- 24/04/2025
Avec Amine Benyamina, chef de service de psychiatrie et d'addictologie de l'hôpital Paul-Brousse à Villejuif, président la Fédération française d'addictologie (FFA) et auteur de "Addictions. Manuel de premier secours" (Marabout)
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NewsTranscription
00:00Sud Radio, la vérité en face, Christine Bouillaud.
00:03Allez, vous continuez de nous appeler 0826 300 300 pour réagir également.
00:09Et évoquer le sujet avec notre invité, on est ravis de vous recevoir, Dr Amine Beniamina, bonjour.
00:15Bonjour.
00:15Vous signez aux éditions Marabout, addiction, manuel de premier secours.
00:21Les drogues sont partout, passer au travers, j'avais envie de vous dire, une fois qu'on a lu tout ça,
00:26passer à travers toutes ces addictions, ça va des plus connues.
00:30Tabac, alcool, et puis on va jusqu'aux écrans, mais au milieu, il y a quand même aussi des choses assez dangereuses.
00:35On se dit que ceux qui passent à travers les gouttes et les mailles du filet s'en sortent bien, mais comment font-ils ?
00:41Allez, on va envoyer un message optimiste, c'est la grande majorité qui passe au travers.
00:46On parle d'addiction, l'addiction c'est une maladie chronique, invalidante, qui fait souffrir la personne et son environnement.
00:52Vous savez qu'on a une phrase classique, nos addictologues, on dit, lorsqu'une personne boit, il y en a cinq qui trinquent.
00:58En vérité, on peut élargir ça à l'ensemble des addictions.
01:01Donc la grande majorité des Français peuvent expérimenter, peuvent consommer, peuvent abuser, mais les addictions, ça reste du culot du fond.
01:09Et le livre, il est fait pour l'ensemble des personnes, l'ensemble des Français.
01:12On leur explique comment s'évaluer, on a des cas, on explique le rationnel, on explique ce que la littérature dit, la science dit, et puis on donne des exemples.
01:22Donc ne soyez pas effrayés, ne pensez pas que tout le monde est addict, mais ceux qui sont addicts trouveront aussi des solutions dans l'ouvrage que vous avez montré, évidemment.
01:29Oui, les deux principales, les deux plus connues, dont on parle beaucoup, où il y a des campagnes de prévention de santé publique, c'est le tabac et l'alcool, évidemment.
01:38Le coût social, le coût économique, il est colossal.
01:43D'abord, on va commencer par le coût humain.
01:46Tous les ans, le tabac et l'alcool, j'imagine que vous parliez de ça, fait un Covid.
01:51120 000 morts, tous les ans, tous les ans, tous les ans.
01:5242 à peu près, l'alcool, et entre 75 et 78 000, le tabac.
01:58Donc tous les ans, ce sont des produits licites, encadrés, mais licites.
02:02Les campagnes, évidemment, elles sont différenciées.
02:05Le tabac, il y a une vraie mobilisation nationale et internationale, on a fait des choses remarquables.
02:09On a reculé la prévalence du tabac, les morts liées au tabac, et on a chassé le tabac de l'espace public.
02:15Oui, mais il y a d'autres substituts qui arrivent.
02:19Complètement.
02:20Et la nicotine, c'est très bien la nicotine.
02:23Par contre, on a l'industrie du tabac qui s'est renouvelée à travers une industrie de la nicotine aussi.
02:28Il faut faire attention.
02:28Pas toutes, mais certaines.
02:30Ça, c'est important.
02:31Pour l'alcool, on est encore pas très bon.
02:34Sans dire mauvais, on est encore sur le balbutiement.
02:38C'est pas très clair, les informations n'arrivent pas, comme il faut.
02:42D'ailleurs, je le dis, je le répète.
02:44Il n'y a pas la grande campagne que l'on devrait mettre en place qui concerne tout le monde.
02:48Il y a des niches.
02:49Et donc, on essaie de compenser les associations, les initiatives citoyennes, comme le défi de janvier, le dry generi, que vous avez relayé largement à Sudraio, je le sais.
