Champignons : comment reconnaître un spécimen toxique ?

Sud Radio

30/10/2023

Avec Alain Champagne, Mycologue et membre de la société mycologique de France

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00:00 Elle est un peu plus légère avec la pluie, certains peuvent à nouveau s'adonner à leur passion,

00:06 la cueillette des champignons. Bah oui, un loisir, mais au moins qu'il n'est pas sans risque.

00:10 Bonjour Alain Champagne. Oui bonjour. Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.

00:15 Vous êtes mycologue, spécialiste des champignons, membre de la Société Mycologique de France.

00:19 Un chiffre en plus de 604 d'intoxication aux champignons relevés depuis le mois de juillet.

00:25 Comment peut-on différencier un champignon comestible d'un autre mortel ?

00:30 Ah bah ça c'est une question d'éducation, c'est tout, c'est pas compliqué.

00:35 Il suffit de s'inscrire dans une société mycologique où on étudie les champignons,

00:39 et puis voilà, c'est pas plus compliqué que ça.

00:43 Parce que pour le coup c'est vrai qu'on a des champignons comestibles et d'autres mortels qui se ressemblent fortement.

00:48 Bien sûr. Il faut savoir, moi je dis toujours, chaque champignon comestible est un sosie toxique ou immangeable.

00:55 C'est quasiment vrai, ça se révèle pratiquement chaque jour.

00:59 Alors vers qui on peut s'orienter au-delà des sociétés mycologiques

01:04 pour savoir si le champignon qu'on a ramassé est comestible ou non ?

01:07 Est-ce qu'il y a des moyens de le savoir par ailleurs ?

01:10 Non, non, non, non, le savoir ça se transmet de bouche à oreille.

01:16 On note toutes les caractéristiques d'un champignon, on les retient,

01:20 mais il faut absolument bannir les identifications par internet.

01:24 On a de plus en plus de cas d'intoxication à cause de ça.

01:28 De plus en plus d'applications effectivement qui existent à la Champagne à ce sujet.

01:32 Oui, oui, tout à fait. Donc là il faut absolument bannir ça dans les médias

01:37 parce que les champignons se ressemblent tellement.

01:39 On a eu déjà des cas d'intoxication depuis deux ou trois mois déjà avec ça.

01:43 Bien sûr qu'il y en a eu. On a de plus en plus de pharmaciens aussi,

01:47 parce que certains ont le réflexe d'aller voir en pharmacie pour se faire confirmer

01:51 si le champignon qu'ils ont accueilli est comestible ou pas.

01:53 On a de plus en plus de pharmaciens qui ne veulent pas prendre de risque.

01:56 Ils ont raison là-dessus ?

01:57 Oui, tout à fait, bien sûr. Les espèces vivent, ça se ressemble énormément.

02:02 Moi je fais des conférences, je montre des photos,

02:04 les gens sont surpris des ressemblances qu'il peut y avoir

02:07 avec même un champignon qui est très courant.

02:10 Il existe des sosies qui sont quasiment immangeables.

02:14 C'est le cas aussi par exemple pour les cèpes, notamment,

02:17 pour les trompettes de la mort, on pense à cela ?

02:19 Les trompettes, il n'y a pas trop de risques.

02:22 Non, il n'y a pas de risque. C'est quand même un champignon assez caractéristique.

02:26 Par contre, dans les bolets, oui.

02:28 Dans les bolets, tout ce qui est bolet à porc rouge,

02:31 c'est-à-dire qu'on retourne le champignon et qu'on voit le dessous des porcs qui sont rouges,

02:35 là il faut se méfier.

02:37 Il y en a qui sont vraiment toxiques, comme le bolet satan par exemple,

02:40 qui vous donne des diarrhées épouvantables.

02:42 Donc voilà, il faut se méfier de ça.

02:45 C'est une partie des symptômes à repérer justement si on mange un champignon

02:50 et qu'on pense être intoxiqué ?

02:53 Alors, ce que je conseille aux personnes,

02:58 c'est quand vous rentrez de cueillette,

03:00 c'est de faire des photos de votre panier de champignons.

03:03 Parce que s'il arrive une bricole ou quelque chose, des diarrhées,

03:08 il y a un organisme, comment dirais-je, qui est lié avec les SAMU, etc.,

03:13 qui nous envoie des photos et on peut identifier le champignon coupable tout de suite.

03:17 - Est-ce que ce n'est pas le même traitement finalement en fonction des champignons ?

03:23 - Non, non, pas du tout.

03:25 Il y a des symptômes qui sont très précoces,

03:27 par exemple, vous prenez un agaric jaunissant,

03:31 les symptômes vont apparaître une heure ou deux heures après,

03:34 mais vous avez des symptômes qui sont très tardifs,

03:37 comme 4-5 heures après, comme la manitolyte par exemple,

03:40 vous mangez ça, donc le traitement sera complètement différent,

03:44 la prise en charge auprès des SAMU sera complètement différente.

03:47 - Bon, ça reste en tout cas un loisir aussi, l'accueillite aux champignons,

03:51 vous l'avez dit, la possibilité c'est de s'orienter vers une société mycologique,

03:57 il y en a un petit peu partout en France ?

04:01 - Oui, oui, oui, je pense qu'à côté de chaque...

04:05 Oui, oui, c'est assez courant maintenant quand même,

04:08 mais je vous dis, le savoir se transmet comme ça.

04:11 - Il se transmet aussi entre générations ?

04:14 - Oui, oui, oui, tout à fait, moi j'ai appris comme ça,

04:16 et j'ai formé plein de petits mycologues maintenant qui sont assez forts,

04:21 et donc voilà, ça se transmet comme ça.

04:23 - Bien sûr.

04:24 - Mais en aucun cas il faut identifier avec un livre aussi par exemple.

04:28 C'est trop risqué.

04:31 - Et puis il faut faire attention aux applications qui sont utiles aussi.

04:36 - Oui, ça je renouvelle, parce que là on a eu de sérieux pépins ces temps-ci,

04:41 il y a des gens qui croient dur comme fer que c'est bon, alors que non.

04:45 - À la Champagne, je rappelle que vous êtes mycologue spécialiste des champignons,

04:49 donc membre de la Société Mycologique de France.

04:51 Merci pour tous vos conseils, merci d'avoir été avec nous ce matin sur ce sujet.

04:54 - Je vous en prie.

04:55 [Musique]

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