L'Ukraine n'est pas prête à rejoindre l'OTAN ou l'UE, déclare Juncker

euronews (en français)

L'ancien président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a mis en garde contre l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN en tant que forme de garantie de sécurité.

Transcript

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00:30Nous avons beaucoup entendu parler de la pivote des Etats-Unis vers la Russie.

00:36Est-ce que vous avez confiance en la situation ?

00:38Pas vraiment.

00:39J'ai connu le Président Trump de nombreuses fois,

00:44et je sais qu'il a des sentiments amicaux envers la Russie et le Président russe.

00:50Je me souviens qu'il s'adressait à la G7,

00:54et il s'agissait de l'amitié de la Russie dans la G7,

00:58de la retransformation de la G7 en G8.

01:02J'ai perdu confiance en Poutine et en Russie,

01:09même s'ils avaient de bonnes relations d'amitié avec Poutine.

01:16Mais j'étais très surpris quand la Russie a attaqué l'Ukraine.

01:20Je n'avais jamais pensé que cela pouvait se produire.

01:24Mais nous avons besoin, je ne dirais pas de bonnes relations avec la Russie,

01:28mais de bonnes relations avec la Russie,

01:31parce que la Russie fait partie de l'Europe,

01:34et nous ne pouvons pas changer de géographie.

01:37La Russie restera là où elle est.

01:39Est-ce que vous pensez que l'arresté de Poutine à l'Assemblée internationale

01:43devrait se mettre en place et rester en partie des négociations de paix ?

01:48Je pense que l'Union européenne et l'Ukraine doivent avoir un lieu

01:54autour de la table de négociation.

01:56Si vous ne vous asseyez pas autour de la table, vous êtes sur le menu.

01:59L'ambition de l'Union européenne n'est pas d'être sur le menu.

02:04Nous voulons faire partie de ceux qui préparent une solution finale

02:09pour le conflit ukrainien-russien.

02:12Mais est-ce que vous pensez que la garantie de l'arresté de Poutine devrait se mettre en place ?

02:16Je ne sais pas ce que j'ai à comprendre de ce que Poutine et Trump disent.

02:25Un jour, ils disent que le lieu de l'Union européenne devrait être autour de la table.

02:29L'autre jour, ils disent que nous ne voulons pas que les Européens soient en partie des négociations.

02:35Je pense que l'Europe doit faire partie des négociations.

02:38Vous pensez que l'Europe doit faire partie des négociations ?

02:39Oui.

02:40Et qu'est-ce que vous pensez de la garantie de l'arresté de NATO ?

02:42Est-ce que c'est quelque chose qui doit être considéré par les Etats-Unis

02:44comme une garantie pour les territoires au moins inoccupés de l'Ukraine ?

02:46Vous savez, ce n'est pas un sujet à court terme.

02:49Tant que l'Ukraine est en attaque et en guerre,

02:55l'Ukraine ne peut pas devenir membre de la NATO.

02:59L'Ukraine peut devenir, même si ce n'est pas un sujet à court terme,

03:08membre de l'Union Européenne, car l'Ukraine a une perspective européenne claire.

03:14La NATO est une chose différente.

03:17Tant que la Russie attaque les territoires ukrainiens,

03:23l'Ukraine ne peut pas devenir membre de la NATO.

03:26Si elle devait devenir membre de la NATO,

03:30nous nous mettions dans l'application de la logique de l'article 5 de la NATO.

03:37Je ne pense pas que cela soit dans l'intérêt de l'Europe pour le moment.

03:43Est-ce que Poutine a un point quand il dit à Trump

03:48que la raison pour laquelle il a évadé l'Ukraine était l'expansion de la NATO ?

03:53Non, je ne pense pas que ce soit le cas.

03:56Tout d'abord, nous n'avons jamais promis à la Russie

04:00d'abstenir de l'expansion vers l'Est et la Centrale d'Europe.