02:58Donc ça, c'est pas mal.
02:59Mais l'État n'est pas encore au rendez-vous de la maturité des Français.
03:03Les Français sont mûrs sur le sujet.
03:04Oui, mais ils sont mûrs.
03:05Mais ce que vous dites également dans le livre concernant l'alcool, vous dites que c'est aussi des moments plaisir.
03:10Bien sûr.
03:11Tout est une question de curseur.
03:14Alors, on n'est pas là pour empêcher les Français de consommer de l'alcool ou de boire du vin, tout ça.
03:18On est là pour dire quels sont les effets et les personnes et les circonstances dans lesquelles les facteurs de vulnérabilité qui fragilisent peuvent peut-être vous amener à un moment ou à un autre à, finalement, sortir du sillon et souffrir d'un plaisir.
03:32Les addictions, c'est toujours du plaisir à la dépendance.
03:35Assez souvent, c'est souvent le système qui est à l'origine des addictions, c'est aussi à l'origine du plaisir.
03:41Le jeu, l'alcool, les boissons, le sucre, le sexe, c'est la même cible.
03:48Simplement, à un moment donné, ça nous échappe.
03:50Oui, ça nous échappe.
03:52Le regard de la société sur les addictions est assez terrible.
03:57Souvent, on assimile ça à ce que vous dites, à une faiblesse personnelle.
04:01C'est une maladie.
04:02Je parle au psychiatre, là.
04:03C'est une maladie, une maladie dont on connaît maintenant les ressorts à la fois psychologiques et neurobiologiques.
04:08Sur le plan neurobiologique, je ne vais pas lasser vos auditeurs, ça va être rapide.
04:12Il y a des zones dans le cerveau qui ont été identifiées de manière très claire,
04:16qui, stimulées par la prise de ces produits, va entraîner une espèce de prise de pouvoir, finalement, de notre capacité à nous abstenir.
04:23C'est ce qu'on appelle le système de récompense.
04:25Et comme son nom l'indique, il y a une vraie récompense à consommer ces produits.
04:29Il y a du plaisir et il y a une explosion de la dopamine, par exemple, pour faire court.
04:33Et ça, on le sait.
04:34Ensuite, ça ne suffit pas.
04:36Il faut avoir les conditions psychologiques ou de caractère.
04:41Il y a des personnes qui aiment bien expérimenter les choses, qui aiment bien pousser les limites.
04:46On n'est pas tous égaux là-dessus.
04:48Et puis, il y a l'offre.
04:49Il y a l'offre.
04:50Si vous habitez dans un endroit où il n'y a pas d'alcool, vous ne serez pas alcoolique, forcément.
04:54C'est difficile d'échapper à l'alcool aujourd'hui.
04:55On est d'accord.
04:56Si vous habitez dans un endroit où il n'y a pas de cannabis, où il n'y a pas d'héroïne,
05:00où il n'y a pas de médicaments, où il y a des tournées,
05:02ça vous sera difficile d'aller devenir addict.
05:05Donc, c'est un concours de circonstances qui rassemble les trois grands éléments des addictions.
05:10La personne, le produit et l'environnement.
05:12Donc, on est là-dessus.
05:13Est-ce que quand on perd une addiction, qu'on s'en débarrasse, on la remplace par une autre ?
05:18Pas forcément.
05:19C'est ce qu'on appelle l'overlap sur la théorie de...
05:21Non, pas forcément.
05:22En revanche, on peut avoir des profils de personnes qui, je les ai un peu cités,
05:28qui ont besoin à la fois de s'exciter et de se sédater, qui peuvent passer d'un produit à un autre.
05:33L'essentiel étant de se stimuler pour être à un niveau, finalement,
05:39un niveau qui leur permette de se sentir bien.
05:41Il n'y a pas d'âge, vous dites, pour devenir addict.
05:44Alors, par contre, il y a un âge dans lequel, à partir duquel on a de fortes chances de devenir addict
05:49et de fortes chances d'avoir des dommages à l'addiction.
05:53C'est ce qu'on appelle la précocité du contact et de la consommation.
