Quelle situation pour les urgences médicales en cette période de fêtes ?

Sud Radio

28/12/2024

Avec Jean-François Cibien, Médecin urgentiste et président de l’intersyndical APH

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00:00Sud Radio, le grand matin-week-end, 7h-10h, Laurence Garcia.

00:05Bienvenue à vous qui nous rejoignez à suivre dans 5 minutes dans Parlons Santé.

00:09Comment se préparer physiquement pour éviter les blessures au sport d'hiver ?

00:13On en parlera notamment avec le médecin du sport Roger Ruas.

00:16Mais tout de suite, à 7h33, on parle de la situation très tendue dans les urgences médicales en cette période de fête partout en France.

00:24Bonjour Docteur Jean-François Assibien.

00:30Bonjour Madame Garcia.

00:32Merci d'être avec nous. Vous êtes médecin urgentiste et président de l'intersédicale APH Action Praticien Hôpital.

00:39Avec forcément la période des fêtes et le contexte de pénurie de professionnels médicaux et soignants,

00:45il est peut-être bon de rappeler quand même pour tous ceux qui nous écoutent les consignes de bon usage des services des urgences

00:51pour justement ne pas engorger le 15.

00:55Merci Madame Garcia. Alors ne pas engorger le 15, ce n'est pas la problématique.

01:01Nous ce que nous indiquons à vos auditeurs, c'est avant de vous déplacer,

01:07appelez le 15 pour ne pas vous présenter dans une structure d'urgence qui pourrait être fermée d'une part.

01:13D'autre part, en appelant le 15, vous serez orienté si besoin vers un médecin généraliste

01:19ou vers une structure d'urgence qui pourra répondre à votre besoin de soins.

01:23Nous comptons sur la citoyenneté de tous les Français, de tous vos auditeurs.

01:30Oui forcément. D'autant plus que là, vous l'avez peut-être entendu dans le flash,

01:34on le sait, il y a une forte augmentation de la grippe en ville et à l'hôpital dans toutes les classes d'âge.

01:41Santé publique France alerte sur cette augmentation. Vous-même vous le confirmez ?

01:45C'est effectivement confirmé. Il n'y a pas que la grippe.

01:48Vous avez en plus une petite recrudescence du Covid, mais vous avez surtout le virus respiratoire

01:54qui est en train de frapper chez les plus jeunes et chez les plus anciens.

01:58C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a des personnes âgées qui étaient déjà fragiles

02:04qui, en plus de la grippe, ont ce qu'on appelle le VRS, le virus respiratoire syncytial.

02:09Et donc ça donne des complications et des prises en charge qui sont beaucoup plus lourdes

02:14que ce que nous avons habituellement à gérer.

02:16Avec en plus la bonne nouvelle, puisque nous sommes pendant les vacances,

02:20de nombreux lits sont fermés, c'est-à-dire qu'on est vraiment à flux très très tendu.

02:27Par exemple, cette semaine, en 5 jours, je travaille 72 heures, je travaille 3 fois 24 heures.

02:33Et encore, j'ai de la chance parce que certains collègues vont devoir travailler 24 heures de plus.

02:38Tout simplement, on est là pour tenir le cap à la différence de certains au niveau du gouvernement.

02:46C'est-à-dire ?

02:48C'est-à-dire, on vous parle de 7 ministres depuis le début...

02:527 ministres de la Santé depuis la réélection d'Emmanuel Macron.

02:55Tout à fait, il y a surtout eu 52 jours sans ministre de la Santé à proprement parler.

03:00Donc on aimerait bien un cap.

03:02Si Monsieur le Président peut un jour nous écouter, on aimerait bien un plan santé.

03:07Oui, effectivement, on dépense 325 milliards par an pour la santé de nos concitoyens.

03:12Mais cet argent est très mal utilisé.

03:14Vous avez un rapport sur le Sénat récemment qui vous a parlé de la fiduciarisation.

03:18Une loi a été votée au Sénat en février 2023.

