00:05Toujours en compagnie de nos deux chroniqueurs de la deuxième heure, Gilles Boutin et Jean-Michel Salvatore.
00:10On était il y a quelques instants avec Guillaume Perrault, on parlait de cette dette qui date finalement de très longtemps de Louis XIV.
00:18Il y en a un qui semble en meilleure posture pour faire passer son budget, qui n'a pas pour autant réduit la dette.
00:25Jean-Michel Salvatore, ça y est, c'est quasiment fait. François Bayrou a réussi là où Michel Barnier a échoué ?
00:32Oui, on pourra dire ça demain, mais incontestablement, oui, il a réussi. Il a réussi son coup.
00:43Ensuite, si on regarde un petit peu les chiffres, on peut se poser un petit peu la question.
00:48Est-ce que c'est une bonne affaire pour lui sans doute ? Est-ce que c'est une bonne affaire pour la France ? Un peu moins.
00:53Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais Catherine Vautrin avait dit il y a quelques semaines que la censure du gouvernement Barnier avait coûté 12 milliards d'euros.
01:07Là, quand on regarde ce que va coûter à la France la non-censure avec toutes les concessions qui ont été accordées à la gauche, on est autour de 5 milliards.
01:19C'est ce qu'a dit François Bayrou.
01:21C'est ce qu'il a dit, d'une façon d'ailleurs assez curieuse dans la tribune, parce qu'on lui pose la question.
01:25Toutes ces concessions à la gauche et aux partis socialistes, combien ça va coûter ?
01:29Il répond d'une façon très approximative, je crois, autour de 5 milliards.
01:34Visiblement, ce n'est pas très important pour lui.
01:36C'est vrai que d'une certaine façon, on avait le choix entre la peste et le choléra.
01:40La peste, c'était d'avoir une nouvelle censure avec peut-être 12 milliards ou plus de coûts supplémentaires de cette censure,
01:47avec une instabilité et une économie véritablement dans un état très inquiétant.
01:53Ou alors, on a ces 5 milliards, donc ça c'est plutôt le choléra.
01:58Ce qui est très inquiétant, je trouve, là-dedans, c'est que les concessions qui ont été accordées à la gauche,
02:04ce sont des concessions qui dénotent de la part de la gauche une certaine attirance pour la facilité,
02:10pour les impôts, pour le non-effort, pour les impôts à gogo, mais pas sur les économistes.
02:16Pourtant, ils vous disent que c'est un budget de droite, qu'ils l'ont fait au nom de la stabilité du pays, mais que c'est un budget de droite.
02:21Mais je trouve franchement que là, le signal est extrêmement mauvais,
02:25et c'est vrai que ce qu'on dépense aujourd'hui, il faudra qu'on le rembourse demain.
02:29Gilles Boutin, c'est vrai qu'au départ, on était parti sur un effort de 50 milliards,
02:33et parti en 20 milliards de recettes, 30 milliards de coupes de dépenses,
02:37à la fin de la moulinette de la commission mixte paritaire, c'est un petit peu flou tout ça.
02:42En fait, on s'aperçoit qu'il y a surtout plus d'imposition qu'autre chose,
02:46parce qu'au niveau des économies, c'est le rabot à tous les étages, donc rien de très structurel.
02:51Surtout pour les grandes entreprises et les plus fortunées quand même.
02:55L'imposition, oui certes, cependant, c'est ce qui peut aussi être de nature à pénaliser une activité économique.
03:01Donc, ça pose des questions sur le financement du budget futur, 2026-2027.
03:09Il y a une croyance démesurée de la part du gouvernement,
03:13dans la capacité de la fin de l'incertitude à tout solutionner.
03:17C'est-à-dire qu'en réalité, ils n'ont pas de réponse.
03:19Ils ne savent absolument pas pour l'instant, ils n'avaient qu'un seul horizon,
03:23c'était celui du budget.
03:25Il est en passe d'être adopté, chapeau bas à François Bayrou qui signe ainsi cette survie.
03:30Il a été habile quand même, c'est sa victoire. Vous êtes d'accord avec ça ?