05:58Toutes les études le montrent, et l'observation clinique,
06:00vous avez en face de vous d'abord un clinicien,
06:01ce n'est pas le professeur de médecine qui a écrit le livre,
06:04même si j'ai signé professeur Amin Benyamina.
06:06C'est l'homme de terrain, oui.
06:07L'homme de terrain en contact et qui a donné des clés
06:10à ceux qui n'ont pas encore osé pousser la porte des cabinets
06:14pour pouvoir trouver une solution pour s'en sortir.
06:17Il n'y a pas d'âge.
06:18En revanche, lorsqu'on consomme tout,
06:21on l'a même expérimenté en laboratoire,
06:24on augmente ses risques de devenir dépendants.
06:26Et on a l'âge de 15 ans qui est clairement identifié dans les études.
06:2915 ans.
06:30Ce qu'on appelle la précocité de la consommation.
06:32Et c'est eux qui peuvent probablement
06:34développer des maladies psychiatriques et même somatiques plus tard.
06:38Ça veut dire que la question de la santé mentale
06:39est aussi intimement liée.
06:41On parle de santé mentale aujourd'hui.
06:43On essaye d'en faire un grand plan national.
06:46Ce n'est pas simple de trouver quelqu'un pour aller consulter.
06:50Tout est lié.
06:51Est-ce que l'État, la puissance publique,
06:54met véritablement les moyens pour lutter contre les addictions
06:57ou est-ce qu'on est plutôt dans le curatif ?
06:59Pas suffisamment.
07:00La France a une grande qualité.
07:02C'est un pays où on fait de la médecine de très grande qualité.
07:06Mais on a les défauts de ces qualités et vice-versa.
07:10On est très bon curatif.
07:11On n'est pas très bon préventif.
07:13Et je pense que le volet prévention n'est pas suffisamment à porter.
07:17On n'est pas suffisamment à porter.
07:19Et sur les addictions, c'est quand même un sujet particulier.
07:21On est à la fois sur de la santé, du social et du politique.
07:24Vous voyez actuellement, les informations qui tournent autour des drogues,
07:27ce sont des informations à juste titre qui parlent de la répression et de la sécurité.
07:31Je pense que la seconde jambe a un terrain vite arrivé.
07:34Alors, vous êtes le président de la Fédération Française d'Addictologie.
07:37Je le précise aussi.
07:38Le président du réseau de prévention des addictions.
07:41Donc, vous avez une vue à 360 et sur le plan également international.
07:47Vous passez en revue à peu près toutes les addictions.
07:51On a parlé de l'alcool, du tabac.
07:53On va parler du cannabis aussi.
07:54On parle de la cocaïne.
07:55On parle des médicaments.
07:56On parle aussi de ces nouvelles drogues.
07:59Et on pense notamment, parce qu'en ce moment,
08:01il y a une commission d'enquête parlementaire sur TikTok
08:03qui se met en place, qui parle donc des écrans, de nos enfants, de nous-mêmes.
08:08Les écrans, c'est si grave que ça ?
08:10Vous savez que j'ai remis un rapport avec le président de la République
08:12puisque j'ai président de la commission écran.
08:15Ce n'est pas si grave.
08:16Mais c'est un fait de société dans lequel il va falloir se reprendre en main.
08:21La technologie qui est à l'origine de ce phénomène qui nous concerne tous,
08:24puisqu'on l'a tous sous la main, est arrivée il y a 20 ans.
08:27Et en 20 ans, on a explosé, sur le plan technique, les performances.
08:32Et on a oublié qu'on avait aussi derrière cela
08:34une véritable industrie de la captation qui s'est mise en place.
08:38Ce qu'on appelle l'économie de la captation à travers les algorithmes,
08:41à travers les plateformes.
08:42Et nos jeunes sont meilleurs que nous.
08:44Et donc, étant meilleurs que nous,
08:45ils ont été la cible finalement de cette industrie.
08:50L'idée, ce n'est pas d'évacuer les écrans.
08:52Ça nous a aidés.
08:53Le Covid nous a permis de rester ensemble.
08:55Ça a permis de réduire les inégalités sociales et territoriales.
