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SMART TECH - Le parfait chatbot, au théâtre
B SMART
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08/11/2024
Lundi 11 novembre 2024, SMART TECH reçoit Laurence Devillers (professeure en intelligence artificielle, LISN-CNRS)
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Une pièce de théâtre sur notre rapport à l'intelligence artificielle fait sa tournée
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à Paris, regardez.
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J'arrive à faire des choses que les autres bottes ne peuvent pas faire.
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C'est Torbjörn qui t'a hacké, Garutia.
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Non, c'est interdit par les lois de la robotique.
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J'ai des lambeaux de souvenirs de mes identités passées.
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Je ne peux pas.
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Bonjour Laurence de Villers, vous êtes professeure en IA à Sorbonne Université et vous êtes
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la co-autrice surtout de cette pièce dont on va parler tout de suite qui a hacké Garutia.
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C'est une tragique comédie policière en quatre actes qui raconte les vies successives
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d'un chatbot.
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Un chatbot qui pour le coup est devenu très très très intelligent.
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Alors je dois dire que j'ai vu la pièce là il y a deux jours à peine, on rigole
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beaucoup et ça m'a interpellée parce que finalement vous nous éveillez sans cesse
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à ces questions d'éthique, de rapport à l'intelligence artificielle.
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Vous n'avez pas eu envie de nous faire peur pour autant avec cette pièce ?
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Non, je crois que la peur ferme l'esprit avant tout.
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Donc on a fait un pas de côté avec Serge Abilboul et Gilles Deweck puisqu'on a écrit
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cette pièce.
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On est trois chercheurs à l'avoir écrite et c'est l'idée en fait de parler de l'intelligence
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artificielle autrement.
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On voit beaucoup de choses qui sont anxiogènes.
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Le personnage qui joue, qui est un humain, qui joue le chatbot, évidemment pas de chargé
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PT.
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C'est plutôt Moshi, si vous avez suivi les actualités, c'est un nouveau chatbot de
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Kyotai qui pourrait déjà détecter un certain type d'émotion et répondre de façon émotionnelle
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à nos propos.
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Donc demain va arriver très vite avec ce genre de robot capable donc de peut-être s'adapter
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et d'apprendre de nous en interaction avec nous et c'est ce genre de chatbot un peu futuriste
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mais pas tant que ça, qui est dans la pièce.
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Oui, c'est vrai que vous avez raison de le signaler.
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C'est une pièce qui est hyper incarnée, ce sont des acteurs qu'on voit sur scène.
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Alors l'actrice en l'occurrence qui joue Garudzia, donc cette chatbot, est absolument
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merveilleuse.
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Elle fait passer énormément d'émotions et elle a un rapport à la mémoire qui est
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très intéressant.
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D'ailleurs toute la pièce étudie cette question de la mémoire puisque ça commence par une
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histoire d'une femme atteinte d'Alzheimer et puis c'est son chatbot finalement qui
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va l'aider à conserver sa mémoire et ensuite c'est toute cette question de que peut garder
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en mémoire un chatbot avec, vous faites des références par exemple au RGPD dans une
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version que vous imaginez, 159 je crois, qui interdit en fait aujourd'hui au logiciel
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d'IA de garder, de conserver les données trop longtemps.
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Il y a toute cette question de la mémoire, de la perception de notre rapport à l'IA
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par rapport à notre mémoire mais aussi par rapport aux données qu'on accepte qu'elle
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conserve et puis demain, qu'est-ce qui fait qu'une IA sera humaine ? C'est peut-être
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la mémoire qu'elle a d'elle-même.
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Oui et puis vous avez raison, c'est le principe, c'est le fil rouge, c'est la mémoire et
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nous avons envie de rester longtemps auprès de nos proches.
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On a envie de survivre à sa mort et quelque part, cette immortalité numérique qui est
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offerte par le chatbot qui est en scène, on le voit d'un seul coup arriver comme ça
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au théâtre et je pense que ça y branle beaucoup.
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C'est-à-dire qu'on a évacué la peur, on est vraiment sur l'objet même de désirs
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à travers ces machines et qu'est-ce qu'on va en faire demain et comment on va s'attacher
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à elle et comment finalement elles vont manipuler nos décisions très certainement.
