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B SMART
  • 02/12/2024
Lundi 2 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)

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Transcription
00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, chaque lundi, c'est notre quart d'heure américain.
00:09Notre rendez-vous avec Pierre-Yves Dugas, correspondant américain de BeSmart for Change
00:13qui est avec nous en visioconférence pour revenir sur les derniers faits marquants de
00:17la vie politique américaine en l'occurrence.
00:20Pierre-Yves, bonsoir, bienvenue, merci beaucoup d'être avec nous.
00:23On va bien sûr parler de Donald Trump.
00:25Je ne sais pas si vous avez entendu juste la fin de la partie précédente de l'émission,
00:29où les trois invités avaient plutôt l'air d'être d'accord sur l'idée qu'on aurait
00:32un Trump un peu édulcoré, donc je soumettrai à votre sagacité cette dernière affirmation
00:37qu'on a pu avoir dans l'émission, Pierre-Yves.
00:40Mais commençons avec Joe Biden, Joe Biden qui a promis, qui promettait pendant son mandat
00:45de ne pas utiliser son pouvoir judiciaire de président à des fins personnelles, visiblement,
00:51eh bien il a capitulé dans la dernière ligne droite de son mandat en accordant une grâce
00:56présidentielle, beaucoup commentée depuis, à son fils, l'un de ses fils, Hunter Biden.
01:01Beaucoup commentée et beaucoup critiquée, y compris dans le camp démocrate, je crois
01:06que Joe Biden a conclu que de toute façon sa carrière était terminée, sa carrière
01:11politique se termine très mal puisqu'il a été évincé en fait par les élites de
01:17Hollywood et l'entourage de Barack Obama et qu'il n'a plus grand chose à perdre et il
01:23n'avait pas le cœur de voir son fils, j'ai envie de dire son fils préféré, aller en prison.
01:31Hunter Biden risquait de décoper d'une peine de prison de quelques mois probablement et
01:38c'est quelque chose avec laquelle Joe Biden ne pouvait pas vivre en cette période de
01:44Thanksgiving, il a exercé son droit de grâce et je suis stupéfait de voir la presse américaine
01:51ce matin s'offusquer de cette décision parce que l'affaire Hunter Biden est une
01:57affaire qui, depuis quatre ans, est une affaire dont le New York Times, le Washington Post,
02:04le CNN, etc. ne souhaitent pas parler.
02:08D'abord, on nous a expliqué que ce qu'on avait trouvé dans l'ordinateur portable
02:14de Hunter Biden et qui avait été rapporté par le New York Post était vraisemblablement
02:19de l'intoxication concoctée par Moscou.
02:22Pour accréditer cette thèse, en mi-octobre 2020, on a trouvé une cinquantaine de hauts
02:29responsables de la communauté du renseignement pour dire « oui, oui, tout cela ressemble
02:36à une affaire montée de toute pièce par la Russie ». Ensuite, la presse américaine,
02:40en découvrant que les faits étaient exacts, je vais revenir sur ces faits dans une seconde,
02:44nous a dit « oui, mais ce sont des vieilles histoires, ce n'est pas vraiment important,
02:49les républicains cherchent à faire du mal à Joe Biden en ressassant ces vieilles affaires
02:55qui ne sont pas si graves que ça ». Elles ne sont pas si graves que ça, mais Hunter
02:59Biden a tout de même admis avoir pratiqué de l'évasion fiscale à hauteur de 1,4 million
03:06d'impôts qu'il n'a pas voulu payer, au titre de plus de 11 millions de dollars de
03:13commissions qu'il a récupérées dans le cadre de l'exercice d'un métier qui est
03:17indéfinissable. Il était consultant pour toutes sortes de sociétés, notamment ukrainiennes
03:22et chinoises, qui le payaient on ne sait pas trop pourquoi, on ne sait pas où est passé
03:27l'argent. Tout ça s'est produit entre 2013 et 2018 et le New York Times ne voulait
03:36pas qu'on en parle parce que ça pouvait accréditer toutes les thèses de complot
03:40imaginées par les républicains et par Donald Trump. Donc voilà, la défense, si vous avez
03:45un jour maillé à partir avec le fisc américain qui consiste à dire « écoutez j'ai oublié
03:51de déclarer plusieurs millions de dollars de revenus parce qu'à l'époque j'étais
03:55accro du krach, de la prostitution, je passais mon temps avec des prostituées dans des hôtels
04:02de luxe et des voitures de luxe », ce qui est textuellement ce que Hunter Biden a expliqué.
