Passer au player
Passer au contenu principal
Passer au pied de page
Rechercher
Se connecter
Regarder en plein écran
Like
Commentaires
Favori
Partager
Ajouter à la playlist
Signaler
On n'arrête pas l'éco, avec Laura Chaubard, directrice générale de l'Ecole Polytechnique
France Inter
Suivre
31/03/2025
La directrice générale de l'École Polytechnique, docteure en mathématiques, ingénieure générale de l'armement et experte en IA, Laura Chaubard, était l'invitée de "On n'arrête pas l'éco", samedi 29 mars.
Catégorie
🗞
News
Transcription
Afficher la transcription complète de la vidéo
00:00
Alors, comme dit notre économiste, nous allons nous exposer à une femme scientifique.
00:04
La directrice générale de l'école Polytechnique est notre invitée.
00:08
Bonjour et bienvenue Laura Chobard.
00:09
Bonjour Alexandra Bensahid, merci pour l'invitation.
00:12
Vous êtes docteure en mathématiques, vous êtes ingénieure générale de l'armement,
00:15
vous êtes experte en intelligence artificielle, vous êtes la première femme à diriger l'école,
00:20
l'IX, et je vais ajouter que vous avez 45 ans.
00:23
Alors à Polytechnique, à la dernière rentrée, on a aussi vu que le nombre de jeunes filles
00:27
admises en cycle d'ingénieurs était en baisse.
00:30
Est-ce que c'est particulier à votre école ? Est-ce que pour les femmes en filière scientifique,
00:35
plus généralement, le risque n'est même plus de voir leurs proportions stagner ? Est-ce
00:39
que le risque c'est de voir leur nombre reculer ?
00:41
Effectivement, le reportage l'a bien dit, on stagnait depuis quelques années entre
00:46
20 et 30% dans les écoles d'ingénieurs, 20 et 30% de femmes.
00:51
Ça fait deux ans qu'on voit des baisses à l'IX mais dans d'autres écoles d'ingénieurs
00:55
et c'est particulièrement préoccupant parce que l'ensemble des acteurs de l'enseignement
00:59
supérieur scientifique est conscient du sujet, est mobilisé depuis plusieurs années, mène
01:05
des actions en amont dans les collèges, dans les lycées, des accueils sur les campus,
01:10
des actions de mentorat, tutorat, spécifiquement tournées vers les femmes et pourtant les
01:15
chiffres sont têtus.
01:16
Donc vous n'avez pas d'explication ?
01:17
Je crois que preuve en est qu'on ne comprend pas bien les biais d'orientation très
01:25
fort qui pèsent notamment sur les femmes quand il s'agit de s'orienter, le reportage
01:30
l'a très bien dit, vers les filières les plus mateuses et vers les mathématiques.
01:33
On sait qu'aujourd'hui il y a trois fois moins de femmes qui choisissent l'option
01:38
de mathématiques en première que de femmes qui s'orientaient vers la première S précédemment.
01:44
Donc ça veut dire que le choix se fait plutôt de se détourner des mathématiques.
01:49
Or en France, les mathématiques restent le critère de sélection scientifique par excellence.
01:55
Quand je vous écoute, je me dis c'est quoi ? Ce sont les réformes du baccalauréat ?
01:58
C'est le fait qu'il n'y a plus que des options ?
02:01
En tout cas, ça force le choix et le non-choix des maths plus tôt.
02:06
Ça ne veut pas dire que toutes les femmes qui faisaient une première scientifique allaient
02:10
vers des filières dominantes mathématiques.
02:13
Mais là, elles abandonnent les maths plus tôt et elles se ferment par la même occasion
02:18
beaucoup de débouchés.
02:19
Est-ce qu'il y a une question qui est toujours dans l'air, est-ce qu'il faudrait mettre
02:22
des quotas ?
02:23
Est-ce qu'il faudrait mettre des quotas dans les écoles, dans les classes prépa ?