08:59Il faut réguler.
09:01Il faut repartir sur les bornes d'âge.
09:03Comment vous faites pour réguler les écrans ?
09:05C'est l'autodiscipline.
09:06C'est un mouvement social et sociétal.
09:08Tout le monde doit prendre conscience.
09:10Les parents, quand on a écrit ce bouquin,
09:12quand on a remis ce rapport,
09:14on les a écoutés, on les a auditionnés,
09:16on a auditionné la société, on a auditionné les jeunes.
09:18Il y a comme si on était un déclencheur d'une prise de conscience générale.
09:22Vos collègues journalistes, mes amis, mes collègues médecins me disent
09:26« C'est vrai que moi aussi j'ai ce problème à la maison. »
09:28Moi, à titre personnel, je me suis appuyé sur mon programme,
09:32sur mon rapport que j'ai montré,
09:33pour montrer en m'an dernier qu'il était temps peut-être de lâcher.
09:37Et je n'ai pas encore gagné.
09:38Donc il y a quelque chose de l'ordre de la prise de conscience,
09:41de remettre à sa place cet outil qui est utile,
09:44qui ne devienne pas un outil qui nous annihile et qui nous colonise.
09:49Il ne faut pas le rejeter, il faut le réguler.
09:52Allez, on continue cette conversation avec vous,
09:55docteur Amine Benyamina, qui sortait ce livre
09:57« Addiction, le manuel de premier secours. »
09:59Trouvez la force de vous libérer.
10:01Juste après la pause, on va justement regarder comment
10:03ce livre est très bien fait,
10:05parce qu'il y a des quiz, vous donnez des éléments,
10:10de quoi mesurer sa propre dépendance,
10:13parce qu'il y a aussi la dépendance au sport,
10:14c'en est une.
10:16Est-ce que c'est si grave que ça d'ailleurs ?
10:18Mais ça fait partie des choses sur lesquelles on peut s'interroger.
10:20Et puis vous pouvez nous appeler ou poser une question
10:22à notre invité au 0826 300 300.
10:25Vous savez, vous avez la parole sur Sud Radio.
10:28A tout de suite.
10:29Sud Radio, la vérité en face.
10:32Christine Bouillaud.
10:33Et vous nous appelez, vous n'hésitez pas.
10:34Si vous voulez, posez des questions à notre invité.
10:37Addiction, manuel de premier secours,
10:38signé aux éditions Marabout par le professeur Amine Benyamina.
10:41C'est un manuel de survie, mais aussi pour trouver la force.
10:46Je voulais qu'on fasse un chapitre avec vous,
10:49parce que la question du cannabis aujourd'hui,
10:51on voit les ravages en termes de sécurité.
10:54Aujourd'hui, ce combat avec les narcotrafiquants de la société
10:57face à ce qui est en train de se passer,
10:59cette société qui n'arrive pas à trouver la parade
11:03pour lutter contre ce trafic de cannabis.
11:05Vous vous dites clairement dans votre livre,
11:07il faut ouvrir le débat clairement et nettement
11:09sur la légalisation du cannabis.
11:11Oui, parce que je pense qu'il faut faire une politique
11:15de réduction des risques pour nos jeunes.
11:17Le problème, je l'ai dit tout à l'heure,
11:19ce sont les jeunes qui consomment des produits
11:21fortement dosés, dangereux, de manière précoce.
11:25Il y a, tout le monde le sait, il ne faut pas être hypocrite,
11:27il ne faut pas se cacher, il y a des adultes qui vont bien
11:29et qui consomment du cannabis, mais qui alimentent ce trafic.
11:33Il est utile comme l'ont fait certains pays,
11:35mais le débat est ouvert.
11:37Moi, je veux bien qu'on peut consommer du cannabis,
11:39mais qui doit être certainement provisionné par l'État.
11:44Parce que certains disent,
11:46ceux qui sont contre la légalisation du cannabis,
11:48disent que c'est la porte d'entrée pour d'autres consommations.
11:52Mais vous vous dites déjà la première chose,
11:54c'est qu'en légalisant, on a un contrôle sur la qualité du produit.