04:07Cela n'a jamais été promis, n'a jamais été dit et n'a jamais été écrit.

04:11Deuxièmement, bien sûr, l'Ouest a fait quelques erreurs dans sa relation avec la Russie.

04:20Mais je ne vais pas vous dire ce que je considère comme une erreur

04:26parce qu'il n'y a jamais eu une bonne raison pour faire une guerre.

04:30Si nous disons qu'on aurait pu faire ceci ou cela,

04:34ou qu'on aurait pu abstenir de faire ceci ou cela,

04:38cela, dans les yeux de Poutine et de l'opinion publique russe,

04:45serait considéré comme des raisons qui ont permis à la Russie d'attaquer l'Ukraine.

04:54Mais il n'y a pas de bonnes raisons pour commencer une guerre.

04:58C'est facile de commencer une guerre, c'est très difficile de l'arrêter.

05:02Quand vous regardez les trois dernières années

05:05et comment l'Europe a défendu et soutenu l'Ukraine,

05:08comment vous assesseriez cela ?

05:10Le fait est que les Européens n'avaient jamais voulu faire partie de la guerre.

05:16Nous avons montré notre solidarité avec l'Ukraine.

05:21Nous avons fait ce que nous avions pu faire,

05:24en prenant en compte les sentiments basiques de l'opinion publique des pays européens.

05:33Nous pourrions avoir fait plus,

05:35mais nous n'avons pas eu d'expérience de guerre depuis le début de la Deuxième Guerre mondiale.

05:52Ce n'est pas un pas facile à prendre par les Européens.

05:56Mais nous avons été trop lents.

05:58Nous sommes devenus, à un certain point, une partie de la guerre.

06:03Honnêtement, je pense que nous avons été trop lents.

06:07Mais je sais à quel point ces décisions sont difficiles

06:11lorsqu'elles doivent être faites en Europe.

06:14Donc, la membreship nationale n'est pas la bonne chose en ce moment.

06:18Mais qu'en est-il de la membreship de l'UE ?

06:20Vous avez dit, il y a peu de temps, en 2023,

06:24que l'Ukraine était profondément corrupte

06:27et qu'on ne devait pas regarder la membreship de l'UE,

06:30car ce n'est pas juste pour l'Ukraine, ni pour l'Union Européenne.

06:33Est-ce votre position ?

06:35L'Union Européenne doit être très prudente

06:38lorsqu'elle accueille de nouveaux membres.

06:41L'Ukraine n'est pas prête à accueillir des membres.

06:44L'économie n'est pas en position

06:48où elle peut participer facilement au marché interne européen.

06:54La structure nationale de l'Ukraine

06:57ne reflète pas les valeurs basiques européennes à 100%.

07:04Il y a de la corruption dans l'Ukraine.

07:08Les Ukrainiens, eux-mêmes, m'ont toujours dit,

07:11lorsqu'on s'est négocié avec eux en 2014-2019,

07:16qu'ils avaient un problème avec la corruption.

07:19On s'est toujours discuté avec le président Poroshenko

07:22et le président Zelensky

07:25sur les moyens et les façons de combattre la corruption.

07:31Le président von der Leyen dirait

07:34qu'ils font de grandes entrées

07:36avec la déolégarchisation

07:38et le mouvement vers le système de loi

07:41et qu'ils pourraient potentiellement être prêts en 2030.

07:44Mais j'accepte que l'Ukraine progresse

07:47sur ces différents sujets qu'on a mentionnés.

07:51Je serais en faveur d'une membreship

07:56qui ne serait pas une membership totale.

08:00Une membership minus.

08:02Une membership minus, mais sans dimensions institutionnelles.

08:06Donc sans, par exemple, un vote de l'Assemblée.

08:09Pas de vote de l'Assemblée

08:11Pas de participation dans les débats européens

08:14sur des sujets qui sont d'intérêt et d'inquiétude pour l'Ukraine.

