Message d’Emmanuel Macron contre l'antisémitisme : «Emmanuel Macron se trompe dans son diagnostic», estime Raphaël Stainville

Europe 1

03/04/2025

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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.

00:04On va y revenir à ce dimanche de manifestation qui est prévu.

00:07Manifestation, contre-manifestation, contre-contre-manifestation.

00:11D'abord je voudrais qu'on s'intéresse quand même à ce qui s'est passé hier soir.

00:15Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ?

00:17Emmanuel Macron a participé à la remise du prix Jean-Pierre Bloch de la LICRA,

00:21qui récompense une personne engagée dans la lutte contre le racisme et l'antisémitisme.

00:25Le président de la République a fait de ce discours un message politique

00:28en dénonçant l'extrême droite et l'extrême gauche.

00:31Et puis il y a eu une prise de parole que j'ai trouvée particulièrement intéressante et particulièrement juste.

00:36C'est celle de l'animateur Arthur, et je vous propose de l'écouter.

00:40Au lieu d'être heureux, je ressens quelque chose de plus profond qui me bouleverse, qui me glace.

00:45Parce que je me dis qu'en France, en 2025, on remet une récompense à quelqu'un

00:49juste parce qu'il a dit que l'antisémitisme était inacceptable.

00:53Et ça, ça ne me rend pas fier.

00:55Pour moi, c'est un signal d'alarme.

00:56Une alarme qui nous dit que quelque chose s'est cassé, que quelque chose ne tourne plus rond.

01:00Alors en France, on est le pays des commémorations, des dates, des anniversaires.

01:05Est-ce qu'il n'a pas raison, Arthur, finalement, de dire

01:07que c'est quand même assez risible de, comment dirais-je, de plussoir,

01:11de récompenser quelqu'un qui juste dit la vérité, Raphaël Stainville ?

01:17Vous avez raison, mais on est aussi le pays où le président de la République

01:20qui remet cette même décoration est celui qui ne descend pas dans la rue

01:24pour manifester contre l'antisémitisme au lendemain des attaques terroristes.

01:30Donc vous dites qu'il ne devrait même pas participer au remboursement des prix ?

01:33Je dis que sa prise de parole, le discours d'Emmanuel Macron hier soir,

01:38ne peut pas être interrogé à l'aune de ce qu'il a pu dire ou faire ces derniers mois,

01:44semblant souvent comme otage d'une rue dont il a de plus en plus peur.

01:53Alexandre Malafaille ?

01:55Non, c'est sur ce sujet comme sur tellement d'autres.

01:59On a un président de la République qui a cultivé l'art du en même temps.

02:03Et à force d'être en même temps, vous êtes partout, vous êtes nulle part.

02:07Il a envoyé des signaux dans un sens, il a finalement envoyé des signaux dans l'autre.

02:11On peut reprendre sa géopolitique, on peut reprendre ses relations avec les pays d'Afrique du Nord,

02:14on peut reprendre ses relations en interne, on peut reprendre ce qui s'est passé

02:17à l'occasion du 7 octobre et la manifestation, il n'y était pas.

02:21La manifestation, il n'y était pas pour une raison simple.

02:23Je pense qu'on l'a tous dit à la fois dans le JDD et dans d'autres parutions.

02:27C'est qu'il y avait la crainte d'avoir ce qu'on avait subi peu de temps avant,

02:34c'est-à-dire les fameuses émeutes de banlieue qui avaient eu lieu.

02:37Souvenez-vous, le 7 octobre tombe par définition le 7 octobre,

02:40la manifestation a lieu peu de temps après.

02:42En mois de juin et début juillet, on avait des feux de poubelle quasi quotidiennement.

02:49Vous avez raison Pierre, mais il a fallu que le président de l'Assemblée nationale

02:52et du Sénat en appellent à cette manifestation.

02:55Je ne dis pas que c'est une bonne attitude du président de la République, comprenez-moi.

02:59Mais c'est pour ça que je suis beaucoup plus sévère qu'Alexandre.

03:01Moi je pense que le « et en même temps » n'explique pas seul ces ambiguïtés du président.

03:07Je pense qu'il y a eu une crainte, une peur des émeutes de banlieue.

03:12Je dirais même, pour revenir au discours d'Emmanuel Macron hier soir,

03:15une fois encore, il fait de la politique et il se trompe dans son diagnostic.

03:19Aujourd'hui, l'antisémitisme d'extrême droite, il est résiduel, voire il n'existe plus.

03:26Si ce n'est qu'auprès de quelques agités qui n'ont plus même d'existence politique et médiatique.

03:32Pour le reste, et c'est là où à mon avis Emmanuel se trompe,

03:37le danger réside dans cette alliance entre une extrême gauche et un islam politique qui prospère

03:48et qui n'est pas suffisamment condamné, notamment par le premier représentant de l'État.

03:53Alors écoutez justement le président de la République et son discours puisqu'on en parle.

03:56Depuis quelques années ont émergé les tristes héritiers de l'antisémitisme.

04:00L'un évoque les chambres à gaz comme un point de détail de l'histoire,

04:03l'autre reprend à son compte la vieille accusation du peuple déicide,

04:07pointant que Jésus a été crucifié par ses propres compatriotes.

04:11Un autre encore affirme que le maréchal Pétain a sauvé des juifs au mépris le plus absolu de la vérité.

