Dans l’arche-Twingo de Laura, il y a un lit, un transat, 37 peluches, 18 hochets, 25 petits pots… tout, sauf ce qu’il faut !
Retrouvez « Laura Domenge n'a pas compris » dans La Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/chronique-de-laura-domenge
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AmusantTranscription
00:00Voici Laura Demorand !
00:02Oh oui !
00:04Je suis heureuse de vous retrouver !
00:06Il est canon mon Sweet, j'adore !
00:08Il a une histoire, je vais vous la raconter.
00:10Il y a quelques semaines, je pars en tournée comme tous les week-ends
00:12avec mon régisseur. Je suis gênée de l'appeler comme ça
00:14parce que ça fait un peu hiérarchie
00:16donc on va l'appeler mon mari.
00:18Je pars avec lui
00:20et ce truc qu'on emmène toujours
00:22avec nous, qui prend beaucoup de place, je ne sais plus comment
00:24s'appelle le bébé.
00:26Autant vous dire qu'on se traballe un spectacle
00:28plus un enfant, plus mon anxiété.
00:30Ce n'est plus une Twingo qu'on a, c'est l'Arche de Noé.
00:32Nous arrivons dans notre tournée
00:34internationale à Las Vegas,
00:36traduction française, Conche-En-Nouche.
00:38Et je me sentais...
00:40Oui, Conche-En-Nouche, ça existe.
00:42Et je me sentais un peu à l'étroit, alors impossible à dire
00:44si c'était dans la bagnole ou dans ma vie. J'ai tout !
00:46Je sens un petit
00:48crac au niveau de mon pantalon
00:50côté fessier. Je me dis
00:52ça pue la merde. Et effectivement,
00:54puisque le babe avait repeint son body,
00:56un vrai artiste, un des aplats de couleurs profondes
00:58de la matière, un soulage en herbe,
01:00qui s'était effectivement soulagé.
01:02Et soudain,
01:04que réalise-je ?
01:06Et bien que dans l'Arche de Twingo,
01:08il y a un lit, un transat, 37 peluches,
01:1018 tochets, 25 petits pots
01:12et pas une couche.
01:14Je fais deux pharmacies, ou plutôt les deux pharmacies
01:16de Conche-En-Nouche.
01:18Avez-vous deux couches ? Oui, super,
01:20mais j'aurais dû préciser pour bébé.
01:22Trois rayons,
01:24trois rayons, troisième âge
01:26et pas une pampers. Pauvre gosse,
01:28du coup, je lui ai foutu un de mes tampons.
01:30On fait ce qu'on peut,
01:32système D. Bref,
01:34à Conche-En-Nouche,
01:40il n'y avait pas de couche.
01:42Et voilà, Tipa,
01:44que je dis voilà, Tipa, déjà, je suis née
01:46de 67 ans, je sors de ce corps,
01:48mais aussi voilà, Tipa, que les gens
01:50me dévisagent. Alors, je mesure ma notoriété,
01:52tout le monde, et je dis bien
01:54tout le monde, me regarde avec cette aire de
01:56mi-fascination, mi-amusement, si propre
01:58aux stars, un regard que vous autres autour
02:00de la table devez peu connaître. Et voilà,
02:02Tipa, que j'en dis voilà, Tipa,
02:04que je passe devant un miroir et que je
02:06m'aperçois que mon jean, qui fut ma fierté
02:08ces derniers mois, ce jean pré-grossesse
02:10qui s'ennuyait tout seul dans mon dressing,
02:12qui chantait la solitude, il n'est depuis
02:14plus de douze mois, qui avait, tel
02:16François Berroux, refait surface et été ressorti
02:18des profondeurs de l'oubli. Oui, ce
02:20jean que j'arborais fièrement, qui symbolisait
02:22l'évaporation de mes kilos de grossesse, vous voyez duquel je parle.
02:24Forcément que oui, puisque c'était le seul jean
02:26que je mettais depuis maintenant six mois.
02:28Et bien, ce jean avait tel
02:30mes nerfs, qu'à ce moment-là,
02:32craquaient. Mais
02:34complètement, c'était pas un trou, c'était la
02:36bouche des enfers, la dette publique.