11:57La qualité du produit, parce que c'est ce qui,
11:59on le voit bien dans toute la littérature scientifique,
12:02le titrage à la qualité du produit est à l'origine
12:04de grosses maladies psychiatriques très dangereuses.
12:07C'est-à-dire ?
12:08La schizophrénie, les maladies, les troubles de l'humeur,
12:11les dépressions, et puis on ne sait pas ce qu'il y a dedans.
12:13Et puis c'est ce qui alimente finalement le réseau.
12:16Il y a une règle, la prohibition alimente le trafic.
12:18Regardez la prohibition d'alcool dans les années aux États-Unis,
12:21ça a été terrible, c'est ce qui est à l'origine de la mafia américaine.
12:24Donc on a un élément pragmatique.
12:28Et il ne faut pas avoir de la morale derrière ça.
12:30Il y a un vrai problème de santé publique.
12:32A titre personnel, moi je ne suis pas là pour prescrire du cannabis,
12:35c'est ça, ce n'est pas le but.
12:36J'ai mis du temps pour arriver à ce constat.
12:38C'est ce qu'on appelle la politique de réduction des risques.
12:41Et ça a été l'élément qui a cheminé dans les esprits
12:44de nos collègues des autres pays et dans les autres États.
12:48Je sais que c'est un sujet inflammable,
12:50moi je ne dis pas qu'il faut le faire comme ça,
12:52ce n'est pas le professeur Benyamina qui dicte les choses,
12:54ce n'est pas ça.
12:55Je dis qu'il faut ouvrir les débats.
12:56Et les Français sont tout à fait mûrs vis-à-vis de ce type de sujet.
13:00Et protéger, protéger, interdire, protéger les jeunes,
13:03protéger les personnes souffrant de maladies mentales.
13:09Et surtout, casser le privilège,
13:13casser l'exclusivité finalement de la drogue par les trafics.
13:17C'est terrible, c'est ce qui se passe.
13:18Question toute simple, pourquoi n'y a-t-il pas des médicaments miracles
13:24pour lutter contre toutes ces addictions ?
13:26A chaque addiction, sans médicament, on se lève le matin,
13:30on prend un cachet comme quand on en met à la tête.
13:33C'est une bonne question, vous savez pourquoi ?
13:34Parce que l'industrie pharmaceutique,
13:36qui comme vous le savez est une industrie privée,
13:39qui investit beaucoup mais qui veut avoir un retour sur investissement,
13:43pour l'instant n'a pas encore mis le paquet
13:45pour essayer de trouver des médicaments capables, évidemment,
13:49de lutter contre ce qu'on appelle le craving,
13:50c'est le point commun, contre les addictions.
13:52Mais s'ils mettent le paquet, ils trouveront la solution,
13:55j'en suis convaincu.
13:56Et donc là-dessus, il va falloir leur donner envie aussi.
13:59C'est pour ça qu'il faut sortir de l'ornière les problèmes d'addiction.
14:02Tous les Français ont un problème,
14:05que ce soit pour eux ou pour leur entourage,
14:07avec une addiction.
14:08Je ne comprends pas pourquoi on a un phénomène aussi présent,
14:12avec peu de mobilisation à la fois politique, scientifique et sociétale.
14:16Le phénomène aujourd'hui chez les jeunes,
14:19chez les sportifs aussi par exemple,
14:22mais c'est la facilité déconcertante.
14:24Il n'y a pas une soirée où la cocaïne n'est pas présente,
14:27dans la jeunesse française et la jeunesse européenne aussi.
14:30Aujourd'hui, vous dites la cocaïne de la poudre aux yeux.
14:32Ça vous affole ?
14:36On a triplé l'expérimentation de la cocaïne,
14:39ce sont les dernières données de l'AFDT.
14:42On a augmenté la qualité de ce qui se consomme
14:44et on a démocratisé finalement, entre guillemets,
14:48ce produit qui était plutôt un produit
14:51sucré,
14:53mais qui était aussi réservé à une certaine élite,
14:57une certaine classe sociale,
14:58qui le consommait parce qu'elle avait les moyens de le payer
15:01et qui était au-dessus des lois.
