Le Pr Julien Mazières, pneumo-oncologue au CHU de Toulouse

ici Occitanie

04/02/2025

4 février journée mondiale contre le cancer

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00:008h moins le quart, nous sommes le mardi 4 février 2025, notre quart d'heure Toulousain

00:05ce matin est consacré à cette journée mondiale contre le cancer, cancer et ses difficultés

00:09administratives.

00:10On en parle peut-être un petit peu moins souvent.

00:12Si vous avez été malade, si vous avez accompagné un de vos proches, vous pouvez nous dire comment

00:15vous avez géré tout ça, toutes ces charges financières et administratives.

00:1905 34 43 31 31, c'est votre rendez-vous, on en parle aussi avec votre invitée Jeanne-Marie

00:24Marco.

00:25Bonjour professeur Julien Mazière.

00:26Bonjour.

00:27Prof oncologue et chef du service pneumologie du CHU de Toulouse, quand on est atteint d'un

00:33cancer, il y a évidemment le traitement, les douleurs, on va en parler, mais aussi

00:36on le disait, une charge administrative énorme pour les patients, est-ce qu'on doit progresser

00:41là-dessus et accompagner davantage les malades selon vous ?

00:44Oui tout à fait, d'autant plus que le pronostic du cancer étant meilleur, on doit maintenant

00:49s'occuper non pas seulement des traitements, de la prise en charge de la maladie elle-même

00:54mais de tout ce qui est autour.

00:55Donc effectivement, la recherche d'un emploi ou la reprise d'un emploi, toutes les formalités

01:01administratives qui accompagnent la maladie, les déclarations de 100%, toutes les démarches

01:06à faire même au niveau par exemple des assurances quand on veut acquérir des biens immobiliers.

01:10Donc il y a beaucoup de choses qui pourraient passer comme étant secondaires mais qui sont

01:14quand même primordiales pour ces patients et on a besoin de les accompagner dans ce

01:18sens.

01:19Alors ce n'est pas votre boulot évidemment au quotidien, mais est-ce que vos patients,

01:22vos patientes vous racontent lors des premières semaines de traitement la lourdeur des démarches,

01:27ils vous en font part de ça ?

01:28Alors je dirais que les premières semaines sont plutôt axées sur est-ce que le traitement

01:31fonctionne et la toxicité, mais très rapidement on passe, quand on est dans un peu un rythme

01:36de croisière de la maladie, des traitements qui durent longtemps, c'est là où on commence

01:39à aborder ces sujets.

01:41Je dirais que spontanément ce n'est pas ce qu'ils abordent en premier, il faut qu'on

01:44travaille là-dessus pour les aider, bien sûr pas seul, on est aidé par des assistantes

01:47sociales, par des médecins du travail et par des gens qui aident ou des associations

01:52telles que la Ligue contre le cancer qui permettent d'aider à réaliser toutes ces démarches.

01:56D'ailleurs les sénateurs et députés ont adopté une loi pour augmenter la prise en

01:59charge des soins liés au cancer du sein.

02:0105 34 43 31 31, vous savez le quart d'heure Toulousain, c'est votre rendez-vous, on est

02:06au sud de Toulouse, on est même au sud de Muray, le Fogat avec Florence, bonjour Florence.

02:10Oui bonjour à tous, on vous écoute Florence.

02:15Écoutez, moi j'ai eu un cancer des deux seins en 2017, avec une opération lourde

02:22et une un petit peu moins lourde, donc après il faut savoir que chaque personne bien sûr

02:28réagit différemment, je n'ai pas eu de chimio, j'ai eu une radiothérapie et de l'hormonothérapie,

02:36revenir au travail pour moi était un gros challenge, mais accompagné de mon entreprise,

02:42je crois que c'est primordial, que les chefs d'entreprise ne nous voient pas comme un poids

02:46lourd qu'il va falloir porter, etc.

02:48C'est vraiment une réussite commune, c'est un engagement commun, des mises à jour sur

02:52les dossiers par exemple de technique, où on a perdu beaucoup de temps, moi j'ai été

02:57arrêté pendant deux ans, j'ai fait un mi-temps thérapeutique six mois et j'ai repris à

03:00plein temps après, mais pour moi ce qu'il faut comprendre c'est que la personne qui

03:05revient au travail, il y a les suites du traitement, ça dure dans la durée, forcément c'est

03:09pas toujours évident, ça demande beaucoup d'énergie, donc il faut vraiment que ça

03:14soit un accompagnement aussi de l'employeur, le fait de jouer gagnant-gagnant pour retrouver

03:18une vie normale, et on peut y arriver, alors chaque patient est différent, chaque corps

03:24réagit différemment, donc on traîne beaucoup de fatigue, etc., c'est vraiment une énergie

03:28folle, mais ça vaut le coup d'être joué, et pour ça il y a pas mal de choses, moi

03:32j'ai été traité à l'Oncopole de Toulouse, j'ai fait des ateliers, il y a un atelier

03:36pour les dames qui ont des cancers du sein, sur le cancer et le travail, il y a plein

03:41de thèmes de la vie privée aussi.

03:42Donc on progresse quand même sur ce thème-là, de la reprise du travail après une longue

03:46maladie, merci beaucoup Florence pour votre joli témoignage, on est avec Dominique également

03:51à Toulouse, bonjour Dominique.

03:52Toulouse, au standard, bonjour.

