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Le désir amoureux par Marianne Chaillan – Brut Philo
Brut
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03/04/2025
“Quand on tombe amoureux, c’est comme au casino… on peut tout perdre. Alors est-ce que ça vaut le coup de jouer ?”
BRUT PHILO. Pour la philosophe Marianne Chaillan, il faut vivre le désir amoureux à fond même si ça peut faire mal. Et pour vous ?
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J'avais une élève, notamment, qui, quand je fais le cours sur le désir,
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elle disait « alors moi, je sais très bien ce que je veux,
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je veux rencontrer un garçon qui soit brun, barbu et corse. »
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C'était sûr, quoi.
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Et c'était fou, elle avait vraiment des critères, alors ceux-là m'ont marquée.
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Mais ils ont tous des critères, quand ils m'en parlent, ils en ont tous.
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Ça limite les choix.
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Alors c'est ce que je lui ai dit, ça limite beaucoup les choix.
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J'ai dit « mais alors si Leonardo DiCaprio rentre là, dans la salle,
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tu me dis que ça ne t'intéresse pas du tout ? »
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Eh ben non, voilà, Leonardo, soi-disant, ne l'aurait pas intéressé.
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Je crois qu'il y a des racines corses, mais bon.
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Peut-être.
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Alors je m'appelle Marianne Chailland, je suis professeure de philosophie à Marseille,
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et je viens de publier un livre qui s'appelle « À la folie, passionnément »,
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qui est un livre qui parle du désir amoureux.
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Quand on tombe amoureux, c'est comme si on allait au casino, on peut tout perdre.
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On peut tout perdre, il faut le savoir.
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Et la question devient, est-ce que ça vaut le coup de jouer, du coup ?
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Est-ce que ça vaut le coup de jouer quand on sait qu'on peut tout perdre ?
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Je vous pose la question. Est-ce que ça vaut le coup, alors ?
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Eh ben moi, ma thèse, dans le bouquin, c'est que oui,
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parce que refuser de jouer ce jeu,
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ça serait déjà avoir perdu d'une certaine manière,
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ça serait déjà refuser de vivre.
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Il y a plein de gens, quand on vit une rupture, on se dit « mince, j'ai encore échoué ».
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Une rupture, c'est un échec.
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Pas du tout.
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En fait, si on réfléchit bien, c'est ce que j'essaye d'expliquer dans le livre.
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La vie elle-même, elle est mouvement, elle est changement,
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elle est incomplétude, elle est douleur.
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Et comment on pourrait attendre d'une expérience de vie,
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d'expérience désirante, de l'amour,
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qu'elle nous offre autre chose que ce que la vie nous offre elle-même ?
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C'est-à-dire caractère éphémère, souffrance indépassable et incomplétude.
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Et il y a beaucoup de gens, certains des philosophes,
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qui vont me dire « oui, mais tomber amoureux,
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c'est s'exposer à un sentiment de manque permanent,
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parce que quand je désire, je manque de l'objet,
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mais quand je l'obtiens, je ne suis pas tout à fait complet non plus.
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C'est une expérience du manque, il faut l'éliminer.
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C'est une expérience de la douleur, il faut l'éliminer.
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C'est une expérience éphémère, surtout protégeons-nous. »
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Donc, au nom de ces reproches qu'on fait porter sur le désir,
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on voudrait s'en préserver.
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Moi, j'ai l'impression que les reproches qu'on adresse au désir à ce moment-là,
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c'est des reproches qu'on adresse en fait à la vie.
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— Je suis d'accord avec ce que vous dites,
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et j'en tire la conclusion inverse, à titre personnel.
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C'est-à-dire que, est-ce que finalement,
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dans un monde qui bouge en perpétuel, avec en plus beaucoup de flux,
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on a l'impression que le temps s'accélère, qu'il y a des flux, etc.,
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est-ce que finalement, on ne pourrait pas au moins trouver un endroit
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un peu stable, qui s'appellerait l'amour,
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dans lequel on pourrait se réfugier ?
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— Oui. Je comprends.
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Et...
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Et... Alors, c'est horrible.
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Je ne suis pas du tout la sage de l'amour qui va vous dire « Moi, je sais. »
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Pas du tout.
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Et j'ai l'impression que ça serait une douce illusion
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dans laquelle vous vous envelopperiez et qui vous réconforterait.
02:37
Bien sûr, on a tous envie d'avoir un petit cocon douillet
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dans lequel on va se...
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Voilà, se mettre à l'abri de cette tempête qu'est l'existence.
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Mais je...
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Je pense, peut-être de manière pessimiste ou peut-être de manière réaliste,
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que tous les cocons sont voués à être pris dans le flux du temps.