03:33Oui, il a été habile, mais il a aussi été très aidé par Michel Barnier,
03:36parce que si Michel Barnier n'était pas passé avant, et que François Bayrou avait été le premier,
03:41en quelque sorte, à prendre les manettes, je ne suis pas certain qu'il serait resté.
03:46C'est-à-dire qu'il a vu les erreurs qu'il ne fallait pas commettre,
03:49comment il fallait améliorer, et surtout qu'il avait intérêt...
03:51Et que surtout, les Français en ont eu marre, je pense, Jean-Michel.
03:54Vous voyez, le RN le dit, et le PS aussi.
03:57D'ailleurs, on entendait Philippe Doucet hier chez notre ami Pierre De Villeneuve,
04:01qui disait, mais enfin, le Bureau national, c'est clair qu'on a eu les échos des militants
04:05qui n'en pouvaient plus.
04:07C'est vrai qu'il était habile, on ne peut pas le lui retirer,
04:10mais avec le Carnet de chèque des Français.
04:13Et avec toujours cette idée, le budget de 2025 va être difficile à faire,
04:18il faut faire des concessions parce qu'on n'a pas les moyens,
04:20et qu'on ne peut pas vivre sans budget,
04:22mais vous verrez qu'à partir de 2026, et qu'à partir du budget de 2026,
04:26on fera de vrais efforts, on fera des réformes structurelles,
04:30on s'attaquera au train de vie de l'État,
04:32et on est parti pour des budgets beaucoup plus sains.
04:35Moi, je ne crois pas du tout.
04:36Je crois que le budget de 2025 était très difficile à faire,
04:39que le budget de 2026 sera encore plus difficile à faire,
04:42parce qu'il faudra imposer de nouveaux sacrifices aux Français,
04:45et on voit bien que par la démagogie de la plupart des partis politiques,
04:51on habitue les Français à la facilité.
04:53Je pense que le budget de 2026 sera encore plus difficile à faire,
04:56et qu'il faudra malheureusement attendre 2027 et la présidentielle,
05:01pour que le pays s'attaque véritablement aux vraies réformes dont on a besoin,
05:05pour s'attaquer à la dette, pour s'attaquer à l'école, au logement, à la santé, etc.
05:10Alors évidemment, il y a eu pour cela les concessions, les compromis,
05:15le RN, Jordan Bardella d'ailleurs a été invité ce matin de CNews Europe 1,
05:19qui estime que de ne pas voter la censure est un choix responsable dans l'intérêt du pays.
05:24Concessions, on en parlait, l'UPS, je voulais vous faire écouter sur ce point,
05:27d'ailleurs Laurent Wauquiez, ce matin.
05:29Oui, je considère que le Parti Socialiste a pris une position qui, pour moi, va dans le bon sens,
05:35parce que que le Parti Socialiste décide de s'émanciper du diktat de la France insoumise
05:40et de leur jusqu'auboutisme, c'est une bonne nouvelle pour la démocratie, ça je le crois.
05:46Et maintenant, vu la configuration de l'hémicycle,
05:49évidemment que pour l'adoption du budget, le recours au 49-3 est une décision qui relève du Premier ministre.
05:55Gilles Boutin, est-ce que c'est la mort et l'enterrement du nouveau Front populaire ?
06:00Je suis très sceptique par rapport à ça, parce que la gauche, évidemment on ne peut pas savoir,
09:48Mais s'il y en a trois, quatre ou cinq, il n'y en aura aucun au second tour.
09:50Et donc je souhaite que, puisque Jean-Luc Mélenchon a décidé d'être candidat,
09:54qu'il y ait un candidat pour le reste de la gauche
09:56qui permette d'avoir ce candidat commun,
09:59qui puisse affronter le second tour et qui puisse l'emporter au second tour.
10:02Gilles Boutin.
10:03C'est la bonne vieille recette du programme commun.
10:07Retour dans le passé.
10:09Et puis, vu qu'on est dans la politique politicienne,
10:12on est vraiment sur la partition des deux gauches irréconciliables
10:15où, tant d'un côté, Jean-Luc Mélenchon que Olivier Faure ou François Hollande
10:21jouent cette partition en partant du principe que
10:24Jean-Luc Mélenchon, lui, il veut jouer l'outrance
10:28et imposer son tempo et créer une sorte de moment Trump
10:32où il se dit que les gens vont, par réalisme, voter pour lui,
10:36les gens de gauche.