04:08Cette méthode-là de défense ne fonctionne pas, mais Joe Biden parle ce matin d'erreur
04:14judiciaire, d'acharnement contre son fils qui méritait d'être traité comme un citoyen
04:21américain normal. C'est tout de même assez stupéfiant comme méthode de défense.
04:27Ces séquences, est-ce que ça peut avoir sur la vie politique américaine ? Est-ce
04:33que c'est le baroud d'honneur d'un père, comme vous dites, qui a compris que sa carrière
04:37politique s'arrêtait avec son mandat ou est-ce que ça a une portée plus importante ?
04:43Vous avez raison, Grégoire, ça a une portée plus importante pour l'avenir parce que d'abord ça
04:51légitime paradoxalement les critiques de Donald Trump qui dit qu'il y a une politisation de la
04:59justice aux États-Unis et ce que fait Joe Biden, là, démontre qu'il y a un marécage démocrate
05:06qui implique les médias et les bureaucrates à Washington et qu'il est temps de faire le
05:12nettoyage là-dedans et toute la démarche de Donald Trump durant sa campagne qui consistait à
05:18dire je vais prendre ma revanche contre ce système est renforcée par cette manifestation stupéfiante
05:24du privilège présidentiel. D'ailleurs, dans la réaction de Donald Trump tout à l'heure à
05:30l'exercice de cette grâce présidentielle par Joe Biden, il y a la mention des, je cite, des otages
05:36qui sont emprisonnés au titre de leurs actions du 6 janvier, c'est-à-dire que Donald Trump a l'air
05:42sérieux et a l'air prêt à son tour à exercer la grâce présidentielle lorsqu'il sera président
05:49pour faire sortir de prison des gens qui ont envoyé le capital pour tout casser, voire pour
05:53pourchasser des élus américains qui refusaient d'invalider l'élection. Ça va très loin.
06:00On verra dans quelle mesure cette décision de Joe Biden d'accorder cette grâce présidentielle à son
06:06fils Hunter Biden pourra être effectivement utilisée et même leveragée peut-être par
06:11Donald Trump de retour à la maison blanche le 20 janvier prochain. En attendant, on a quand même un
06:18peu de couleur autour du nouveau Trump ou du Trump 2.0. Pierre-Yves, il y a une semaine on se réveillait
06:24avec, alors, série de tarifs, 10% sur la Chine, qui est un cas qu'on peut peut-être regarder à part,
06:30mais surtout 25% sur le Canada et le Mexique en première intention. En tout cas, qu'est-ce que
06:36ça nous dit de, je ne sais pas, de la stratégie, de la tactique de Donald Trump dans ces questions
06:42de barrières douanières ? Le Mexique, je crois qu'il s'en était déjà ému assez largement tout
06:50au long de sa campagne. Le Canada, je n'ai pas l'impression que c'était vraiment dans les cartes,
06:54par exemple. Je crois que cette affaire est très grave et j'étais un petit peu surpris du ton
07:01accommodant de nos invités il y a quelques minutes parce qu'il ne s'agit pas d'une affaire de
07:06protectionnisme. Il ne s'agit pas du tout de la menace brandie par le futur président Trump de
07:12dire pour protéger tel ou tel secteur de l'économie américaine, je vais imposer 25% de droits de douane
07:17à mon meilleur partenaire au sud, qui est devenu mon premier fournisseur d'ailleurs avant la Chine,
07:22maintenant le Mexique. Pas du tout. Il s'agit de saisir deux sujets sur lesquels il a fait campagne,
07:30l'immigration illégale et le trafic de drogue avec le trafic des ingrédients chimiques précurseurs
07:38pour la fabrication du fœtanil, et de dire au Canada et au Mexique, c'est à cause de vous tous
07:45ces problèmes-là, l'immigration illégale et le fœtanil, je vais vous massacrer commercialement
07:50et vous imposer des droits de douane punitifs si vous ne faites pas davantage pour me résoudre ces
07:55problèmes. On prend des sujets qui sont extra-commerciaux et on utilise une menace de
08:00sanctions commerciales violentes. Cela crée un précédent qui, à mon avis, est assez grave.
