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  • 25/03/2025
7 questions très simples sur la deuxième vague de l'épidémie.

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Transcription
00:00Cette seconde vague, est-ce qu'elle était prévisible ?
00:02On sait, au moins depuis début septembre, que l'épidémie est en croissance, en croissance exponentielle.
00:08Donc ce qu'on pouvait dire en fin août, début septembre, c'est que si rien ne changeait,
00:12on allait vers une saturation des services de réanimation en novembre.
00:16Ça, on pouvait le dire.
00:17On aurait pu prendre des mesures pour faire en sorte que ça ne se réalise pas.
00:20En fait, c'est même un peu un des paradoxes de la santé publique.
00:24C'est-à-dire que si vous faites un scénario pessimiste,
00:27comme celui que nous, on avait fait dans l'équipe,
00:28qui était que les services de réanimation seraient saturés en novembre,
00:32si ce scénario se réalise, c'est qu'il y a un problème quelque part.
00:43Cette seconde vague, on est dedans, mais elle a commencé, nous, on l'estime,
00:46depuis en gros le mois de juillet.
00:48Donc depuis le mois de juillet, l'épidémie augmente.
00:50Elle augmente moins vite qu'elle n'augmentait en février-mars.
00:54En février-mars, l'épidémie doublait en taille tous les trois jours.
00:57C'est-à-dire que tous les trois jours, vous passiez de 100 personnes infectées à 200, etc.
01:01Ce qui est une croissance exponentielle.
01:02Ça peut aller très vite.
01:03Vous pouvez passer comme ça en trois jours de 100 000 à 200 000 personnes infectées.
01:06Et là, ces deux dernières semaines, ça s'est accéléré.
01:08Aujourd'hui, l'épidémie double en taille à peu près tous les dix jours.
01:16L'épidémie a énormément diminué grâce à ces mesures.
01:20Après, ce qu'il faut voir, c'est qu'en juillet ou en août, on a rouvert les vannes.
01:24On a complètement abandonné tout ce qui était les limitations de déplacement.
01:29On a quasiment abandonné le télétravail.
01:32La stratégie de dépistage est devenue de moins en moins efficace pour deux raisons.
01:37D'une part, parce qu'on a ouvert les tests de dépistage à tout le monde sans conditions épidémiologiques ou cliniques.
01:43Donc ça, ça a créé une saturation.
01:44Il y a eu des délais.
01:45Et le problème, c'est que plus vous avez de personnes infectées,
01:48plus la stratégie de dépistage et d'isolation des contacts, elle fonctionne mal.
01:52En fait, si vous avez 1000 nouvelles infections par jour, vous pouvez suivre ces personnes, essayer de trouver leurs contacts.
01:57Quand vous avez 70 000 nouvelles infections par jour, cette stratégie marche beaucoup moins bien.
02:08Aujourd'hui, le nombre de reproductions, on peut l'estimer sur différents types de données.
02:11On peut l'estimer sur les nouvelles infections.
02:13On peut l'estimer sur les nouvelles hospitalisations.
02:15Il est aujourd'hui de l'ordre de 1,2, 1,3.
02:18Ça veut dire qu'en moyenne, 10 personnes en infectent 13.
02:28Au vu des connaissances, l'immunité collective de ce qu'on sait aujourd'hui, ça ne semble pas une bonne idée pour trois raisons.
02:33La première, c'est que le Covid-19 reste une maladie très virulente.
02:37Donc même s'il ne se propage que chez les plus jeunes, vous auriez de l'ordre de 10 000 décès en France avec une vague épidémique.
02:44La deuxième raison, c'est que de toute façon, ça semble impossible d'empêcher une telle vague épidémique de déborder dans les populations les plus fragiles.
02:52Donc vous n'arriveriez pas à les isoler.
02:54Donc vous auriez bien plus que 10 000 décès.
02:56La troisième raison, c'est qu'on a encore des grosses inconnues quant à la durée de l'immunité naturelle.
03:01On sait qu'elle dure moins quelques mois.
03:03Après, à l'échelle d'année, on n'a pas le recul encore.
03:06Donc là, on est dans une seconde vague et par définition, il y aura à un moment un pic épidémique.
03:12L'enjeu, c'est que ce pic épidémique arrive le plus tôt possible.
03:15Parce que le pic épidémique, ça veut dire qu'on contrôle l'épidémie.
03:18Plus le pic épidémique est tard, plus ce sera une catastrophe sanitaire.
03:24Une des difficultés pour tout le monde dans cette épidémie, que ce soit les scientifiques, les professionnels de santé publique ou le grand public,
03:30c'est qu'on ne voit pas immédiatement les effets des mesures qu'on prend.
03:35Si vous confinez l'ensemble de la population aujourd'hui, vous allez empêcher les infections à partir d'aujourd'hui.
03:41Mais vous n'en verrez pas le résultat avant 10 à 18 jours pour les admissions en réanimation.
03:46Les admissions en réanimation qu'on voit aujourd'hui, c'est des personnes qui ont été infectées il y a 10 à 18 jours.
04:01C'est tout à fait possible qu'il y ait d'autres vagues épidémiques.
04:05En fait, il n'y a que trois possibilités qui feraient qu'il n'y ait pas de nouvelle vague épidémique.
04:11La première, ce serait qu'une proportion suffisante de la population soit immunisée.
04:15A ce jour, ce n'est pas possible.
04:17D'une part, parce que l'immunisation naturelle n'est pas envisageable à grande échelle.
04:20D'autre part, parce qu'on n'a pas de vaccin.
04:22La troisième possibilité qui empêcherait une nouvelle vague épidémique, ce serait de parvenir à contrôler l'épidémie.
04:28Ce n'est pas impossible.
04:29Certains pays l'ont fait, certains pays le font, notamment le Japon, le Vietnam, la Nouvelle-Zélande.
04:35Ça nécessite des mesures très strictes, donc ce n'est pas impossible.
04:39Pour le moment, c'est certain que si on relâche le contrôle, il y aura encore une vague épidémique après.
04:50Aujourd'hui, quelqu'un qui vous dirait que le Covid-19 ne sera plus un problème dans un an, dans deux ans, dans trois ans,
04:56ce serait un escroc.
04:59Il y a trop d'inconnus.
05:01On ne sait pas aujourd'hui quelle est vraiment la durée de l'immunisation naturelle.
05:05On n'a toujours pas de vaccin efficace.
05:07Quand on aura des vaccins efficaces, il faudra voir quelle est la durée de la protection conférée par le vaccin.
05:12Est-ce que c'est des vaccins qu'il faudra renouveler tous les ans comme la grippe ?
05:15Donc il y a énormément d'inconnus.
05:17Aujourd'hui, c'est vrai qu'on n'a pas de visibilité à plus de quelques mois.
05:26Sous-titrage Société Radio-Canada

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