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Une exposition sur la guerre vue à hauteur d'enfants
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22/11/2024
À la Contemporaine de Nanterre jusqu'au 15 mars 2025
Catégorie
📚
Éducation
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Sous les crayons de couleur des enfants qui dessinent, se dévoilent, sinon la vérité
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de la guerre, du moins une vérité de la guerre et du phénomène guerrier.
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Les adultes se déclarent la guerre et les enfants en subissent les conséquences.
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Mais comment perçoivent-ils ces conflits ? C'est à leur hauteur que se place l'exposition
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« Enfants en guerre, guerre à l'enfance » qui s'ouvre à la Contemporaine, musée
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et bibliothèque sur le campus de Nanterre jusqu'au 15 mars 2025.
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Comment leurs dessins, leurs journaux intimes et leurs témoignages racontent les conflits
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? Alors que les enfants sont aujourd'hui les principales victimes des conflits armés
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partout dans le monde et qu'ils sont 400 millions à vivre dans une zone touchée par
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un conflit armé.
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Le dessin d'enfant, ça fait plus de 100 ans que les psychologues savent qu'il est
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une forme de parole alternative, que même un enfant qui ne sait pas écrire, qui ne
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peut pas s'exprimer par écrit, peut s'exprimer par le dessin.
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Les historiens ont mis un petit peu plus de temps à réaliser que du même coup, ces
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dessins d'enfants pouvaient être des documents pour écrire l'histoire des guerres du passé.
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Nous prenons les dessins d'enfants comme des documents historiques.
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Ce dessin, réalisé en 2022 par un garçon russe de 6 ans, représente un char et montre
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les effets de la propagande sur les très jeunes esprits.
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Destiné à être envoyé aux soldats du front, il s'accompagnait du message suivant
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« Chers soldats, quand je serai grand, j'irai à la guerre moi aussi et je défoncerai tous
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les ennemis.
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Entretemps, tenez le coup, tenez bon, merci à vous tous pour votre bravoure et pour la paix. »
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Pour moi, c'est un cas d'école de la manière dont les discours de guerre vont
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s'adresser aux enfants pour justifier la guerre.
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La guerre est présentée comme une nécessité pour la paix.
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Or, nous savons tous que l'invasion de l'Ukraine est une guerre d'agression et
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une guerre d'annexion que mène la Russie de Vladimir Poutine contre la République ukrainienne.
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Il y a cette idée de créer un climat de connivence, de fraternité, d'union nationale
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autour de la guerre en y faisant participer toutes les catégories de la population et
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notamment la catégorie enfantine.
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La propagande contamine également l'univers du jouet comme ce petit char customisé et
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vendu sur internet exposé ici.
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Un char très récent qu'on trouve dans l'armée russe et sur lequel a été ajoutée
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la lettre Z, Z pour la victoire et en signe de ralliement à Vladimir Poutine.
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Mais revenons au dessin et attardons-nous sur les effets de la guerre sur la psyché
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enfantine.
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La privation de soins, d'éducation, de nourriture, les déplacements forcés, la séparation
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des enfants de leurs familles.
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Certains dessins qui peuvent choquer, comme ceux représentant des viols, sont délicatement
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recouverts d'un voile, laissant la liberté aux visiteurs l'observer.
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Ils correspondent à une troisième catégorie de dessins, indicateurs des violences extrêmes,
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lorsque les enfants deviennent les cibles mêmes du processus de destruction.
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Comme ces dessins d'enfants rescapés du génocide des Tutsis au Rwanda.
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Pour vous replacer le contexte, ces enfants sont très jeunes en 1994, survivants, orphelins,
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recueillis dans un orphelinat.
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Dans les deux années qui suivent le génocide, ils vont dessiner ce qu'ils ont vécu, le
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passé.
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Certains dessins vont documenter leur traque, littéralement, et ils vont aussi se représenter
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au moment où ils dessinent, c'est-à-dire deux ans après les faits.
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C'est un autoportrait.
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Et ce que l'on voit, c'est tout simplement que les corps de ces enfants sont des coquilles
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vides, c'est-à-dire des enveloppes charnelles, mais dans lesquelles il n'y a plus rien.
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Le fait qu'ils ont pu être intégralement détruits de l'intérieur par la violence
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subie, observée.
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Et c'est tout le mérite des associations de survivants au Rwanda qui œuvrent pour
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accompagner ces orphelins du génocide qui sont aujourd'hui des adultes et qui essayent
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de vivre malgré tout.
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Cette exposition montre aussi la résilience dont font preuve les enfants.
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On y trouve des signes d'espérance, des images particulièrement lumineuses, colorées
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et étonnamment optimistes.
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Car les coups de crayon des enfants sont aussi une contre-offensive contre la violence et
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donnent des raisons de continuer à espérer.
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La fonction thérapeutique du dessin, c'est une fonction en construction, c'est-à-dire
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que ce qui intéresse les soignants, ce n'est pas le produit fini du dessin.
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Ce qui intéresse les soignants, c'est de regarder l'enfant qui dessine et de regarder
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dans quel ordre l'enfant dessine et ce que l'enfant va dire oralement pour accompagner
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son dessin.
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J'en ai choisi un qui est le dessin d'un jeune garçon, rescapé lui aussi du génocide
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et tout de suite du Rwanda.
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Il se projette en futur éleveur où il dessine et où il montre comment il se voit dans l'avenir
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nourrissant ses poules, donc avec une dimension finalement extrêmement fertile dans son projet
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d'avenir, à l'opposé exact de la machine de mort et d'extermination à laquelle il
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a échappé.
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Cette vérité de la guerre qui sort des dessins, elle dit aussi à côté de cette extrême
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vulnérabilité et en même temps que cette extrême vulnérabilité, une capacité de
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résistance et de résilience tout à fait stupéfiante et à mon avis bien supérieure
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à celle des adultes.
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