03:22On attend qu'elle passe à l'Assemblée nationale au sujet des ratios,

03:25c'est-à-dire pour avoir un nombre minimal de soignants et de praticiens

03:29pour qu'on soigne correctement et convenablement nos concitoyens.

03:33Ça fait 20 ans qu'on appelle cette loi.

03:35Donc je sais que Monsieur le Président de la République n'est pas Gérard Majax.

03:39Il l'a dit, il l'a répété.

03:41Moi, je n'ai pas de baguette magique,

03:43mais si on n'a pas de cap dans ce pays juste pour faire notre métier,

03:47notre métier qui est dans la relation humaine, le don de soi,

03:50ça va être de plus en plus compliqué.

03:52D'ailleurs, on a un taux de démission qui dépasse les 500 % sur les dernières années.

03:57500 %, oui, c'est énorme.

03:58500 %, c'est énorme.

04:00Alors vous voyez, j'ai un discours de politique.

04:03500 %, quand vous avez 400, 500 personnes, c'est effectivement pas grand-chose.

04:07Par contre, quand vous avez 7 000 praticiens sur 45 000

04:12qui se mettent en disponibilité ou en détachement, ça inquiète.

04:16Mais on va vous dire au niveau du gouvernement qu'on a 10 % de praticiens en plus.

04:19On oubliera juste de vous dire que la plupart de ces praticiens qui rentrent

04:22ne sont plus des praticiens à 100 %,

04:24c'est-à-dire qu'ils doivent travailler 48 heures par semaine,

04:26mais des praticiens qui ont envie juste de vivre leur métier,

04:30de vivre avec leur famille, et qui sont plutôt sur une basse 39 heures,

04:33et donc qui travaillent à 80 %.

04:35Oui. Docteur Jean-François Sébien, qu'est-ce que vous attendez là concrètement

04:38du nouveau ministre de la Santé et de l'accès aux soins, Yannick Neder,

04:41qui est cardiologue de profession d'ailleurs ?

04:44Tout à fait. Le docteur Neder est cardiologue,

04:48donc on a déjà travaillé avec lui en amont puisqu'il était rapporteur au niveau du PLFSS.

04:54On attend un cap, on attend d'être reçu,

04:59donc il y a une demande qui est en cours,

05:01puisque je suis président d'Action Praticien Hôpital.

05:04Mais après, on a également travaillé avec Mme Boutrin,

05:07qui est la ministre également du Travail, de la Santé et des Solidarités.

05:13On l'a vu en février 2024, Mme Boutrin.

05:16Quand on vous explique qu'il n'y a pas d'argent,

05:19il y a 325 milliards dans les dépenses de santé.

05:21Si cet argent était mieux utilisé qu'il ne l'est aujourd'hui,

05:24nous sommes un certain nombre à penser

05:27qu'on pourrait faire bien mieux dans l'intérêt de la population.

05:31Vous avez entendu ce que je vous ai indiqué sur les ratios,

05:34mais il y a plein de choses.

05:36Regardez aujourd'hui, il n'y a plus de prévention.

05:38Aujourd'hui, allez dans les services,

05:41promenez-vous dans tous les services publics.

05:43Est-ce que vous avez des distributeurs de gel hydroalcoolique ?

05:46Ou juste pour vous laver les mains ? Non.

05:48Est-ce que vous avez des messages ?

05:49Si vous êtes enrhumé, mettez un masque. Non.

05:54Encore un gros travail à faire et forcément,

05:56j'imagine que vous allez attendre la rencontre avec grande attention,

06:00avec Yannick Noder.

06:02En tout cas, merci beaucoup et bon courage à vous,

06:04Jean-François, si bien.

06:06En cette période de fête, on l'a bien compris,

06:08c'est très très tendu.

06:09Au niveau des urgences, merci.

06:11Je rappelle que vous êtes président de l'intersédicale APH.

06:13A bientôt, merci beaucoup.

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