10:37Et François Hollande et Olivier Faure,
10:39qui ne s'entendent pas spécialement,
10:40mais qui au moins partagent une autre vue,
10:42qui est celle de se présenter comme la gauche raisonnable
10:44et qui va donc capter tous les désillusionnés
10:47des jusquoboutistes de LFI.
10:49Donc c'est ça qui se joue in fine.
10:52Mais bon, peut-être que les forces vont s'annuler effectivement à l'arrivée.
10:55Et Jean-Michel Salvador, peut-être qu'ils vont de nouveau s'entendre,
10:59notamment sur la politique migratoire,
11:01puisque le PS a déjà annoncé qu'il déposerait une motion de censure
11:04plutôt symbolique sur cette question de la politique migratoire.
11:08Oui, mais il y a quand même, si vous voulez,
11:10dans la Ve République, pour qu'un parti politique existe,
11:14il faut qu'il ait un candidat à la présidentielle.
11:16Bon, ça c'est quelque chose qui... c'est un invariant.
11:19Et donc, bon, Mélenchon ça sera sans doute candidat pour LFI,
11:23mais évidemment que le PS voudra avoir son candidat.
11:26Alors évidemment, le problème c'est qu'ils n'ont pas en leur sein un présidential.
11:30Olivier Faure n'est pas présidentiable.
11:32Il faut se souvenir que Mme Hidalgo avait fait 1,75% à la précédente présidentielle.
11:36Alors ils peuvent peut-être éventuellement faire appel à M. Glucksmann,
11:40mais pour l'instant ils n'ont pas un candidat potentiel.
11:44Et puis les Verts, qui sont en train de doubler dans certaines communes le PS,
11:51les Verts évidemment voudront avoir un candidat.
11:53Donc ça rend la situation à gauche assez compliquée.
11:56En attendant, on s'éloigne des préoccupations des Français, tout ça.
11:58Enfin, c'est vrai que c'est pas moi, c'est Olivier Faure qui a lancé le sujet de 2027.
12:02Mais en attendant, on attend peut-être des lois de ce gouvernement.
12:06Alors, écoutez, Edouard Philippe, rien de décisif ne sera fait dans les deux années à venir.
12:10Est-ce que vous êtes aussi pessimiste qu'Edouard Philippe, Gilles Boutin ?
12:14Pas forcément, parce que là, l'agenda législatif est désespérément vide.
12:19Puisque, comme je le disais, tout le monde n'avait Dieu que pour le budget.
12:22Et c'était extrêmement compliqué de se projeter au-delà.
12:25La proposition de loi la plus notable était une proposition pour lutter contre les pannes d'ascenseurs.
12:31Donc c'est quand même dire le niveau des priorités où on était.
12:34Mais il y a la fin de vie, les retraites, il y a quand même des choses sur la table.
12:39Le seul sujet sur lequel on réussit à réunir un consensus dans toutes les oppositions, c'est le budget.
12:43Or là, on est en train de voir que la grammaire politique est en train de changer.
12:45C'est-à-dire que face à une réalité, le PS et le RN en viennent à reconnaître que non, on ne se définit pas nécessairement en votant contre le budget.
12:54Enfin là, au travers, en ne votant pas la censure.
12:57Vous pensez qu'il va tenir jusqu'en 2027 ?
13:00Il le pourrait. Il y aura le budget suivant. Ça, ça va être une autre paire de manches, comme on l'a dit.
13:06Mais autrement, sur les autres sujets, il peut très bien continuer de naviguer, d'obtenir des consensus plus ou moins mous.
13:14Ça ne sera plus rédhibitoire. Il y a un vrai soulagement de son côté et une vraie déception de la part des autres partis qui pensaient que le chaos pouvait survenir.
13:22Finalement, c'est pour ça que François Bayrou s'en est bien sorti. Mais pour combien de temps ? Quelques mois peut-être.