Facile de se promener à l’avenue des banques à Yaoundé et de s’y générer des envies de fortune. Tant les chiffres récemment révélés par la Banque des Etats de l’Afrique centrale au sujet de la mise à disposition de capitaux frais en faveur des banques de la zone a de quoi donner le tournis. En effet, 260 milliards de Francs. En tout. Ainsi, l’une des plus grosses enveloppes jamais proposées dans le cadre des opérations d’injection de liquidités initiées par la banque centrale il y a quelques années. Uniques bénéficiaires de la démarche : les banques au détail de la zone, qui se retrouvent ainsi avec un afflux de liquidités dont on se demande toutefois à quoi elles les utilisent, si – de la bouche même du gouverneur – l’on apprend que les entreprises, censées être les destinataires finaux de ces ressources, ne voient rien passer. Dans les faits, la demande globale des banques se chiffrait à quelques 500 milliards de FCFA, en tout. Ce qui laisse supposer que la même BEAC augmente prochainement à nouveau ses mises à disposition, question de permettre aux banques commerciales de mieux réinjecter lesdites ressources dans les économies concernées et donc de contribuer à une plus grande stimulation de l’activité, ce qui – en fin de compte – leur est favorable. Extrait : BABISSAKANA – image 0009 (04’) La ruée des banques vers les offres de liquidité de la BEAC ces derniers mois intervient donc après une longue période d’austérité monétaire, initiée fin 2021 par la même BEAC. Politique qui visait à réduire la liquidité bancaire dans le but de contenir l’inflation d’origine monétaire, estimée à 20%, à l’époque. Il tient maintenant des politiques publiques, notamment en termes d’incitation de s’assurer des bonnes dispositions des banques vis-à-vis du financement d’une économie largement fatiguée, qui en a bien besoin.