04:16Cela entretienne et soutienne les vils propagateurs de l'antisémitisme.

04:22Je pense à ces humoristes ou affluenceurs, activistes ou prédicateurs, petits trafiquants de haine

04:27qui sournoisement, insidieusement, instillent le poison antisémite dans les consciences.

04:32Une haine née à l'extrême droite qui a prospéré à l'extrême droite

04:36et qui a su essaimer au-delà de l'extrême droite.

04:40Et aujourd'hui malheureusement jusqu'à certains rangs de l'extrême gauche et de la gauche

04:43pour qui l'antisionisme fait office d'alibi à l'expression de l'antisémitisme.

04:47Qu'est-ce qu'on peut dire sur ce discours du président de la République Alexandre Malafaille ?

04:51On peut dire que c'est très lyrique, on peut dire qu'il est au sommet de sa forme.

04:55Ça pour mettre des mots, faire des phrases et inscrire ça d'une espèce de tonalité...

04:59Vous voulez dire que c'est insincère ?

05:01Ça fait presque 8 ans maintenant qu'il est président de la République

05:05qu'on a des discours sur tout et sur n'importe quoi

05:09avec à chaque fois une grande éloquence invraisemblable.

05:11Il a bien appris sa façon de faire.

05:12Très bien, mais so what ?

05:14Puisqu'il aime les grandes formules qui déclarent la guerre à l'antisémitisme,

05:17qu'il ait le courage d'aller au bout des choses.

05:19Il adore déclarer la guerre, donc soyons cohérents jusqu'au bout.

05:22Mais derrière il faut agir.

05:24C'est bien de faire ça, c'est super de récompenser des gens qui s'engagent et qui sont courageux.

05:29La vraie vie des vrais gens, la vraie vie des vrais juifs en France, elle est compliquée.

05:32Est-ce que le plus beau tacle n'a pas été justement celui d'Arthur qu'on a écouté en disant

05:37« Moi je n'ai pas besoin de récompense, j'ai besoin juste qu'on fasse quelque chose. »

05:40Pierre, je suis d'accord avec vous, mais maintenant, il faut aller au-delà de tout ça.

05:44Qu'est-ce qu'on fait dans les écoles pour revenir aux fondamentaux ?

05:48Quand est-ce qu'on va assumer notre histoire, notre réalité, la fierté de ceux qui nous composent

05:54et comment est-ce qu'on va assumer de les protéger et de dire à tous ceux qui se mettent sur leur chemin

05:59et qui confondent tout, vous n'êtes pas dans une dynamique républicaine.

06:03Il faut aller très loin.

06:04Raphaël Saint-Vic.

06:05Oui, mais moi ce qui me gêne dans le discours d'Emmanuel Macron,

06:09qui entreprend une grande généalogie de l'antisémitisme,

06:14comme s'il était né à droite ou à l'extrême droite,

06:18c'est qu'il en oublie d'abord qu'il y a eu un antisémitisme de gauche,

06:21mais surtout c'est nier le particularisme de cet antisémitisme aujourd'hui qui s'impose dans les rues,

06:28qui s'impose en France et pas seulement en France,

06:31qui est un antisémitisme nourri, biberonné par un islam politique

06:36avec la complicité d'une gauche qui ne trouve rien à redire

06:41à ces démonstrations d'antisémitisme venues notamment chez un certain nombre de nos compatriotes musulmans.

06:49Les fonds de commerce électoraux sont dévastateurs.

06:52C'est tout le problème de la démocratie, de l'état de droit,

06:55de la possibilité de confondre en effet les termes.

06:57C'est sûr que là-dessus le président a raison.

06:59Quand il dit qu'on se sert de l'antisionisme pour faire de l'antisémitisme,

07:03il n'y a pas de délit d'antisionisme.

07:05Vous pouvez faire ce que vous voulez, vous pouvez attaquer Israël,

07:08vous pouvez attaquer les juifs en Israël,

07:10vous pouvez attaquer la politique d'Israël,

07:12vous pouvez critiquer le droit du retour au pays qui fait partie du projet du sionisme.

07:16Et Mme Hassan qui a dit qu'Israël était une monstruosité.

07:19Voilà, il n'y a pas de problème.

07:21Il n'y a pas de condamnation.

07:22Exactement, et vous avez même le droit de dire que vous êtes favorable au fait que

07:26la Palestine aille du Jourdain à la Méditerranée.

07:30En fait, ça n'est pas un appel à la destruction du peuple juif,

07:33parce que vous ne le dites pas.

07:34Vous dites simplement que la Palestine devrait aller de là à là,

07:37mais derrière les conséquences que ça emporte,

07:39elles sont suggérées, mais comme elles ne sont pas prononcées,

07:41vous n'avez au communisme aucun délit.

07:43On est dans une espèce d'hypocrisie,

07:44c'est pour ça que les mots, ça ne suffira pas.

07:46Et malheureusement, ce qui m'affecte beaucoup à titre personnel,

07:49c'est qu'on voit la montée du problème.

07:52Et quand j'entends d'un autre côté M. Bayrou mentionner le fait qu'on a

07:569 millions de nos compatriotes qui sont musulmans,

07:59je pense qu'il faut être attentif au fait qu'on ne peut pas faire n'importe quoi

08:02sur ces sujets et les laisser prospérer.

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