15:02Voilà ce qui se passait il y a 20 ans.
15:03Ce n'est pas le cas.
15:04Maintenant, hélas, on a des expérimentations de cocaïne
15:07chez des lycéens.
15:09Et là, c'est problématique
15:09parce que c'est quand même une addiction extrêmement difficile
15:11à prendre en charge,
15:13qui a encore joui d'une image positive
15:16et qui est absolument faux.
15:18Et puis surtout, on a des profils de polyconsommateurs.
15:22La polyconsommation, plusieurs produits,
15:25ça rend plus difficile le repérage,
15:27plus difficile la prise en charge
15:28et plus difficile, finalement,
15:30la typologie des personnes qui consomment.
15:32Alors, dans votre livre,
15:34professeur Benhamina,
15:35vous proposez donc des étapes pour aider.
15:38Oui, complètement.
15:39Déjà, il y a la première des choses,
15:40c'est qu'il faut évaluer sa consommation,
15:44à défaut de sa dépendance.
15:45Alors, je donne les échelles, je montre.
15:48C'est important, c'est une photographie
15:49à partir de laquelle on commence à construire
15:51une relation empathique avec les patients.
15:53Moi, je les accompagne dans ce livre.
15:55Quand vous le lisez, il est facile.
15:56D'ailleurs, je peux vous dire,
15:58ce n'est pas un livre de médecine.
15:59Ah non, non, ce n'est pas du tout.
16:00On est bien d'accord.
16:01C'est vraiment très, très grand public.
16:03C'est vraiment à la portée de tout le monde.
16:05Parce que si j'étais seul sur la barque
16:07pour écrire ce livre,
16:08je pense que j'aurais fait un mauvais livre.
16:09Et je remercie d'ailleurs Marie-Pierre Samitier,
16:11Laura Zwilly et Valérie Mettet
16:13de m'avoir accompagnée sur le bon chemin
16:15pour l'écriture de ce bouquin.
16:16Je vais vous dire, c'est un livre,
16:17je m'adresse aux parents,
16:19dont je suis par exemple,
16:20mais aux parents, vous pouvez l'avoir
16:22et vous le laissez traîner sur la table du salon.
16:23Carrément, c'est le but.
16:24Et on peut feuilleter en fonction de ce qu'on recherche.
16:27Mais d'abord, vous dites,
16:28auto-évaluez-vous.
16:30Absolument.
16:30Mais avec, on va dire, honnêteté.
16:33Vous savez, on a dans nos services,
16:35on a ce qu'on appelle les tests d'auto-évaluation
16:37au pied de l'étéroévaluation.
16:39Faites-le, ce n'est pas un problème.
16:40Mais les gens le font.
16:41Ils le refont.
16:42Ils finissent par voir un peu les choses
16:44du coin de l'œil,
16:44mais ils arrivent à se situer.
16:46Et ensuite, petit à petit,
16:48je discute avec eux avec ce livre
16:49et puis je les amène petit à petit
16:51à s'imaginer cette relation de soins.
16:53Ce n'est pas un livre qui traite.
16:55C'est un livre qui amène
16:56à se poser des questions
16:57et qui, parfois, peut peut-être aider les personnes.
16:59Soit on peut rapidement s'en sortir
17:01ou faire la démarche pour aller voir,
17:03évidemment, un médecin ou bien un soignant.
17:05Donc, c'est extrêmement...
17:06Et puis, on donne des cas.
17:07Les gens s'identifient.
17:08Et puis, on leur montre
17:09ce que la littérature scientifique montre.
17:12Vous dites aussi,
17:12et vous leur donnez des clés
17:14sur les échecs.
17:15Oui.
17:16Est-ce qu'un échec
17:17est un pas de plus
17:18la réussite de ce...
17:20Dans votre question,
17:21vous avez la réponse.
17:22Moi, j'appelle ça
17:23le réservoir à motivation.
17:25On a tendance à dire
17:26que le plus dur
17:27en matière d'addiction
17:28à arrêter,
17:29c'est le tabac.