02:26
Est-ce qu'il faudrait mettre des quotas chez vous, à Polytechnique, dire dans le
02:29
cycle ingénieur, nous on veut au moins 40% de femmes ?
02:31
C'est ce qu'on a fait pour les conseils d'administration.
02:33
Je crois que ça vaut le coup d'être instruit.
02:37
C'est quelque chose de dédicat.
02:41
Je pense que les quotas, ce n'est pas un cadeau pour les femmes qui en bénéficient.
02:44
On a entendu une jeune femme qui se demandait si elle avait été prise en stage parce que
02:48
c'était une femme, parce qu'on cherchait une femme.
02:49
Donc ce n'est pas un cadeau pour les femmes qui en bénéficient.
02:51
Parce que ça va renforcer ce sentiment de légitimité, elles n'en ont pas besoin.
02:55
Ce n'est pas un cadeau pour les garçons, les hommes qui les entourent, qui vont toujours
03:02
garder un doute d'avoir été lésés à cause des quotas.
03:05
Mais je pense vraiment que c'est un cadeau pour les générations suivantes.
03:09
On le voit, ces mesures structurelles ont été nécessaires pour féminiser les conseils
03:14
d'administration, les comités exécutifs des grandes entreprises.
03:18
Je crois qu'aujourd'hui, bien instruits, bien étudiés, elles sont nécessaires pour
03:21
féminiser les filières scientifiques.
03:23
Ça veut dire qu'à Polytechnique, on est en train d'y penser ?
03:25
Ça veut dire qu'à Polytechnique, on réfléchit à des mesures structurelles.
03:30
Puisque les mesures, j'allais dire à mon, ça fait 10 ans que l'école touche 25 000
03:37
jeunes par an, en allant systématiquement dans plus de 500 lycées en France, en accueillant
03:42
sur le campus des jeunes femmes à plusieurs moments de l'année, en faisant des stages
03:48
de sciences spécialement dédiées aux femmes.
03:50
Et ça n'a pas marché ?
03:51
Est-ce que vous, vous avez évolué sur le sujet ?
03:52
Je ne dis pas que ça ne marche pas, parce que je pense que la situation serait pire.
03:54
Ces actions sont bien menées et vertueuses, mais ça ne suffit pas.
03:58
Et est-ce que vous, vous avez évolué sur le sujet des quotas ? Vous, Laura Chabart ?
04:01
Est-ce que vous pensiez que c'était peut-être… ? Parce que vous, vous avez franchi tous les
04:04
plafonds de verre finalement.
04:05
Vous, vous n'avez pas eu besoin peut-être de vous poser… Vous ne vous êtes peut-être
04:09
pas sentie dans l'impossibilité d'avancer sur les quotas ? Est-ce que votre conviction
04:14
personnelle a évolué ?
04:15
Oui, je considère toujours que c'est un pis-à-lai, que si notre méritocratie était
04:20
parfaite, on n'aurait pas besoin de quotas.
04:23
Et je pense qu'aujourd'hui, le constat est largement partagé que cette méritocratie
04:27
est biaisée, y compris sur les sciences qu'on a trop longtemps considérées comme étant
04:32
des matières accessibles sans un environnement culturel et socio-économique particulier.
04:38
Du côté des professeurs, parlons du recrutement.
04:40
Aujourd'hui, on voit nombre d'universités, d'organismes de recherche qui se mobilisent
04:45
pour accueillir les scientifiques américains menacés par le cap de Donald Trump.
04:51
C'est encore le cas de Paris-Saclay, c'est tout près de chez vous ça Paris-Saclay,
04:54
c'est en Essonne, qui dit qu'il va ouvrir les portes à des doctorants, à des chercheurs.
04:58
Chez Polytechnique, vous y réfléchissez ? Vous allez mener une action ?
