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Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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Transcription
00:00Artus, bonjour. Bienvenue dans Tête-à-Tête.
00:02Est-ce que je vous appelle M. 10 millions ?
00:05Non. En plus, on est plus proche des 11.
00:08C'est vrai. C'est ce qu'on s'est dit hors antenne.
00:10Est-ce que le film va franchir les 11 millions ?
00:12Je ne pense pas.
00:14C'est beau, déjà.
00:15Pouvez-vous imaginer cette discussion il y a un an ?
00:18Personne. Si on avait pu l'imaginer,
00:20plus de gens auraient misé sur le film au départ.
00:23Mais non, on ne peut pas prévoir ça.
00:261,5 million, j'aurais été content.
00:281,5 million, ça serait beau.
00:30C'était ça, votre ambition ?
00:31Oui, mais je ne pensais pas qu'on allait le faire en une semaine.
00:33Comment vous l'avez vécu, ce marathon des millions,
00:36semaine après semaine, de voir le phénomène grandir ?
00:39C'était l'été, donc je l'ai vécu au bord d'une piscine,
00:44à me détendre, à me dire que je suis en vacances.
00:46Je n'avais pas pris de vacances depuis 4 ans.
00:48J'ai une application qui permet de voir le box-office.
00:50Et il y a ce truc un peu de... Ça ne s'arrête pas.
00:53Ça continue, on prend 1 million par semaine.
00:55Vous avez prolongé les vacances à chaque fois ?
00:57Je prolongeais un peu plus, en vrai, en me disant
00:59que j'avais le droit de tromper un peu.
01:01Je rappelle, pour celles et ceux qui ont peut-être raté l'info,
01:04c'est le plus gros succès cinéma de l'année.
01:06C'est votre 1er film en tant que réalisateur.
01:09C'est l'un des plus gros succès français.
01:11Le film est disponible en ce moment sur Canal+, et sur MyCanal.
01:15Si vous l'avez raté au cinéma, allez le voir.
01:17Et surtout, allez le revoir, allez vous faire plaisir.
01:20Ça donne le vertige, j'imagine, de réaliser ce que vous avez fait
01:23et de vous dire qu'il y a forcément un avant et un après.
01:26Là, oui. De toute façon, je ne peux que descendre, maintenant.
01:30J'adorerais faire un 2e film qui fait 15 millions,
01:32mais je n'y crois pas des masses.
01:33Mais en tout cas, ça, c'est acquis.
01:35Ça, au moins, c'est fait, et évidemment qu'il y a un avant et un après.
01:37Je pense que ce qui fait le sel de notre métier,
01:40mais aussi ce côté un peu effrayant,
01:41c'est qu'on ne sait pas où on est dans un an, dans deux ans.
01:44Il y a ce truc toujours, il faut faire des films parce qu'il faut exister.
01:47Des fois, on accepte des rôles qui ne nous plaisent pas forcément,
01:50mais on ne veut pas qu'on nous oublie, machin.
01:52Et là, ça m'a un peu enlevé ce sac à dos de dire
01:55« Merde, je suis où dans deux ans ? »
01:56Là, j'ai l'impression que j'ai un petit tampon qui va rester un petit peu.
02:00Mais voilà, là, je me dis, si je veux partir un an,
02:02faire le tour du monde, je reviens, je pense que ma place sera encore là.
02:05Il n'y aura pas un mec dessus, « Ah bah oui, mais t'es parti. »
02:08– Non, ça y est, c'est bon. – Donc ça, c'est plutôt rassurant.
02:10J'avoue que c'est rassurant.
02:11– Je rappelle l'histoire, c'est un père et son fils,
02:14vous jouez aux côtés de Clovis Kornilak, de deux malfrats,
02:17et vous vous cachez dans une colonie de vacances
02:20pour personnes en situation de handicap.
02:21Et ce n'était pas évident pour vous de monter ce film ?
02:23– Non, parce que c'est un sujet qui fait peur encore, qui dérange.