03:54Bonjour, j'ai été soignée comme la dame d'avant à l'Oncopole, je suis rentrée,

04:06j'ai donné mes papiers à l'entrée au secrétariat, et je ne me suis plus aucunement occupée

04:13de rien, rien d'autre, et ça c'est extrêmement génial parce qu'on m'a jamais cassé les

04:19pieds avec « il vous manque un papier, vous si, vous là », non, on m'a juste soignée

04:25et c'est tout ce que je demandais, et ça c'est génial de le voir comme ça, parce

04:30que les papiers c'est le dernier de nos soucis, il n'y a rien qu'à te dire.

04:33Et on salue en effet le travail remarquable des agents administratifs, des secrétaires

04:38de l'Oncopole de Toulouse, on a donc progressé sur ce sujet-là, professeur Mazière.

04:42Oui, on a énormément progressé, et c'est vrai qu'il faut aussi changer un peu les

04:46mentalités, je pense que le mot « cancer » a encore une charge symbolique tellement

04:50forte, il y a des cancers qui se guérissent mieux que d'autres maladies non cancéreuses,

04:55donc il faut qu'on arrive dans la mentalité des patients, des praticiens, mais aussi des

04:59employeurs ou tous les gens qui sont en rapport avec des patients cancéreux, de montrer

05:04qu'on peut travailler, on peut continuer une activité, on peut être inséré dans

05:08la vie sociale et professionnelle sans aucun problème.

05:10Alors 32 000 nouveaux cas de cancer découverts chaque année en Occitanie, est-ce que le

05:14cancer du sein est le plus répandu à l'échelle nationale, c'est sûr, mais est-ce que c'est

05:17le cas dans notre région ? Alors, il y a deux chiffres qui sont importants

05:21pour les cancers, c'est l'incidence, le nombre de nouveaux cas, et après la mortalité

05:26qui témoigne de la gravité de la maladie.

05:29Donc pour les femmes, le cancer du sein, pour les hommes, le cancer de la prostate sont

05:33les plus fréquents, si on regarde après en termes de mortalité, c'est-à-dire la

05:36gravité, c'est le cancer du poumon dont je m'occupe qui est le plus important, donc

05:39il n'y a pas de comparaison, tous les cancers doivent être considérés comme graves, pris

05:45en charge, il y en a qui ont bénéficié de plus d'avancées comme le cancer du sein,

05:49en particulier grâce au dépistage, et après il y a des cancers pour lesquels il y a encore

05:52plus de progrès à faire comme le cancer du poumon ou d'autres types de cancers.

05:55Justement, vous coordonnez le projet COALA de recherche sur le cancer du poumon, vos

05:59thérapies ciblées permettent-elles de limiter les récidives et à quelle échelle ?

06:03Alors là, quand on parle de ce stade-là, c'est les stades avancés, bien sûr dans

06:07les progrès il y a d'abord dépistés, les traitements précoces, celles que la chirurgie,

06:11la radiothérapie, et après il y a la maladie avancée, et c'est là où interviennent le

06:15plus souvent soit l'immunothérapie, dont on a déjà parlé ici, soit les thérapies

06:19ciblées, c'est le projet COALA, donc là c'est identifier une anomalie dans la cellule

06:23pour pouvoir donner un traitement spécifique, donc c'est de la médecine personnalisée,

06:26chaque patient, une anomalie que l'on retrouve dans ces cellules cancéreuses, un traitement

06:31spécifique qui peut sonner en perfusion ou en comprimé.

06:33Sur ces thérapies ciblées, vous pouvez nous donner des chiffres sur le nombre de patients

06:36qui s'en sortent ?

06:37Alors, le nombre d'anomalies qu'on identifie chez les patients augmente, donc il y a de

06:40plus en plus de thérapies ciblées, donc je dirais qu'actuellement c'est à peu près

06:4330% des patients qui ont une thérapie ciblée, les autres vont avoir des thérapies qui sont

06:48non ciblées mais qui sont très efficaces, telles que l'immunothérapie.

06:51Un vaccin contre certains cancers ORL est testé en ce moment à l'Oncopole de Toulouse,

06:55les premiers résultats sont, me semble-t-il, très encourageants, est-ce que vous travaillez

06:59sur d'autres vaccins contre le cancer à Toulouse ?

07:01Oui, donc ça c'est aussi, il y a une charge symbolique forte sur le vaccin, donc il y

07:05a différents types de vaccins, sur le CHU, dans le service d'ophtalmologie, nous avons

07:08un essai clinique avec un vaccin qui va cibler des anomalies qu'on considère comme présentes

07:13sur la plupart des cellules cancéreuses, donc ce n'est pas un vaccin préventif, c'est

07:17un vaccin thérapeutique.

07:18Ensuite, il y a des vaccins personnalisés qui consistent à identifier chez chaque patient

07:22une signature des cellules cancéreuses et de préparer en dehors du patient un vaccin

07:28qu'on va lui injecter qui sera un vaccin personnalisé, donc ça c'est un sujet de

07:31travail très important dans le domaine de la cancérologie, quel que soit le type de

07:35tumeur.

07:36Et un dernier mot sur les jeunes qui sont de plus en plus touchés par le cancer, deux

07:38fois plus que dans les années 90, est-ce qu'on sait pourquoi ?

07:40Alors, ce n'est jamais une seule cause, effectivement il y a peut-être plus de diagnostics mais

07:46il y a également une exposition à des facteurs environnementaux extérieurs qui peuvent

07:51être la pollution, il y a beaucoup de travaux sur les particules fines qui peuvent entraîner

07:56des cancers en particulier sur les organes qui sont exposés à l'extérieur, comme

08:00le poumon.

08:01Il peut y avoir des modifications alimentaires, c'est très probablement environnemental.

08:06Merci beaucoup professeur Julien Mazière, pneumo-oncologue et chef du service Pneumologie

08:10au CHU de Toulouse.

08:11Bonne journée.

08:12Bonne journée.

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