Algérie : la fin du mirage diplomatique

Europe 1

15/04/2025

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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec le Figaro, bonjour Alexis Brevet.

00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous.

00:06Alexis en réponse à l'arrestation en France de trois Algériens dont un agent consulaire

00:10qui est soupçonné d'avoir enlevé et séquestré un opposant au régime.

00:14L'Algérie a donc décidé d'expulser douze fonctionnaires français.

00:18Si ça se fait, ça doit se faire d'ici ce soir.

00:21Pour le gouvernement français, c'est un camouflet, Alexis ?

00:23L'évidence Dimitri, c'est même pour reprendre le mot de Laurent Wauquiez

00:27une véritable humiliation. Une de plus, est-on tenté de dire ?

00:32Rappelez-vous, il y a quinze jours, cet entretien téléphonique, franc et amical, je cite,

00:37entre Emmanuel Macron et le président Théboun, qui devait relancer, je cite encore,

00:42un dialogue fructueux. Dans la foulée, Jean-Noël Barraud, le ministre des Affaires étrangères,

00:47annonçait triomphalement une nouvelle phase dans une relation d'égal à égal.

00:52On allait lever le rideau, tourner la page des tensions, rien que ça.

00:56Quant à Boulême Sansal, Emmanuel Macron s'en remettait à la clairvoyance du président Théboun.

01:03La clairvoyance, vous avez bien entendu.

01:06Et à propos de la libération de l'écrivain, il répétait encore ce vendredi,

01:10je suis confiant. Confiant.

01:13Mais quelle imprudence et quelle naïveté.

01:16En vérité, tout cela était un jeu de dupe, un théâtre d'ombre.

01:20L'ancien ambassadeur, Xavier Driancourt, l'explique fort bien dans le Figaro.

01:24Jean-Noël Barraud a été reçu à Alger comme un chien dans un jeu de quille.

01:28Et surtout, il n'a rien obtenu.

01:30Ni sur Boulême Sansal.

01:32Pensez que nous n'avons osé demander sa libération que pour raisons humanitaires.

01:37Parce que c'est un vieil homme malade, pas parce que c'est un écrivain injustement accusé.

01:42Quel courage !

01:42Et rien obtenu non plus sur les OQTF, sujet qui n'a officiellement pas même été abordé.

01:49On a juste évoqué, tenez-vous bien, la nécessité de, je cite,

01:53« fluidifier les mobilités ».

01:55On croirait une affiche de la mairie de Paris.

01:59Eh bien, c'est ce mirage diplomatique,

02:01cette fiction d'un dialogue franc et amical qui se dissipe aujourd'hui.

02:05Et il n'est désormais plus possible de nier l'évidence.

02:09Dès qu'il s'agit de la France, et c'est comme ça, ça dure depuis 60 ans,

02:12les gouvernements algériens ne sont ni francs ni amicaux.

02:16Et alors, pour Bruno Retaillou, qui est depuis l'origine un partisan d'une ligne de fermeté,

02:21Alexis, vous diriez que c'est une victoire politique ?

02:23C'est une revanche, sans aucun doute.

02:24Ça fait un mois qu'on lui demande de se taire,

02:27de laisser le dossier à Jean-Noël Barraud,

02:29de mettre son orgueil dans sa poche et son mouchoir par-dessus.

02:32Un mois que les diplomates subtils ne parlent de la ligne Retaillou qu'en se bouchant le nez,

02:38qu'il se gausse des méthodes brutales et inefficaces des chaussettes à clous du ministère de l'Intérieur.

02:43Bon, l'échec des donneurs de leçons, c'est toujours une satisfaction.

02:47Mais enfin, de là à parler de victoire, il n'y a pas qu'il se gardera bien de franchir.

02:51Bruno Retaillou est trop averti des attentes de l'opinion

02:54pour ne pas voir que la seule victoire, ce serait des résultats.

02:59La libération de Bolem sans salle, l'expulsion effective des OQTF,

03:04la révision des traités inégaux entre la France et l'Algérie.

03:07Et pour l'instant, on n'y est pas.

03:09Ça va peut-être changer, puisque la diplomatie a échoué.

03:13Alexis, est-ce qu'on va revenir à la manière forte, celle de l'ultimatum des débuts, selon vous ?

03:17Ce serait logique, Dimitri, on voudrait le croire.

03:20Et pourtant, il n'est pas sûr que les choses prennent ce chemin.

03:22Je ne sais pas si vous l'avez remarqué.

03:23Mais après les expulsions scandaleuses prononcées par l'Algérie,

03:27rappelons que ce pays a été pris la main dans le sac après une opération de ses barbouzes sur notre sol,

03:33l'Élysée a fait savoir qu'avant de réagir, il se laissait 48 heures pour éclaircir le sujet.

03:4048 heures ! Mais quelle patience ! Quelle indulgence !

03:45Comme si quelque chose, toujours, nous arrêtait au moment de passer à l'acte.

03:50Quelque chose ? Mais quoi donc ?

03:53La clé de cette énigme diplomatique, on la trouve sans doute, Dimitri,

03:57dans cette scène immortelle des bronzés fondusquis.

04:00Vous savez, quand Jean-Claude Duss, Michel Blanc, fait mine de s'énerver.

04:04Je ne sais pas ce qui me retient de te casser la gueule, tiens !

04:07Et la réponse de Thierry Lhermitte ?

04:09La trouille, non ?

04:10Tout est dit.

04:11L'édito politique sur Europe 1, merci beaucoup Alexis Brézé à la une du Figaro ce matin.

04:16Contre la France, le régime algérien choisit donc à nouveau l'escalade.

04:21Merci beaucoup Alexis.

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