05:02
Oui, je pense qu'à Polytechnique, on est bien placé pour accueillir nos collègues
05:07
américains ou des collègues qui exercent aujourd'hui aux Etats-Unis, parce qu'on
05:12
a d'ores et déjà 45% de notre corps académique qui est international, 45% aussi de nos élèves
05:17
qui sont des élèves internationaux, et donc les cursus, pour beaucoup, sont enseignés
05:23
en anglais.
05:24
Et donc, est-ce qu'il y a des gens qui toquent à la porte ? Est-ce que vous voyez ce mouvement ?
05:29
Comment vous le ressentez ? Vous êtes une très grande école d'ingénieurs, de scientifiques.
05:34
Oui, on a de nombreux postes ouverts et à l'international, dans le domaine des sciences
05:40
du climat, dans le domaine de l'intelligence artificielle également, et on sait accompagner
05:44
des mobilités internationales avec l'environnement qui est nécessaire pour ça, pour installer
05:50
un enseignant-chercheur et sa famille, pour acheter les équipements qui lui sont nécessaires
05:56
pour démarrer une recherche, et ça notamment grâce au soutien de la fondation de l'Aix.
06:00
Donc oui, on est outillé, on fait la promotion de nos postes aux Etats-Unis, mais on dialogue
06:06
aussi avec nos partenaires américains, les universités américaines, pour voir comment
06:12
on peut les aider.
06:13
Est-ce qu'avec la situation actuelle, les changements géopolitiques de la Russie comme
06:17
des Etats-Unis, la guerre en Ukraine depuis 3 ans, est-ce que ça oriente plus de jeunes
06:21
vers vos concours ? Et est-ce que parmi vos étudiants, dont on sait qu'il y en a beaucoup
06:26
qui sont allés vers la finance, vers l'assurance, il y en a plus qui se disent « tiens, je
06:29
vais aller vers la défense ».
06:30
Je crois qu'aujourd'hui, effectivement, dans nos populations d'étudiants, il y
06:35
a un intérêt fort pour les enjeux géopolitiques, de souveraineté et de défense.
06:40
Plus largement, un intérêt fort pour le service public, ils ont envie de commencer
06:48
leur carrière dans des postes qui ont un sens, qui ont un sens pour eux, où ils peuvent
06:54
se sentir utiles, que ce soit sur la défense ou sur la transition environnementale qui
06:58
les préoccupe également beaucoup.
06:59
Et sur l'intelligence artificielle, c'est une des spécificités aussi polytechniques,
07:04
l'IA, ça va changer la façon de faire la guerre ?
07:06
Oui, l'IA, ça va changer la façon de faire la guerre, ça le fait déjà, ça accélère
07:13
le rythme de la guerre et de la conflictualité, dans le champ numérique évidemment, les
07:20
attaques cyber sont aujourd'hui très automatisées et la défense cyber également, mais aussi
07:27
dans le champ physique, avec le développement de nouvelles capacités d'armement.
07:32
Dans ce contexte très conflictuel, Laura Chobard, vous avez une série de critiques
07:37
en ce moment, parce que vous avez pris la décision de transférer, de faire migrer
07:42
des données de l'école et de certains laboratoires de polytechnique qui travaillent sur des projets
07:47
sensibles, je pense aux quantiques, de les faire migrer vers le cloud de Microsoft.
07:53
Et il y a cette loi, le Cloud Act, qui permet aux Etats-Unis et à Washington de dire « moi
07:58
je les veux ces données, il faut me les donner ». Est-ce que vous maintenez votre décision ?
08:02
Alors, merci de me donner la parole sur ce sujet parce que j'ai lu beaucoup de bêtises
08:06
dans les articles qui sont parus sur ce projet.
08:08
Alors corrigez-nous.
08:09
D'abord, il n'a jamais été question d'héberger les données de la recherche qui sont par essence
08:15
sensibles sur le cloud de Microsoft.
08:18
Ce n'est pas ça dont on parle dans ce projet.
