâts sur elle.
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Et peut-être qu'un jour, elle nous en voudra un peu de la voir enfermée
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à une heure où elle ne devait vraiment pas s'enfermer.
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Ça, c'est le deuxième élément.
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Et le troisième élément, c'est que je crois que nous devons nous interroger
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sur le fait que, quel exemple les adultes donnent-ils aujourd'hui à la jeunesse ?
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Je prends une expérience un peu radicale, mais vous êtes un jeune collégien,
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vous vous mettez sur Twitter le matin, vous vous connectez sur X,
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vous voyez votre fil d'actualité, vous voyez quoi ?
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Vous voyez des adultes et l'élite de ces adultes, des responsables politiques,
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des intellectuels qui donnent un spectacle, si vous voulez, affligeant de la société.
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On voit aujourd'hui des responsables politiques qui, massivement,
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injectent dans la société des idéologies qui sont violentes,
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des idéologies qui stigmatisent, des idéologies qui montent les uns contre les autres.
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On voit des responsables politiques de façon plus concrète
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qui, tous les jours, engendrent du harcèlement contre des individus sur Twitter.
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Aujourd'hui, les réseaux sociaux, c'est devenu une sorte d'énorme guillotine quotidienne
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où une victime expiatoire, chaque matin, toutes les 24 heures,
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est choisie plus ou moins au hasard et elle est livrée comme ça à la vindicte de la foule.
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Je crois qu'une jeunesse qui grandit dans un monde où les adultes,
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et entre guillemets, non pas les meilleurs de ces adultes,
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mais les plus puissants, les plus exposés, les plus publics de ces adultes,
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offrent un spectacle de cette nature, c'est aussi une jeunesse
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qui va avoir tendance à pouvoir, en tout cas pour les personnes
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qui peuvent présenter des profils un peu borderline,
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rentrer dans des comportements ultra-violents et basculer.
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