Droits de douane : "Je pense que la négociation n'a pas encore complètement échoué", estime François Bayrou

franceinfo

16/03/2025

Le Premier ministre François Bayrou était l'invité de "Questions politiques" le 16 mars 2025.

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00:00Très dangereux Donald Trump, qui en plus, nous impose des droits de douane, 200% dessus.

00:04Très dangereux Poutine, d'abord.

00:06Oui, on l'a bien entendu.

00:08Essayons de ne pas renverser.

00:10Deuxièmement, ce que fait le président des Etats-Unis est une déstabilisation complète, y compris pour son peuple.

00:18Quand vous mettez des droits de douane, vous introduisez de l'inflation.

00:22Comme les produits paient des droits, les prix montent, c'est assez simple.

00:28Et donc le peuple américain, vous avez vu les pronostics d'un certain nombre d'instituts économiques américains,

00:34qui tablaient sur une croissance de l'économie américaine de 4% et même de 4,5% l'année prochaine,

00:42et qui tablent désormais sur une chute de 3%.

00:46Mais donc nos produits vont coûter très cher et ils ne seront pas achetés par les Américains,

00:50notamment les vins et les champagnes français. Qu'est-ce qu'on fait pour la population ?

00:54La question des vins et des champagnes, qui est une question incroyable.

00:58J'étais avec les producteurs de cognac avant-hier.

01:02C'est une question terrible. Il y a 70 000 personnes qui vivent du cognac.

01:08Et ils sont pris sous le double feu de la Chine d'un côté et des Etats-Unis de l'autre.

01:14Qu'est-ce que le gouvernement peut faire ?

01:16Est-ce qu'on a fait quelques maladresses ? Enfin, on.

01:20Les maladresses ont été faites. Probablement oui, parce qu'on a introduit le bourbon du Kentucky

01:26comme si c'était une menace commerciale.

01:28Parce qu'on a repris une liste très ancienne sans relire la liste comme il aurait fallu.

01:34Voilà, la communauté européenne.

01:36C'est en effet au niveau de la Commission européenne.

01:40Nous avons 15 jours devant nous pour essayer de trouver un chemin.

01:47Et nous travaillons depuis des semaines à essayer de trouver un chemin avec la Chine pour cette production.

01:53Avec les Etats-Unis ou la Chine ?

01:55Avec la Chine, qui a introduit des droits de douane conséquents, et avec les Etats-Unis sur ce sujet.

02:03C'est-à-dire que vous êtes plus dans la négociation par rapport à Trump sur les droits de douane pour limiter la casse

02:09ou de dire non, on va riposter et puis on va se préparer, on va peut-être aider nos producteurs ?

02:14Dans quel état d'esprit vous êtes par rapport à cette guerre commerciale ?

02:17Je suis pour essayer d'arranger les choses le plus vite possible.

02:21Et je pense que la négociation n'a pas complètement échoué encore.

02:28Vous avez vu qu'il y a eu des déclarations, des tweets de Trump, mais pas de décision encore.

02:33On va voir.

02:35Dès l'instant qu'on se trouverait en situation d'échec dans le travail de négociation,

02:41alors il faudrait chercher d'autres décisions, d'autres mesures, d'autres mesures d'escalade.

02:48Et franchement, ce n'est pas à souhaiter.

02:50Mais s'il faut, il faut.

02:52Vous savez, sur les canons autrefois, au XVIIe siècle, vous pouvez le voir aux Invalides,

03:00sur les canons anciens, il y avait une phrase latine, c'était Ultima Ratio Regum.

03:08Le dernier argument des rois.

03:11Le dernier argument.

03:13La guerre, c'est le dernier argument.

03:16Si on peut éviter et faire en sorte qu'on arrange le plus possible de choses, alors il faut le faire.

03:25Est-ce que je suis optimiste ? Pas forcément.

03:28Je vois le tour qui a été pris par les uns et les autres, par les États-Unis et par les Russes.

03:36Je trouve que le monde dans lequel nous sommes entrés, c'est exactement le contraire du monde que nous avions décidé de construire.

03:42Le monde que nous avions décidé de construire, c'est force sera à la loi.

03:47Et le monde qu'on est en train de faire, c'est loi sera à la force.

03:51Comment vous expliquez qu'il y a un certain nombre de personnes dans le gouvernement, dans l'opposition,

03:55ou dans l'exécutif, qui considèrent que vous êtes bien paisible pendant cette période,

03:59et qu'au moment donné, il faudrait avoir une espèce de ton Churchillien pour garder votre calme ?

04:03Vous ne trouvez pas que c'est un ton qui est un peu Churchillien ?

04:06Je garde mon calme. Parce que, excusez-moi, si j'avais perdu mon calme,

04:12si je perdais mon calme, alors probablement je ne serais pas à la dimension de cette responsabilité.

04:20Mais il n'y a pas que le calme, François Bayrou. On lit beaucoup aussi le flou, le brouillon.

04:24Vous êtes d'accord avec ça ou pas ?

04:26Vous trouvez que c'est flou ce que j'ai dit ?

04:27Non, mais...

04:28Bon, alors, attendez, on va s'arrêter une seconde.

04:30Allons-y.

04:31Vous êtes des journalistes éminentes.

04:35On essaye.

04:36Vous voyez que je dis ça en gardant le...

04:39Vous êtes des journalistes éminentes et vous dites, non, ce que vous dites n'est pas flou.

04:45Bon, arrêtons-nous là, faisons le constat qu'en effet, ce que je dis n'est pas flou,

04:51et plus encore, qu'en effet, j'ai une méthode qui ne ressemble pas complètement

04:56à la méthode de mes prédécesseurs. Et je vais vous dire pourquoi.

04:59Parce que si mes prédécesseurs avaient eu la bonne méthode...

05:02On n'en serait pas là, d'accord.

05:04On n'en serions pas là.

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