17:29Ce qui est tout à fait vrai.
17:30C'est l'équivalent de l'héroïne.
17:32Simplement,
17:32l'héroïne est moins présente
17:33que le tabac.
17:33Vous dites que le tabac,
17:34c'est plus difficile
17:34à arrêter que l'héroïne.
17:36Pareil,
17:37kiff-kiff-borico.
17:37Simplement,
17:38on a moins d'héroïne
17:39qui circulent
17:40que de tabac, quand même.
17:40C'est clair.
17:41Il suffit de...
17:42Alors, je leur dis,
17:43écoutez, allez,
17:44on y va.
17:45Il faut se relever,
17:46tomber six fois,
17:47sept fois,
17:47se relever.
17:48Et on recommence.
17:48finalement,
17:49arriver à s'en sortir.
17:51Donc, c'est ce qu'on appelle
17:52le cycle motivationnel.
17:53Quoi qu'il en soit,
17:54parce qu'on arrive
17:55au terme de cette interview
17:57passionnante,
17:57en tous les cas,
17:59c'est terriblement pratique
18:01et terriblement...
18:03Ça touche vraiment
18:04le cœur de notre société.
18:06Quoi qu'il en soit,
18:07il ne faut pas rester seul.
18:07C'est le maître mot
18:09de ce que vous dites
18:09au bout du bout.
18:10Et puis, au bout du bout,
18:11il y a un point,
18:11addiction avec un point,
18:12on s'en sort.
18:14On s'en sort.
18:14On s'en sort.
18:15On pousse la porte
18:16de son médecin généraliste
18:17et on est honnête.
18:18Complètement.
18:18Et on dit,
18:19voilà, j'ai un problème
18:20que ce soit avec l'alcool.
18:21Juste une dernière question.
18:22Les addictions,
18:23c'est plutôt masculin
18:24ou féminin ?
18:24C'est les deux.
18:25Il n'y a pas de...
18:26Longtemps.
18:26Ça dépend des produits.
18:27Les femmes, évidemment,
18:28c'est vrai,
18:29elles consomment beaucoup
18:30de médicaments.
18:30C'est comme ça.
18:32Détournées,
18:32comme le tramadol,
18:33tout ça.
18:33Et les hommes,
18:34en plus,
18:35on tendance à consommer
18:35de l'alcool
18:36et des produits comme ça.
18:37Et on s'alerte
18:38au partir du moment
18:39où on dépasse,
18:40on se dit
18:41j'en ai besoin absolument
18:44pour passer ma journée.
18:45C'est quoi le seuil d'alerte ?
18:46Vous avez dit
18:47on dépasse.
18:48Dans votre esprit,
18:48vous pensiez...
18:49Seuil d'alerte.
18:50Lorsqu'on est dépassé,
18:51moi je dirais.
18:52Quand on est dépassé.
18:53Quand on est dépassé.
18:54Merci infiniment,
18:55professeur Amine Beniamina.
18:56Donc,
18:56addiction manuelle
18:57de premier secours,
18:58c'est véritablement
18:58une boîte à outils.
19:00Un décryptage boîte à outils.
19:02C'est aux éditions Marabout.
19:03Ce livre qui va nous permettre
19:04de nous aider collectivement
19:06à sortir de toutes ces addictions
19:08qui aujourd'hui
19:08sont partout.
19:12Et c'est un danger
19:12de santé publique
19:13et pour notre société.
19:14Merci infiniment.
19:15Dans un instant,
19:15c'est Gilles Gansman
19:16et Valérie Expert
19:17qui sont là
19:18pour les médias
19:20sur Sud Radio.
19:21Avec Vanessa Zouketti,
19:23la directrice en chef
19:24de Madame Figaro.
19:26Et également
19:26Olivier Rosenzweig
19:28qui est réalisateur
19:29d'un documentaire
19:29sur le crash
19:30de la German Wings
19:31sur RMC Découverte.
19:33C'est dans un instant
19:34après l'info
19:35sur Sud Radio.
19:35A tout de suite.
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