02:38Gainsbourg, version XXL,
02:40un gros trou, un gros trou, un très très gros
02:42trou. C'était donc
02:44pour cela que les gens ne me regardaient pas dans
02:46les yeux. En fait, leur regard disait
02:48le pauvre, à poil dans la rue, dis donc qu'il n'a pas de cul.
02:50Enfin si, du coup. Excellent, excellent !
02:52Alors, dans la Twingo de
02:54Noé, il y avait un lit, un transat,
02:5637 peluches, 18 hauchettes, 25 petits pots,
02:583 t-shirts, 2 pulls des chips, 1 parapluie,
03:00un gilet jaune, 25 chargeurs de téléphone,
03:02mais pas de couches, ni de fucking fut !
03:04Mais pourquoi on a tout, sauf
03:06ce qu'il faut ? Alors,
03:08où trouver un futal lorsqu'on a perdu notre
03:10dignité ? Sujet de Bacphilo.
03:12L'intermarché de
03:14Conches-en-Nouches.
03:16Mais où suis-je ? Dans un
03:18supermarché ou dans un marché super ?
03:20Peut-être qu'on m'a toujours menti que le ridicule
03:22en fait tue, et que je suis actuellement
03:24au paradis ! L'inter
03:26de Conches est plus grand que
03:28la ville de Conches en elle-même !
03:30Et que vois-je ? Des couches pour bébés à perte
03:32de vue ! Et oh ! Des vêtements !
03:34Oui, ces vêtements à la signature olfactive, si
03:36caractéristiques aux hypermarchistes savants
03:38mélanges de senteurs fleurs de chiottes, boulangerie
03:40et poissonnerie ! Eh bien, figurez-vous
03:42qu'à Intermarché City,
03:44il y avait un rayon que je ne connaissais pas,
03:46le rayon seconde main. Vêtements
03:48de seconde main, je précise, bien qu'un
03:50supermarché de seconde main tout entier, ça pourrait être génial !
03:52Tu pourrais acheter les trucs que tout le monde laisse tout le temps,
03:54tu sais, les crémas à la cerise,
03:56les croûtes de pizza, les doves dans les célébrations...
03:58Boum !
04:00À la vue de ce rayon,
04:02la bofo que je suis se dit « Mais génial ! »
04:04Et la snob se dit « Des
04:06fringues d'hypermarché et en plus d'occas »
04:08« Mais c'est moi qu'on devrait payer pour les porter ! »
04:10Et enfin, l'affauchée se
04:12dit « 10 balles le fut, je vais plutôt
04:14prendre le pull à 5 balles ! »
04:16Mais sous couvert de ces
04:18géniales, un rayon friperie, ça se rachète une
04:20conscience et pour la racheter, c'est des nouveaux moyens
04:22pour que nous, on achète ! Ce serait
04:24typo du greenwashing, ce truc-là !
04:26Eh bien si, Ginette ! Et c'est l'art de nous
04:28positionner le regard sur une initiative séduisante
04:30pour qu'on en oublie le reste !
04:32C'est-à-dire les agriculteurs et producteurs qu'on
04:34pressionne pour qu'ils bradent leurs produits, le financement
04:36de l'élevage de masse, le gâchis alimentaire,
04:38les suppressions des postes au profit du profit,
04:40les haut-parleurs mal réglés,
04:42« Sylvie est demandée en caisse centrale ! Sylvie, merci ! »
04:44Et j'en passe !
04:46Bref, on attire l'œil sur ceux qui brillent pour
04:48cacher ce qu'on ne veut surtout pas montrer.
04:50Un peu comme ce sweat qui ne m'a pas coûté
04:52la peau des fesses et me les a bien cachés.
04:54Nagui. Bien ! Merci !
04:56Laura Demange !
04:58Et Laura Demange, tu es sur scène
05:00le 13 février, tu seras à Guesche-Paulsheim,
05:02le 18 février
05:04à Paris, au Théâtre de l'œuvre, et
05:06le 26 février, tu seras
05:08dans une ville magnifique, où il y a des couches,
05:10où il y a des pantalons, des premières, des deuxièmes mains,
05:12c'est Poitiers !