Laëtitia Bouvier, présidente de la FRSEA Bretagne

ici Armorique

15/11/2024

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00:00Et c'est donc une journée spéciale crise agricole aujourd'hui sur France Bleu.

00:03Premier ministre Michel Barnier sera l'invité entre 13 et 14 de MaFrance, en direct des assises des départements de France.

00:10Une émission spéciale basée sur les questions des auditeurs et consacrée à la crise des agriculteurs.

00:15Une crise dont on parle ce matin avec la présidente du syndicat majoritaire, la FRSE à Bretagne.

00:21Bonjour Laetitia Bouvier.

00:23Bonjour.

00:24Alors la dernière grosse mobilisation de nos agriculteurs c'était il y a moins d'un an.

00:27Ça veut dire que ça ne va pas mieux là, mi-novembre 2024 ?

00:30Ah non, ça ne va pas mieux, voire ça s'est empiré.

00:33Qu'est-ce qui s'est empiré ? Expliquez-nous.

00:36Le contexte climatique déjà a fait que les récoltes de céréales ont été mauvaises.

00:43Certains secteurs sont un peu sortis, mais globalement tous les agriculteurs ont été touchés par des mauvaises récoltes.

00:49Et surtout le sanitaire qui est revenu en Bretagne, enfin les problèmes sanitaires aussi bien sur les volailles avec la grippe aviaire

00:58que sur les bovins et les ovins avec la FCO, fièvre catarale, et la MHE.

01:05Donc ça veut dire qu'il y a ces épisodes sanitaires où vous nous avez parlé des conditions climatiques.

01:12L'année dernière vous vous étiez mobilisé aussi fortement pour une demande de simplification administrative.

01:17Les agriculteurs qui nous disaient sur France Blanc-Armoré qu'ils sont parfois plus dans leur bureau que sur leurs exploitations,

01:23ça aussi ça n'a pas vraiment avancé ou il y a eu du mieux ?

01:26Ça s'est pas aggravé, mais ça s'est pas arrangé, ça n'a pas bougé.

01:30Le problème est toujours présent, toujours autant d'administratifs, pas de simplification.

01:36On a beau la demander, elle n'arrive pas.

01:39On complexifie même de plus en plus les démarches.

01:43Et c'est pourquoi au niveau national, la FNSEA, votre syndicat, et également les jeunes agriculteurs,

01:47appellent à se mobiliser en France à partir de lundi prochain.

01:51Est-ce que ce sera le cas chez nous, en Bretagne, Laetitia Bouvier ?

01:54Alors oui, les quatre départements vont se mobiliser de manière différente

01:59puisque l'avancement des semis de blé et des céréales d'hiver ne sont pas terminés dans tous les départements.

02:06Donc en fait la mobilisation aura lieu, mais de façon différente.

02:10Est-ce que vous pouvez nous donner des dates, des endroits

02:13où les agriculteurs ont déjà prévu de se mobiliser la semaine prochaine en Bretagne ?

02:16Alors dans les Côtes d'Armor, ça a commencé hier soir à Calac.

02:20Une trentaine d'agriculteurs se sont réunis, ont allumé un feu de la colère et ont dit non au Mercosur.

02:27Et puis lundi, mardi, dans les autres départements, Finistère, Morbihan et Lille-Vilaine,

02:34il y aura des mobilisations d'agriculteurs.

02:36Qui vont prendre quelle forme l'année dernière ?

02:38Je me souviens, vous avez été sur les ronds-points, vous étiez sur les routes,

02:41il y a eu aussi des opérations Iscargo, ça a un peu embêté certains automobilistes.

02:45Est-ce que ce sera le cas ou est-ce que vous changez de mode d'action cette année ?

02:49Pas la semaine prochaine. La semaine prochaine, ce sera plus des conférences de presse,

02:53des rendez-vous avec les préfets, des rendez-vous aussi,

02:58enfin tout ce qui concerne l'Europe aussi, pour dire non au Mercosur.

03:03Et puis des appels, des rendez-vous avec les responsables politiques

03:08pour leur demander que le changement arrive rapidement.

03:11Et puis si on voit que ça ne bouge pas, que l'enclenchement n'est pas fait,

03:16on tapera un petit peu plus haut, on ira plus loin.

03:21Peut-être la deuxième semaine, fin novembre.

03:24Laetitia Bouvier, vous êtes présidente de l'FRSA Bretagne,

03:27vous avez deux fois cité le Mercosur, on va expliquer que c'est cet accord de libre-échange

03:30entre l'Union Européenne et des pays d'Amérique du Sud,

03:33qui pourrait être signé la semaine prochaine, puisqu'il y a le G20 au Brésil.

