Moko, coiffeur sans papiers dans son camion transformé en barber truck

Le Parisien

Originaire de Guinée, Mokko a tenté 13 fois de traverser la Méditerranée. Aujourd'hui en France, il réalise enfin son rêve : coiffer ses clients dans son camion.

Transcript

00:00C'est comme un magicien, quand tu viens, lui sait comment gérer ta tête.

00:04J'ai tenté au moins 13 fois sur la mer avant d'arriver en Europe.

00:10T'es content ?

00:11J'ai l'idée du camion depuis 2017, mais je l'ai mis dans ma tête.

00:15Quel qu'en soit le pays, je vais le faire un jour.

00:18Salut la famille, j'espère que vous allez bien.

00:20C'est moi, Moko, le coiffeur des stars, on peut dire.

00:24J'ai placé une petite chaise au milieu là.

00:28Des fois, si j'ai un peu beaucoup de clients,

00:30il y a d'autres qui se posent au niveau d'ici.

00:33Là, il y a un petit miroir juste pour regarder.

00:36Là, il n'y a plus de batterie,

00:38donc je suis obligé de mettre ce lumière pour bien voir les cheveux.

00:44Moko, il est là, c'est mon coiffeur.

00:47Viens, tu te coiffes, fais ça bien propre, bien soigné.

00:51Là, nous coupons, parce que d'habitude, on va un petit dégrader.

00:55En ce moment, la coupe en vigueur, c'est le dégradé.

00:59Moi, c'est Deluxe.

01:02C'est une galère.

01:03C'est en Guinée que j'ai commencé à coiffure.

01:05J'ai appris dans le quartier, avec les amis.

01:09La Guinée, c'est un pays où ils sont très hyper forts en coiffure.

01:14J'ai été sélectionné aussi comme étant l'un des meilleurs coiffeurs guinéens.

01:19J'avais mes salons de coiffure,

01:21mais je n'ai pas eu la chance de faire une formation en Guinée.

01:25Je suis allé en Tunisie, j'ai fait des formations en Tunisie,

01:29mais la population tunisienne n'était pas...

01:33Il y a la jeunesse même qui vient casser les salons,

01:37parce que c'est pour des Africains, ils viennent, ils cassent.

01:39Donc, j'ai décidé de venir traverser la mer Méditerranée.

01:44Je suis rentré en Italie, je ne comprenais pas la langue.

01:48Donc, je me suis dit pourquoi ne pas aller en France.

01:52Grâce à un cousin, je me suis retrouvé à Grigny.

01:55J'ai vu le quartier, j'aime bien.

02:02Mais, tu sais, la plupart de nous les Africains,

02:05quand on vient en Europe et qu'on n'a pas de papiers,

02:08ça devient automatiquement un handicap.

02:11Il faut qu'on enlève cet handicap dans la tête.

02:14Il faut savoir montrer à la population ce que tu peux faire.

02:17Et c'est comme ça, c'est au bout de l'effort tout ça vient.

02:20Il faut être courageux.

02:22Sans le courage, tu ne peux rien faire.

02:24Il y a pas mal de gens qui n'ont pas de papiers.

02:26Du coup, comme ils voient Moko,

02:28ce que Moko a fait, ils se disent quoi ?

02:30Ah, si lui est arrivé, il a pu faire ça,

02:33nous aussi, on peut le faire.

02:37J'ai rechargé ma batterie, donc,

02:39je vais le brancher et allumer la lumière.

02:43Grâce aux réseaux sociaux, j'ai coiffé plein d'artistes.

02:46C'est mon TikTok, Moko le T13.

02:49Moko le T13, c'est parce que j'ai tenté sur la mer 13 fois.

02:53Ça, c'est les vidéos que j'ai postées.

02:55Il y a même des artistes.

02:58Ils s'élèvent, ils grimpent.

03:01Il y a même Kobalade et tout.

03:04Waouh, bien soigné.

03:06C'est comme ça qu'on fait des choses.

03:08Bien soigné.

03:09Quand j'allais à côté de ma chérie,

03:11ma chérie voyait Moko, il m'a bien coiffé.

03:14C'est 10 euros la petite coupe.

03:15Mais comme moi, c'est des beaux clients, je ne paye pas.

03:18Je joue avec mon avocat.

03:2110 euros, ça va.

03:23Il y a des gens qui font 15 euros.

03:24Dans les salons, c'est 20 euros, 15 euros.

03:27Moi, j'essaye de faire une réduction.

03:30Pour le moment, comme il n'y a pas de salon de coiffure dans le quartier,

03:35La coiffure, c'est un état de santé.

03:38C'est d'associer et d'aider la population

03:42pour avoir une bonne santé des gars.

03:45J'en ai de la casquette, je commence à marcher.

03:47Quand il dit quitte ta coiffure, je dis Moko, derrière.

03:49Il est là-bas.

03:57C'est un peu galère.

03:58Quand il pleut, il y a de l'eau.

04:00Quand il pleut, il y a de l'eau.

04:02Quand il pleut, il y a de l'eau.

04:04Quand il pleut, il y a de l'eau.

04:14Aussi, je fais des coupes d'armes, mais je ne fais pas les tresses.

04:17Il faut laisser ça aussi aux femmes, il ne faut pas récupérer tout.

04:20Je coiffe la nuit.

04:21Il n'y a pas d'heure.

04:22Moi, je coiffe même à 4 heures du matin.

04:24Ok, messieurs.

04:26Il est dégradé là-bas parce que sa maman ne veut pas venir toutes les semaines.

04:30Avec les enfants, des fois, ils ont peur, mais...

04:33C'est juste un problème du temps pour eux.

04:36C'est mes amis, les enfants.

04:38Des fois, j'achète des bonbons comme ça, mais pas tout le temps.

04:42C'est quand il y a la rentrée et tout.

04:44Je sais qu'il y a beaucoup d'enfants qui viennent.

04:46Tu vas me coiffer ?

04:48Après, je te donne la machine toi aussi.

04:52J'aime bien quand tu mets des traits sur la tête et tout.

04:56Ça, c'est du désinfectant.

04:58C'est de l'alcool.

05:00Ton tour est fini.

05:06Bon, il faut payer maintenant 100 euros.

05:10Tu me taxes.

05:12J'ai fait la demande d'asile.

05:14J'ai tout essayé, j'ai suivi bien les procédures,

05:17mais j'ai été rejeté.

05:19Même étant en 100 %, j'ai été rejeté.

05:22J'ai été rejeté.

05:24Même étant en sans-papiers, je suis fier de moi,

05:27d'avoir un petit travail que j'aime bien.

05:30Moi, j'aimerais bien faire un salon de coiffure.

05:32Avec le temps, ça va venir.

05:34C'est dans le projet.

05:36Je voudrais l'installer à Grigny.

05:38Parce que c'est ici que j'ai commencé.

05:40Tu sais, dans la vie, il ne faut jamais oublier le départ.

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