08:07Alors Donald Trump peut le faire pour le moment, il n'est pas président donc il n'a pas violé la
08:11loi, ni même l'esprit de l'accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique, mais tout de même on va
08:18très loin. Je ne suis pas convaincu que cette affaire se résolve aussi facilement. Il est clair
08:25qu'il y a des précédents. Il avait déjà menacé le droit de douane de 25% le Mexique en 2020 et très
08:31rapidement les Mexicains ont décidé de faire disperser toutes ces caravanes de migrants qui
08:38viennent du Guatemala ou du Venezuela et même de Chine et qui transitent par le Mexique et que le
08:45flux de sans-papiers en provenance du Mexique a été considérablement ralenti sous Trump dès que la
08:52garde nationale mexicaine s'en est occupée. Pour le fait annulé, et surtout pour le Canada, je ne
08:56vois pas en quoi le Canada est responsable, ni de la situation de l'afflux de sans-papiers aux
09:01États-Unis, ni de la situation des faits annuls. Justin Trudeau doit être absolument effondré,
09:08il va falloir qu'il trouve un moyen pour afficher des mesures fracassantes d'ici le 20 janvier,
09:15et échapper à la colère du nouveau roi Trump. Les Mexicains vont essayer de faire la même chose,
09:21peut-être que cette affaire n'est qu'un gigantesque bluff, mais cela ne veut pas dire que Donald Trump
09:26va cesser de pratiquer le bluff ailleurs et je suis persuadé que d'autres sujets extra-commerciaux
09:33peuvent faire l'objet de violentes menaces de sanctions commerciales sur le Japon, sur la Corée
09:39et sur l'Europe. Nous avons dit, et je crois que c'est tout à fait vrai, que Donald Trump est
09:45obsédé par la réaction des marchés et le comportement de Dow Jones et que cela va brider
09:49tout ce qu'il pourrait faire d'excessif dans ses agressions et dans ses menaces commerciales,
09:56mais il y a un autre sujet qu'il obsède, c'est l'automobile. Il a souvent dit que les Européens
10:03ne veulent pas acheter nos voitures américaines, il a souvent dit que les produits agricoles
10:06américains ne rentrent pas en Europe. Voilà deux sujets sur lesquels il est capable d'exercer
10:12une très forte pression sur les Européens et cela nous promet de sérieux contentieux
10:16commerciaux. On sait maintenant qui va s'occuper de ces contentieux, c'est un clone de Bob Lighthizer,
10:26c'est son ancien chef de cabinet, Jimmyson Greer, qui, croyez-moi, ne va pas se laisser faire.
10:32Et le fait qu'il n'ait pas encore ciblé l'Europe, non, il ne faut pas se dire que ni que c'est un
10:37oubli ni que c'est une bonne nouvelle. Attendez quelques semaines, ça va venir.
10:41C'est ça. Merci beaucoup Pierre-Yves Duguay avec nous chaque lundi en visioconférence,
10:47en duplex pour suivre l'actualité américaine au plus près dans Smartboard sur Bsmart4Change,
10:52le quart d'heure américain, donc 17h45 si vous nous suivez en direct, à retrouver
10:56évidemment en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.

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