Louis Burton, du rêve au cauchemar sur le Vendée Globe

FRANCE 24

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Transcript

00:00Louis Burton, vous l'avez vu sur les images du départ du Vendée Globe,

00:03notamment Louis Burton, merci d'être avec nous et bienvenue.

00:07Merci.

00:08Même si c'est un petit peu tôt, peut-être pour vous,

00:11puisqu'on le rappelle, vous êtes le skipper du bateau Bureau Vallée,

00:14vous avez été contraint à l'abandon le 5 décembre dernier aux portes de l'océan Indien.

00:19Alors vous venez tout juste de rentrer en France depuis l'Afrique du Sud,

00:23vous avez laissé votre bateau pour les réparations.

00:27Quel est le sentiment qui domine aujourd'hui

00:29quand vous voyez que la course est en train de se dérouler,

00:31qu'il y a une belle bataille en tête ?

00:33Est-ce qu'il y a un peu de frustration encore, de déception ?

00:37Ou vous êtes déjà passé à autre chose ?

00:39Alors c'est un sentiment qui est compliqué et qui est assez vaste.

00:46On passe un peu par toutes les sensations.

00:50A la fois confirmer d'avoir fait le bon choix

00:54quand malheureusement Pip Ayer, qui est une candidate Vendée Globe

00:59et une amie a dématé il y a deux jours.

01:02C'était à peu près le sort qui m'était promis si je continuais sur cette course.

01:07Donc voilà, elle est là maintenant dans une situation très compliquée,

01:11elle doit rejoindre l'Australie avec un gréement de fortune, etc.

01:14Et à la fois, évidemment, quand je vois mes concurrents

01:18contre qui je me suis battu sur les dix dernières années continuer à caracoler,

01:22j'ai toujours un peu cet amertume en me disant

01:26mais si j'avais continué et si ça avait tenu ?

01:29Voilà, donc c'est compliqué.

01:30J'essaye de ne pas trop regarder le Vendée Globe.

01:33Et puis, ma foi, je me projette sur l'avenir avec toute l'équipe.

01:38Voilà, on essaye déjà de se mettre dans l'après.

01:42On voit sur les images votre arrivée au Cap, en Afrique du Sud,

01:46à l'endroit où vous avez décidé de faire demi-tour pour aller à Quai.

01:51D'ailleurs, ces images, on voit beaucoup de gens qui sont venus vous accueillir.

01:53C'était prévu ? Vous étiez au courant ? Ou c'était improvisé ?

01:56Alors, c'était totalement improvisé.

01:58Ça fait chaud au cœur, d'ailleurs.

02:00Je ne m'y attendais vraiment pas.

02:01Je pensais vraiment arriver dans l'anonymat.

02:03Et en fait, c'était des Français expatriés, des Français en voyage,

02:09des gens de toutes les nationalités.

02:12Et du coup, contre mauvaise fortune bon cœur,

02:15on a fait monter tous les gamins à bord du bateau.

02:18Ils ont pu visiter.

02:19Ils ont pu se rendre compte de ce que c'était.

02:21Ça a fait quelques heureux.

02:22Et puis, j'avoue qu'évidemment, ça fait beaucoup de bien quand on est entouré comme ça.

02:27Alors, le Vendée Globe avait mal débuté dès le premier jour.

02:30Pour vous, il y avait des fissures qui étaient apparues sur le bateau.

02:32Vous avez dû bricoler.

02:34Ensuite, il y a eu cette pièce mécanique qui a cassé sur le gréement.

02:38Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quoi ça consiste ?

02:41Enfin, qu'est-ce qui a provoqué le fait que vous deviez abandonner à ce moment-là ?

02:44Oui, tout à fait.

02:45La première semaine de course se passe bien.

02:48Je me bagarre en tête de flotte et il y a un grain qui rentre.

02:51Donc, un grain.

02:53Il y a plus 10, plus 20 nœuds de vent.

02:56Et à ce moment-là, on est 3, 4 bateaux avec Johan Richombe, Charlie Dalin, Jérémy Beyou et moi.

03:03Et puis, le vent rentre très fort d'un coup.

03:05Donc, on s'écarte du vent à ce moment-là.

03:07On choque un peu.

03:08Donc, on mollie les voiles et les autres sont passés.

03:11Moi, ça ne s'est pas passé.

03:12Ça a créé une surcharge sur le pont.

03:14Donc, ça a cassé le pont, la coque.

03:17C'est des heures de bricolage.

03:18On a quand même de quoi, à bord, réparer 3 jours de bricolage.

03:22Et puis, je suis reparti et ça tenait.

03:26Et là, en l'occurrence, quelques semaines plus tard,

03:28c'est la pièce maîtresse qui tient le gréement, le mât à l'avant du bateau,

03:33qui a cassé probablement à cause d'une fatigue du métal.

03:39Là, vous êtes passé du rêve au cauchemar en quelques jours.

03:41Oui, alors c'est l'ascenseur émotionnel.

03:43C'est-à-dire que quand on se prépare comme ça pendant des années

03:46pour une course comme ça, on part en étant à peu près sûr

03:48de n'avoir rien laissé au hasard.

03:50Et puis, ça reste un sport mécanique, la course au large.

03:53Ça casse, on répare.

03:55Ça dure jour et nuit.

03:56On est explosé de fatigue, éreinté.

03:59Donc, quand ça remarche, vous êtes plus heureux que jamais.

04:02Et puis, reprendre ce coup derrière la tête quand ça s'arrête,

04:05c'est évidemment très difficile.

04:07Voilà, par contre, ne pas avoir abandonné tout de suite,

04:11de ne pas avoir lâché, ça fait que tous les gamins qui suivent le projet

04:14depuis des années avec le programme pédagogique qu'on a mis autour,

04:18ont accompagné les réparations, m'ont soutenu.

04:24Et puis, ce n'est pas un abandon.

04:26Il faut renoncer pour parfois revenir plus fort.

04:29Justement, juste en un mot, est-ce qu'on vous reverra dans 4 ans au Vendée Globe 2028 ?

04:34Je pense qu'on me reverra, j'espère vraiment qu'on me reverra.

04:38Et on travaille pour ça.

04:40C'était déjà un peu dans les tuyaux pour rien vous cacher.

04:44Et puis, j'ai un partenaire qui m'accompagne depuis 15 ans.

04:46Et normalement, ça devrait continuer à bien se passer.

04:49Alors, rendez-vous est pris en tout cas.

04:50Merci à vous, Louis Burton, d'être venu sur le plateau

04:54pour débriefer votre aventure du Vendée Globe, que dis-je.

04:58Et puis, nous, on continuera évidemment à suivre le reste de la course.

05:00Dominé par Yoann Richaume.

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