08:20
Ce projet concerne la zone d'administration de l'école et de pilotage de l'enseignement
08:25
qui est aujourd'hui équipée d'une constellation d'outils mal intégrés et mal appropriés
08:32
par les utilisateurs qui les contournent et sur lesquels on envisage d'outiller nos
08:40
personnels avec Microsoft.
08:42
Pour ce qui est de la recherche, aujourd'hui ces données ne sont pas sur le cloud et demain
08:47
elles ne seront pas sur le cloud.
08:48
On est sous la tutelle du ministère des Armées, les données sensibles des laboratoires
08:54
sont particulièrement suivies, elles sont suivies dans le cadre de la politique de protection
08:59
du patrimoine scientifique et technique de l'Etat.
09:02
Elles font l'objet d'ailleurs de zones à régime restrictif.
09:05
Vous l'avez dit, j'ai travaillé dans le domaine de la souveraineté numérique.
09:10
Il n'est pas question de mettre ces données sensibles sur le cloud Microsoft.
09:14
Laura Chobard, la directrice générale de l'école Polytechnique, merci d'avoir accepté
09:18
l'invitation d'On n'arrête pas l'écho.
09:20
Merci à vous.
Recommandations
5:49
|
À suivre
Laura Chaubard, première femme à la tête de Polytechnique
Le Point Abonnés
27/02/2024
3:05
En duplex avec un expert sur l’état du monde - La chronique de Laura Domenge
France Inter
04/03/2025
13:20
Laura Chaubard, première directrice générale de Polytechnique
France Inter
05/11/2022
4:19
La poésie de Pôle emploi - Laura Domenge n'a pas compris
France Inter
26/09/2022
4:56
Je suis Gabriel Attal - La chronique de Laura Domenge
France Inter
22/01/2024
9:58
On n'arrête pas l'éco avec Thierry Laborde, directeur général délégué de BNP Paribas
France Inter
09/02/2025
28:24
SMART TECH - Emission du lundi 28 avril
B SMART
28/04/2025
4:21
Pas facile d’être un homme #notallmen - La chronique de Laura Domenge
France Inter
24/09/2024
4:43
Molière vs César - La chronique de Laura Domenge
France Inter
29/01/2024
4:47
Elle a fait le buzz - La chronique de Laura Domenge
France Inter
24/06/2025
4:19
Make up et politiques - Laura Domenge n'a pas compris
France Inter
21/11/2022
4:36
Santé mentale et pédiluve - Laura Domenge n'a pas compris
France Inter
10/04/2023
4:23
Instinct maternel et tétons irrités - Laura Domenge n'a pas compris
France Inter
19/09/2022
4:05
Les années lycée - Laura Domenge n'a pas compris
France Inter
30/11/2022
1:28:10
100% Sénat - Femmes et sciences : audition de la directrice de l'école Polytechnique
Public Sénat
16/06/2025
4:21
Je vous apprends comment communiquer - La chronique de Laura Domenge
France Inter
18/02/2025
4:49
Les boomers - Laura Domenge n'a pas compris
France Inter
24/10/2022
3:53
Un nouveau poste le post partum - La chronique de Laura Domenge
France Inter
27/08/2024
3:37
Course de sperme - La drôle d'humeur de Laura Domenge
France Inter
29/04/2025
4:31
Bizutage et crise d’angoisse, Floresqui ? Laura Domenge n'a pas compris
France Inter
03/10/2022
3:59
J’ai failli mourir - La chronique de Laura Domenge
France Inter
08/04/2024
4:43
Mère juive au nom du Père - La chronique de Laura Domenge
France Inter
04/03/2024
4:10
Laura n'a pas compris : Isabelle Huppert - La Drôle D'Humeur De Laura Domenge
France Inter
29/08/2022
4:02
Les Français sont heureux bordel ! - La chronique de Laura Domenge
France Inter
25/03/2024
3:37
CRÈMES SOLAIRES - Le vrai du faux
rtl.fr
aujourd’hui