02:26Il y a des gens qui nous ont dit clairement,
02:29« Non, mais personne n'a envie de voir des handicapés sur grand écran. »
02:31Enfin, il y a vraiment encore ce genre de phrases.
02:34Donc voilà, j'espère qu'on a prouvé le contraire.
02:37J'espère juste que ça ne va pas donner envie à des gens
02:41de le faire pour les mauvaises raisons,
02:43qui vont se dire « Ah, il faut mettre des handicapés, t'as vu, ça a cartonné.
02:46Putain, il a fait 10 millions, vas-y, on en met partout.
02:48Et voilà, pour le faire avec des mauvaises intentions, ça ne serait pas bien.
02:52– Quel lit tu veux ?
02:54– Je vais prendre celui-là, il est bien.
02:57– OK.
03:02– Je vais prendre l'autre, c'est pas grave.
03:04– OK. – Voilà, voilà.
03:09– Et tu veux lequel ?
03:12Je suis ton copain, et c'est toi le plus meilleur.
03:16– Cool.
03:18– C'est un film très drôle qui ose rire du handicap, évidemment.
03:20C'est tout sauf un film précautionneux.
03:22Est-ce que c'est ça aussi pour vous, l'inclusion, ne pas retenir ces vannes ?
03:25– Oui, parce qu'en fait, moi je pense qu'à partir du moment
03:27où on se pose la question de « Est-ce que j'ai le droit de rire de ça ? »,
03:30c'est que déjà on est en train de mettre la personne dans une case.
03:32Si j'ai pas le droit de faire…
03:33Moi j'ai toujours fait des vannes sur tout le monde,
03:36parce que pour moi c'est ça l'inclusion.
03:38Et j'arrêterai pas, je continuerai à faire des vannes sur les homosexuels,
03:41les religions, les grands, les petits, les handicapés, sur tout le monde.
03:45– Et du moment qu'il y a de la bienveillance, ça passe.
03:47C'est aussi ce qu'on voit dans le film.
03:49Alors comment vous les avez choisis ces acteurs ?
03:51Parce qu'il y a 11 acteurs en situation de handicap.
03:54– J'ai fait un petit post sur Instagram, en disant voilà,
04:00je cherche des gens qui ont un petit truc en plus.
04:01Mais je voulais pas des acteurs, je voulais vraiment écrire sur eux, pour eux.
04:05Donc chercher des personnalités plus que des acteurs.
04:07Et le but c'était vraiment d'avoir des personnalités,
04:09des trucs qui allaient matcher ensemble.
04:11Arnaud qui est fan de Dalida, je trouve que ça a apporté une poésie supplémentaire,
04:15d'avoir ce mec qui est fan de Dalida.
04:17Donc voilà, c'était vraiment des rencontres.
04:20– Parce que c'est vrai que déjà c'est compliqué de créer une bande au cinéma.
04:23Et là vous avez créé une bande avec des acteurs comme Alice Belahedi,
04:27comme Clovis Corniac, et effectivement vos acteurs en situation de handicap.
04:31Et en même temps quand on regarde le film,
04:33on a l'impression de partager un pan de vie avec eux,
04:35on n'a plus envie d'équiter, on a l'impression qu'elle existe cette colo.
04:38– Je pense que c'est la force du film,
04:40c'est qu'à la fin souvent il y a pas mal de gens qui ont versé une petite larme,
04:44qui ont pleuré, alors qu'il ne se passe rien, personne ne meurt, tout va bien.
04:49C'est juste qu'en fait je pense que les gens pleurent
04:51parce qu'on leur dit au revoir, et parce qu'on quitte cette colo.
04:54Et ça c'est parce qu'ils ont une sincérité, tout est vrai,
04:57tout ce qui sort de leur bouche, toutes les mimiques, il n'y a rien qui est joué,
04:59c'est du concentré de sincérité dans les rapports,
05:03quand ils sourient, ils sourient vraiment,
05:05il n'y a pas ce sourire faux cul qu'on peut faire nous,
05:07il y a un truc d'amour, tout est sincère,
05:11et je pense qu'on le ressent derrière la caméra aussi.
