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00:00On va revenir sur ce message solennel d'Emmanuel Macron à l'occasion de son traditionnel discours aux armées.
00:05Jamais depuis 1945, la liberté n'avait été si menacée.
00:09D'accord, pas d'accord, je vous poserai la question.
00:11Le temps d'écouter le président Emmanuel Macron.
00:14Votre engagement est inestimable.
00:17Il l'est d'autant plus que nous vivons un moment de bascule.
00:21Nous en apercevons depuis longtemps l'imminence et ces bascules sont aujourd'hui effectives.
00:25Et sans doute jamais, depuis 1945, la liberté n'avait été si menacée.
00:31Et jamais à ce point, la paix sur notre continent n'avait dépendu de nos décisions présentes.
00:37Nous avons une avance, mais demain au même rythme, nous serions dépassés.
00:41Voilà, le ton est solennel, grave, sans roi.
00:44Jamais depuis 1945, la liberté n'avait été si menacée.
00:48D'accord, pas d'accord ?
00:50Sans doute, peut-être, oui.
00:51Il y a beaucoup de conflits et c'est vrai que la multiplication de ces conflits n'est pas rassurante.
00:58Le djihadisme débordant, le Moyen-Orient, l'Ukraine, bon, tout ça fait que la situation n'est pas très safe, comme on dit aujourd'hui.
01:10Bon, est-ce que la liberté...
01:14Entre 1945 et 1989, il y a quand même eu énormément d'affrontements.
01:18Il y a quand même eu aussi énormément d'affrontements, donc je ne sais pas si...
01:21Est-ce que celui-là, est-ce que la menace est plus forte aujourd'hui ?
01:24C'est la question que je vous pose.
01:25Il a peut-être des renseignements que nous n'avons pas, ce qui peut-être justifie...
01:31Enfin, vous savez, il a toujours...
01:32Pour vous, il n'est pas trop alarmiste, c'est ma question.
01:33Il est toujours un peu... Vous savez, il n'est jamais mieux qu'en chef de guerre.
01:37Tout ça est un peu anxiogène.
01:39Vous savez, d'abord, c'est son domaine réservé.
01:42Là, il se dit à la faveur de mes prises de position sur l'armée.
01:46Mais c'est vrai que depuis 2018, il a fait des choses, quand même, pour l'armée.
01:51Vraiment, il faut le porter à son crédit, alors que les autres ne faisaient pas grand-chose.
01:55Mais il n'est jamais meilleur qu'en chef de guerre.
01:58Là, il tient quelque chose.
02:00Bon, il se dit, je peux peut-être...
02:01Sa cote de popularité est au plus bas.
02:03Je peux peut-être me refaire la fraise.
02:04Bon, il y a toujours un côté un peu comme ça chez Emmanuel Macron.
02:07Et Paul Malin, comment interprétez-vous ces propos ?
02:10Écoutez, sur la liberté, je pense que c'est vraiment intéressant.
02:13Entre 1945 et 1989, le monde dit libre a été un modèle pour la planète entière.
02:19Et on pensait alors, peut-être se trompait-on, que l'aspiration pour tous les pays du monde,
02:25y compris ceux qui vivaient sous des dictatures, etc., c'était de passer à la démocratie.
02:29On pensait, vous savez, c'était la thèse un peu universaliste.
02:31On imaginait cela.
02:32Et aujourd'hui, force est de constater que ces années 2010-2020, elles sont plus noires, elles sont plus sombres.
02:38Il y a beaucoup de pays qui n'aspirent pas du tout, finalement, à la démocratie,
02:42qui aspirent à l'impérialisme, à l'isolationnisme, à la violence, à la bellicosité.
02:47Regardez l'Iran, regardez l'Iran et ses prétentions nucléaires, regardez la Russie de Poutine et l'Ukraine,
02:53regardez la Chine de Xi Jinping, ça ne me paraît pas être une puissance pacifiste.
02:56Par conséquent, le monde entier se réarme, on n'a jamais autant dépensé pour les armes dans tous les pays du monde.
03:01Il n'y a jamais eu autant d'armes en circulation dans le monde.
03:03Donc oui, nous vivons dans un monde insécurisé et insécurisant.
03:07Et la France doit porter sa voix au concert de ces nations, pas seulement avec la diplomatie,
03:13pas seulement avec nos valeurs qui sont formidables, nos valeurs humanistes, nos valeurs des lumières, etc.,
03:18mais aussi par la force, en montrant que nous pouvons dissuader.
03:22Nous avons notre dissuasion nucléaire, nous avons vu ce matin un défilé militaire
03:26qui a bien montré nos équipements, nos innovations, y compris sur les drones,
03:29y compris sur nos fameux canons César, etc.
