Économie de guerre : qui payerait ?

Europe 1

10/03/2025

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00:00Et à 7h19 sur Europe 1 Place, l'édito éco, Dimitri Pavlenko.

00:05Bonjour Olivier Babaud. Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.

00:08Alors vous vous demandez Olivier ce matin, qui au juste va payer pour cette économie de guerre

00:12que nous devrions mettre en place pour retrouver nos capacités de défense ?

00:15C'est la question Dimitri que se posent aujourd'hui tous les citoyens contribuables.

00:19Les dirigeants européens ont récemment convenu d'un plan ambitieux

00:21visant à renforcer les capacités de défense de l'Union Européenne.

00:24Ils prévoient une mobilisation de 800 milliards d'euros sur une période de 4 ans,

00:28c'est environ 4,5% du PIB de l'Union Européenne.

00:31Mais en cas de situation géopolitique plus dégradée,

00:33il faudrait sans doute aller plus vite et plus fort.

00:35Alors quelles pistes de financement sont envisagées ?

00:37Certains plaident pour un emprunt européen, à l'image du plan de relance post-Covid,

00:41mais l'idée rencontre une forte opposition des pays du Nord

00:44qui refusent de mutualiser la dette militaire.

00:46Solution beaucoup plus évidente, une augmentation des budgets nationaux.

00:50La France mise sur une hausse progressive des crédits militaires

00:52atteignant 100 milliards d'euros d'ici 2030.

00:54Pour la financer, on parle de mobiliser l'épargne privée à travers des emprunts.

00:58On évoque aussi le fléchage de l'épargne réglementée,

01:00comme l'assurance-vie ou le livret A.

01:02Dans ce dernier cas, on ne comprend pas bien comment l'argent à s'y utiliser

01:05ne manquerait pas à d'autres pans de l'économie, en particulier le logement social.

01:08Outre l'emprunt, on comprend que l'augmentation des budgets,

01:10il y a deux façons de la financer, c'est la dette ou l'impôt.

01:14Et oui, en fait, quelle que soit la façon dont on regarde le problème,

01:16la baisse de nos dépenses sociales et étatiques étant, hélas, très peu vraisemblable.

01:20Tous les chemins mènent à l'impôt.

01:22Il faut le répéter, la dette n'est que de l'impôt différé.

01:24Et ensuite, côté impôt immédiat, le gouvernement promet pour l'instant

01:27qu'il ne les augmentera pas, mais on sait que la créativité de Bercy est sans limite.

01:31Et surtout, il y a d'autres façons beaucoup plus subtiles de faire payer les contribuables.

01:34Regardons ce que nous apprend l'expérience du passé sur l'économie de guerre.

01:38Alors, les États, certes, n'ont plus l'arme monétaire,

01:40mais la Banque Centrale Européenne, la BCE, pourrait être tentée d'opter pour la création monétaire.

01:44Et la fameuse planche à billets, c'est ainsi que les guerres, souvent, ont été financées.

01:47Et oui, depuis très longtemps.

01:48Les guerres napoléoniennes, la première, la seconde guerre mondiale,

01:51ont été largement financées par la planche à billets.

01:53Résultat, une inflation galopante, la ruine des rentiers,

01:56les emprunts nationaux de la guerre de 1914 ont été remboursés en monnaie dépréciée,

02:00le blocage des loyers a brisé les rendements des actifs immobiliers.

02:03Mais la BCE n'a pas officiellement cette possibilité de création monétaire directe ?

02:08Certes, les traités européens lui interdisent de financer directement un État,

02:12mais des mécanismes indirects, comme le fameux quantitative easing, ont le même effet.

02:15La BCE achète massivement des actifs financiers, généralement des obligations d'État,

02:20et ça injecte des liquidités dans l'économie.

02:22Finalement, qui paierait l'effort de défense de cette économie de guerre dont parlent certains ?

02:26On paierait tous, tout simplement.

02:28L'histoire nous enseigne que l'effort de guerre retombe sur tous les citoyens,

02:31et on peut parier que cette fois encore, les possesseurs de patrimoine seraient en particulier en première ligne,

02:35soit par la fiscalité, soit par l'érosion monétaire.

02:37En tout cas, la défense devenant une priorité, la question de son financement,

02:41deviendra un débat central dans les années à venir.

02:43Signature en Europe 1, Olivier Babaud. Merci beaucoup Olivier, bonne journée.

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