05:12– Artus, dans le film vous reprenez votre rôle de Sylvain,
05:15que vous avez débuté sur scène,
05:17si vous n'aviez pas été le réalisateur du film,
05:19est-ce que vous auriez pu faire jouer Sylvain pour quelqu'un d'autre ?
05:22– À la base je ne comptais pas réaliser, la première fois que j'ai eu l'idée,
05:26mais à la base Sylvain n'était même pas dans le film,
05:28parce que je voulais faire un film un peu plus chronique
05:31sur la vie d'une colo avec ces gens en situation de handicap,
05:33mais j'avais peur qu'en y incluant Sylvain,
05:36ça me fasse partir sur un truc trop comédie,
05:38et j'avais l'impression que de mettre ce gars-là
05:40qui se fait passer pour un handicapé,
05:41ça allait rajouter un truc un peu tiré par les cheveux.
05:44– Qu'est-ce qui vous a convaincu alors ?
05:46– Le succès qu'a eu Sylvain sur les réseaux,
05:49je me suis dit, ça met un truc de comédie qui est cool,
05:53et puis en fait, le film pour moi il démarre quand on est dans le bus,
05:57en fait on s'en fout avant, la pirouette qu'on a trouvée
05:59pour faire que ces deux gars-là se retrouvent dans le bus,
06:01qu'est le braquage et tout ça, en fait on s'en fout un peu,
06:04le tout c'est comment ce mec-là est avec eux,
06:07et pour moi le film il démarre vraiment une fois qu'on arrive dans la colo.
06:10– Je vous présente Sylvain les copains !
06:12– Bonjour !
06:15– Bon on peut y aller là ? – Ouais on y va.
06:16– Qu'est-ce qu'on dit au chauffeur ? – Fils de pute !
06:20– On fait quoi du coup ? – Il est comme eux là.
06:23– Alors…
06:25– C'est trop, c'est trop, j'ai essayé de trouver, j'ai essayé de trouver,
06:27je l'ai trouvé, je l'ai trouvé.
06:29– Comment vous l'avez vécu alors ce tournage,
06:30cette première réalisation ?
06:32– C'était incroyable, c'était… c'était fou, je crois que je n'aurais pas pu…
06:38– Un énorme moment de stress j'imagine, puisque vous avez eu du mal à le monter,
06:41c'était pas évident que ça…
06:42– Ouais mais moi je m'en fous, c'est pas mon problème l'argent,
06:44non mais je veux dire, pour le coup c'est le stress des producteurs
06:47d'essayer de nous trouver des sous,
06:49moi mon stress c'est d'essayer de faire qu'à la fin de la journée
06:51on ait tout ce qu'on voulait tourner,
06:52mais tellement d'amour et tellement de bienveillance de tout le monde
06:57que vraiment j'ai pas eu de stress particulier,
07:02mon chef opérateur Jean-Marie Drojou qui est le chef opérateur de Jean Jacquanot,
07:05donc qui est quand même un mec qui a de la bouteille,
07:07qui le premier jour me dit alors boss qu'est-ce qu'on fait ?
07:09Et il y a un truc tout de suite de tiens, on te donne les clés du Kemta,
07:12c'est toi le… vas-y.
07:13Clovis qui a réalisé plein de films, il n'y a pas une fois où il m'a dit,
07:16moi je me mettrais là, donc vraiment tout le monde m'a donné les clés
07:21et tu peux pas être de mauvaise humeur, être stressé quand t'as 10 acteurs
07:27qui arrivent comme ça avec la banane parce qu'ils vivent une aventure de ouf,
07:30tu peux pas râler.
07:32Il se rendait compte de ce qu'il vivait ?