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Cette incarnation de l'IA par le chatbot qui est dans sa cage, qui représente ce que pourrait
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être une voix dans les réseaux, une voix dans les nuages comme on le dit, est expliquée
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de façon très simple et on en parle d'apprentissage de la machine et de ses capacités de perception.
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Effectivement, la machine agrège les données de tous ses propriétaires, elle a été hackée
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donc en plus, elle a des capacités de raisonnement sur ce qu'elle a enregistré, donc de conscience
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et donc on voit arriver une espèce de machine qui d'un seul coup a des capacités surhumaines
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et dans la pièce, elle est plutôt bienveillante mais qu'est-ce que ça veut dire sur demain
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avec ces machines qui pourraient nous parler avec un ton humain, des émotions et qui seraient
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pour autant que des machines ?
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Oui c'est ça, il y a la question de limitation de l'émotion aussi, parce qu'on lui trouve
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beaucoup de sensibilité à cette botte sur scène mais à quel point est-ce fin, est-ce
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de limitation, est-ce vrai ? Elle s'interroge elle-même d'ailleurs sur ce qui lui manque,
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finalement ce qui lui manque c'est un corps, est-ce que c'est ça qui fait qu'on est humain
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jusqu'au bout ?
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Alors là je vais vous laisser aller voir la pièce pour essayer d'imaginer ce qui
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pourrait nous manquer par rapport au futur des IA, évidemment le corps, elle n'a pas
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de corps qui ressent, c'est vraiment cet aspect-là et elle n'a pas non plus d'intention
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par elle-même, elle apprend au contact des autres, donc ça peut être négatif comme
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positif, on l'imagine dans plein de situations de la vie de tous les jours, là elle va être
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avec une propriétaire qui est une dame âgée, elle va d'ailleurs lui diagnostiquer Alzheimer
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avec une probabilité, donc toutes ces questions-là, en fait on a énormément de questions d'éthique,
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de conséquences sociétales à travers toute cette pièce, et qui est amenée finalement
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au cours d'une histoire un peu triculante, une comédie, une vraie comédie.
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Non mais c'est vraiment une vraie comédie, c'est parfaitement bien écrit d'ailleurs,
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je voulais vous le signaler, il y a aussi des choses qui se passent, qui nous interpellent
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comme au moment où la société qui vend ce chatbot finalement décide de le débrancher
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parce qu'il a soi-disant un dysfonctionnement, et là d'un seul coup on se rend compte de
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la perte que ça représente pour un humain qui s'y attacherait, et puis il y a cette
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question aussi du hack, du bot qui finalement devient une porte de sortie, est-ce que c'est
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ça la clé aussi ? Plutôt que d'en avoir peur, savoir comment ça fonctionne et savoir
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se servir de ces nouveaux outils pour éventuellement les pirater d'ailleurs.
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Tout à fait, on a abordé en fait toutes ces questions, les règles de la robotique,
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42, quand la machine ne répond pas parce qu'elle ne sait pas répondre, cette fameuse
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réponse qui vient de la science-fiction, on a un doux mélange entre des rapports philosophiques,
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intellectuels, à cet objet qui vient autour de nous et qui nous parle avec une voix humaine,
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pour lesquels on va risquer effectivement de s'attacher, d'avoir une intimité réelle,
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et d'en souffrir si la machine ne marchait plus d'un seul coup, et là la fin montre
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à ce point comment nous allons être dépendants des machines, qui est je crois votre sujet
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aujourd'hui.
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Donc le montrer dans le théâtre comme au cinéma, sur un avenir proche qui n'est pas
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vraiment la science-fiction, avec toutes les codes de la comédie qui nous permettent
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de regarder ça avec un oeil plus conscient et moins d'anxiété, c'est que nous devrions
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tous penser en fait dans la société ces objets, ce qu'ils vont faire autour de nous,
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et comment on peut mieux agréger leur arrivée et être moins dépendants, je pense que c'est
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une réflexion ici sociétale sur ces conséquences qu'il est temps de mener en Europe comme
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aux Etats-Unis.
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On a la pièce qui tourne à Paris, et puis il y a aussi le texte qui est édité, voilà
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je vous le conseille, qui a été écrit par Laurence De Villers qui était avec nous dans
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Smartech ce matin, également Serge Abitboul et Gilles Deweck, merci encore !
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