03:32Donc nous avons ce qu'il faut, il faut plus encore, c'est pour ça que le budget va être doublé à l'horizon de 2027,
03:37mais il faut vraiment que nous nous sortions de la naïveté.
03:40Je crois que c'est vraiment ça le message.
03:42Mais même en le doublant, on sera encore loin de l'ambition de 3,5% du PIB consacré à la défense
03:47qui est requis par l'OTAN, donc voilà, c'est aussi ça.
03:50Il faut qu'il y ait les 3,5%, mais il faut aussi que les autres s'y mettent.
03:57Il faut que tout ça soit cohérent.
03:59Il ne faut pas qu'on soit les seuls, d'ailleurs ça ne vous aura pas échappé,
04:02je crois que c'est la semaine dernière où il y a 15 jours,
04:05M. Trump a tiré les oreilles de M. Sanchez, le Premier ministre espagnol,
04:10en lui disant qu'il faut faire plus d'efforts.
04:12Et puis il faudrait peut-être aussi, nous en parlions hier soir avec Paul,
04:14il faudrait peut-être aussi que les Allemands arrêtent d'acheter leurs avions aux Etats-Unis.
04:19Ça ne serait pas mal non plus que tout ça soit cohérent.
04:21Pour revenir au premier sujet, on a aussi peut-être eu bien souvent le défaut
04:28de penser que les droits de l'homme étaient pour nous une arme
04:31et que cette arme était universelle.
04:34On s'est un peu drapés dedans, on a voulu l'exporter partout.
04:36Eh bien, force est de constater que ça ne marche pas.
04:40Beaucoup de gens n'en veulent pas.
04:41Notre modèle est beaucoup moins universel que nous l'avons pensé.
04:46On l'a pensé comme universel et on se rend compte qu'il ne l'est pas ou qu'il ne l'est plus.
04:50Et il nous avait mis dans cet état d'esprit le président Emmanuel Macron
04:52avec l'intervention du général Burkherd, dont la parole est rare quelques jours avant.
04:57Voilà, en gros, est-ce qu'il fait de la politique ?
04:59Est-ce qu'il n'a pas fait de la politique dans ce discours désarmé ?
05:02Bien sûr qu'il en fait, et il n'y a pas de honte à faire de la politique.
05:05Ce qui est embêtant, c'est de faire de la politique politicienne.
05:07D'ailleurs, vous savez, avec les jeux parlementaires aujourd'hui,
05:10on a parfois l'impression que, et ça touche tous les bancs de l'hémicycle,
05:13de la France Insoumise au Rassemblement National en passant par le Bloc Central,
05:16la tentative du coup de com' permanent.
05:18Là, c'est le coup de com' permanent.
05:19C'est-à-dire, on va mettre en place un ballon d'essai, une mesure,
05:22et on va faire de la communication, on va faire de la mousse avec.
05:25Ça, c'est sûr que ça, c'est de la politique politicienne.
05:27Après, la politique, c'était le discours du président hier soir,
05:30c'est de dire, en fait, voilà où en est le monde,
05:33voilà comment moi, pour qui vous avez voté à deux reprises,
05:35j'envisage la place de la France dans ce monde-là.
05:38Ça, à la rigueur, on peut ne pas être d'accord avec lui,
05:40mais en tout cas, il a raison de le faire.
05:42Il est dans son rôle.
05:42Et puis, de toute façon, une fois encore, Paul a raison.
05:47Vous ne pouvez faire que de la com' actuellement.
05:49La Ve République, elle ne peut fonctionner qu'avec une majorité.
05:53Sinon, elle brique.
05:54Là, vous n'avez pas de majorité, vous ne pouvez pas faire grand-chose,
05:58effectivement, de la parlotte.
05:59Oui, mais pour vous, il excelle dans ce domaine-là ?
06:02Ou pas ? Est-ce qu'il est encore audible ?
06:04Parce que ça fait plusieurs fois qu'il appuie sur la case danger et menace,
06:07c'est quelque chose qu'il aime.
06:08Oui, mais attendez, attendez.
06:10Qu'il agite quand même régulièrement.
06:12Souvenez-vous, il ne faut pas démonétiser soi-même.
06:14Alors que ma question, c'est à force de tirer sur cette corde-là,
06:17est-ce qu'il est encore audible par les Français dans le contexte qu'on connaît aujourd'hui ?
06:21Non, je vais vous dire, non seulement il n'est plus audible ou pas très audible,
06:26et je pense même qu'il en a conscience.
06:28Pourquoi je vous dis cela ?
06:29Parce qu'il nous a teasé le discours qu'il a fait grâce au général.