07:34Ouais, moi ce qui me faisait plus peur c'était ça, c'était l'après,
07:36c'était une fois que la colo…
07:38Parce qu'en fait c'est une colo, un tournage c'est une colo,
07:41donc déjà quand t'es neurotypique comme on dit,
07:45déjà c'est compliqué parce qu'il y a une fin de colo,
07:47et eux il y a un truc en plus d'émotion qui est si fort que j'avais peur
07:50qu'après ça retombe et qu'après il y a un truc de tristesse de revenir à un quotidien
07:56et heureusement le succès du film a fait que ça n'a fait que prolonger ça.
08:01On est allé à Cannes, on est allé à l'Elysée, là ils vont peut-être aller au César,
08:07il y a un truc où à chaque fois ça prolonge et puis c'est vraiment devenu des…
08:10Arnaud il fait des photos tous les jours.
08:13C'est génial, ils ont pas pris la grosse tête ?
08:16Non je crois pas, ils l'avaient déjà,
08:18les proportions en général sont un peu plus…
08:20Putain, qu'est-ce que tu fous là toi ?
08:22Enfin je veux dire, qu'est-ce que tu fous là toi ?
08:25Tu es pas handicapé ?
08:27Si, si je ne suis pas handicapé, moi j'ai toujours été handicapé depuis tout petit.
08:31Bah bah on voudrait pas non ?
08:33Je dis rien à personne.
08:34Ah pas Ludovic.
08:35C'est qui Ludovic ?
08:36C'est moi petite bite !
08:38Je vous ai vu sur scène remercier votre public en arrivant,
08:40le public qui a changé votre vie puisqu'il a fait d'un petit truc en plus un succès,
08:44c'est important pour vous cette passerelle entre le spectacle et le cinéma ?
08:48Oui parce que le public c'est ce qui fait une carrière,
08:50moi quand j'ai démarré la scène, j'ai joué devant deux personnes au petit palais des glaces,
08:54un couple, ils étaient que eux et je leur ai dit si vous voulez je vous invite à bouffer,
08:58on va bouffer plutôt, ou je vous fais le spectacle,
09:00ils m'ont dit ah non on a fait de la route, on veut bien voir le spectacle,
09:02donc j'ai joué vraiment devant deux personnes,
09:04et de voir aujourd'hui que les salles se remplissent à vitesse grand V,
09:09que le film amène autant de gens,
09:11parce que c'est dur de réaliser en plus ce que ça représente,
09:14t'arrives pas à visualiser,
09:15et du coup j'ai fait un petit calcul,
09:17si tous les gens qui sont venus voir un petit truc en plus avaient fait une seule queue,
09:21elle partirait de Paris, elle arriverait à Beyrouth,
09:24en passant par la Turquie, en passant par tout ça,
09:26le dernier gars serait à Beyrouth,
09:28c'est pas le bon moment pour être à Beyrouth,
09:30mais il fait wow, on avance, on avance, on avance,
09:34on y va, allez,
09:36mais en tout cas ça ferait une queue de personne comme ça.
09:38On a l'impression Artus que tout ce que vous faites se transforme en succès,
09:42je pense à vos spectacles, je pense au bureau des légendes,
09:44un petit truc en plus bien sûr,
09:45est-ce que ça vous porte ou est-ce que ça vous angoisse ?
09:48Non, déjà c'est pas vrai,
09:49là évidemment ce qu'on retient c'est que les succès,
09:52souvent on me dit c'est ton année, j'espère,
09:55parce que si c'est pas celle-là j'ai hâte de voir mon année,
09:57franchement si c'était pas 2024 j'ai hâte qu'elle arrive.
10:01Vous êtes au casting de La Pampa aussi ?
10:03Au casting de La Pampa qui sort en février.
10:05Et vous venez tourner le nouveau film de Cédric Jimenez ?
10:08J'étais dans le film, là je tourne avec Baratier aussi.
10:12Ah ça c'est génial.

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