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00:00Elle est place à Eugénie Bastier. Bonjour Eugénie.
00:02Bonjour à tous.
00:03Une trentaine d'élus français se rendraient en Algérie demain,
00:07je mets le conditionnel parce que ça reste à voir s'ils vont vraiment y aller,
00:09pour commémorer les massacres du 8 mai 1945.
00:12Oui, les relations entre la France et l'Algérie sont au point mort,
00:14mais des députés de gauche et du centre ont décidé d'aller les réchauffer
00:18en se rendant de l'autre côté de la Méditerranée,
00:20dans le cadre d'une visite pour le 80e anniversaire des massacres du 8 mai 1945.
00:26Alors rappelons ce qui s'est passé ce jour-là,
00:28alors que la France célébrait la victoire sur le nazisme,
00:30des manifestations indépendantistes surgissaient dans plusieurs villes d'Algérie
00:34où les nationalistes défilaient drapeau à la main.
00:37La répression de la part des autorités françaises fut sanglante.
00:40On parle de 1500 à 20 000 morts, difficile à estimer.
00:43La France a reconnu depuis longtemps sa responsabilité dans ce drame.
00:47Il serait tout de même étrange de voir une part non négligeable
00:50de la représentation nationale faire le voyage à Alger
00:52plutôt que de commémorer la fin de la guerre en France,
00:55alors même que l'écrivain Boalem Sansal est injustement emprisonné
00:59par le gouvernement algérois depuis presque six mois.
01:02On espère que nos députés en tourisme mémoriel
01:04en profiteront pour rappeler aux autorités la nécessité de le libérer immédiatement.
01:08On vous sent un peu agacé par cette commémoration, Eugénie,
01:12mais n'est-il pas normal que la France reconnaisse ses torts ?
01:14Écoutez, elle ne fait que ça, reconnaître ses torts.
01:17En 2012, François Hollande a reconnu devant le Parlement algérien
01:20les massacres de Sétif, de Gelma et de Kerata
01:22et qualifié la colonisation de système profondément injuste et brutale.
01:28Emmanuel Macron était allé jusqu'à parler de crimes contre l'humanité
01:31pendant sa campagne de 2017.
01:33Il l'a qualifié de crimes inexcusables
01:35la répression sanglante de la manifestation du 17 octobre 1961.
01:40Le président de la République a reconnu la responsabilité de la France
01:43dans l'assassinat de Larbi Ben Midi
01:45ainsi que dans la disparition de Maurice Audin,
01:48jeune mathématicien communiste et militant pro-FLN.
01:52Et qu'a obtenu la France en échange de cette bonne volonté,
01:55de ces gestes de bonne foi ?
01:56Rien.
01:57Elle est plus que jamais désignée comme un ennemi
02:00par un pouvoir algérien qui a besoin d'un bouc émissaire
02:03pour maintenir son peuple dans la servitude.
02:05Vous voulez dire, Eugénie, que pour Alger,
02:07la repentance est une arme politique ?
02:09Oui, cette repentance à sens unique
02:10présente une histoire tronquée et manichéenne
02:13de la présence française en Algérie.
02:15Une histoire présentée uniquement sous un jour horrifiant,
02:18quitte à exagérer, comme Jean-Michel Apathy
02:20qui affirmait encore récemment qu'il y aurait eu en Algérie
02:22des centaines d'oradours sur glane.
02:24Il faut le faire quand même.
02:26Cette repentance réveille une mémoire conflictuelle
02:29qui sert les intérêts de la dictature
02:30et encourage le ressentiment de la diaspora algérienne en France.
02:34Rappelons que le pouvoir algérien, lui,
02:36n'a jamais reconnu aucun des crimes du FLN
02:38sur lequel il est fondé.
02:39Le terrorisme, les mutilations sexuelles,
02:42le massacre des harkis ne font jamais l'objet d'un travail mémoriel.
02:46Aucun député français, d'ailleurs, ne s'est jamais déplacé
02:49pour commémorer le massacre d'Oran en 1962
02:52où 600 Européens et une centaine de musulmans
02:54ont été tués et torturés par le FLN.
02:57Ceux qui se rendent à Alger faire des courbettes mémorielles
03:00alors que Boilem Sansal est prise en otage
03:02et que Kamel Daoud est menacée d'arrestation
03:05se font les idiots utiles d'un régime fondé sur la haine de la France.
03:10Signature Europe 1, Eugénie Bastier.
03:12Merci beaucoup, Eugénie.
03:13Allez, dans un instant.
03:14Sous-titrage Société Radio-Canada
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