3 Questions à : Lucile Peytavin

ici Orléans

3 Questions à : Lucile Peytavin, essayiste, docteur en histoire, autrice de "Le coût de la virilité, ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes".

Transcript

00:00Pour le moment, Marie d'Orsay, à l'heure où le gouvernement cherche à faire des économies,

00:04est-ce qu'on pourrait en faire en changeant de comportement et surtout si les hommes se comportaient comme des femmes ?

00:09C'est le sujet très intéressant sur lequel a travaillé notre invitée ce matin.

00:13C'est Lucie Peitavin, invitée ce soir au planning familial du Loiret

00:17pour animer une soirée débat sur le coût de la virilité. C'est le titre de son livre.

00:22Bonjour Lucie Peitavin.

00:23Bonjour.

00:24Votre livre, votre étude se base sur des données statistiques.

00:28Est-ce que vous pouvez nous en dire un mot, nous expliquer ?

00:30Oui, ce sont des données qui indiquent que les hommes sont surreprésentés dans la violence,

00:36dans notre société, dans tous les types de violences.

00:39Donc, c'est des statistiques officielles qui indiquent que, par exemple,

00:42les hommes représentent 83% des mises en cause, 90% des mises en cause,

00:47des condamnés par la justice, que la population carcérale masculine représente 96,3% du total.

00:56Donc, les prisons sont remplies d'hommes.

00:58Et donc, on a des ministères de la justice, de l'intérieur,

01:02qui fonctionnent en grande majorité pour les hommes.

01:04Et que tout ça, ça implique des coûts pour répondre à cette violence,

01:08en termes de frais de justice, de forces de l'ordre, de services de santé,

01:12et puis pour la société, parce qu'il y a des victimes, des pertes de productivité, etc.

01:17Et donc, ce coût-là, il s'élève à combien ? Vous l'avez calculé ?

01:21Oui, j'ai estimé ce surcoût, donc de cette surreprésentation des hommes

01:25dans la délinquance et la criminalité comparée aux femmes,

01:28à près de 100 milliards d'euros par an.

01:31Donc, c'est tout à fait colossal.

01:33Donc, effectivement, c'est un coût très important.

01:35Et surtout, vous vous êtes aussi penchée sur pourquoi ce coût,

01:39et pourquoi surtout cette différence entre les hommes et les femmes

01:41dans la surreprésentation de la violence, comme vous l'expliquez.

01:44Et tout ça, évidemment, ce n'est pas naturel.

01:47Effectivement, parce que quand on parle de violences des hommes,

01:49bien souvent, on va avoir des arguments biologisants,

01:52notamment sur la testostérone,

01:54qui expliquerait que les hommes seraient plus violents que les femmes.

01:57Pour l'instant, on n'a aucune preuve scientifique

01:59qui expliquerait qu'il y aurait quelque chose de physiologique,

02:02de biologique chez les hommes, qui serait à l'origine de cette violence.

02:06Mais par contre, on a beaucoup d'études,

02:09notamment de sociologie, de sciences de l'éducation,

02:12qui montrent que dès les premiers jours de la vie des garçons

02:15et pendant toute leur vie, on les éduque,

02:17la société les éduque,

02:19notamment à travers la notion de virilité.

02:22C'est pour ça que mon essai ne s'appelle pas

02:24« Le coup des hommes et le coup de la virilité »,

02:26qui est une notion qui rassemble les attributs de force,

02:28de puissance, à la fois physiques, moraux,

02:31et qui pousse les hommes à se comporter en tant que dominants,

02:34à prendre des risques aussi, pour prouver sans cesse qu'ils sont forts.

02:37Mais cela a des conséquences, effectivement,

02:40sur leur comportement de violence,

02:44de discrimination, de haine, etc.

02:47Ce qui fait qu'ils se retrouvent, dans ces statistiques,

02:50dans des proportions très importantes comparées aux femmes.

02:53C'est important de l'expliquer.

02:55Dans votre livre, vous l'avez rappelé,

02:57il s'appelle « Le coup de la virilité » et non pas « Le coup des hommes ».

02:59L'idée, ce n'est pas de dire « Vous coûtez cher parce que vous êtes des hommes »

03:03et que c'est comme ça et qu'on ne peut rien y faire,

03:05c'est justement de dire tout ça.

03:07Et culturel, ça fait partie aussi de la société patriarcale,

03:10dont les hommes sont victimes aussi,

03:12et tout ça peut s'arranger, mais en tout cas,

03:14on peut pallier ces problèmes-là.

03:17Effectivement, le coup de la virilité,

03:19ce sont les conséquences financières d'une différence d'éducation

03:22entre les hommes et les femmes,

03:24et notamment dans l'éducation des garçons,

03:26cette virilité qui les pousse à avoir ces comportements antisociaux.

03:30Effectivement, on a beaucoup d'études qui montrent par quoi ça passe,

03:34comment est-ce qu'on les éduque avec des modèles,

03:36par exemple, de super-héros violents,

03:39avec des jouets qui vont avoir la forme d'armes, etc.

03:43Et cela, oui, tout au long de leur vie.

03:46Et donc, effectivement, on peut agir sur ces volets culturels

03:51et imaginer un jour économiser ce coût de la virilité,

03:55donc ces 100 milliards d'euros par an

03:57qu'on pourrait investir dans des politiques porteuses

04:00plutôt que de construire des palais de justice et des prisons.

04:03Et puis aussi, si on éduquait les garçons en dehors de cette virilité

04:07et avec davantage d'empathie, d'altruisme,

04:10tout ce qu'on fait déjà avec les femmes,

04:12l'insécurité ne serait plus un problème

04:16puisque les niveaux de délinquance et de criminalité

04:19baisseraient aussi de façon drastique.

04:21Un sujet extrêmement intéressant dont on peut parler plus en détail avec vous

04:25ce soir à la médiathèque d'Orléans à partir de 20h30.

04:29Vous êtes là pour animer une conférence débat

04:31organisée par le planning familial du Loiret.

04:33Merci beaucoup Lucille Peytavant d'être venue ce matin avec nous pour en parler.

04:38Bonne journée et bonne conférence ce soir.

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