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Et si on y va en connaissance de cause,
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alors finalement, l'expérience désirante est moins douloureuse,
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parce qu'on est au courant.
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Et surtout, ça nous aura amené à profiter de manière beaucoup plus ardente
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de chacun des moments qui nous aura été donné de vivre.
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— C'est-à-dire que souffrir, c'est vivre.
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— Hélas, quoi.
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Malheureusement...
03:13
Parce que du coup, ne pas souffrir, ça serait quoi, être anesthésié ?
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C'est ça, en fait.
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Pour ne pas souffrir, on se fait anesthésier.
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Et moi, j'essaye de dire,
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essayons de ne pas vivre une existence anesthésiée.
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C'est-à-dire, acceptons pleinement de se faire percuter,
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de se faire meurtrir, mais du coup, de vivre.
03:32
— Vous savez que sous cette vidéo, il va y avoir des commentaires...
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— J'en suis sûre.
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— Ils vont dire que vous êtes masochiste.
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— Non.
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Je suis... Je peux comprendre pourquoi.
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Pas du tout.
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Je dirais, je suis profondément amoureuse de la vie,
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pour ce qu'elle l'est.
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J'essaye... Je ne dis pas que j'en suis contente.
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J'adorerais que la vie soit un lac calme, merveilleux,
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que la vie soit un long fleuve tranquille.
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Hélas, bon, maintenant, j'ai 40 ans,
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donc j'ai compris qu'il ne serait pas la vie d'un long fleuve tranquille,
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c'est pas il vécure heureux et fier beaucoup d'enfants.
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Il y a une maxime du philosophe Pascal que j'aime bien citer,
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peut-être que ça va confirmer les hypothèses masochistes.
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La voici.
04:18
« Le dernier acte est sanglant. »
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Le dernier acte de notre vie, hein.
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« Dernier acte est sanglant.
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Quelle que belle que soit la comédie en tout le reste,
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on jette un peu de terre sur la tête et on voilà pour jamais. »
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Alors, qu'est-ce que ça veut dire ?
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Ça veut dire, ça va mal finir, c'est destination finale, la vie.
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On ne va pas se mentir, on va tous mourir, OK ?
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Voilà.
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Mais attention, c'est pas pessimiste, il est en train de dire,
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mais la comédie peut être belle, avant.
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Ça veut dire, ça va mal finir, mais avant.
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Il y a avant, profitons, profitons.
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Moi, je trouve que ça incite, c'est pas du tout du masochisme,
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c'est au contraire, c'est l'amour absolu de la joie.
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Dans un aphorisme intitulé « Les myopes sont amoureux »,
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Nietzsche remarque qu'il suffirait de lunettes plus puissantes
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pour guérir les amoureux, je cite,
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« qui auraient assez de puissance imaginative
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pour se représenter en visage, une taille, avec 20 ans de plus,
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traverseraient peut-être la vie sans grand souci. »
05:14
Bon, là, on voit tout l'humour de ce philosophe Nietzsche
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qui dit que c'est juste un problème de vision.
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Si on y voyait plus clair sur le devenir de l'objet duquel on s'éprend,
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on ne tomberait pas amoureux.
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Et cette citation, je l'ai mise en ouverture d'un chapitre
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qui est consacré à l'explication de la philosophie épicurienne du désir.
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Pourquoi les épicuriens nous disent que le désir, c'est hyper dangereux ?
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Et une des deux raisons, c'est qu'ils nous disent que le désir amoureux,
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c'est le désir d'élire, en fait, l'objet.
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Ils ne le connaissent pas.
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Celui qui est amoureux ne sait rien de l'objet du désir.
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Et ce que nous disent les épicuriens, c'est que quand on tombe amoureux,
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immédiatement, quoi, s'opère une espèce de transmutation
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à nos yeux de l'objet sur lequel on fait porter notre désir.
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On est incapable d'en voir les défauts.
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On est tout éloge et on ne sait plus rien.
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Jusqu'au moment très douloureux où on retrouve la vue,
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où l'ivresse cesse et qu'on se retrouve parfois avec une grosse gueule de bois.
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Et c'est pour nous éviter cette gueule de bois
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que ces philosophes épicuriens nous disent,
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tombez surtout pas amoureux.
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Je ne juge absolument personne.
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Je ne juge certainement pas ceux qui ne font pas le pari du désir
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et qui préfèrent l'attentiquité dont on parlait tout à l'heure.
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C'est un témoignage personnel, une réflexion personnelle
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que je veux partager avec vous.
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Et ça implique effectivement d'accepter le contradictoire.
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Voilà, certainement pas, je ne suis pas la philosophe
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qui vient dire ce qu'est la vérité du désir.
06:45
Si je le savais, comme ça serait bien.
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