03:37Pourrait, parce que ça fait quand même près de dix ans qu'on parle de cet accord commercial.

03:41Pourquoi est-ce que là, particulièrement, vous avez peur ?

03:43Et concrètement, en Bretagne, pourquoi on doit avoir peur du Mercosur ?

03:46Pourquoi nos agriculteurs sont inquiets ?

03:49Alors, il y a deux filières qui sont fortement touchées,

03:52mais je pense surtout à une, c'est la filière volaille.

03:55Aujourd'hui, on n'est plus du tout autosuffisant sur la filière volaille en France.

04:00C'est-à-dire qu'on importe déjà plus de 50% de ce que l'on consomme.

04:04D'année en année, on consomme moins.

04:07Il n'y a pas de nouveaux bâtiments volailles qui se construisent en Bretagne.

04:12C'est catastrophique, on en a besoin.

04:15Même des productions de plein air sont bloquées.

04:18Les jeunes ou ceux qui veulent faire cette production-là finissent par abandonner.

04:24Donc, ce qu'on ne produit pas chez nous, en fait, il est produit ailleurs,

04:29mais sous des conditions beaucoup plus néfastes pour l'environnement,

04:34pour les personnes qui y travaillent aussi.

04:37Et donc, ça, nous, on ne l'accepte pas.

04:40C'est de la concurrence déloyale ?

04:42Vous dites que la volaille qui va arriver d'Amérique du Sud sera moins bonne

04:45et elle va pénaliser nos éleveurs bretons ?

04:48Elle n'est pas produite sous les mêmes conditions.

04:51C'est-à-dire que toutes les contraintes que nous on a,

04:54que l'on ne remet pas en cause,

04:56pour l'environnement, pour le bien-être animal,

04:59pour le bien-être de l'agriculteur et de ses salariés, on est pour.

05:04Par contre, dans ces pays-là, ils utilisent des produits que nous, on n'a pas le droit d'utiliser.

05:08Et c'est parce que nous, on ne veut pas les réutiliser,

05:11mais on ne veut surtout pas que cette viande-là arrive chez nous.

05:13C'est une tromperie aux consommateurs.

05:15On ne peut pas accepter que des produits que nous, on n'a pas le droit de produire,

05:18pour des raisons qui sont légitimes,

05:20elles arrivent quand même dans nos assiettes.

05:22Nous, c'est hors de question.

05:23Donc les volailles, particulièrement par rapport à cet accord du Mercosur ?

05:26C'est pareil pour le bovin.

05:28J'ai pris l'exemple du volaille, mais pour la viande bovine, c'est la même chose.

05:30Laetitia Bouvier, je suis obligée de vous en parler quand même.

05:33En janvier prochain, il y a des grandes élections

05:35pour renouveler les élus des chambres d'agriculture partout en France.

05:38C'est le cas tous les six ans.

05:40Est-ce que là, vous vous mobilisez pour ça ?

05:42Est-ce que votre syndicat bouge pour finalement être visible

05:45avant ces grandes élections dans votre profession ?

05:48Non, on ne bouge pas pour ça.

05:50On travaille tous les jours,

05:52tous les jours pour améliorer le quotidien de nos adhérents,

05:56de tous les agriculteurs, peu importe leur production

05:59et leur filière de commercialisation.

06:01Et qu'il y ait les élections chambres ou pas, on le fait.

06:06Et il y a un an, on ne pensait pas aux élections chambres,

06:08et pourtant, on a manifesté pendant plusieurs mois.

06:11On a fait bouger les choses.

06:13Malheureusement, la décision du président de la République

06:15de dissoudre l'Assemblée Nationale

06:17et parécocher le gouvernement a tout bloqué.

06:21Mais il y a un an, on était déjà dedans

06:24et on ne pensait pas aux élections chambres.

06:26Donc non, on mène les deux fronts,

06:29sans faire de lien,

06:31mais toujours dans l'objectif d'améliorer le quotidien des agriculteurs,

06:35de ramener du revenu dans les fermes

06:37et d'améliorer leurs conditions de travail.

06:39Merci beaucoup Laëtitia Bouvier d'avoir été l'invitée de France Blanc-Amérique,

06:42d'être présidente de la FRSE à Bretagne.

06:44Et je vous rappelle notre journée spéciale

06:46crise agricole sur France Bleu,

06:48avec notamment entre 13h et 14h dans l'émission Ma France,

06:51le Premier ministre Michel Barnier.

06:53Vous pouvez lui poser vos questions

06:55en nous appelant dès maintenant au 02 99 67 35 35.

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