06:34Quand est-ce que vous avez vu un général s'exprimer ?
06:37C'est quand même très très rare.
06:38Alors, on a entendu le général de Gaulle, c'est le 18 juin.
06:42On a entendu le maréchal Pétain, souvenez-vous.
06:44Et puis là, voici qu'un général prend la parole.
06:49Et prend la parole dans un timing extrêmement précis.
06:52Moi, je me suis dit, évidemment, je trouvais ça très suspect,
06:54que le chef d'état-major s'exprime et nous dise tous les dangers.
06:57Je me suis dit, bon, évidemment, il tise le président de la République.
07:00Oui, mais c'était faire un point sur toutes les menaces, voilà.
07:03Mais ça veut dire aussi que le président de la République,
07:05pour asseoir sa parole, pour que cette fois-là, elle porte,
07:10il a pris un amplificateur deux jours avant, si vous voulez,
07:14on a tourné les boutons et on a fait parler le général.
07:17C'est très rare.
07:18Moi, j'ai trouvé ça très suspect.
07:20Je me suis dit, mais qu'est-ce qu'on est en train de me vendre là ?
07:22Et bien voilà, ça y est, je sais, avec le président de la République,
07:24ce qu'on m'a vendu.
07:25Sur la démonétisation de la parole publique et politique,
07:29c'est un phénomène qui, là aussi, touche beaucoup de nos démocraties occidentales.
07:32Vous avez peu de dirigeants qui, à l'issue de leur mandat,
07:35voire à l'issue de leur deuxième mandat,
07:36quand ils ont la chance d'être réélus comme Emmanuel Macron,
07:38ne finissent pas essorés.
07:39Regardez au Royaume-Uni l'impopularité des premiers ministres les uns après les autres,
07:43de Johnstone, de Lee Strauss, de Richie Sunak et désormais de Keir Starmer.
07:48Regardez Friedrich Merz en Allemagne, il a été élu, c'était une victoire à l'apyrus.
07:51Donald Trump, sa popularité l'a décroché depuis qu'il a été élu.
07:54Donc, c'est très difficile aujourd'hui.
07:55La parole politique, elle est de plus en plus démonétisée.
07:58Il y a de plus en plus de défiance.
08:00Il y a de plus en plus une montée des courants, on les appelle comme on veut,
08:03populistes, nationalistes, que sais-je,
08:04mais en tout cas, de partis dits antisystèmes qui contestent les élites
08:07dans la façon dont elles ont été construites.
08:10Donc, c'est de plus en plus difficile de finir après huit ans de pouvoir
08:12avec une forte cote de popularité ou une capacité à être entendue.
08:16Surtout après des crises, effectivement.
08:18Vous parliez du Covid, il y a eu le Covid.
08:19Il dit pour être craint, il faut être puissant.
08:20Alors ça, par contre, oui, c'est vrai.
08:21Ça, c'est très juste.
08:23C'est très juste.
08:24Il ne parle évidemment pas de lui, il parle de la France.
08:26C'est-à-dire que la France ne serait pas la France sans la grandeur,
08:28nous disait le général de Gaulle.
08:29C'est exactement cette idée-là.
08:31Si nous voulons dissuader nos ennemis de nous attaquer,
08:33on a intérêt à montrer qu'on a ce qu'il faut sur terre, sur mer et dans les airs.
08:38Parce que sinon, on va nous prendre pour des guignols.
08:40Ça, c'est la règle de base en diplomatie.
08:42C'est-à-dire que deux diplomates ne peuvent pas parler de façon équivalente
08:45si derrière, ils n'ont pas le même arsenal nucléaire ou militaire.
08:47Il demeure que sur la démonétisation de la parole du président,
08:51moi, je trouve que c'est quelqu'un qui a trop parlé.
08:53Alors, il a fait des erreurs, mais à trop parler, on fait des erreurs, si vous voulez.
09:00C'est presque...
09:02Voilà, il parle trop.
09:05Je crois que c'est Morand qui dit ça quelque part.
09:07Le silence est aristocratique et le bavardage, ça ne vaut pas grand-chose.
09:13Mais je pense qu'il faut se réserver.
09:15Je vous retrouverai la phrase...
09:16On va continuer à bavarder et à décrypter l'actualité.
09:19Parce qu'effectivement, ce budget de la défense, plus 6 milliards et demi d'euros en deux ans,
09:24ça t'incaste-tête supplémentaire pour qui ?
09:26Pour François Béroud !
09:27Et demain, il doit annoncer les grandes orientations de son budget.
09:30Il a la pression, François Béroud, à tout de suite.
09:32Vous écoutez Europe 1 13h avec Céline Géraud jusqu'à 14h sur Europe 1.

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