08:19Ne pas leur donner l'impression d'être loin d'une membership

08:23et de montrer qu'ils sont en train d'y participer

08:26mais ne pas avoir tous les droits

08:29et toutes les possibilités d'une véritable membership.

08:32Donc, l'accès à un marché unique, par exemple.

08:35Un marché unique.

08:37La défense est importante

08:39et l'Assemblée sera dans une situation

08:41où il y a vraiment une dimension de la défense

08:43ce qui n'est pas le cas, comme nous l'avons dit.

08:46Donc, une partie de la membership serait, pour le moment,

08:50la seule façon possible, je pense.

08:53Parce que vous avez dit, dans le passé,

08:55que nous avions eu de mauvaises expériences

08:57avec les nouveaux membres en rapport avec la loi.

09:00Pas tous les nouveaux membres sont un exemple

09:05d'un profond respect de la loi.

09:08Et nous devons s'assurer que cette faiblesse

09:11ne sera pas élargie par de nouveaux membres

09:14qui ne respecteront pas la loi.

09:17D'où voyez-vous que cela a touché l'Union Européenne

09:20quand vous regardez la manière dont l'Hongrie,

09:22la Slovaquie et, dans le passé, la Pologne

09:25ont déregardé les règles du marché unique,

09:27ont déregardé l'article 2 de la traité de l'Union Européenne ?

09:30Je pense que c'était une erreur,

09:33tant par ceux que vous avez mentionnés

09:36et par l'Union Européenne.

09:38Nous n'avons pas été assez stricts,

09:40je n'étais pas assez strict,

09:42même si nous nous battions avec la Slovaquie

09:45et avec l'Hongrie dans ce sens.

09:50Au tout début de ce passage

09:54d'un pays à l'autre des règles

09:57principales de l'Union Européenne,

10:00nous l'avons traité avec un négligence trop pénible.

10:03Avant de vous laisser,

10:05il va y avoir une discussion très importante

10:08sur la sécurité et la défense,

10:10un papier blanc de l'Union Européenne.

10:12Comment cela pourrait-il être ?

10:14Qu'advocatiseriez-vous ?

10:16Advocatiseriez-vous à nouveau

10:18pour l'épargne commune sur la défense ?

10:20Je pense que le moment est venu

10:22de renforcer le pilier européen de la NATO.

10:26Il y a des années, des décennies,

10:32les Américains n'avaient pas aimé

10:34l'idée que la dimension européenne

10:36de la NATO allait devenir plus forte.

10:38Maintenant, ils demandent,

10:40et c'est certainement le cas,

10:42donc nous devons augmenter

10:44nos budgets militaires partout en Europe.

10:47Je ne mentionne pas le pourcentage,

10:49car 5% n'est vraiment pas possible,

10:53alors que la Pologne a 4,7%,

10:57donc c'est possible si...

11:00Plus dans le temps moyen, mais dans le temps court.

11:03Dans le temps court, ce n'est pas possible,

11:05mais les budgets doivent être augmentés.

11:08Je ne m'advocate pas

11:10d'un pilier agressif européen de la NATO,

11:15mais la partie européenne de la NATO

11:19doit pouvoir se défendre,

11:22parce que nous ne pouvons pas relier

11:24à la soutenance et la protection américaine

11:26à l'éternité.

11:28C'est fini.

11:30Nous arrivons à la fin d'une période,

11:32à la fin d'une zone,

11:34et nous devons prendre cela en considération

11:38et ne pas l'oublier

11:40quand les choses sont normalisées

11:44au niveau de l'Ukraine et de l'Argentine.

11:47Le président du Comité européen,

11:49le président de l'Union européenne,

11:51Jean-Claude Juncker, merci beaucoup

11:53de nous avoir accueillis.

11:55Merci de m'avoir accueilli.

11:58Sous-titrage Société Radio-Canada

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